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 #0666, need you so much (fergussons)

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Message(#) Sujet: #0666, need you so much (fergussons) #0666, need you so much (fergussons) EmptySam 15 Nov - 20:13


i'm sorry to bother you, i'm sorry to spoil your day. i'm sorry to turn your laugh into tears. i'm sorry, but i need you so much. tumblr, .narnienne


Il s'en était passé du temps, depuis la dernière conversation que les deux frères avaient eu, aux pieds des escaliers du sombre manoir où ils habitaient. Plus de trois mois qu'ils s'étaient parlés comme jamais ils ne l'avaient fait, quatre-vingt dix jours que l'espoir avait refait surface dans leur cœur et leur esprit. Avant ça, Terry n'aurait jamais pu penser, ne serait-ce qu'imaginer, qu'un futur meilleur puisse se profiler. Pour lui, ce n'était jusqu'alors qu'un tunnel noir et sans issue ; depuis, il avait réussi à entrapercevoir quelques petites lumières. Faibles certes, mais elles étaient là, tapies dans l'ombre. Il avait compris que tout n'était pas perdu, qu'il pourrait peut-être être sauvé de l'enfer dans lequel il vivait depuis trop longtemps, qu'il pourrait peut-être redevenir le frère que Nahuel aurait voulu qu'il soit. Il avait le mince espoir qu'ils forment, à eux deux, la famille qu'ils n'avaient plus vraiment.

Terry fixait sa main tremblante, à la lumière du clair de lune qui passait à travers son velux. Il agrippa ses cheveux de son autre main et serra la mâchoire. Cela ne pouvait pas arriver, pas maintenant. Pas après tous les efforts qu'il avait fait jusque là. Il ferma les yeux et appuya les paupières de toutes ses forces. Sa respiration accélérait de plus en plus et il n'arrivait plus à la contrôler. En général, il lui suffisait de se concentrer sur le silence, seulement troublé par les craquements du vieux parquet, de repenser à sa grand-mère, à Nahuel, à Eloïse aussi ; et il se calmait de lui-même. Mais là, ça ne suffisait plus. Il en avait terriblement envie. C'était encore pire qu'avant, avant qu'il commence ses rendez-vous avec le toxicologue. Terry se leva et ouvrit son armoire à la volée. Il fixa les grands sacs de courses qui se trouvaient tout en bas et referma la porte. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas foutre en l'air tout le travail qu'il avait accomplit. Cela faisait plus de deux mois qu'il se rendait régulièrement chez le spécialiste, qu'il mettait en pratique les exercices qu'il lui donnait, qu'il réussissait d'ailleurs avec succès. Il avait considérablement baissé sa consommation d'héroïne et même d'alcool. Il lui en fallait toujours une petite quantité par jour, bien sûr, mais ce n'était plus qu'en réponse aux besoins physiques de son corps. Il n'en prenait que parce que c'était devenu vital pour lui. Il n'en avait plus envie comme auparavant, il n'en voulait plus pour se relaxer, pour s'échapper du monde dans lequel il vivait. Il n'en voulait plus jusqu'à maintenant.

Terry se cogna la tête contre la porte de sa chambre. Des larmes coulèrent le long de ses joues et il ne put les retenir. Deux mois, deux longs mois. Ils ne pouvaient pas être vain. Il avait pensé naïvement qu'il ne suffirait que de ça, que de quelques séances chez un toxicologue pour mettre fin à ses addictions. Que s'il y mettait un peu du sien, il s'en sortirait sans trop de problèmes. C'était malheureusement sans compter tout ce qui était enfoui en lui. Toutes ces cicatrices qui étaient encore à vif, que le temps n'avait pas su panser. Toutes ces blessures que seuls l'héroïne et le whisky avaient su apaiser, et qui, maintenant qu'ils se faisaient plus rares, ressurgissaient avec encore plus de véhémence que par le passé. Il lui fallait une dose pour les calmer, Terry le savait. Une dose ou plus. Probablement plus. Il était conscient que s'il cédait à la tentation maintenant, il n'en ressortirait plus. Il se rappela les paroles de sa grand-mère et les larmes coulèrent de plus belles. « Tu devrais aller voir un psychologue, Terry. Si tu ne t'attaques pas à la source du problème, tu te retrouveras toujours au point de départ. Tu auras beau penser que tu vas mieux, tu n'iras jamais vraiment bien. Et tes démons viendront pour te le rappeler. » Il aurait dû l'écouter, il savait qu'il aurait dû l'écouter. Au lieu de ça, il avait cru bêtement qu'il n'en aurait pas besoin, que ça n'y changerait rien. Qu'il n'aurait qu'à se défaire de sa toxicomanie pour que tout soit comme avant. Avant que son grand-père meurt, avant que ses parents meurent, avant que Nahuel tente de mourir.

Il comprenait à présent que ce n'était pas aussi simple, que ça ne serait jamais aussi simple.

Terry frappa trois petits coups à la porte de la chambre de son frère. Il n'avait encore jamais fait ça. Il ne savait même pas à quoi ressemblait l'intérieur de cette pièce. Ces derniers mois, ils s'étaient davantage comportés comme des frères. Terry répondait à Nahuel quand il lui posait des questions, ils mangeaient plus régulièrement ensemble, et l'aîné, comme il l'avait promis, n'avait pas haussé le ton une seule fois. Il n'en avait de toute façon pas ressenti le besoin ni l'envie. Leur grand-mère n'avait jamais été aussi heureuse depuis qu'elle avait emmené ses deux petits fils à White Oak Station. Elle aussi, elle commençait à entrevoir de l'espoir pour ces deux orphelins qu'elle aimait comme ses propres fils. L'atmosphère avait changé, oui, mais Terry n'en restait pas moins renfermé, silencieux, froid. Comme il l'avait prédit, il ne s'était pas mis à sourire du jour au lendemain. C'était encore beaucoup trop compliqué pour lui. Il ne s'était pas non plus confié à son frère comme il le lui avait demandé de faire s'il en ressentait le besoin. Il ne s'en était pas senti capable. Il avait préféré s'enfermer dans sa chambre et laisser le temps faire effet. Sauf que ce soir, c'était différent. Il ne s'agissait plus d'une simple petite baisse de motivation. C'était beaucoup plus que ça. C'était une seconde descente aux enfers.

Après quelques temps, la porte finit par s'ouvrir. Terry avait le regard perdu au loin, fixant sans le voir un point sur le mur du fond de la chambre. Son visage était ravagé par les larmes et sa respiration était saccadée. Il n'avait jamais été dans un tel état. « Je suis désolé Nahuel » finit-il par articuler, le regardant enfin dans les yeux. Désolé de te déranger. Désolé de gâcher ta soirée. « Je… j'y arrive plus. J'en peux plus. J'y arrive plus Nahuel. » J'arrive plus à tenir le coup. À résister.

À vivre.
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Message(#) Sujet: Re: #0666, need you so much (fergussons) #0666, need you so much (fergussons) EmptySam 20 Déc - 17:03


i hope you learned a lesson about hurting the ones you really love cause I was a soldier for you, 'would have done anything to prove it to you.  maybe we can get on track. you, .narnienne


Je suis dans ma chambre, allongé sur mon lit, les bras croisés derrière la tête. J'observe distraitement le plafond en bois. J'ai allumé le chauffage, alors il fait juste assez chaud pour me détendre et au passage décongeler mes doigts gercés par le froid. J'ai passé le plus clair de ma journée dehors, d'abord en m'exerçant au foot, seul dans le jardin. C'est vraiment un sport que j'aime. Puis je me suis occupé de mon vélo, rouillé par le temps et la pluie tombée hier. Il est temps que je me trouve un autre moyen de locomotion. Je lorgne sur ce van depuis tellement longtemps... Je l'aurais pour une bouchée de pain si ce n'est qu'il faut impérativement que je passe mon permis, et là, financièrement, c'est tout autre chose. On ne peut pas se le permettre. Mes études nous coûtent déjà suffisamment cher. J'essaye d'économiser un peu, mais pour l'instant j'ai juste assez pour le van. C'est déjà ça... Peut être que demain j'irais l'acheter, pour ne pas qu'il me passe sous le nez. Puis le temps que je l'entretienne... Oui, peut être que j'arriverais à amasser assez d'argent. Quoi qu'il en soit, je ne pourrais pas le conduire tout de suite. Un soupir s'échappe de mes lèvres entrouvertes. Je me redresse en position assise, les jambes en tailleur, mes mains de part et d'autre de mon visage, entourant mon nez. Je ne vois qu'une solution : je dois me trouver un travail. En plus de mes études, en plus des quelques projets cinématographiques que je mène, en plus de l'aide que j'apporte à grand-mère dans la boutique. Ça mettra un peu de beurre dans les épinards, comme on dit.

Je suis extrêmement fatigué. Faut dire, je passe des nuits agitées ces derniers temps. Je stresse à cause des exam' qui approchent à grands pas. J'ai toujours aussi peur du manoir, parce que j'ai l'impression de devenir fou. Heureusement, la visite de Dylan l'autre jour m'a quelque peu rassuré... si on peut dire ça. Il y a bel et bien quelque chose qui cloche ici. Et puis j'ai également peur pour Terrence. Je vois bien tous les efforts qu'il fait pour nous depuis notre discussion. Il boit de moins en moins, idem pour toutes les drogues qui l'ont transformé en épave au fil des années. Il consulte un toxicologue. Jamais je n'aurais cru qu'il accepterait de le faire un jour. Et puis surtout... il ne m'ignore plus. Evidemment, il n'est pas non plus devenu un bisounours avide de câlins et de tendresse, mais je ne me suis pas fait d'illusion à ce sujet. Terrence fait tout ce qu'il peut pour redevenir mon frère, redevenir quelqu'un de vivant, quelqu'un sur qui on peut compter. Je le vois bien, et je lui en suis tellement reconnaissant ! Mais j'ai peur... parce qu'un jour ou l'autre, il va finir par craquer.

J'entends du bruit pas loin. Je crois que ça vient de la chambre de Terry, justement. Je fronce les sourcils. Que se passe-t-il ? Je bascule mes jambes sur le côtés pour m'asseoir en travers de mon lit, les pieds sur le sol. Je tends l'oreille. Plus aucun bruit ne me parvient. J'attends encore quelques secondes et, au moment où je conclus que rien de grave n'est arrivé, j'entends des pas lourds et maladroits se diriger vers ma porte. Trois petits coups lui sont frappés. Ils semblent résonner dans le couloir, dans ma tête. Mon regard est rivé sur la porte, j'ai le coeur battant. Que vais-je trouver derrière elle ? Terry, ça j'en suis certain. Mais dans quel état ? Je me passe une main dans les cheveux, comme à chaque fois que je suis stressé, puis je finis par ouvrir la porte. Devant moi se tient Terry, comme je l'imaginais. Mais je vois tout de suite que quelque chose ne va pas. Je décèle rapidement la détresse dans son regard agité. Il semble avoir du mal à respirer et les larmes coulent encore le long de ses joues. Cette vision me fout un coup au coeur. Je déteste voir mon frère ainsi. Pour moi, il sera toujours solide comme un roc. Pourtant j'ai bien été témoin de sa descente aux enfers, de ce que la vie a fait pour le détruire. Mais ce seront toujours mes yeux d'enfant qui le regarderont. Du regard que je lui portais déjà quand nous étions gosses. « Je suis désolé Nahuel. » Mon coeur se sert. Automatiquement je me dis qu'il a craqué, qu'il a cédé et s'est descendu une bouteille entière de whisky d'un seul trait. Je conserve cependant mon silence, le laissant poursuivre. « Je… j'y arrive plus. J'en peux plus. J'y arrive plus Nahuel. »

Je comprends rapidement ce qui se passe. Je comprends que Terry n'a pas encore craqué, mais qu'il est sur le point de le faire ; que ce n'est pas qu'une question de dépendance physique à l'alcool ou à la drogue mais quelque chose de plus profond, que ses vieux démons reviennent le hanter. Je le tire doucement vers l'intérieur de ma chambre et referme la porte derrière lui. Je l'entraîne sur mon lit et le force à s'asseoir avec toute la délicatesse dont je peux faire preuve - ça ne servirait à rien de le brusquer. Je tire ensuite ma chaise de bureau et m’assois dessus pour lui faire face. Au début, je ne sais pas quoi lui dire. Les mots ne me viennent pas. Puis j'essaye de me mettre à sa place, de trouver le noeud du problème. Ma voix est douce quand je finis par lui parler. « T'as déjà fais un chemin incroyable, Terry. T'imagines même pas comme j'suis fier de toi. » C'est tellement vrai. Terrence est fort. C'est pas évident de sortir de la drogue, elle qui semble alléger la souffrance. J'en sais quelque chose. Et quand on arrête, la peine et le malheur nous reviennent en pleine face avec une vigueur qu'on n'imagine même pas. Mais il faut tenir... Tenir sans rechuter. « T'as bien fait de venir. » Je lui en suis également reconnaissant. Ça me fait plaisir qu'il ait définitivement tenu ses promesses en venant me voir quand ça ne va pas. C'est la première fois qu'il le fait, et ça prouve bien que les choses vont vraiment mal. « Ce qu'il te faut, c'est parvenir à tourner la page. Sur tout ce qu'on a vécu. Pas seulement sur l'alcool, mais ça tu le sais déjà. » Terrence a refusé d'aller voir un psychologue, j'imagine qu'il en paie le prix fort en cet instant. Je plonge mon regard dans le sien. « Demain, on ira prendre rendez-vous pour toi avec un psychologue. Mais pour ce soir... C'est moi qui vais m'occuper de toi. » J'ai l'impression de lui parler comme une mère parlerait à son fils, mais je m'en moque. Je refuse de le laisser replonger. Pas après tout ce chemin. Je me lève et vais lui préparer un verre d'eau - j'ai toujours une carafe pleine dans ma chambre, heureusement celle-ci est encore assez fraîche. Je lui tends le verre, je sais que ça lui fera déjà un peu de bien. En même temps je cherche ce que je pourrais lui dire de plus, comme conseil. Parce que moi aussi j'étais sous l'influence de drogues, j'étais un gros fêtard à une époque, mais certainement pas au point de Terry. Il m'a "suffit" d'un accident au GHB et d'une tentative de suicide pour exécrer au plus au point toutes ces substances illicites. Bien sûr, ce n'est pas une solution pour mon frère. Mais alors que faire ? « Dis-toi que tu n'es pas seul. » C'est tout ce que je trouve à ajouter. Parce que je sais que c'est ce sentiment qui nous pousse à bout. Ce sentiment de solitude, de détresse. Comme si le monde ignorait jusqu'à notre existence et qu'il tournerait tout aussi bien sans nous. Non, le monde ne tournerait pas rond sans Terrence. Mon monde ne tournerait plus du tout.
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Message(#) Sujet: Re: #0666, need you so much (fergussons) #0666, need you so much (fergussons) EmptyDim 28 Déc - 18:35


i'm sorry to bother you, i'm sorry to spoil your day. i'm sorry to turn your laugh into tears. i'm sorry, but i need you so much. tumblr, .narnienne


Terrence était hébété, complètement ailleurs. Si c'était possible, il serait probablement dans une autre dimension, dans un univers parallèle à celui du commun des mortels. En cet instant précis, c'était tout comme s'il était entre la vie et la mort, sauf que ses jours n'étaient pas en danger. Sa santé physique n'était pas à craindre ; plus maintenant. Son esprit, lui, était autrement plus fragile. Il s'était brisé il y a des années, et n'avait jamais vraiment cicatrisé depuis. Terry avait vécu avec un cœur broyé et une âme détruite. Il n'avait jamais cru en Dieu, il n'avait même jamais pensé à le croire. Il ne voyait pas comment il était possible de croire en quelqu'un supposé incarner l'amour, la paix et le bonheur, quand tout ce que lui-même avait vécu n'avait été que souffrance et tristesse. Si ce Tout-Puissant était si bienfaiteur, pourquoi autoriser toute cette misère, hein ? Terry n'avait jamais cru en Dieu, et n'avait jamais cru qu'il pourrait le sauver. Il s'en était donc remis à sa propre personne pour surmonter toutes les épreuves de sa vie, il s'en était remis à la drogue. Il avait tenté d'abandonner cette dernière quelques mois auparavant, et n'avait plus que lui sur qui compter. Mais Terrence était trop faible pour supporter son propre poids. Il ne pouvait pas se relever seul de tout le malheur dans lequel il était empêtré. Alors, il avait toqué à la porte de son frère. C'était la première fois qu'il le faisait, la première fois depuis des années. La première fois depuis qu'il avait eu dix ans, depuis que son grand-père lui avait remis le livre qui allait bouleverser le reste de sa vie. Terrence était  à présent dans cette chambre qu'il découvrait, mais qu'il ne voyait pas. Ses pensées étaient obnubilées par un flot constant d'images, et son cerveau n'arrivait plus à traiter ce qui se déroulait devant ses yeux. Quand il reprit connaissance, quand il reprit ses esprits, Terry était assis sur le lit de Nahuel. Avachi. Le dos courbé, les jambes tremblantes, le regard vide. « T'as déjà fais un chemin incroyable, Terry. T'imagines même pas comme j'suis fier de toi. » Comment pouvait-il être fier ? C'est la première question que se posa Terrence. Comment ? Comment être fier d'un homme comme lui ? Il n'avait jamais rien fait de bon pour les autres, il n'avait jamais rien fait de bon pour lui-même. Il réparait des voitures, oui, mais il était payé pour ça. Avait-il été réellement généreux ne serait-ce qu'une fois dans sa vie ? Mais comment aurait-il pu l'être ? Son visage était toujours ravagé par les larmes, qu'il ne s'efforçait même pas d'essuyer. Des larmes de tristesse, des larmes de rage, des larmes de manque. Toutes les larmes qui n'avaient pas coulé durant quinze ans. Quinze longues années. « Ce qu'il te faut, c'est parvenir à tourner la page. Sur tout ce qu'on a vécu. »  Comment ? La question revenait en boucle, dans la tête de Terry. Comment ? Comment ? Comment ? Il ne pouvait pas, il ne voyait pas. Comment ? Il voyait sa mère, le sourire aux lèvres, étendant le linge, puis son père, l'embrassant dans le cou avant d'étendre le linge à son tour, puis son frère, jouant au ballon dans le jardin. Il voyait ensuite son armoire, avec la petite poudre blanche sur la dernière étagère à droite, puis la bouteille de whisky et celle de vodka, à gauche. Il voyait sa grand-mère, tricotant un petit pull pour la naissance de Nahuel, puis Nahuel sur son lit d'hôpital. Il voyait ce dealer dans une ruelle sombre d’Édimbourg, puis son visage en sang. Il voyait sa mère préparer des crêpes puis sa mère le visage complètement tuméfié. Il voyait son père tondant la pelouse puis son père avec une jambe écrasée. Il voyait sa poudre blanche, sa poudre blanche, il la sentait, il en voulait. Il en voulait tellement, parce qu'il savait qu'il oublierait. Il oublierait tout, tout, tout. Pendant quelques minutes, il n'y aurait plus rien, rien du tout. Terrence ferait tout pour oublier, pour oublier ne serait-ce qu'un instant. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait pas céder, il ne pouvait pas rechuter. Il ne pouvait pas oublier.

« Dis-toi que tu n'es pas seul. » À ces mots, Terrence laissa tomber sa tête entre ses mains. Il était seul, plus seul que n'importe qui. C'était ce qu'il pensait, ce qu'il avait toujours pensé depuis tant d'années. Il n'y avait personne pour lui, personne pour le rassurer. Il n'y avait personne parce qu'il n'avait eu le droit d'en parler à personne. Il était un grand. Il n'avait que dix ans, mais il était un grand. Ce n'était qu'un grimoire, mais un grimoire de la plus haute importance. Il n'avait jamais rien dit à personne. Il s'était tu. Il s'était tu pour le grimoire, puis s'était tu pour tout le reste. Il n'avait plus rien dit, n'avait jamais dit ce qu'il ressentait. Par rapport à la quête de son grand-père, par rapport à la mort de son grand-père, celle de ses parents, la tentative de suicide de son frère. Il s'était contenté de fumer, de sniffer, de boire, de sniffer encore, de boire encore. Il s'était contenté de taper, d'insulter, de crier, puis ne plus parler du tout. Il n'avait jamais rien dit parce qu'il pensait ne pas en avoir le droit, il pensait ne pas le mériter. Et puis, personne ne le comprendrait. Qui pourrait le comprendre ? Qui avait vécu ce qu'il avait vécu ? Terrence plongea son regard dans celui de son frère. Nahuel l'avait vécu. Nahuel pouvait comprendre. Il pouvait comprendre mieux que n'importe qui, mais il ne lui avait pourtant jamais rien dit non plus. Il ne s'était jamais confié, et il avait eu tort. Il ne l'avait pas fait, parce que c'était son petit frère, parce qu'il se devait de le protéger, parce qu'il ne pouvait pas lui imposer ses problèmes, sa douleur, sa vie. Il aurait pourtant dû réaliser plus tôt que sa vie, à lui, était intrinsèquement liée à celle de son frère. Que l'une dépendait de l'autre, et l'autre de l'une. Que son bonheur dépendait de celui de Nahuel, et vice versa. Qu'il avait besoin de lui, qu'il ne pourrait pas survivre sans lui. Qu'il se devait de dire ce qu'il avait sur le cœur afin qu'ils puissent avancer, tous les deux. Il attristerait peut-être Nahuel, il le ferait peut-être souffrir ; mais ce serait pour mieux rebondir. « J'ai toujours été tout seul » articula enfin Terrence, en relevant la tête. Ses mains étaient trempées à présent, et il les essuya machinalement sur son jean. Sa voix était roque, cassée, brisée elle aussi. « Et je sais que tu l'as été aussi. » Il renifla et se mordit la lèvre inférieure. Lorsqu'il sentit le goût du sang, il reprit la parole. « Tu l'as été parce que je n'étais pas là pour toi. J'aurais dû être là pour toi. » Sa respiration se fit bruyante alors qu'un sanglot traversait son corps. « Je sais que tu es là, devant moi, et que tu es là pour moi. Grand-mère aussi est là. Vous êtes là et pourtant, c'est comme si vous ne l'étiez pas… » Personne n'était plus là depuis que ses parents avaient disparu de la surface de la Terre. Depuis ce moment-là, Terrence était seul, abandonné, perdu parmi une foule d'étrangers, d'inconnus, de fantômes. « Ils me manquent tellement. » Les larmes surgirent de nouveau et coulèrent en cascade sur ses joues, alors qu'il se rendait compte que c'était la première fois qu'il l'avouait. « Si tu savais comme ils me manquent. »
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Message(#) Sujet: Re: #0666, need you so much (fergussons) #0666, need you so much (fergussons) EmptyDim 15 Fév - 21:30


i hope you learned a lesson about hurting the ones you really love cause I was a soldier for you, 'would have done anything to prove it to you.  maybe we can get on track. you, .narnienne


Je suis simplement assis sur cette chaise de bureau, légèrement tremblant, légèrement fébrile, si bien que je sens le siège tourner faiblement. J'ai l'estomac noué, le cœur qui bat à cent-milles, le regard rivé sur mon frère. Il n'est plus qu'une masse informe posée sur mon lit et secouée de sanglots. C'est étrange de voir Terrence pleurer. Il ne l'a jamais fait. Jamais devant moi du moins. C'est bouleversant. Il me paraît si faible, si inoffensif. Comme si je faisais à nouveau face au petit garçon qu'il était jadis, celui qui m'apprenait à construire des cabanes et qui me serrait dans les bras quand ça n'allait pas. Celui qui pleurait quand il était tombé de vélo. Celui qui était humain. Celui qui vivait. Qui ressentait et exprimait toutes les émotions proposées par la vie. Qui se délectait, ou souffrait de toutes les sensations. Terrence, mon frère, mon roc, mon modèle, se devait d'être humain avant tout. De me guider dans la souffrance. De s'exprimer, pour mieux m'aider à comprendre. Alors que je lui parle, mes yeux ne cessent de le détailler. De s'arrêter sur chaque détail de son visage, de sa tenue, de sa posture. D'une manière assez paradoxale, il ne m'a jamais semblé aussi fort. Parce qu'enfin il avait fait le bon choix. Il luttait, il se battait comme un diable contre ses démons. Il avait résisté aux bouteilles d'alcool, à la poudre, il n'avait pas cédé, non, au lieu de ça il était venu dans ma chambre, demander mon aide. Et c'était probablement l'acte le plus courageux qu'il avait accomplit jusqu'ici. Non, ce n'est pas facile de demander de l'aide. Surtout à son cadet.

Il finit par prendre la parole, de sa voie enrouée et pleine de trémolo. « J'ai toujours été tout seul. » Je sens mon cœur se serrer légèrement dans ma poitrine, en écoutant ses mots. Je ne peux m'empêcher de penser : mais pourtant j'étais là moi ! Mais je le laisse poursuivre. Parce que je veux savoir ce qu'il a à dire, parce que c'est lui qui a besoin de vider son sac, et que moi j'ai besoin d'enfin le comprendre. En effet, je n'ai pas la prétention d'être un surhomme, de résister mieux que les autres à la souffrance, alors je ne vois pas pourquoi moi j'aurais réussi à redresser la barre et pas lui. Il y a forcément autre chose.  « Et je sais que tu l'as été aussi. » Mon sourcil vrille légèrement, tic que j'ai depuis gosse quand on me rappelle quelque chose de douloureux, quoi que ce soit. « Tu l'as été parce que je n'étais pas là pour toi. J'aurais dû être là pour toi. » Je me retiens de lui dire que tout va bien maintenant, qu'il est pardonné, car je veux qu'il aille jusqu'au bout. Et puis je le lui ai déjà dit, bien que je doute qu'il ait vraiment accepté l'idée que je puisse lui pardonner un jour. C'est Terrence tout craché, rongé de remords jusqu'aux os, c'est lui qui n'arrive pas à se pardonner, en fin de compte. « Je sais que tu es là, devant moi, et que tu es là pour moi. Grand-mère aussi est là. Vous êtes là et pourtant, c'est comme si vous ne l'étiez pas… » Cette fois, je fronce les sourcils. Je ne comprends pas. Quelque chose ne va définitivement pas avec lui, quelque chose que j'ignore et que lui seul a vécu. C'est obligé, sinon comment expliquer ce sentiment de solitude ? « Ils me manquent tellement. » L'image de mes parents me revient en tête. Un magnifique couple, uni, aimant. Des parents modèles. Des parents disparus à jamais. La voix de Terry se brise et les larmes commencent à ruisseler le long de ses joues. Moi-même j'ai de plus en plus de mal à les contenir. Mon frère qui souffre, tous ces souvenirs.... Tout cela menace de me submerger d'un instant à l'autre. « Si tu savais comme ils me manquent. » Je ne tiens plus. La gorge nouée, l'estomac retourné, je cède moi aussi sous le poids de larmes que je fuis depuis trop longtemps. Je déteste craquer, montrer signe de faiblesse, parce qu'à chaque fois que je commence à pleurer, j'ai peur de ne plus savoir m'arrêter. Et j'ai toutes les raisons du monde pour penser ça. Heureusement, on ne peut physiologiquement pas pleurer toute une éternité, mais je ne veux pas finir à court de larmes.

Je me laisse alors aller, comme si on venait de percer une bassine pleine et prête à déborder. Lentement je me penche puis me lève de mon siège pour me glisser jusqu'à mon frère. Je m'installe sur le lit, contre lui. La gorge nouée, je laisse échapper quelques mots étranglés. « A moi aussi. Ils me manquent. » Le silence suit mes paroles, le temps s'arrête. Les secondes s'écoulent sans que je ne les compte, sans que je m'en aperçoive. Ça me fait un bien fou de me laisser aller comme ça, de plus faire semblant l'espace d'un instant. Puis je repense à Terry. Au fait que c'est lui qui va mal. Qui est à deux doigts de péter les plombs. Et pleurer ne l'aidera pas à passer à autre chose. Je me redresse difficilement, légèrement ankylosé, puis je me tourne vers mon frère en séchant mes dernières larmes d'un revers de main. « Désolé », j'articule. Puis ses paroles me reviennent en mémoire. Je prends quelques secondes supplémentaires pour trouver mes mots, et je me lance. « Terrence... Qu'est-ce qui ne va pas ? J'veux dire... Je sais, je sens qu'il y a autre chose. » Le fait est que je connais mon frère. Même si on ne parle pas souvent. Il reste mon frère. On partage le même sang. C'est pas rien. Et je sais, du fond de mes tripes, qu'il me cache quelque chose. Et que, peut être, en parler pourrait le délivrer. Je n'arrive pas à concevoir un secret si lourd qu'il ne puisse le partager à qui que ce soit. Pas même avec moi, son frère. Ni grand-mère. Non, j'arrive pas à visualiser une telle chose. Après tout, je fais peut être fausse route. Mais en règle générale, mon instinct ne me trompe pas.
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Message(#) Sujet: Re: #0666, need you so much (fergussons) #0666, need you so much (fergussons) EmptyJeu 5 Mar - 22:16


i'm sorry to bother you, i'm sorry to spoil your day. i'm sorry to turn your laugh into tears. i'm sorry, but i need you so much. tumblr, .narnienne


Terry avait le cœur lourd. Très lourd. Il avait pu se confier un petit peu, chose qu'il n'avait encore jamais fait auparavant, mais cela ne l'avait pas allégé pour autant. Au contraire ; cela lui faisait remonter tout son lot de souvenirs au passage et c'était loin de lui faire du bien. Il savait que c'était la première étape, que c'était la plus dure, et qu'une fois qu'il en aurait parlé plus amplement, à plusieurs reprises, cela irait mieux. Il n'en était malheureusement pas encore là. Il sentit Nahuel se déplacer et s'asseoir à côté de lui, sur le lit, et il entendit sa voix tremblotante. Il s'en voulait de l'avoir fait pleurer. Ce n'était pas son but, loin de là. Il se sentait atrocement mal, déjà, d'avoir dérangé son frère, de lui pourrir sa soirée. Il avait peut-être d'autres projets comme, être heureux. Terry voulu passer un bras autour des épaules de Nahuel, pour le réconforter, pour se faire pardonner, mais il n'en eu pas la force. Il resta les bras le long du corps, fatigués, son regard pointé sur le sol, noyé de larmes. Il ne voyait rien. Il ne prenait même pas la peine d'essuyer toute cette eau salée qui envahissait son visage à mesure qu'elle s'échappait, parce qu'il savait que ça ne servirait à rien. Il savait qu'une nouvelle vague ressortirait toujours. « À moi aussi. Ils me manquent. » La respiration de Terry se fit saccadée en entendant ces mots, et c'était impossible de nier qu'il pleurait réellement. Cela faisait toute une vie qu'il n'avait pas eu de grosse crise de larmes, si seulement on pouvait appeler ça comme ça. Une crise de larmes était plutôt quelque chose d'assez naïf, comme un garçon de sept ans qui en aurait une parce que son amoureuse lui aurait dit qu'elle ne l'aimait pas et, qu'en plus de ça, elle lui aurait volé ses cartes Pokémon. Non, ce que vivait Terry était bien au-delà de ça : c'était tous les malheurs de ces vingt-cinq dernières années qui resurgissaient. « C'est injuste » lâcha-t-il finalement, en secouant la tête des deux côtés. « Désolé. » Terry secoua de nouveau la tête. De quoi était-il désolé ? De pleurer ? C'était idiot. Lui-même se vidait de toutes ses larmes, alors que ce n'était vraiment, vraiment pas son genre. Et que Nahuel n'avait rien demandé. C'était à lui, plutôt, d'être désolé. Son frère reprit alors la parole, et Terry releva la tête dans sa direction. Il prit enfin la peine de s'essuyer le visage, vaguement, maladroitement. Il n'avait pas l'habitude. Terrence. Il frissonna à ce mot. Ce mot. Qu'il ne considérait plus comme son prénom depuis trop longtemps. Cela lui faisait trop mal. Il avait adopté Terry, plus court, qui n'évoquait pas trop le passé. Terrence, c'était son grand-père, c'était son père, c'était sa mère. Terrence, à table ! Ton cadeau te plaît, Terrence ? Terrence, viens aider ta mère à éplucher les pommes de terre. Trop de souvenirs. Des bons souvenirs la plupart du temps, certes, mais c'était toujours des souvenirs. Et puis, il y avait eu d'autres Terrence, beaucoup plus malheureux. C'était surtout ceux-là qu'il voulait oublier. Terrence, j'ai une quête à te confier. C'est très important. Terrence, venez dans mon bureau. C'est très important. Vos parents sont morts. Des frissons ne cessaient de traverser son corps alors qu'il pensait à tout ça. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Vraiment ? Tout. Tout allait de travers, tout le rendait mal. Rien n'allait bien. Rien n'allait bien depuis longtemps. Il comprenait où voulait en venir son petit frère. Nahuel voulait qu'il lui dise l'autre chose, celle qu'il n'avait jamais dite à personne. Mais comment ? Comment pouvait-il ? Il avait promis. Il avait promis de ne le dire à personne, pas même à sa famille, pas même à son propre frère. Il secoua la tête une troisième fois. « Rien ne va, Nahuel. Rien ne va depuis que j'ai dix ans. » Des larmes s'étaient remises à couler le long de ses joues et sa gorge était toujours aussi serrée. « Je... j'y arrive pas. J'arrive pas à vivre sans eux. » Cette fois-ci, il plongea le regard dans celui de son frère. Il fallait qu'il le lui dise en face, il fallait qu'il arrête de le fuir. Qu'il arrête de fuir la main qu'on lui tendait, l'aide qu'on lui proposait. « J'arrive pas à vivre sans grand-père, j'arrive pas à vivre sans papa, j'arrive pas à vivre sans maman... c'est horrible, Nahuel. J'y arrive pas. J'y suis jamais arrivé. » Il prit une grande inspiration, saccadée, comme toutes les autres. Il l'avait dit, enfin. Pas tout. Il n'avait pas tout dit, mais il avait probablement dit la plus grande partie. Il n'en avait encore jamais fait part de tout ça, que son grand-père lui manquait, que ses parents lui manquaient, qu'il n'avait jamais fait leur deuil. Terry baissa de nouveau la tête et fixa les jointures de ses mains, qu'il avait liées. « Et puis... » Il ne pouvait pas. Il voulait, il en avait terriblement envie, mais il ne pouvait pas. Il avait promis. Bordel, il avait promis... « Il... il y a cette... » Il avait promis. « ... cette quête. Tu, tu sais... celle... » Il avait trahi sa promesse. Il avait trahi son grand-père. Il avait trahi toute une vie. Les larmes coulèrent d'avantage. « Celle qu'il m'a confiée peu après mes dix ans. »
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