J'suis désolée. J'voulais pas tu sais. ∞ Aujourd’hui, je l’ai tué. Ouais, je l’ai tué. J’ai honte. Je suis désolée. Je l’ai tué. Je ne comprends pas. Je suis perdue. Je l’ai tué, putain. A vrai dire, tous les jours, depuis que je l’ai rencontré, je la tue, un peu. Mais aujourd’hui, aujourd’hui, je l’ai vraiment tué. Elle est morte. Morte. Morte parce que je suis aveugle. Aveugle, peureuse et anxieuse. Pourquoi j’ai peur ? Pourquoi maintenant ? Je n’ai jamais eu peur de rien. Jamais. Alors, pourquoi est-ce que j’avais peur de.. ça ? D’ailleurs, c’est quoi ça ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n’arrive pas à mettre des mots dessus. Je n'ai pas les idées clair, c'est trouble. Brouillon. Tout se mélange, tout s'embrouille, se fait et ce défait dans ma tête. C'est presque douloureux. C'est un bruit incessant, très fort, puis d'un coup, ça deviens un chuchotement lointain, presque inaudible. Tu y arriverais toi ? Je suis bête, je pense. Je ne vois pas d'autre explication logique. Il parait que c’est simple pourtant. Je crois qu’on pas la même définition de ce mot, elle est moi. Ou du moins, que nous n’avions pas. C’est plus correct.
Elle disait que.. que c’était de l’amour. Tu y crois toi ? De l’amour. Pas de l’amitié. De l’amour, disait-elle, avec sa voix si douce, flottante et son large sourire. Il était très beau son sourire tu sais. Je n’y comprenais rien. Je crois que je ne comprends toujours pas. Pourquoi ça ce mélange dans ma tête ? Tu sais toi ? Non, tu ne peux pas savoir..
Maman dit que je devrais consulter un psychologue. D’après elle, parlait à une personne extérieur m’aiderais beaucoup. Je crois qu’elle dit n’importe quoi. Elle ne sait pas ce que c’est, elle. Elle n’a jamais eu ce problème. Elle ne me comprend pas et ne me comprendras sans doute jamais. Elle ne sait rien de moi, au fond. Rien du tout. On dit pourtant qu’une mère connait son enfant sur le bout des doigts. Pas la mienne, non. C’est de ma faute, tu crois ? Il parait. Elle a dit que j’étais une erreur, qu’elle regrettait, puis elle m’a frappé. Fort. Très fort. J’ai pu lire de la haine dans son regard. De la haine à mon égard. Je ne comprends pas. Je n’ai jamais demandé à naitre, moi. Je n’ai jamais demandé à être là. A être moi. Je comprends néanmoins qu’elle soit déçue. Moi aussi j’suis déçue. Déçue de ce que je suis. De ce que j’ai fait. Je n’aurais jamais dû naitre. Je ne mérite pas la vie.
Elle. Elle, elle la méritait. Mais je lui ai retiré. Je l'ai tué. J'ai tué ma vie. Comment ? Par négligence. Par peur aussi. J'ai honte. Je culpabilise, tu sais ? C'est normal, il parait. J'aimerais comprendre. Comprendre ce que s'est ça. L'amour. L'amour dont elle parlait. Elle, c'était ma meilleure amie. Elle avait souvent raison, à mon sujet, mais je crois que cette fois, elle avait tort. Enfin, je ne sais pas. Je. De l'amour, hein. Mais, c'est quoi ? C'est quoi l'amour ? Comment j'aurais pu lui donner raison, sans savoir ce qu'était cette chose ? C'est abstrait, comme notions. Un peu trop à mon gout. Pourquoi les choses ne sont-elles jamais simples ? J'ai essayer de comprendre ce que c'était, l'amour. J'ai ouvert le dictionnaire. On trouve tout là-dedans. Tous les mots que l'on ne comprend pas, disait toujours maman. J'y ai trouvé ceci :
Sentiment d'affection, d'attirance sentimentale et sexuelle entre deux personnes. J'aurais dû être éclairer, mais tu sais quoi ? Il y avait ça, aussi
Sentiment d'attachement, d'affection mutuelle entre amis ou membres d'une même famille. Alors.. oui, c'était de l'amour, d'après le second sens. Mais, j'pense pas que ce soit de celui-là dont elle parlait..
Attirance sexuelle. Non. Je n'étais pas attirer par elle, de cette façon. Enfin. Je l'ai embrasser. Une fois. Lors de la soirée de noel. La première fois. Ca avait été la première fois. J'avais un peu bu, je crois. Et je l'avais embrasser. Non pas sans son consentement, évidemment. Peut-être qu'elle avait raison en fait. Ouais, peut-être qu'il y avait de l'amour pour elle en moi. En y repensant, j'ai peut-être ressenti quelque chose à ce moment.. Enfin, non, pas de peut-être. J'ai ressenti quelques choses. Autrement, je ne l'aurais pas embrasser une seconde fois, pour nouvel an. Ni une troisième fois, dans le parc. Pourquoi j'ai pas compris ça avant ? En fait, même maintenant je ne suis pas certaine d'avoir compris. C'est horrible. C'est beau aussi. C'est paradoxale. J'aime pas les paradoxes. Je n'aime pas pleurer non plus. Je crois que je n'aurais jamais la force de m'arrêter. Ca exaspère
maman, parce qu'elle comprend pas. Je ne lui ai jamais parler de ma meilleure amie. Jamais. Je ne sais pas pour quoi. Et, je crois que je n'ai pas envie de me poser la question. Je n'ai jamais parler d'elle à quiconque. Je crois que je voulais qu'elle ne soit qu'à moi. Je n'aime pas que l'on me vole mes amis. C'est égoïste, je sais bien. Il n'y avait que
Nathanaël. Lui, il savait. Enfin, savoir est un grand mot. Je lui avais présenter
Layla et il l'avait apprécié. Comment ne pas l'apprécier, de toute façon ? Elle était parfaite. Tellement. Je n'ai jamais compris pourquoi elle ne s'aimait pas. Elle était folle. Ouais, folle. J'ai pas trouvé meilleure explication. T'en trouverais une toi ? Non, évidement que non.
Putain, pourquoi j't'oublies pas ? Tu m'fais chier. ∞ Trois mois. Ca fait trois mois. C'est rien trois mois, mais énorme à la fois. Trois mois sans elle. Sans
Layla. Pourquoi j'ai fait ça, hein ? Pourquoi j'l'ai pas écouté ? Pourquoi je n'en ai fait qu'à ma tête ? Tu l'sais toi ? Pas moi. Peur. Ouais, peut-être la peur. Jamais je n'aurais imaginé ça. Jamais. Je ne voulais pas la tué. Je ne l'ai jamais voulu. Je. Elle comptait pour moi. Tellement. Personne ne peut savoir à quel point. Je continue de pleurer, tous les jours depuis qu'elle est partie.
Maman continue ses remarques. Elle ne comprend pas pourquoi je passe mon temps enfermé à pleurer. Seul
Nathanaël sait. Et encore. Il ne sait rien au fond. Juste que
Layla est décédée. Il ne sait pas le pourquoi du comment. C'est peut-être mieux comme ça. Je ne peux plus me regardais dans le miroir, alors tu imagines lui ? Il ne poserait même plus les yeux sur moi. Je le mériterais, je sais. Mais j'ai peur qu'il me laisse, si je lui dit. J'ai peur du sort qui m'est réservé. Je le mérite pourtant. On a que ce que l'on mérite, parait-il. Ca finira par arriver ; ce jour où il me laissera. Et
Maël et
Raffael feront de même, ouais. J'veux pas. J'ai peur d'être seule. Complètement seule. Totalement seule. Livré à moi-même. Il m'arriverait quoi ? J'm'en sortirais pas. J'le sais. J'le sens. J'prends jamais les bonnes décisions. Je coulerais. J'en finirais, ouais. J'ai déjà essayer d'ailleurs.
Six fois. Six fois, depuis qu'elle n'est plus là. J'aurais aimé réussir, pour de bon, mais mes frères sont toujours dans les parages. Toujours. Ils font attention à moi. Je les aime beaucoup pour ça. Mais pas que. Je les aime parce qu'ils sont eux-même. Des merveilles. De l'or en barre. Je les admire vraiment beaucoup. Néanmoins, pour une fois, j'aimerais qu'ils me laissent. Qu'ils me laisse partir. Une bonne fois pour toute.
Nathanaël a pleuré. J'l'ai fait pleuré. Il a dit que cette imagine avait été la plus horrible de toute sa vie. Cette imagine, c'était moi. Dans le bain. Ouverte sur toute la longueur de mes deux bras. J'y étais presque cette fois là. Je me suis sentie partir. Enfin. Je touchais au but. J'avais mit de la musique, légère. Sa chanson. Notre chanson. J'avais écrit une lettre, avec soin. Celle que je pensais, que j'espérais être la dernière. Je l'avais écrite pour eux. Je ne parlais que d'eux. Pas un mots pour
mes géniteurs, ou pour
les jumelles. Pas un seul. Ils n'en méritaient pas. Qu'aurais-je pu leur dire de toute façon ? Que l'erreur était enfin partie ? Non. Pas un mot, pas une pensée. Rien Absolument rien. Cependant, dans cette lettre, je n'avais pas tout expliquer. Je n'avais pas expliquer la mort de
Layla. Pourquoi ? J'sais pas. J'ai pas réussi. Enfin, j'crois que j'avais peur de ce que penserais
Nathanaël et les jumeaux,
Maël et Raffael de moi. J'avais ensuite filer dans la salle de bain, avait attrapé une de mes lames et avait ré-ouvert mes mutilations. Toutes. Puis avait entaillé mes bras dans leur longueur. L'eau était tiède, le sang coulait rapidement. La seul image que j'avais en tête était son visage.
Layla. Encore et toujours. Au fur et à mesure que mon sang se vider, l'image disparaissait et un bourdonnement prenait possession de mon ouïe. C'était la fin, enfin. Mais il m'a sauvé. Il est exemplaire tu sais, je l'admire. Il fait toujours tout, sans se plaindre. Je l'aime. J'sais pas s'il le sait. J'espère en tout cas. Il m'en veut depuis. Il a le droit. Il dit que non, mais ça se voit. J'le comprends. Mais il ne sait pas. Il ne sait rien. J'ai pas la force de lui dire. Vraiment pas. Je suis lâche. J'ai pas le courage d'assumer. J'assume rien. J'ai honte. Honte de moi. De ce que j'ai fait. De ce que je suis. Mais putain, j'arrive pas à l'oublier. Elle m'obsède. Je l'aime. Ouais, je l'aime. Merde. Je l'aime. J'aurais dû lui dire, avant. quand j'en avais la possibilité. Quand j'l'avais pas encore tué. Mais j'savais pas. Pourquoi j'réalise tout ça maintenant ? Pourquoi est-il trop tard ? Pourquoi j'ai pas de seconde chance, moi ? J'ai honte. Je. J'ai sa date. Sa date au niveau de la clavicule gauche. C'est rien. Débile. Stupide. Idiot. Ouais, je connais bien mes synonymes, je sais. Mais j'avais besoin de le faire. Pour qu'elle soit toujours avec moi. Je. J'sais pas. J'en avais besoin. Elle me manque. Elle me manque tellement.