~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
   J’étais dans la bande des élèves populaires, mais je m’y sentais comme un imposteur. Ma meilleure amie du lycée et moi étions devenues amies par hasard, étrangement c’était l’entente parfaite. Nous nous complétions à merveilles l’une et l’autre. Nous étions toujours ensemble. Malgré ma timidité et ma réserve envers les autres, elle me traînait toujours partout et jamais je n’ai eu l’impression d’être un boulet pour elle. Toutefois voilà, à l’exception d’elle, je n’avais pas de copines. Nous étions toujours avec ses amis à elle, une bande de populaire. Pourtant, je n’avais rien en commun avec eux. J’aimais les études, j’aimais avoir de bons résultats et ma réputation était celle d’une fille douée avec les études. Avec eux, avec cette bande, j’avais le souffre court. Je ne me sentais jamais à ma place. C’était toujours quelque chose de robotique. Même lorsque je parlais, c’était comme si je parlais chinois. Ce n’était pas désagréable, mais je ne recommencerais jamais cette partie de ma vie. Je me regarde aujourd’hui, pour reprendre les mots d’Elsa d’Arendelle : Je suis libérée et délivrée. Je ne reviendrais jamais à cette époque.

      ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
   Est-ce que je suis heureuse ? Je ne me souviens pas d’avoir été aussi heureuse une fois dans ma vie. Je me lève le matin en même temps que le soleil, je débute ma journée avec le sourire et la joie dans le cœur. Toute la journée je fais ce que j’aime, c’est-à-dire plusieurs choses différentes. Je m’occupe de l’entretien des maisons du coin où je suis, je me fais mon petit salaire qui me permet de manger et de mettre de l’essence dans ma camionnette qui me sert de maison. Je sillonne les montagnes et les forêts du Canada. Je vie loin de cette technologie de merde qui rend tout le monde cinglé. Je me fiche de savoir combien de Like j’ai sur ma photo de profil. J’ai vu une renarde mettre bas ses petits. J’ai adoptée l’un des bébés renards lorsque j’ai vu sa mère ne s’en occupait pas. Fox et moi, c’est à la vie à la mort. Donc oui, je suis heureuse. Je suis exactement là où je dois être et c’est la sensation la plus folle que je n’ai jamais vécue. Loin de ma famille. Loin de tout. Près de mon âme.

      ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
   Je ne suis pas une personne pessimiste, loin de là. J’aime me dire « Ce n’est que temporaire. ». Lorsque quelque chose ne fonctionne pas, je me raccroche à cette idée. Ce n’est donc pas d’être pessimiste de dire que je ne sais pas si je serais toujours vivante dans dix ans. Ma façon de vivre un peu hippie, ma vision des choses libertine. Je ne m’imagine pas avec un homme et des enfants, ni dans une maison, ni ailleurs. Je m’imagine moi et Fox. Ensemble et c’est tout. Je n’arrive pas à me voir plus loin, de toute manière je préfère m’abstenir de le faire. Je sais que de trop vivre dans le futur l’on finit par faire des dépressions nerveuses. Je vie maintenant et dans dix ans je serais où je dois être, de toute manière. Ce qui doit arriver, vas arriver. Loi de Murphy.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Framboisine. ÂGE: 21 ans. PAYS: Canada. PRÉSENCE: 7/7 COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? pub-rpg-design  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? scénario de Terry AUTRE CHOSE À AJOUTER?    

Fox était couché sur mes genoux, je lui caressais le dessus de la tête. Mon adorable petit renard, mon bébé que j’ai sauvé d’une mort imminente. Son pelage était doux et soyeux. Pendant une fraction de seconde je ressenti un élan de jalousie monstrueuse envers mon bébé, mon animal de compagnie. Il dormait là, tranquillement et il savait qu’il pouvait compter sur moi. Il savait que je serais toujours là pour lui. N’avais-je pas été là dès les premiers instants de sa vie ? Fox, je le savais, avait une confiance en moi sans limite. Je crois qu’il le sentait que nous étions pareils lui et moi. Nous étions différents. Lui, par sa couleur blanche, et moi par les fissures dans mon âme. Nous étions des rejets de la société et nous pouvions comptés que l’un sur l’autre. J’étais jalouse de lui parce que parfois, moi aussi, j’aimerais ça avoir quelqu’un qui me protègerait au péril de sa vie. Fox était un petit bébé, il n’était pas bien vieux et il se lovait encore parfaitement contre mon ventre. Lorsque mon cerveau prenait le temps d’analyser comme il faut mes émotions, je me trouvais débile. J’étais jalouse de l’amour que moi-même j’offrais à mon petit animal de compagnie. J’étais jalouse du fait que je l’aimais sans limite. C’était ridicule et rapidement je repoussais cette émotion malsaine plus loin de mon esprit. Une personne normale n’éprouvait pas ça envers son animal.

Une douce odeur de pains-grillés flottait dans l’air. Mon estomac criait famine juste en imaginant mes dents croqués dans une tranche de pain dégoulinante de miel. Mamie Fergusson préparait mon petit déjeuner. Je ne me sentais pas très à l’aise avec ça, mais cela semblait tellement lui faire plaisir de me faire plaisir que je me gardais de lui dire que je pouvais faire moi-même mon repas. En échange, depuis que j’étais arrivée ici quelques jours auparavant, je m’occupais de la lessive et de la vaisselle, les tâches que j’ai toujours détestée le plus, pourtant cela me faisait beaucoup de bien de la remercier. Mamie Fergusson acceptait même Fox sous son toit et franchement, juste pour ça elle avait ma reconnaissance éternelle. « Madame Fergusson, vraiment, ce n’est absolument pas nécess… » La vieille dame qui portait encore son peignoir de nuit leva son regard doux vers moi. « Combien de fois fais-je devoir te le dire, c’est ‘’Mamie’’. Tu fais partie de la famille, pas vrai Nahuel ? » Je tournai doucement ma tête vers Nahuel, l’un des petits-fils de Mamie Fergusson, depuis mon arriver ici c’était mon partenaire de petit-déjeuner. « Absolument grand’m’man. » Nous échangions un sourire complice. « Est-ce que Fox aimerait nos restants d’hier soir ? » Comme si mon bébé savait que l’on parlait de lui, il se leva d’un bon, m’enfonça ses griffes dans ma cuisse. « On dirait bien que oui. » lâcha Nahuel, un sourire en coin. « J’approuve. » Ma tête se tourna rapidement en direction de sa voix, à lui. Il se tenait droit contre le rebord de la porte de cuisine. « Grand-m’man, tu es une vraie perle. »

Cette famille était gentille. Tellement différente de la mienne. Mon cœur se serra dans ma poitrine lorsque je m’autorisa un petit séjour dans mes souvenirs. Nous vivions dans un minuscule appartement dans une région Francophone de la Saskatchewan. Ma mère était Québécoise d’origine, elle était venue s’installée ici bien avant notre naissance pour être auprès de mon père. C’était un garçon qu’elle avait rencontré sur l’internet. Bref. Nous étions assises toutes les trois autour d’une table sale de la veille. Ma mère avait les cheveux gras, elle portait des vêtements de prostituée. Alexis était toujours assise à ma droite, elle grignotait du pain, enfin, elle grignotait ce qui n’était pas encore vert. Alexis allait être malade et j’allais devoir m’en occupée. Ma mère était méchante, elle finissait toujours par dire combien nous étions des bonnes à rien. « Gaby. You-hou ! » Une main se secouait sous mes yeux, m’arrachant de mes pensées. « Eum ? » C’était Nahuel. Ce garçon était drôle. « T’es yeux sont croches lorsque tu penses. » J’éclatai de rire au même instant où Mamie Fergusson déposa devant moi mon repas du matin. Terry s’installèrent en face de moi. « C’est vrai que t’es laide avec les yeux croches. » Mamie Fergusson tira la chaise qui était près de moi. La scène était belle, la scène était typique. Je ne sais pas si c’est une mascarade pour m’impressionnée ou si c’est comme ça tous les jours, mais j’aime ça. C’était ça pour moi une vraie famille. Tout le monde déjeuner, discutait – sauf pour Terry qui écoutait – et c’était agréable. Ça partait toujours bien une journée.

C’était tellement beau que mon cœur se serra dans ma poitrine. Pour la première fois je goûtais à c’était quoi une famille. Une vraie famille.