(#) Sujet: you know the secrets i could never tell Lun 16 Fév - 15:59
toi et moi contre le monde
« Non. » murmurait-elle en tournant en rond dans sa couchette. « S’il te plaît… » Gabrielle sera entre ses doigts les draps propres que Mamie Fergusson avait installée dans la journée. « Laisse-moi… » La sueur perlait sur son front. Elle rêvait pour une centième fois à sa mère, sa mère qui s’approchait d’elle avec à la main une paire de ciseau et qui lui répétait qu’une fille avec les cheveux longs c’était laid et qu’elle devait les couper. « Maman… » Cela ressemblait à un cri étouffé. Fox se réveilla. Il devait ressentir la détresse que sa maîtresse avait. Gabrielle ne dormait jamais bien, elle cauchemardait souvent à sa vie d’autrefois. « S’il te plaît, maman… » Elle commençait à bouger beaucoup, ses bras et ses jambes étaient secoués de spasmes, Fox en tombant en bas de la couchette. « MAMAN ! » Gabrielle se redressa dans son lit, le cœur au bord des lèvres, prise de panique. Les larmes coulèrent le long de sa joue, silencieusement. Elle devait reprendre son calme, ce qui fort heureusement ne sera pas difficile. Elle était dans une chambre qui étrangement était la sienne depuis quelques jours. Mamie Fergusson avait incroyablement insistée pour que Gaby vienne en ville avec elle choisir des rideaux qui lui plaisaient. Une petite photo de Fox et elle était encadré et trônait comme un trophée sur la commode. Fox grimpa sur le lit et vint se blottir contre le cou de sa maîtresse. Gabrielle le sera fort dans ses bras, laissant couler quelques larmes encore.
La vie qu’elle avait vécue avant lui semblait irréelle. Cela faisait maintenant plus de trois ans maintenant qu’elle avait quitté la Saskatchewan. C’était comme-ci tout ce qu’elle avait vécue avant de devenir ‘’Gaby’’ n’était qu’une histoire qu’on lui avait raconté. C’était un rêve, un cauchemar. Maintenant, elle vivait une vie qu’elle avait choisie. Gaby glissa une main dans ses cheveux humides, probablement causé par le cauchemar. La Canadienne tourna la tête vers son cadran. 3 :55. Il était tard… ou tôt, tout dépendait du point de vue de la chose, évidemment. La demoiselle se glissa hors du lit, l’air froid lui chatouilla les orteils et lui donna soudainement envie d’aller se soulager à la salle de bain. Le hasard voulu qu’en sortant de la salle de bain elle remarqua une faible lueur sous la porte de la chambre de Terrence, le garçon qui l’avait conduite jusqu’au manoir de Mamie Fergusson, là où vivait Nahuel et lui-même. Un petit sourire se forma sur son visage. Leur première rencontre avait été cocasse. Ils s’étaient rencontrés par pur hasard. Elle était en ville par accident. Tout était qu’une coïncidence, une heureuse coïncidence.
Elle s’avança sur la pointe des pieds, les plancher craquaient ici et c’était la seule chose qui la rendait nauséeuses dans cette maison. Elle toqua deux petits coups, plus par habitude que pour une quelconque raison de respect. Depuis son arrivée c’était la troisième fois qu’elle venait le rejoindre. Gaby se glissait sous les couvertures du garçon et ils restaient là, l’un à côté de l’autre, en silence. Il était arrivé à Terry de glisser ses doigts le long du bras de Gabrielle, mais sans plus. Contrairement à ce que Mamie Fergusson croyait ils ne couchaient pas ensemble. Gabrielle se surprenait parfois à se dire que de toute façon, Nahuel était plus son genre de garçon que Terry. Gaby ouvrit la porte doucement, comme-ci elle avait peur de réveillée quelqu’un dans cette immense maison. « Terry, c’est moi. » Elle n’avait pas l’impression que cela pourrait être une autre personne qu’elle. Gaby referma doucement la porte de la chambre de Terrence Fergusson. Le plancher était froid, elle sautilla silencieusement jusqu’au lit du garçon qui l’avait prise sur la route. « Il fait froid. » Lorsqu’elle se traina jusqu’à sous les couvertures, une sensation qu’elle adorait la saisit. C’était lorsque le chaud chatouillait sa peau et que le froid la se battait pour rester sur elle. Gaby appuya sa tête sur l’oreiller de Terry.
Gabrielle Harrisson n’était pas cette fille super bavarde sur sa vie. Ou plutôt, si elle l’est, elle raconte à qui veut l’entendre – et même ceux qui ne veulent pas l’entendre – toute les aventures qu’elle à vécue dans les trois dernières années. Avant ça, elle se fait discrète. Elle se contente parfois de verser une larme ou deux, comme à son réveil d’un cauchemar et souvent l’émotion disparaît. Pas ce soir-là. Gabrielle avait envie de se confier à un ami. Terry était ça pour elle, depuis le tout commencement ; un ami. Lorsqu’elle le regardait, une tendresse sans fin s’agrippait à elle et elle avait envie de lui faire découvrir la vie. Ce garçon semblait manquer cruellement de quelque chose, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. « Mon père s’est suicidé quand j’avais trois ans et que ma sœur venait tout juste de naître. » Elle était comme ça, cette jeune vagabonde, surprenante et imprévisible. Elle haussa tout simplement les épaules, elle n’avait rien à dire de plus. Il n’y avait rien à dire de plus. Puis, ça la frappa. Si elle avait eu l’impression qu’elle devait le protéger, le guider et tout ça c’était parce que son inconscient lui disait qu’il ressemblait à son père.
(#) Sujet: Re: you know the secrets i could never tell Jeu 19 Fév - 14:29
you know the secrets i could never tell
gaby & terry
well i tried to control it, and cover it up, i reached out to console it, it was never enough, never enough. so i tried to forget it, that was all part of the show, told myself i'd regret it, but what do i know, about all these useless dreams of living alone, like a dogless bone ✻✻✻ Terry tourna la tête et regarda l'heure qui s'affichait sur son vieux réveil. Une heure du matin. Il fixa le plafond et soupira. Il n'arrivait pas à dormir. Toujours pas. Il essayait de se coucher le plus tard possible, il attendait que la fatigue vienne le prendre afin qu'il puisse s'endormir directement, mais ça ne fonctionnait jamais. Il pouvait avoir les yeux lourds quelques minutes, se glisser sous les draps et rester parfaitement éveillé. Parfois, peu importait l'heure il ne ressentait pas une once de sommeil, alors il s'allongeait malgré tout. C'était le cas, ce soir. Il avait tranquillement mangé avec sa grand-mère, Nahuel et Gaby, il était resté parler - oui, parler - quelques minutes, et puis il était remonté dans sa chambre. Il n'avait rien fait de particulier, il avait trié quelques feuilles de paie, c'était subitement mis à chercher son contrat, qu'il avait perdu, et puis avait passé mentalement en revue toutes les réparations qu'il aurait à faire le lendemain. Il s'était mis au lit rapidement, espérant séduire Morphée en ne se couchant pas trop tard, mais il fallait croire qu'elle était insensible au charme de Terry. Cela faisait à présent trois heures qu'il se retournait dans son lit, qu'il pensait à tout et rien, qu'il ne cessait de ressasser les raisons de ses insomnies. Du moins, les raisons qu'il voulait bien accepter. Cela faisait deux semaines qu'il était passé au médicament de substitution, celui qui lui permettait de ne plus prendre d'héroïne. D'ailleurs, il avait jeté dans les toilettes le reste de poudre qui lui restait. Ça lui avait fait mal au cœur, bien sûr, parce que c'était soixante-dix dollars qui partaient en un coup de chasse d'eau, mais le regard fier de sa grand-mère avait aussitôt effacé sa frustration. Il était fier de lui-même, à vrai dire. Il lui aurait fallu du temps pour s'en sortir, mais si on faisait un pas en arrière et qu'on observait la situation objectivement, il n'avait pas pris tant de temps que ça. Cela faisait environ un an qu'ils étaient arrivés à White Oak Station et des progrès, Terry en avait fait. Beaucoup. En quelques mois, il était passé de toxicomane profond à ancien toxicomane. Même son toxicologue l'avait félicité. Il ne se droguait plus donc, et prenait ses petites gélules blanches pour combler le manque. Il fallait qu'il en prenne deux, trois fois par jour, et une supplémentaire s'il ressentait le besoin de prendre de l'héroïne, de la vraie : mais dans ce cas-là, c'était une petite pastille bleue. Ces pastilles-là, Terry ne le savait pas, mais elles ne contenaient rien. C'était l'effet Placebo, et ça marchait à chaque fois. La grosse partie de son addiction c'était dans la tête, de toute façon. Il ne ressentait plus tellement de manque, il se sentait bien, sain. Mais il n'arrivait pas à dormir. Si son esprit s'habituait plus ou moins bien, son corps n'y arrivait pas encore. Il n'y avait plus le manque physique, atroce, qui fait trembler les mains et transpirer, mais il manquait quelque chose malgré tout. Et ça, ça l'empêchait de dormir.
Terry tourna la tête une nouvelle fois : il était quatre heures du matin. Peut-être qu'il avait réussi à s'endormir, au final. C'était toujours comme ça, de toute façon : il s'apercevait qu'il avait dormi une fois qu'il se réveillait. Il n'avait pas dû se sentir partir, parce que sa lumière de chevet était toujours allumée. Il se passa une main sur le visage, machinalement. La porte de sa chambre s'ouvrit et il leva les yeux. C'était sûrement pour ça, qu'il s'était réveillé. Il avait dû entendre Gaby approcher. Il se décala un peu sur le lit afin qu'elle ait la place de s'allonger. C'était la troisième fois qu'elle venait le rejoindre. Terry ne savait pas trop quoi penser de ça, il essayait d'ailleurs d'y réfléchir le moins possible. Ça lui paraissait si naturel, elle et lui, allongés à côté, sans dire grand chose, sans rien faire... il ne voulait pas trouver de raison, il ne voulait pas trouver d'explications. Ils étaient bien, c'est tout ce qui comptait. « C'est normal, j'mets pas de chauffage. » C'est tout ce qu'il trouva à dire. On était en plein hiver, le manoir était mal isolé, et en effet il ne mettait pas de chauffage. Il préférait vivre dans le froid à vrai dire, ça lui réveillait l'esprit. Et puis, une fois qu'il était sous les couvertures, la chaleur humaine suffisait à le réchauffer. Il se plaisait à penser que sa chaleur réchauffait aussi Gaby. Il croisa ses mains et les plaça derrière sa tête, son coude frôlant le haut du crâne de son amie. (Son amie. Terry avait enfin, après tout ce temps, une amie.) Il pencha un peu la tête, son regard accrochant momentanément celui de Gaby, avant de fixer de nouveau le plafond. Celui-là, il devait se sentir bien observé. « Mon père s’est suicidé quand j’avais trois ans et que ma sœur venait tout juste de naître. » Terry écarquilla ses yeux. S'il y avait bien une chose à laquelle il ne s'attendait pas, c'était d'entendre une chose pareille de la bouche de Gaby. Ils n'avaient pas beaucoup parlé de leur vie, tous les deux, seulement les banalités. Terry pensait vraiment que celle qu'il avait recueillie sur le bord de la route était ce qu'elle laissait paraître : une fille joyeuse, qui profitait de la vie, qui en avait eu une belle. Il fallait croire que ce n'était pas le cas. « Mes deux parents sont morts, en même temps, dans un accident de voiture. J'avais vingt ans. » Terry ne l'avait jamais dit, à personne. Vraiment personne, personne personne personne.