le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation. ✻✻✻ Hier, j'ai annoncé à mon fiancé que je l'avais trompé. Il n'a pas demandé de détails, il n'en a pas voulu et ce n'est pas plus mal, car je ne sais pas ce que j'aurais pu lui dire. « Oui, ça fait six mois que ça dure. Qui c'est ? Un étudiant, tu le croises tous les jours. » Je ne pouvais pas lui dire ça, il était suffisamment blessé par la nouvelle. Après ma discussion avec Connor, je suis allée me réfugier chez mes parents, à qui j'ai dû expliquer la raison de ma présence. Eux non plus, ils ne s'y attendaient pas. Il faut dire qu'on imagine rarement quelqu'un avoir une liaison, mais ils n'ont pas porté de jugements. J'ai passé la nuit dans ma chambre d'enfant à pleurer toutes les larmes de mon corps : j'ai foutu en l'air quatre ans de relation, ce n'est pas rien. Ma nuit fut courte et généralement quand je passe une telle nuit, je suis de mauvaise humeur, ce qui n'annonce pas une bonne journée à l'université. Pourtant, je suis obligée d'y aller. Je pars de chez mes parents et je me rends à mon lieu de travail en voiture. Une fois garée sur le parking, je reste quelques minutes dans le calme absolu en prenant de grandes inspirations. En plus d'être de mauvaise humeur, j'ai de fortes chances de croiser Connor. Je décide enfin de sortir, je ne vais pas pouvoir faire cours dans ma voiture. Je claque la porte et je verrouille les portes, je prends ensuite la direction de ma salle de classe, regardant toujours le sol. Il ne faudrait pas qu'un étudiant voit mes yeux rouges, les rumeurs ne tarderaient pas à se faire entendre sinon. Je finis par arriver dans ma salle où je suis encore seule, j'installe mes dossiers sur mon bureau et je prépare mes affaires pour le premier cours. Quatre heures, c'est le nombre d'heures de cours que j'ai aujourd'hui et ce sera grandement suffisant. La dernière promotion que j'ai est celle des premières années. Pour eux, tout est nouveau, il faut donc les guider. Le premier cours ne sert que de présentation et d'introduction au cours. Une fois l'heure terminée, je m'installe sur ma chaise le temps qu'ils sortent tous de la classe. « Au revoir. » Lorsque la dernière étudiante sort de la salle, j'imagine être enfin tranquille, mais c'est sans compter l'arrivée de Nino, la deuxième personne que je ne voulais absolument pas croiser aujourd'hui. « Mais qui voilà. Monsieur Ferrazzini, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? » Je suis froide dans mes paroles, ce n'est vraiment pas la bonne journée pour qu'il me fasse son numéro de charme. « Tenez, c'est pour vous. Ils sont adorables cette année, vous allez les adorer. D'ailleurs, vous devriez rentrer chez vous pour préparer vos TDs. » Pour accompagner mes paroles, je lui tends la feuille où se trouvent tous les noms des nouveaux étudiants.

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Lorsque je rentre de mon footing matinal, Lila a déjà préparé le petit déjeuner, et mon ventre qui gargouille traduit de ma faim de loup. « T’as rien bouffé avant de partir ou quoi ? » Je secoue la tête, retire mon t-shirt tout mouillé et lui vole sa tartine beurrée avant de plaquer un baiser sur sa joue. Ma soeur et moi, on est comme les deux parties d’un tout. Les quelques nanas que j’ai ramené ici, pour une nuit ou pour un peu plus m’ont toutes envoyé balader pour la simple et bonne raison que je suis trop proche de ma soeur. Oui, elle a une place importante dans ma vie. Oui, elle entre dans ma chambre sans frapper. Oui, il nous arrive de dormir dans le même lit. Oui, elle lit mes textos. Oui, je peux aller pisser même quand elle prend sa douche. Oui, on est comme des deux doigts de la main, elle sait tout de moi, comme je sais tout d’elle. Et aucune femme ne réussira à changer ce que nous sommes. Si l’une d’elle est jalouse, Lila passera toujours devant toutes les femmes qui traverseront ma vie. Jusqu’à la bonne. Je suppose. Parce qu’il faut bien que j’en trouve une bonne, un jour ou l’autre. Ou pas. Enfin on verra, on s’en fout non ? Je m’assieds sur le tabouret de bar et commence déjà à manger comme un ogre. « T’es rentré tard hier soir ? » Je secoue un peu la tête et finis ma bouchée de pancakes au sirop d’érable - s’il y a bien une chose dont je ne peux pas me passer depuis que je suis ici, c’est bien ça - et lui réponds sans trop tarder. « Nan ça va. Enfin Nolan a voulu que je reste plus tard encore, mais j’ai cours ce matin, et je vais rencontrer mes élèves du cours de TD. » Je regarde ma montre et me lève d’un coup en enfournant un pancake entier dans ma bouche. « ‘Vais prendre une douche ! » Je m’engouffre sans plus tarder dans la salle de bain, en sors quelques minutes plus tard et vais m’habiller au plus vite. Ça fait deux mois que je n’ai pas vu Camille, deux mois de vacances scolaires. J’ai beau essayer de ne pas y penser, tout me ramène à elle. L’excitation de pouvoir la voir à nouveau, pouvoir sentir son regard dans le mien, la douceur de sa peau. Comme d’habitude, je sais que je vais devoir lui faire les yeux doux si je veux espérer plus qu’un simple bonjour/aurevoir. Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Je choisis mes fringues préférées, prends le temps de me coiffer correctement, un coup de parfum, et je récupère mon casque de scooter - un vespa, en tant qu’italien, on se refait pas - et adresse un signe de main à ma soeur. « On se voit à la fac ! » Elle m’adresse un baiser volé et je claque la porte de notre appartement derrière moi. Il ne me faut qu’une dizaine de minutes pour rejoindre la fac, en deux roues, c’est beaucoup plus rapide qu’en voiture. Lorsque j’arrive dans le couloir qui réunit tous les bureaux des profs, je m’arrête devant celui de Camille, frappe quelques coups et entre. Personne. Je m’approche et pose les yeux sur son emploi du temps que je ne tarde pas à prendre en photo. Maintenant, direction l’amphi où elle donne son premier cours de la journée, et qui finit dans exactement deux minutes. Pile à l’heure. J’attends que les étudiants finissent de quitter l’amphi, j’ai le droit à quelques jolis sourire, et je m’engouffre à l’intérieur une fois le flux exilé. Un large sourire sur les lèvres, je m’approche du bureau où elle se trouve, les pas léger. « Mais qui voilà. Monsieur Ferrazzini, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? » La froideur de son ton me saisit de plein fouet. Je m’approche un peu plus, pose mes avant-bras sur le bureau et plonge mes iris dans les siennes. « Ça dépend du temps que vous avez devant vous, Melle Blanchaert ... ». Ok, je vois que ça n’a pas tellement l’air de la faire rire, ni même sourire d’ailleurs. « Tenez, c'est pour vous. Ils sont adorables cette année, vous allez les adorer. D'ailleurs, vous devriez rentrer chez vous pour préparer vos TDs. » Elle me tend froidement une feuille avec visiblement tous les noms des élèves de cette promo. « Et bien et bien… je ne pensais pas que le froid canadien pouvait autant s’installer entre nous en l’espace de deux pauvres petits mois. » Je me redresse et viens m’asseoir à demi sur le bureau, en face d’elle. Un pied à terre, et mon autre jambe pliée, une fesse et une cuisse sur le bois du bureau. « Ça s’est bien passé cette rentrée ? » Elle me regarde et je vois bien qu’elle n’a pas envie de me voir ni même de me parler. d’ailleurs, elle commence à ranger son bureau de manière assez nerveuse. « J’aime pas quand tu me vouvoies… quand y’a du monde autour c’est une chose mais quand on est seuls… » Elle fuit mon regard et ne daigne même pas répondre à ce que je lui dis. « Camille… J’ai beaucoup pensé à toi pendant ces deux mois tu sais… » Je ne mens pas. J’aimerai qu’elle le sache.

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le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation. ✻✻✻ Je ne suis pas tendre avec le jeune homme, mais cela ne le décourage pas. Il se rapproche de mon bureau et pose ses avant-bras dessus, ce qui le rapproche encore un peu plus de moi. Mon regard se perd rapidement sur ses lèvres. Voilà, mes mauvaises habitudes ne tardent pas à refaire surface. Je passe alors ma main dans mes cheveux pour m'échapper de cette tentation. « Ça dépend du temps que vous avez devant vous, Melle Blanchaert ... » Non Nino, non ! Je sais plus ou moins où il veut en venir et malheureusement pour lui, il n'arrivera pas à ses fins aujourd'hui. Alors je ne réponds pas, je baisse le regard et j'attrape la feuille. Je lui tends ensuite son bout de papier, ainsi, on changera de sujet et je pourrais le faire sortir de la pièce rapidement. « Et bien et bien… je ne pensais pas que le froid canadien pouvait autant s'installer entre nous en l'espace de deux pauvres petits mois. » Alors que le jeune homme se rapproche de moi, je me recule sur ma chaise et je croise les bras sur ma poitrine, j'instaure une distance entre nous, une protection. « Je suis canadienne pure souche, il fallait t'y attendre et ce n'est pas ton petit côté italien qui changera les choses. » Il n'est pas idiot et il comprend que les choses sont différentes comparées à il y a deux mois. Il décide alors de briser la glace et d'engager une conversation autre, espérant certainement que je m'adoucis au fil des mots. « Ça s'est bien passé cette rentrée ? » Je laisse un soupir s'échapper de mes lèvres. « C'était génial. » Ma réponse sous-entend clairement que je n'ai pas envie de poursuivre cette discussion. Malgré mon ton froid, Nino ne bouge pas, il semble attendre autre chose. J'attrape mon sac à main et je commence à ranger mes affaires. « J'aime pas quand tu me vouvoies… quand y'a du monde autour c'est une chose mais quand on est seuls… » Nous n'aurions jamais dû perdre cette habitude. Le vouvoiement nous aurait certainement permis d'éviter certaines choses et aujourd'hui, je ne serais pas enceinte. Je me lève de ma chaise et j'attrape la veste qui se trouve sur le dossier pour l'enfiler. À quoi bon rester ici ? J'en ai fini pour cette matinée, mais aussi pour cette abominable journée. Je ne peux même pas dire que je vais rentrer chez moi, je n'ai plus de maison et ce n'est pas en restant ici, avec un étudiant, que je vais me trouver un nouveau logement. Je pousse la chaise pour la ranger et je commence à me diriger vers la porte, sans adresser le moindre regard à Nino. « Camille… J'ai beaucoup pensé à toi pendant ces deux mois tu sais… » Je m'arrête nette en entendant ses paroles et je me retourne vers lui. Il cherche à me pousser à bout, c'est ça ? Il me cherche, je le vois dans son regard. Il voudrait que je cède à ses beaux yeux, mais on en a terminé. La dernière nuit qu'on a partagé, il y a deux mois, c'était très agréable, mais c'est fini. « C'est dommage. Tu vas devoir te faire à mon absence pourtant, parce que c'est fini ! Tu vas devoir changer de méthode pour avoir de bonnes notes. » Je sais que Nino est un étudiant sérieux et qu'il n'a pas besoin de me charmer pour avoir de bons résultats, mais en lui disant cela, j'espère qu'il va baisser les bras et qu'il va repartir aussi vite qu'il est arrivé. Cela fait dix-huit heures que je sais que je suis enceinte, seize que je me suis faite plaquer et j'ai besoin d'être seule, de respirer et d'envisager l'avenir. « Tu n'as pas répondu à ma question, qu'est-ce que je peux faire pour toi? » J'aimerais qu'il me réponde vite et qu'on en finisse une bonne fois pour toute, mais il ne semble pas de cet avis, je peux le voir dans ses yeux.

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Je déteste ce sentiment. Celui de sentir la personne en face de soi mettre un distance plus grande que l’Atlantique. Je ne sais pas si elle se fait violence ou si elle a réellement envie de mettre cette foutue distance entre nous. Toujours est-il qu’elle sait très bien y faire, et qu’intérieurement, ça me met hors de moi. Pourtant, je ne laisse rien paraitre. « Je suis canadienne pure souche, il fallait t'y attendre et ce n'est pas ton petit côté italien qui changera les choses. » Je ne la lâche pas des yeux, même si j’ai autant envie de me jeter sur elle que de quitter cette salle dans laquelle elle est en train de mettre un paquet d’ondes négatives. J’essaie de changer un peu de sujet, lui demandant comment s’est passée sa rentrée. « C'était génial. » Super. Quel enthousiasme. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé pendant ces deux mois, mais ça ne l’a pas décoincer, c’est clair. Je crois bien que son mec a oublié de lui faire l’amour… ça peut être que ça. Assez rapidement, elle commence à ranger ses affaires, enfile sa veste, replace la chaise derrière le bureau. Je n’ai pas envie de la voir partir. Et puis au moment où elle me tourne le dos pour s’éloigner un peu plus, je la retiens avec une phrase lourde de sens. Il fallait que je le fasse. Il fallait que je lui dise. Si j’ai au moins une petite chance de la stopper dans son élan. Bingo. Elle s’arrête et se retourne pour plonger son regard profond dans le mien. « C'est dommage. Tu vas devoir te faire à mon absence pourtant, parce que c'est fini ! Tu vas devoir changer de méthode pour avoir de bonnes notes. » Je soupire largement à son insinuation et je quitte le bureau pour la rejoindre un peu plus loin. Nos corps se rapprochent, s’attirent, je le sens, elle a beau essayer de réprimer cette attirance, elle reste pourtant bien présente. « Tu sais très bien que j’en ai rien à foutre de mes notes. Et je sais que tu ne vas pas me mettre des sales notes juste pour que j’arrête de te faire les yeux doux… » J’esquisse un petit sourire, elle sait que j’ai raison, elle ne peut pas le nier. « Tu n'as pas répondu à ma question, qu'est-ce que je peux faire pour toi? ». Je ne la quitte pas des yeux, penchant un peu la tête sur le côté. Je viens poser ma main sur son bras et la laisse glisser le long de celui-ci, en le suivant du regard. « J’aimerai qu’on trouve un moment pour se voir tous les deux, pour discuter… » Je vois qu’elle prend déjà la poudre d’escampette et je la retiens par le poignet, accrochant presque de force son regard. « Camille… tu peux pas nier ce qu’on avait. Cette force qui nous pousse l’un vers l’autre, je sais que tu la ressens aussi bien que moi… s’il te plait… » Mon autre main vient se poser sur sa joue. Elle fait un mouvement pour m’en empêcher mais elle ne s’enfuit pas pour autant, ce qui me conforte dans l’idée qu’elle ne veut pas que je la lâche. « Tu me manques Camille. Tes lèvres me manquent. Ton corps me manque… » Je me rapproche et glisse ma main à sa taille pour l’attirer contre moi, alors que mon regard n’a toujours pas quitté ses yeux, avec intensité.

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le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation. ✻✻✻ Je me fais violence. Je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais ce fameux étudiant a le don de me rendre folle. Depuis ces six derniers mois, il est la personne qui pimente un peu ma vie, celle qui me fait vivre des choses un peu folle et celle qui m'a offert ce que Connor et moi essayons d'avoir depuis quelques temps : un bébé. Cela il ne le sait pas et je ne suis pas encore prête à lui dire, c'est pour ça que j'essaye de l'éloigner de moi. Désormais, j'ai besoin d'une vie stable et s'envoyer en l'air avec mon étudiant, c'est loin d'être ce qu'il me faut. « Tu sais très bien que j’en ai rien à foutre de mes notes. Et je sais que tu ne vas pas me mettre des sales notes juste pour que j’arrête de te faire les yeux doux… » Je ne réponds rien à ça, je sais qu'il a raison. Ce qui s'est passé entre nous n'a jamais influencé ma notation. Il faut dire que les résultats du jeune homme ont toujours été très bons, je n'ai donc jamais été obligée de mentir pour lui. Nino porte sa main jusqu'à mon bras, je me contente de regarder ce qu'il fait. Rapidement, je tourne la tête pour regarder la porte. Cette dernière est ouverte, ce qui n'est pas une bonne chose, mais les couloirs sont vides, ce qui rattrape un peu les choses. Je ne sais pas comment nous avons fait pendant six mois, l'université est remplie de rumeurs et pourtant, rien n'a été dit sur une liaison entre un étudiant et moi. « J’aimerai qu’on trouve un moment pour se voir tous les deux, pour discuter… » Je fronce légèrement les sourcils, prête à m'énerver, mais le jeune homme attrape mon bras et m'empêche de faire quoique ce soit. Je plonge alors mon regard dans le sien, mais ce regard n'est pas tendre, loin de là, il est rempli de colère. « Camille… tu peux pas nier ce qu’on avait. Cette force qui nous pousse l’un vers l’autre, je sais que tu la ressens aussi bien que moi… s’il te plait… » Sa main libre vient se poser sur ma joue, mais très vite, je me recule. N'importe qui pourrait rentrer dans la pièce et nous surprendre, je viens de perdre mon fiancé, je n'ai pas non plus envie de perdre mon emploi. « Il y a plein de filles en économie, tu devrais pouvoir trouver quelqu'un qui partage cette force avec toi. Je ne peux pas moi. » J'essaye de toutes mes forces de le repousser, de l'envoyer ailleurs, mais mes tentatives n'aboutissent pas à ce que je voudrais. « Tu me manques Camille. Tes lèvres me manquent. Ton corps me manque… » Je ferme les yeux et baisse le visage. Mon cœur commence à s'emballer en entendant ces phrases et je ne peux plus le regarder dans les yeux, ça serait trop difficile. Sa main glisse sur mon corps et le voilà qu'il se rapproche un peu plus de moi. Mes doigts viennent se poser sur son torse, ce qui me permet de garder une distance de ''sécurité''. « Arrêtes Nino … Arrêtes ... » Je le supplie presque. S'il ne le fait pas, je serais capable de craquer et même si je sais que c'est ce qu'il veut, je m'en voudrais par la suite. « Si tu veux un moment pour discuter, tu vas au secrétariat et tu prends un rendez-vous, comme le font les autres étudiants. »


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Je vois bien qu’elle essaie par tous les moyens de m’éloigner d’elle, mais elle semble avoir du mal à se faire violence. Je veux qu’on arrive à se voir, quelque part, juste tous les deux, pour discuter un peu. Enfin, je dis discuter, mais il y a bien d’autres choses que j’ai envie de faire avec elle, et croyez moi, elle est loin d’être idiote, elle le sait très bien. D’ailleurs, si elle savait que j’étais un saint, et que je ne voulais que discuter, elle m’aurait dit oui sans hésitation. Je viens poser ma main sur sa joue mais elle m’envoie balader. « Il y a plein de filles en économie, tu devrais pouvoir trouver quelqu'un qui partage cette force avec toi. Je ne peux pas moi. » Je plisse un peu les yeux. « J’en ai rien à foutre des filles de cette promo… Camille… » Je fais exprès, j’en rajoute, j’utilise toutes les cordes de mon arc pour la faire flancher, parce que j’ai toujours réussi jusqu’à présent, et que je n’ai aucune envie qu’elle résiste trop longtemps. De toute manière, elle ne pourrait pas. Je le vois dans ses yeux, et en plus, elle n’a pas l’air de vouloir quitter mes bras. Au moment où je lui dis qu’elle me manque, que tout en elle me manque, elle baisse la tête et ferme les yeux un instant. Sa main se pose sur mon torse au moment où je la rapproche un peu, elle ne me repousse toujours pas. « Arrêtes Nino … Arrêtes ... » Je n’ai aucune envie d’arrêter, je veux la garder contre moi encore et encore. « Si tu veux un moment pour discuter, tu vas au secrétariat et tu prends un rendez-vous, comme le font les autres étudiants. » Je viens poser mon index sous son visage pour le redresser, et qu’elle puisse me regarder. « Oui, mais je suis pas les autres étudiants Camille… ». Je sais d’avance que son prénom, prononcé de ma voix, avec mon petit accent italien a tendance à lui donner des ailes. Alors j’en use et abuse. « Tu sais quoi ? » L’espace d’un instant, j’ai envie de jouer l’insolent. De briser toutes les barrières, de la faire succomber pour de bon. Je sens dans son regard une pointe d’inquiétude quant à mon idée soudaine, mais je ne dis rien pour autant. Je prends sa main et avant même qu’elle n’ait le temps de réagir et de se défaire de mon emprise, je l’attire avec moi vers la porte d’entrée de l’amphithéâtre, et une fois arrivés au niveau de celle-ci, je la ferme et viens plaquer Camille contre ladite porte. Ainsi, personne ne pourrait nous surprendre, et si quelqu’un s’avise à vouloir ouvrir la porte, il nous suffira de nous cacher derrière. Je plaque mon corps contre le sien, l’emprisonnant légèrement, et je pose ma main sur la porte, jusque à côté de son visage, avant de plonger mon regard dans le sien. « Tu peux pas faire comme si de rien n’était. Dis moi droit dans les yeux que tu n’en as pas envie. » Bien sûr, elle en est incapable. « Pourquoi tu me repousses sans arrêt ? Pourquoi tu acceptes pas simplement qu’on peut être attirés l’un par l’autre sans avoir tout le temps en tête la peur de se faire chopper ? » Ma main libre, celle qui n’est pas sur la porte, vient glisser le long de son bras, de sa main jusqu’à son épaule, déviant jusqu’à sa nuque, puis sa joue. « Dis moi une bonne fois pour toutes que tu ne veux plus de ça, et j’arrêterai de venir te voir. J’arrêterai même peut-être de venir à tes cours. Mais dis-moi le droit dans les yeux. » Mon corps brûlant contre le sien, mon souffle sur ses lèvres, je doute qu’elle réussisse à dire une chose pareille. Mais si elle le fait, je me promets d’essayer de la laisser tranquille, malgré le fait que je suis persuadé qu’au fond, elle en meurt d’envie tout autant que moi.

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le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation. ✻✻✻ En six mois, il s'est passé beaucoup de choses et nous sommes allés trop loin. Je le sais. Mais Nino n'est pas du même avis, quand on l'entend, on dirait presque qu'une relation prof/étudiant c'est normal. « J’en ai rien à foutre des filles de cette promo… Camille… » Ma mâchoire se serre. Il ne fait rien pour m'aider et très vite, ça va m'énerver. Je sais où il veut en venir, je sais ce qu'il veut, mais aujourd'hui je ne peux pas, je ne peux plus. Le seul moyen de m'échapper de ses griffes, c'est de m'éloigner de lui, de briser le contact. Je baisse alors la tête. Je ne suis pas idiote, il ne va pas s'arrêter là. Il me donne très vite raison, grâce à son index, il relève mon visage et me force ainsi à le regarder. « Oui, mais je suis pas les autres étudiants Camille… » Il a réponse à tout et moi, je perds d'arguments. Pourtant il m'en faut, si je veux qu'il quitte la pièce, je dois avoir un prétexte en béton. « Tu sais quoi ? » On dirait qu'il vient d'avoir l'idée du siècle et c'est loin de me rassurer. Il est jeune, il est fou et il est prêt à faire n'importe quoi, mais je ne vois pas les choses de la même manière. Je reste silencieuse, attendant patiemment ce qui a à dire. D'un geste rapide, il attrape ma main et m'entraîne avec lui vers la porte. J'ai envie de le lâcher, mais ma force de mouche n'est pas très efficace à côté de la sienne. Une fois arrivés là où il voulait, il me plaque contre le mur. Je comprends alors que j'ai perdu. Je n'ai plus le contrôle de la situation, je suis à sa merci. « Tu peux pas faire comme si de rien n’était. Dis-moi droit dans les yeux que tu n'en as pas envie. » Il me pousse à faire ce que je ne veux pas. Je ne peux plus le regarder, je n'ai plus la force de le repousser, ou du moins, pas quand j'ai son regard planté dans le mien. « Pourquoi tu me repousses sans arrêt ? Pourquoi tu n'acceptes pas simplement qu'on peut être attirés l'un par l'autre sans avoir tout le temps en tête la peur de se faire chopper ? » Pourquoi ? Parce que j'ai fini en l'air une relation de quatre ans à cause de cette relation. Parce que je suis enceinte, enceinte de toi. Parce que j'ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Bien sûr, toutes ces raisons je les garde pour moi, je me contente de le regarder, écoutant attentivement ce qu'il dit. « Dis-moi une bonne fois pour toutes que tu ne veux plus de ça, et j'arrêterai de venir te voir. J'arrêterai même peut-être de venir à tes cours. Mais dis-moi le droit dans les yeux. » Je me racle ma gorge. Je dois trouver le courage d'aligné les mots. « Je ne te demande pas d'arrêter de venir en cours. Tu as un avenir à créer. » Un avenir sans moi, sans nous. Cette phrase signifie peu et beaucoup à la fois. Elle n'annonce rien de bon. « C'est fini. » Une fois ces deux mots prononcés, je baisse le regard, je ne peux plus le regarder, je n'y arrive plus. « Quitte la salle maintenant, s'il te plaît. » Les larmes commencent à monter, je me fais violence et ça me fait du mal. Pourtant c'est la chose à faire, je le sais.

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Au fond, je sais que ce n’est pas bien de faire ça. Je sais que le règlement de l’université interdit une relation entre un prof et un élève. Je sais que je devrai arrêter de flirter avec elle, arrêter de l’attirer dans mes filets, de la faire succomber par mes belles paroles ou pas un simple regard aguicheur. Mais c’est plus fort que moi, l’attirance que je ressens lorsqu’elle est près de moi, je n’arrive pas à la retrouver, avec n’importe quelle fille. Au départ, j’ai cru que c’était simplement parce qu’elle était plus âgée, j’ai essayé avec une autre femme d’environ son âge, mais toujours rien. C’est elle. Elle et aucune autre. Elle, son regard fuyant, son sourire frêle, son corps divin, l’odeur de sa peau sucrée, celle de ses lèvres gourmandes… Je ne peux me lasser d’elle, c’est plus fort que moi. Alors je l’attire une nouvelle fois avec moi, pour tenter le tout pour le tout. D’habitude, je n’ai pas autant de mal que ça à la faire succomber, mais là, ça fait deux mois. Je ne sais pas si c’est que j’ai perdu la main, ou s’il s’est passé quelque chose dans sa vie entre temps. Je n’en sait rien. Toujours est-il que je sens bien qu’elle se force à me repousser, et rien que pour cette raison, je me dois de continuer mon petit manège pour qu’elle finisse par tomber dans mes bras. Je tente le tout pour le tout, la plaquant contre la porte et lui demandant, les yeux dans les yeux qu’elle me dise qu’elle ne veut plus qu’on se voit. J’aimerai qu’elle en soit incapable, mais je commence à douter. « Je ne te demande pas d'arrêter de venir en cours. Tu as un avenir à créer. » Je fronce un peu les sourcils. Ce n’est pas ce que je lui demande. Un avenir ? Mais de quel avenir elle parle ? J’ai encore largement le temps d’y penser, et ce n’est pas de ça qu’il est question. « C'est fini. » Sans perdre une seconde, elle baisse les yeux, comme si elle ne voulait pas affronter mon regard. « Quitte la salle maintenant, s'il te plaît. » Je reste sur le cul, je ne sais plus réellement quoi faire, quoi dire. « J’arrive pas à y croire. » Je viens à nouveau placer mon index sous son menton pour lui faire redresser le regard, et je vois bien qu’elle a les larmes aux yeux. « Que tu choisisses de me mentir à moi c’est une chose, mais arrête de te mentir à toi-même Camille. » Elle appuie sur ma main, baissant de force la tête pour réellement fuir mon regard. Je soupire largement et m’éloigne un peu, un pas seulement. « Si c’est vraiment ce que tu veux… » J’aimerai simplement qu’elle relève la tête, que son regard dise l’inverse de ses mots, qu’elle me retienne, juste un peu. Mais non, rien, au lieu de ça, elle se décale pour libérer la porte, sans relever la tête. Je serre un peu les mâchoires, parce que plus qu’être blessé dans mon égo, je crois bien que mon coeur peine à trouver son rythme. Une boule se forme dans ma gorge, j’ai l’impression qu’elle vient de briser quelque chose, vraiment. J’active la poignée, entre-ouvre la porte, légèrement hésitant, et d’un seul coup, sans réfléchir, je referme la porte et fonds sur Camille. J’emprisonne son visage entre mes mains et viens l’embrasser comme si ma vie en dépendait. Je ne peux décemment pas quitter cette salle sans l’avoir embrassée, surtout s’il s’avère que c’est la dernière fois.

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le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation. ✻✻✻ Nino me prends dans son piège, je suis maintenant bloquée par le mur, lui et son bras. Il commence alors son beau discours, son discours de charme et il tente une dernière fois de me convaincre. Ses arguments doivent être bons, car une relation étudiant/enseignant, ça ne passe généralement pas bien. Mais à la place de ça, sûr de lui, il me demande de lui dire droit dans les yeux que je ne veux plus de lui. Il pense certainement que je vais lui dire que je mens depuis tout à l'heure, mais je ne peux pas. Je prends alors mon courage à deux mains et j'ose lui mentir en sous-entendant que je ne veux plus de ça, de nous. « J’arrive pas à y croire. » Mon visage se baisse instantanément après ma phrase. Je ne veux pas le regarder, je ne peux plus. Mais imaginer qu'il s'en aille comme ça, sans rien dire, cela aurait été trop facile. Il relève une nouvelle fois mon visage et mon regard rempli de larmes se pose dans le sien. Je suis sur le point de craquer. Mais je dois rester forte, je le sais. Il serait capable de tout sinon. « Que tu choisisses de me mentir à moi c’est une chose, mais arrête de te mentir à toi-même Camille. » Mon esprit est beaucoup trop perdu pour pouvoir réfléchir et le repousser est la meilleure chose à faire, j'en suis persuadée. Je fais jouer ma force et je l'oblige ainsi à me laisser fuir son regard. Il commence à comprendre et il fait un pas en arrière. « Si c’est vraiment ce que tu veux… » J'emprisonne ma lèvre entre mes dents et je sers ma mâchoire le plus fort possible. Je dois retenir mes larmes, ou du moins, encore quelques minutes. Je fais un pas sur le côté et libère ainsi la porte pour le laisser partir. Un décompte se fait dans ma tête, mais malheureusement, Nino semble prendre son temps et les secondes semblent s'éterniser. Du coin de l’œil, je vois la porte s'entrouvrir et je me pense enfin libérée de son emprise. Mais Nino est quelqu'un de têtu, de très têtu même et le voilà qui fait demi-tour pour revenir à ma hauteur. Je m'apprête à lui crier dessus, à lui dire de dégager, mais au moment où il emprisonne mes lèvres avec les siennes, je ne réponds plus de rien. Mon corps tout entier est tétanisé et je ne peux plus bouger. Dire que ce n'est pas agréable, ça serait mentir, mais je ne peux pas lui faire croire qu'il peut m'avoir comme ça, quand cela lui chante. Après quelques secondes de contact, je lève ma main et elle vient violemment se coller à sa joue. Je suis impressionnée et à la fois perdue. Comment est-ce que j'ai réussi à trouver la force pour lui mettre une baffe ? Et surtout, pourquoi ? Je n'avais pas envie de lui faire du mal. Ma main revient au contact de sa joue, mais cette fois-ci plus délicatement et je rentre en contact avec la sienne qui est venue toucher l'impact. « Je suis désolée … Je ne voulais pas te faire de mal. » Ni avec ce coup, ni avec mes paroles. « C'est un peu compliqué en ce moment et je ne suis pas d'humeur. » Je cherche à justifier mes gestes et mes choix, mais je n'ai aucune idée de ce qu'il va me répondre, alors j’enchaîne. Ce geste de violence semble m'avoir libéré et permit de trouver le courage de lui dire la vérité. « Connor m'a quitté. Hier. » Il sait très bien de qui je parle, je l'ai souvent pris en excuse pour m'éloigner du jeune étudiant.

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Il m’est impossible de rester là sans rien faire, la laisser me repousser sans rien dire. Je la sens pourtant, cette attirance mutuelle. Je suis sûr qu’elle la sent elle aussi. Pourtant, elle fait tout pour me faire comprendre que je n’ai rien à faire là. Ses mots sont durs. Je pourrai bien m’enfuir, après tout, c’est ce que j’ai l’habitude de faire avec les filles. Je pourrai bien aller en chercher une autre, une de mon âge, ou même pas. Mais je m’en fous, c’est bien ça le problème. J’en ai rien à foutre des autres. C’est elle que je veux. Je sais ni pourquoi ni comment, mais je suis chaque fois à nouveau attiré par elle à chaque fois que j’essaie de m’en éloigner lorsqu’elle me le demande. Bien sûr, je ne m’éloignerai pas par moi-même. A chaque fois j’arrive à la faire céder, il suffit parfois de rien, et il y a des moments comme aujourd’hui ou je dois user de nouveaux stratagèmes pour la faire flancher. Sauf qu’aujourd’hui semble être un jour différent. Elle me donne du fil à retordre, je vois bien qu’elle se fait violence, qu’elle met toute son énergie à me demander de partir, de la laisser tranquille, mais pourquoi ? Finalement, je sens que ce n’est pas le moment, que je n’arriverai à rien avec elle aujourd’hui, ou du moins, maintenant. Je décide un peu penaud de quitter la salle de cours, mais c’est sans compter un revirement de situation. Impossible pour moi de me séparer d’elle sans avoir goûté une dernière fois à ses lèvres. Je me jette presque sur elle et alors que nos lèvres retrouvent leur contact charnel, je viens glisser ma main dans sa nuque, le bout de mes doigts nichés à la naissance de ses cheveux blonds. Mon coeur explose, je sais qu’elle va me repousser d’un moment à l’autre, qu’elle va se faire violence, mais pour l’instant, je profite de l’effet de surprise et fais de notre baiser quelque chose d’un peu plus langoureux, un peu plus charnel. Et puis sans que je n’ai eu le temps de prendre ma respiration, Camille sépare nos lèvres, me pousse légèrement, juste de quoi avoir la place de me mettre une gifle monumentale. Wow ! Je ne lâche pas son regard et viens poser ma main sur ma joue sûrement un peu rougie par son geste. Je suis surpris, choqué, j’ai du mal à comprendre pourquoi cette soudaine violence. Mais déjà elle vient poser sa main sur la mienne, pansant déjà un peu la blessure. « Je suis désolée … Je ne voulais pas te faire de mal. » Je ne dis rien pour l’instant, je me contente de la regarder pour lui demander des explications. « C'est un peu compliqué en ce moment et je ne suis pas d'humeur. » Je hoche légèrement la tête comme pour lui dire que je peux comprendre. J’avoue que son geste m’a fortement refroidi. « Qu’est-ce qui se passe Camille ? » Elle semble hésiter légèrement, et puis elle lâche finalement la bombe. « Connor m'a quittée. Hier. » Je fronce un peu les sourcils, surpris par cette révélation. « Quoi ? Mais… pourquoi ? Enfin j’veux dire… il sait pour nous ? » Mon regard sur elle est insistant, je sens bien que tout ça la travaille, mais j’aimerai qu’elle comprenne que je ne suis pas là pour lui faire du mal. Je viens à mon tour caresser doucement sa joue. « Il ne te méritait pas de toute façon… » Je souris doucement, comme pour essayer de la rassurer un peu. La tendresse a toujours fait partie de mon tempérament, je n’ai jamais été le genre de mec violent qui aime se battre, au contraire. Délicatement, je viens prendre Camille dans mes bras et pose une même sur sa tête pour qu’elle vienne la nicher dans mon cou. Je resserre doucement mon étreinte autour d’elle et dépose un baiser sur sa tête. « Je suis sûr qu’il va revenir quand il va comprendre ce qu’il a perdu… »

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le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation. ✻✻✻ Je regrette aussitôt la gifle que je viens de lui mettre. Ça ne me ressemble pas. Je suis rarement amené à utiliser la violence. Je viens poser ma main sur sa joue, comme pour retirer la douleur que je viens de lui infliger. Il comprend alors que le non que je lui répète depuis tout à l'heure n'est pas un non catégorique, mais que c'est seulement lié à ce qui se passe actuellement dans ma vie. « Qu'est-ce qui se passe Camille ? » Je ne peux plus lui mentir, j'ai déjà assez bataillé contre moi-même. Je lui avoue alors que Connor m'a quitté et surtout que tout cela est récent. Très récent. Je me demande d'ailleurs comment je peux être ici, debout, à faire semblant que tout va bien. Cette annonce est loin d'être celle qu'il attendait. « Quoi ? Mais… pourquoi ? Enfin j'veux dire… il sait pour nous ? » Je me pince les lèvres tout en hochant la tête. « Je ne pouvais plus lui mentir. » Désormais, c'est avec Nino que je ne suis pas honnête, mais j'ai eu assez d'émotion entre hier et aujourd'hui, il va me falloir un peu de temps pour lui avouer qu'il va être père. « Je lui ai dit. Mais il ne sait pas tout. Il ne sait pas que c'est toi et encore moins que c'est un étudiant. C'était déjà suffisant pour lui de savoir que j'avais été touché par quelqu'un d'autre. » Sur le coup de la colère, il aurait été capable d'aller le dire au doyen et ma carrière aurait été finie. Ou peut-être pas, mais je ne pouvais pas prendre ce risque et puis ça l'aurait certainement détruit d'apprendre que j'avais une liaison avec un homme âgé de presque dix ans de moi que lui. « Il ne te méritait pas de toute façon… » Je pouffe légèrement. Il a raison, Connor mérite quelqu'un qui ne veut que lui et moi, je n'en suis plus capable. Depuis ma première fois avec Nino, je suis incapable de lui dire non, ou du moins pas longtemps, et je finis toujours dans ses bras. Alors oui, Connor ne me mérite pas, il mérite quelqu'un qui lui offrira de la fidélité. « Il mérite quelqu'un de mieux. » Les bras du jeune homme viennent m'entourer et instinctivement, j'en fais autant autour de lui. Un silence s'installe entre nous, mais il n'est pas désagréable. Je viens doucement poser ma tête contre lui, dans son cou, comme il m'incitait à le faire. Il dépose un tendre sur ma tête et je me permets d'en déposer un dans son cou. « Je suis sûr qu'il va revenir quand il va comprendre ce qu'il a perdu… » Je m'éloigne ensuite de lui, essuyant rapidement les larmes qui ont pu couler le long de mes joues. Je ne suis pas aussi sûre que lui et je suis donc obligée de commencer une vie seule. « En attendant, je dois me trouver un logement, car je ne veux pas revenir vivre chez mes parents. » Je les adore et je ne les remercierais jamais assez de m'accueillir dans un tel moment, mais je ne peux pas rester vivre avec eux, j'ai besoin de mon indépendance, surtout avec l'annonce de ma grossesse. « Je devrais d'ailleurs y aller. L'agent immobilier va bientôt m'attendre et puis, tu as certainement cours, non ? » Un fin sourire s'installe sur mon visage, je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi. Tout ira bien, je dois y croire et lui aussi.

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La première question qui me brûle les lèvres est à savoir si son fiancé, enfin son ex fiancé est au courant pour nous. Sa manière de se pincer les lèvres n’annonce rien de bon. Je me vois déjà être viré de l’université pour avoir fricoté avec une prof. Au pire, ce serait pas le plus grave, mais je ne voudrais pas que Camille perde son job à cause de moi. Je fronce un peu les sourcils en attendant qu’elle m’en dise plus. « Je ne pouvais plus lui mentir. » Je baisse un peu la tête et soupire légèrement. « Je lui ai dit. Mais il ne sait pas tout. Il ne sait pas que c'est toi et encore moins que c'est un étudiant. C'était déjà suffisant pour lui de savoir que j'avais été touché par quelqu'un d'autre. » Je relève la tête à mesure qu’elle me dit tout ça, et je me sens un peu rassuré quand même. Je le croise souvent, et je préfère éviter qu’il vienne me casser la gueule. Je ne suis pas di genre bagarreur, même si il m’est déjà arrivé de me battre, je n’aime pas vraiment régler les choses par la violence. Heureusement, l’ex de Camille n’a pas l’air d’être très violent non plus. J’essaie de la rassurer un peu parce que je sens bien que tout ça la travaille, alors je lui dis simplement qu’il ne la méritait pas. Mais son semi-rire cynique me fait comprendre qu’elle n’est pas d’accord avec moi. En même temps, elle l’a trompé, normal qu’elle s’en veuille. « Il mérite quelqu'un de mieux. » Je secoue la tête. « Non c’est toi qui mérite mieux ! » Et sans plus attendre je viens la prendre dans mes bras pour la rassurer un peu, sans doute au fond, lui dire que je serai là si elle a besoin de moi. Je sens ses bras se refermer doucement autour de moi et je souris, comme un imbécile sûrement, heureusement qu’elle ne me voit pas. Le baiser qu’elle dépose dans mon cou me donne un frisson que j’essaie de réprimer, alors que mes mains glissent dans son dos, de haut en bas, délicatement. Finalement elle s’éloigne et j’avoue que ça me fait un peu mal au coeur de la voir comme ça, surtout que je sais que c’est de ma faute. « En attendant, je dois me trouver un logement, car je ne veux pas revenir vivre chez mes parents. » Je hoche un peu la tête et me pince les lèvres sans savoir réellement quoi répondre. Je tente quand même une formule de politesse. « Si je peux t’aider en quoi que ce soit, n’hésite pas. ». Elle ne me regarde toujours pas, et ça me mine beaucoup, je dois bien l’avouer. Je ne voulais pas lui faire vivre tout ça, toutes ces galères. « Je devrais d'ailleurs y aller. L'agent immobilier va bientôt m'attendre et puis, tu as certainement cours, non ? » Une esquisse de sourire prend place au bord de ses lèvres, même si je vois bien qu’elle se force légèrement. Je soupire un peu et hoche la tête. « Ouais, j’ai cours, enfin, rien de bien important. Tu veux que je vienne avec toi ? » Pourquoi je lui demande ça ? Ça ne servirait à rien que je sois là, c’est ridicule. Je secoue un peu la tête. « Non c’est con, pardon… c’est juste que… » Je soupire à nouveau et plonge mon regard dans le sien avec intensité. « Je suis désolé Camille. Je voulais pas que ça en arrive là, je voulais pas foutre en l’air ta vie… j’ai pensé qu’à moi… » J’ai l’impression d’être un gamin, un putain de gamin qui réfléchit pas, et aujourd’hui, c’est comme si je me prenais en pleine gueule la conséquence de mes actes irréfléchis. « T’as peut-être raison, faudrait qu’on arrête tout ça. J’crois que je suis nocif pour toi, j’avais pas pris conscience de ça avant. » Je serre un peu les mâchoires. Ça me déchire de devoir conclure de cette manière, mais c’est pourtant bien la vérité. Je suis en train de bousiller sa vie, et j’ai trop de respect pour elle pour continuer sur cette lancée.

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le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation. ✻✻✻ Nino est une personne adorable. Il est beau, gentil, drôle, presque parfait quoi. C'est certainement tout ceci qui m'a fait craquer pour lui et puis faut dire qu'il a les bons mots. « Non c'est toi qui mérite mieux ! » C'est d'ailleurs ce qu'il fait aujourd'hui, il trouve les bons mots pour me calmer. Je lui explique que je dois quitter l'université, ma journée est terminée et je dois voir le fameux agent immobilier. « Si je peux t'aider en quoi que ce soit, n'hésite pas. » Sans le regarder, je souris légèrement. Sa proposition me fait plaisir, mais ce sont des choses que l'on ne peut pas faire. Et puis même si ma journée est finie, ça ne veut pas dire que la sienne l'est aussi. Je le questionne à ce sujet et il me répond positivement. « Ouais, j'ai cours, enfin, rien de bien important. Tu veux que je vienne avec toi ? Non c'est con, pardon… c'est juste que… » Mes yeux s'ouvrent un peu plus quand il me propose de m'accompagner. Pourquoi me dit-il ça ? Ce n'est pas une bonne idée et nous le savons tous les deux. Il soupire légèrement après avoir dit que ce n'était pas une bonne idée. Son attitude semble changer, mais je ne comprends pas pourquoi. Il n'a jamais été question de choses sérieuses, nous n'en avons jamais parlé et j'avoue que sa proposition m'en a fait perdre la voix. « Je suis désolé Camille. Je ne voulais pas que ça en arrive là, je voulais pas foutre en l'air ta vie… j'ai pensé qu'à moi… » Il me fait de la peine à dire ça. Pourquoi ce revirement brutal de situation ? Ma main se pose sur son bras et je souris de nouveau pour le rassurer. « Nino ... » Je n'ai pas le temps de prononcer autre chose, il continue ce qu'il a à dire. « T'as peut-être raison, faudrait qu'on arrête tout ça. J'crois que je suis nocif pour toi, j'avais pas pris conscience de ça avant. » J'ai bien envie de le frapper une nouvelle fois pour lui remettre les idées en place, mais je m'abstiens. Je cherche alors durant quelques secondes une réponse à lui donner. Je ne suis pas d'accord avec lui, il n'est pas fautif dans cette histoire, il n'a rien à se reprocher. C'est un jeune homme qui a voulu profiter de la vie. « Ne dis pas ça. Si je voulais que mon couple aille pour le mieux, je n'aurais pas cédé à tes avances. » Ma main se pose sur sa joue et je le fais me regarder. « Et si je ne voulais plus passer du temps avec toi, je ne lui aurais pas dit la vérité. » J'aurais continué de jouer le couple parfait avec mon ''fiancé'' et j'aurais tenu Nino loin de moi, du moins j'aurais essayé. La phrase que j'ai prononcée est un moyen de lui dire que nous éloigner n'est pas la solution. On dirait que je change d'avis comme de chemises, mais maintenant que j'ai perdu Connor, je n'ai pas envie de perdre Nino. Notre relation n'est pas saine, je le sais, mais elle me permet d'être heureuse. Des bruits se font entendre dans le couloir, je m'éloigne alors du mur contre lequel j'étais appuyée et j'ai bien fait, car la porte s'ouvre et cela aurait pu être louche vu la situation. « Camille ! Tu as cours dans cette salle ? » Je passe ma main dans mes cheveux et je me tourne vers la personne qui vient de parler. « Non, non. Tu peux t'installer. J'indiquais à Monsieur Ferrazzini ce qu'il devait faire en TD, mais nous allons continuer cette conversation ailleurs. » Je souris à ma collègue et je prends la direction de la sortie. Nino me suit et une fois sortis de la pièce, je pose de nouveau mon regard dans le sien. « Je dois vraiment y aller et tu devrais aller en cours, qu'il soit important ou non. On reparlera de tout cela une autre fois. » Je regarde autour de nous, personne, je me mets alors sur la pointe des pieds et je dépose un tendre baiser sur sa joue. Je lui souris une dernière fois, puis je tourne les talons et je m'éloigne de lui.

CLOSED

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