Je me regardais dans le miroir de la bijouterie. Une jolie blonde apparaissait dans le miroir comme à chaque fois. Je n'arrivais pas à m'y faire. Ca ne pouvait pas être moi. Ma mère me souriait et me demandait mon avis face à une vendeuse qui était de plus en plus pressante. Je sortais de mes pensées et portais ma main au collier qu'elle voulait m'offrir. Un moyen de marquer selon elle, ma nouvelle vie. Mon nouveau départ comme elle aimait appeler mon réveil. Je ne savais plus trop comment me conduire face à ce genre d'attention. C'était partit d'un bon sentiment mais le prix était exorbitant et je n'en avais pas vraiment besoin. Voyant que je restais imperturbable, ma mère prit la décision de me l'acheter. Je l'interrogeais du regard. Elle calmait mes inquiétudes d'un sourire flamboyant. Je le lui rendais. " Un chocolat chaud ?" proposais-je en fermant la porte derrière moi. J'avais besoin de me réchauffer un peu et surtout de m'asseoir. Mes jambes n'allaient pas tarder à ne plus supporter mon poids. Elle acquiesça sans discuter.

Il n'y avait que quelques personnes dans le bar. Ce qui n'était pas surprenant à cette heure de la journée. Nous prenions place à une petite table, dans un coin. Les discussions s’enchaînèrent. Le temps, l'hôpital, Alex,... Je passais un bon moment. C'était la première fois que je pouvais profiter de ma mère une après-midi entière sans être dérangé par des infirmiers ou alors par qui que ce soit. Elle était à l'origine de cette journée mais pourtant je remarquais qu'elle regardait sa montre : " Vas y. Je reste là. Je ne vais pas m'envoler. Et si tu tardes ça va finir par fermer." Je sentais la culpabilité dans son regard. Je prenais une gorgée de chocolat chaud et l'encourageais. Elle me promettait d'être de retour d'ici vingt minutes grand maximum et m'embrassait. J'allais survivre ! Qu'est-ce qui pourrait bien m'arriver cette fois ?

Je gribouillais sur mon cahier. Le dessin avait toujours fait partie intégrante de ma vie. Encore plus maintenant. C'était le seul moyen de coucher réellement mes sentiments, mes souffrances. La meilleur façon de me libérer. Les lignes s'entrecoupaient et rapidement un visage était en train d'apparaître. Le mien. Du moins tel que je l'imaginais. Les traits étaient différents, le sourire naïf... Je soupirais et fermais le cahier en m'effondrant sur ma chaise. Je passais ma main dans mes cheveux blonds. C'est à ce moment que mon regard fut attiré par des feuilles sur la table d'à côté. Des dessins...