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 #0172, you know i'll always care. (charlotte)

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Azel Novak

Azel Novak
lost souls in revelry

inscription : 24/06/2013
messages : 8363
points : 39
pseudo : vercors. (chloé)
avatar : cora keegan.
autres comptes : biddy la jolie.
crédit : ultraviolences, the vamps.
âge : vingt-trois ans.
statut civil : célibataire, mais son cœur bat de plus en plus fort pour son premier amour.
quartier : fairmount district.
occupation : couturière à hazelnut.

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Message(#) Sujet: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyJeu 24 Juil - 13:28



you know i'll always care
tu sais, je ferais tout pour toi. j'ai foiré, une fois. je ne le ferais pas deux. tu es, de loin, la plus importante.


Je souris.
La maison est prête.
Ça fait environ un mois et demi que j'y habite avec Malia et je m'y sens déjà très à l'aise. Je dis ma maison sans que cela ne me fasse bizarre, c'est le foyer dont j'avais besoin. J'ai l'impression d'être une vraie adulte, une vraie mère. Mère célibataire - peut-être. Mais c'est probablement pour le mieux. Après le deuxième abandon d'Augustin qui, bien que m'ayant blessée ne m'a pas réellement étonnée, j'ai décidé de faire définitivement une croix sur lui. Il m'a pris pour une imbécile par deux fois, il n'y aura certainement pas de troisième. Malia ne porte pas son nom et heureusement. Qu'il me quitte moi, c'est son problème. Qu'il quitte ma fille, sa fille, c'est une autre histoire, un autre problème, que je ne lui pardonnerai pas.

Le sol est propre, les rideaux sont enfin assortis au mur de la salle à manger, et les cookies finissent de cuire. Charlotte devrait arriver d'un instant à l'autre et je suis excitée comme une puce. Cela fait quatre mois que nous nous sommes retrouvées et ce, grâce à elle. Elle est venue me rejoindre à White Oak Station - par surprise. Je relève ma tête dans le centre commercial, et elle est là. Des retrouvailles en demi-teinte, un peu étranges. Pas comme je les imaginais. Mais ce n'est pas grave, Charlotte est là. Nous nous sommes revues quelques fois depuis, en ville, autour d'un café ou sur un banc. Elle n'avait pas envie de venir chez Augustin et je crois que je peux la comprendre. Nous n'avons peut-être pas encore retrouvé notre complicité d'avant, mais au moins nous nous parlons normalement, à présent. Sans cette gêne des premières retrouvailles.

Toc toc. Je sautille en me dirigeant vers la porte d'entrée. C'est la première fois que Charlotte vient dans ma maison. Entre mon emploi du temps chargé à la boutique et les travaux qu'il restait à faire ici, je n'ai pas trop eu l'occasion de l'inviter. J'ai décidé d'y remédier, aujourd'hui. D'autant plus que j'aimerais lui faire une proposition importante - ce sera l'occasion. Je tourne la poignée et ouvre la porte sur une Charlotte que je trouve rayonnante. J'ai l'impression qu'elle a retrouvé des couleurs, depuis son arrivée en Alberta. « Salut ! » Je lance, enjouée. Je prends rapidement la blonde dans mes bras, avant de lui indiquer le salon-salle à manger d'un geste de la main. « Entres, entres ! » Bip bip bip. « Ah, excuses-moi. » Je rejoins le four et ouvre la portière pour en sortir les biscuits. Je dépose la plaque sur le plan de travail et me retourne vers Charlotte en souriant. « Alors, comment tu vas ? » J'ouvre un placard, le referme. J'en ouvre un autre, et attrape une assiette fleurie. J'ai encore un peu de mal à savoir à quel endroit se trouve toute ma vaisselle. Je m'avance vers le salon avec mon assiette de cookie à la main et indique le canapé du bout du doigt. « Tu peux t'asseoir là, si tu veux. » Je pose l'assiette sur la table basse et place mes mains sur mes genoux. « Fais-toi plaisir. » Je me tourne vers Charlotte, heureuse.
Elle est là, dans ma maison, assise sur mon canapé, à côté de moi.
Comme au bon vieux temps.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyLun 4 Aoû - 16:45

Elle entend le vent, souffle léger, brise fraîche. Elle se laisse bercer, apaiser. Elle se sent si légère, poussée par ce souffle dans le creux de ses reins. Elle marchait au rythme de la musique qui s'échappait de ses écouteurs. Tantôt rapide, tantôt lente, le son prenait possession de son rythme. Charlotte semblait heureuse. Elle l'était, sans aucun doute. De ce qu'elle comprenait du bonheur, elle pensait l'avoir plus ou moins trouvé. Elle se construisait dans cette ville qui lui était encore inconnue quelques mois plus tôt. Elle était attendue, dans un autre quartier que le sien. Un quartier qu'elle connaissait plutôt bien, qu'elle appréciait même. Elle se rendait chez Azel. Dans la nouvelle maison d'Azel, elle qui avait toujours refusé de se rendre dans l'ancien appartement qu'elle occupait. A cause de lui. A cause d'Augustin.
D'un geste elle enlevait ses écouteurs, d'un autre, elle levait le bras. Deux coups, délicats. Elle avait attendu, ce sourire qu'elle se connaissait si bien sur le visage. Elle observait les alentours, le petit jardin. Elle regardait la maison d'Azel. La maison de son amie, celle qu'elle avait cru perdue à jamais. Elle se tenait pourtant ici, sur le seuil de sa porte, sur son invitation. Comme si rien n'avait changé.
Comme si tout était comme avant.

Radieuse était le mot qui décrivait le mieux Azel. Sublime aussi, d'ailleurs. Elle semblait épanouie. Changée. Devant Charlotte se tenait une nouvelle Azel, une version plus actuelle sans doute de la jeune femme qu'elle avait rencontré au lycée. Elle se laisse aller dans ses bras, pour une étreinte qu'elle avait presque oublié. Azel et elle s'étaient retrouvées pour mieux recommencer. Pour mieux se lier.  « Salut ! » avait-elle soufflé. Elle s'était laissée absorbée par cet endroit qu'elle ne connaissait pas. Chaque recoin ressemblait à la maîtresse de maison. Dans chaque objet, dans chaque choix de décoration, elle ne pouvait nier reconnaître la fille de campagne. Elle l'avait suivi, sans perdre une miette. Il était certain que Charlotte avait le sens du détail, elle remarquait tout. A ses yeux, rien n'était dû au hasard. Un bruit, qui semblait venir de la cuisine si l'on en croyait l'odeur appétissante qui en émaner, éloigna Azel le temps d'un instant de Charlotte. Elle observait la jeune femme du regard, toujours en souriant. Des bruits de placards, un bruit d'assiette. Ainsi, Azel semblait avoir trouvé son élément, cette maison lui allait comme un gant. « Je vais très bien. Et si j'en juge par ton comportement, je peux me dire que tu as le même état d'esprit que le mien. Tu rayonnes. » Il y a quelques mois, leur discussion ne ressemblait en rien à cela. Cris, larmes et grandes découvertes. Des retrouvailles comme elles ne les avaient pas imaginées. Elles s'étaient revues depuis. Quelques fois. Elles avaient retrouvé une certaine complicité. Mais Charlotte n'oubliait pas. Elle gardait, au fond d'elle, une certaine méfiance. La peur de voir son amie partir à nouveau, sans doute. Sur ses conseils, elle s'était assise dans le canapé en la remerciant d'un sourire sincère. « Ils ont l'air délicieux. » En grande gourmande, Charlotte s'était servie. « Et ils le sont. » avait-elle dit après en avoir manger un. Azel avait vraiment des talents qu'elle pouvait lui envier. Charlotte ne mettait quasiment pas les pieds en cuisine, elle n'était pas suffisamment douée de ses mains pour préparer ce genre de chose. « Ta maison est sublime, elle te correspond tellement. » La franchise légendaire de Charlotte faisait d'elle quelqu'un d'assez avare en compliment. Elle n'en faisait que lorsqu'elle le pensait réellement.
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Azel Novak

Azel Novak
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 9 Aoû - 1:23


Le sourire de Charlotte me donne du baume au coeur. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu comme ça, que je ne l'avais pas vu heureuse. Son regard a changé depuis la première que nous nous sommes retrouvées, ici à White Oak Station. Il pétille. Sans rapport avec ce regard mort, triste, complètement ailleurs qui m'avait troublé dans le centre commercial. Charlotte me confirme d'ailleurs rapidement qu'elle va bien. Je suis contente de l'entendre dire à haute voix. Je souris, simplement. Je n'arrête pas de sourire. L'amie qui m'était - qui m'est toujours - la plus chère depuis le lycée se tient dans ma maison, le sourire aux lèvres. Je n'aurais pas pu rêver mieux. « Complètement. Je me sens si bien ici et puis... je suis vraiment heureuse que tu sois là. » Je souris davantage et m'assois à côté de la blonde. Je pioche un gâteau à mon tour et croque dedans à pleines dents. « Je suis contente que tu les aimes » je marmonne, la bouche à moitié remplie de biscuit. C'est la première fois que je fais des cookies dans ce four que je découvre au fil des plats que je cuits dedans, et j'avais peur d'en avoir mal géré la cuisson. « Oups, je ne t'ai rien proposé à boire! » Je me relève aussitôt, avalant la dernière bouchée de biscuit qu'il me restait dans la main. Je reviens rapidement avec une bouteille d'eau fraîche et du sirop de framboise. Je sais que Charlotte va l'aimer. On en buvait tout le temps, quand elle venait à la ferme ; parfois, maman prenait même des framboise du potager pour nous le concocter. « Oh, merci » je commence tout en versant le sirop, touchée par son compliment sur la maison. « J'ai vraiment voulu en faire quelque chose qui me ressemble, où je me sente bien. » Autrement dit un foyer. Ce que je n'avais plus depuis bien longtemps - depuis un an et demi. La maison d'Augustin ne m'a jamais apparu de la sorte. Pour moi, elle restera toujours la maison de l'abandon. Ne parlons pas de l'appartement dans lequel j'ai vécu ensuite, seule ; j'ai pleuré la fuite d'Augustin pendant les trois premiers mois, et j'ai crains sa mort le reste du temps. Cette maison symbolise la renaissance ; autant la mienne, débarrassée d'Augustin et du mal qu'il m'a fait, que celle de Malia, littéralement. Je veux m'y sentir à l'aise, je veux que mon bébé s'y sente bien, et je veux que tout le monde s'y sente comme chez soi. Je veux que cette maison respire le bonheur. « Tu aimerais que je te la fasse visiter ? » Je lui tends son verre de sirop à l'eau et bois une gorgée du mien. Charlotte serait la première à faire le tour complet de ma maison, complètement finie d'être aménagée et décorée.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyMar 19 Aoû - 16:41

Le bonheur semble si proche. Une proximité telle qu'elle pourrait le toucher du doigt, l'effleurer, le caresser. Elle se redécouvre, revit petit à petit dans un monde nouveau. Elle réapprend à vivre. Une vie si nouvelle qu'elle en avait été parfaitement déboussolé. Un radical changement avait eu lieu, elle en avait conscience à présent. Alors qu'elle savourait ces parfaits petits gâteaux, elle observait le portrait idyllique de la femme au foyer, heureuse et épanouie. Elle observait ce qu'elle aurait pu être si ses choix avaient été différents. Elle avait simplement choisi le mauvais chemin, long et tumultueux. « Je suis contente d'être là aussi, tu sais. » Elle voulait le lui faire savoir, le lui montrer ne suffisait pas. Charlotte essayait de rattraper les mois perdus, elle essayait de réapprendre à connaître cette nouvelle Azel, si belle, si merveilleuse. Son sourire était un élan de joie, de bonne humeur. Un seul sourire permettait d'aller mieux. Elle était comme ça, Azel. Comme Charlotte l'était aussi, un peu. Des sourires, voilà ce qui faisait le bonheur, sans doute. A peine assise qu'elle se relevait déjà, comme une enfant qui ne tient pas en place. C'était ça, elle était excitée à l'idée qu'elle soit là, qu'elle puisse lui faire découvrir son monde. Pourtant, ce n'était pas réellement le cas il y a quelques mois. Qu'on se le dise, Charlotte repense souvent à ce jour, à ce moment dans le centre commercial. Désagréable souvenir qu'elle espérait voir s'évanouir avec cette journée en sa compagnie. Azel était revenue, toujours souriante, de l'eau et du sirop de framboise dans les mains. Immédiatement, Charlotte compris qu'il ne servait à rien d'en vouloir à Azel. En mémoire du bon vieux temps. « Tu te souviens de ces après-midi à la ferme alors ! » Elle qui avait simplement pensé qu'elle avait oublié, tout oublié de leur passé. Il fallait croire que non, elle se souvenait de tout, autant qu'elle. Elles n'avaient rien oublié, pas même cette amitié qui les unissait. Qui les rendait inséparable jusqu'à il y a presque un an. « Elle est merveilleuse cette maison, j'en serais presque jalouse. » Charlotte vivait dans un petit appartement en colocation, pour le moment. Rien de définitif, elle avait simplement trouvé cette solution pratique. Le temps de voir venir, de découvrir la ville et les gens qui y vivent. Cette maison était parfaite pour Azel, c'était sa maison. Pas celle de ses parents, ni celle d'Augustin. Ce type qui l'avait encore laissé. Une nouvelle fois. Charlotte ne l'avait jamais aimé, elle ne l'aimerait d'ailleurs jamais. « Avec plaisir, j'ai hâte de voir cette maison dans son ensemble. » Elle en avait envie, réellement. Elle était même ravie qu'Azel le propose. Elle pourrait ainsi faire sa curieuse.
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Azel Novak

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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyVen 29 Aoû - 15:53


« Pfou, comme si c'était hier! » je lâche, les mains en l'air. Les moments passés à la ferme en compagnie de Charlotte sont inscrits dans ma mémoire, peut-être même davantage que ceux passés avec Augustin - alors que ces derniers sont certainement plus nombreux. Rétrospectivement, et probablement au vu des derniers événements, ils m'apparaissent moins importants. Quoiqu'il se soit passé entre Charlotte et moi, notre amitié est toujours là. Nous la reconstruisons petit à petit et les mots qu'elle me dit me font penser que nous sommes sur la bonne voie. L'amitié d'Augustin, je l'ai perdue cette fameuse nuit ; et je ne l'ai jamais retrouvée depuis. Je laisse retomber mes mains sur mes genoux, avant de continuer « Il faudrait qu'on y retourne, un jour ou l'autre. Je suis sûre que ma grand-mère serait ravie de te revoir! » Je souris. Grand-mère me manque tellement, et je n'ai aucune idée de quand je pourrais la revoir. Tous mes papiers ainsi que ceux de Malia sont en règle pour pouvoir prendre l'avion, mais je ne me résous jamais à prendre nos billets. Il y a toujours quelque chose qui me retient à White Oak Station: le travail à la boutique, l'envie de passer du temps avec Charlotte, ma rupture avec Lucas... Je croise les doigts pour avoir une chance de me rendre en Ontario avant la fin de l'année. Cela fait exactement un an que je suis partie, un an que je n'ai pas remis les pieds dans ma campagne. Je me demande bien comment j'ai pu faire pour tenir tout ce temps, moi qui n'avais jamais quitté la ferme depuis vingt ans. Je finis la dernière gorgée de mon sirop et croque dans un énième biscuit, avant de me tourner vers mon amie. « Suis-moi! » Je lance, tout sourire, excitée à l'idée de lui faire visiter ma maison. Une fois debout, je tends ma main à Charlotte pour l'aider à se relever. Je vais alors me poster au centre de la salle principale, qui n'est coupée par aucun mur. Le rez-de-chaussée est en fait une même et unique pièce. « Comme tu peux le voir, d'où nous venons c'est le salon » je pointe le doigt à ma droite, « et là c'est la cuisine-salle à manger! » j'ajoute, indiquant derrière moi. Je pivote sur mes talons et m'avance un peu plus. « J'ai un four à chaleur tournante, un micro-ondes, un lave-vaisselle, une machine à café... je suis toute équipée! » Je frappe dans mes mains, comme une gamine. Je reviens un peu sur mes pas, et montre la baie vitrée sur la gauche. « Ça donne sur une petite terrasse, et au-delà c'est le jardin. Il n'est pas bien grand, mais c'est suffisant pour Malia et moi. » Je me rends compte à quel point je suis chanceuse d'avoir trouvé cette petite maison, entièrement rénovée. Je ne suis toujours qu'en location, mais je la considère quand même comme la mienne. C'était, il y a quelques années, la résidence principale d'un couple de natifs de White Oak Station, qui ont décidé de s'installer définitivement en Californie pour leur retraite, dans leur résidence secondaire. Ils m'ont assuré qu'ils ne me dérangeraient pas de sitôt. « Est-ce que tu veux voir l'étage ? »
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyMar 2 Sep - 17:53

La joie l'avait empli tant ces souvenirs comptaient à ses yeux. Qu'Azel s'en souvienne était finalement ce qu'il lui fallait pour vraiment croire en cette amitié nouvelle. Charlotte gardait de merveilleux souvenirs de son adolescence en compagnie de sa jeune amie. Des souvenirs du lycée, des souvenirs de la ville, des souvenirs de la ferme. Chacun de ses instants avaient une importance particulière, ils lui rappelaient une ancienne vie aujourd'hui révolue, un monde où elle n'avait à penser qu'à ce qu'elle allait pouvoir faire avec ses amis. Un monde où elle était encore insouciante. Ces souvenirs la raccrochait à son ancienne vie. Charlotte avait fini par comprendre que malgré ce qu'il s'était passé, jamais elle ne pourrait oublier les moments avec Azel. Jamais elle ne pourrait oublier Azel, tout simplement. « Ce serait formidable d'y retourner. Comme au bon vieux temps. » Charlotte avait toujours apprécié la grand-mère de la jeune femme. Elle n'avait jamais été proche des siennes, qu'elle ne voyait que quelques fois l'année, pour les grandes occasions. Des occasions qu'elle n'appréciait pas forcément. Elle avait vu en celle d'Azel un moyen de connaître le bonheur d'en avoir une, toujours soucieuse du bien être des autres. « Ta grand-mère me manquerait presque, maintenant que tu en parles. Elle est merveilleuse. » Elle était sincère. Elle avait adoré lui parler de sa vie. Et elle ne la remercierait sans doute jamais assez de l'avoir conduit jusqu'à sa petite-fille. Elle  ne serait pas White Oak Station sans elle.

Charlotte avait terminé son biscuit et son verre de sirop quand Azel lui avait proposé de la suivre. Sans attendre, elle s'était levée, prête à découvrir les moindres recoins de cette nouvelle maison. « Tu sais que ta maison me fait pensé à une maison de série télévisée. » L'agencement était parfaitement conforme à ce qu'elle voyait sur son écran de télévision. Une maison à l'américaine comme elle aime si bien le dire. C'est ce genre de maison qu'elle avait un jour rêvé d'avoir, avant de se rendre compte qu'elle ne savait plus réellement ce dont elle avait envie. « Avec une cuisine comme celle-ci, tu vas devoir m'inviter souvent à manger. » Elle eut un rire léger, s'imaginant déjà installée dans la salle à manger. Elle savait qu'Azel se débrouillait assez bien en cuisine alors qu'elle savait tout juste mettre un plat surgelé à réchauffer. Elle n'avait pas appris à se comporter en parfaite femme au foyer. Elle ne savait pas faire la lessive sans regarder la notice du lave-linge, elle ne savait pas repasser sans brûler une partie du vêtement, elle ne savait pas coudre, faire le ménage correctement. Charlotte avait été habituée à la présence d'une gouvernante. Elle n'avait eu à lever le petit doigt. « Tu as un jardin ! La chance. J'ai toujours rêvé d'en avoir un. » Elle avait toujours vécu en appartement. Elle rêvait d'un jardin avec des fleurs, une balancelle, un salon de jardin pour boire le thé. Un endroit parfait, idyllique. Elle s'était approchée de la baie vitrée pour observer le jardin. Il n'était pas immense mais il y avait suffisamment de place pour profiter. « Je te suis, j'ai hâte de voir l'étage. Le rez-de-chaussée est déjà super. » Charlotte était comme une enfant émerveillée. Envieuse, elle espérait un jour pouvoir vivre dans une maison de ce genre. Pas trop grande, pas trop petite. Le juste milieu pour une perfection assurée.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyVen 5 Sep - 13:04


Comme au bon vieux temps. Oui, c'est exactement ça, comme au bon vieux temps. À l'époque où l'on ne se souciait de pas grand chose, où nos larmes étaient rapidement essuyées par un câlin et une bonne blague, où nos journées n'étaient remplies que de cours et de détente. À présent, il y a tellement plus à s'inquiéter, à prévoir, à faire. Il y a le travail, le bébé, l'appartement, les gens autour. On sort peu à peu de notre petite bulle d'adolescente pour plonger de plus en plus dans le monde des adultes. La transition est parfois douce, parfois beaucoup moins. Pour moi, elle a été rapide, trop rapide. Et elle s'est malheureusement faite sans ma meilleure amie ; sans Charlotte. C'est elle qui me rappelle cette période qui m'a certes apporté son lot de petits malheurs, mais surtout de grands bonheurs. « Il faudra à tout prix se programmer ça, dès que nous sommes toutes les deux libres! » Mon sourire s'élargit à l'idée de retourner en Ontario, à la ferme, aux côtés de Charlotte. J'aimerais tant que l'on retourne dans la grange, et qu'on s'allonge sur la paille en regardant les étoiles par le large trou du plafond, comme on avait l'habitude de le faire. « Oui... elle me manque tellement. » Mon regard se voile un instant avant de s'éclairer de nouveau. Comme le dit si bien Charlotte, ma grand-mère est merveilleuse. Je crois que c'est impossible de ne pas l'aimer: même Wilfried qui n'était pas trop porté sur le troisième âge est tombé sous son charme. Elle est simple, drôle et attachante, et aime chacun comme si c'était son propre enfant. Elle se fout de l'origine de la personne, de son milieu social ou encore de son orientation sexuelle. Elle prend la personne comme elle, lorsqu'elle arrive dans la ferme. Elle se moque de son passé ou même de son présent ; il n'importe que la façon dont elle se comporte auprès de ma grand-mère. Et quand bien même on serait méchant, malpoli ou désagréable en sa présence, elle n'en tiendrait pas rigueur. Elle se contenterait de secouer le doigt en disant que ce n'est pas très joli. Ma grand-mère est un soleil pour toutes nos parts d'ombres.

« Oh vraiment? » Je demande de façon rhétorique, lorsque Charlotte compare ma maison à celle d'une série télévisée. Je ne sais d'abord pas si c'est un compliment, ou si cela veut dire qu'elle est trop rigide et impersonnelle, mais je comprends bien vite que ce n'est pas le cas. Je choisis donc de prendre ça pour une qualité, et souris en guise de réponse. « Avec plaisir! J'ai acheté des nouveaux livres de cuisine, en plus. De quoi faire plein de petits plats! » Mon regard s'illumine et je nous imagine, toutes les deux attablées autour d'un gratin fumant. « Tu peux même venir tous les week-ends, si tu veux », je propose. Avec Malia, il est rare que je sorte le soir, que ce soit en semaine ou le samedi. Alors, quitte à préparer à manger, ce serait mieux que je ne sois pas la seule à en profiter, la petite blonde ne mangeant encore que des soupes et des compotes en pots. Même si j'essaie au maximum de lui préparer moi-même ces petits pots, ce n'est pas pareil de partager avec elle une bouillie de gratin de pommes de terre, qu'avec quelqu'un qui pourra véritablement déguster le plat. Et puis, si c'est l'occasion pour moi de voir Charlotte plus régulièrement, je ne dis pas non. « Je vais peut-être l'aménager un petit peu », je réplique après sa remarque concernant le jardin. « Tu pourras définitivement venir passer du temps à la maison! » Je ne sais pas encore où habite Charlotte, sur White Oak Station, mais du peu qu'elle m'a dit, c'est un petit appartement. Enfin, un appartement en tout cas ; donc certainement plus petit que ma maison. Plus difficilement aménageable, surtout si ce n'est pas chez elle à proprement parler. Et sans jardin, donc. Sans terrasse non plus. Une fois de plus, je nous visualise sur la terrasse, avec chacune un verre dans la main, discutant en regardant la nuit tomber. Tout autant d'images qui me réchauffe le cœur et refourgue loin, très loin dans mon esprit, les pensées négatives à propos d'Augustin ou de Zoe que j'ai pu avoir durant l'été.

Nous montons ensuite à l'étage, et je m'arrête en haut des escaliers, attendant que Charlotte me rejoigne. L'espace est, comme le rez-de-chaussée, très ouvert et lumineux. C'est ce que j'avais adoré, dans cette maison: cette impression de liberté. Le sol est en moquette écrue et, même si c'est embêtant à nettoyer, cela vaut le coup. Une télévision avec un canapé et quelques poufs se trouvent sur la gauche et, à droite, trône ma machine à coudre. Tout autour sont encore éparpillés des tissus et quelques cartons remplis de fils, boutons et autres accessoires, qu'il faut que je range. Des grandes baies vitrées sont installées sur les deux murs, donnant d'un côté sur une petite allée pavée et de l'autre sur le jardin. Le mur du fond est séparé en trois portes: une pour la chambre de Malia, tout à gauche, une pour ma chambre, au centre, et enfin une pour les toilettes et la salle de bain, tout à droite. « Viens, Malia dort généralement à poings fermés, je devrais pouvoir te montrer sa chambre sans problème! »
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyDim 21 Sep - 11:06

« Tu sais, je suis tout le temps libre maintenant. Je pourrais y retourner demain ou dans un mois que ça ne changerait rien. » Elle se sentait presque nostalgique. Repenser à sa vie d'antan, cette vie qu'elle avait construite. Elle avait tout abandonné. Famille, amis, études. Elle ne faisait plus rien à présent. Elle lisait beaucoup, elle sortait se promener. Elle s'ennuyait souvent. Constamment, elle voulait bousculer son quotidien, partir à l'aventure sans jamais le faire. La peur de devoir se reconstruire un nouveau monde, une nouveau vie. Azel avait réussi à en venant ici. Elle travaillait, elle avait une belle maison, elle avait eu un bébé. Elle avait tout fait en accélérer comparé à Charlotte qui n'avançait pas. Elle n'était prête d'avoir sa propre maison, d'avoir un enfant et elle ne cherchait un travail que très peu. Rien ne l'intéressait vraiment. « Tu lui manques aussi, j'en suis sûre. » Toujours emplie de nostalgie, elle repensait aux heures passées avec la grand-mère d'Azel. Elle repensait aux après-midi à la ferme, seul endroit campagnard que la citadine avait pu voir. Elle n'avait jamais rien vu d'autre. Elle avait longtemps pensé que la ferme représentée toute la campagne canadienne avant de comprendre qu'elle devait voir plus loin que le bout de son nez.

Elle souriait. Le genre de sourire aux yeux pétillants qu'elle offrait souvent, qu'elle offrait sincèrement. Elle était à la fois heureuse d'être là et émerveillée par le travail qu'avait fourni son amie pour rendre cet endroit agréable. Elle imaginait déjà des longues après-midi dans le jardin, à regarder la petite rire, courir. Elle imaginait déjà des repas, des moments passés à deux, des soirées à regarder des films. « Qu'importe ce que tu prépares, ce sera bon. Je devrais te demander des cours, ça m'éviterait de manger des surgelés. » Charlotte n'avait pas appris à cuisiner, elle s'était toujours contentée de mettre les pieds sous la table et de déguster. Aujourd'hui, presque intégralement indépendante, elle devait se contenter de repas peu diététique, peu sain. Rien à voir avec ce qu'elle avait toujours eu l'occasion de manger. Elle avait cessé de faire la fine bouche pour se contenter de ce qu'elle arrivait à faire, c'est-à-dire, décongeler des plats préparés. Parfois, elle arrivait à faire des pâtes mais ce n'était pas forcément son point fort. « Si c'est une invitation, ça ne se refuse pas. » Elle ria légèrement. Elle ne pensait même pas à son colocataire qu'elle abandonnerait. De toute manière, il le savait, elle finirait par partir un jour où l'autre. Elle prendrait son indépendance, louerait une maison, trouverait un travail. Vivrait une vie de famille à elle. « Je te ferais les courses, dans ces cas-là ! » Elle savait le faire, ça. Elle adorait même le supermarché. Et elle se sentait déjà mal à l'aise de vider les placards de son amie si généreuse avec elle.

Ce jardin bien que vide faisait parti d'un rêve à ses yeux. Une sorte d'idéal à atteindre pour quelqu'un qui a toujours vécu en appartement. Elle en voulait un et ce serait sans doute le premier critère qu'elle imposerait lorsqu'elle choisirait une maison. Peu importait la couleur des murs tant qu'il y avait un jardin. « Je t'aiderais à l’aménager, si tu veux. » Elle avait déjà pleins d'idées. Elle pourrait ainsi vivre par procuration un rêve sans doute trop lointain pour elle. « Je finirais par abuser de ton hospitalité, tu finiras par en avoir marre de moi. Ta maison est tellement bien comparé à l'appartement où je vis. » Elle n'avait pas encore trouvé de chez elle à proprement parler. Elle avait vécu à l'hôtel pendant plusieurs mois avant de trouver une colocation. Si tout se passait bien, elle ne se sentait chez elle. Elle ne pouvait pas vivre comme elle le voulait de peur de déranger le jeune homme. Elle manquait de liberté. Elle le sentait sur son moral.

Elles étaient montées à l'étage. Tout était si lumineux. Si beau. Elle avait presque l'impression de voler sur un nuage. Elle sourit en voyant la machine à coudre d'Azel, lui rappelant qu'elle aurait dû amené sa veste, décousue. Elle observa le coin télévision, simple mais conviviale. Elle remarqua surtout les trois portes. Elle se doutait parfaitement de ce qui pouvait y avoir derrière. La chambre d'Azel, celle de sa fille et la salle de bain si elle suivait la logique des autres pièces qu'elle avait déjà vu. Son amie avait trouvé un bel endroit pour continuer d'avancer, pour continuer de vivre.
« Je voudrais pas déranger la petite dans son sommeil. » Elle n'y connaissait rien en enfants mais pourtant, elle avait suivi la jeune femme jusqu'à la porte de la chambre. Charlotte commençait pourtant à avoir des douleurs d'estomac. Elle avait porté une main sur son ventre, essayant d'apaiser. Elle savait que ça finirait par passer à un moment. Elle ne s'inquiétait pas. Elle ne s'inquiétait plus des petits bobos qu'elle pouvait avoir.
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Azel Novak

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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 27 Sep - 15:18


Charlotte m'annonce qu'elle est tout le temps libre, et qu'on pourrait donc retourner en Ontario quand j'en aurais envie. Ce n'est pas bien compliqué, à vrai dire : j'en ai tout le temps envie. Cela fait quelques mois que cela est devenu un réel besoin. Il faut que je retourne à la ferme. Mes parents me manquent trop, et grand-mère aussi. L'atmosphère, l'ambiance, la campagne et les rues de Freshmount me manquent aussi terriblement. Malheureusement, le travail à la boutique me prend énormément de temps, et je ne peux pas me permettre de partir comme ça, surtout en plein milieu de la refonte complète du magasin. Du moins, au niveau technique : l'intérieur est toujours le même et je m'occupe toujours de coudre les habits, mais je suis en train de développer un site internet pour pouvoir les vendre en ligne, aussi. Dynamiser, moderniser, rafraîchir ; voilà ce que je fais. Si je m'absente ne serait qu'une semaine, je prendrais tellement de retard que ce serait impossible à récupérer, à mon retour. Pour bien faire, il me faudrait une personne qui m'aide, une assistante ; comme Zoe pouvait l'être avant de déserter complètement White Oak Station. Je pose mon regard sur Charlotte, et c'est à ce moment que je réalise quelque chose. Elle est libre tout le temps, cela veut très certainement dire qu'elle n'a toujours pas trouvé de travail. Et si moi, je lui en donnais ? Je ne sais pas ce qu'elle en penserait, si elle accepterait, mais ça vaut le coup de demander. « Oh, mais tu ne m'embêtes jamais ! », je lui assure, quand elle me dit qu'elle abusera de mon hospitalité. Elle pourrait même venir habiter ici que cela ne me poserait pas de problèmes. Ça serait peut-être un peu bizarre par rapport à Malia, elle ne comprendrait probablement pas pourquoi une femme qu'elle ne connaît pas – encore – vient habiter ici, mais elle pourrait toujours s'y habituer. Je repense à la proposition que j'aimerais faire à Charlotte, et je me dis que si nous étions amener à travailler ensemble, ça ne serait peut-être pas une bonne idée que l'on habite en plus de ça dans la même maison. Ce n'est jamais bon d'être vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec la même personne : il y a toujours un moment où cela finirait en disputes. Alors que nous montons les escaliers pour lui faire visiter l'étage, je décide de ne pas l'embêter tout de suite avec mon offre de boulot. Il faut peut-être que j'y réfléchisse davantage de mon côté, afin de voir si je pourrais me permettre financièrement d'embaucher une nouvelle personne, et puis nous sommes là pour nous détendre, pas pour nous prendre la tête avec le travail. « Ne t'inquiète pas », je réponds alors que nous arrivons devant la porte de Malia, « c'est bientôt l'heure où je devrais la réveiller, de toute façon. » Je souris et tourne la poignée. Mon bébé est allongé sur le dos, une main au-dessus de sa tête et l'autre tenant son doudou, une sucette en plastique dans sa bouche. Elle dort profondément, et je me retourne vers Charlotte pour lui présenter rapidement la pièce. Je remarque qu'elle a porté sa main au ventre : exactement de la même façon que je le faisais, quand j'étais enceinte. Elle a peut-être simplement des douleurs d'intestins, et je ne m'en inquiète pas plus. Cela arrive de ne pas bien digérer son repas. « Il y a tout son nécessaire, ici », je commence en chuchotant. « Son lit, son armoire, sa table à langer », j'ajoute en les pointant du doigt, « les jouets, le mobile, la petite musique et la veilleuse. » Je pouffe légèrement, consciente que j'ai sûrement l'air un peu idiote. Charlotte peut très bien voir par elle même les différents meubles de la pièce. En réalité, cela m'amuse de jouer l'agent immobilier. « J'ai tout acheté dans la boutique spécial bébé, en centre-ville. C'est de la très bonne qualité et ce n'est pas si cher. » Malia grogne dans son sommeil, et je prends ça comme une invitation à quitter sa chambre. Une fois que Charlotte en est sorti, je referme la porte tout doucement. Quand j'aurais fini de lui faire visiter le reste de la maison, je viendrais réveiller la petite blonde. Il ne faudrait pas qu'elle dorme trop maintenant, après quoi elle ne dormira plus ce soir. Elle n'est pas embêtante, mais cela m'oblige à veiller plus longtemps, jusqu'à ce qu'elle trouve enfin le sommeil – elle n'aime pas rester toute seule dans son lit, si elle ne dort pas –, et j'ai besoin de dormir en ce moment, si je veux être d'attaque pour travailler le lendemain matin. Je montre la salle de bain à Charlotte, qui est plutôt normale même si, dans l'ambiance du reste de la maison, elle est très lumineuse. Les murs sont bleu pâle à moitié, et le bas est en bois clair. Le sol est recouvert de parquet du même bois, et tous les meubles sont en bois, aussi. Il y a une baignoire d'angle dans un coin, et une douche dans l'autre. Entre les deux se trouve un toilette sans pied, et en face, deux vasques en guise de lavabo, posées sur le meuble. Je lui montre ensuite ma chambre, qui n'est d'ailleurs pas bien remplie. Un lit deux places au fond à gauche contre le mur, une grande fenêtre à double battant, une commode et un bureau. Il y a quelques posters et un tableau, mais le tout reste assez épuré. Je n'ai pas encore eu le temps de bien personnaliser cette pièce. « Et voilà, on a fait tout le tour de la maison ! » Je souris, espérant sincèrement que tout lui a plu. « On peut redescendre en bas, si tu veux, histoire de finir de boire et manger tranquillement. » Je passe devant elle et commence à descendre l'escalier. N'entendant pas le bruit de ses pas derrière moi, je me retourne. Je fronce aussitôt les sourcils. Charlotte est restée derrière et sa main n'a pas quitté son ventre. « Ça va ? », je demande alors, inquiète. Ce ne sont peut-être que des douleurs d'intestin, mais à en voir l'expression de visage de la blonde, cela doit faire sacrément mal.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyDim 19 Oct - 19:46

Elle ne l'embêtait jamais. Cette phrase avait des intonations creuses. Comme si Azel essayait de se faire encore et toujours pardonner. Comme si Azel avait besoin de lui prouver qu'elle n'était pas – plus – de trop dans sa vie. Elle voulait y croire, croire qu'Azel avait finalement décidé de l'accepter, de l'inclure pour de bon dans sa vie, qu'importe les événements. Charlotte en était ravie. Ravie de retrouver cette vieille amie, perdue un jour, retrouvée un autre. Elle pourrait trouver dans cette maison un refuge qu'elle avait autrefois trouvé, à la campagne. Dans cette ferme où elle avait découvert un nouveau mode de vie. Dans cette ferme où finalement, elle avait appris à vivre. Une part d'elle savait qu'elle n'imposerait jamais sa présence, qu'elle resterait à l'écart si Azel ne l'invitait pas d'elle même. Elle ne le pouvait pas.

Elle avait continué sa visite, suivant la jeune femme dans chaque pièce, écoutant ses remarques. Azel pouvait se dire qu'elle était passée dans une nouvelle période de sa vie. Sa vie d'adulte pouvait commencer à présent. L'étage était aussi beau que le rez-de-chaussée. « Elle a vraiment une très belle chambre. Elle a beaucoup de chance. » Du coin de l'oeil, elle pouvait voir la petite fille encore endormie. Elle était si petite, si fragile. Elle ressemblait à Azel, du peu qu'elle pouvait en voir. Peu importait la manière dont la chambre était agencée. Le visage épanoui de l'enfant suffisait à savoir que la pièce était harmonieuse. Elle eut un vague sourire. N'enviait-elle pas Azel ? Trop de choses avaient changé depuis qu'elles s'étaient séparées. Ce bébé, cet maison, cette vie qu'elle menait ne ressemblaient en rien à ce qu'elle avait encore en mémoire. Il était loin le temps où elles s'asseyaient sur les bancs du lycée, où elles se rendaient chez l'une, chez l'autre pour partager des instants uniques. Charlotte avait finalement compris qu'il fallait avancer. Qu'elle se devait d'aller de l'avant pour un jour mener une vie comme celle d'Azel. Elle ne savait pas réellement ce qu'elle voulait. Une vie paisible, un métier, une maison, une famille. Ou alors voulait-elle rester la jeune femme qu'elle était actuellement ? Le genre insouciante, le genre sans attache. Elle ne savait pas de quoi serait fait demain. Elle vivait dans l'instabilité la plus totale si bien qu'elle ne pouvait songer à l'avenir. Tout était flou. Sur le plan amoureux, elle n'avait rien. Sur le plan professionnel, le néant. Sur le plan sociale, elle tentait de survivre dans cette nouvelle ville. Cette maison lui faisait douter de sa propre vie. Tout était beau. Véritablement agréable à l’œil, à l'odorat et même à l’ouïe. Tout y était chaleureux, tout y était harmonieux. Elle avait le goût, elle avait l'idée. Azel avait fait de cette maison un cocon familial idéal. Sa fille grandirait bien, elle vivrait bien. Toutes les deux, ensemble, elles partageront tellement dans cette maison.

Au moment de redescendre dans le salon, les crampes que Charlotte avait commencé à ressentir s'était intensifiée. Elle ne voulait pas y prêter attention et pourtant, elle y était confrontée de pleine face. « Juste des crampes. Ce n'est rien. » En y repensant, depuis quelques jours, ces maux de ventre revenaient, de manière constante. Devait-elle s'inquiéter ? Elle ne faisait que rarement attention à sa santé. Elle n'avait plus consulté de médecins depuis qu'elle avait quitté sa ville natale. Depuis son arrivée ici, à White Oak Station. Ni dentiste, ni médecin généraliste, ni gynécologue. Tous les médecins qu'elle avait l'habitude de voir plus ou moins régulièrement dans son adolescence. Elle avait suivi son amie au rez-de-chaussée, après lui avoir assuré d'un regard que tout irait bien. Si ce n'était pas réellement le cas, elle pouvait tout de même faire semblant jusqu'au moment de repartir. Elle prendrait quelques médicaments une fois chez elle, se mettrait au lit et tenterait de ne rien faire. Charlotte était trop active pour rester immobile, elle devrait pourtant si faire. Elle continuait à maintenir son ventre, cherchant d'où venait la douleur réellement. « Je pense que je devrais rentrer me reposer. Ces crampes me font terriblement mal aujourd'hui. » La récurrence de ces douleurs aurait dû l'inquiéter, lui mettre la puce à l'oreille. Elle restait persuadée qu'elle avait avalé quelque chose de mauvais, qu'elle n'arrivait pas à digérer. Deux pas plus loin, pour aller saluer son amie, elle se rendit simplement compte qu'elle n'irait pas plus loin. Jamais elle ne pourrait rentrer chez elle à pied avec les douleurs qui tiraillaient son ventre. « Je ne sais pas si j'arriverais chez moi ... je devrais peut-être aller chez le médecin. »

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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 25 Oct - 22:25


Charlotte n'a vraiment pas l'air bien. Elle m'assure que ce ne sont que des crampes, que ce n'est rien,  mais moi je n'y crois pas vraiment. Des simples crampes d'estomac ou même d'intestin font grimacer ou peut-être s'immobiliser quelques instants le temps d'arriver à supporter la douleur, mais la pâleur du visage de Charlotte me dit que ce n'est pas bénin. Je fronce les sourcils mais continue de descendre les escaliers. « N'hésites pas si tu veux un médicament, je devrais avoir ce qu'il faut » je finis par dire quand même. Je commence à me diriger vers le canapé, pour continuer de goûter, mais Charlotte reprend la parole avant que je n'ai le temps d'atteindre le salon. Je tourne les talons, fronçant de nouveau les sourcils et commençant à être réellement inquiète. « Tu es sûre que ce n'est rien de grave ? C'est bizarre, tout de même. » Oui, je trouve cela assez étrange que cela soit survenu comme ça, d'une minute à l'autre. Je ne sais pas ce qu'elle a mangé ce midi, mais pour avoir mal comme ça, elle a probablement dû se faire une bonne casserole de flageolets avec une plaquette de beurre. Enfin, non, qu'est-ce que j'en sais ? Peut-être qu'elle est simplement fragile des intestins. Je ne peux pas savoir. Elle ne l'était pas, il y a un an, mais elle pourrait très bien l'être aujourd'hui. Je hoche finalement la tête. « Appelle-moi quand tu es rentrée alors. Mais du coup, tu seras obligée de revenir demain… on n'a même pas eu le temps de parler ! » Je suis un peu déçue, c'est sûr, qu'elle parte de si bonne heure. Nous avions des tonnes de choses à nous dire, et j'en avais une en particulier : lui proposer de travailler avec moi. Il faut croire que ce sera pour une autre fois ; en même temps, ce n'est pas bien sa faute d'être mal comme ça. Je décroche sa veste du porte-manteau et la lui tend, un petit sourire aux lèvres. Sourire qui se fane bien rapidement devant l'expression de Charlotte. Finalement, c'est réellement grave. Ma respiration s'accélère et, instinctivement quand il s'agit de personnes que j'aime, je commence à paniquer. « Je… Non, en effet, si tu ne te sens vraiment pas bien, ne rentres pas. Enfin, pas toute seule. » Je parle beaucoup trop vite et je regarde à droite et à gauche, réfléchissant à toute allure. Je me monte très rapidement la tête, mais je n'arrive pas à faire autrement. J'ai horreur de voir les gens souffrir, et c'est encore pire quand il s'agit de ma meilleure amie.

Malia. Zut. Elle dort toujours là-haut, et je ne peux définitivement pas la laisser toute seule dans sa chambre, toute seule dans la maison. Même si c'est l'heure pour elle de sortir de sa sieste, je ne veux pas la perturber en l'emmenant chez le médecin, d'autant plus que je ne sais pas combien de temps cela peut prendre. J'attrape mon téléphone sur la petite étagère du hall d'entrée et fouille rapidement dans mon répertoire. Shane. Ellie. Sawyer ? Sawyer est avec Shane. Nirvana peut-être ? Non, non je m'entends très bien avec elle, mais de là à lui confier mon petit bébé ? Je ne la connais pas assez pour ça. Peut-être assez pour lui confier ma vie, mais pas Malia. J'aurais trop peur qu'il lui arrive quoique ce soit. Je décide finalement d'appeler Ellie, qui répond après quelques tonalités seulement. « Allo Ellie ? (…) Ça va et toi ? (…) Tu es chez toi, là ? (…) D'accord… hm… je suis désolée de te déranger maintenant, mais il faudrait que j'emmène une amie chez le médecin et je ne voudrais pas paniquer Malia en la trimballant avec moi, d'autant plus qu'elle fait encore la sieste. (…) Oui voilà… enfin, si ça ne t'ennuies pas. (…) Roh, merci, t'es un ange ! (…) D'accord, je t'attends alors. Merci merci merci ! À tout de suite. » Une des inquiétudes s'envole et je glisse mon portable dans ma poche. Je reporte mon attention sur Charlotte, lui souriant tendrement pour la rassurer. « Ellie, la marraine de Malia, arrive d'ici quelques minutes. Je t'emmène chez le médecin juste après ! » Je lui presse l'épaule et me rends dans le salon. J'engouffre un dernier cookie et retourne dans le hall, attrapant une veste au hasard que j'enfile nerveusement. « Je, euh, je vais juste réveiller Malia, pour qu'elle ne s'inquiète pas. » Je cours à l'étage et rentre dans la chambre de la petite, qui a déjà les yeux ouverts. « Coucou bébé » je dis, tout doucement. « Je vais emmener Charlotte chez le médecin » je continue en la prenant dans les bras, « tu sais, c'est l'amie dont je t'ai parlé. » Je souris et elle me répond par des « Babababa ». Je souris de plus belle. Pour éviter du souci à Ellie, je change la couche de Malia et lui en met une propre. « Ellie va venir, elle va te garder jusqu'à ce que je revienne, d'accord ? » Je dépose un baiser sur son petit front et redescends au rez-de-chaussée. Elle fait un petit geste de la main compatissant en direction de Charlotte, et quelques secondes plus tard la sonnette de la porte d'entrée retentit. Je m'empresse d'aller ouvrir à mon amie et je lui fais rapidement la bise avant de lui tendre Malia. « Encore un énorme merci, je te revaudrais ça. » Je souris et me tourne vers Charlotte. « Aller, nous on y va ! » Je lui attrape la main et l'entraîne à l'extérieur de la maison. « Fais comme chez toi, surtout ! » Je crie à Ellie alors que nous sommes déjà dans l'allée. « Ma voiture est là » je pointe du doigt une vieille bécane blanche, garée en créneau sur la place de parking qui m'est réservée. Nous nous installons et je mets le contact. « Tu as un médecin en particulier, sur White Oak ? » Je commence à sortir de ma place, prudemment, attendant la réponse de Charlotte.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyLun 3 Nov - 14:53

Charlotte est plutôt du genre courageuse, le genre qui ne montre pas ses souffrances. Le genre qui ne se plaint jamais. Elle ne voulait pas infliger à quiconque des petits problèmes qu'elle pouvait résoudre elle-même avec une dose de médicament et du repos. Pourtant, aujourd'hui, les douleurs qu'elle ressentait devaient avoir un impact sur son attitude si bien qu'elle avait dû parler à Azel de ce petit problème qui venait de pointer le bout de son nez. Déjà hier, elle avait ressenti de forte douleur qu'elle avait soigné en s'allongeant plusieurs heures, un livre sous les yeux. Déjà hier, elle avait essayé de faire passer son problème sans même penser à consulter un médecin. Elle avait toujours eu du mal avec les médecins, elle les évitait au maximum. Sans doute avait-elle eu tort pour une fois de laisser passer ces douleurs. Si elles revenaient, ce n'était pas pour rien. « J'ai déjà eu des crampes, mais jamais comme celles-ci. » Plus forte, plus douloureuse. Elle avait l'impression que c'était le désordre complet autour de son estomac. Que quelque chose ne tournait pas rond à l'intérieur sans savoir quoi. Elle n'avait pourtant rien mangé qui changeait de l'ordinaire. Rien d'alarmant sur ce qu'elle avait pu avalé dans les dernières vingt-quatre heures. Il y avait forcément un autre problème sur lequel elle n'arrivait pas à mettre un mot. Un problème qu'elle redoutait déjà. « Je reviendrais demain, promis. » Ou pas. Elle ne pouvait pas se permettre de marcher jusqu'à chez elle dans son état. Elle n'arriverait jamais à destination. Marcher ne lui faisait aucun bien, bien au contraire. Elle ne pouvait pas faire deux pas sans ressentir une violente envie de vomir, une violente envie de s'écrouler. « Je suis désolée, j'aurais voulu que ça se passe autrement. » Elle était venue chez son amie dans l'espoir de passer une bonne journée. Une journée durant laquelle elles auraient pu rattraper le temps perdu, à se raconter leur vie, à se remémorer le passé. Charlotte aurait aimé pouvoir lui parler plus de ce qu'elle avait manqué durant son absence, de ce fameux professeur pour lequel elle avait succombé. Elle aurait voulu se confier un peu plus mais finalement, elle n'en avait pas eu le temps. Elle savait qu'elles auraient tout le temps de parler une fois qu'elle irait mieux, que ses douleurs auraient finalement disparues. Peut-être même que cela ne durera que quelques heures et qu'elle pourrait revenir dans la soirée. Elle s'était installée dans le canapé, en attendant. Azel avait choisi de l'accompagner, elle devait faire garder sa fille. Une contrainte de plus. Mais elle ne disait rien, elle se contentait d'attendre et de respirer, de maîtriser cette douleur infâme. Elle cherchait un point sur lequel se rattacher, une autre douleur mais rien. Rien ne l'empêchait de penser à ces crampes.

Finalement, elles avaient quitté la maison peu de temps après. Elles avaient rejoint ensemble la voiture d'Azel. Elle l'avait suivi, elle s'était laissée entraîner et c'était juste installé sur le siège passager, sans dire grand chose. Elle voyait bien qu'Azel n'était pas dans le même état. Elle était plus vive et l'inquiétude se lisait dans son regard. C'était sans doute beaucoup mais sa présence avait quelque chose de rassurant, d'apaisant. Elle lui permettait de relativiser un peu. « Merci Azel. » Elle se contenta de poser sa main sur le bras de son amie, prêt à allumer le moteur de la petite voiture. Charlotte regrettait de ne pas en avoir une, de voiture. Elle aurait évité de déranger Azel, de déranger son amie, de perturber la petite fille tout juste réveillée. Elle avait perturbé une bonne après-midi en perspective et elle s'en voulait déjà. « Non, je n'ai pas de médecin sur White Oak ... tu sais, je pensais pas rester aussi longtemps. Je me suis pas occupée de ce genre de chose. J'allais à l'hôpital, jusqu'à présent. » Elle n'avait pas réellement eu de problème depuis son arrivée, si ce n'est une méchante coupure à la main droite qui avait nécessité quelques points de suture. Dans un élan de volonté, elle avait voulu faire la cuisine, en suivant une recette qui lui plaisait. Elle était cependant trop maladroite pour ne pas se blesser en préparant un simple poulet. Hormis ça, elle n'avait pas eu besoin d'aller chez le médecin. Tout semblait aller bien jusqu'à ces derniers temps. Puis, elle avait besoin de plus qu'un simple médecin, elle en était sûre. Son instinct le lui disait. « L'hôpital, c'est peut-être bien. » Elle ne cessait d'essuyer ses mains moites sur son jean, de toucher ses cheveux nerveusement, de mordiller sa lèvre. Elle ne savait pas pourquoi, elle ne savait pas ce qu'elle avait. C'était sans doute ça, le plus effrayant. « J'ai peur Azel, si c'était grave ... » Elle grimace, la douleur qui lui oppresse l'ensemble du ventre se fait plus forte. Elle n'était pas du genre à s'inquiéter, à imaginer le pire mais pour une fois, elle n'était pas rassurée. Elle se sentait mal, vraiment mal. Et pour une fois, elle avait peur pour sa vie. Adieu le côté aventurier, adieu le courage. Charlotte avait peur et elle ne s'en cachait pas.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 8 Nov - 13:52

« Merci » murmure Charlotte en posant sa main sur mon avant-bras. Je sursaute presque, me tourne vers elle et sourit devant son air inquiet. « Ne t'en fais pas. C'est normal. » Je ne dirais pas que c'est un plaisir parce que c'est déchirant de la voir dans cet état – qui semble s'empirer de minute en minute – mais je suis contente de pouvoir l'aider. Je suis contente de pouvoir être l'amie que je n'ai pas été durant l'année passée. Après avoir mis le contact, je sors de ma place de parking après avoir regardé à gauche puis à droite. Je fais toujours ça, alors que la rue est en sens unique. Nous arrivons au croisement quand Charlotte m'indique qu'elle n'a pas encore de médecin à White Oak Station. Ce n'est pas étonnant en soit, étant donné qu'elle n'habite pas là depuis très longtemps. Ce n'est peut-être pas la première chose dont on se préoccupe. J'en avais consulté un rapidement, parce que je n'avais pas pu faire autrement. J'étais enceinte ; ce qui n'est pas le cas de Charlotte. Si elle n'a pas de maladie chronique, c'est normal qu'elle n'est pas cherché à rencontrer un docteur. « On peut aller voir le mien si tu veux » je lâche précipitamment, prenant la route sur la droite, instinctivement. Je m'arrête au feu rouge qui se trouve à la sortie de mon quartier et marmonne d'impatience. « L'hôpital, c'est peut-être bien. » Je fronce les sourcils et me tourne vers mon amie, avant de reporter mon regard sur la route. Vert. Je passe la première vitesse et roule de nouveau. L'hôpital. C'est si grave que ça, alors ? Elle doit se sentir vraiment mal. « D'accord, allons-y. » Ma respiration ne s'apaise pas et je panique davantage. Je sais que je ne devrais pas, que ce n'est pas ça qui va la rassurer, mais je ne peux pas faire autrement. Je prends la deuxième sortie au rond-point et peste contre une voiture qui circule à vingt à l'heure. « J'ai peur Azel, si c'était grave ... » Je me mords la lèvre. Moi aussi j'ai peur, j'ai très peur. Cela ne pourrait être qu'un mal de ventre passager, mais cela semble beaucoup plus important que ça. Je ne peux pas lui dire que c'est certainement sérieux, que j'ai peur aussi. Au lieu de ça, je tourne la tête vers elle à nouveau et lui sourit d'un sourire qui se veut rassurant. « Mais non, ne t'inquiète pas » je lui dit de ma voix tremblante. « Ce n'est sûrement rien, souvent le corps réagit bizarrement à des petits détails. » Pour tout dire, je viens d'inventer ça. Je ne sais même pas si c'est véridique, si je l'ai tiré d'une discussion que j'aurais entendu à la boulangerie, d'un épisode de série que j'aurais regardé à la télé ou si je viens vraiment de l'improviser. Espérons que ça l'apaise un petit peu, ça serait le plus important. Et si ça me tranquillise au passage, ça ne serait pas de trop. « C'est peut-être même psychologique. Quelque chose qui t'ennuies et que ton corps extériorise comme ça. » Je dis ça seulement pour parler, pour occuper son esprit, pour qu'elle dilue son inquiétude sur autre chose. Je suis bien loin de me douter que je n'ai pas tord sur toute la ligne. « Une maladie psychosomatique, ça s'appelle. » Je ne suis pas certaine qu'une pathologie psychosomatique puisse faire aussi mal, mais je ne m'attarde pas trop sur cette question. J'aperçois alors le grand H de l'hôpital et m'engage dans le parking. Dieu soit loué, une place est libre juste devant l'entrée. Une voiture arrive sur la droite avec son clignotant mais j'appuie sur l'accélérateur pour qu'il ne prenne pas la place que je convoitais. « On y est, c'est bon. Ça va aller. » Je claque ma porte et cours du côté de Charlotte. Je lui tends la main puis glisse mon bras autour du sien. « On n'a que cinquante petits mètres à faire et nous y sommes. » Je l'aide comme je peux, les jambes me démangeant d'aller beaucoup plus vite, mais elle n'arriverait pas à suivre la cadence. Je ralentis donc mes pas, nous montons la petite pente qui mène aux urgences et nous installons sur des sièges. Heureusement, il ne semble pas y avoir trop de monde. « Reste là, je vais signaler notre présence. » Je n'avais encore jamais eu l'occasion de me rendre aux urgences, pas non plus d'y amener quelqu'un, alors je ne sais pas trop comment m'y prendre. Je fais cependant comme si j'étais très sûre de moi sur ce coup-là. « Bonjour madame » je lance, stressée, à la secrétaire. « Mon amie aurait besoin d'être analysée rapidement, elle ne se sent vraiment pas bien. » Elle me signale qu'il faut que nous attendons que les personnes devant nous aient été reçues. Je jette un coup d’œil à l'assemblée et aperçoit une femme souriante, qui se tient la main ensanglantée. « Je… on ne pourrait pas passer avant elle ? Elle a l'air en meilleur état quand même… » La jeune femme ne veut rien savoir et je retourne m'asseoir à côté de Charlotte. « Il va falloir attendre que tout le monde soit passé. » Je lui prends la main et la serre, chaleureusement. « Ça va aller. » Je lui caresse la paume, inlassablement, encore et encore, tentant de l'apaiser, de lui apporter un peu de tendresse parmi la souffrance dans laquelle elle se trouve. Oui, ça va aller.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyVen 12 Déc - 16:03

Charlotte ne pouvait pas faire semblant d'aller bien, de ne pas être inquiète. Elle avait peur. Peur d'avoir à vivre une expérience difficile, une expérience qu'elle n'aurait jamais pu imaginer jusqu'à présent. A présent, elle réfléchissait à tous les symptômes qu'elle avait pu avoir ces derniers jours. Une petite migraine, des maux de ventre. Rien de plus, le genre de problème que tout le monde peut avoir. « Une maladie psychosomatique. C'est sûrement ça. » Oui, ça doit être ça. « Rien que ça. » Elle souffle. Si son esprit est convaincu que quelque chose ne tourne pas rond, elle essaye de le contrer, de penser qu'Azel a raison. Charlotte voulait croire qu'elle n'avait rien de plus que ça. Elle se concentrait sur la route, une main crispée sur le siège, l'autre sur son ventre. « J'ai jamais eu ça. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment. Je ne comprends pas. » Des séries télévisées sur la médecine, des reportages et autres documentaires sur les diverses maladies, elle en avait vu. Par intérêt le plus souvent. Le problème survenait lorsqu'elle se sentait mal. Elle imaginait le pire pour souvent pas grand chose. Pourtant, cette fois-ci, elle était persuadée que quelque chose n'allait pas. Ces douleurs n'étaient pas dues au hasard. Elles étaient arrivées à l'hôpital, elles avaient marché au plus vite que Charlotte le pouvait. Et maintenant ? Il ne restait plus qu'à attendre. Elle s'était assise. Elle regardait Azel de son siège. Elle n'espérait pas avoir une place rapidement. Son état n'était pour le moment pas alarmant, elle n'était pas prête à s'effondrer. Pas encore en tout cas. En voyant le visage d'Azel, elle savait qu'elle allait devoir patienter, que tous les gens présents avant elle seraient prioritaires. « J'attendrais. C'est sans doute pas grand chose. » Elle sourit. Encore une fois, elle essaye de se convaincre que ce n'est rien, ou rien de grave en tout cas. Rien qui ne l'obligera à rester ici longtemps. Elle devait croire que ce n'était rien pour ne pas s'inquiéter, pour ne pas inquiéter Azel surtout. Le temps allait être long, pour une impatiente comme elle. Patienter en essayant d'oublier l'endroit où elle se trouvait. « Je suis contente d'être venue vivre ici, tu sais. Je pense qu’inconsciemment, j'avais besoin de m'éloigner de mon ancienne vie pour me reprendre en main. Pour laisser tomber tout ce qui m'avait mené sur le mauvais chemin. » Charlotte avait une vie globalement insignifiante, sans grands débordements, sans drames apparents. Les bouleversements dans sa vie ont été minime. Un divorce houleux, des parents bien différents et un premier amour interdit. Rien qui ne mérite qu'on porte énormément d'attention. Et pourtant, ces petites choses ont conduit Charlotte sur des pentes dangereuses, à faire des choses qui ne lui ressemblaient pas. Elle n'avait pas voulu vivre cacher, craindre à chaque instant d'être démasquée par un de ses camarades ou pire encore, par un professeur. Elle avait risqué sa réputation. Elle avait risqué la carrière et la vie d'un homme. Un homme mariée et père de famille. Un homme qui avait mené une double vie durant plusieurs mois. Il avait été le premier amour de Charlotte, les autres hommes qu'elle avait pu rencontrer ne lui avaient jamais apporté ce que son professeur de littérature lui avait apporté. Enzo Artman avait comblé quelque chose en elle, il l'avait plongé dans un nouvel univers. Inconnu jusqu'à présent, réconfortant pourtant. Cette alliance qu'il portait à l'annulaire gauche n'avait rien empêché. Il l'avait aimé, plus qu'il ne l'aurait dû au point d'en délaisser sa propre famille. Sans sa crise de conscience qui sait s'ils se seraient séparés. Peut-être qu'il aurait fini par quitter sa femme, sa famille. Charlotte en avait souvent rêvé. « Je pense retourner voir mes parents pour les fêtes de fin d'année. Tu devrais venir aussi. Pour voir ta grand-mère, ta famille. Ils seraient contents de te voir. Et tu pourras emmener Malia aussi. » Elle n'avait jamais passé Noël seule, encore moins loin de ses familles. Jusqu'à l'âge de dix-huit ans, Charlotte partait à la montagne pour skier, se ressourcer, se retrouver dans le chalet que ses parents avaient acheté il y a bien longtemps en oubliant les rancunes. Cette année, elle avait prévu de revenir aux sources pour Noël et la nouvelle année. Peut-être verrait-elle Enzo pour des explications. Peut-être pas. Une part d'elle en avait envie, une autre avait envie de retrouver ce garçon de l'avion qui l'avait obsédé pendant plusieurs semaines après son arrivée. Azel le connaissait peut-être. Elle n'avait malheureusement aucun nom à lui fournir. Aujourd'hui, elle ne pouvait lui faire qu'une vague description. Aujourd'hui, elle pouvait décrire monsieur tout le monde, tout simplement. « Comment ça se passe avec Malia ? » Elle devait parler pour faire passer le temps. Du temps, elle en avait assez perdu avec Azel.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 20 Déc - 15:22

Je plonge mon regard dans celui de Charlotte, et je me rends compte à quel point elle est courageuse. Elle ne se plaint pas, elle ne pleure pas, elle se montre plus forte que n'importe qui. Elle  agit certainement comme ça pour ne pas plonger complètement, pour ne pas céder totalement à la panique ; mais quelle qu'en soit la raison, c'est une belle preuve de courage. Elle est prête à attendre, mais j'aimerais mieux qu'on n'attende pas trop longtemps ; qu'on sache le plus tôt possible ce qu'elle a, pourquoi Charlotte est dans cet état. Je sais que malgré tout, elle souffre, et cela m'insupporte. Je continue de presser la paume de sa main, à la fois pour me déstresser et pour la rassurer. Je me contente de hocher la tête, ayant peur que ma voix me trahisse. Ce n'est sûrement pas grand-chose, oui. J'espère tellement. Je hoche de nouveau la tête quand elle reprend la parole. Je me rends compte alors qu'il y a tout un pan de sa vie dont je n'ai pas connaissance, toute une année. Il peut se passer tout un tas de choses en une année. Je ne sais toujours pas pourquoi elle a fuit jusqu'à White Oak Station, mais j'en ai aujourd'hui un aperçu. « Le mauvais chemin ? » je bredouille alors, encore un peu fébrile de tous ces événements. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » je souffle, un peu sur la réserve. Je ne veux pas la forcer à me dire quelque chose qu'elle ne serait pas prête à avouer. Je me doute bien que si elle a quitté sa ville d'origine, sa famille et ses amis, ce n'était pas de gaieté de cœur, simplement parce qu'elle avait envie de visiter la province d'Alberta ; il y a forcément quelque chose de plus, de plus sombre, derrière tout ça. Quelque chose qui n'est pas facile à dire, qui n'est probablement pas facile à vivre, tout simplement. « White Oak Station est un bon endroit pour repartir à zéro » je dis alors, fixant le mur gris pâle devant moi. C'est un peu ce que j'ai fait, en arrivant ici, repartir à zéro. Effacer toute une vie, sans l'oublier certes, mais l'effacer quand même. Repartir sur de nouvelles bases, inconnues, instables, recommencer une nouvelle vie. Une nouvelle vie qui n'aura finalement duré qu'une petite semaine ; avant un nouveau départ à zéro. Une troisième vie, sans Augustin, avec un bébé dans les bras. Je ne suis pas retournée à Freshmount, je ne suis pas partie ailleurs ; je suis restée ici. Je suis restée ici parce que cette ville est accueillante et que, malgré le fait que c'est entre ses murs que je me suis faite abandonnée par mon meilleur ami et père de mon enfant, je sentais que c'était elle qui me permettrait de me reconstruire. « Il suffit de faire ses marques. Tu vas rapidement t'y plaire. » Je baisse les yeux vers la main de Charlotte, que je malmène depuis de nombreuses minutes maintenant. Elle a considérablement rougie, et je me force à stopper les pressions nerveuses que je lui inflige. Je me contente de la serrer légèrement, espérant toujours et encore que Charlotte sera rapidement reçue. Je balaie la pièce du regard, pour me rendre compte qu'il y a encore une grande file de personnes devant nous. Si mes comptes sont bons, seulement trois patients ont été pris en charge depuis que nous sommes arrivées. « Oui, ça serait une bonne idée. Une très bonne idée. » Je souris, nostalgiquement. Mes parents me manquent tellement, grand-mère me manque tellement, Freshmount me manque tellement. Je languis d'y retourner depuis des mois – et le plus tôt sera le mieux. M'y rendre avec Charlotte serait le rêve. Comme au bon vieux temps. Malia serait aux anges, aussi, j'en suis sûre. Elle n'a toujours pas rencontré ses grands-parents ni son arrière-grand-mère, et je pense que ça lui manque, qu'elle en a besoin. Eux aussi ont besoin de voir leur petite-fille, en chair et en os, et pas seulement à travers des photos ou un écran d'ordinateur. « On pourrait même passer le jour de l'an ensemble, nos deux familles réunies. » Je me demande si nos parents se sont déjà rencontrés, et j'en viens à la conclusion que non, ils ne se sont probablement jamais adressés la parole. Ils sont tellement différents, en même temps, qu'il n'y a aucun moyen qu'ils aient pu se rencontrer par hasard en centre-ville, au détour d'une exposition de peinture ou dans un restaurant. À vrai dire, mes parents ne mettent quasiment jamais les pieds en dehors de leur ferme, et le destin ne les a pas fait rencontrer ceux de Charlotte, lors des réunions parents-professeurs, au lycée. Nous n'avons jamais penser à les confronter. Je souris légèrement ; ils feraient un beau contraste. J'adorerais les voir réunis dans la même pièce, autour d'une même table. Deux cultures, deux classes sociales, deux mondes différents autour d'un même repas. Je ne sais même pas de quoi ils parleraient. « Très bien » je réplique quand elle me demande comme cela se passe avec Malia. Je ne peux pas me plaindre, vraiment. J'ai toujours vu cette petite tête blonde comme un cadeau du ciel ; mais quand bien même je ne l'aurais finalement pas désirée, je n'aurais rien pu dire pour la critiquer. Ce bébé est un ange. Elle est adorable, éveillée, déjà intelligente pour son âge, sage, calme. Elle ne pleure que très rarement, elle a rapidement fait ses nuits, elle n'est pas capricieuse – en tout cas pas avec moi ou son parrain –, elle mange de tout, elle est joueuse, sociable. Non, je n'ai vraiment pas à me plaindre. « Je souhaite à tout le monde d'avoir un enfant comme ça, à vrai dire. Je suis vraiment chanceuse. » J'ai beau être une mère célibataire, je ne me sens pas malheureuse pour autant – plus malheureuse, en tout cas. Ce serait mentir que de dire que j'ai passé les premiers mois de ma grossesse le sourire aux lèvres, débordante de vie et de joie, mais c'est probablement ce petit être dans mon ventre qui m'a aidé à tenir le coup. Zoe aussi avait été d'une grande aide, indispensable ; mais tout comme Augustin, elle est partie à présent. Elle m'a abandonnée, elle aussi. Désertée, disparue. Mon regard se voile un instant, avant que je retrouve le sourire. Je ne peux pas me laisser attrister par ça, pas de nouveau. J'ai assez pleuré pour eux, ils n'en méritent pas davantage. Je reporte mon attention sur Charlotte, réalisant qu'elle ne sait pas encore, tout ça. Je crois lui avoir dit qu'Augustin est le père de Malia, mais je ne lui ai jamais expliqué tous les détails. Je n'en ai pas eu l'occasion, je n'en ai pas eu la force. Je presse un peu plus la main de Charlotte. Tout ce que je lui souhaite, pour son premier enfant, c'est que le père soit présent.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 17 Jan - 0:41

Charlotte n'avait jamais eu l'occasion de lui parler de ce qui l'avait poussé à partir réellement. Elle allait pouvoir le faire ici, c'était le bon moment. Le mauvais chemin, Charlotte l'avait suivi dès le lycée en choisissant de devenir une fille populaire et appréciée. Il s'était intensifiée par son besoin d'attention à l'université. Dans ce grand monnde qu'est la faculté, Charlotte n'était qu'une chose insignifiante, une étudiante parmi les autres jusqu'à croiser le regard de son professeur, Mr Artman. La situation a simplement dégénéré sans qu'elle ne puisse le prévoir. « Je me suis laissée embarquer dans une situation que je n'ai plus réussi à contrôle jusqu'à mon départ. C'était tellement nouveau, soudain. Je crois que je n'avais pas compris ce que tu pouvais ressentir pour Augustin à l'époque. » Du moins, elle pensait qu'Azel avait pu être amoureuse de lui, suffisamment pour le suivre à l'autre bout du pays, tout quitter. Au final, c'est lui, qui l'avait abandonné. Charlotte aurait aimé l'avoir en face pour lui dire tout ce qu'elle pouvait penser de lui. « Et puis il est arrivé. Un professeur, le mien. Marié et père de famille. Qu'est-ce que j'avais en tête ? » Un sentiment nouveau l'avait habitée, elle s'en souvenait très bien. Ce sentiment qu'elle n'avait pas pu contrôlé malgré elle. Cette histoire avait été la plus belle histoire de sa vie, la pire aussi sans doute. « Je me suis laissée emporter par des sentiments qui me ressemblaient pas. » Elle laissa échapper un rire jaune, elle se moquait d'elle-même. « Moi, amoureuse … J'étais tellement ridicule. » Elle souffla. Elle était contente d'avoir fui cette relation qui devenait malsaine, difficile à vivre et à cacher. Charlotte n'en pouvait plus de rester dans l'ombre d'une famille parfaite. Retrouver Azel avait été la meilleure idée qu'elle ait pu prendre. « Je pense que je m'y plais déjà. » White Oak Station était une ville agréable. Elle qui avait grandi dans une plus grande ville, elle se surprenait à apprécier le calme d'une ville plus simple, plus minime. Elle se sentait plus proche des autres. Elle cherchait une nouvelle vie dans cet endroit, elle voulait se reconstruire ici et vivre enfin une vie digne de ce nom. Elle ne pouvait pas dire qu'elle ne s'y plaisait pas. Elle n'avait pas encore tout découvert, rencontré tout le monde. Elle cherchait encore son identité dans cette ville. « Je suis venue pour me rapprocher de toi, Azel. Je ne repartirais pas sans toi, quoiqu'il arrive. » Elle sourit à son amie. Oui, elle était venue ici pour elle, pour cette fille qui l'avait abandonné sans donner de nouvelles. Maintenant qu'elles s'étaient retrouvées, Charlotte n'avait plus envie de repartir. Elle voulait redonner une chance à leur amitié, si précieuse à ses yeux.

Retourner dans l'Ontario ensemble semblait être une idée géniale. Charlotte avait besoin de revoir ses parents avant de définitivement s'installer ici. Elle souhaitait les retrouver, leur dire au revoir une bonne fois pour toute et surtout, elle devait récupérer ses dernières affaires pour tourner finalement la page sur cette ancienne vie. Elle pouvait déjà imaginer ce petit voyage. Ce qu'elle ne pouvait pas projeter, c'est la proposition d'Azel. La rencontre de leurs deux familles. Mettre dans une pièce deux mondes parfaitement différents, deux milieux sociaux opposés. L'amitié entre les deux jeunes femmes étaient parties de cette différence. Leurs parents pouvaient à leur tour s'entendre. « Nos deux familles ? Ce serait tellement bien. Inédit même, ils sont tellement différents. Tellement éloignés. Et pourtant, mon père aurait beaucoup aimé rencontré tes parents. Il t'aimait beaucoup tu sais. Il te voyait comme un moyen de me contrôler, de me garder au calme. » Charlotte pouvait se montrer incontrôlable, ingérable. Il n'y avait qu'Azel pour l'empêcher de dérailler, du moins, elle en était persuadée. Son départ avait tout chamboulé, elle s'était laissée embarquer, elle avait plongé du plus haut des plongeons. Azel faisait sortir le meilleur de Charlotte, elle l'aidait dans beaucoup de choses, inconsciemment. Elle était la fille idéale, sage et travailleuse. Charlotte était le contraire, le plus souvent. Et c'était sûrement pour ça qu'Azel avait facilement trouvé sa place chez elle, loin de sa campagne natale. Il était temps pour leurs parents respectifs de se rencontrer. « Tu es heureuse, ça se voit. » Elle avait sur le visage un rayonnement qui surpassait tous les autres sentiments. Elle était radieuse et la maternité lui allait si bien. Charlotte pouvait parfaitement se rendre compte que sa grossesse l'avait rendu encore plus belle. Azel avait le visage d'une femme épanouie, d'une maman comblée de bonheur. Charlotte regrettait de ne pas avoir su la féliciter pour cet événement, rongée par la colère en apprenant la nouvelle. Elle s'en voulait de ne pas avoir soutenu son amie dans ce changement de vie.

Autour d'elles, les gens semblaient avoir étés pris en charge. D'autres personnes étaient arrivées après elles.  « Je crois que c'est bientôt à moi, tu viens avec moi ? Je ne veux pas rester seule ... » Elle ne savait pas si les médecins la laisserait passer. Azel n'était pas un membre de sa famille, elle n'en avait pas de proche ici. Elle n'avait qu'elle. Elle avait besoin d'elle, peu importe l'issue de cette visite aux urgences. Charlotte aura toujours besoin d'Azel. Ses douleurs étaient toujours présentes, une douleur constante qui semblait ne pas vouloir cesser.
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Azel Novak

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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyVen 23 Jan - 20:44

Les deux amies étaient assises côte à côte, sur des chaises en plastique inconfortables, attendant plus ou moins patiemment que ce soit au tour de Charlotte d'être prise en charge par un médecin. Plus les minutes s'écoulaient et plus Azel paniquait, au fond d'elle-même. Elle se débrouillait néanmoins pour cacher son inquiétude, toujours et encore, parce que son amie était déjà assez inquiète elle-même sans qu'elle n'ait besoin d'en rajouter une couche. Les deux blondes avaient finalement trouvées une solution pour tenter de se changer les idées : parler. Cela ne fonctionnait pas à cent pour cent, du moins pour Azel, parce qu'il lui restait toujours cette petite angoisse sourde qui la contractait de la tête aux pieds, mais au moins elle semblait détendue en apparence. Quand elle avait demandé à Charlotte ce qu'il s'était passé pendant l'année où elle avait été absente, quand elle avait voulu savoir en quoi elle avait pris un mauvais chemin, elle était loin de s'attendre à une chose pareille. Elle ne comprit pas tout de suite, d'abord, alors qu'elle ne mentionnait que le fait qu'elle s'était laissé embarquer dans quelque chose de mauvais ; Azel commença à se faire des films, s'imaginant que Charlotte était tombée dans la drogue, mais revint bien rapidement à la réalité : d'une part parce que c'était impossible que son amie fasse une chose pareille et qu'elle n'avait présentement vraiment pas l'air d'une droguée, et d'autre part parce qu'elle fit le rapprochement avec Augustin et qu'à sa connaissance, Augustin n'avait jamais fricoté avec la drogue. Loin de là, même ; elle n'avait jamais approuvé son engagement dans l'armée, mais tout cet esprit de discipline, il l'avait intégré. Et c'était plutôt une bonne chose, parce que cela faisait de lui un mec réglo. Le rapport à Augustin, donc, Azel ne le voyait pas. Ce qu'elle avait ressenti pour lui, à l'époque, ça avait toujours été un peu flou. Elle avait été persuadée de l'aimer, d'être amoureuse de lui, pendant un moment, mais elle n'était plus sûre à présent. De toute façon, ça n'avait plus vraiment d'importance dorénavant ; Augustin était reparti, il l'avait abandonné, une deuxième fois, et il n'était pas prêt de revoir son ancienne meilleure amie, la mère de sa fille. La blonde n'avait vraiment pas envie d'avoir à faire à lui. Alors, quoi ? C'était quoi, l'histoire de Charlotte ? Azel se posait la question, et la réponse ne tarda pas à arriver. Elle n'avait pas eu besoin de dire les mots exacts pour qu'elle comprenne aussitôt de quoi il retournait. La blonde écarquilla les yeux, pas parce qu'elle jugeait son amie, mais parce qu'elle était surprise. Surprise, comme n'importe qui l'aurait été. Elle l'écouta avec attention, alors qu'elle précisait un peu plus la situation, qu'elle expliquait indirectement ce qui l'avait poussé à quitter l'Ontario et venir se réfugier en Alberta. Azel hocha la tête, à plusieurs reprises, tout doucement, à mesure qu'elle intégrait ce que Charlotte disait. C'est vrai qu'elle ne l'avait jamais vu amoureuse, réellement amoureuse, transie par l'amour. En effet, ça ne lui ressemblait pas. C'était elle qui lui avait présenté les trois quarts des garçons avec qui elle était sortie mais de son côté, Charlotte se débrouillait bien toute seule. Elle s'entichait, mais ça n'allait jamais plus loin. Azel l'avait souvent envié pour ça, elle qui tombait amoureuse presque à chaque fois, qui en souffrait presque toujours. Finalement, l'amour avait fini par lui tomber dessus, et il semblait que cela avait fait beaucoup de dégâts. Les premiers amours étaient toujours les pires... les meilleurs, oui, mais les pires aussi. « Je suis sûre que tu n'étais pas ridicule » se contenta de répondre Azel, dans un premier temps. Charlotte était une des plus belles filles qu'elle avait rencontrées et elle était persuadée qu'elle devait être encore plus belle, amoureuse. Ce sentiment avait beaucoup de pouvoirs, et l'un d'eux était d'embellir. Embellir parce que l'on se sentait mieux, si tant est que l'amour était réciproque. La blonde aurait rêvé d'être avec son amie à ce moment là et elle se maudit d'avoir fui. Elle se maudit, et puis aussitôt elle enleva cette malédiction, mentalement. Il fallait qu'elle arrête de penser ça ; elle avait fait un choix, qu'elle ne regrettait pas, et qu'elle ne regretterait jamais. Parce que si elle n'avait pas fui, Malia n'aurait jamais vu le jour. Malia ne serait pas née, et Azel n'arrivait pas à l'imaginer, elle ne pouvait plus se projeter un avenir sans son bébé. « Tu sais, l'amour ça arrive un peu aléatoirement... ça passe, ou ça casse. Le plus souvent, ça casse. » Elle esquissa un faible sourire, parce que son expérience montrait que c'était malheureusement le cas. « Et pourquoi  ça s'est mal terminé ? » se risqua Azel, sans trop réfléchir. Elle ne se rappela qu'après avoir posé la question que l'homme dont Charlotte était tombée amoureuse était non seulement un professeur, mais aussi le mari d'une autre femme. Il n'y avait pas de doute que ce dernier facteur avait été au centre de leur rupture. La blonde changea donc bien rapidement de sujet, sans laisser le temps à son amie de répondre, et lui assura que White Oak Station était une bonne ville pour faire un trait sur son ancienne vie et en reprenne une nouvelle, si ce n'est meilleure, tout aussi bonne que celle d'avant que cela ne dégénère.

Azel esquissa un sourire, quand Charlotte lui dit qu'elle ne repartirait pas d'ici sans elle. Elle était heureuse de voir que, malgré l'énorme erreur qu'elle avait fait, celle de l'abandonner, leur amitié avait réellement un avenir ; que, peut-être, celle qu'elle considérait encore comme sa meilleure amie, ne lui tiendrait pas rigueur pour le restant de leur vie. « Je ne repartirais pas non plus sans toi, tu peux en être sûre. » Tout ça lui avait bien entendu servi de leçon. Elle ne comptait pas abandonner Charlotte une deuxième fois, ni plus abandonner qui que ce soit dorénavant, d'ailleurs. Elle avait vécu en direct ce sentiment d'abandon, à deux reprises, et elle savait à quel point cela faisait mal. Elle se mordait les doigts de l'avoir infligé à son amie, et elle ne s'imaginait pas le faire vivre à quelqu'un d'autre, pas maintenant qu'elle était consciente de la souffrance que cela engendrait.

Azel sourit de nouveau, alors qu'elles évoquaient le fait de revenir en Ontario, d'organiser un repas avec leurs deux familles réunies. L'idée plaisait à Charlotte tout autant qu'elle lui plaisait, et elle était contente de cela. Elle se languissait d'un moment de ce genre, où tous leurs proches seraient autour d'elles, dans leur région natale. La blonde rêvait aussi qu'un jour, ce soit ses parents qui viennent lui rendre visite, mais elle ne se faisait pas trop d'illusions. Sa grand-mère était trop vieille pour prendre l'avion, elle n'en avait plus la force, et ses parents étaient de toute façon bien trop occupés avec la ferme, qu'ils ne pouvaient pas abandonner pour un mois entier. Ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait confier à un voisin, comme on pourrait le faire avec une plante où un animal de compagnie à nourrir. « C'est marrant qu'il pense ça » répliqua Azel, quand Charlotte affirma que son père considérait la jeune femme comme un moyen de la canaliser. La blonde n'était pas vraiment ce que l'on pouvait qualifier de calme, c'était même une petite puce surexcitée, pétillante, remplie de vie, toujours à rire trop fort, parler trop longtemps, danser au plein milieu de la rue. Mais après, elle possédait cet autre type de calme ; le calme de l'esprit. Elle était certainement plus apaisée, d'une certaine façon. Elle n'avait pas beaucoup d'ambition, mais ce qu'elle faisait, elle le faisait à fond. « Mais après tout, on s'est toujours complété » ajouta-t-elle en souriant, se rappelant leurs années lycées et les soirées qu'elles avaient passées ensemble. Vraiment deux opposés complet, ces deux filles-là, mais c'était pourtant ce qui les avait unies. « J'aimerais beaucoup revoir tes parents. » Elle se rappelait encore du père et de la mère de son amie, toujours très bien habillés. Elle avait souvent eu peur de faire tache, à côté d'eux, qu'ils la regardent de haut ou qu'ils la prennent pour une dégénérée, mais ça n'avait pourtant jamais été le cas. Même si sa mère se faisait plus réservée vis à vis d'Azel, elle ne l'avait jamais mal pris. Elle s'était toujours dit que c'était dans son caractère. Son père, quant à lui, avait toujours été jovial et accueillant envers elle. Ils avaient souvent eu des longues discussions, tandis que Charlotte finissait de se préparer dans la salle de bain avant de partir à une soirée, qui avaient beaucoup enrichies Azel. Ils parlaient généralement de son travail à lui ou de celui de ses parents à elle, et c'était intéressant de voir à quel point ces deux métiers étaient différents, mais pourtant tout aussi indispensables. En y repensant, c'était peut-être bien le père de Charlotte qui avait donné à Azel ce goût des affaires. La blonde se contenta de sourire, quand son amie lui dit que cela se voyait qu'elle était heureuse. En effet, elle l'était. Si elle avait été quelqu'un d'autre, avec un caractère différent, peut-être qu'elle aurait été la plus malheureuse des jeunes femmes. Mais ce n'était pas le cas. Elle ne pouvait pas dire qu'elle vivait un rêve éveillé, mais elle était loin d'être à plaindre. Elle se satisfaisait de sa vie actuelle. Elle était heureuse, simplement, sans artifice, heureuse de la vie qu'elle menait. Elle espérait de tout son cœur que ce serait le cas pour Charlotte aussi, bientôt. « Bien sûr que je viens avec toi ! » C'était une évidence pour elle, mais la jeune femme avait sûrement besoin d'être rassurée. « Je ne te lâche pas d'une semelle » ajouta-t-elle en souriant. Il n'y avait plus personne devant elles, en effet, comme quoi le fait de parler avait au moins servi à faire passer le temps un peu plus rapidement, et un médecin apparu bientôt dans l'encadrement des portes glissantes. Il fit un signe de tête en direction des deux amies et Azel se leva aussitôt. Elle tendit la main à Charlotte et l'encouragea du regard. « Il à l'air gentil comme tout. Ça va se passer à merveille, tu vas voir. » Elle sourit, rassurante, à présent un peu plus soulagée qu'auparavant. Charlotte allait être prise en charge, et c'était déjà une grande avancée. Il ne restait plus qu'à savoir ce qu'il se tramait. Ni l'une, ni l'autre, n'étaient cependant préparées à ce qui allait leur être annoncé.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyDim 22 Fév - 19:01

Si, elle était ridicule. A ses yeux, elle ne pouvait être que ridicule. En repensant à cette histoire terminée il y a longtemps, elle se sentait ridicule. Tomber amoureuse de son professeur avait été une erreur. Tomber amoureuse d’un homme marié avait été sa plus grosse erreur. Son premier amour était une erreur. Elle avait choisi la mauvaise route, espérant qu’il quitterait sa femme, son fils, sa maison de rêve. Qu’il laisserait pour elle une vie dont elle aurait pu rêver. Assise dans cette chaise peu confortable, assise près d’Azel elle continuait malgré tout de sourire, aussi sincèrement que possible. Malgré cette histoire qui lui avait bousillé la vie et que la lui bousillerait encore plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Elle avait pu lire la surprise dans les yeux de son amie. Qui ne l’aurait pas été ? Quiconque avait connu Charlotte l’aurait été. Charlotte n’avait jamais été amoureuse avant cet homme. Elle n’avait jamais ressenti ce que les autres pouvaient décrire jusqu’à rencontrer cet Enzo. Elle avait vécu quelques amourettes, quelques relations dont elle ne gardait que de vagues souvenirs. Charlotte n’avait jamais imaginé se poser avant cet homme. Elle n’avait pensé à l’engagement, à se marier, à fonder une famille. Elle n’avait jamais eu à souffrir pour une relation amoureuse. Elle gardait une main sur son ventre, ne perdant pas espoir que ce n’était rien qu’un désagrément d’ordre alimentaire. Repenser à Enzo lui permettait de ne plus penser à cette douleur. Repenser à ses erreurs lui permettait de relativiser. « Ça casse plus souvent que ça ne marche, j’ai l’impression. » Elle ne savait pas si elle voulait ressentir une nouvelle fois ce sentiment. Pas maintenant en tout cas. Elle n’était pas prête à retomber dans le piège, de se laisser entraîner vers ce sentiment incontrôlable. Elle n’était pas certaine d’avoir la force de se lancer de nouveau dans une relation, même sans sentiments forts. « Il avait une famille. Une vie réussie. Il avait le choix de recommencer à zéro, en faisant une croix sur son fils, sur sa carrière. Qu’avait-il à gagner en restant avec moi ? » Très peu de choses. Elle l’aimait, elle n’avait que ça à lui offrir réellement. En tant qu’étudiante, elle n’avait pas de situation, pas d’argent si ce n’est celui de ses parents. La fuite avait été sa seule solution pour échapper à cet homme. Fuir pour mieux se reconstruire.

Elle était rassurée d’entendre Azel lui dire qu’elle ne repartirait pas sans elle. Elle avait eu beaucoup de mal à lui pardonner, elle l’avait fait. Elle avait pardonné cette fuite qu’elle n’avait pas compris jusqu’à la revoir. Jusqu’à comprendre qu’elle aurait pu être dans la même situation. Elle avait perdu trop de temps à lui en vouloir pour un choix subit qu’elle ne pourrait pas changer. Qu’elle n’aurait pas pu éviter. Azel avait voulu partir. Elle aurait pu la suivre sans attendre plusieurs mois pour venir lui exposer sa colère en pleine figure. « Je suis contente de t’avoir retrouvé. Même si je ne te l’ai pas forcément montré dès de le début. » Elle l’avait accablé de reproche sans prendre le temps de l’écouter. Elle s’en voulait maintenant. Maintenant qu’elles s’étaient retrouvées, elle s’en voulait de ne pas avoir été heureuse de la retrouver.

Azel et Charlotte avaient passé de nombreuses soirées, notamment dans l’appartement de son père. Des soirées où elles s’amusaient à des jeux d’adolescents, où elles se parlaient de tout et de rien. Elles partageaient beaucoup. « Je crois que mon père a toujours voulu une seconde fille. Il n’a pas pu en avoir. Alors, il a simplement dû penser que tu serais son second idéal qu’il n’a pas pu procréer par lui-même. » Charlotte aurait aimé avoir une sœur. Une sœur comme Azel sans doute, avec qui elle aurait pu partager craintes, rires et disputes. Elle aurait aimé avoir quelqu’un sur qui se reposer, sur qui compter autre que ses amis. Elle n’avait pas eu le choix, elle était restée fille unique. Et le resterait. « Mon père me manque. Ma mère aussi mais moins. Sans doute parce que j’étais plus proche de lui, ou qu’il m’a plus protégé. Je ne sais pas. » Sa vie de princesse, elle n’aurait pas pu la mener sans son paternel. Sa mère était plus énergique. Elle voulait vivre sa vie sans prendre garde aux autres. Elle avait délaissé sa vie de famille pour ses amis, ses sorties. Elle avait vécu sa nouvelle vie de femme célibataire pendant que son ex-mari avait choisi de se démener pour sa fille unique.

Le médecin avait sorti. Comme le disait Azel, il avait effectivement l’air agréable. Il l’avait appelé, elle avait pris la main de son amie et avait suivi l’homme en blouse blanche. La peur revenait. Son sourire avait disparu pour de bon pour le moment. Il s’était présenté. Docteur Friedman, infirmier. Il avait l’air qu’ont tous les médecins. L’air à la fois rassurant mais tragique. « Qu’est-ce qui vous arrive ? » Intérieurement, Charlotte se répétait qu’elle n’avait sûrement rien. Elle ne voulait pas s’inquiéter pour pas grand-chose. Elle avait expliqué ses douleurs d’estomac, qui survenait depuis quelques jours mais bien plus forte à ce jour. Il l’avait ausculté rapidement, avait choisi de faire un bilan sanguin. La routine sans doute. Le médecin ne semblait pas inquiet. Il ne semblait pas détenir de réponses non plus. Les résultats étaient arrivés une heure après. Le verdict, elle l’attendait. Le visage du médecin n’avait pas réellement changé. « Vous résultats semblent normaux. J’aimerais faire une échographie pour contrôler une information. » Elle avait acquiescé, il devait sans doute vérifier avant de la laisser partir avec un traitement. Les termes de ses douleurs venaient de tomber, de se montrer à l’écran. « Vous êtes enceinte. Vous allez accoucher sous peu. Vous devez être prise en charge rapidement. » Psychologiquement, physiquement. Charlotte n’y croyait pas. Elle voyait pourtant sur l’écran de l’échographie le corps d’un bébé parfaitement formé.  « C’est impossible. » Impossible d’avoir un enfant maintenant. Elle n’en voulait pas. Ce bébé était forcément celui d’Enzo. Il y a neuf mois, elle était encore avec lui. Les derniers instants qu’elle avait passés auprès de lui. « Azel, je peux pas avoir un bébé. Je n’ai même pas de travail, je ne sais pas m’occuper d’un enfant ! »

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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 28 Fév - 18:40

Azel n'en croyait pas ses yeux. Comment était-ce possible ?

Elles avaient attendus longtemps avant qu'un médecin arrive, enfin. Elles avaient parlé pour faire passer le temps, pour faire oublier la douleur de Charlotte. C'est comme ça qu'Azel avait appris qu'elle était tombée amoureuse, que sa Charlotte était tombée amoureuse. Elle avait choisie le mauvais, malheureusement, le professeur marié. Il semblait l'aimer en retour pourtant, mais il avait choisi la facilité. Azel se lamentait de ceux qui choisissaient la facilité au lieu du bonheur, au lieu de l'aventure, même si cela présentait des risques. Elle avait personnellement toujours choisi ce qu'elle pensait être bon pour elle, au moment où il avait fallu faire des choix, et elle n'en avait jamais regretté aucun. Sur le moment peut-être, oui, mais pas après réflexion, pas en voyant le tableau d'ensemble. Azel pouvait dire qu'elle était heureuse, elle pouvait le crier haut et fort sans aucune honte. En revanche qu'allait-il devenir, ce professeur ? Hein ? Il retournerait avec sa femme et son fils dans sa jolie maison, et puis quoi ? Il ne cesserait de penser à Charlotte, il ne cesserait de ressasser leur histoire, de ruminer le choix qu'il avait fait. Il ne serait jamais heureux, parce que rongé par les regrets ; le regret d'être tombé amoureux de Charlotte, celui de l'avoir laissé filée. Sa réaction était compréhensible, bien sûr, mais elle était lâche. Après avoir parlé de son amoureux, les deux amies avaient parlé de ses parents. Son père qui aurait voulu une deuxième fille, Azel qui avait un peu joué ce rôle, son père qui lui manquait, sa mère aussi. Les propres parents de la blonde lui manquaient de la même façon. Cela faisait plus d'un an qu'elle ne les avait pas vu. Malia grandissait toujours plus et ils ne l'avaient toujours pas rencontrée. Bientôt, se disait-elle, bientôt. Elle avait une excuse supplémentaire pour retourner à Freshmount, maintenant. Il y avait Charlotte. Elles y retourneraient, ensemble. Azel n'en pouvait plus d'attendre.

Elle ne savait pas comment, mais ça l'était. L'échographie ne mentait pas, l'échographie ne mentait jamais. Un bébé. Charlotte avait un bébé, dans son ventre. Elle était au bord d'accoucher, c'est ce que lui avait dit l'infirmier. Comment ? Comment avait-elle pu le porter pendant neuf mois et ne pas s'en rendre compte ? Comment avait-elle pu être enceinte sans le savoir ? Azel ne savait pas quoi faire, elle ne savait pas où se mettre. Elle resta d'abord hébétée, à fixer le petit écran, impassible, les yeux écarquillés. C'était plus fort qu'elle. Elle aurait dû se réjouir, sauter au plafond, mais elle n'y arrivait pas. Elle était sous le choc, littéralement. Et puis, Charlotte avait repris la parole. Elle avait brisé le silence la première, et Azel baissa ses yeux sur elle. C'est alors qu'il y eut un déclic, en elle. Sa meilleure amie allait avoir un bébé. Peu importait à quel point la nouvelle était surprenante, complètement inattendue, elle allait avoir un petit bébé, son propre enfant. Seulement alors, elle esquissa un sourire. Elle souriait, parce que la maternité était la chose la plus belle qu'elle connaissait. Élever Malia était la chose qu'elle préférait faire, et ce petit bout d'être humain la comblait. La voir sourire suffisait à la rendre heureuse. Elle savait que ce serait bon, pour Charlotte. Que ça l'aiderait à se reconstruire, d'une certaine manière. Ce n'était pas important que l'enfant soit de ce fameux professeur. C'était surtout, et avant tout, le sien. « Bien sûr que si, tu peux avoir un enfant. » Azel plaça sa main sur le haut du front de son amie, lui caressant les cheveux. Elle pouvait voir la détresse dans les yeux de la blonde, la panique à l'idée d'avoir un bébé. C'était compréhensible. Comment réagir, quand on apprenait que l'on allait accoucher, comme ça ? La grossesse, neuf mois, permettait de s'habituer à l'idée, de se préparer à avoir un enfant, de s'y faire psychologiquement. Charlotte perdait tout ça, elle perdait toute cette préparation, cette acclimatation. Mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'y arriverait pas, ça ne voulait pas dire que ce ne serait pas une belle aventure. « Le travail, ne t'en fais pas. » Azel parlait d'une voix douce, calme, reposée et rassurée. Elle n'était plus du tout inquiète, parce que son amie n'avait rien de grave. Elle était enceinte. Elle n'était pas malade. Toute panique s'était évaporée et elle pouvait dorénavant rassurer Charlotte en ayant pleinement confiance dans ce qu'elle disait. « Je voulais t'en parler cette après-midi, justement. Je voulais te proposer de venir travailler avec moi, à la boutique. Ça ne serait pas grand chose et tu n'aurais pas un salaire de ministre, mais assez pour pouvoir louer un appartement et nourrir deux bouchées. » Elle souriait, elle n'arrêtait plus de sourire. « Et s'occuper d'un enfant, ça s'apprend. Ce n'est pas compliqué. L'instinct maternel fait la plupart du boulot... et ne t'inquiète pas, tu l'auras. Tu l'auras dès que tu auras posé les yeux sur ton bébé. Pour le reste, je t'aiderais. » Azel était prête à passer des journées entières à ses côtés, pour tout lui expliquer. La température de l'eau du bain, la température du lait. Comment changer une couche, quelles sortes de biberons acheter. L'aider à choisir des habits, une poussette, un lit. Toutes ces choses qu'elle-même avait dû faire sans personne pour l'aider, mais dont elle ne laisserait pas Charlotte s'occuper seule. « Je serais toujours là pour toi, Charlotte, tu peux en être sûre. Ça va bien aller, tu verras. C'est une si belle expérience. Tu vas adorer être maman, tu feras une très belle mère. Je te l'assure. »
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyMer 11 Mar - 21:42

Des larmes prisonnières avaient empli ses yeux bleus, incapable de se laisser aller. Charlotte n’avait plus pleuré depuis si longtemps. Elle avait chassé de son être les chagrins qui avaient pu l’envahir. Elle avait choisi le sourire plutôt que les larmes trop souvent versées pour un rien, pour un n’importe quoi. « Je ne peux pas, je ne peux pas … » Ce n’était qu’un souffle, quasiment inaudible. La main posée sur son ventre, elle ne sentait pourtant rien. Rien qui pourrait laisser croire qu’un enfant s’y était logé il y a quelques mois. Elle essayait de se souvenir de l’instant où cela aurait pu se produire. Sans doute à chaque moment qu’ils avaient passé ensemble, enlacés. Elle se revoyait. A cette époque, elle était heureuse. Plus que jamais ses yeux reflétaient la joie, le bonheur. Parfois, elle pouvait se le dire, Enzo lui manquait. La proposition d’Azel l’avait surprise. Elle savait que sa place n’était pas dans sa boutique, pas pour faire ce qu’Azel faisait au quotidien. Elle n’avait aucune compétence en la matière. La couture, ce n’était pas un domaine dans lequel elle était excellente. Elle n’était pas certaine de savoir coudre un simple bouton. Si elle pensait avoir du goût, un contact facile avec le client, elle ne pouvait pas accepter cette proposition si Azel attendait d’elle de l’aide. « Travailler avec toi ? Dans ta boutique ? Pour coudre des vêtements, confectionner des vêtements ? Je ne sais rien faire de tout ça. Je ne sais pas si c’est une bonne idée. » Elle restait perplexe. Elle était heureuse de pouvoir passer plus de temps avec elle, de pouvoir partager du temps avec son amie et trouver un travail alors qu’elle n’avait aucune compétence, aucun diplôme si ce n’est celui de fin de lycée. Elle était heureuse de se voir offrir un travail. « Qu’est-ce que je pourrais t’apporter ? Un sourire ? » Parce qu’elle savait sourire, dans de nombreuses circonstances. Elle pouvait sourire, elle pouvait saluer. Elle pouvait jouer la parfaite idiote n’ayant pour compétence qu’un peu de gout et un amour pour les magazines féminins. Rien de remarquable, elle en avait parfaitement conscience. Elle ne voulait pas qu’Azel la prenne en pitié, qu’elle se retrouve elle-même dans une situation qu’elle ne pourrait contrôler après l’avoir embauché. Charlotte voulait travailler, elle en avait besoin. C’était peut-être la seule opportunité qu’elle aurait avant longtemps. « Tu crois ? Tu crois vraiment que j’aurais l’instinct alors que ma propre mère m’a toujours montré un exemple douteux. » Si elle respectait sa mère, si elle l’aimait comme une fille aime sa mère, elle ne pouvait pas dire que sa mère était un exemple pour une future maternité. Elle n’avait jamais réellement pris la peine de s’occuper dignement d’elle, sauf peut-être les premières années de sa vie, avant le divorce. Charlotte n’en avait que des vagues souvenirs. Rien de marquant en tout cas. Charlotte s’était persuadée qu’elle n’aurait jamais les capacités à devenir mère, à s’occuper d’un enfant qu’elle aurait désiré ou non. Aujourd’hui, en tant que future mère célibataire, elle ne pensait pas être capable de s’en sortir. Pour la première fois, elle aurait aimé avoir sa mère près d’elle, avoir son avis de femme. Avoir pour une fois, son avis de mère. « Je ne voulais pas d’enfants de lui, pas d’enfants maintenant. Je ne suis pas prête. Je ne peux pas avoir un bébé maintenant. Regarde, je n’ai même pas vu que j’étais enceinte. Pendant neuf mois, j’ai renié ce bébé inconsciemment. J’ai renié mon enfant. » Psychologiquement, elle ne pouvait se faire à l’idée qu’elle allait devenir mère dans les heures à venir. D’ici quelques instants, elle entendrait le cri aigu d’un enfant dont elle ne connaissait rien, dont elle n’avait rien prévu. Et pourtant, il était sien. Il était le fruit d’un amour interdit, le fruit de ce qu’elle aurait pu nommer comme une belle histoire digne de vieux romans. Une histoire d’adultère certes mais une histoire d’amour. Malgré tout, il y avait eu ce sentiment magique pour concevoir cette nouvelle vie. Malgré tout, Charlotte était mise sur le fait accompli. Qu’allait-elle faire ? « J’ai peur. Peur de rendre malheureux un enfant qui mérite mieux. Et qu’est-ce que je vais dire à Enzo ? » Une question qu’elle ne devrait pas se poser. Elle ne devrait pas penser à cet homme qui avait finalement causé l’important traumatisme qu’elle découvrait à présent. Elle se retrouvait dans une situation qu’elle n’arrivait plus à gérer parce qu’il était entré dans sa vie contre toute morale. Il avait laissé de côté la fidélité, ses besoins personnels et professionnels pour vivre une histoire d’amour farfelu avec une enfant, une simple étudiante en manque d’aventure. Charlotte ne pouvait pas dire qu’elle n’avait pas apprécié ces quelques mois à ces côtés. Elle avait trouvé auprès de lui une raison de vivre une nouvelle vie, de croire à des sentiments dont elle se moquait éperdument avant. Peu à peu, l’idée apparaissait dans son esprit. La pièce autour d’elle lui faisait prendre conscience des événements. Elle avait finalement compris que ces troubles n’étaient pas dus à une indigestion. Elle devait s’y faire, elle devait apprendre à gérer cette situation nouvelle. Elle ne pouvait pas dire qu’elle allait bien. Loin de là. « Et je n’ai rien pour l’accueillir. Rien. Pas de vêtements, pas de poussettes, pas de … je ne sais pas même ce qu’il faut. » Elle paniquait. Sa respiration était rapide. Elle s’imaginait tenir une si petite chose dans ses bras, l’accueillir dans un endroit qui n’était en aucun cas fait pour un enfant. Elle n’avait pas été habituée à s’occuper d’enfants. Elle n’avait pas même le souvenir d’avoir déjà eu dans les bras un bébé. Elle n’avait jamais ressenti une quelconque envie de s’occuper d’un enfant, elle ne s’était jamais sentie attendrie au visage d’un jeune bambin souriant. Avait-elle les capacités pour accepter ce bébé dont elle ne voulait pas ? Elle en doutait énormément. « Merci d’être là. » avait-elle murmuré, elle avait pris la main d’Azel dans la sienne. Elle savait qu’elle serait là, quoiqu’elle puisse décider, quoiqu’elle fasse. « Merci … »
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 28 Mar - 17:17

« Tu peux, tu peux. » Azel n'arrêtait pas de répéter ces mots, et n'arrêterait pas de les répéter tant qu'il le faudrait, tant que Charlotte continuerait de dire qu'elle ne pouvait pas. Bien sûr qu'elle pouvait. Elle pouvait avoir un enfant, comme elle-même l'avait pu. Certes, elles n'avaient pas eu la même éducation, elles n'avaient pas reçu le même amour maternel, elles n'avaient pas le même caractère, mais cela ne voulait rien dire. Certaines filles qui avaient été complètement reniées par leurs deux parents voire toute leur famille, étaient tombées enceintes adolescentes et avaient malgré tout été des mamans extraordinaires et plus aimantes que ce que le peu d'amour qu'elles avaient reçu pouvait le laisser présager. Azel savait que sa meilleure amie serait à la hauteur. Et si jamais elle ne l'était pas, si elle n'y arrivait pas du premier coup, elle serait là pour l'épauler. « Oui, avec moi, dans ma boutique. Mais pas pour coudre. » Elle secoua légèrement la tête en rigolant. « La couture, c'est moi qui m'en charge. » La blonde passa une main sur le front de son amie, dégageant les cheveux humides qui lui barraient le front. Cela se voyait qu'elle était complètement paniquée, mais elle ne savait pas quoi faire pour qu'elle se sente mieux, en dehors de lui parler calmement, de la rassurer et de lui changer les idées. « Un sourire, oui » souffla-t-elle, avant de reprendre. « Tu m'apporteras de la compagnie, et du bonheur aux clients qui viendront. Tu t'occuperas de les aider, de les conseiller, de les encaisser. Tu m'aiderais à agencer la boutique, à négocier avec certains investisseurs. Je vais bientôt devoir rénover la boutique, aussi. Tu m'aideras avec ça. Ne t'inquiète pas, tu ne manqueras pas de travail. » Il y avait énormément de choses qu'Azel avait besoin de faire, mais qu'elle n'avait pas forcément le temps d'entreprendre, toute seule. Zoe avait été là pour elle, au tout début, et elle l'avait grandement aidé à bien démarrer. Mais Zoe était partie et, depuis, Azel n'avait embauché personne pour la remplacer. Elle s'était plus ou moins débrouillée par elle-même jusque là, mais à quel prix ? Entre la boutique et Malia, elle n'avait plus aucun temps libre pour elle. Elle n'en avait pas vraiment non plus pour emmener sa fille ailleurs qu'en balade dans le parc, et elle s'en voulait pour ça. Si Charlotte travaillait à ses côtés, cela changerait grandement la donne.

« Bien sûr que tu auras l'instinct. Tu sais, c'est quelque chose de... de biologique. Ancestral. C'est au fond de tes tripes et ça nous vient des Homo Sapiens. » Elle pouffa, souriant de toutes ses dents. Il n'y avait rien de scientifique dans ce qu'elle disait, elle ne faisait que supposer ; mais elle pensait s'approcher plutôt près de la réalité. « La procréation, la maternité, ça se fait depuis des milliers d'années. C'est pas parce que ta mère ne t'as pas assez prouvé qu'elle t'aimait, que tu n'aimeras pas ton propre enfant. Et l'instinct d'une mère pour son enfant est aussi là, différemment mais là, chez le père. » Si la mère de Charlotte n'avait pas été aussi présente que la jeune femme aurait voulu, Azel pensait ne pas se tromper en affirmant que son père, quant à lui, l'avait été. « Ton père t'aime beaucoup, il te l'a toujours montré. Pense à cet amour-là, pas à celui de ta mère. Il sera là pour t'aider, lui aussi. » La nouvelle ne serait peut-être pas des plus faciles à accepter, parce qu'apprendre que sa petite fille était mère, du jour au lendemain, et que le père de l'enfant était inconnu au bataillon était peut-être compliqué à digérer, mais il n'y avait pas de doute qu'il serait extrêmement heureux d'être grand-père. Qu'Azel soit enceinte à vingt-et-un ans n'était pas non plus dans les plans de ses parents et pourtant, ils avaient été transcendés de bonheur d'être grands-parents. « C'est normal que tu réagisses comme ça, Charlotte, tu viens d'apprendre que non seulement tu étais enceinte, mais aussi que tu allais accoucher. Mais un déni de grossesse, ça arrive. Tu n'as pas renié ton enfant, tu n'as simplement pas su que tu en avais un. C'est psychologique, tu n'y peux rien. » Elle fit une pause, couvant du regard sa meilleure amie, lui passant encore et encore la main sur le front. « Tu ne le rendras pas malheureux. Tu sauras l'aimer, ne t'inquiète pas. Tant que ton enfant recevra ton amour, il sera heureux. Et ne penses pas à Enzo pour le moment. Tu auras tout le temps de te poser la question. » Elle n'avait pas besoin de se stresser davantage maintenant, de se prendre la tête avec ça. De toute façon, il ne serait jamais là à temps pour l'accouchement, si elle décidait de le prévenir maintenant. Il y avait plusieurs heures de trajet en avion, et ce n'était même pas sûr qu'il daigne venir dans tous les cas. Après tout, il avait fait le choix de rester avec sa femme. Qu'elle raison lui donnerait-t-il pour s'envoler à l'autre bout du pays, d'une minute à l'autre ? Azel savait qu'il faudrait qu'elle parle avec Charlotte du problème du père, qu'elle lui dise que c'était important qu'il le sache, malgré tout. Elle-même avait attendu huit mois avant de lui dire qu'elle était enceinte, et il ne l'avait su seulement parce qu'il était rentré du front. S'il n'était pas revenu, il ne l'aurait jamais su. Ce n'était peut-être pas la meilleure des choses. « Shhh. » Azel passait sa main sur le front de sa meilleure amie, inlassablement. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour la rassurer physiquement. « Tout ça, ça s'achète Charlotte. Ce n'est rien. Des vêtements, j'en ai des cartons à te donner. Un bébé ça grandit vite, il faut acheter des nouveaux habits tous les mois. J'ai déjà refait une fois la garde-robe de Malia, alors j'ai plein d'habits pour le petit bébé qui va arriver. » Certes, Malia était une fille et il n'y avait aucune certitude que l'enfant de Charlotte en soit une aussi, l'infirmier n'ayant pas poussé l'échographie jusque là, mais ce n'était pas important. Tous les habits de sa fille n'étaient pas forcément féminins et pourraient tout à fait être portés par un garçon. « Je pourrais t'en faire aussi, des habits. Ça ne prend vraiment pas longtemps. » Elle se rappelait d'une après-midi qu'elle avait passé à coudre des vêtements pour Malia, qui n'était à l'époque pas encore née. Elle avait pu faire, en l'espace de trois heures, une demi-douzaine de petits ensembles. Certes ils étaient tous sur le même modèle bien que dans des tissus différents, mais cela faisait toujours un paquet d'habits. « Et pour tout le reste, je pourrais te dépanner en attendant que tu puisses en acheter. Tu n'as aucun souci à te faire. » Azel serait là pour l'aider, toujours. « Tu n'as pas à me remercier Charlotte, c'est normal. » C'était naturel, tout ce qu'il y avait de plus naturel. Être là pour sa meilleure amie était peut-être ce qu'elle préférait faire, après s'occuper de son enfant. La blonde regarda l'heure affichée sur l'horloge, puis l'infirmier qui était toujours dans un coin de la pièce, ayant pour ordre de surveiller l'avancement de l'état de la jeune femme. Il ne devait plus y en avoir pour longtemps, dorénavant. Charlotte serait bientôt maman.
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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptySam 11 Avr - 18:25

Elle pouvait. Elle devait. Comme une revanche sur son passé, comme pour se prouver qu’elle était différente. A vingt-et-un ans, Charlotte ne se sentait tout bonnement pas prête à avoir un enfant, d’Enzo ou d’un autre. Elle n’était pas prête à s’occuper d’une autre personne que d’elle-même. Elle n’avait pas eu le temps de se préparer à ce nouveau tournant de sa vie. Devenir mère, elle ne l’avait pas prévu. Ce n’était pas dans ses plans d’élever un nouveau-né. « Je peux. » avait-elle soufflé, entre ses lèvres crispées. Elle n’avait plus le choix aujourd’hui. Mettre cet enfant au monde, le regarder, l’accepter. Elle pouvait l’abandonner, le donner à l’adoption pour une famille dans le besoin. L’idée lui avait traversé l’esprit. Charlotte pouvait faire le bonheur d’une famille et tirer un trait sur cette histoire. Elle n’était pas certaine de le pouvoir, de pouvoir se séparer à tout jamais de cette nouvelle famille qui allait voir le jour. Elle avait besoin de temps, de comprendre. Elle n’en avait pas. D’ici quelques instants, elle serait mère. D’ici quelques instants, sa vie allait changer. « J’accepte. » Elle avait souri. « J’accepte de t’aider dans ta boutique. Que mes années à feuilleter des magazines et à faire du shopping me servent à quelque chose au moins. » Elle ne savait pas si elle ferait une bonne vendeuse. Elle n’avait jusqu’alors jamais pensé à se diriger vers ce genre de profession. Elle s’était longtemps imaginée professeur ou même écrivain. En arrêtant ses études, elle avait choisi de renoncer à ce projet d’avenir. Elle ne pourrait pourtant pas compter sur l’argent de son père indéfiniment, ni même sur ses quelques économies. Elle savait qu’elle allait devoir travailler pour la première fois de sa vie. Fini la vie de bohème, fini la vie de fille à papa. La proposition d’Azel était sans doute la meilleure qu’elle n’aurait jamais. « J’ai toujours eu un don pour les travaux d’intérieur. » Pas vraiment, pour regarder ou pour gaspiller la peinture en s’armant d’un pinceau et de quelqu’un pour une bataille. Mais penser à ces futurs moments lui permettait de relativiser, de ne plus penser à cet enfant. « Merci. » Elle ne pouvait rien dire de plus. Aider Azel lui faisait plaisir, peu importe combien de temps, peu importe pour quoi. Elle savait qu’en passant du temps avec Azel, elles partageraient de nouveaux instants, des moments qu’elles pourraient raconter un jour.

« Ancestral ? » Elle y croyait presque. Et pourtant, dans ses souvenirs de cours de biologie, elle ne se souvenait pas avoir lu cela quelque part. Elle se contenta de plisser les yeux, de réfléchir et d’admettre qu’Azel avait sûrement raison. « J’espère que j’aurais hérité de l’instinct envahisseur de mon père alors. Pour donner à cet enfant une vie plus stable, plus saine. » Son père avait pris soin d’elle, de manière excessive. Depuis le début et encore aujourd’hui, Charlotte pouvait compter sur lui. Il l’avait soutenu dans ses choix, l’avait épaulé dans ses chagrins. S’il avait envahi sa vie, elle ne pouvait que l’en remercier. Sans lui, elle n’aurait certainement eu la même vie. « Il faudra le prévenir. Il voudra savoir et même venir. J’en suis sûre. » Elle le connaissait parfaitement bien, ou du moins suffisamment pour savoir qu’il prendrait le premier avion pour venir la voir et voir sa descendance. Le futur des Salinger. Elle ne pensait plus à Enzo, elle pensait à son père. A la réaction qu’il aurait en apprenant tout ça. En apprenant que sa fille unique venait d’avoir un enfant. Elle appréhendait sa réaction, sachant pourtant qu’il la soutiendrait malgré tout, qu’il l’aiderait dans toutes les démarches, dans toutes les nouvelles étapes à franchir. Aujourd’hui, Charlotte devenait adulte. Elle paniquait. Trop de choses semblaient importantes, urgentes. Elle ne savait plus où donner de la tête.

Intérieurement, elle faisait la liste de toutes les choses dont un enfant avait besoin. Elle réfléchissait. Elle repensait aux films, aux séries, aux documentaires qu’elle avait pu voir sur le sujet. Elle faisait la liste des choses à faire, en priorité. Trouver un prénom, prévenir son père, prévenir Enzo, trouver un appartement. Voir le psychologue de l’hôpital qui avait été prévenu. « Tu penses que ce sera une fille ? Parce que sinon, les vêtements de Malia n’iront pas ? Et tu as tellement de talent en couture que ce bébé sera le plus beau. » Elle n’avait rien besoin actuellement que du soutien de sa meilleure amie. Azel était près d’elle et rien n’était plus important. L’infirmier avait enfin ouvert la bouche. C’était l’heure. L’heure pour Charlotte de se préparer à donner la vie.
*****
Elle avait simplement entendu un cri, strident. Elle avait senti une larme roulée le long de sa joue. Cette larme, elle le savait, signifiait le renouveau. Le changement. Charlotte n’était plus la même. Alors que la sage-femme lui déposait l’enfant dans les bras, elle murmura : « Alaska. » Elle souriait. Cette petite fille était la sienne. Elle était prête à présent. Un coup d’œil vers Azel avait suffi pour lui donner la confiance qu’il lui manquait.
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Azel Novak

Azel Novak
lost souls in revelry

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Message(#) Sujet: Re: #0172, you know i'll always care. (charlotte) #0172, you know i'll always care. (charlotte) EmptyDim 19 Avr - 15:02

Azel esquissa un sourire alors que Charlotte acceptait sa proposition. Elle savait que sa meilleure amie n'était pas forcément dans le meilleur des états pour planifier son avenir professionnel, mais elle avait envie de travailler avec elle, c'était le principal. Elle aurait le temps d'y réfléchir plus amplement, plus tard, une fois que sa petite fille aurait grandi. Azel était persuadée que Charlotte n'aurait pas changé d'avis. Travailler ensemble était l'opportunité pour elles de se rapprocher davantage encore, de retrouver encore un peu plus cette complicité qu'elles avaient adolescentes. Travailler ensemble, ce serait un peu comme aller au lycée ensemble. Oui, c'était tout semblable. Azel s'imaginait déjà dans son petit atelier dans l'arrière-boutique, entendant le tintement de la porte d'entrée suivie de la voix de Charlotte accueillant le nouveau client. Elle s'imaginait fermer à clé le magasin, Charlotte l'attendant pour aller faire les courses ensemble avant d'aller chercher leurs filles à la crèche. C'était une vie à laquelle Azel n'aurait aucun mal à s'habituer ; c'était une vie qu'elle avait hâte de vivre. « Ça fera le contraste avec moi qui n'en ait pas lu un seul, hormis ceux qui étaient dans les toilettes, chez toi. » Elle rigola légèrement. Ce n'était peut-être pas le meilleur endroit pour lire des magazines féminins mais c'était le seul où Azel en lisait - et encore, ils étaient toujours dépassés d'au moins trois mois, puisque c'étaient ceux que son amie avait déjà lus et relus. « Je t'assure, tu ne le regretteras pas. » C'était une chose dont elle pouvait être pratiquement sûre. Elle-même n'avait pas regretté une seule fois de s'être lancée dans cette boutique. Hazelnut, un jeu de mot qu'elle avait trouvée de but en blanc, au moment de la création administrative de son magasin, alors que le fonctionnaire devant elle lui demandait ce qu'il devait inscrire en face de "nom de l'entreprise :". Un jeu de mot qui symbolisait néanmoins plus d'un an de sa vie, qui symbolisait ce petit commerce qu'elle avait monté à partir de rien. Cela n'avait été que des bons moments, malgré le départ de Zoe, malgré les difficultés financières, malgré les quelques problèmes techniques. Azel s'épanouissait réellement dans ce qu'elle faisait et elle était convaincue que Charlotte ferait de même.

« J'en suis persuadée, oui. » Persuadée que Charlotte aurait l'instinct maternel, persuadée que son père viendrait lui rendre visite aussitôt qu'il aurait appris que sa fille était maman. Charlotte aurait une belle vie, et son bébé aussi. Elle le méritait tellement, trop pour que cela ne se réalise pas. « Je ne sais pas si ce sera une fille, je ne sais pas lire les échographies et je suis encore moins douée pour déterminer le sexe d'un bébé en fonction de la forme du ventre de la maman. » Azel pouffa de nouveau. Elle savait que plaisanter changeait les idées de sa meilleure amie, en attendant le moment où elle n'aurait d'autre choix que de penser à ce bébé qu'elle allait mettre au monde. Toujours est-il qu'elle ne disait pas des bêtises pour autant ; sa propre grand-mère savait dire si telle femme aurait une fille ou un garçon, rien qu'en regardant son ventre. Ce n'est pas aussi simple que ce que dise les magazines féminins, Azel, elle lui avait dit un jour, ce n'est pas "si le ventre est rond c'est une fille, si le ventre est pointu c'est un garçon". Ou l'inverse, je ne sais pas quelles bêtises ils racontent. C'est plus compliqué que ça. Elle ne lui avait cependant jamais vraiment expliqué comment faire. Comme si c'était quelque chose d'inné, un don de détermination que l'on aurait ou pas. Peut-être aussi que cela venait avec la vieillesse ; toujours est-il qu'elle ne s'était jamais trompée. Pas même pour Malia. Azel n'avait pas voulu savoir si son bébé était une fille ou un garçon, mais sa grand-mère, après l'avoir vu via une conversation vidéo, avait confié ses prévisions à ses parents. Elles s'étaient révélées juste. Bien sûr, il n'y avait qu'à faire une échographie pour le savoir, mais il y avait quand même plus de charme dans la façon de voir de sa grand-mère. « Mais, Malia a plein d'habits qui peuvent très bien convenir à un garçon. Et pour d'autres, je n'aurais qu'à enlever un bouton rose par-ci ou un ruban mauve par là. » Elle sourit. Il n'y avait rien de compliqué, rien qu'elle ne sache pas faire. Quelques minutes plus tard, l'infirmier fit signe aux jeunes femmes qu'il était temps. Une salle d'accouchement avait dû se libérer, ou bien une sage-femme. Dans tous les cas, c'était au tour de Charlotte de mettre au monde le petit être vivant qu'elle abritait en elle. Le cœur d'Azel s'accéléra aussitôt, à la fois d'excitation et de trac. Elle passa la main sur le front de son amie, emboîtant le pas au médecin qui poussait son lit roulant. (...) « Alaska. » Elle était magnifique. La petite fille de Charlotte était magnifique. Un sourire s'étalait sur les lèvres de la jeune maman et Azel ne pouvait s'empêcher de sourire, elle aussi. Charlotte lança un regard dans sa direction avant de reposer les yeux sur sa fille. Elle allait y arriver. Elle serait une mère exceptionnelle ; cela ne faisait aucun doute.

rp terminé
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