Aubrey & Astrid

TOI AUSSI T'ES DETRAQUEE ?

Aubrey n’était pas vraiment de bonne humeur ce matin. Et pour cause… Elle devait se rendre à l’hôpital pour un rendez-vous de contrôle. Un check-up comme on le dit si bien dans le terme médical parfois. Aubrey a eu un accident de voiture il y a quelques temps et depuis elle était devenue amnésique. Aubrey devait se rendre plusieurs fois dans l’année chez le psychologue ainsi qu’à l’hôpital pour voir si sa mémoire faisait des progrès où si cela restait encore trop petit pour qu’elle se souvienne de quelque chose de concrets dans sa vie passée. Pour le moment, c’est loin d’être le cas. Certes, elle se rappelle peut-être de petites choses mais rien de bien intéressant en soi qui pourrait lui faire réveiller sa mémoire et qu’elle se souvienne de tout. Elle ne perd pas espoir qu’un jour, elle se rappellera de tout. En attendant, elle devait se pointer assez régulièrement dans ces endroits qu’elle ne peut pas voir. Au début, elle trouvait des excuses pour ne pas y aller, et parfois les excuses étaient tout de même bien bidon. Elle a finit par capituler et aller au rendez-vous sans broncher, du moins c’est ce qu’elle essaye de faire croire parce qu’elle n’a vraiment pas envie d’y aller. Aubrey voit un peu ces rendez-vous comme une perte de temps. Sa mémoire lui revient par petits bouts de temps en temps, mais cela n’a rien à voir avec les séances chez le psychologue ou les tests qu’elle fait à l’hôpital. Si elle réussi à se rappeler de quelques petits détails, c’est bien parce qu’elle se retrouve dans des endroits qui lui ont rappelés quelques petites choses.

La brune amnésique s’est donc réveillée sans aucune motivation. Elle a pris une douche, s’est préparée en s’habillant tout simplement avec un pantalon slim et un top bleu. Ses cheveux étaient lâchés dans son dos. Elle trainait des pieds dans la rue pour marcher jusqu’à l’hôpital, s’allumant une cigarette sur la route le temps qu’elle marchait. Aubrey arriva au bout de quelques minutes, s’alluma une seconde cigarette, en profitant pour bien tirer dessus avant de se rendre dans la salle d’attente, courant presque dans les couloirs vu qu’elle était en retard pour son rendez-vous. Dans les couloirs, elle percuta d’ailleurs une femme, qui a, à peu près, le même âge qu’elle. « Oh, pardon. » Elle s’excusa rapidement avant de continuer sa route et d’attendre dans la salle d’attente. Aubrey qui pensait être en retard, c’est son médecin qui l’était plutôt. La brune récupéra un bouquin pour patienter quand la blonde qu’elle avait percuté se pointa dans la salle d’attente elle aussi. « Oh, toi aussi t’es détraquée ? » Oui, Aubrey n’avait pas sa langue dans sa poche, et parfois il faudrait vraiment qu’elle se taise avant de parler, cela pourra lui éviter des problèmes.

Staying in my play pretend

Le calme règne et Astrid déteste ça. Autant, habituellement elle apprécie toujours qu'il n'y ai pas de bruit, pourtant aujourd'hui, elle aimerait un peu que ça bouge. Les regards sont braqués sur elle et hormis le bruit des klaxons, elle entend strictement rien. Elle essaye de faire le vide dans sa tête, pour ne plus penser à rien. Se sentant incapable de conduire, Astrid avait décidé de prendre le bus. Les odeurs la dérangeait, mais elle prenait entièrement sur elle, se répétant sans cesse que c'était les sans-abris qui transportait cela sur eux. Bref, elle jetait un oeil à la fenêtre, elle n'était pas encore arrivée et vu la circulation d'aujourd'hui, elle n'y serait que dans un bon quart d'heure. A force d'être seule, la jeune femme n'avait pas l'occasion de se changer les idées. Elle pensait toujours à ce putain de cancer du poumon. Pourquoi elle ? Elle qui n'avait jamais fumé de toute sa vie, qui ne buvait que très peu en soirée. C'est vrai, certains fumaient comme des pompiers et mourraient d'une crise cardiaque, ou bien dans leur sommeil, n'ayant même pas le temps de ressentir la moindre douleur. Ils ne souffraient pas. Le sort c'était acharné sur Astrid, qui avait une vie plutôt bien rangé avant ça, elle travaillait, bref, elle était plutôt casanière et sa routine ne l'avait pas encore saoulé.

Bien sûr, elle faisait profil bas, elle souriait, agissait comme une personne normale. Enfin, qu'est-ce qu'une personne normale sérieusement ? Elle appuyait rapidement sur l'arrêt, seulement quelques secondes avant celui-ci. A vrai dire, aujourd'hui elle était complètement ailleurs et le départ de Elza l'avait plutôt chamboulée. Oui, elle était venue ici pour la rejoindre et seulement quelques mois après son installation, sa meilleure amie mettait les voiles, de quoi la mettre en colère. Descendant du bus, elle agrippait fermement son sac contre elle, de peur qu'on s'attaque à elle. Astrid était fragile et elle avait peur du monde qui l'entourait, elle ne faisait confiance qu'à très peu de gens. Pénétrant dans l'hôpital, elle déambulait dans les couloirs, tête baissée. Elle fut alors percutée par quelqu'un. Enfin, ce n'était pas la faute de son interlocutrice, c'était aussi la sienne, elle ne regardait pas devant elle, préférant admirer ses chaussures. « C'est moi. » Lâchait-elle, avant de regagner la salle d'attente. Posant son sac à ses pieds, Astrid fixait les affiches qui se trouvaient en face d'elle. Toutes étaient présentés différemment, mais les slogans se ressemblaient tous, ce qui agaçait déjà la maîtresse. En entendant une remarque, Astrid levait aussitôt la tête, écarquillant ses grands yeux. A l'entendre, celle-ci devait sûrement l'être. « Peut-être, enfin non, je ne pense pas. » Astrid était plutôt mal à l'aise face à elle, mais sa remarque la faisait une fois de plus, capituler. « Vous êtes comme ça avec tout le monde ? » Plutôt franche en tout cas.

Aubrey & Astrid

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C’est dans sa nature, il ne faut pas lui en vouloir. Aubrey est naturelle et ne mâche pas ses mots lorsqu’elle parle à quelqu’un, et ce même si elle le connaît à peine. La brune s’en fiche bien de savoir ce que les autres peuvent penser d’elle, si ça se trouve ce sont même des personnes qu’elle connaissait auparavant, mais ils ne lui disent rien donc elle en conclue rapidement qu’elle ne vient pas de White Oak Station, et qu’une fois qu’elle aura la chance de retrouver sa mémoire, plus que par petits morceaux comme c’est le cas actuellement, Aubrey pourra se tirer de cette ville. Après tout, pourquoi elle resterait ? Du moins, c’est ce qu’elle se dit en ce moment parce qu’elle est amnésique et que personne n’est venu à son chevet lorsqu’elle était à l’hôpital. C’est vrai qu’elle aurait pu se tirer dès qu’elle est sortie de l’hôpital mais elle préférait retrouver la mémoire à White Oak Station, sachant que c’était ici qu’elle était lorsqu’elle a eu cet accident de voiture. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien foutre dans cette ville ? Franchement, oui elle est charmante aucun soucis là-dessus mais ce n’est pas une grande ville comme on peut rêver parfois. Avec un peu de chance, ce n’est qu’une histoire de quelques mois et après elle se rappellera de tout.

Aubrey était donc dans la salle d’attente, en train de bouquiner un magazine qui date de plusieurs mois. Il faudrait que l’hôpital prenne l’habitude de les changer régulièrement. C’est le même magazine qu’elle avait consulté la dernière fois lors de son dernier rendez-vous. Elle reconnu rapidement la blonde qu’elle avait percuté dans les couloirs, quand elle courrait pour ne pas être trop en retard. Etant assez directe, elle lui avait demandé si elle était elle aussi détraquée. Elle est naturelle, et on ne lui en voudra pas. « Peut-être, enfin non, je ne pense pas. » Aubrey esquissa un sourire, elle l’avait mise mal à l’aise. « C’est ce qu’ils disent tous en général. » Oui, parce que ça lui arrive souvent de poser cette question quand elle se retrouve avec des personnes qu’elle ne connaît qu’à peine. « Vous êtes comme ça avec tout le monde ? » C’était marrant de la voir mal à l’aise, et la vouvoyer. Ce par quoi, Aubrey ne pouvait s’empêcher de lui répondre en la tutoyant. « Ouais, ça m’arrive. T’es là pour quoi ? » Ah et elle est aussi un peu trop curieuse.

Si Astrid était venue à White Oak Station, c'était pour rejoindre sa meilleure amie Elza. Cependant, celle-ci venait de retourner à San Francisco, quelque chose qu'elle avait plutôt du mal à digérer. Après tout, elle avait quitté sa ville natale, sa famille et ses amis pour finalement se retrouver seule dans une si petite ville. Bien sûr, elle en voulait à Elza et à cause de cela, les deux femmes étaient plutôt en froid, compréhensible vu le coup tordu que lui avait fait sa "meilleure amie". Malgré tout, elle ne comptait pas partir de si tôt d'ici, parce que ce serait comme un retour à la case départ et ça, elle ne se sentait pas vraiment de le vivre en ce moment. Après tout, elle commençait à se sentir bien ici, elle avait rencontré des gens sympathiques tels queJoanne et même si elle ne pas grand-chose sur elle, elle se rapprochait davantage. La journée aurait bien pu commencé si elle n'avait pas un rendez-vous chez le médecin. Une visite de contrôle ? Peut-il pense-il que son état se soit amélioré ou pire, qu'il se soit aggravé. Dans tous les cas, elle tentait de garder la tête froide.

Pénétrant dans l'hôpital, la blondinette pressait un peu le pas pour ne pas arriver en retard à son rendez-vous. Pas qu'elle soit très enchantée de s'y rendre, mais pourtant il le fallait, elle n'avait pas d'autre choix. En entrant dans la salle, elle prenait place sur une chaise, observant tout ce qui trouvait autour d'elle. « Je ne suis pas détraquée mais, vous par contre... » Comment ose-on demander à une parfaite inconnue si elle est détraquée ? C'est un peu surprenant quand même. A l'entendre, Astrid se demandait si ce n'était pas plutôt elle qui l'était. Rien de méchant bien sûr, mais elle se posait un peu la question puisque son comportement la gênait quelque peu. « Pour une visite, rien de bien passionnant et vous ? » Astrid ne préférait pas épiloguer sur ce sujet, qui la rendait particulièrement mal à l'aise. Elle détournait son regard du sien, pas d'humeur trop causante. Le fait que celle-ci la tutoie ne la tracassait pas vraiment, elle s'en moquait.

Aubrey & Astrid

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Ce que les rendez-vous à l’hôpital pouvaient l’emmerder. Aubrey pouvait le clamer haut et fort tellement elle était agacée par ses rendez-vous obligatoires. Sa mémoire ne fait pas de progrès, alors autant la laisser tranquille. Aubrey aimerait bien tenter de vivre une vie normale, en attendant que sa mémoire revienne comme par miracle. Le fait qu’on la force à aller à plusieurs rendez-vous, c’est un peu comme si on la forçait à penser à son passé, c’est un peu ce qui l’a retient, malheureusement. Dans tous les cas, elle ne travaillait pas à cet instant précis, parce qu’elle devait aller à l’hôpital, pour ce stupide rendez-vous habituel. Elle attendait donc dans la salle d’attente, pensant qu’elle était en retard mais en fait, c’était son médecin qui est en retard. Ca aussi, ça l’agace. On se tue pour être à l’heure à un rendez-vous, et le médecin n’est même pas capable de respecter les horaires de quinze minutes par patient. Si vous n’êtes pas capable, autant interférer les rendez-vous toutes les demi-heures et non pas tous les quart d’heures. C’est moins embêtant pour les patients qui doivent trouver du temps sur leur journée assez chargée pour venir. Bon, vous l’avez compris, elle est agacée par la situation et en a marre de venir ici.

Aubrey s’est donc mise à parler avec la blonde qui était aussi dans la salle d’attente en même temps qu’elle, et autant dire qu’elle a été plutôt directe avec elle puisque quand elle lui a parlé, elle lui a demandé si elle était détraquée elle aussi. « Je ne suis pas détraquée mais, vous par contre… » Aubrey ne put s’empêcher d’esquisser un sourire face à la remarque de la blonde. « Oh. J’le cache pas. » La brune était au courant qu’elle n’avait pas toute sa tête, et elle l’affirmait haut et fort. Pourquoi le cacher en même temps ? Puis, Aubrey se mit à lui demander pourquoi elle était là. Oui, autant demander. « Pour une visite, rien de bien passionnant et vous ? » Elle se doutait bien qu’elle mettait mal à l’aise la blonde, et elle s’amusait un peu de la situation. Elle venait même de détourner le regard, ce qui montrait bien son malaise, face à elle. « J’ai été victime d’un accident de voiture, et du coup ma mémoire a décidé de s’tirer. J’me rappelle de rien. » Intéressant, non ? « Qu’est-ce qu’il fou ce médecin ? Il est en train d’se branler devant la patiente qui était avant moi ou quoi ? »

Cela faisait peu de temps qu'Astrid avait découvert qu'elle était atteinte d'un cancer. Bien sûr, elle n'en avait pas encore parlé à ses amis et à sa famille, car elle connaissait suffisamment ses parents pour savoir qu'ils allaient la materner, chose qu'elle ne supporterait pas. Astrid était une grande fille et elle avait appris à se débrouiller toute seule. La jeune blondinette se trouvait bien trop jeune pour être malade, elle n'avait encore rien vécue, sauf son adolescence. Elle espérait passé le cap des trente ans, mais elle ne se faisait pas trop d'illusion non plus. Qui sait, peut-être que cela allait se guérir au bout d'un an et qu'elle allait enfin pouvoir revivre à nouveau. Étant très naturelle, Astrid ne se maquillait que très peu, néanmoins, depuis quelques semaines, elle était bien obligée de le faire, ne serait-ce que pour cacher ses cernes qui prenaient pas mal de place sur son visage. Le teint pale, elle ressemblait presque à un zombie.

Après avoir couru dans les couloirs, la blondinette rejoignait donc la salle d'attente. Elle aimait avoir une bonne demi-heure d'attente, mais elle n'aimait pas pour autant être importunée. Aujourd'hui, ce n'était pas un vieux monsieur qui lui parlait d'arthrose ou de douleurs lombaires, non, en face d'elle se trouvait une brunette plutôt détraquée. Astrid était mal à l'aise face à cette énergumène, elle lui tapait la discute, la tutoyait sans même connaitre ne serait-ce que son prénom. Elle laissait alors planer le silence quelques instants avant que la jeune femme ne lui expose ses problèmes. Perte de mémoire, et bien, espérons qu'elle n'était déjà pas détraquée avant parce que sinon... « Navrée pour vous. » La blondinette était plutôt compatissante et au fond, elle se doutait bien que cela devait être horrible, ne se souvenir de rien. Elle écarquillait ensuite les yeux face aux propos de la jeune femme. Étrange comportement. Cette fille était une vraie charretière et Astrid était plutôt choquée de l'entendre parler de cette façon, elle qui était plutôt douce et qui enseignait aux petits la politesse. « Je pense que vous devriez surveiller votre langage, votre médecin est peut-être simplement en train d'examiner quelqu'un. » Elle marquait une courte pause, avant de continuer. « Vous avez déjà vu un médecin à l'heure ? La ponctualité ce n'est pas dans leurs cordes. »

Aubrey & Astrid

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Aubrey ne savait pas si elle agissait comme elle aurait pu agir habituellement. Après tout, elle a perdu la mémoire alors elle ne sait pas comment l’ancienne Aubrey pourrait réagir face à telle ou telle situation. La brune tentait d’agir naturellement. Elle avait remarqué assez rapidement qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche et qu’elle parlait parfois sans vraiment réfléchir avant ou penser aux conséquences de ce qu’elle peut dire. Un peu comme là, dans cette salle d’attente où elle s’est mise à parler à une autre patiente, une blonde. Elle ne la connaissait pas du tout avant d’être entrer dans la salle d’attente, mais cela n’a pas empêché Aubrey de lui adresser la parole. Pourquoi est-ce qu’elle se retiendrait ? Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas les personnes qu’il faut rester de parfaits inconnus. C’est pourquoi elle s’était mise à lui parler, quitte à la mettre mal à l’aise. Ce n’était peut-être intentionnel quand elle a commencé à lui parler, mais bon. Après tout, c’était la première fois qu’elle l’a voyait dans la salle d’attente. Peut-être qu’elle ne va pas la recroiser, ou peut-être qu’elle la recroisera dans les couloirs. Elle n’en savait rien, et pour l’instant, il faut dire qu’elle s’en fichait pas mal. C’est vrai, après tout peut-être que bientôt elle allait retrouver la mémoire et qu’elle pourrait se tirer d’ici.

Elle avait donc fait sa curieuse et demandé à la blonde pourquoi est-ce qu’elle était ici. Oui, parce qu’elle, c’est suite à son accident de voiture où elle a perdue la mémoire qu’elle se retrouve obligée d’être ici. Alors autant savoir pourquoi l’autre personne était là dans cette salle d’attente. Simple consultation apparemment. Bien. En même temps, elle se doutait bien que la blonde n’allait pas non plus lui dévoiler toute sa vie dans ne salle d’attente. « Navrée pour vous. » Aubrey haussa alors les épaules, comme si elle s’en fichait un peu. « On s’habitue avec le temps. » Elle avait prononcé cette remarque sur un ton un peu désinvolte. Elle s’est vraiment habituée au fait qu’elle a perdue sa mémoire et qu’elle ne sait pas vraiment qui elle était auparavant. Aubrey s’emporta assez rapidement contre l’attente qu’elle jugeait trop longue. C’était plus fort qu’elle, elle n’avait pas pu se retenir. « Je pense que vous devriez surveiller votre langage, votre médecin est peut-être simplement en train d’examiner quelqu’un. » Oops. Elle avait peut-être été outrée par son comportement. « Désolée. » Oui, il fallait tout de même qu’elle s’excuse un peu. « Vous avez déjà vu un médecin à l’heure ? La ponctualité ce n’est pas dans leurs cordes. » Sur ce point, elle avait entièrement raison. « Pourtant c’est pas bien compliqué. Pourquoi ils prennent des rendez-vous tous les quarts d’heure s’ils savent pertinemment que leurs rendez-vous durent au moins une demi-heure avec chaque patient. »

La brune arrêta de parler un instant, regardant de nouveau à droite et à gauche, avant de regarder l’heure sur son téléphone. En retard, encore. Puis, elle posa de nouveau son regard sur la blonde, avant de prendre de nouveau la parole. « T’es sûr que ça va ? T’es toute pâle. » Ouais, presque un cachet d’aspirine.

Astrid était parfaitement consciente que son état s'aggravait au fil des semaines. Toutefois, elle ne comptait pas non plus se laisser abattre aussi facilement. Pourtant, au début, elle était très réticente, elle avait longuement hésité à prendre un traitement. Si jamais la chimio la tuait ou la rendait encore plus faible qu'elle ne l'était déjà ? Ou bien, la meilleure solution serait-elle de laisser faire la nature et de se laisser mourir aussi facilement ? Non, après mure réflexion, elle savait qu'elle avait fait le bon choix, même si les mois à venir n'allait pas être de tout repos pour elle. Depuis quelques semaines maintenant, elle ne dormait pas bien la nuit, elle vomissait toutes ses tripes jusqu'au sang, elle se sentait de plus en plus impuissante face à cette situation, mais pourtant, elle tentait tant bien que mal de lutter. Ce que vivait la jeune femme qui se trouvait avec elle dans la salle d'attente ne devait pas non plus être de tout repos, elle ne savait plus qui elle était et elle ne parvenait certainement pas à recoller les morceaux de sa vie. Chacune de leur côté, elle souffrait, elle se sentait terriblement seule, mais la brunette semblait déterminé à vivre et à ne rien lâcher, contrairement à Astrid qui ne supportait déjà plus la situation qu'elle affrontait en ce moment.

Elle était déjantée et un brin vulgaire, comportement que la blondinette n'appréciait pas forcément, pourtant, elle restait polie avec elle, lui suggérant simplement de surveiller son langage. Oui, elle avait le coeur sur la main et remettre les autres à leur place n'était pas son but précis, bien au contraire, elle était beaucoup trop faible pour lui en faire part. Astrid esquissait un fin sourire à la réplique de la jeune femme. Avait-elle un autre choix que de s'habituer à ce changement radical ? Non. Son interlocutrice s'excusait pour les propos déplacés qu'elle avait dit, chose qu'Astrid acceptait bien sûr. Elle se permettait même de parler de la ponctualité des médecins. C'est vrai, ils ne sont jamais à l'heure, c'est loin d'être une nouveauté. « Surtout qu'ils se chargent leurs emplois du temps pour rien puisqu'ils finissent toujours plus tard. » Ils ne pensaient pas aux patients qui se pliaient en quatre pour trouver un moment pour ses rendez-vous. Astrid passait donc ses deux mains sur son visage, inspirant profondément. Elle n'avait pas passé une excellente nuit et la fatigue se faisait amplement ressentir. Elle avait beau mangé, rien ne passait et de ce fait, elle n'arrivait plus à ingurgiter quoi que ce soit. Son mal-être attirait l'attention de la brunette qui lui demandait si elle allait bien. Timidement, elle hochait doucement la tête avant de la basculer légèrement en arrière, frottant doucement ses yeux. « Ou.. oui, je suis juste fatiguée. » Lassée d'être malade surtout. Astrid n'essayait même pas de se redresser, cela ne servira à rien puisqu'elle tomberait au sol.

Aubrey & Astrid

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Elle ne se sentait pas à l’aise dans les hôpitaux. Pour elle, c’est un endroit lugubre et très glauque. Aubrey n’aime pas y venir, bien qu’elle y soit obligée. Et tout ça pour ses séances chez le psychologue ainsi que pour faire des stupides tests sur sa mémoire lorsqu’elle a rendez-vous à l’hôpital. Elle n’avait pas le choix et elle le sait bien. Elle devait y aller alors bon, Aubrey se contente d’accepter les rendez-vous et d’y aller, comme un bon petit soldat. Elle se doute bien que si elle ne se présente pas à un de ses rendez-vous, son médecin allait encore lui faire un sermon. Bon elle pourrait l’envoyer sur les roses assez facilement puisqu’elle a de la répartie, mais tout de même, autant éviter de froisser son médecin. Et puis au final, c’est quoi ? Quelques minutes de son temps et encore elle a réussi à ne plus avoir de rendez-vous toutes les semaines. Avant c’était ça. Avant c’était toutes les semaines qu’elle devait y aller, et c’était trop pour elle. Il n’y avait pas beaucoup de progrès alors pourquoi continuer ? Au pire, elle prendrait de nouveau rendez-vous quand elle se rendra compte qu’il y a eu des progrès non ? Ce ne serait pas plus simple ainsi ? Pour elle si, mais pour son médecin c’est une tout autre chose.

Aubrey était un peu tarée sur les bords. Elle ne le cachait pas pour autant. Pourquoi est-ce qu’elle le cacherait alors que c’est dans sa nature ? Bon, elle ne sait pas si elle était ainsi avant son accident mais elle suppose que oui. Aubrey se montrait un peu vulgaire envers les médecins parce qu’elle ne les supporte pas. Pas le moins du monde d’ailleurs. La brune s’excusa auprès de la blonde, parce qu’elle s’est un peu laissée emporter par rapport aux médecins. Elle les trouve tellement irrespectueux en même temps. « Surtout quand ils se chargent leurs emplois du temps pour rien puisqu’ils finissent toujours plus tard. » Aubrey ne put s’empêcher d’esquisser un sourire avant de se tourner vers la blonde « Mais grave ! » Aubrey faisait un peu comme si elle était chez elle ici, en même temps elle vient tellement souvent qu’elle devrait peut-être penser à se privatiser un endroit dans cette salle d’attente. « Le pire, c’est qu’ils se plaignent en plus du retard. Ils se foutent vraiment de notre gueule dans ces moments-là. J’ai trop envie de leur foutre mon poing dans la tronche quand ça arrive. » Bon… Elle redevient un peu vulgaire mais il faudra que la blonde s’y fasse. Mais rapidement, alors qu’Aubrey observait la blonde, elle remarqua qu’elle était toute pâle. Elle lui demanda alors si elle allait bien. Oui, autant lui demander, elle s’inquiète rapidement. « Ou… oui, je suis juste fatiguée. » Elle avait basculé sa tête en arrière, tout en se frottant les yeux. Ouais, elle doit être malade. « Je peux vous laisser ma place si vous voulez, pour passer plus vite. »

Sa maladie l'empêche de vivre sa vie correctement. Elle est sans cesse submergée par la fatigue et lorsqu'elle travaille, elle est à bout de force. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'au début, elle ne voulait pas prendre de traitement, toutefois Sawyer, son médecin lui avait dit que si elle se laissait mourir ainsi, c'est qu'elle n'était pas forte et qu'elle ne pensait pas aux autres. Astrid se doutait bien que si elle avait dit ça, c'était pour la faire changer d'avis et la pousser à reprendre sa vie en main. Du coup, la voilà à l'hôpital, fatiguée comme jamais, mais pourtant souriante et naturelle. Elle s'efforce de faire des efforts, de montrer aux autres qu'elle va bien et qu'elle n'a besoin de personne pour avancer, même si on lui met des bâtons dans les roues. Elle pense à famille, à Joanne, aux gens qui l'aiment et malgré qu'elle ne soit pas au top de sa forme, elle se bat, elle se bat pour vivre, pour vaincre ce putain de cancer qui lui plombe le moral et qui lui gâche la vie.

Dans cette maudite salle d'attente, elle fixe un point imaginaire pour ne pas être confrontée au regard des autres. Cependant, une brunette plutôt sympathique lui tape la discute et de ce fait, elle reste tel qu'elle est : polie et aimable avec elle. Être malade n'exige en aucun cas un traitement de faveur, elle ne demande pas à passer devant les autres à la caisse d'un magasin, elle ne veut pas réduction ou quoi que ce soit d'autre, elle veut être traité comme tout le monde. Esquissant un sourire à la brunette qui se trouve avec elle, celle-ci lui demande si elle va bien. Elle ne va pas non plus lui dire qu'elle est sur le point de tourner de l'oeil, ce n'est pas du tout son genre de se plaindre à vrai dire. Elle mordille donc sa lèvre inférieure tout en hochant la tête. « Ce n'est pas la peine, je vais attendre patiemment mon tour. » Après tout chacun ses problèmes et qui sait, peut-être qu'elle n'allait pas aussi bien qu'elle le prétendait. Tu vas bien, tu vas bien se répète-elle en vain pour tenir le coup. « Depuis combien de temps êtes-vous amnésique ? » Demande-elle poliment, un léger sourire sur les lèvres. Astrid est tout ce qu'il y a de plus inoffensif, elle fait passer le bonheur des autres avant de le sien et même si elle est curieuse, elle sait poser des questions subtilement, sans demander trop de détails aux autres. Elle souffle donc doucement, croisant les bras contre sa poitrine.