Ce matin je m'étais absentée, comme tous les jours, pour aller courir. J'avais enfin retrouvé les capacités de ma cheville et j'en profitais pleinement. Cependant, en rentrant, je ne pensais pas trouver Astrid encore couchée. Je me penchais vers elle et souriait en voyage son adorable visage. Je n'allais pas la réveiller, enfin pas tout de suite. Je me dirigeais vers la salle de bain, afin de me passer sous la douche. Après quinze minutes, j'étais déjà dehors. Astrid n'avait toujours pas bougée, alors je me mettais à genoux sur le lit et me penchait vers elle. « Debout marmotte ! » Ces mots, je les avais murmurés à son oreille. Je déposais aussi un tendre baiser sur sa joue, avant d'attendre qu'elle ouvre les yeux. « On a une journée de ski qui nous attend ! » Cette fois-ci, je déposais mes lèvres sur les siennes, en espérant un peu plus de mouvements.

L'institutrice s'était finalement réveillée et tout en douceur on commençait à se préparer. Il n'y avait rien qui nous pressait, après tout on était en vacances et on pouvait aller à notre rythme. En plus, du temps il nous en fallait, après avoir été mangé un bout pour le petit déjeuner, on avait dû enfiler au moins trois couches de vêtements pour être sûr d'avoir chaud. Un peu avant midi c'était bon, on était prête, il ne nous manquait plus que les skis. Mais pour les avoir, il fallait qu'on sorte du chalet et qu'on aille en bas des pistes, dans une boutique que nous avait indiquée le propriétaire. Le matériel était prêt, il n'attendait que nous et une fois chaussé notre journée pouvait commencer.

Joanne et Astrid étaient arrivées au chalet hier soir, en début de soirée. Bien qu'elle aie profité pleinement de leur soirée en amoureuse, Astrid était très fatiguée. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle dormait encore au petit matin. Malgré tout, elle savait que Joanne allait rapidement l'entrainer sur les pistes, bien que la blondinette soit loin d'être douée dans ce domaine. Un tendre baiser sur la joue la sortait de ses rêves et à peine entrouvrait-elle les yeux qu'elle trouvait une Joanne de super bonne humeur, elle était tout simplement éblouissante, comme toujours. Astrid râlait alors, passant sa tête sous son oreiller pour tenter de se rendormir, mais visiblement elle allait devoir se lever. « Oh déjà, mais il est super tôt ! » Clamait-elle, alors qu'elle n'avait même pas regardé l'heure. Elle déposait délicatement ses lèvres sur les siennes, Astrid entrainant ainsi Joanne avec elle dans le lit.

Après une bonne quinzaine de minutes à tenter de se rendormir, elle n'avait pas eu d'autres choix que de se lever. Elle avait donc filé sous la douche, enfilant ainsi une tenue simple, mais avec un pull pour ne pas tomber malade -enfin plus qu'elle ne l'est déjà-. Les deux jeunes femmes descendaient alors pour manger un morceau avant de se mettre en route. Il fallait qu'elle récupère le matériel pour que leur journée puisse enfin bien commencée. Une journée qui s'annonçait plutôt bien d'ailleurs, Astrid avait très hâte. Elle enfilait alors ses skis, faisant ainsi ses premiers pas sur la neige. Elle avait l'impression que c'était un exploit pour elle, c'était la première fois qu'elle allait skier et elle se voyait déjà descendre la pente sans pouvoir s'arrêter. « Oh, j'ai l'impression que je ne vais pas tenir debout longtemps. »

J'avais essayé de la réveiller, mais elle me remmenait dans ce lit que j'avais quitté il y a plusieurs heures déjà. Posée contre elle, je l'observais refermer de nouveau ses yeux. C'était un piège, elle m'avait entrainé sur ce matelas pour grappiller quelques minutes de sommeil. Mais en boule d'énergie que je suis, j'avais eu le dernier mot et on s'était levée. Une fois prête, nous quittions l'hôtel. Arrivée devant la boutique, je laissais la jeune femme passer devant moi, mon regard posé sur elle, je partais rapidement dans mes pensées. J'avais craqué pour Astrid et je m'en rendais compte quand je posais mon regard sur elle. Ses cheveux, ses yeux, son visage, ses formes, tout chez elle me faisait comprendre que j'étais tombée amoureuse d'elle. J'en étais maintenant sûre. Je la regardais et un sourire se dessinait sur mon visage. J'étais heureuse de passer ces vacances avec elle, de pouvoir découvrir autre chose avec elle. Elle avait enfilé ses skis et je ne tardais pas de faire la même chose. La tête baissée pour vérifier que j'avais bien clipsé mes chaussures, je rigolais à sa phrase. « On pourra se tenir. À deux on aura peut-être plus d'équilibre ». Je m'avançais jusqu'à elle à l'aide de mes bâtons. « Quand tu veux rentrer, tu me le dis, d'accord ? » Notre arrivée était récente et c'était elle qui avait fait la route jusqu'au chalet, alors oui j'avais envie de profiter de la neige pour faire du ski, mais je ne voulais pas qu'elle se fatigue de trop juste pour me faire plaisir.

Le réveil était bien trop difficile pour Astrid qui attirait aussitôt sa petite amie dans ses bras. Pas qu'elle avait mal dormi, mais elle s'était levée plusieurs fois à cause de ses nausées. Rassurée vous elle n'était pas enceinte, jusque son traitement avait des effets plutôt néfastes. Malgré tout, elle finissait tout de même par sortir du lit, fonçant dans la douche pour ne pas faire trop attendre Joanne. Aujourd'hui, elles avaient prévues d'aller skier. Astrid se réjouissait bien sûr, mais elle n'était pas vraiment douée dans ce domaine, elle savait très bien qu'elle allais tomber plusieurs fois avant de réussir à tenir pleinement sur ses skis. D'ailleurs, une fois prête et après avoir pris un bon petit-déjeuner consistant, elles se mettaient en route pour la boutique. Elles saisissaient alors leurs skis avant de quitter la boutique. Astrid observait attentivement ses pieds et autant dire qu'elle n'était pas très très stable. « Peut-être ? Je n'en serais pas si sûre si j'étais toi, je suis un boulet. » Lâchait-elle, en éclatant de rire. Fallait avouer qu'elle n'avait que son flocon donc pas un niveau extraordinaire. « Oui, ne t'inquiète pas, pour l'instant tout va bien. » Clamait-elle, voulant rassurer sa moitié. Effectivement, elle était malade, mais cela n'allait pas l'empêcher de profiter pleinement de cette journée entre amoureuses. Astrid comptait bien tenir toute la journée et ne pas s'affaiblir, elle l'espérait de tout coeur. « Bon, je pense qu'on peut y aller. »

Je rigolais à sa phrase avant de m'approcher d'elle et de déposer un doux baiser sur ses lèvres. « Si ça peut te rassurer, tu es plus jolie qu'un boulet ! » Elle tentait ensuite de me rassurer, que tout allait bien. Elle n'est pas en sucre, c'est vrai, mais je m'inquiète quand même pour elle. Je suis sa copine, c'est donc légitime. Je laissais alors un sourire s'afficher sur mon visage et elle suggérait qu'on pouvait quitter les alentours de ce magasin pour enfin se lancer dans cette journée. Je ne pouvais pas refuser, j'attendais ça depuis qu'on est arrivées. « Oui, allons-y. » Je passais les dragonnes de mes bâtons et commençait à m'appuyer dessus afin d'avancer. Astrid ne tardait pas à faire pareil et on partait enfin vers les pistes, où nous attendait notre première épreuve, le télésiège. Les gens faisaient la queue et on devait en faire autant. Mais des panneaux étaient déjà présents à notre hauteur afin de nous indiquer ce qu'il fallait faire pour s'installer. Je tournais alors la tête vers ma petite amie. « Tu as déjà pris le télésiège ? » C’était la première fois qu’on partait ensemble, alors je ne connaissais pas ces habitudes de vacances, si elle était déjà venue plusieurs fois à la montagne pour skier ou si à l’inverse, elle était plus plage et sable fin. Personnellement, j’étais loin d’être une as aux commandes de mes skis, mais le plus souvent, les vacances familiales en Norvège se faisaient à la montagne. J’ai donc l’habitude de côtoyer ce manteau blanc.

Cela lui faisait un bien fou de prendre un peu l'air. Astrid savait déjà que sa journée allait être très attrayante, parce qu'elle la passait en très bonne compagnie. Elle était bien heureuse d'avoir Joanne à ses côtés pendant ce séjour au chalet pineshore. C'était la première fois qu'elle venait ici, à vrai dire elle ne partait jamais au ski avec ses parents, il privilégiait toujours autre chose. Ce n'est pas pour autant qu'elle avais été malheureuse dans sa jeunesse, bien au contraire. « Trop de compliments, merci ! » Lâchait-elle, un large sourire sur les lèvres. Elle titubait vraiment sur ses skis, autant dire qu'elle n'était pas vraiment à l'aise. Elle aurait préféré partir à la mer ou dans un autre endroit, mais venir ici ça faisait plaisir à Joanne et Astrid tenait à la rendre heureuse. Après tout, elles étaient si bien ensemble qu'il fallait bien qu'elle fasse quelques concessions. Astrid poussait alors sur ses bâtons pour suivre Joanne qui s'en sortait nettement mieux qu'elle, en même temps la dernière fois qu'elle avait skier c'était en classe de neige, à école primaire. Regagnant les pistes, les deux jeunes femmes semblaient motivées pour passer la journée ensemble. Le programme était simple, détente assurée. « Oui, une fois, mais ne t'inquiète pas, je vais y arriver. » Astrid ne voulait pas se séparer d'elle, mais maladroite comme elle était sur ses skis, elle était totalement capable de rater le télésiège. « Au pire, je t'attendrais ici si jamais je n'y arrive pas. » Astrid se retenait bien de rire, parce qu'elle savait à quel point elle était ridicule à ce moment même. « En Norvège, tu dois avoir l'habitude de skier toi ? Je suis sûre que tu es une vraie pro en fait, tu ne veux juste pas me ridiculiser. » Voilà qu'elle éclatait de rire, suivant la jeune femme.

Notre arrivée à Pineshore était récente, mais je m'y plaisais déjà. Les paysages étaient magnifiques et le peu de personnes qu'on avait croisé aussi. Pour une amoureuse des jolis décors, j'étais aujourd'hui gâtée et cela annonçait des vacances magnifiques. Nos premières vacances en plus, alors je voulais que tout soit parfait. On était passé rapidement chercher notre matériel et on était ensuite partie en bas des pistes afin de trouver un moyen pour monter au sommet. Le télésiège était l'un des moyens les plus simples, donc on faisait la queue comme tout le monde. Je lui demandais si elle en avait déjà utilisé un et elle m'affirmait qu'elle l'avait déjà pris une fois. Un rire sortait automatiquement de ma bouche en voyant l'institutrice sur ses skis. Astrid, peu confiante de son équilibre, me disait alors qu'elle allait m'attendre en bas des pistes. Je fronçais alors les sourcils. « Il en est hors de question ! On passe notre journée ensemble. Au pire, on ira faire de la luge ! » Un léger rire s'échappait de mes lèvres, la luge était l'une des choses les plus faciles à faire sur une piste. Tu t'assoies et tu attends. Mais pour le moment, on prenait le risque de prendre le télésiège, la première étape de cette journée. Ma petite amie me demandait ensuite si j'avais l'habitude de faire du ski. Venant d'un pays nordiste, il y avait beaucoup de chance pour que je réponde oui, mais ce sport n'avait jamais fait partie de mon quotidien. C'était un loisir de vacances, comme beaucoup d'autres personne sur terre. « J'ai eu, à plusieurs reprises, l'occasion de faire du ski chez moi, mais je suis plus à l'aise avec des crampons qu'avec ça ! » Je baisse mon regard vers mes pieds afin de faire comprendre à Astrid de quoi je parle, puis je rigole légèrement. On est un peu un couple de bras cassés sur ces machins, enfin, avec le peu de base que j'ai, je ferais de mon mieux pour guider Astrid et pour que cette journée se passe du mieux possible.

Ce manteau de neige impressionnait clairement Astrid qui ne cessait d'admirer la beauté du paysage. Elle n'était pas vraiment habituée à la neige, c'était évident, en même temps, elle n'habitait pas à la montagne. De plus, elle ne partait jamais en vacances au ski, ses parents n'ayant pas les moyens de lui payer. Toutefois, elle le découvrait aujourd'hui, en compagnie de Joanne, sa petite-amie. Astrid était contente de passer du temps avec elle, rien qu'elles, sans personne pour les juger ou les importuner. Rapidement, elles commençaient à faire la queue pour prendre le télésiège, le moyen le plus rapide et le plus efficace pour atteindre le sommet de celles-ci. C'est bien vrai, Astrid sur des skis c'était une photo à prendre. Non seulement elle n'était pas très à l'aise, mais en plus de ça, elle n'avait aucune confiance en elle à ce sujet, elle savait qu'elle n'allait pas tenir très longtemps. Bon au pire elle risquait quoi ? De se prendre un fou rire avec sa copine ? Ouais, ou pire, se casser une jambe ou la cheville. Bref, n'espérons pas le pire, elle allait y parvenir. Les paroles de Joanne lui décrochait un sourire. Oui, qu'importe la situation, elles allaient passer la journée ensemble, sur des skis ou sur une luge. « Oui, dans le pire des cas, mais j'aimerais bien essayer de skier un peu, même si ce n'est pas gagné. » Essayer n'allait pas la tuer et puis elle n'aurait pas l'occasion de retourner skier dans les mois à venir donc autant profiter maintenant. Cela allait clairement lui changer les idées et c'était tout ce dont elle avait besoin. Astrid s'interrogeait alors à propos de Joanne, elle qui venait d'un pays nordiste, elle devait certainement être une pro au ski. Malgré tout, les impressions sont trompeuses puisqu'elle n'y allait pas très souvent. Au moins, Astrid n'aurait pas l'air encore plus novice à ses côtés, c'était déjà une bonne chose. « C'est sûr que sur le terrain, tu gères. T'es la meilleure ! » Et elle ne disait pas simplement cela pour flatter l'égo de sa petite-amie, non elle le pensait sincèrement. La journée s'annonçait prometteuse et malgré son angoisse, Astrid avait hâte de skier. Elle montait alors sur le télésiège avec Joanne, saisissant sa main tandis qu'elles prenaient de la hauteur.

Astrid a le don de me faire rire et ça me fait du bien. Depuis l'annonce de sa maladie, ça cogite beaucoup sous ma tignasse blonde cherchant une solution pour pouvoir l'aider. Cependant, je ne suis pas bête et je sais que la seule solution possible est mon soutien, je ne peux pas faire grand-chose de plus. Je n'ai aucune science et à trop vouloir la guérir, je serais capable de lui faire plus de mal. Autant dire que ces vacances tombent pile-poil. Loin de White Oak Station, nous allons pouvoir penser à autre chose et sortir prendre l'air frais de la montagne qu'on ne côtoie pas souvent. Au point de ne pas savoir skier comme des experts. J'ai la chance de venir d'un pays nordique, cela me permet d'avoir déjà une expérience. Par contre, pour ma petite amie, on dirait bien que c'est la première fois. « Merci beaucoup, tu es adorable. » Je lui volais un doux baiser sur la joue pour la remercier. Je savais très bien qu'elle était honnête, ce n'était pas son genre de mentir et à quoi bon le faire ici. Que je sois la meilleure ou non sur le terrain n'allait pas changer ma vie, tant que je travaille dur, je peux progresser et avancer plus loin dans ma carrière. La file d'attente se terminait pour nous, il était maintenant temps de passer aux choses sérieuses. Nous nous tenons debout, alors que le télésiège vient buter contre nos jambes. Première étape passées, nous sommes toutes les deux assises et entières. L'engin s'éloigne de la station et nous prenons de la hauteur. Astrid saisit ma main et je tourne mon visage vers elle, un large sourire aux lèvres. « Je suis heureuse d'être ici avec toi. » Notre relation restait tout de même récente et venir à Pineshore avec elle était une première. Avec Astrid on découvre beaucoup de choses, je suis pour elle la première femme avec qui elle sort et elle est pour moi l’une de mes premières relations stables. « J’aime voyager et le faire avec toi, c’est génial. » J’entremêle mes doigts avec les siens et vient poser ma deuxième main sur la sienne.

L'air était bien différent ici, plus pur. Certes, le froid laissait des rougeurs sur ses joues et son inexpérience pour skier lui mettait la pression. Toutefois, elle ne pouvait pas espérer mieux que de profiter pleinement de ses vacances avec Joanne, sa petite-amie. Sortir avec une fille comme elle c'était prendre un nouveau départ, sa douceur, sa spontanéité plaisait beaucoup à Astrid, qui jamais ô grand jamais n'aurait imaginé passer le cap des six mois avec une femme. Il faut dire qu'elle n'avait jamais songé à sortir avec une femme. C'était le bonheur ! Bien sûr, elle était malade, ne vivait pas que des beaux jours, mais elle avait un soutien. Joanne l'aidait beaucoup, elle était là quand elle n'allait pas bien, elle partageait sa vie pour le meilleur comme pour le pire. Astrid lui était reconnaissante pour les efforts qu'elle faisait, car elle se doutait bien que ce n'était pas facile de partager quelque chose avec une fille malade. Les vacances commençaient déjà bien. Astrid ne pouvait s'empêcher d'évoquer le talent de sa petite amie. Il est vrai que le football féminin n'était pas aussi reconnu que le masculin, mais malgré tout, Joanne excellait dans son domaine. C'était d'ailleurs toujours un plaisir pour la blondinette de venir la voir jouer. Le télésiège arrivait plus vite qu'elle ne le pensait puisqu'à force de papoter, c'était leur tour. Elle se retrouvait donc assise aux côtés de sa magnifique moitié. Sa main venait à se poser sur la sienne, même si elle portait des gants. « Je t'aime Joanne Jacobsen. » Il lui avait fallu quelques mois, mais maintenant elle était parfaitement sûre de ses sentiments. « Tout est si beau vu d'ici, j'aime partager ces moments avec toi ! » Un large sourire illuminait son visage, alors qu'elle jetait un oeil à ce qui se tramait en dessous. Elle reportait ensuite son attention sur elle.

À cet instant précis, je me sens bien. Très bien même. Ce départ au ski avec Astrid me fait presque oublier la maladie qui est en train de la ronger. Ce truc qui me fait parfois vomir rien qu'en y pensant, comment une chose aussi horrible peut exister ? Et surtout, comment elle peut s'attaquer à une personne comme la blonde ? Mais, aujourd'hui, j'essaye de ne pas y penser, je mets tout mon cœur à l'ouvrage pour oublier, le temps de vingt-quatre heures. Astrid commence une phrase et me sort ainsi de mes pensées noires. Les mots qui viennent de sortir de la bouche de ma petite amie illuminent mon visage. J'ai l'impression d'avoir attendu ce ''je t'aime'' une éternité. C'est bien sûr réciproque, mais je n'ai jamais trouvé le bon moment pour le faire. J'étais peut-être un peu effrayée par ces sentiments naissant envers la belle blonde. Sacha est la dernière personne à qui j'ai prononcé ces trois mots et quelques temps après elle est décédée d'une overdose. J'ai eu peur qu'il se passe la même chose avec Astrid. Elle est différente, je le sais, mais personne ne peut me certifier que dans deux mois elle sera toujours là. Mais aujourd'hui, je suis prête à lui dire ce que je ressens pour elle. Je me mords légèrement la lèvre inférieure avant de lui répondre. « Je t'aime aussi Astrid. » Ma petite amie jette un coup d'oeil rapide sur ce qui se trouve sous nos pieds, puis elle repose son regard sur moi. Je m'approche d'elle et dépose un doux baiser sur ses lèvres, je pose ensuite ma tête sur son épaule. « Tu devrais m'accompagner en Norvège un jour, c'est différent, mais c'est très beau aussi. » Ce serait aussi l'occasion pour moi de lui présenter toute ma tribu. « On choisira une période où il n'y a pas trop de neige, ça t'évitera de faire du ski ! » Je suis un peu moqueuse, je l'avoue. Mais c'était trop tentant. Je relève ma tête et dépose cette fois-ci un baiser sur sa joue. « Je rigole ! »

C'est d'un romantisme, c'est tellement beau comme moment. Toutes les deux sur le télésiège, avec une vue improbable. C'est à cet instant précis que Astrid décide d'ouvrir son coeur. Elle lui avoue tout simplement les sentiments qu'elle éprouve pour elle. Pour certains ça serait peut-être un peu cul-cul la praline, mais venant d'Astrid c'était tout à fait sincère. Cela faisait plusieurs années maintenant qu'elle n'était pas tombée amoureuse. Brad avait été son unique amour, mais ça c'était bien avant que son coeur ne se mette à chavirer pour Joanne. Sa relation était très différente. Avec Brad, c'était bien, bien sûr, mais il n'y avait pas cette complicité entre eux, pas comme celle qu'elle avait avec sa petite amie actuelle. De ce fait, elle plantait son regard dans le sien, lui avouant ce qu'elle avait sur le coeur. Elle aurait bien aimé lui annoncer plus tôt, mais elle attendait le moment propice pour le faire. Ses battements s'accéléraient un peu plus, craignant la réponse de son interlocutrice. Toutefois, elle n'était pas déçue d'apprendre que ses sentiments étaient réciproques. Elle déposait un doux baiser sur ses lèvres, frissonnant de toute part, avant de caresser délicatement sa joue. « Je me joindrais à toi avec grand plaisir, ça me fera du bien de découvrir de nouveaux horizons. » Elle n'avait pas vraiment voyagé et découvrir un nouveau pays tel que la Norvège la réjouissait d'avance. Astrid avait toujours désiré voler, voyager, mais elle n'avait jamais vraiment eu le temps, ni les moyens pour se le permettre. « C'est une bonne idée, on ira en été. » Déclarait-elle en riant. Après tout, elle n'allait pas se risquer à venir en hiver, là où la neige est belle et bien là, c'était bien trop dangereux, surtout pour une si pitoyable skieuse. « J'aimerais beaucoup que tu viennes à San Francisco avec moi aussi. » Il fallait déjà qu'elle soit d'accord pour rencontrer sa famille, si ce n'était pas trop tôt pour elle. Après tout, cela pouvait se faire dans six mois, Astrid n'allait pas la presser, elle voulait prendre son temps.

Je semble libérée en lui avouant mes sentiments, après six mois de relation, elle sait maintenant ce que je ressens pour elle. Et savoir que c'est réciproque, c'est quelque chose en plus qui n'est pas négligeable. Je sais très bien que venant d'Astrid ces paroles sont sincères, et puis, à quoi bon me raconter des bêtises à ce sujet. A vrai dire, hormis la maladie de ma petite amie, les cachotteries ne sont pas vraiment présentes dans notre couple. Je ne me sens pas capable de lui mentir ou de lui dire des choses qu'au final je ne pense pas. C'est pour ça que ma demande de m'accompagner en Norvège sort tout naturellement de mes lèvres, en plus, à mon plus grand bonheur, elle accepte. « J'ai déjà beaucoup voyagé, mais je n'ai jamais été à San Francisco. Alors ce sera avec grand plaisir ! » Je suis toujours demandeuse de nouvelles découvertes et combiner cela avec la ville d'origine d'Astrid, c'est deux bonnes choses pour le prix d'une. Notre trajet au-dessus des pistes se termine. Le télésiège arrive en haut et la descente de cet engin est plus compliquée que la montée, enfin selon moi. Nos skis touchent de nouveau le sol et nous voilà propulsées sur plusieurs mètres. La vitesse finit rapidement par s'estomper et on se retrouve toutes les deux, en haut de la piste qu'on doit descendre. Il y a bien sûr d'autres personnes autour de nous, mais je n'y fais pas vraiment attention, mon regard est fixé sur ma petite amie. « Ça va ? » Un doux sourire vient se dessiner sur mon visage et je lui tends alors ma main pour qu'elle puisse la saisir et qu'elle avance un peu vers moi, à l'horizontale avant de se lancer dans la descente. Tout le monde peut voir qu'Astrid ne se sent pas à l'aise sur des skis, cependant, personne n'est là pour la juger. J'ai juste envie qu'elle profite un peu de nos vacances à la neige pour oublier un peu sa maladie. Ce n'est pas quelque chose de facile à faire. « Si vraiment tu ne le sens pas, on descend toutes les deux sur les fesses et on fait autre chose, ok ? » Dans tous les cas, je ne la laisserai pas seule, on est ici pour passer du temps ensemble.

Il faut bien avouer que Joanne est entré dans la vie d'Astrid au bon moment. Tout d'abord amies, les deux jeunes femmes se sont très vite rapprochés, pour le plus grand plaisir de la maîtresse. Sans elle, elle ne serait peut-être plus là, après tout, elle n'avait pas sa famille à ses côtés et à vrai dire, elle ne les avait même pas tenu au courant de sa maladie. Elle n'en était pas fière, toutefois, elle n'avait pas envie de les inquiéter, surtout que ses parents se faisaient très vite du soucis pour elle, que ce soit pour une simple égratignure ou une fin de mois compliqué à gérer. Malgré tout, elle avait tenu Joanne au courant, c'était bien trop dur de garder cela pour elle et elle savait parfaitement que celle-ci était digne de confiance, c'était sa petite-amie à présent. D'ailleurs, en apprenant que ses sentiments étaient réciproques, un léger soupir s'échappait d'entre ses lèvres. Elle était très rassurée et de le savoir et elle savait que Joanne était sincère. Ce n'était pas son genre de se jouer d'elle. « Je suis contente que tu acceptes, on planifiera cela un peu plus tard. » Elle n'allait pas tout planifier maintenant, préférant profiter pleinement de son séjour avec sa moitié, c'était bien mieux comme ça. Astrid se sentait malgré tout prête à la présenter à sa famille, parce qu'elle n'avait aucun doute sur sa relation.

Après quelques petites minutes riches en émotions sur le télésiège, voilà qu'elle reposait un pied sur la terre ferme. Astrid n'était pas très douée, mais elle n'avait pas envie d'abandonner, elle allait donner tout ce qu'elle avait pour profiter, quitte à se prendre des gamelles phénoménales. La descente va être compliquée et Joanne veut s'assurer que tout va bien pour elle, connaissant ses difficultés. « Ça va aller, on va essayer du moins. » Saisissant sa main, un sourire se dessinait sur ses lèvres, plongeant son regard dans le sien. Elle jetait un vague coup d'oeil à la vue qui s'offrait à elle, avant de regarder à nouveau Joanne. « Non ça va, j'ai vraiment envie d'essayer. On n'abandonne pas sans avoir essayé. » La peur était bel et bien là, c'est sûr, mais l'adrénaline aussi. « On y va ? » Demandait-elle, d'une voix très douce.

Je lui propose ma main, afin de la tirer vers moi avant qu’on ne s’élance dans cette descente. Mes yeux ne la quitte plus, je n’arrive pas à ne pas m’inquiéter pour elle, c’est plus fort que moi. Depuis l’annonce de sa maladie, j’ai l’impression d’avoir cette obligation, d’être surprotectrice avec elle. C’est sûrement dû à l’impossibilité de contrer ce qui la ronge. Et puis, il y a toujours Sacha dans ma tête. Pas que je suis toujours amoureuse d’elle, non, car maintenant il y a Astrid, mais j’ai toujours la crainte de revoir tout ça se reproduire. Je suis peureuse, je l’ai toujours été et c’est pour ça que je n’arriverais jamais à dire à ma petite amie que je suis tétanisée à l’idée de la perdre. C’est d’ailleurs elle qui me pousse, chaque jour maintenant, car je serais capable de ne rien faire, de peur qu’elle se ''casse''. « Oui je suis prête. Allons-y. » Je lâche sa main, elle risque d’en avoir besoin pour tenir son bâton et j’attrape le mien que j’avais mis dans mon autre main. Je la laisse prendre les devants et se lancer la première, une fois la chose faite, je me mets en marche derrière elle. Un léger sourire apparaît sur mon visage, elle s’en sort bien et je me fais beaucoup trop de soucis pour elle. J'ai parfois l'impression qu'elle est sur le point de perdre son équilibre, mais c'est tout à fait normal quand on ne skie pas souvent. La descente se fait trois fois plus vite que la monter et Astrid s'en sort plutôt bien. Elle peine peut-être un peu à freiner, car une fois arrivée en bas de la pente, je la vois continuer tout droit, jusqu'à ce que sa vitesse soit trop lente pour continuer. Je viens alors jusqu'à elle, un large sourire sur les lèvres. « En fait, tu m'as menti ! Tu t'en sors très bien je trouve. Aucune chute, aucun bobo, ça vaut presque un petit chocolat chaud ça. » Je rigole doucement. La température est loin d’être haute et avec ce trajet dans le télésiège et cette descente en ski, mes doigts commencent sérieusement à avoir froid. Les légendes sur les gens du Nord qui disent qu’ils résistent mieux aux faibles températures sont complètement fausses, je suis norvégienne et j’ai froid.

Spoiler:

Astrid observe rapidement l'horizon avant de descendre, la main dans celle de Joanne qui attend son feu vert avant qu'elle ne la lâche. Elle souffle un bon coup avant de saisir ses bâtons pour descendre. Elle n'est pas très douée, mais la descente se fait pourtant très facilement, c'est certainement le freinage avant l'arrivée qui va lui poser problème, mais elle ne préfère pas y penser. Avec le soutien de sa moitié, elle pouvait profiter pleinement de ce splendide paysage. C'est avec un large sourire sur les lèvres que la blondinette skie pour la première fois. Elle s'en sort même plutôt bien, enfin jusqu'à ce que la descente soit terminée et qu'elle tente de s'arrêter, mais en vain. Elle continue donc en poussant des légers cris en évitant plusieurs personnes. Astrid ne montre pas qu'elle a peur, alors que pourtant c'est le cas. Elle ralentissait donc à mesurequ'elle avancait avant de finalement se retrouver à l'arrêt. Elle qui s'attendait à finir dans un fossé ou même se prendre un arbre, est plutôt fière d'elle sur ce coup-là. Joanne la rejoint quelques secondes après, elle la félicite, ce qui lui fait chaud au coeur. « J'ai évitée le pire en fait ! Je n'ai même pas bousculer quelqu'un. » Déclarait-elle, un large sourire sur les lèvres. « Tu as été un véritable soutien, tu le sais ça ? » Sa main se posait rapidement sur sa joue avant qu'elle ne lui vole un baiser. Voyant Joanne trembler, elle esquissait un petit sourire. « Allons boire ce chocolat chaud ! » Lançait-elle, d'un ton très enjoué. La température était très basse et même Astrid commençait à avoir froid. Son visage était bien gelé. Elle prenait donc difficilement la route vers un petit café qui se trouvait à côté, elle avait un peu de mal à avancer avec ses skis et très hâte de pouvoir les enlever. Elle avait besoin de ce réchauffer.

Spoiler:

La descente se fait sans aucun problème, me voilà rassurée. Je savais que ma petite amie n'était pas rassurée à l'idée de faire cette descente en ski et parfois la peur nous paralyse, mais ici, l'inverse s'est produit, ou presque. Elle a descendu cette piste comme une patronne, aucune tamponnade, aucune égratignure, seulement quelques difficultés pour s'arrêter. J'arrive doucement vers elle, avec un large sourire dessiné sur le visage. Je la félicite et elle me dit que je suis un véritable soutien. Je lève un sourcil. Je n'ai pas fait grand-chose pourtant, elle seule à réussit à braver sa peur et à se lancer sur ses skis. « Je n'ai pourtant rien fait. Tu as réussi toute seule. » Elle vient plaquer rapidement ses lèvres contre les miens et instantanément, mon sourire s'élargit un peu plus. Je lui propose d'aller boire un chocolat chaud, chose qu'elle accepte très vite et autant pour moi, car je commence vraiment à avoir froid. Je reprends mes bâtons en mains et nous voilà parties vers le premier café que nous trouvons. Les gérants de ces endroits sont quand même très intelligents ! Ils se mettent au plus près des pistes pour être sûr que c'est chez eux que tu vas aller une fois ta descente faite. Une fois arrivées devant le bâtiment, nous déchaussons nos skis, que nous prenons ensuite dans nos mains et nous nous installons à une table disponible. Nous commandons toutes les deux un chocolat et nous le dégustons sans voir le temps passer. Je propose à ma bien aimée si elle désire faire une autre descente et aussi surprenant que ça puisse paraître, elle accepte. Nous repassons par l'épisode télésiège et nous voilà repartie pour une descente où Astrid semble déjà plus à l'aise. Après plusieurs minutes de plaisir, nous prenons mutuellement la décision de rentrer, de se mettre une bonne fois pour toute au chaud. En plus, l'hôtel nous réserve plein de surprises, alors nous ne sommes pas prêtes de nous ennuyer pendant ces vacances.

RP TERMINÉ