~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Les années lycées resteront indéniablement les plus belles années de ma vie et je pense que c'est le même cas pour beaucoup. Nous étions insouciants, avides de nouvelles rencontres et de nouvelles expériences. Je peux dire sans hésitation que ma personnalité d'aujourd'hui dépends directement de cette époque là. Tous les sentiments, toutes les sensations étaient amplifiées, on ne se contentait que du meilleur et on avait presque l'impression que cela durerait toujours.

A cette époque, j'étais loin d'être l'éléve la plus studieuse. Je passais plus de temps à préparer les soirées qu'à réviser et m'amuser avec mes amies m'importait mille fois plus que toutes les bonnes notes du monde. Je dirais sans trop m'avancer que j'étais relativement populaire au lycée et qu'il m'arrive d'être nostalgique de cette période là. Mes parents n'étaient quasiement jamais à la maison, mais je m'y étais habituée : mes amis constituaient ma véritable famille.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Heureuse? Il me semble que c'est une grande question à laquelle je n'ai malheureusement pas l'objectivité pour répondre. Heureuse signifierait n'avoir absolument aucun problème et que tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, un peu utopique comme manière de voir les choses, voyez-vous. Je dirais simplement que je ne suis pas à plaindre, point.
Je peux dire par exemple, qu'aujourd'hui j'apprécie ma vie sur le plan professionnel. Je me donne corps et âme pour réussir tout ce que j'entreprends. Bien sûr j'ai mis du temps pour y parvenir. J'ai eu mon lot de désillusions aussi et de déceptions. Mais ça, c'est un peu pour tous les domaines. Je ne regrette pas pour autant, cela m'aura permis d'évoluer.
Maintenant si la question est, es-ce que je suis plus indépendante et autonome que je ne l'était par le passé, je dirais que j'ai toujours eu l'habitude de vivre assez indépendament de ma famille, j'ai très tôt sû ce que le mot "responsabilité" voulait dire. Mais disons simplement que j'appréhende mieux mon avenir.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Là encore je crains devoir vous décevoir en vous disant que je n'en ai pas la moindre idée. Je suis assez épicurienne et donc pas franchement le genre à me projeter. J'ai d'ailleurs un peu de mal à suivre ces gens dont la vie est reglée comme du papier à musique et qui connaissent déjà le nombre et le nom de leur futurs enfants. Très peu pour moi. Bien entendu, j'ai bien quelques ambitions : voir mon entreprise d'évenementiel être reconnue mondialement et voyager pour promouvoir l'image de ma marque. Après concernant une éventuelle vie de famille, je ne sais pas. Mes parents ne m'ont jamais réellement montré l'image d'une famille unie, j'en ai souffert pendant longtemps. Je ne voudrais pas faire les mêmes erreurs et décevoir à mon tour.

Je sentais le regard inévitable de la journaliste me transpercer à travers ses lunettes grises. Détaillant le moindre de mes gestes, elle griffonnait sur son carnet quelques notes d'un air machinal sans avoir l'air d'y prêter réellement attention puis au bout de quelques minutes, elle se décida à briser le silence : " Comme vous devez le savoir, il nous a été très difficile de nous entretenir avec vous Mlle Durham-Ellis " Je répondit à sa remarque par un léger hochement de tête " J'ai malheureusement un emploi du temps assez chargé " " C'est ce que nous avons cru comprendre (...) " dit-elle en accompagnant ses mots d'un sourire carnassier. " (...) Quoi qu'il en soit, merci de nous recevoir. Alors nous allons entrer tout de suite dans le vif du sujet : vous êtes la fille unique de Richard Durham, le grand magniat de la finance, à la tête de Durham's Co et il semblerait que vous marchiez sur ses pas puisque l'année dernier il me semble que vous aviez été interrogé par le magazine Forbes et que vous annonciez votre désire de monter votre propre agence évenementielle, c'est aujourd'hui chose faite. Alors comment vous est venue cette ambition? Es-ce que c'est quelque chose d'innée? Votre père est-il actionnaire dans votre affaire? " " Alors tout d'abord, je crains que le magazine Forbes ne se soit quelque peu avancé à mon sujet. A l'époque de cette interview, je parlais d'une volonté de travailler dans le mode de l'évenementiel, jamais je n'ai émis l'hypothèse d'ouvrir ma propre boîte, l'idée ne m'est venue que bien plus tard. Et il n'y a aucune association entre mon père et moi. Bien entendu, il encourage mon ambition mais c'est un projet personnel et non familial. Ensuite, je ne saurais vous dire si c'est quelque chose d'inné, mais j'ai toujours aimé le fait d'organiser des soirées, chercher les détails qui feront la différence... Mais il est vrai que j'ai également cotoyé très jeune le monde des affaires -mes parents y sont pour beaucoup. Donc, j'ai juste décider de mettre à application ce que je savais faire de mieux. (rire hypocrite de la chroniqueuse)"
Une lueur particulière éclaira le regard de la journaliste qui eu soudain l'impression de détenir la piste d'un sujet alléchant et c'est d'ailleurs sans retenue qu'elle se lança : " Vous avez dit avoir baigné très tôt dans le monde des affaires. Es-ce que vous ne n'avez pas comme l'impression d'avoir grandit trop vite, que les affaires familiales vous on empêchées d'avoir une enfance/adolesence normale? D'ailleurs vous considerez vous comme cette jeunesse, cette génération enfermée dans une sorte de prison dorée? "
"Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je ne pense pas avoir été privé de mon enfance ou adolescence, je ne regrette absolument rien de ma vie ou des choix de mes parents. J'ai juste eu conscience très jeune que mon nom de famille m'ouvrirait autant de porte qu'il m'en fermerait. Il ne faut pas croire que tout vous tombe du ciel lorsque votre patronyme est célèbre. Les gens sont d'autant plus exigeant lorsque vous être un "Fils-de" . Je travaille très dur et je continuerai à le faire pour réussir ... "
"Alors justement vu que vous nous parliez de votre patronyme. Qu'à pensé votre père de votre ambition ? Vous dîtes qu'il vous encourage mais n'a t-il pas cherché a vous mettre en garde contre ce milieu où vous vous appretiez à vous lancer? Et votre mère qu'en a t'elle pensé? Vous n'avez pas toujours eu de rapports très faciles avec elle d'après ce que j'ai pu lire sur vous. Dans la biographie que votre mère a écrite il y a déjà 8 ans de cela, elle parle de rapports conflictuels avec vous, vous confirmez? "
Voilà où elle voulait en venir depuis le départ. Sur mes rapports avec ma mère ...
" Mon père a toujours été très encourageant mais aussi prevoyant. Bien entendu qu'il m'a mis en garde comme n'importe quel père l'aurait fait mais sans jamais cherché à m'éloigner de ce milieu.Quant à ma mère, j'avais 16 ans à l'époque de la publication de sa biographie. J'étais à la recherche de moi même. Mon père était souvent absent et donc nos rares entrevues étaient sujettes à de nombreuses tensions.

Aujourd'hui, les choses sont différentes. Je suis plus compréhensive et puis je ne la voit pas souvent donc... "
"Alors vous avez grandit à White Oak Station mais avez vécu à New York pendant quelques temps. Aujourd'hui vous êtes revenu vous installer à White Oak . Pourquoi ce choix ? Pourquoi n'êtes vous pas restez aux Etats-Unis "
" J'avais besoin de marquer mon indépendance je pense. J'ai grandit au Canada, à White Oak. J'y ai mes souvenirs, mes repères. Et puis, je suis moins traquée à White Oak qu'à New York. J'avais besoin de revenir à mes sources, un besoin d'indépendance à côté ."
" Un besoin d'indépendance n'est pas forcément une envie de solitude n'es-ce pas? Es-ce que quelqu'un partage votre vie en ce moment? "
" Je ne suis pas seule. J'ai la chance d'avoir rencontré beaucoup de personnes , d'avoir retrouvé des personnes avec lesquelle j'ai grandit. Je ne me plains pas, mais je garde les pieds sur terre. Pour le moment, je me consacre d'abord à mon travail "
"Donc nous devons comprendre que nous n'avez personne dans votre vie ? "
"Je vous laisse le choix de l'interpretation "
La journaliste esquissa un sourire forcé, cachant la frustation de ne pas avoir eu la réponse qu'elle attendait.
" Merci beaucoup Jillian Durham-Ellis d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions."