Après avoir travaillé toute la matinée, un jour de week end, Madeleine décida de s'accorder un peu de bon temps. Même si elle supportait très bien de bûcher aussi dur pendant des heures sans prendre une seule pause, elle avait lu qu'il n'était pas bon de se surmener autant. Pour devenir scientifique, elle devait lire les travaux des autres, et quand appuyés de nombres significatifs, elle ne pouvait les ignorer. Alors, elle avait mis ses cours sur le côté et avait rapidement pensé qu'il était temps de s'acheter quelques vêtements. Malheureusement, les sorties shopping n'étaient que rares pour elle, à cause de son manque d'argent. Elle ne venait pas d'une riche famille, et la seule raison pour laquelle elle était à l'université était qu'elle avait eu une bourse d'études. Il fallait pourtant absolument qu'elle se trouve une nouvelle robe pour ne pas sortir draguer toujours habillée de la même façon. Madeleine n'était pas superficielle, mais appréciait avoir toujours une tenue impeccable et être jolie à regarder. Après tout, les hommes avaient plus envie de venir vers elle si elle était maquillée et joliment vêtue, et dieu savait que maddie aimait les garçons.

Après s'être vêtue en convenance, d'une robe comme elle en portait souvent, la jeune femme se mit en route. Elle pouvait se rendre à pied jusqu'aux magasins qui se trouvaient à quelques rues, même si ses talons lui faisaient mal au pieds. Elle avait appris à supporter la douleur, et en faisait même une force. Cela lui permettait de renforcer un peu plus sa carapace, de se prouver qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait sans être arrêtée par de stupides limites. Un léger sourire persistait sur son visage, même si elle ne parlait à personne et ne pensait à rien de drôle. Elle se sentait juste bien, comme souvent après ces longues séances de révisions qui ne faisaient que la renforcer dans l'idée qu'elle arriverait à bout de ses études de médecine. Elle arriva bientôt dans une boutique spécialisée dans les vêtements féminins et poussa la porte, laissant le parfum de la pièce emplir ses narines. Elle venait souvent ici, c'était un de ses endroits préférés et d'ailleurs, la vendeuse vint rapidement lui dire bonjour et lui proposer son aide.

Comme d'habitude, elle déclina. Madeleine, sûre de son propre avis, n'avait que rarement besoin de l'aide d'autres. Et même si oui, elle s'en passait, par fierté. Elle se plongea dans les allées de robes et passa son doigt sur plusieurs cintres, avant de trouver le vêtement parfait. Alors qu'elle tirait pour l'enlever du présentoir, elle sentit une résistance. Et en relevant le regard, elle vit qu'une autre jeune femme semblait avoir craqué pour la même pièce, qui était, bien sûre, unique. « Tiens. » dit-elle, agacée.

« Ouais... OK j'arrive dans une demi-heure... OUI JE SERAIS LA BORDEL ! » Raccrochant son téléphone, la jeune brunette soupirait de plus belle. Sept heures et demie et la voilà déjà réveillée, elle qui comptait dormir profondément jusqu'à midi, c'était raté. Traînaillant cinq bonnes minutes dans son lit, Cassie sortait ensuite de son lit, avec une nonchalance pas possible. Pourquoi fallait-il que Wade, son collègue de travail soit malade ? Pourquoi aujourd'hui et pas un autre jour. Elle n'avait pas vraiment le courage de se rendre au bar ce matin, en plus avant neuf heures. Se rendant dans sa cuisine, elle se prenait un bon café noir, sans sucre, puis elle fumait sa première cigarette de la journée. Elle n'avait pas beaucoup de temps, donc elle allait rapidement prendre une douche afin d'être prête pour aller travailler. Elle se faisait une tresse, qu'elle ramenait sur le côté, oui elle avait une flemme extrême. Enfilant donc un jean moulant avec un débardeur blanc et des bottes à talons aiguilles, la brunette quittait son appartement, sa veste en cuir dans les bras.

Pour Cassie, cette matinée était tout bonnement interminable, elle enchainait les conflits avec son patron qui lui avait demandé de faire cinquante choses en même temps. Elle ne pouvait pas être au four et au moulin tout de même. Bref, après de longues heures de travail, elle quittait le bar aux alentours de quinze heures. Repensant à sa soirée de demain soir, la jeune femme n'avait pas de tenue approprié. Elle ne voulait pas mettre un jean, ni une robe qu'elle avait déjà portée, elle voulait quelque chose de frais. Elle marchait donc pendant plusieurs minutes avant d'arriver à son magasin de fringues habituel. En même temps, White Oak était une petite ville, donc elle n'avait pas vraiment l'embarras du choix. Il devait y avoir trois boutiques de fringues, une pour les mamies déjà et après, l'autre n'était pas forcément à son gout. Elle entrait donc dans la boutique, saluant la vendeuse qui avait l'habitude de la voir fréquemment. Déambulant dans les rayons, elle s'aventurait du côté des robes. Elle cherchait quelque chose de sexy, mais qu'elle pouvait également porter en dehors d'occasions particulières. Posant sa main sur un cintre, elle insistait une seconde fois, avant de relever la tête. La pouffiasse de l'arrêt de bus, pensait-elle aussitôt. Oui, Cassie ne pouvait pas blairer cette fille, elle la trouvait trop guimauve à son gout. « Cette robe est à moi. » S'écriait-elle d'un ton glacial. Et bien sûr, cette robe était unique, forcément, elles avaient toutes les deux craqué dessus. « Passe ton chemin la rousse. »

Après une dure journée, Cassie avait voulu se changer les idées, donc aller faire du shopping. D'habitude, elle faisait cela avec sa meilleure amie Sawyer, puisque toutes les deux aimaient ça. Cependant, aujourd'hui, Sawyer travaillait et n'était donc pas disponible avant ce soir, donc Cassia avait pris l'initiative d'y aller seule. C'est d'ailleurs toute souriante, qu'elle pénétrait dans la boutique, à la recherche de la robe parfaite. Bien sûr, la vendeuse venait rapidement lui proposer son aide, mais la brunette déclinait aussitôt cette proposition. En effet, la vendeuse connaissait les gouts de Cassie, elle savait très bien qu'elle aimait les tenues féminines, mais aussi moulantes. Cassie était une provocatrice et elle n'était pas du genre à porter des tenues qui ne la mettait pas en valeur.

La repartie de la jeune rousse l'insupportait. Ah si seulement elle ne l'avait pas croisé elle, sa journée aurait pu ainsi être beaucoup plus sympathique, mais bon, les rêves c'était fini. Elle plantait donc son regard dans celui de son interlocutrice, la dévisageant. Oui, cette robe lui irait si bien qu'elle ne comptait pas renoncer aussi vite. « Tu peux parler toi, t'es petite donc tassé, donc cette robe va te boudiner, crois-moi. » Elle la détestait, au plus haut point. Cette fille n'avait rien d'intéressant, elle était tout simplement ennuyante à mourir et ça, Cassie l'avait vite remarqué. Pourtant, les deux femmes avaient visiblement, les mêmes goûts, du moins pour cette robe puisqu'elle avec toutes les deux flashé dessus. Un sourire se dessinait alors sur le visage de la barmaid, qui tenait fermement cette robe, ne voulant pas laisser le plaisir à Madeleine de porter cette robe et ainsi, remporter l'avantage. « Je suis sûre que tu trouverais ton bonheur parmi les vêtements d'enfants, vu ta taille. » Répondait-elle du tac au tac, oui, elle la haïssait, sans la connaitre personnellement. « De toute façon, cette couleur ne te vas pas au teint, tu es bien trop pale pour ce genre de choses. »

Des ennemis ? Cassie en avait tout un tas, une bonne partie de la ville d'ailleurs. A vrai dire, il s'agissait surtout des femmes, qui la trouvait un peu trop aguicheuse et provocante. En même temps, la jeune femme n'était pas gênée d'aborder et de draguer ouvertement un homme en couple. Après tout, elle avait tout pour plaire, un physique avantageux, un visage d'ange, même si elle n'en était pas un et des gambettes longues et gracieuses. Oui, elle était un danger pour la gente féminine, mais elle ne se refusait rien. Briser un couple ne lui faisait pas mal au coeur, bien au contraire, elle y prenait un certain plaisir.

En ce jour, elle avait croisé une de ses ennemis, certainement la plus redoutable d'ailleurs. Cassie ne la portait pas dans son coeur et autant avouer que c'était réciproque. Sans même se connaitre, les deux jeunes femmes se faisaient la guerre, pas étonnant, elles étaient bien trop opposées pour faire ami ami. C'était évident. D'ailleurs, Cassie prenait un malin plaisir à la torturer, faisant ressortir ses défauts à tout bout de champs. « Inutile, un thon reste un thon. » Avouait-elle, tenant fermement la robe dans sa main pour ne pas se la faire dérober. D'un côté, Cassandra pouvait en profiter pour lui voler autre chose, son portefeuille, ainsi, elle ne pourrait pas se la payer. Elle se réjouirait d'avoir gagné la partie, mais arriver en caisse, elle se retrouvait dans l'incapacité de payer. Oui, elle était maligne la petite Cassie, après tout, elle volait depuis de nombreuses années maintenant. « Au moins, ils peuvent se vanter d'être sexy. » Lâchait-elle, pleine de rancune. Sans mettre son plan à exécution, la brunette replaçait ses cheveux en arrière, avant de reposer ses yeux sur la rouquine. « Je crois que tu devrais lâcher l'affaire maintenant, petite garce. » Elle savait très bien que celle-ci n'allait pas abandonner aussitôt. D'un côté, Cassie n'était pas pressée, elle avait toute la journée.

Madeleine fut un peu choquée du manque de retenue de la jeune femme qui se trouvait à côté d'elle. Elle ne fut pas particulièrement blessée par sa remarque, mais si c'était possible, elle baissa un peu plus dans son estime. Maddie savait ne pas être moche, et de toute façon, n’appellerait jamais n'importe quelle personne « thon » ou autre adjectif. C'était surtout un moyen pour les garçons débiles de se sentir puissants face à la gente féminine, et elle ne comprenait pas pourquoi la brune semblait vouloir faire continuer une tradition qui était mauvaise pour la confiance des autres de ses congénères. Elle se contenta de soupirer, trouvant que lui répondre n'était pas à son niveau. Elle voulait cette robe, bien, mais elle n'allait pas lui répondre comme elle avait pu le faire quelques minutes auparavant. Faire des remarques sur son physique n'avait pas été bien de sa part, et la colère s'était peu à peu dégagée pour la faire penser plus clairement. Elle fit passer les remarques jusqu'à entendre la jeune femme l'insulter ouvertement. Madeleine souleva un sourcil, la regardant comme si elle avait clairement fait faux bond à ses infirmiers à l'hôpital psychiatrique. « Si une robe te met dans de tels états, je trouve ça juste triste. » Elle observa la jeune femme des pieds à la tête. Maddie avait envie de la planter là, mais le fait de perdre la bataille ne lui plaisait pas. C'était peut-être immature, mais elle n'y pouvait rien. Son côté compétiteur reprenait toujours le dessus. « Si tu as besoin de parler, je suis là. Je sais qu'une image déformée de son propre corps, le dysmorphisme, ou de celui des autres, peut altérer de beaucoup le moral d'une personne, ou la façon dont elle voit la vie. Je ne fais pas d'études en psychologie, mais j'ai lu pas mal de livres qui pourraient m'apporter un point de vue substantiel sur ton cas. » Elle lui fit un petit sourire. « En quoi penses-tu que tu mérites plus cette robe que moi ? »

Cassie était cru et qu'importe la façon dont elle disait les choses, c'était parfois très blessant. Elle n'avait aucune retenue et des fois, elle ferait mieux de surveiller son langage. Elle était parfois très vulgaire, mais elle se contrefichait bien de ce que pouvait penser les gens à son égart, elle était comme ça et ce n'était pas quelqu'un qui allait la changer. Franche, elle se permettait d'avouer ses pensées à ses interlocuteurs, sans le moindre scrupule. Espérant blesser la rousse, elle se permettait d'insulter son physique, dans le but de la vexer et de la faire fuir, mais manque de bol, elle ne sourcillait même pas, ou à peine. « A vrai dire, c'est pas vraiment la robe qui me met dans cet état, c'est toi. » Autant être honnête et détestable jusqu'au bout. Sous aucun prétexte, Cassie ne détachait pas ses yeux de la rousse, peut-être qu'elle se faisait concurrence pour rien, certes, mais aucune des deux n'étaient déterminés à abandonner le combat. En effet, c'était une robe, certainement une robe que Cassie porterait deux-trois fois avant de la mettre au fond de son placard, mais là, c'était peut-être plus Madeleine qui la forçait à agir de cette façon. « Cesse ton blabla, tu me fatigues. J'en ai rien à battre de ta psychologie à la con, c'est pas des livres qui vont t'aider à avancer. » Rien qu'à la voir, on comprenait très bien que Madeleine passait beaucoup de temps la tête dans ses livres, ce n'était pas une nouveauté. « Je pense pas que je la mérite plus que toi, vois-tu, je sais juste qu'elle ne t'irait pas à toi. Laisse-moi l'essayer et si elle ne me plait pas, je te la laisse. » Oui, si elle ne lui allait pas, elle n'allait pas l'acheter, quoi que pour embêter son ennemie, elle serait prête à tout. Enfin, elle avait confiance en elle et si elle voulait cette robe, c'est parce que celle-ci allait la mettre en valeur, elle était plutôt difficile en matière de fringues.