~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
La vie au lycée n'est pas encore terminée, enfin, presque. Plus que quelques mois à attendre avant de voir la fin de ce calvaire. Enfin, tu pourras faire ce que tu veux, enfin, tu n'auras plus à te fondre dans la masse de tous ces moutons qui ne cherchent qu'à se ressembler. Enfin tu pourras entrer dans ton école de dessin, où tu pourras devenir quelqu'un d'autre, quelqu'un de différent, quelqu'un de bien. Fini de voir jour après jour les mêmes visages fades et semblables. Ta vie va changer radicalement d'ici quelques temps, et l'impatience de ronge en attendant.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Le bonheur est quelque chose de tellement indescriptible, tellement subjectif et propre à chacun. Comment savoir si on est heureux ? Est-ce parce qu'on a envie de sourire tout le temps ? Est-ce parce qu'on se réveille le matin avec plaisir et qu'on se lève pour faire notre activité sans sourciller ? Parce que si le bonheur ressemble à ça, tu n'est pas une fille heureuse. Parce que aller au lycée t'ennui profondément et que tu préférerais te poser dans un coin et dessiner tout ce que tu as sous les yeux. Parce que tu préfères ne pas te réveiller chez toi, au risque de rencontrer l'un des amants de ta mère en petite tenue dans ta cuisine. Pour autant, tu n'es pas quelqu'un de malheureux de nature. Bien que pas toujours douce et polie, tu es souriante et joviale la plupart du temps. Tu aimes rire et tu trouves les gens beaux. C'est pour ça que tu aimes autant les dessiner d'ailleurs. Selon Epicure, « Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. » Ainsi, ce seraient les petits plaisirs de la vie qui la rendraient heureuse. Manger un bon repas, fumer une cigarette, prendre son pieds au lit, dessiner. Dans ces cas là, tu es pleinement heureuse. 

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Loin d'ici, à exposer tes dessins dans le monde entier. A Paris, New York, Rome, Madrid, Sydney... Dans dix ans tu seras devenue une grande dessinatrice et les personnes les plus influentes achèteront tes oeuvres pour les offrir à leurs femmes ou les accrocher au dessus de leur bureau. Ou alors perdue dans une immense maison de bois au fin fond de la Suède, à créer des comptes pour enfants, des histoires fabuleuses dont les illustrations seront tout aussi magiques. Peu importe où tu seras à la limite, tant que c'est loin de cet endroit, libre de tes choix et d'être qui te plairas.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Manon ou NJUT pour les intimes. ÂGE: vieille. PAYS: Au pays des gens heureux  . PRÉSENCE: entre deux et sept jours par semaine. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Bazzart.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? scénario pas encore créer mouah ah   . AUTRE CHOSE À AJOUTER? Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée... Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ça n’est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu : et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie... je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi....    

Comme d'habitude tu te réveilles avec un mal de crâne de chien, parce que tu as trop bu hier soir. Cette nuit plutôt, avec les amis de ton frère. La clope et l'alcool ça ne fait jamais bon ménage chez toi, et en ce moment tu mélanges de plus en plus les deux. Les gars dorment encore, la télé est encore allumée, mais il est sept heures, du coup c'est le téléshopping qui passe. Sans même essayer de faire doucement pour ne réveiller personne, tu récupères ton jean, parce que tu t'en fous de te promener à moitié à poils, tu n'as pas de complexe à avoir. Tu attrapes ton portable et ta veste, prends un billet dans la poche de ton frère et sors de l'appartement en t'allumant une cigarette. Une vieille te regarde, probablement étonnée de voir une jeune fille débraillée en train de fumer, tu lui fais la révérence avant de lui tourner les talons et de partir dans l'autre direction. Tu marches tranquillement dans les rues de la ville en direction de chez ta mère, parce que tu n'as pas encore la chance de vivre seule, comme ton frère. Tu sais ce que tu vas trouver là-bas, un mec à moitié nu dans ta cuisine. L'un des nombreux amants de ta mère, qu'elle se tape en l'absence de ton père, c'est à dire dix mois sur douze. Cela fait des années qu'elle n'a plus honte de tromper son mari et que tout le monde est au courant, sauf lui. Souvent, tu as pensé le lui dire, puis tu t'es ravisé, parce que c'est leurs histoires, ça ne te regarde pas. Et peut-être qui si il était moins souvent en voyage d'affaire, elle n'aurait pas besoin de trouver d'autres hommes pour lui tenir compagnie. Parce que c'est sur qu'elle l'aime encore, ton père, ils sont très amoureux l'un de l'autre. Mais apparemment elle aime encore plus le sexe. Tu rentres donc chez toi, impatiente de prendre un cachet pour ton crâne, un énorme petit déjeuné et de retrouver ton carnet de croquis. C'est ton truc, le dessin. Tu passes deux heures à griffonner tout et n'importe quoi. Des vieux qui se tiennent la main dans un parc, un sans abris, des enfants qui jouent à l'élastique etc. Tu aimes photographier un moment dans ton esprit et le recomposer sur le papier. C'est comme prendre une photo, sauf que c'est toi qui est à l'origine de chaque trait, chaque contour, chaque ombre. En croquant dans ton deuxième croissant au beurre français, ton attention se pose sur une petite photo accrochée au mur de ta chambre depuis des années. Fatiguées par le soleil, les couleurs se sont estompées au fil du temps, mais tu l'adores, cette photo. Elle montre une petite fille et un petit garçon en train de jouer. Lui avec un xylophone pour enfant, avec des touches colorées, et elle avec une boîte de feutres. Déjà à l'époque, tu aimais gribouiller tout et n'importe quoi. Déjà, il aimait faire du bruit avec tout ce qu'il avait sous la main. Vous étiez chez votre nourrice, vous passiez vos journées à jouer ensemble, ou séparément mais jamais très loin. Il a été le tout premier ami que tu as eu, avant même de rentrer en maternelle, avant qu'il ne parte sans que tu comprennes pourquoi. Tu te rappelles très bien lorsque lui et sa famille ont quitté le coin, tu demandais tous les jours à la nourrice pourquoi il n'était plus là, tu pleurais parce que tu n'aimais pas jouer toute seule. Puis, petit à petit, tu as arrêté de poser la question, tu es entré à l'école et tu as grandi.