~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
  elle aussi, elle aimerait bien le savoir, et le plus chiant dans cette situation, c'est qu'elle n'a personne à qui elle peut poser la question. aubrey pense aussi qu'elle n'est pas d'ici, parce que si vraiment elle était de white oak station, quelqu'un serait venue la voir lorsqu'elle se trouvait à l'hôpital non ? ou alors, une des autres questions qui lui viennent en tête à cet instant : est-ce qu'elle avait des amis ? oui, parce que si effectivement, elle vient de white oak station, peut-être que personne n'est venue la voir parce qu'elle ne s'entendait pas avec beaucoup de monde. de ce fait, aubrey ne peut pas vraiment dire si elle est heureuse que cette période soit terminée car elle n'en a gardé aucun souvenir.

     ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
  bien sûr. bon d'accord, on peut clairement dire qu'il a un gros trou noir dans sa tête et il faut bien lui avouer que cela la perturbe un peu. non mais c'est vrai, comment est-ce qu'elle peut être pleinement heureuse alors qu'elle ignore tout de sa vie ? on lui a dit quelques petites choses lorsqu'elle est sortie du coma, mais est-ce que quelqu'un peut lui confirmer que ces choses sont vraies ? aubrey se considère comme étant heureuse, mais il lui manque tout de même beaucoup d'éléments pour dire qu'elle peut l'être pleinement. elle se contente de vivre la vie comme elle peut, en espérant avoir réponses à ses multiples questions.

     ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
  dans dix ans ? et bien, avec un peu de chance les séances de psy lui auront permis de retrouver sa mémoire, peut-être pas complètement mais au moins par bride, ce serait un bon début. concernant sa vie privée, elle ne sait pas pour l'instant si elle a un petit ami ou bien si elle est célibataire, alors peut-être que oui, dans dix ans elle aura quelqu'un dans sa vie, mais si elle est seule, elle ne sera pas rendue non plus à se morfondre devant le dernier film de bridget jones avec un pot de glace et un paquet de mouchoir. et pour ce qui est de son métier, elle se plait comme étant animatrice radio, et elle adore créer de la musique, aubrey pense vraiment qu'elle a trouvé sa voie.

Sortant un bout de papier de la poche arrière de son short, Aubrey détourna la tête après avoir pris connaissance de l’adresse qui se trouvait sur ce bout de papier. C’est bon, elle se trouvait au bon endroit. Psychologists’ Association Of Alberta. La brune se mit à soupirer, avant de tirer une dernière bouffée sur sa cigarette avant de l’écraser sur le sol, et d’entra dans le bâtiment qui se trouvait devant elle. Aubrey se demandait encore comment elle avait pu en venir à aller chez un psychologue. Qu’est-ce qui a pu bien lui arriver durant ses derniers mois pour qu’elle se retrouve dans le coma plusieurs mois ? Et en plus, elle se tape une amnésie en prime. Parfait, non ? Aubrey s’installa alors dans la salle d’attente, le temps que le psychologue qu’on lui a attitré à l’hôpital vienne la chercher pour qu’ils puissent entamer leur première séance. Oui, parce qu’en plus, on lui a dit qu’il y aurait plusieurs séances possibles en fonction de l’évolution et les progrès que feront sa mémoire. Un bon charabia médical plus tard, elle se retrouvait là, à attendre que quelqu’un qui ne l’a connait absolument pas, essaye de lui faire se souvenir de qui elle est, et qu’est-ce qu’elle vient faire ici. « Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose avant votre accident ? Une impression, un sentiment que vous auriez pu ressentir avant que tout ne devienne noir ? » Aubrey hocha la tête pour répondre par la négative, avant d’ouvrir la bouche pour la première fois lors de cet entretien. « Rien. » Elle ne se souvenait de rien, absolument rien. On pourrait même lui demander comment elle était habillée, Aubrey ne saurait pas répondre. « Je sais simplement qu’on m’a retrouvée dans une voiture, inconsciente. J’ai eu un traumatisme crânien, c’est ce que les médecins m’ont dit. Surement dû au choc. En me réveillant, ils ne s’attendaient surement pas à ce qu’on fasse de moi une nouvelle Jane Doe des temps modernes. » Aubrey esquissa un sourire pour essayer de détendre un peu l’atmosphère, mais les psychologues ne sont pas spécialement connus pour avoir un sens de l’humour. Ou du moins, il n’est pas au même niveau que celui que peut avoir Aubrey, apparemment. « Comment vivez-vous cette expérience ? » « On s’habitue, vous savez. On fait avec, comme on dit. Bien sûr, ce n’est pas évident de se dire qu’on a oublié tout ce qu’on a pu vivre auparavant. J’ai l’impression d’me sentir vierge de nouveau, c’est fou. » Pas de réaction positive de la part de sa psychologue, c’est limite à se demander si elle ne l’a pas choquée en lui parlant ainsi. Il allait falloir qu’elle s’habitue parce qu’Aubrey ne mâche pas ses mots. Si la brune a quelque chose à dire, elle ne se fait pas prier pour le dire clairement. C’est plutôt un bon point, non ? Ou pas… « Votre médecin vous a conseillé qu’on se voit toutes les deux semaines. Je pense que pour le début des séances, on peut envisager un rendez-vous toutes les semaines, afin de voir s’il y a une quelconque évolution au niveau de votre mémoire. » « Bien. Je sens que ce rendez-vous hebdomadaire va être le meilleur rendez-vous de ma vie. J’ai pas besoin d’enlever mes fringues. »

Aubrey a annulée plusieurs de ses séances chez le psychologue. Il y a eu quelques fois où c’était pour de bonnes raisons : Un rendez-vous avec le médecin qui la suit depuis son réveil.  Après tout, ce n’est tout de même de sa faute si les deux rendez-vous étaient programmés au même moment. Mais il faut bien avouer qu’il y a des fois où Aubrey inventait une excuse totalement ridicule pour ne pas participer à cette petite réunion hebdomadaire qui était plus pesante pour elle, qu’autre chose. Après tout, il n’y avait pas eu vraiment d’évolution concernant sa mémoire. C’est déprimant, non ? « Mademoiselle Stonem. Heureuse de voir que vous n’avez pas annulé notre rendez-vous de cette semaine. » Un sourire un peu forcé au bout des lèvres, Aubrey ne put s’empêcher de lui répondre, encore le sourire présent. « C’est parce que vous me manquiez tellement. J’en dors plus la nuit, tellement vous êtes omniprésente dans mes pensées. » N’allez pas croire que la brune a un penchant pour les femmes. C’est simplement qu’elle a pris plaisir à essayer de mettre mal à l’aise la psychologue qui l’a suivait depuis qu’elle est sortie de l’hôpital. Aubrey s’amuse comme elle peut, puisqu’elle ne connait pas grand monde ici. « Peut-être que les résultats ne sont pas probants parce que vous n’y mettez pas du vôtre. » « Ou alors parce que vous n’êtes pas si douée qu’on pourrait le penser. » Et il faut bien avouer qu’elle en deviendrait presque méchante quand on l’énerve un peu trop. « Je cherche simplement à vous aider Aubrey. » « Je n’ai pas besoin d’aide. J’ai pris l’habitude de me gérer toute seule. C’est ce qui arrive quand vous perdez tous vos repères. Vous ne pouvez compter que sur vous-même. Les autres, vous vous en fichez. Ils ne sont que de passage dans votre vie. » Peut-être que le fait que personne n’est venu la voir lorsqu’elle se trouvait à l’hôpital ou que personne ne prenne de vos nouvelles. Elle est peut-être devenue un peu trop solitaire par rapport à ce point, et il faut clairement avouer qu’elle n’est pas trop sociable. Et pourtant, Aubrey se retrouve coincée à White Oak Station. Pourquoi ? Et bien, elle ne sait pas où elle pourrait aller. Certes, le monde est grand et il y a pleins d’endroits plaisants où elle pourrait vivre, mais la brune aimerait retrouver un minimum la mémoire avant de prendre une décision comme celle-ci. Ce serait peut-être trop brusque pour elle. « Vous ne pouvez pas savoir à quel point c’est… lassant, comme situation. On aimerait pouvoir claquer des doigts et se réveiller, comme si rien ne s’était passé. Mais non. Il a fallu qu’une enflure oublie de s’arrêter à un feu rouge pour qu’on vous retire ce qui a de plus important : votre mémoire. » Les séances deviennent de plus bénéfiques pour Aubrey. Elle est un peu moins sur la défensive, mais il y a encore ses trous de mémoire qui ne l’aident pas à totalement avancer. « Il ne faut pas que vous vous reteniez de vivre pour autant, Aubrey. Profitez de l’instant présent, et ne chercher pas forcément à retracer votre passé. Si vous arrêtiez un instant de vous focaliser si la personne que vous avez pu être auparavant, peut-être que cela vous permettrait d’avancer dans la vie, actuelle. Celle que vous êtes maintenant. »

Avec le temps, Aubrey s’est un peu assagie. Elle est devenue plus douce avec les autres personnes. La brune reste tout de même très solitaire et compte ses vrais amis sur les doigts d’une main. En tout cas, quand elle est avec eux, elle peut se montrer très câline et adorable. Aubrey continue d’aller chez le psychologue mais les rendez-vous sont désormais mensuels, plutôt qu’hebdomadaires. Ce qui est beaucoup plus pratique pour la brune qui en avait un peu marre de devoir se pointer dans ce cabinet toutes les semaines. Le point positif dans l’histoire ? C’est qu’Aubrey commence à se souvenir de quelques petites choses dans sa vie passée. Que ce soit par le biais d’une odeur, d’un coin de rue ou bien même d’une simple chanson. Les moindres petites choses dont elle peut se souvenir, Aubrey les écrit sur un bout de papier pour ne pas qu’elle les oublie de nouveau. « Vous semblez de meilleure humeur ces derniers temps, c’est dû au fait que vous commencez à vous souvenir de quelques détails de votre vie ? » Aubrey ne put s’empêcher d’esquisser un sourire, tournant la tête vers sa psychologue, avant de prendre la parole à son tour. « Oh non. Non, c’est le coït. » Un grand sourire s’afficha sur son visage. Elle plaisantait, il ne faut pas s’inquiéter. Dans tous les cas, elle reprit rapidement la parole pour ne pas choquer un peu plus sa psychologue. Ce serait tout de même embêtant qu’à la fin, ce soit elle qui se fasse suivre par un de ses confrères car Aubrey l’a traumatisé avec toutes leurs séances. « C’est agréable de retrouver quelques petites informations, c’est sûr. » Cela fait du bien au moral, c’est certain. « Qu’est-ce que vous avez découvert récemment ? » Aubrey se mit à réfléchir un instant, avant de reprendre la parole, un sourire au bout des lèvres. « J’ai retrouvé le sac qui contenait mes objets personnels, lorsque j’étais à l’hôpital. On me l’avait rendu quelques semaines après ma sortie. » Lorsqu’elle avait pris un appartement à son réveil, elle avait tout balancé dans sa chambre sans pour autant prendre la peine de fouiller partout. Aubrey n’avait pas vraiment d’affaires personnelles donc oui, elle a mis un moment avant de se rappeler qu’on lui avait rendue ses objets personnels, et peut-être que cela pourrait lui permettre de se souvenir de quelques petites choses. « Il y avait une bague, une alliance il me semble. Pendant un instant, j’me suis demandé si j’étais mariée, mais franchement c’est pas mon style. Et puis, si c’était vraiment le cas, mon mari se serait bougé le cul, vous ne croyez pas ? » Non, elle se dit que peut-être que cette alliance appartenait à ses parents. Elle n’avait pas encore obtenu réponse à cette question. « Il y avait aussi quelques photos dans mon portefeuille. J’ai eu quelques flashs, si on peut le dire ainsi, en les regardant. Mais après, rien de très concret pour l’instant. Mon médecin dit que ça peut prendre un peu de temps encore avant d’avoir de vrais souvenirs qui reviennent en tête. » « Au moins, c’est un bon début. »