When someone else’s happiness is your happiness,
that is love.

Ugh. Aujourd'hui c'est la rentrée et ugh. La rentrée ça signifie deux choses. Premièrement que les vacances sont finies et que l'été est derrière nous. Et c'est triste parce que l'été était vraiment top et que rien que pour ça il aurait dû durer trois ans, et pas deux petits mois. Oui oui, trois ans. Secondement, la rentrée ça signifiait aussi réveil le matin, brouhaha dans la colocation pour ne pas être en retard et cours. Et devoirs. C'est à la fin de cette année que je passe vraiment mon diplôme et... J'ai pas envie. Enfin si mais non. J'ai envie d'avoir mon diplôme et d'enseigner et tout ! Mais si je pouvais l'avoir juste en claquant des doigts ou en fermant les yeux très fort ça m'arrangerait. Oui, je stresse déjà pour la fin d'année, je crains.

Bref. C'est déjà l'heure de se lever. J'ai l'impression d'avoir dormi deux heures. Ah non, en fait, j'ai dormi deux heures. Le rythme des vacances en moi, j'ai dessiné jusqu'à tard dans la nuit et quand je me suis rendue compte que c'était mal et que je me suis couchée, bah je n'étais même pas fatiguée. Alors je me suis endormie tard. Et maintenant je suis fatiguée ! Je peux dormir ? Non, je ne peux pas. Il y a Apolline qui toque à ma porte et m'ordonne de me lever d'une voix chantante. MAIS UGH. Comment elle peut être en forme et heureuse de reprendre les cours, elle ? Je crois que ma meilleure amie sera toujours un mystère pour moi. Du coup je pousse un soupir et me lève. J'enfile les beaux habits préparés la veille au soir plus ou moins réveillée, et un peu plus je m'étais mon tee-shirt à l'envers. Je n'ai jamais compris pourquoi le jour de la rentrée on s'habillait bien. Déjà qu'une semaine avant on passe tous chez le coiffeur... C'est étrange. Mais je le fais quand même, parce que je suis un mouton. Tant pis.

« Coucou mon chaaaaaaat ! Café ? » ... Je fronce le nez face à l'enthousiasme débordant de ma jolie blonde. Non, vraiment. JE NE COMPRENDS PAS. « Chuuuuut. Oui, s'il-te-plaît. » Je réponds sans grande conviction avant de m'asseoir sur un tabouret haut de la cuisine. Je suis fatiguée, d'accord ? On compatit, s'il-vous-plaît. « Tu t'es encore couchée tard, pas vrai ? Tu sais que ceux qui se couchent tard ont tendance à mourir plus jeune ? Si tu meurs avant moi je te tue, Mila ! » Je lève un pouce en l'air dans sa direction alors qu'elle pose une tasse devant moi. Oui oui Apo, on y croit. Je commence par boire un peu du liquide brûlant, priant Zeus pour que ça me réveille rapidement, avant de daigner lui répondre. « Ok. » ... Et ça la fait rire. Je lui souris, amusée par sa réaction. J'ai une tête aussi horrible que ça, pas vrai ? « Est-ce qu'on a reçu un mail qui dit que la rentrée est annulée et qu'on peu aller se recoucher ? » Je demande, pleine d'espoir. Son rire fait écho à celui d'un autre individu derrière moi, individu qui vient enserrer ma taille de ses deux bras et déposer un baiser contre ma joue. Oh, Lucas.

« Coucou. » « Coucou. » « En forme ? » « Noooope. » Ça a le mérite d'être clair, au moins. Et de l'amuser, aussi. J'ai le droit à un autre bisou avant qu'il ne me lâche pour pouvoir petit-déjeuner. Apolline nous regarde avec adoration. Apolline n'en revient toujours pas qu'on soit « enfin » ensembles. Parce que bon sang, qu'est-ce qu'on en a mis du temps et blablabla ! J'échange un sourire avec ma meilleure amie. Oui, mais c'était compliqué. Aujourd'hui c'est moins compliqué. Beaucoup beaucoup moins. Pas mal de choses ont changé, c'est sûr, mais s'il y en a une qui n'a pas changé... « Aujourd'hui c'est toi qui conduit ! Merciii. » Oui, bon, on se bat toujours pour savoir qui conduit. Un jour on aura une voiture moins pourrie, en attendant... Ouais. J'affiche un sourire innocent pour avorter le débat. Il m'aime trop pour me refuser ça, ahah !

Quand on arrive sur le parking de l'université, il y a déjà du monde. Ce qui n'est pas étonnant pour un jour de rentrée, en fait. On a aperçu Daphné au loin, discuter avec ce qui est pour moi de vagues connaissances, et malgré le fait qu'on la fixait tous et qu'on essayait de faire les pitres pour attirer son attention ça n'a pas marché. Et puis il a fallut qu'on entre, finalement. Ecouter le discours interminable du proviseur sans s'endormir, se fut tout un challenge mais... J'ai vaincu. Grâce à Lucas qui me donnait un coup de coude lorsqu'il voyait que je piquais du nez. Mon Dieu... Ce soir je me couche tôt ! Puis lorsque Patoche enfin le proviseur quoi s'est enfin décidé à arrêter de postillonner sur les premiers rangs et qu'on a pu rejoindre nos camarades nos sections pour avoir nos emplois du temps, j'ai dit au revoir aux meilleurs copains (et ai vérifié qu'on se retrouvait bien au parc après avec mon petit-copain) pour rejoindre mes autres copains. Oui oui, moi aussi je trouve qu'il y a beaucoup de copains dans cette phrase.

Et on ne comptera pas le nombre de bâillements que j'ai réussi à retenir pendant ces trois heures... On ne parlera pas non plus de ceux que je n'ai pas retenu, m'attirant les foudres de Philou. En vrai je ne sais pas son prénom à lui, mais il avait une tête à s'appeler Philipe. Mais bref. A mon plus grand soulagement c'est finiiii. Alors je peux rentrer à la maison dormir. Ah non. Aller attendre mon copain dans le parc pour qu'on passe l'après-midi ensemble à faire je ne sais quoi, se raconter notre rentrée étout étout. Bref, normal quoi. Et quand je dis le parc c'est le parc pour enfants, parce que dans le parc de l'université il y aura plein de petits nouveaux qui seront perdus et voudront faire connaissance et on pourra pas discuter tranquille. Ouais, j'ai tout pensé. Ce qui est fascinant c'est que quand j'arrive aux jeux d'enfants il n'y a... Pas grand monde. Juste une mère et ses deux enfants qui sont en train de faire du toboggan. Je souris à la dame qui pose son regard sur moi quand je passe à côté d'elle et me dirige vers les balançoires pour m'asseoir sur l'une d'elle et y attendre Lucas ici. Enfant, j'adorais faire de la balançoire. Il y en avait même une dans notre jardin. Et puis on l'a cassé avec Francis, à force d'y jouer. Et comme ma mère disait qu'on était trop grand pour ça, et que Charles n'y jouait jamais et bien on n'a pas eu le droit à une nouvelle. Triste histoire. Je souris à cette pensée et sort mon portable pour envoyer un message à mon meilleur ami et lui faire promettre que le jour où lui ou moi on aura des enfants on leur achètera une balançoire, et même s'ils ne sont pas sages. Il n'a pas compris, et j'ai ris comme une idiote toute seule.

Toujours est-il que mon Lucas oui le mien à moi ! n'était toujours pas arrivé et que je commençais à m'inquiéter. Si ça se trouve, il est allé se jeter dans le lac en voyant tout le travail qu'il aura à faire cette année. Ahah. Il n'oserait pas. Pour être sûre je lui envoie un message où je lui demande s'il est au fond du lac. S'il ne me répond pas, je suppose que j'aurai ma réponse.

~ When someone else’s happiness is your happiness, that is love ~

La rentrée, quel jour maudit. Je pense pourtant que c'est le même mec qui a inventé le jour des vacances et le jour de la rentrée. On m'explique comment quelqu'un qui a pu avoir une si brillante idée de mettre fin aux cours à pu aussi penser à les faire recommencer ? Il devait être bien perturbé le pauvre. Enfin non, pas le pauvre, il nous a pourri la vie à tous ! Vous aurez donc compris que ce n'est pas avec une joie intersidérale que je pose le pied par terre ce matin.  C'est encore moins la joie que j'ai passé la nuit seul dans ma chambre, dans mon lit parce que la Picasso qui me sert de petite amie depuis peu n'avait pas décidé de se coucher hier et tenait à laisser la lumière de sa chambre allumée pour pouvoir dessiner. Tu comprends, je vois moins bien les ombres sinon ? Ouais ouais je comprends mais moi je dors moins bien avec la lumière. Et c'est comme ça que je me suis retrouvé à aller dormir, dans mon lit parce que les miens, d'oeils, nécessitaient vraiment de se fermer. Et la nuit est passée à une vitesse impressionnante, une vitesse qui fait qu'il est déjà l'heure d'entendre ce maudit réveil. Etant assez coopératif avec ce petit engin bruyant, je me lève sans rechigner mais traine un bon moment dans ma chambre avant de réaliser qu'il faudrait quand même descendre. Jean, chemise, il faut faire bonne impression pour la rentrée mais encore plus pour la dernière année de Doctorat de Droit. On ne rigole plus, on est chez les grands. Tu parles.. Comme si je me voyais vraiment adulte, sérieux et responsable. Ca reste à travailler et pourtant oui, dans un an je serai avocat. Dur à croire je vous l'accorde. Une marche, deux marches, trois marches, il y en a vraiment trop dans cet escalier, surtout le jour d'une rentrée. J'arrive finalement dans la cuisine où je retrouve Appoline et Mila, mes accolytes de la rentrée. Francis n'a pas du dormir là, surement chez Daphnée. Il a d'ailleurs du me le dire mais bon.. Moi et la mémoire.. Je tends alors l'oreille pour savoir ce qui se dit entre les deux jeunes filles et comme toujours, c'est la mienne qui fait des siennes et qui sort des phrases dont elle a le secret. Un mail annonçant l'annulation de la rentrée. Et puis quoi encore ? Je ris alors tout en m'approchant d'elle pour la prendre dans mes bras et l'embrasser sur la joue. " Coucou " Faire un commentaire sur son idée ? Le rire suffisait je pense. " En forme ? " Quelle question idiote un jour de rentrée, et sa réponse me le fait bien comprendre. J'esquisse un nouveau rire avant de lui voler un bisous, un vrai bisous cette fois ci. J'en profite, maintenant que j'en ai le droit. Il faut dire qu'on a mis pas mal de temps avant de franchir cette étape, cette étape que nous attendions pourtant tous les deux. Mais ça y est, c'est fait, nous avons réussi à sauter ce pas, à s'avouer clairement ce que nous ressentons, même si nous avons eu besoin de l'aide de la vodka pour ça. On oubliera ça hein ? Je salue aussi Apo avant de sortir es céréales quand Mila me dit avec sa petite tête de chien battu que c'est moi qui conduit " Mais ! " Je souffle en la regardant puis finis par esquisser un sourire parce que bon sang c'est elle et je ne peux pas vraiment résister à ce regard. Et elle le sait. " Ca va d'accord je conduis mais ça sera pas tous les jours ! " Quoi ? Parce que je suis le garçon, le petit ami, le copai n gentleman, je dois lui passer tous ses caprices ? Non mais.. Ok je le fais souvent mais il ne faudrait pas qu'elle en profite quand même. Quoi ? Elle en profite déjà. Ah oui..

La journée se passe, du moins la demi journée de rentrée. Encore heureux que ça ne dure pas plus longtemps, ça serait interminable. Surtout que je dois retrouvé Mila après alors vous pensez bien que je n'ai pas vraiment la tête à écouter monsieur le professeur, grand avocat du barreau qui vient nous dire qu'on s'attaque à la plus dure année de notre vie. Tiens tiens, il nous a déjà dis ça l'année dernière je crois.. Toujours est il qu'il arrive à nous tenir un bon quart d'heure de plus avoir son spitch. Vous savez, déjà un prof ça parle beaucoup mais alors un prof qui a été formé pour déblatérer, déblatérer et convaincre des juges qu'il dit vrai.. Il ne s'arrête plus. Et je parle et je parle et moi je pense à Mila, et Mila.. Ca a donné à peu près ça pendant trois bonnes heures. Enfin, il range. Enfin, il nous lache et nous souhaite une bonne journée. C'est pas trop tôt. Et en effet, la journée va enfin pouvoir commencé à être agréable. Pas le temps de discuter devant l'amphi, j'ai une petite amie à retrouver et après tout le temps qu'on a perdu ses derniers mois, je ne veux plus perdre une minute. Tellement que je n'ai pas pris le temps de voir mon retard. Retard dont je me rends compte quand je passe le pas du parc. J'attrape mon téléphone pour lui demander où elle est et je me rends compte qu'il y a cinq bonnes minutes j'ai reçu un message demandant si j'arrivais ou si je m'étais noyé au fond du lac.. Du grand Mila. Je ris tout seul face à ce message. Mais ça serait trop simple de lui répondre. Je pars à sa recherche dans le parc et ne tarde pas à la retrouver assise sur la balançoire de dos. J'aurai du m'en douter. C'est aussi un de nos points communs : le syndrome de Peter Pan. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est aux jeux pour enfant que je suis venu instinctivement.. Mais bon, c'est nous, encore une fois. Je m'approche à pas de loups derrière elle, faisant signe au passage à une petite fille de ne rien dire en mettant un doigt sur ma bouche. Oui oui le grand bouclé dans le jardin pour enfant qui marche sur la pointe des pieds et qui s'allie à une petite fille pour garder le silence. Ce même grand bouclé sera avocat. Vous voyez quand je vous parlais de crédibilité.. J'en arrive enfin à pincer d'un coup les hanches de ma petite amie en criant " Surpriiiiiiiiiiise ! " avant d'éclater de rire alors qu'elle éclate dans un cri de peur. Mission réussi. Je fais quelques pas de recul, mimant un bouclier avec mes bras que je replie sur moi même " Pas taper, tu m'aimes trop pour ça ! " Je ris en me rapprochant d'elle et finis par attraper ses mains dans les miennes. Marque de tendresse ou de protection ? Un peu les deux à vrai dire. Il vaut mieux prévoir non ? Même si avec ses petites mains elle ne m'aurait pas fait bien mal mais c'est pour le principe " Et puis en plus tu dois être rassuré de voir que je ne me suis pas noyé au fond du lac, dévoré par le requin d'eau douce ! Sinon tu serais vraiment une petite amie indigne.. " lui lançais je en souriant, mon air d'enfant malicieux sur le visage. Elle va craqué, hein, elle va craqué ? Pour être sur qu'elle craque, je mets fin à ce duel de regard en l'embrassant d'un seul coup, tendrement, avant de me reculer, l'air adorable, comme toujours " Je t'invite à manger ? Tu peux pas refuser la meilleure pizza de tout le canada ! " J'aurais vraiment tout fait pour me faire pardonner de cette bétise qui n'en est en fait pas une du tout. Mais j'adore jouer et avec elle c'est encore plus intéressant. J'adore voir son faux regard vexé, son faux air méchant, ses yeux noirs qui restent malgré tout rieurs et pétillants.
 

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that is love.

Il ne m'a pas répondu. Mais pas de panique ! Il est vivant. Et toujours aussi vile. « Surpriiiiiiiiiiise ! » Oui oui, ça c'est lui. Il m'a fait peur en me pinçant les hanches et en me criant dans les oreilles, alors j'ai sursauté comme une folle et crié à mon tour et voilà. On a l'air débile. Je le regarde, un sourcil froncé, type je suis fâchée. En vérité je me retiens de sourire, parce qu'il est mignon à faussement se défendre. « Pas taper, tu m'aimes trop pour ça ! » Ahah. « Oui oui, c'est ce que l'on dit ! » Je dis en levant les yeux au ciel. Il attrape mes mains et j'entremêle mes doigts aux siens avec un sourire. Oui, moi j'aime bien, ça ne me dérange pas. Du tout ! « Et puis en plus tu dois être rassurée de voir que je ne me suis pas noyé au fond du lac, dévoré par le requin d'eau douce ! Sinon tu serais vraiment une petite amie indigne. » Oula, le requin d'eau douce... Il va bien loin, lui. Je pense que noyé suffisait, mais bon. « Tellement rassurée ! » J'ai le temps d'exagérer avant que ses lèvres ne se trouvent sur les miennes. OUI, ça aussi j'aime bien ! Je finis par sourire lorsqu'il se recule avec un air innocent sur le visage. Oui ? « Je t'invite à manger ? Tu peux pas refuser la meilleure pizza de tout le Canada ! » Je fais semblant de réfléchir un instant. Hé ho. Je suis une excellente actrice, oui oui ! Absolument tout à fait ! « Mmh c'est une excellente idée, je meurs de faim ! » Parce qu'à part le petit-déjeuner qui remonte mais à loiiiiiin, je ne suis pas nourrie. C'est triste, je trouve !

Du coup c'est avec un certain plaisir que je glisse mon bras autour de celui de mon copain et qu'on se dirige vers la pizzeria la plus proche pour accéder à sa promesse. Et puis personne ne peut refuser une pizza, de toute façon. « Bon alors, comment s'est passée ta matinée ? Tu as eu le droit à ce fameux discours qui dit que ce sera la pire des années que tu as vécu de touute ta vie ? » Ce qu'on a tous les ans. Bon aujourd'hui c'est justifié, je veux bien, oké. « J'ai beaucoup baillé, aussi... Tu as baillé où je dois me sentir seule sur ce coup ? » Je lui demande en tournant la tête vers lui, un sourire aux lèvres et un air taquin sur le visage. Si on se le demande, je suis fatiguée. On ne l'avait paaaas remarqué. Je ne l'ai pas assez dit. « Ce soir je me couche tôt. » On part sur les bonnes résolutions, maintenant ? Oui oui. « Eeet pour ta gouverne, je suis une petite-amie parfaite. La preuve, je n'ai rien dit sur ton retard ET sur ton entrée vile. Je suis adorable. » Voilà, mes chevilles vont bien, c'est dit.