aaron & louys

Aujourd'hui, j'avais eu cours le matin. Comme j'étais maintenant en quatrième année, les cours magistraux étaient moins importants et on avait beaucoup plus d'enseignements pratiques, avec des devoirs à faire chez nous et à rendre dans les deux ou trois semaines qui suivaient leurs annonces. Ayant fini ma journée à l'université, j'aurais pu rentrer chez moi, mais non, je passais par le café afin d'y faire quelques heures. J'étais toujours très sérieux dans mon boulot et j'aimais beaucoup venir au café. J'avais mis mon tablier et j'avais commencé à naviguer de tables en tables afin de servir les différents clients qui étaient présents. Quasiment tous arrivés en même temps, ils quittent tous le lieu presque à la même heure, ce qui me laisse un peu sans occupation. Enfin c'est un grand mot, car il y a toujours quelques choses à faire ici, entre le rangement, la mise de table ou encore le nettoyage. Une nouvelle heure de pointe arrive et les gens recommence à venir en masse, il faut les comprends, il ne fait pas très beau dehors. Je m'active de nouveau afin de servir toutes les tables dont je suis responsable dans les plus brefs délais. Bien évidemment, je ne suis pas le seul serveur ici, mais je ne fais pas attention à qui se trouve ici en même temps que moi. Parfois, on a la chance de se croiser, mais ça n'arrive pas tout le temps. C’est lors d’une pause que je m’aperçois qu’Aaron est aussi de service, je m’approche de lui avec un large sourire sur le visage. « Ça fait longtemps que tu es là ? »

Le rythme de vie que je tenais en ce moment était juste absolument crevant! Ma semaine de vacances était passée bien trop vite pour que j'ai le temps de vraiment me reposer et les cours avaient repris de plus belle avec les partiels de fin de semestre qui approchaient, donc les cours à réviser, et un nombre incalculable de livres à étudier dans le cadre de mes études, en plus de mes heures au café que je multipliais pour réussir à m'en sortir financièrement, ce qui était encore moins facile que tout le reste. Mes yeux étaient lourds en ce début de soirée, et j'avais hâte de rentrer dans mon petit appartement me prélasser dans un bain chaud avant de m'occtroyer une soirée sans révisions, juste à dormir, enseveli sous une masse de couvertures considérable jusqu'au lendemain matin. Aujourd'hui c'est en cuisine que j'avais du donner un petit coup de main puisqu'un des gars était absent et que les gens semblaient affamés, les plats du jour et les viennoiseries proposées partaient comme des petits pains, c'était d'ailleurs le cas de le dire, donc j'avais été assez polyvalent et avait couru à droite à gauche pour servir avec un grand sourire aux lèvres. Quand l'heure de la pause tant attendue sonna enfin je me hatais d'aller m'installer avec un bon chocolat chaud saveur speculos et une petite brioche que je dégustais avec appétit, relevant les yeux en entendant la voix de mon meilleur ami qui me remit un peu de baume au coeur. " Hey! Salut toi, je t'avais pas vu! Je suis la depuis 16h à peu près, c'est vachement plein aujourd'hui le boulot manque pas. Alors, ça va? J'ai pas eu de tes nouvelles ces derniers jours." Une petite moue se dessina sur ses lèvres, la peur de perdre ses amis était toujours présente. Déjà qu'il était séparé de sa famille ui l'avait totalement renié, il ne tenait pas à perdre ceux qui comptaient le plus pour lui désormais.

Aaron était la première personne que j'avais rencontré à White Oak Station et depuis, je ne l'avais plus quitté. Il était d'ailleurs difficile pour moi de m'imaginer sans lui maintenant, sans oublier Isis et Melody. Depuis notre rencontre, c'était un peu devenu les quatre mousquetaires contre les autres et pourtant j'étais en train de leur cacher la pire chose qui m'était arrivée ces derniers temps, la mort de mon père. J'avais pris ce boulot au café suite à cet évènement, afin de me changer un peu les idées et d'avoir une excuse pour ma fatigue, qu'ils ne sachent pas la vérité. Le hasard avait fait que je me retrouvais à travailler ici avec mon meilleur ami, on aurait pu se croiser plus souvent, partager plus de temps ensemble, mais le café était rarement vide et on se devait d'être à la hauteur pour nos clients. On courrait donc, chacun de notre côté sans jamais vraiment nous voir. Le seul moment où cela pouvait arriver, c'était pendant nos pauses, il nous arrivait d'en avoir en même temps et dans ces cas-là, on essayait de les passer ensemble. Je l'avais aperçu seul, assis à une table, j'avais donc décidé d'aller le rejoindre. Après lui avoir adressé quelques mots, je m'étais glissé sur le banc qui se trouvait en face de lui. « Oui, il y a du monde. Mais ça c'est bon pour notre porte-monnaie à la fin du mois ! » Je rigolais légèrement à ce que je venais de dire, c'était la raison principale de notre présence ici et malgré notre fatigue plus importante quand il y a du monde, on était quand même content, car on risquait de gagner plus, notamment avec les pourboire. « Je peux t'en prendre un petit bout ? » Je n'avais même pas attendu sa réponse, avant de lui prendre un morceau de sa brioche. « Je vais bien, et toi ? Oui c'est vrai, j'ai passé beaucoup de temps ici, ou sinon j'allais faire du sport et donc en rentrant chez moi, j'allais directement au lit ! »

Je touillais la boisson que je m'étais servie en baillant, croquant dans ma viennoiserie tandis que je me frottais les yeux. Je me sentais tellement épuisé, c'était à peine tenable et par chance mon meilleur ami était venu me tirer de ce quasi sommeil avec sa bonne humeur habituelle. Sa simple présence me faisait un bien fou, il était gentil, et fort pour réconforter. Ses mots me firent rire alors que je hochais la tête positivement. « Je sais bien oui, même si les pourboires ne sont pas énormes il y a tellement de monde que ça fait un joli bonus à la fin du mois! J'en ai bien besoin..Je te dis pas dans quelle galère je suis en ce moment, j'ai à peine de quoi faire les courses pour la dernière semaine du mois! » Lui avouais-je en soupirant. Biensur que je ne faisais pas ça pour me plaindre ni même me faire prendre en pitié ou soudoyer de l'argent que je refuserais en tous les cas question de principe! C'est vrai que pour moi c'était tendu, et niveau moral j'avais connu nettement mieux au cours de ces dernières années et pourtant ma vie n'avait pas été simple. Apparement ce n'était pas prêt de changer pour moi, mais bon, avais-je d'autre choix? Nan franchement les couples me mettaient le cafard en ce moment. « Hmm..Bah pourquoi tu me demandes hein? » Je pouffais de rire en le regardant, ça avait toujours été comme ça entre nous de toute façon. Ce qui était à moi était à lui, je pourrais crever de faim que je le lui aurais volontier donné de toute façon « A part ça ouai ça va..J'ai juste l'impression que rien ne tourne rond ! Tu sais pas quoi? L'autre soir j'ai tellement tellement bu pendant une fête..Que je me suis réveillé à côté d'une fille..Et si tu veux savoir, on a pas fait que dormir. Non mais tu te rends compte?! MOI! Je peux pas me réveiller aux côtés d'un beau brun plutot? C'est quoi mon problème hein? Dis moi que je suis un cas désespéré pitié.. »

« Tu sais, si tu as besoin d’aide, je suis là ! » Je lui lançais un large sourire. Il avait toujours été là pour moi, dès mon arrivée en ville, c’était donc tout à fait normal que je l’aide à mon tour. « Et puis, tu peux venir dormir chez moi de temps en temps, si ça peut t’aider à finir ton mois, je te ferais à manger ! » Je lui avais piqué un bout de brioche, j’avais croché dedans avant de jouer légèrement avec. « Pourquoi ? Parce que je suis poli ». Je rigolais légèrement. Le geste que j’avais fait était naturel pour moi, on partageait tous ensemble, je n’avais donc pas hésité à lui en prendre un bout, je savais très bien qu’il m’aurait dit oui. « Tu as couché avec une femme ? » Mes yeux sortaient presque de leurs orbites à son annonce, j’étais vraiment surpris. « Mais je pensais que finalement tu te concentrais seulement sur les hommes, tu as changé d’avis ? » Je rigolais légèrement, Aaron avait sûrement beaucoup bu et c’était une femme qui était tombée sous son charme. « Tu es un cas désespéré ! » Je tapotais doucement son épaule pour lui remonter un peu le moral. « Mais, tu connais son nom, son âge ? Ou alors tu t’es enfui quand tu l’as vu, nu à côté de toi ? » Aaron avait eu quelques soucis quand il avait appris qu’il était homosexuel, où plutôt quand il a dû le dire à sa famille qui n’avait pas hésité à le mettre dehors. Mais nous, Isis, Melody et moi, nous n’avions pas hésité à le soutenir. C’était notre ami et peu importe les personnes qu’il allait aimer, on devait le soutenir. Cependant, suite à cette annonce, jamais je n’aurais cru qu’il aurait une relation, même très brève, avec une femme.

« Et toi tu sais que je ne me résoudrais jamais à demander de l'argent à quelqu'un. Même si ce quelqu'un est mon meilleur ami. Je dois essayer de me débrouiller seul, quit à ne manger que des pâtes. Une chance que j'adore ça dis donc non? Mais..Quelques soirées chez toi et de bons petits plats, je dis pas non! Un gâchis que tu sois hétéro, t'es un amour mon Louys. » Lui lança-t-il en le taquinant puisque la bêtise des gens lui poussaient à le demander si il craquait pour Louys dès qu'il avouait être gay. Mais bon, il ne faisait plus tellement attention, être homosexuel ne signifiait pas vouloir sauter sur chaque être masculin à disposition, même si biensur il admettait volontiers avoir un meilleur ami séduisant ce n'est pas pour autant qu'il allait lui faire les yeux doux, loin de la. Il continuait à doucement arracher des bouts de sa viennoiserie qu'il croquait doucement en hochant la tête à sa surprise. « Ouai..Je te jure! Je me suis réveillé aux côtés d'une jolie blonde, toute gentille toute intimidée! On se sentait cons..bon, au moins on s'est protégés! Imagine si j'avais mis une fille enceinte. L'angoisse. C'est quand même pas possible! Je me trouve pas de copain, et je ramène une fille alors qu'elles m'attirent pas..Faut croire que bourré ça passe! » Il rit doucement, nerveusement presque. C'est vrai que la situation était assez désespérante. Lui qui ne demandait qu'à être aimé n'était pas fichu de ramener la bonne personne sous ses draps tout doux et tout chauds. « Oui oui je connais son nom, son âge. On a pris un petit déjeuner ensembles, pour discuter quoi. J'allais pas la mettre dehors! C'est quelqu'un de vraiment bien et je suis content de l'avoir rencontré même si les circonstances sont assez particulières! Je me suis fais une amie, c'est déjà ça non? » Il attrapa un carré de chocolat pour croquer dedans, son ventre continuant de grogner. Il releva les yeux vers son meilleur ami, serrant ses mains. «Tu me fais à manger ce soir? »