«
Maëlya arête de jouer dans la boue avec ta robe. » La petite fille de trois ans leva les yeux vers sa mère qui la réprimandait pour au moins la quinzième fois de l’après-midi. Elle était encore jeune et ne comprenait pas très bien pourquoi elle ne pouvait pas se salir comme les autres petits autour d’elle. Elle ne savait pas que sa famille avait une certaine apparence à donner et ce depuis le plus jeune âge. «
C’est bon, je m’en occupe. » Le ton d'Edwin, son grand frère, était déjà dur à l’époque mais elle ne s’en souciait pas. elle était encore trop petite pour comprendre le monde qui l’entourait. «
Ed pourquoi j’ai pas le droit de jouer ? » Edwin lui fit un sourire triste avant de se baisser à sa hauteur. «
C’est comme ça Maë. Dans la famille, tu ne fais jamais ce que tu veux. Tu apprendras ça plus tard moustique. » «
Hey ! Je suis pas un moustique. Toi t’es un babouin alors. » Très élégamment, elle lui tira la langue et se mit à courir pour éviter qu’il ne l’attrape. Elle était assez joueuse et elle aimait bien quand son frère se mettait à la courser après qu’elle ait fait ou dit une bêtise parce qu’il arrivait toujours à l’attraper et alors là, il la prenait dans ses bras avant de la chatouiller et de lui faire des bisous. «
Je vais t’attraper moustique. » dit-il avec une grosse voix comme lorsqu’il lui lisait des histoires avant d’aller au lit. La petite fille se mit à rire et essaya de courir le plus vite qu’elle put. Seulement, comme à chaque fois, elle perdue et elle sentit les bras de son frère autour de son petit corps tandis qu’il commençait sa torture. Les éclats de rire de la brune emplirent la prairie alors qu’elle se débattait pour arrêter le supplice. «
Arrête Ed ! » souffla-t-elle entre deux glapissements. Le jeune garçon s’arrêta enfin et l’embrassa sur le front. Elle passa alors ses délicates petites mains derrière son cou et planta son regard vert dans celui bleus de son frère. «
Un jour, je serai ta femme et on aura pleins d’enfants. » Edwin se mit à rire mais il était content que sa petite sœur pense de cette façon. «
On verra ça plus tard Maë. Pour le moment on va revenir vers Jafar et Ursulla pour pas qu’ils nous engueulent de trop. » La brunette hocha la tête et suivit son grand frère, son héro en lui tenant la main.
La jeune fille pleurait dans sa chambre recroquevillée dans le coin de son lit, le dos contre le mur. Ses genoux étaient remontés sous son menton et elle avait enfouit son visage dans le creux que formait ses genoux et son torse. Encore une fois, elle avait été violenté parce qu’elle avait s’en faire exprès renverser une tasse de chocolat sur le tapis blanc de la salle à manger. Encore une fois, elle avait essayé de s’enfuir avant d’être attrapée sur le fait mais Ursula avait comme un sixième sens et arrivait toujours au mauvais moment. Une gifle, puis une deuxième, puis une troisième avaient chauffé ses joues et maintenant, elle était dans sa chambre en train de pleurer. Elle avait d’abord voulu aller dans la chambre de son frère pour être réconforté mais elle s’était rappelé qu’il n’était pas chez eux. Il était sorti elle ne savait où. Maëlya aurait bien aimé plonger dans les bras réconfortant de ce grand frère qui aurait vite séché ses larmes. Elle entendit alors la porte de sa chambre s’ouvrir et elle essaya de se fondre encore plus dans le mur au cas où sa mère vienne encore la disputer. «
Maë qu’est-ce qui se passe ? » En entendant la voix rassurante de Edwin, elle releva la tête et ses larmes se mirent à couler de plus belle. Il vit alors ses joues rouges et comprit de suite ce qui s’était passé. Le jeune homme se dirigea vers sa sœur et la prit dans ses bras. «
Désolé moustique, j’étais parti. J’aurais dû être là. » Peu élégamment, Maëlya renifla bruyamment et se colla le plus qu’elle put contre son frère. «
J’ai renversé sans faire exprès mon chocolat chaud et Maman elle a dit que j’avais fait exprès. Elle m’a donné trois gifles tout en me traitant de bonne à rien, d’empotée. » Elle s’arrêta quelques secondes pour plonger dans le regard bleus de son frère. «
Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je suis sûre que c’était méchant. Hein Ed ? » A cinq ans, la petite ne comprenait pas le vocabulaire des grands et ce même si elle essayait du mieux qu’elle pouvait, tout ça pour que Ed ne la prenne plus pour une enfant. Mais elle savait au plus profond d’elle-même qu’elle resterait toujours la petite sœur de Edwin et qu’elle aurait toujours besoin d’être près de lui ou avec lui. «
Oui ce sont des mots méchants et elle a tort. Tu es la petite sœur rêvée que tous les grands frères du monde aimeraient avoir. » Un grand sourire apparut sur le visage de Maëlya qui claqua un bisous sur sa joue. «
Je t’aime Ed. T’es le meilleur des grands frères. » Ils s’enlacèrent pendant de nombreuses minutes avant que les parents les appellent pour manger. Ce fut en se tenant la main qu’ils arrivèrent à table comme s’ils montraient à Jafar et Ursulla qu’ils allaient se liguer contre eux…
«
Chez les Gallagher on a toujours eu des familles nombreuses ! » Voilà la phrase qui marqua l’arrivée du troisième enfant des Gallagher. Comme si ça ne suffisait pas deux enfants à maltraité et mal aimé, il leur fallait un troisième bouc émissaire. Un plus docile, qu’ils pourraient plus facilement modeler à leur image vu que Maëlya et Edwin se rebellaient. Ethan, voilà comment ils l’avaient appelé… Pauvre petit être qui allait connaitre une vie plus que dure et cela commençait dès maintenant alors qu’il n’était pas plus âgé d’un ou deux ans. Tout ça parce que son grand frère et sa grande sœur n’étaient pas des modèles d’obéissance. Plus Maë grandissait et plus elle faisait le contraire de ce qu’on lui demandait quitte à être réprimander. Elle s’en moquait parce que son babouin préféré était avec elle et la soutenait. Mais il arrivait que de temps en temps, il ne soit pas là et quand c’était le cas, elle évitait au maximum de se rebeller parce que ses parents n’y allaient pas de main morte. Elle se souviendrait toujours de son premier mois à l’école. Elle n’était pas une fille facile loin de là et surtout, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Alors quand une de ses camarades l’avait énervé et l’avait frappé, elle avait riposté. Seulement, qui était-ce qu’on avait attrapé en train de frapper ? Et oui Maëlya. Les parents furent convoqués et Maë fut humiliée. «
Qu'ai-je fait au Bon Dieu pour avoir eu une fille comme toi ? Tu veux bien m'le dire Maelya ? » Elle gardait la tête baissée parce que lorsqu’elle se faisait engueulée, elle n’en menait pas large et si en plus Ursula en rajoutait, c’était pire. «
T'es la honte de la famille Maëlya Cara Gallagher ! Tu ne mérites pas de porter le nom de ton cher père ! » Et le coup parti avant qu’elle ne put le prévoir. Sa joue rougit sous le coup de la gifle et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle détestait se faire frapper et encore plus quand il y avait des témoins. Heureusement son frère, son héro s’interposa. «
NE LA TOUCHE PAS SORCIÈRE ! » Une once de fierté et d’admiration s’alluma dans les yeux de la gamine et elle ne put s’empêcher de sourire. Edwin se mettait en danger pour elle. Il était tellement beau et autoritaire quand il était comme ça. «
C'est pas un cadeau de vous avoir comme parents ! J'ai honte d'être un Gallagher moi ! Honte d'être le fils de deux monstres ! » Seulement, son air admiratif et son sourire disparurent sous un cri de détresse quand la paluche de leur père s’abattit sur Edwin. Encore une fois, les larmes lui montèrent aux yeux. Il avait voulu les sauver, Ethan et elle et il se récoltait les frais. Elle laissa déverser sa tristesse une fois arrivée chez eux alors qu’elle se blottissait dans les bras de son frère dans sa chambre.
Cher journal,
Je ne sais même pas pourquoi je me sers de ce stupide carnet qu’Ed m’a donné. Il m’a dit que c’était pour écrire tous mes secrets. Mais j’ai neuf ans, je n’ai pas besoin de tout ça. J’ai des amis qui sont très sympas avec moi. Mais je ne peux pas leur dire ce qui se passe chez moi. Ils seraient trop effrayés et me laisseraient tombés. Je ne sais pas si je pourrai marcher dans les couloirs et supporter les chuchotements sur mon passage. Alors finalement, c’est peut-être pas une mauvaise idée ce journal. Donc je suis censée dire tous mes secrets ! D’accord. Y a deux mois j’ai embrassé une copine et c’était pas si dégueulasse que ça. J’ai fait comme si ça m’avait dégouté mais c’est pas le cas. J’ose pas en parler avec Edwin. Tu crois qu’il ne m’aimera plus si je lui dis que j’ai aimé embrassé Elize ? J’ai aussi cassé le vase préféré de Ursula. Ça c’est pas très grave. J’ai failli dire que c’était la faute de Ethan, mais il a que trois ans. Je veux pas qu’il se fasse gronder alors j’ai rien dit et j’ai été réprimandé. Edwin m’a dit qu’un jour on partirait de la maison. J’ai hâte. J’arrivais pas à faire semblant d’être contente d’être avec eux. Pour eux, je ne suis jamais assez bien. Il y a bien longtemps que j’ai arrêté de leur plaire mais ça fait toujours mal quand ils me rabaissent. Heureusement, mon héros est là. Sans Ed je ne sais pas ce que je ferai. D’ailleurs, je suis tout le temps en train d’en parler de lui et mes copines pensent que je suis amoureuse de lui. Tu crois que c’est possible de tomber amoureuse de son frère ? J’espère que non parce que ce serait trop bizarre pour la famille parfaite que nous sommes. Je vais pas passer mon temps à écrire parce que ça m’énerve déjà. Je veux aller jouer dans le quartier même si Ursulla ne sera pas d’accord. Je m’en moque je le ferai quand même. Ed m’a dit de te cacher… Peut-être que sous la latte qui s’en va sous le lit ça ira bien. J’espère qu’on te trouvera pas.
«
Putain tu fais chier Ethan ! Arrête de venir m’emmerder dans ma chambre. Va emmerder les parents. » Maëlya ne supportait pas ce petit frère que la nature lui avait donné. Elle aurait cent fois préféré être la dernière et ne pas avoir à supporter ce morveux. Elle aurait aussi aimé qu’il ne naisse pas parce qu’il allait devenir le parfait petit Gallagher celui dont les parents rêvaient depuis des années et qu’ils n’avaient pas eu puisque leurs ainés étaient des rebelles. «
Mais Maë je veux jouer avec toi ! Ed il est pas là et t’as promis de jouer avec moi. » La gamine leva les yeux au ciel et fusilla son petit frère après du regard. Qu’est-ce qu’il pouvait être casse pied quand il s’y mettait. Maëlya n’avait pas souvenir d’avoir été comme ça lorsqu’elle était plus jeune. Peut-être qu’elle n’arrivait pas à apprécier son frère parce qu’il était le préféré des parents et qu’elle rêvait secrètement d’être dans leurs petits papiers même si elle savait que c’était impossible. «
Tu peux pas jouer tout seul dans ta chambre. Elle est remplie de jouets alors ça devrait pas être compliqué ! » La bouche de Ethan s’ouvrit alors et ses yeux se remplirent de larmes. Maë su à ce moment-là que son moment de tranquillité allait être fini. Son jeune frère se mit à pleurer toutes les larmes de son corps ce qui eut pour effet d’alerter Jafar. «
Qu’est-ce que t’as encore fait Maëlya ? » «
Pourquoi ce serait de ma faute ? Ethan veut pas aller jouer tout seul. J’ai autre chose à faire que de m’occuper de votre gosse. Si tu veux qu’il arrête de pleurer t’as qu’à t’en occuper. » Elle savait qu’elle n’aurait pas dû dire ça. La baffe qu’elle reçut lui fit partir la tête en arrière et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Sauf qu’elle s’empêcha de pleurer. Elle devait être forte et ne pas lui montrer qu’il avait réussi à lui faire mal. Elle savait en plus qu’elle n’avait rien dit de mal, qu’elle n’avait simplement fait que dire la vérité. «
Je ne te permets pas jeune fille ! J’élève mes enfants comme je l’entends. » Il s’approcha alors de Ethan et commença à le secouer pour qu’il arrête de pleurer. N’écoutant que son instinct de grande sœur, elle s’interposa en frappant le bras de son père. A dix ans, la petite n’avait pas trop peur de Jafar. Même si elle en voulait un peu à Ethan d’être le fils parfait, jamais elle n’approuvait les gestes de violences et les humiliations qu’ils leur faisaient subir. «
Ne t’avise plus jamais de le toucher ! » Sous le choc, leur père s’arrêta puis regarda sa fille avec un sourire mauvais. «
Pour ton propre bien, tu devrais arrêter de faire comme Edwin. » Elle se reprit une gifle et il les laissa seuls dans la chambre de la brune. Une fois seule, Maëlya laissa couler ses larmes sur ses joues. Ethan se rapprocha alors d’elle et mis ses petits bras autour du coup de sa grande sœur avant de l’embrasser sur le front. Comment pouvait-elle lui en vouloir alors qu’il ne cherchait que l’affection d’une grande sœur.
«
Maëlya, on t’a cherché partout ! » La jeune fille leva les yeux vers le visage de Miles. Il semblait complètement paniqué et il se rapprocha d’elle à toute vitesse. «
CRYSTAL JE L’AI TROUVE ! » Il fut à son hauteur assez rapidement et il vit qu’elle grelottait. Ce fut à cet instant précis que Maë se rendit compte qu’elle était gelée. Miles enleva sa veste et la mit sur les épaules de la jeune femme. C’est à ce moment que Crystal arriva et se plaça à côté d’eux. Maëlya n’avait aucun apriori envers la famille de Crystal mais la haine que leurs parents se vouaient l’avait rendu méfiante mais elle fut contente que la jeune femme soit là près d’elle. «
Regarde ses poignets Miles. » En même temps, le jeune homme et la petite sœur de son meilleur ami baissèrent les yeux sur les poignets de cette dernière. Les morceaux de draps qu’elle s’était enroulée autour de ses plaies étaient tachés de sang et leur couleur était devenue plus foncée. «
Mon dieu Maëlya mais qu’est-ce qui t’a pris de faire ça ? » Le regard dans le vide, le jeune fille regardait ses poignets sans les voir. Elle se souvenait de la sensation de la lame de rasoir sur sa chair, la douleur qu’elle avait éprouvé en s’ouvrant les veines mais également le bien-être qu’elle avait ressenti une fois que le sang avait commencé à s’écouler. Elle aurait pu mourir en paix dans la salle de bain sans que personne ne le sache. Mais Jafar était entré et l’avait vu. Au lieu de l’amener à l’hôpital, ses parents l’avaient enfermé dans sa chambre et elle s’était fait des pansements avec ce qu’elle avait pu trouver. Maë avait donc découpé son drap et s’était entouré les poignets avec pour essayer de stopper l’hémorragie. Puis, elle s’était enfuie de chez elle dans l’espoir de retrouver Edwin. Maintenant qu’il était parti de la maison, elle avait pris le rôle de la grande sœur et faisait tout pour éviter que Ethan ne prenne trop de coups ou soit trop humilié. Mais elle avait quand même besoin de son grand frère. Elle n’avait que douze ans et à douze ans, on était pas assez fort pour lutter contre les parents. «
Ça va ? » La voix d’Ed la fit sortir de ses pensées et elle le regarda perdue comme s’il n’était qu’un fantôme. «
Tu m'as fichu une d'ces peur, t'étais où ? » Maëlya n’arrivait pas à croire qu’Ed était réellement devant elle. Peut-être que la perte de sang la faisait halluciner. Oui c’était sûrement ça. «
Qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est toi ? Elle ? Lui ? » Des mots sortaient de la bouche de son grand frère sans qu’elle n’en comprenne le sens. Maëlya continuait de le fixer comme si elle pouvait voir à travers lui. «
Parle moustique, parle-moi steuplait. » Le moustique la fit réagir et elle secoua la tête tandis qu’un sanglot s’échappait de ses lèvres. «
T... T'étais pas là » Elle s’arrêta quelques secondes pour ravaler les larmes qui commençaient à s’échapper de ses yeux. «
Tu étais à Vancouver pour les tests. Je voulais juste oublier. Et j'ai fait ça. Mais ça a saigné de trop et pour me punir et surtout pour pas que ça se sache ils m'ont enfermé dans la chambre. » Maë recommença alors à pleurer tandis qu’Edwin s’énervait contre les parents. Il décida alors de la mener à l'hôpital et ses faibles protestations ne changèrent rien au fait qu’il avait pris sa décision. Une fois là-bas, elle fut prise en charge et on lui donna des médicaments pour la faire dormir. Demain serait un autre jour…