Olivia soupire, elle perd patience et se tortille sur sa chaise, qui est des plus inconfortables. Il faut dire que ces chaises ne doivent pas vraiment être la première préoccupation de l'hôpital. Enfin, avec un peu de chance, la jeune femme va bientôt pouvoir rentrer chez elle. Cela fait depuis environ une heure et demie qu'elle est là, attendant de connaître l'état de santé de son patron. En effet, en début d'après-midi, il se plaignit de douleurs à la tête, et soudainement, il fit un malaise. Pendant peut-être une minute, il resta inconscient, et le temps qu'Olivia se rendit compte de ce qui s'était passé et aille chercher le téléphone pour appeler les secours, il était réveillé, désorienté et l'air souffrant. Elle l'emmena directement à l'hôpital, après avoir fermé la boutique. Au début, elle était paniquée, mais l'équipe médicale se montrant très professionnelle et la rassurant avec gentillesse, elle se calma vite. Maintenant, la jeune femme aimerait savoir ce qu'il a, et si elle peut quitter l'hôpital, qui lui rappelle de mauvais souvenirs. Après son accident de voiture à Los Angeles, elle préfère éviter ces lieux qui la mettent mal à l'aise. Cependant, elle ne veut pas partir comme une voleuse, cela ne lui semble pas correct, et puis c'est son patron, après tout. Elle aimerait bien connaître le numéro de sa femme pour la prévenir, et ainsi se décharger de cette responsabilité, mais elle n'a jamais songé à le lui demander. Ils ont une relation très professionnelle, il n'est pas vraiment du genre à sympathiser avec ses employés, surtout quand celui-ci est une jeune héritière un brin capricieuse et  pas toujours très agréable. Enfin, un médecin s'approche vers elle et lui annonce qu'ils ont fait des prises de sang, que cela ne semble pas grave mais qu'ils vont le garder en observation pour la nuit. Il ne donne pas de précisions,  à part qu'ils ont contacté sa famille et qu'elle peut rentrer chez elle. Olivia est soulagée,  elle va pouvoir profiter du reste de son après-midi. Bien sûr, c'était avant d'entendre la voix dans le haut-parleur, annonçant une tempête imminente. Instantanément, un changement d'atmosphère se produit au sein du couloir, et sûrement dans l'hôpital entier. Le silence, habituel dans ce lieu, est encore plus pénétrant. Olivia est une des premières à réagir. « Il ne manquait plus que ça... » Elle ne se rend pas tout de suite compte de la gravité de la situation. C'est en apercevant les regards anxieux autour d'elle et les médecins et infirmiers qui commencent à prendre les choses en main qu'elle comprend. L'angoisse semble se propager rapidement, et la jeune femme suit le mouvement. Elle ne voit pas le ciel de là ou elle se trouve, le couloir n'a pas de fenêtre, mais à juger des réactions des patients et du personnel, ce n'est pas une mauvaise blague. Certaines personnes ont vraiment l'air paniqué, et les médecins ont bien du mal à les contrôler. Olivia, quant à elle, est anxieuse, mais pour le moment reste optimiste. C'est peut-être une fausse alerte, cela peut arriver. Elle décide d'aller voir un des membres du personnel, voulant se rendre utile, et en même temps, s'occuper l'esprit afin de ne pas laisser l'angoisse ambiante prendre le dessus sur ses émotions. « Vous avez besoin d'aide ? » Elle sourit, essayant de paraître la plus sereine possible.

Ton coéquipier et toi rouliez dans l'ambulance sur les rues grouillantes du Centre-Ville de White Oak quand soudain le petit cadran affichant l'heure annonça la fin de votre chiffre. Il était enfin temps de rentrer à l'hôpital et remplir la paperasse de fin de journée. Aujourd'hui et depuis quelques semaines environ, tout était calme et paisible. Autant au boulot que dans ta vie, en fait. Ellie et toi vous fréquentiez plus « régulièrement » désormais et ça te faisait grandement plaisir. Elle passait quelques fois à ton appartement, mais vous n'habitiez pas encore ensemble. Pas encore... Tu conduis donc jusqu'à votre QG et une fois sur place, tu garas le véhicule, rentra à l'intérieur, salua ton coéquipier - qui avait mieux à faire que la paperasse, faut croire - et te rendit au bureau des ambulanciers, tout près de celui des infirmières. Un message se fit soudain entendre dans les hauts-parleurs et celui-ci n'annonçait rien de bon. Une tempête ? Ton coeur se serra et automatiquement, tu eus envie d'appeler Ellie et ta mère pour savoir si tout allait bien pour elles. À la place, tu fus alerté par des gens au loin qui s'inquiétait déjà. « Il ne manquait plus que ça... » fit l'une d'elle. Tu soupiras doucement, délaissant tes papiers et essaya de garder ton sang froid. Une jeune femme se présenta près de toi. « Vous avez besoin d'aide ? » demanda-t-elle. Tu la fixas du regard avant de hausser les épaules. « J'ignore ce que l'on peu faire, hormis essayer de rassurer tout le monde. C'est une première alerte. Habituellement, on sera tenu au courant bien assez vite du déroulement. » dis-tu calmement pour ne pas te mettre à paniquer toi-même. Généralement, tu tiens bien sous l'anxiété, mais là... C'est une tempête... Vous pouvez tous mourir, quoi...

J'étais encore à l'université il y a vingt minutes lorsque j'ai reçu un appel comme quoi mon père était hospitalisé à cause d'une violente crise d'épilepsie, ce qui est assez inhabituel lorsqu'il prends son traitement. Moi qui ne voulait plus le voir, cette nouvelle m'avait complètement mise sous le choc. Sous le coup de la précipitation et de l'inquiétude qui me gagnait peu à peu, j'ai quitté l'université malgré les mesures de sécurités mise en place, et ne pouvant pas attendre plus longtemps, j'ai pris un taxi direction l'hôpital, envoyant un sms rapide à Keallian : « Ne vient pas me chercher, je suis à l'hôpital xxx.» Arrivée là-bas, tout n'était que calme et silence jusqu'à ce que les haut-parleurs débitent leur mauvaise nouvelle : une violente tempête allait s'abattre sur White Oak Station. Vrai ou faux ? De nombreuses personnes commençaient sérieusement à s'inquiéter. Certains hurlaient même que c'était la fin du monde, ce qui ne faisait qu'accoître mon inquiétude et le stress que j'accumulais. La relation que j'entretenais avec mon père en ce moment avait beau être désastreuse, c'était tout ce qu'il me restait de ma famille. J'avais beau cherché ma mère : rien à faire, elle n'existait plus. Assise près de la porte d'entrée de l'hôpital, je jetais des regards constant pour y voir apparaître quelqu'un que je connaissais, n'importe qui avant que je fonde en larme sur ma chaise, seule face à tout ça.

Alors que le jeune médecin (ou infirmier, ou ambulancier, enfin peu importe) lui répond, Olivia éprouve l'impression de le connaître, sans arriver à mettre un nom sur son visage, ce qui la perturbe un petit peu. Elle n'est pas très physionomiste à l'origine, mais là elle sait qu'elle a déjà vu cet homme, et cela l'agace de ne pas se rappeler quand ni à quel endroit elle l'a déjà rencontré. En tout cas, naturellement elle a plutôt un ressenti négatif à son propos. Habituellement, elle lui aurait demandé son nom afin de le resituer, mais avec la tempête qui arrive et l'ambiance qui règne, ce n'est pas sa priorité. Il lui dit que pour l'instant, mis à part essayer de tranquilliser les personnes et attendre les futures directives, il n'y a pas grand chose à faire. « Et bien, je pense que je peux au moins faire ça. » Olivia sourit, toujours gênée par le fait qu'elle n'arrive pas à se rappeler pourquoi il lui est familier. C'est lorsqu'elle se demande quels médecins elle a dans ses connaissances qu'elle fait le rapprochement avec l'ex-mari de sa meilleure amie, Constance. Comme par réflexe, elle recule légèrement, comprenant pourquoi elle éprouve des réticences à son égard. En vérité, elle ne l'a rencontré que deux ou trois fois, mais le connaît par le biais de sa meilleure amie, qui lui a beaucoup parlé de lui. Olivia pince les lèvres, un changement de comportement palpable se fait ressentir. Elle perd son sourire et se détourne du médecin.  Apercevant devant elle une femme ayant l'air d'avoir besoin de réconfort, elle décide d'aller la voir et ainsi de s'éloigner de Drew, comme il s'appelle. Assise sur une chaise, l'inconnue a à peu près l'âge d'Olivia, peut-être un peu plus jeune qu'elle. Sa chevelure flamboyante attire l'oeil, tout comme son regard triste. « Vous allez bien ? » Olivia est tout de même un peu gênée, elle ne connaît pas cette femme, et ce n'est pas vraiment son genre de s'inquiéter à propos des autres. Elle n'est pas égoïste, pas vraiment, mais la jeune héritière n'est pas non plus très concernée par le sort des autres, en général. Cependant, elle a envie d'aider et c'est ce qui la pousse à parler à cette femme. Et puis, si c'est la tempête qui la fait ainsi réagir, Olivia pourra la rassurer du mieux qu'elle le peut, le temps que le personnel médical reçoit leurs ordres. Si c'est parce que l'inconnue a appris une mauvaise nouvelle, Olivia ne pourra pas faire grand chose, si ce n'est apporter un petit peu de soutien, ce qui est déjà ça.

Keallian allait finir son service au bar lorsqu'il entendit à la radio qu'une tempête allait s'abattre sur la ville et que personne ne devait sortir sauf en cas d'urgence. Il prit ces indications à la légère, une tempête? Et puis quoi encore? Il prit ses affaires prêt à partir retrouver Agnès à la sortit de la fac lorsque son portable se mit à vibrer. Il vit le nom d'Agnès s'afficher. Dans sa tête elle annulait leur sortie mais lorsqu'il lut le message son visage devint pâle. « Ne vient pas me chercher, je suis à l'hôpital xxx.» Son cœur se mit à battre bien plus vite que la normale. Il sortit en courant et sauta dans sa voiture avant de partir en furie. Le trajet lui sembla durer une éternité, tout se bousculait dans sa tête, Agnès était à l’hôpital, il ne savait ce qu'elle avait et cela le rendait mort de peur. Il posa sa voiture sans se garer, bondit hors de celle ci et se mit à courir jusqu'à l'entrée de l’hôpital. Il était de plus en plus blanc, espérant qu'elle allait bien. Il traversa la porte d'entrée et se retrouva dans le hall principal. Une foule de gens se trouvaient autour de lui, tous plus paniqué les uns que les autres face à la tempête qui devait arriver. Il entendait à nouveau les indications au haut-parleur, cela devait surement être vrai, mais pour l'instant tout ce qui le préoccupait était Agnès. Il regarda autour de lui, la cherchant du regard, puis la vit assise la tête entre ses mains. Il eut l'impression que son cœur allait s'arrêter. Elle allait bien, du moins elle avait l'air. Elle releva les yeux et le vit juste en face d'elle. Elle se leva et se réfugia dans ses bras. Il passa ses bras autour d'elle, une main dans son dos, l'autre dans ses cheveux. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes. Il ne savait pas du tout ce qu'il se passait, tout ce qu'il fut capable de lui dire fut Ça va aller, je suis là.

Alors que je me tortillais sur ma chaise, tentant un sourire parmi cette foule effrayée, une jeune femme se dirigea dans ma direction, et me demande « Vous allez bien ? ». J'hésite entre tout déballer, et tout garder pour moi. Je lève un regard compatissant vers elle, et je vois dans ses yeux qu'elle aussi ne semble pas très à l'aise. Ses cheveux bruns retombent sur ses épaules, et elle n'a pas l'air de faire partie de l'équipe médicale ou quoi que ce soit. Alors instinctivement je hoche la tête, agrandissant mon sourire pour montrer que tout va bien, qu'on va tous survivre, que ce n'est qu'une mauvaise blague, mais l'anxiété doit sûrement me trahir. « Tout va bien, vous inquiétez pas. L'équipe médicale est là pour nous, n'est-ce pas ? » Je passe une main dans mes cheveux, tandis que je jette à nouveau un regard vers la porte en soupirant. Mon premier réflexe est d'enfouir mon visage dans mes mains, ignorant si l'inconnue de tout à l'heure est encore là, jusqu'à ce que je relève mon regard et tombe sur... Keallian, qui semble rassuré de me voir aller bien. D'un seul coup, toute ma pression retombe, et je me jette dans ses bras, enfouissant ma tête dans son cou et passant mes bras autour, laissant s'échapper les larmes. Je le serre tellement fort, comme si je me ratachais à ma bouée de sauvetage. « Ça va aller, je suis là». Je renifle bruyamment, bégayant. « Oh mon d-dieu, Keallian ! » ma respiration est sacadée à cause de mes sanglots, tandis que la main de Keallian dans mes cheveux essaie de me rassurer du mieux qu'il peut. « M-merci merci merci... » C'est tout ce que j'arrivais à dire. Mais le simple fait que Keallian soit là, bien vivant me rappelait qu'il ne fallait pas que je lâche prise.

Keallian était rassuré, Agnès allait plutôt bien, mais elle était en état de choc, il se demandait bien ce qu'il pouvait se passer. Il l'accompagna sans la lâcher jusqu'aux fauteuils de la salle d'attente puis s’assit à ses côtés tout en la gardant dans ses bras. Il ne voulait pas la lâcher, il avait eu tellement peur qu'il préférait la garder dans ses bras encore quelques instants.

Une fois qu'elle se fut légèrement calmée, elle se redressa et essuya ses larmes. Keallian lui tenait toujours la main comme s'il voulait lui faire comprendre qu'il ne comptait partir nul part. Il la regardait attendant une explication de sa part. Qu'est ce qui se passe? Est ce que tu vas bien?

Son cœur battait en attendant la réponse, il s'était imaginé le pire en arrivant, et heureusement Agnès était saine et sauve mais cela n'empêchait pas un autre malheur d'arriver et vu son état, ce devait être grave. Agnès ne montrait que rarement ses émotions en public. Bien évidemment Keallian l'avait déjà vu pleurer de tristesse ou de joie mais toujours dans l'intimité, jamais devant autant de monde. Il savait qu'elle ne voulait pas paraitre vulnérable. Elle avait toujours été comme ça et même s'il ne comprenait pas toujours il la respectait.