(#) Sujet: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Mer 19 Fév - 16:06
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
Aujourd'hui, pas de travail. Pour moi, en tout cas. J'étais à jour de partout, j'avais fini toutes les commandes et je n'avais plus rien à coudre. J'ai laissé la boutique à Zoe, comme je le fais parfois. J'ai voulu profiter de cette journée pour prendre du temps pour moi. Moi et bébé. Alors je me suis baladée, seule. Enfin, seule, je ne le suis jamais vraiment, pas depuis huit mois. Ma main sur le ventre, j'ai marché dans le parc et j'ai senti l'odeur de la terre après la pluie. J'ai mangé des pâtes et des haricots verts en rentrant à la maison, et puis l'après-midi, je suis ressortie. Au bout de huit mois, il était peut-être temps que j'achète des affaires pour bébé. Des jouets, un lit, une poussette, une table à langer, le genre de choses dont les bébés ont besoin. J'ai un peu économisé, pendant tout ce temps, et j'espère que ce sera assez. J'ai peur, parfois, que bébé n'ait pas suffisamment de choses. Que je n'ais pas assez d'argent pour lui, que je ne sois pas une bonne maman. Zoe et Ellie n'arrêtent pas de dire que je serais une bonne mère, alors je souris et dis merci, mais au fond je ne les crois pas. Je n'ai jamais eu de petit frère ou de petite soeur, je n'ai jamais fait de babysitting, je n'ai même jamais eu d'animal de compagnie. Alors un enfant ? Je l'aime, ce bébé, mais j'ai peur. J'ai tellement peur.
Un lit, un berceau, un tapis de jeu, trois peluches, une poussette, deux pyjamas et trois ensembles, qui ne font ni fille ni garçon, du savon, des lingettes et un paquet de couches. Quelque chose comme huit-cent cinquante trois euros dix. Il ne me reste, sur mon compte, plus que quatre petits euros et vingt-deux centimes. Je crois que je n'ai jamais été aussi pauvre.
Un pas devant l'autre, et plein de pensées dans la tête. Je veux que bébé ait une belle vie, qu'il fasse des grandes études, qu'il ait une jolie famille aimante et qu'il soit heureux. J'aimerais aussi qu'Augustin soit là, pour bébé et pour moi aussi. J'aimerais tellement de choses. De belles choses. Ouvrir la boîte aux lettres n'est plus si difficile. Il n'y a plus cet espoir fou de recevoir un mot d'Augustin. Il est là, enfoui, mais je m'y suis habitué. Il faut bien. Electricité, publicité, publicité, banque, armée de terre, publicité. Armée de terre ? Mon coeur se met à battre très vite, et tous les espoirs reviennent. Il m'a écrit, Augustin m'a écrit ! Et puis, je me dis que s'il m'avait vraiment écrit, ce ne serait pas une enveloppe officielle. Alors, quoi ? Bébé tape du pied avant même que mon coeur se serre. Remplie de frissons, je grelotte. «Ça va, mademoiselle ?» Pas de réponse, alors le concierge repart. Je fais des ronds sur mon ventre, mais l'angoisse ne part pas. Je reste plantée là. Hébétée. Et s'il était mort ? Rentrer dans l'ascenseur, appuyer sur le bouton, sortir de l'ascenseur, rentrer dans l'appartement. Je me mets à pleurer. Je ne peux pas voir ça. Cette enveloppe armée de terre. Bébé tape, fort, et mes jambes tremblent. Je m'assois et je prends la lettre. Je ferme les yeux, et quand je les ouvre le papier est déplié devant moi.
Madame (Je souris, malgré moi. On ne m'a jamais dit Madame.) Novak,
J'ai le plaisir (Je soupire, je pleure, mais je pleure de joie, cette fois. Je souris, très fort. Je ne crois pas que l'on dise J'ai le plaisir de vous annoncer que votre ami est mort.) de vous informer que le soldat Leon Augustin Moore sera de retour de sa mission en Afghanistan le 20 février 2014 à l'aéroport Heathrow, Alberta. Vous êtes donc conviée à l'accueil qui lui sera fait, ainsi qu'aux autres soldats.
Cordialement, Le Général B. Hills
Le vingt février. Augustin est vivant. Demain, je vais le voir. Augustin, mon bel Augustin. Oh, mon dieu. Il est vivant. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse. Je ferme les yeux. Augustin est vivant.
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Mer 19 Fév - 18:24
tell myself over and over you won't ever need her again
L’air n’était plus chargé de cette poussière lourde et désagréable. Le soleil ne frappait plus son crâne de façon désagréable. Depuis le hublot de l’avion, il pouvait voir les lumières de la ville qui scintillaient au loin, et quelque part, son coeur se serrait. Parce qu’il se souvenait de son visage blanc, presque mortifié pendant le premier vol. Tous se fixaient silencieusement, à la recherche de réponse dans le visage des autres. Aujourd’hui, plus personne ne se fixait. Chacun laissait petit à petit éclater quelque chose qui ressemblait à du bonheur ; certains s’autorisaient à ressortir de vieilles photos emportés avec eux, tels des trésors de guerre. Augustin n’avait rien pris de tout ça avec lui. Juste des morceaux de souvenirs, des odeurs, des saveurs, qu’il avait planté dans un coin de son coeur en espérant pouvoir tenir jusqu’au retour. Le retour, il y était, et pourtant, il n’arrivait pas à se plonger dans l’euphorie silencieuse qui gagnait chacun ici. Des familles allait se retrouver. Lui, il allait se retrouver face à des erreurs qu’il avait laissé derrière lui pendant plusieurs mois. Huit pour être exact. Il savait que lorsque son pied se poserait sur le tarmac, il chercherait parmi les visages présent celui de sa meilleure amie. Il savait qu’elle serait là. Il l’espérait quand même un peu, parce que malgré toutes les conneries qu’il avait pu faire avec elle, il espérait qu’elle ne le détestait pas autant que lui se détestait. Il retenait son souffle, il attendait. Il avait rêvé mille et une fois de son retour et de la manière dont les choses allaient se passer, mais aujourd’hui, tout avait disparu de son esprit. Il n’arrivait plus à se souvenir de quoi que ce soit, de ce qu’il avait prévu, des mots qu’il allait lui dire, de la tête qu’il allait avoir. Il ne voulait pas sortir de l’avion. Il ne voulait pas fouler le sol de son pays. Il ne voulait pas y retourner, mais il n’avait pas le choix. Il jeta un dernier coup d’oeil à sa silhouette dans le reflet du hublot de l’avion. Son uniforme était soigneusement repassé, ses galons bien cirés ainsi que ses chaussures. Il marchait droit, en rang. Il se demandait même si il n’allait pas à force garder cette allure là pour marcher dans la rue. L’air frais de la nuit l’enveloppait tout entier. Le faisant frissonner. Lui rappelant à quel point cet endroit lui avait quand même manqué. Il ne reconnaissait rien, et pour cause, voilà près de neuf mois qu’il n’avait plus foulé le sol canadien. Bienvenue à la maison. Il déglutit difficilement, attrapant son sac en toile qu’il glisse sur son dos. Les rares affaires qu’il a emporté avec lui, des bouts de tissus pour la plupart. Rien de personnel. Parce qu’à la guerre, on perdait déjà tout. On laissait déjà tout ce qu’on connaissait derrière lui. On s’engouffrait dans un monde qui allait nous laissait changé à tout jamais.
Petite secousse quand l’avion touche le sol. Petit sursaut au coeur. C’est maintenant que ça arrive. Il ferme les yeux, silencieusement. Il voudrait prier, mais il sait depuis longtemps que ça ne sert à rien. Quand la détresse se fait sentir et que les corps tombent les uns après les autres, vous pouvez prier aussi fort que vous le voulez, personne ne viendra vous chercher. Il sent à peine ses jambes, mais arrive quand même à emboîter le pas, ramassant son sac de toile et le hissant sur ses épaules. Ses habits ont beau être plus ou moins propre, il a l’impression que son visage est encore maculé de toute le sable qu’il a ramassé sur place. Pourtant, il avait frotté pour faire partir toute cette saloperie. A croire que ce n’était pas encore assez. Autours de lui, tout le monde s’émerveille de retrouver le sol, l’air frais, la ville qui s’ébruite doucement autours deux. Augustin ne sait que fixer le sol, le bout de ses chaussures en tâchant d’être le plus silencieux possible. Tout le monde a bien vu que de toute façon, il ne s’agissait guère d’un gamin loquace. Il était jeune, et pourtant, il ne disait grand mot. Il ne parlait jamais de sa famille ; qu’est-ce qu’il aurait pu raconter ? Que son père ignorait en ce moment même ou il se trouvait et ce qu’il faisait, parce que de toute façon ça ne l’avait jamais vraiment intéressé ? Qu’il ne savait pas lui-même si sa propre mère était encore en vie ? Il s’était rapidement détaché de son géniteur et sa génitrice pour se rapprocher d’une autre famille, sa véritable famille, bien qu’il ne parlait pas de ses problèmes lorsqu’il s’y trouvait. La maladie de sa mère avait jeté une chape de plomb sur toute son enfance, et aujourd’hui encore, il sentait tout les effets secondaires de ce manque d’attachement familial. Il n’avait personne. Il pouvait être une carcasse sur un champs de bataille, personne ne viendrait réclamer son corps. C’est pourquoi il appréhendait son retour au pays ; la déception de voir un couloir vide de tout visage familier. Peut-être qu’à force d’attendre un retour dont elle ignorait tout, Azel avait fini par partir, pour pouvoir être vraiment heureuse. Il avait essayé, mais ça n’avait pas fonctionné. Il l’avait fait de la mauvaise façon, et il se demandait si un jour il aurait le courage de la regarder dans les yeux pour lui dire que tout ceci n’était qu’une erreur. Une belle erreur. Une putain de belle erreur qui ne l’avait pas quitté une seule fois pendant ces nuits ou les obus faisaient échos à sa respiration. Avoir au moins une femme dans sa vie, même si ce n’était qu’une amie, ça avait remplis un peu son coeur. Remplis avec je ne sais pas quoi, mais il était moins vide qu’avant.
Il marche, entendant déjà les premiers éclats de voix. Il n’a sur le dos que ce maigre baluchon en toile, quelques vêtements, quelques pièces de papier qu’il n’a jamais pu commencer. Ecrire à qui ? Ecrire pourquoi ? Il marche, droit, en tentant d’être le plus calme possible. Le visage grave et calme. Quelques cernes se sont creusées dans le sillon de son visage. Il cherche dans la foule un visage, une ombre. Quelqu’un. Personne ne t’attends Augustin. Ca fait mal, mais c’est sans doute mieux ainsi. Il continue à avancer dans le terminal, en lançant des regards à gauche et à droite. A ces familles qui se retrouvaient. Ces amoureux. Ces amis. Ces amants. Ces gens, tout simplement.
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Azel Novak
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Mer 19 Fév - 20:35
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
J'ai demandé à Zoe de m'accompagner. Impossible d'y aller toute seule. Je ne peux pas conduire, de toute façon, et le bus c'est beaucoup trop compliqué. Et puis, il faudra bien que quelqu'un ramène Augustin à White Oak Station. Je n'y crois toujours pas, Augustin vivant, et moi qui vais le voir. Je vais le voir, après plus de huit mois à faire ces horribles cauchemars, à angoisser, parfois, au plein milieu de la journée, à me demander ce qu'il me dira, quand on se reverra. Et je vais le revoir. Tout ça est beaucoup trop beau. Je n'ai pas pu dormir, cette nuit. J'ai tremblé pendant longtemps, sous le choc. Et puis j'ai téléphoné, et j'ai essayé de parler à Zoe mais c'était trop difficile, les mots ne sortaient pas. Ils ne voulaient pas, après tout ce temps, ils étaient restés bloqués. Alors elle est venu, et elle m'a pris dans ses bras, et j'ai pleuré, elle aussi je crois. «Je vais le revoir Zoe, je vais le revoir.» Et j'ai pleuré encore longtemps comme ça. Elle est restée dormir à la maison, je ne pouvais pas rester seule, c'était trop pour moi, ça l'est encore trop. Trop d'émotions pour mon petit coeur brisé.
Je cligne des paupières, une bonne vingtaine de fois. Je n'y crois pas. Toujours pas, pas encore. Pas tant que je ne l'aurais pas vu, en chair et en os, devant moi. Mon coeur bat à une centaine de pulsations à la minute. Voire plus. Ma respiration est très saccadée, je suis constamment au bord des larmes. Zoe m'a déposée à l'entrée de l'aéroport. «Je serais garée là, sur la place libre que tu vois.» Elle me la montre du doigt. Je hoche la tête et une larme coule sur ma joue. Puis une autre. «Merci Zoe. Merci.» Je pousse la portière et je manque de flancher. Dans moins de dix minutes, il se tiendra devant moi, et je me tiendrais devant lui. J'ai cru qu'il était mort, bon sang. Je retiens en sanglot et je me retourne vers Zoe. «Dis-lui bonjour de ma part.» Elle sourit faiblement et je pleure de plus belle. Entre de hoquets, je tente de sourire. C'est sa façon de me montrer qu'elle est heureuse pour moi. Je crois.
Ladies and gentlemen, the Canadian Army plane has just arrived into the Heathrow Airport. I repeat. The Canadian Army plane has just arrived into the Heathrow Airport. Je ne peux pas arrêter les larmes et les sanglots, je ne peux pas, je n'y arrive pas, je ne veux pas. Et je souris, je souris comme je n'ai jamais souris depuis des décennies. «Par ici, mademoiselle.» Je suis le dédale de couloirs qui me mènera à Augustin, enfin. Je marche vite, j'aimerais tant courir mais je ne peux pas, alors je fais de mon mieux, je marche le plus vite possible, je fais de mon mieux, vraiment. Mon coeur bat tellement fort, et mes mains sont moites, et les sanglots ne se calment pas, et mon sourire ne faiblit pas. Je vais le revoir. Je vais enfin le revoir.
Je passe les portes du terminal, il y a déjà beaucoup de monde. Des familles entières, qui attendent leur père, leur mari, leur frère. Je ne m'arrête pas, je continue de marcher, et je cherche des yeux, de partout à la fois, il faut que je le voie, je ne peux plus attendre, je veux le voir. Les gens se serrent dans les bras, mais moi je veux voir le seul et unique qui m'importe, là, ce soir, je veux le voir. Et je le vois.
Mon coeur explose de bonheur. Il est là, devant moi, à quelques mètres. Tout proche, à dix pas de là. Il est là, vivant, debout, vivant, Augustin. «Augustin!» Je crois que je crie, mais je ne sais pas vraiment, parce que je ne m'entends pas. Je n'entends plus rien. Je ne vois que lui, uniquement lui, plus rien autour. Et je m'efforce de courir, parce que je ne peux plus attendre, ça fait trop longtemps, trop longtemps que j'attends ce moment. Et je le regarde, et il me regarde, et je ne sais pas trop ce qu'il pense, mais je crois qu'il est heureux de me voir. S'il savait comme je le suis, moi. Je ne prends même pas la peine d'essuyer mes larmes, je dois avoir un visage horrible, mais je m'en moque, parce qu'il est là devant moi, et je peux presque le toucher, plus vivant que jamais. Je m'élance dans ses bras. Sa chaleur m'envahit, et je pleure toujours, toujours plus, il est là. «Si tu savais combien tu m'as manqué.»
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Mer 19 Fév - 22:05
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Son coeur est lourd, tellement lourd qu’il est presque persuadé que c’est cela qui rend sa démarche si pesante. Ses yeux se perdent dans la foule, dans des visages qu’il ne connaît pas alors qu’il essaye de chercher en vain quelque chose à quoi se raccrocher. Tu n’as personne, mon garçon. Ca ne sert à rien de se créer de douce illusion si c’est pour les voir s’effondrer quelques instants plus tard. Il balaye l’endroit des yeux, prêt à se diriger vers la sortie pour appeler un taxi et aller… Aller ou ? Peut-être retourner près de cette petite maison qu’il partageait avec Azel avant son départ ; une chouette baraque que l’armée avait en partie payer, même si le jeune homme n’y habitait pas pendant plus de la moitié de l’année. Mais c’était bien pour Azel, elle pouvait y rester autant qu’elle voulait. Elle pouvait mener sa petite vie bien à son aise avec un toit sur sa tête. Augustin n’avait pas eu le temps de planifier son départ, mais il avait réussi au moins à organiser certaine chose pour le bien-être de sa meilleure amie. Peut-être qu’il aurait du penser à lui faire parvenir une partie de son salaire au lieu de l’accumuler inutilement. Elle aurait su quoi en faire, il le savait. Elle savait toujours trouver une utilité à tout, un talent qui se mariait assez bien avec ses doigts de fée. Elle allait être ravie, il avait explosé tout les genoux et les coudes des rares tenues civiles qu’il avait emporté avec lui. Elle allait pouvoir s’amuser à tout recoudre, à passer son temps à trouver les bons fils de couleurs avant de tout faire à la main. Minutieuse, penchée sur son ouvrage. Appliquée, comme à son habitude, parce que cette nana est pas fichue de faire un truc à moitié. Elle s’abandonne dans ce qu’elle fait, dans ses rêves, dans ses passions, avec une candeur parfois presque enfantine. Pourtant, ce soir là, c’est bien avec une femme qu’il avait partagé sa nuit. Il devait arrêter d’y penser. Elle était loin maintenant, car aussi patiente puisse-elle être, elle n’aurait pas eu la patience d’accepter son départ, son absence. Ce vide qu’il avait presque volontairement laissé entre elle et lui. Il pouvait toujours se cacher derrière l’excuse de l’armée, il savait bien que ça ne serait pas suffisant; Peut-être pour elle, mais pas pour lui. Il avait tout simplement la trouille, la boule au ventre. La recroiser, ou ne plus jamais la voir, c’était tout aussi douloureux l’un et l’autre. Parce qu’il avait tout plaqué et qu’elle l’avait suivit, comme à son habitude. Parce qu’à l’heure actuelle dans ce vieux patelin de nulle part, il ne connaissait que son visage, et que si il disparaissait, alors il aurait complètement perdu la notion de ‘rentrer à la maison’. Il n’était pas chez lui. Pas encore. Il n’avait encore vu aucun visage familier, aucun éclat de voix susceptible de le faire frissonner. De le faire un peu réagir ou même bouger. Rien.
Et puis la claque vient. « Augustin ! » Frappé dans le dos par une voix presque trop familière, il se dégage d’un quart de tour pour enfin voir celle qu’il attendait quand même un peu. Ce petit épi de blé perdu au milieu de toute cette foule de visage inconnu. Elle a changé. Elle est toujours la même. Un temps l’un, un temps l’autre. Il n’a même pas le temps de bouger, de réaliser ce qui est en train de se passer. Ses yeux rester bloqué sur son visage baigné de larme. Parce que c’est une chialeuse, comme toutes les filles. Mais cette chialeuse, c’est la sienne, celle qui venait parfois lui parler en rêve et lui chuchoter au creux de l’oreille que tout serait bientôt terminé. Que même si il ne priait pas, les combattant dans son genre se prenait un allé simple pour le paradis. Elle le réconfortait inconsciemment dans son idée de mourir. De pourrir, là, dans le sable. Comme un déchet. Bien sûr, il à ce sourire sur son visage, cette espèce de demi-lune qu’il s’efforce de contenir, qui vient dessiner une fossette dans le creux de ses joues. C’est pas un sourire, mais ça y ressemble presque. Pour aujourd’hui, c’est le maximum qu’il peut donner. Ses jambes veulent bouger, mais il ne sait pas quel côté elles vont décider. Courir vers elle. S’enfuir. C’est pourquoi il préfère lui laisser le premier pas. Elle vient le heurter de plein fouet, et ses bas d’enfant viennent se refermer autours de lui. Avec une poigne. Rien d’une embrassade élégante comme dans les productions hollywoodienne. Une étreinte d’un mort qui revient parmi les vivant. Elle tâte sa chaire, tandis que par la même occasion, il retrouve la chaleur d’une étreinte et le parfum d’une femme. Elle pleure, bien sûr qu’elle pleure, et ce con, il la regarde, avec son petit sourire accroché sur les lèvres. Elle lui salope tout son uniforme, mais il s’en fiche. Il s’en tamponne bien de ça, il préfère lui frotter le dos doucement pour faire passer ses sanglots, en lui posant doucement un baiser sur le sommet du crâne. Parce que situation étrange ou pas, ce geste-là a existé en tout temps. C’est son geste. Celui que personne d’autre ne pose sur elle. Il essuie du pouce son visage, pour ne pas l’entendre dire qu’elle a une mine affreuse. « Si tu savais combien tu m'as manqué. » Il hoche doucement la tête. Elle le sait bien, il lui dira jamais qu’elle lui a manqué aussi. Même un peu. Il se contente de poser son menton sur le sommet de sa tête, tout en continuant à lui frotter le dos pour calmer ses sanglots. Elle sait mieux que personne qu’il a jamais été très loquace dans des situations comme celles-ci. Néanmoins, il préfère faire un effort, dans l’espoir d’esquiver la situation délicate qui se retourne dans sa tête depuis maintenant un bon moment. « Faut croire que je suis revenu en un seul morceau. » Toujours cette même pointe d’ironie qui se perds dans sa voix grave et rauque. Il a eu l’occasion de tirer le cigare et autres fantaisies tout les soirs avec les officiers. Ca lui a un peu tué la voix, mais peu importe. Il ne garde de ce souvenir que des vêtements imprégnés de tabac.
Il sent cependant une gêne en la serrant dans ses bras. Et cette fois-ci, il ne s’agit pas de cet espèce de culpabilité à deux balles qu’il se traîne sur la conscience depuis son départ. Non, il s’agit ici d’une réelle gêne physique. Comme si quelque chose le poussait à rester loin d’elle. Il baisse les yeux et rencontre pour la première fois son ventre proéminent, qui ne laisse pas beaucoup d’hypothèse. Sa mâchoire manque de se décrocher, mais il parvient à garder son calme. C’est tellement surprenant. Incroyable. Voir ce petit corps de femme enfant sur le point de donner la vie. Dans son ventre, il y a quelque chose qui vit, qui grandit. Et dans sa tête, c’est synonyme qu’elle a trouvé quelqu’un. Parce que tu penses bien qu’il s’y connais à peine dans les mois de grossesse et qu’il pense à tout sauf à ça. A son enfant, dans le ventre de sa meilleure amie. Il pose successivement ses yeux sur elle, sur son ventre, avant de les reposer sur elle, encore une fois. « Merde, Azel. Là, t’es en train de me faire réaliser que j’en ai loupé des choses, en autant de temps. » Oui, là il réalisait que ça faisait longtemps. Il s’imaginait qu’elle s’était trouvé un gars bien de la région, un type qui l’aidait dans sa boutique tout les jours, et qu’il avait hâte de rencontrer. Pour faire son speech menaçant du grand frère et lui mettre sous le nez une bonne raison de lui casser la gueule si il s’en prenait à Azel. Mais non, ne cherche pas. C’est toi. « Ca va faire combien de temps ? »
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Jeu 20 Fév - 15:06
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
Sa chaleur, son odeur, sa présence. Je ne veux pas me détacher de lui, pas maintenant, ça faisait si longtemps, trop longtemps que je n'avais pas pu le tenir dans mes bras. Je voudrais rester des heures, des jours comme ça. Juste lui et moi, dans le terminal de cet aéroport. Je ne veux plus jamais qu'il parte, jamais. Les yeux fermés, je me rappelle tous ces moments passés ensemble, je me rappelle ce tout premier jour sur ce banc dans le parc, où il m'avait tendu la plus belle fleur de toute la ville, de tout le monde. Je me rappelle ces journées passées dans ma chambre, à parler de tout et de rien, surtout de rien. Parfois à ne rien dire du tout. Je me rappelle quand j'arrivais à la ferme de ses grands-parents et qu'il était là, entre de porter des gros seaux d'eau à bout de bras, faisant ressortir ses muscles d'adolescent. Je me rappelle lui m'annonçant son départ, moi pleurant. Je me rappelle m'être pointée devant lui avec ma valise devant chez lui, lui imposant ma compagnie. Je me rappelle de cette nuit. Cette si belle nuit. Je redresse ma tête et ose le regarder, enfin. Augustin. Il essuie mes larmes et je tente de ne plus pleurer. C'est difficile. Je ferme les yeux et appuie mes paupières très fort. « Faut croire que je suis revenu en un seul morceau. » Un rire sangloté. Un reniflement, pas très charmant. Mais je m'en contrefiche. « Je n'arrive pas à y croire. » Je cligne plusieurs fois des paupières, comme pour confirmer ce que je viens de dire. Pourtant il est bien là, devant moi. Vivant. Je ne me lasserais jamais de penser ce mot. Vivant. Deux toutes petites syllabes, qui me rendent si heureuse. « Je suis contente qu'il ne te manque pas un bras. » Je rigole malgré moi. Je ne sais pas pourquoi je dis ça. « Ou pire, une jambe. » Je pince les lèvres, et mon sourire s'élargit. Je replonge mon visage contre son torse, humant cette odeur qui m'avait tant manquée. Il y en a une autre qui s'est ajoutée, mais je ne saurais dire laquelle. Peut-être l'odeur de la mort ?
Augustin s'écarte un peu, il regarde bébé. Enfin, il regarde mon ventre, où dors bébé. Je me mords la lèvre. Je ne sais pas trop à quoi il pense. J'aimerais bien qu'il parle. Un petit mot. Une petite question. C'est le mien ? Mais je ne crois pas qu'il comprenne. « Merde, Azel. Là, t’es en train de me faire réaliser que j’en ai loupé des choses, en autant de temps. » Je ferme les yeux. Oui, tu en as loupé. Tu en as raté beaucoup, des choses. Des très belles, parfois. Tu as raté le moment où j'ai appris pour bébé. J'aurais tellement, tellement aimé que tu sois là. J'aurais aimé te montrer ce petit test, quand le « + » est apparu. J'aurais aimé que tu me prennes dans tes bras, à ce moment-là, et que tu me promettes que l'on aurait une belle vie, tous les trois. Je pose ma main sur mon ventre et je fais des ronds. Je fais souvent des ronds. Tu as loupé aussi Zoe. Je suis sûre que tu vas l'aimer. Elle est la plus gentille fille du monde, je crois bien. Je ne serais même pas là aujourd'hui si ce n'était pas grâce à elle. Tu as manqué tellement de choses. Je regarde mon nombril, puis les yeux d'Augustin, et mon nombril encore. « Je te raconterais tout. » Un murmure, à peine audible. Raconter ce qu'il a manqué, raconter cette histoire de bébé. Et moi, qu'est-ce que j'ai loupé ? Je fais des dessins sur mon ventre, je marque des choses, aléatoirement. Peut-être pas tant que ça, finalement. Mais il ne comprendrais pas. C'est à l'envers. « Ça fait huit mois. Et demi. » Je plonge mes yeux dans les siens. Est-ce que tu vas comprendre ? Comprendre que c'est le tien ? J'ai peur. J'ai peur qu'il ne comprenne pas, peur qu'il le fasse et qu'il ait peur, peur qu'il s'en aille, peur qu'il fuit. Encore. Je prends sa main et je la pose tout doucement sur mon ventre. Là où bébé appuie. Je crois que lui, il a compris.
Je caresse sa paume avec mon doigt. J'ai toujours fait ça. C'était mon habitude, à moi. Je suis contente de voir que ça l'est toujours. Je ne quitte pas mon regard de son visage, son si beau visage. Ces traits durs que personne ne connaît mieux que moi. Ses cheveux constamment ébouriffés, où j'ai tant aimé passer mes mains. Je ne sais toujours pas à quoi il pense. Je scrute son regard, son esprit, mais je ne sais pas quoi y voir. Je ne sais pas si c'était une bonne idée de faire ça. Je n'aurais pas dû faire ça. J'aurais dû simplement lui proposer d'aller boire un verre et manger des biscuits apéritifs. J'aurais dû lui demander comment c'était passé son voyage. Si les hôtesses de l'air avait été gentille, si son voisin n'avait pas trop ronflé. Le genre de choses que l'on demande à quelqu'un qui vient de sortir d'un avion. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher, c'était plus fort que moi. J'aurais aimé que cette main soit posée là, comme ça, depuis huit mois. Je me mords la lèvre, encore, et je sens les larmes qui remontent. Ne pas pleurer, ne plus pleurer. C'en est assez. Je souris. « Tu me présentes tes amis ? »
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Jeu 20 Fév - 18:23
tell myself over and over you won't ever need her again
Il la sent trembler contre son corps. Comme lorsqu’elle s’écorchait les genoux en tombant, et qu’il arrivait quand même à tirer un sourire d’entre ses larmes. Il avait encore du mal à réaliser qu’elle était en train de pleurer pour lui, parce qu’en fin de compte il avait réussi à rentrer au pays sans trop de dégâts. Bien sûr qu’il était endommagé, il était cassé d’une certaine façon, mais elle ne pouvait pas le voir. Il portait en lui des blessures invisibles que le temps ne refermait pas. Peut-être que le calme d’un pays sans guerre allait le réconforter l’espace d’un instant et l’aider à se fondre à nouveau dans la masse. A être un gars parmi tant d’autre, un visage dans la foule. Il craignait de ne pas pouvoir revenir à la réalité, de rester dans cette espèce de bulle ou toutes ses actions seraient calculées, pensées. Il craignait de ne plus jamais retrouver le sommeil ou l’appétit. De ne plus pouvoir profiter des moments de simplicité que Azel lui offrait par le passé. Elle pleurait de joie contre sa poitrine, mais est-ce qu’elle allait encore le faire pendant longtemps ? Elle ne le connaissait plus ou alors le souvenir qu’elle gardait dans sa tête d’Augustin, ce gamin qui venait aider à la ferme, ce n’était plus tout à fait vrai. Il le sentait au plus profond de lui, mais il ne savait pas encore comment l’exprimer. Il pourrait se tenir devant elle, il pourrait feindre du mieux qu’il pouvait, pour ne pas la faire souffrir. Pour ne pas torturer son âme de la même façon qu’il torturait la sienne. Il ne voulait pas la blesser, il estimait qu’il l’avait déjà assez fait par le passé et surtout pendant ces huit mois ou il n’avait absolument donné aucune nouvelle; Silence radio. Mais d’un côté, c’était mieux pour elle, parce que d’un côté ça pourrait l’aider aisément à tourner la page. Elle s’accrochait à lui, de ses petites mains, et lui, se retrouvait projeté des années en arrière. Pour faire fuir les monstres sous son lit, pour la ramener sur le chemin de l’école ou pour porter les objets trop lourds pour ses petites mains. L’époque ou il était toujours là pour prendre soin d’elle et pour la protéger, une mission qu’il s’était toujours attribué, allant jusqu’à se damner pour son bonheur. Etait-ce pour cela qu’il n’avait pas voulu lui communiquer son départ plus précisément ? Parce que si elle le suppliait de rester, il était capable de changer d’avis pour elle. Et là, la voir pleurer dans ses bras à chaudes larmes lui rappelait a quel point il avait merdé sur toute la ligne. Il l’avait lâchement planté alors qu’elle avait tout plaqué pour le suivre. Elle lui avait tout donné, et il s’était tiré sans lui laisser une explication, alors qu’il lui devait bien ça. C’était la moindre des choses. Mais aujourd’hui, tout ceci n’avait plus d’importance. Elle pouvait se calmer, respirer, il allait bien. Il n’avait pas été blessé au combat, juste un peu trop malmené dans sa tête.
Elle riait et elle pleurait en même temps. Un arc-en-ciel cette meuf, je te jure. Mais lui, ça le fait sourire, parce que ce changement d’attitude, cette incompréhension dans les émotions, ça lui ressemblait tellement. Ils formaient un tandem bien curieux tout les deux. De loin, ça devait même être presque drôle à regarder. « Je n'arrive pas à y croire. » Il essuie les dernières larmes qui perlent au coin de ses yeux, elle est pas possible de pleurer comme ça. Pourtant, il était là devant elle. Bien réel. Vivant. « Je suis contente qu'il ne te manque pas un bras. » Ses bras allaient bien, même si le droit portait les marques d’une large brûlure, vieille d’au moins quatre mois maintenant. Peut-être qu’elle allait trouver ça laid. Qu’elle ne voudrait pas toucher ou même regarder les longs éclats de peau blanchis. Ses souvenirs du front, qu’il portait comme des décorations indélébiles. « Ou pire, une jambe. » Il hoche la tête tandis qu’elle se serre un petit peu plus fort contre lui. Il pousse un soupir toujours en train de s’imaginer le pire. « Ca t’aurais fait tellement plaisir de me voir revenir estropié, hein ? » Elle aurait pu s’adonner à son passe temps favoris, s’occuper des autres. Il ne revenait pas avec des membres arrachés, mais il avait bel et bien perdu une partie de lui. Mais fini de parler de lui, il y a des choses bien plus… nouvelles ? Comme cette protubérance au niveau de son ventre qui annonce que dans peu de temps, elle sera mère. Ca alors. C’est plus qu’incroyable, parce qu’il n’a jamais imaginé la demoiselle mère. « Je te raconterais tout. » Il hoche doucement la tête, il paraît qu’il ne faut pas brusquer les femmes enceintes. Si seulement il l’avait su, il se serait débrouillé pour ne pas qu’elle vienne jusqu’ici le chercher, parce qu’à ce stade-ci de la grossesse, ça devait être plus fatiguant qu’autre chose. Il tient quand même à prendre des nouvelles de sa santé. « Ça fait huit mois. Et demi. » Son sang se glace. Un frisson remonte le long de sa colonne, et pourtant son visage essaye de rester neutre. Il l’interroge du regard. La coïncidence le frappe à la poitrine, lui coupant presque le souffle. Est-ce qu’elle s’est jeté dans les bras du premier venu de désespoir ? L’autre hypothèse, il n’ose même pas y penser. Le siens, réellement ? Il ne veut pas discuter de ça ici. Pas maintenant. Peut-être la prendra-il a l’écart quand l’euphorie générale sera passée. Il sent les pieds de son bébé frapper doucement contre ses mains. Cette sensation, c’est tellement drôle… Alors c’est donc ça que ça fait. « Tu me présentes tes amis ? » Il sort de ses pensées, avant de la prendre par les épaules. « Viens, je vais te présenter à… » Il se retourne à peine qu’une main vigoureuse se pose sur son épaule, et que Carter, son camarade de dortoir, aborde un sourire. Ce sourire qui dit à trois cent kilomètre ‘petit cachottier’.
Parce que Augustin ne parlait jamais de lui, de sa famille et de ses amis. Avoir Azel à ses côtés, ça sonnait un peu comme retrouver sa femme au pays, avec son propre enfant. Beaucoup trop Spilbergien pour être vrai. Et pourtant, ce n’était qu’une partie de la vérité. « Alors Moore, ça fait du bien d’être au pays, hein ? » Et Carter, c’est ça. Quelqu’un qui ne donne jamais dans la subtilité ou dans la recherche du raffinement. Mais quoi qu’on puisse en dire, c’est quand même un sacré bon gars. « Carter, je te présente ma… » Il hésite. Ma quoi. Ma meilleure amie ? Mon amante ? Celle qui se prends pour son amoureuse ? Il ne sait même pas si il est amoureux, et il doute fort que cela puisse un jour être le cas pour Azel. Il préfère ne pas s’embourber dans la situation, quitte à la prendre à part sur le côté après. « Je te présente Azel. Azel, je te présente Carter. On s’est battu ensemble en Afghanistan et ce type à sauvé ma peau plus d’une fois, je peux te le dire. »
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Jeu 20 Fév - 19:08
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
Se concentrer sur la respiration, pour ne pas pleurer. Ne pas penser à toutes ces choses qui pourraient me refaire plonger. Et il y en a, des choses. Des belles, mais des tristes aussi. « Ça t’aurais fait tellement plaisir de me voir revenir estropié, hein ? » Je ne sais pas si c'est une sorte d'humour sarcastique ou s'il est vraiment sérieux. Est-ce qu'il est conscient de tout ce qu'il m'a fait vivre ? Est-ce qu'il sait que la pensée même qu'il puisse être égratigné, blessé, tué, a hanté chaque minute de chaque jour de ces huit derniers mois ? Que j'ai espéré, encore et toujours, qu'il m'envoie un mot, quelque chose, qui me dise qu'il est toujours vivant. Et il ose penser que cela m'aurait fait plaisir de le voir avec des membres en moins ? « J'aurais été si contente. Cauchemarder encore dix ans de plus, c'est tout ce que j'aurais voulu. » Cela ne me ressemble pas du tout d'être si froide. Je pince les lèvres. « Ce n'est pas ce que je voulais dire. » Je secoue la tête. Je ne veux pas le perdre alors qu'il vient d'arriver. Je ne peux pas me permettre d'être méchante, mais se rend-il seulement compte de cet effet qu'il a sur moi ? Que ses moindres mouvements guident les miens ? Que ma vie dépend de la sienne ? Je suis certaine que non. Sinon il ne serait pas parti, pas comme ça. Pas aussi vite. Pas sans me le dire. J'étais restée là, allongée dans ce lit, à moitié nue, seule. Je l'avais appelé, et il n'avait pas répondu.
Il le regarde, ce ventre, mon ventre, et sa main est posée dessus, et ses yeux sont impénétrables. Il a peut-être compris. Huit mois et demi, oui, c'est la durée pendant laquelle tu es parti, Augustin. C'est le tien, ce bébé-là. Regardes moi.
Au lieu de ça, ses mains se posent sur mes épaules et je frissonne. Il n'a pas le temps de me pousser vers ses amis que l'un d'eux viens à nous. Je souris faiblement. J'aimerais me cacher, très loin, très profond dans le sol. Parce que ce Carter doit s'imaginer des choses entre nous deux, des choses que j'aimerais tant qu'elles soient vrai. Augustin, et moi. Pour la vie. Mais ce n'est pas comme ça. Je ne suis que trois petits points dans une phrase. Après tout ce que l'on a vécu, je ne m'attendais pas à être Azel. Simplement. Je te présente Azel. Azel, je te présente Carter. Et c'est tout ? C'est tout, c'est tout ce que tu peux dire de moi ? Je sens une boule qui se forme dans ma gorge alors je respire, une grande inspiration. J'ai ce sourire forcé, qui trompera ce fameux Carter mais qui ne dupera certainement pas Augustin. Il le connaît trop bien, ce sourire-là. Celui qui m'accompagne, souvent, depuis tant d'années. Celui que je lui ai fais après chacune de mes ruptures. Oui, ça va bien. Ce n'était qu'un con, au fond. Celui que je lui ai fais après ce zéro pointé dans ma matière préférée, que j'avais vraiment bien révisé. Celui que je lui ai fais à chaque fois que j'ai trébuché, avant de me mettre à pleurer. Il se contentait de me prendre dans ses bras et de me faire des bisous dans les cheveux. Souvent, ça suffisait. Le fait qu'il soit là, autour de moi. Il n'avait pas les bons mots, mais il avait les bons gestes. Ceux-là même qui m'ont manqués, ceux-là même que j'ai tant désirés.
« Enchantée, Carter. » Mon sourire faiblit un peu, alors je fais des efforts. Ce n'est pas le moment de mettre mal à l'aise qui que ce soit. Surtout pas un ami d'Augustin. Je ne voudrais pas le mettre dans l'embarras, à peine arrivé Au pays. « Merci d'avoir pris soin de lui. » Mes yeux brillent, et je les écarquille. Si je ferme mes paupières, je sais que les larmes vont couler. Je me retourne, pour ne pas qu'ils voient mon visage. Je fais mine de m'intéresser au buffet, devant moi. J'inspire un grand coup, je me mords la lèvre, et je dis, d'un air que je veux naturel, « Je crois que bébé a besoin de vitamines. » Sans réfléchir à l'impact qu'une phrase pourrait avoir. Sur Carter, peut-être, mais surtout sur Augustin. Bébé. Ça ne fait qu'appuyer la réalité. Dure, peut-être, pour lui. Mais si belle, pour moi.
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Sam 22 Fév - 10:10
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Déchirement. Tiraillement. Tels étaient les mots qui pouvaient au mieux décrire ce qui était en train de se passer dans la tête du soldat. Il était rentré au pays, et quelqu’un était là pour l’accueillir. Mieux que ça encore, ce quelqu’un, c’était Azel. Cette fille en qui il avait toujours eu une confiance aveugle, sa meilleure amie, sa seconde famille. Cette personne qu’il se devait de protéger, peu importe le bourbier dans lequel elle serait en train de s’enfoncer. Et vu l’arrondit qui se dessinait sur son ventre, le bourbier allait être sévère. Mais cela n’effrayait qu’à moitié le jeune homme ; parce qu’avec la jeune femme, ils s’en étaient embarqués dans des galères sans jamais faire demi-tour, sans jamais abandonner. Parce que Azel et Augustin fonctionnaient comme ce tandem ou rien ne semblait coïncider, mais ou tout fonctionnait quand même pour le mieux. Un miracle de la nature. Aujourd’hui, sentir cette personne si chère à son coeur sangloter contre sa poitrine lui rappelait à quel point il avait complètement merdé avec elle, et cela depuis le début. C’était comme fuguer pendant huit mois, et ne plus donner de signe de vie à sa famille, parce que oui, dans les yeux d’Augustin, Azel était de sa famille, comme une petite soeur qu’il devait protéger envers et contre tout, peu importe la gravité de la situation, peu importe si elle avait tord ou raison. Et vu la demoiselle, il savait qu’il s’embarquait dans des aventures à n’en plus finir, mais il lui devait bien ça. Il avait été un ami absent pendant presque neuf mois, et pour couronner le tout, il l’avait laissé au pays dans une situation des plus compliquées. C’était pourtant tellement bien sur le moment. Ou avait-il la tête, bon sang ? La peur l’avait fait agir de manière presque irrationnelle et sur le moment, il aurait pu dire qu’il était presque amoureux de son petit visage de poupée, de sa candeur et de son sourire. Dommage pour elle, les sentiments qui n’avaient jamais existé s’étaient évaporés dès le lendemain, dès qu’à son réveil il l’avait vu blottie contre son torse. Qu’il avait sentit son grain de peau contre le siens. Qu’il s’était souvenu de toute la nuit qu’il venait de passer avec elle. Il a donc appliqué le premier article du code des connards parfaits qui ne s’assument pas ; partir avant qu’elle se réveille, et très accessoirement donner le moins de nouvelles possible. Voir pratiquement plus de nouvelles dans son cas, ce qui avait à moitié bien fonctionné. Il n’avait pas cessé d’y penser et avait été torturé par les retrouvailles possibles avec la jeune demoiselle, mais en contrepartie, il n’avait pas eu de compte à lui rendre pendant neuf mois. Aujourd’hui, les choses étaient différentes, elle était devant lui, tout sourire, heureuse de son retour comme personne ne pourrait l’être. Mais pour combien de temps encore allait-elle être heureuse de le voir revenir vivant ? Peu de temps, il le savait. Le temps pour lui de lui briser le coeur, si il en avait le courage.
Et pour rendre les retrouvailles plus faciles, il se permettait de plaisanter avec elle. Ou du moins, de plaisanter à sa façon, parce que si il s’était souvenu du caractère si soupe au lait des femmes enceintes, il n’aurait même pas essayé. « J'aurais été si contente. Cauchemarder encore dix ans de plus, c'est tout ce que j'aurais voulu. » Il sent dans son ton froid que la blague n’est pas passé comme il l’aurait voulu. En même temps, son sens de l’humour déjà très limite avait été mis de côté pendant un certains temps. La guerre ne faisait pas de cadeaux à ce sujet et il en était ressortit plus endommagé que jamais. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne le remarque. Il ne savait cependant pas ce qu’elle allait en faire, si elle allait s’accrocher encore plus fort à lui ou si au contraire elle allait le laisser partir. A son départ, ils étaient unis comme les doigts de la main, et aujourd’hui, il revenait abîmé par la guerre et elle se présentait avec un bébé dans son ventre. « Ce n'est pas ce que je voulais dire. » Il secoue doucement la tête, en tentant de faire un sourire convainquant. Il ne lui en veut pas. Est-ce qu’il pourra seulement lui en vouloir un jour ? Il n’en est même pas sûr, mais pour l’heure, il sait qu’il devrait arrêter de la malmener avec son aigreur. « C’est rien, Azel. C’est moi. Je crois que j’ai besoin d’un peu de temps pour me réhabituer à vivre en société. » Il sait que ça fait partie des choses qui prennent du temps, parfois beaucoup de temps. Il ne sait pas encore combien de temps il pourra rester ici, dans son pays, auprès des siens. Il avait cependant le sentiment que les choses avaient changé à un point que lui-même ne connaissait pas et ne pouvait pas estimer ; la main posé sur son ventre et les petits coups de pieds de son bébé. Il ne savait pas si c’était une réalité, et tant mieux ainsi ; il y avait toujours une part de lui qui affirmait qu’il ne s’agissait pas de son fils tandis qu’une autre partie ne pouvait nier ce fait. Il était tiraillé. Déchiré. Et son regard de poupée n’aidait en rien la situation. Il l’interrogeait du regard, mais elle ne voulait pas parler, préférant esquiver et le placer devant une situation encore plus embarrassante ; la présenter à ses amis. Non pas qu’il ait honte d’elle, que du contraire, mais il ne savait pas comment la présenter sans la vexer. C’est pourquoi il se contenta simplement de son nom, Azel. Parce que c’est ce qui la représentait le mieux, à ses yeux. « Merci d'avoir pris soin de lui. » Evidemment, Carter il en profite pour faire son show, pour dire que ce n’était rien et que prendre soin d’un petit gars comme Augustin c’était plus un plaisir qu’autre chose. Carter qui parle pour ne rien dire. Mais quel chic type quand même, ce gredin. Au moins un mec avec sa conscience, à la différence d’Augustin.
Carter ne le sait pas, mais il appuie pile ou ça fait mal. Il n’y a qu’Augustin pour voir et surtout pour comprendre qu’elle est sur le point de pleurer. De se décomposer devant lui. Et pourtant, elle garde sa face et sa dignité, parce qu’elle a un beaucoup trop fichu caractère pour se démonter devant un parfait inconnu. « Je crois que bébé a besoin de vitamines. » Bébé. Cet inconnu que le jeune homme ne connaît pas, et qu’il redoute de connaître. Cette personne qui cohabite maintenant avec son Azel, sa petite perle. Ce poids sur son ventre. Un bébé qui sera là bientôt, et dont le jeune homme ignore encore tout. Carter lui lance un regard plein de sous-entendu, avec le sourire et le petit haussement de sourcil assorti. La totale. De quoi mettre le jeune homme directement mal à l’aise, mais il préféra lui rendre un sourire. Le sourire qui pouvait tout laisser sous-entendre à Carter, mais qui ne nécessitait pas de parler. Augustin préférait le laisser imaginer tout ce qu’il voulait. Peu importe. Il le salue poliment d’un signe de tête avant de retourner près d’Azel qui s’affaire déjà pour manger. C’est qu’elle doit manger pour deux maintenant. Il retourne cependant près d’elle, Carter enfin éloigné, avant de la prendre doucement par la main. Il sait qu’il ne devrait pas, mais il a toujours fait ainsi avec elle. Depuis leur petite enfance. « J’aimerais bien que tu me suives. » Il chuchote doucement, sans élever la voix. Il l’entraîne avec elle, dans le terminal d’à côté, là ou tout les sièges sont vides. Là ou il n’y a personne, ou du moins presque personne. Pas besoin d’en faire un scandale. Il fixe son visage de poupée. Des réponses, s’il te plaît, Azel. Mais pas ce silence et ces pleurs. « Huit mois et demie, c’est une coïncidence, ou bien c’est autre chose ? » Et par ‘autre chose’, il entend éventuellement ‘quelqu’un d’autre’. Il fixe la demoiselle, ses yeux glissant de temps en temps sur son ventre. « Parle-moi Azel. Parle-moi. »
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Sam 22 Fév - 19:32
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
Seuls, à deux. C'était ça, lui et moi. No matter what. Deux livres ouverts, deux coquilles vides. Un peu de mélancolie et de nostalgie dans les traits, dans les sourires, dans les paroles. Des petits mots sur du papier, glissés dans le cartable ou sous la porte. Ça nous rendait heureux. Des petites attentions qui n'appartenaient qu'à lui, qu'à moi, qu'à nous deux. Les copains que j'ai eu, généralement, ils étaient jaloux. Je ne peux pas leur en vouloir. Je ne leur en ai jamais voulu. J'aurais peut-être dû m'en vouloir, à moi. Helen m'avait prévenu, mais j'avais effacé ses mises en garde d'un geste de la main, à l'époque. C'était Augustin d'abord, les autres ensuite. Peut-être que c'est un peu à cause de ça que toutes mes relations avec les hommes ont fini dans les pleurs. Les miens, le plus souvent. Au final, c'est dans ses bras que je finissais, c'est lui qui me réconfortait. Ça devait renforcer un peu plus le dégoût, la haine qu'avait développé ces petits amis, soi-disant amoureux. Mais je m'en fichais, parce que je savais qu'ils étaient éphémères. Qu'ils ne dureraient pas. Qu'ils ne seraient pas ancrés, jamais, pour l'éternité. L'éternité. Ce sentiment que j'avais à ses côtés. Pendant toutes ces années, je n'avais qu'à le regarder pour m'envoler, pour sentir la liberté, l'impression particulière, surprenante, d'avoir une vie illimitée. De pouvoir tout faire, tout dire. Ce sentiment indestructible que j'ai eu, durant près de quinze ans. Ce sentiment, qui a brusquement implosé en même temps que mon coeur, en même temps que sa fuite pour le désert de la mort. Ce sentiment, que j'ai instantanément retrouvé en posant mes yeux sur ses cheveux blonds ébouriffés, ses yeux clairs et ses lèvres fines, dans le terminal bondé. Ce sentiment, qui semble à présent s'effacer, au fur et à mesure des secondes qui passent. Et je tente de le retenir, de le garder près de moi, mais je crois qu'il ne veut pas. Pourquoi pourquoi pourquoi. Qu'est-ce qui a changé ? Que s'est-il passé ?
Un haussement d'épaules. À quoi bon s'habituer à vivre en société, quand une seule personne nous suffit ? C'est souvent ce que je me suis dit, pendant environ toute ma vie. Je n'ai jamais eu besoin d'être beaucoup entourée. Prenez-moi avec mes défauts ou laissez-moi où je suis. Je n'ai jamais fait d'efforts particuliers pour plaire. Je n'ai jamais débordé de politesse, je suis venue comme j'étais. Ceux qui ne m'aimais pas n'avait qu'à s'en aller. Helen est restée. Quelques autres dont j'ai oublié le prénom, aussi. Et puis Augustin, qui a, avait, toujours été là. Peut-être que moi, je ne lui suffisait pas. Il n'a jamais été très expressif sur sa vie personnelle, sur ses amis, sur ce qu'il faisait quand nous n'étions pas ensemble. Nous étions souvent ensemble. Ça ne m'a jamais dérangé, de ne pas tout savoir. Parce que quand je le voyais, je ne le voulais que pour moi. Tout ce que je sais, c'est que je n'ai jamais eu à le consoler d'une quelconque rupture. Peut-être que c'est lui, qui a fait pleurer les filles. J'ai toujours pensé qu'il était comme moi, qu'il n'avait besoin de rien de plus, de personne d'autre. Je me suis peut-être trompée. « Je te présenterais à mes amis. » Tout bas, tout bas pour qu'il ne relève pas. Qu'il ne s'attende pas à ce que je lui présente une horde de gens, de quoi se socialiser, sortir, rire. Ma liste de contacts n'est pas très grande, pas autant qu'elle aurait dû l'être après plus de huit mois passés dans la même ville. Je m'en fiche, de ne pas connaître grand monde, parce que j'ai Zoe. Et je pensais avoir Augustin. Mais, peut-être que Zoe ne lui suffira pas. Si seulement j'avais su.
Sa grande main calleuse, forgée par des années à la ferme, par des mois au front, dans ma petite main fragile, que la traite des vaches et le brossage des chevaux n'ont pas réussi à abîmer. Un petit bon dans le coeur, un peu de chaleur. « J’aimerais bien que tu me suives. » Les battements qui s'accélère, un peu. Je ne sais pas si cela présage du bon, ou du mauvais. Je hoche la tête, tout doucement. Les vitamines attendront, et bébé aussi. Il marche un peu devant, et je tente de suivre, de marcher aussi vite que lui, mes pas en canard, maladroits, incertains. Je me raccroche à sa main, bouée, gilet, canot de sauvetage de mon monde, submergé de doutes et de désirs.
Entraînée jusqu'à un autre terminal, plus petit, moins rempli. Je me mords la lèvre. Je ne sais pas quoi penser. Je ne veux pas, penser. Il y a de l'espoir, au creux de mon coeur, de mon corps. Espoir bien vite balayé, par sa question sans détour. Je cligne des paupières. Peut-être bien qu'il a deviné. Mais alors, il ne l'a pas montré. Pas comme je l'aurais espéré. Je baisse les yeux sur ce nombril, sur ce t-shirt un peu large, sur ce bébé bien gros maintenant. « Parle-moi Azel. Parle-moi. » Parler de quoi ? De ce que tu sais déjà ? I'll tell you, what you already know.
Relever le regard, difficilement. Alors, est-ce que nous y sommes ? Est-ce que c'est le moment où je lui dis ce qui va bouleverser sa vie ? Qui va la bouleverser à tout jamais. Il pourrait encore partir, m'oublier. Ne plus penser à ce bébé. Mais il est là, avec sa question, ses interrogations. Il ne peut plus éviter le destin, la fatalité, appelez ça comme vous voulez. Lui et moi, liés pour cette fameuse éternité par un bébé. Parles-moi, Azel. Une grande inspiration, et un petit sourire. Les yeux dans les yeux. « Si on prend en considération le fait que je n'ai pas fais l'amour ces huit derniers mois et demi, peut-être que l'on peut en déduire quelque chose. » Tourner autour du pot. Pour ne pas dire la vérité telle qu'elle est. Cette peur, encore, de sa réaction. La seule qui puisse vraiment compter. Il le sait, il le sent, je crois. Mais il ne l'a pas entendu de ma bouche, alors ce n'est pas tout à fait vrai. Pas encore. C'est ce qu'il attend. Que je le dise, que je lui dise. Qu'il est le père, le père de mon enfant. Il me faudra plus de courage pour ça, pour dire les mots, cinq petits mots. Dévastateurs, libérateurs. Une nouvelle inspiration, et je prends ses deux mains dans les miennes. Mon regard fixe, dans le sien. Plongée, inondée, peut-être pour la dernière fois. Je n'espère pas. Vraiment pas. Mais je ne pleurerais pas, pas encore une fois. Ses mains, placées sur mon corps. Une sur mon ventre, une sur mon coeur. Qui bat, à cent à l'heure. Une dernière inspiration, un dernier sourire. « Peut-être bien qu'il est de toi. »
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Dim 23 Fév - 13:06
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Il revenait sur ses pas, dans ses pensées. Qu’est-ce qu’il avait donc pu faire de travers pour en arriver à ce point ? Elle et lui, face à face, si proche et pourtant tellement de distance. Il se disant qu’il aurait mieux fait de ne jamais revenir, mais à chaque fois qu’il y songeait, il se souvenait également de toute l’horreur qu’il avait enduré pendant la guerre, et le simple fait d’y songer lui donnait la nausée. Non, il ne pouvait pas regretter son retour au pays, il ne pouvait que constater les erreurs qu’il y avait laissé, et faire de son mieux pour essayer de tout réparer. Aujourd’hui, Azel était peut-être la dernière famille qu’il lui restait, parce qu’il avait décidé du jour au lendemain de tout plaquer et qu’elle avait été beaucoup trop naïve pour le suivre. Parce que c’était Azel et Augustin, toujours ensemble et unis comme les doigts de la main. Il ignorait tout de ce qu’elle avait vécu et enduré pendant toute cette période ou il avait été absent. Il ignorait tout. Est-ce qu’elle avait au moins pu réaliser ses rêves ? Est-ce qu’elle s’en sortait au moins dans la vie ? Parce que si elle en était arrivée ici, c’était un peu de sa faute. C’était même carrément beaucoup de sa faute. Et Augustin n’était pas du genre à se voiler la face pour ne pas assumer ses responsabilités ; depuis tout petit, il avait du prendre sur lui et assumer des responsabilités d’adulte alors qu’il était encore un enfant. Il sortait à peine de l’adolescence que le voilà à nouveau plongé dans un cercle vicieux. Sa vie ne lui appartiendra jamais. Ou alors, elle lui a appartenu pendant un bref instant de panique, de désespoir, cet instant ou il l’a fait sienne. Plus rien ne comptait, ni les erreurs ni les conséquences. Il n’y avait que cette peur panique de mourir seul. Et même si dès le lendemain, dans son coeur tout était fixe, il n’en avait rien dit à la demoiselle. Il l’aimait, certes, mais pas de cette façon. Et il voulait fuir son regard de poupée, parce que dans les réactions qu’il avait senti, il savait bien que c’était réciproque, cet espèce d’attachement. Peut-être même trop. Trop pour lui en tout cas. Il ne pourrait pas se résoudre à recommencer une deuxième fois, même pour les beaux yeux de la jeune femme. Mais aujourd’hui, le doute s’installait. Elle était enceinte, et la possibilité que l’enfant soit de lui le hantait. Parce qu’il s’agissait d’Azel. Parce qu’il s’agissait de son enfant. Lui, devenir père. Un père bien à l’image du siens, souvent absent. Très peu là. Mais il ne voulait pas reproduire ce manque chez l’enfant, si un jour il en avait. Il serait un père présent, d’une façon ou d’une autre. Un père qui ne déchargerait pas ses responsabilités sur un enfant à peine capable de s’assumer. Tout ça, c’était bel et bien terminé. Son enfance était derrière lui. Ses géniteurs aussi. Peu importe ou ils étaient, paix à leurs âmes. C’est bien mieux ainsi.
« Je te présenterais à mes amis. » Il sourit doucement. Il ne doute pas qu’elle s’est fait des amis, et connaissant la demoiselle, elle mise généralement plus sur la qualité que sur la quantité. Le doute qui vient s’installer dans le coeur d’Augustin, c’est qu’elle ait trouvé un meilleur ami pour le remplacer. Après neuf mois, il ne peut pas lui en vouloir d’avoir agit de la sorte, surtout en sachant qu’il n’avait laissé aucune nouvelle. Il était le seul à blâmer dans cette histoire, et un jour ou l’autre, il allait devoir s’excuser. La pire des situations pour lui serait de s’excuser de l’avoir mise enceinte. Parce qu’il savait très bien qu’elle ne pourrait aucunement le supporter. Qu’elle en serait malade de chagrin. Et lui alors dans tout ça ? Ses sentiments personnels, il devait encore une fois les étouffer ? « Des amis ? Des gens merveilleux, certainement. » Des gens qui devaient lui ressembler, il n’en doutait pas. Elle avait eu l’occasion de l’apercevoir brièvement, peu de gens lui ressemblaient à l’armée, et il ne s’était pas particulièrement lié d’amitié avec des soldats. Juste des relations de cohabitation. Il était souvent seul, dans son coin. Peu bavard et peu loquace, il n’attirait généralement pas l’attention. Il parlait également très peu de lui, ce qui ne poussait pas les autres à s’intéresser à sa personne. Et c’est tant mieux ainsi. C’est pourquoi aujourd’hui tout le monde était si surpris de découvrir la fiancée de Moore ainsi que son futur enfant. Sottise, lui-même n’était pas au courant de la situation, et il s’efforçait pourtant de rendre des sourires aux quelques remarques lourdes ou mimiques qu’on lui adressait de loin. Très drôle les gars. Il préféra l’entraîner à l’écart pour discuter de tout ça calmement et posément. Du moins dans les limites du possible. Les femmes enceintes sont fragiles, nul besoin de le préciser au jeune homme. Et il voulait à tout prix éviter le scandale au milieu de l’aéroport. Il voulait lui éviter de faire quelque chose de stupide pour lui. Ca, vraiment, ça serait le sommet. Elle n’ose pas le regarder, et d’une certaine façon, c’est ce qui l’aide à comprendre. Mais il a besoin que les mots sortent de sa bouche. Mon enfant, ma chaire, mon sang. Oui ou non, un simple choix. Trois lettres. « Si on prend en considération le fait que je n'ai pas fais l'amour ces huit derniers mois et demi, peut-être que l'on peut en déduire quelque chose. » Les yeux dans les yeux, il ne cille pas. Il ne bouge pas. Sa mâchoire reste droite et fixe. Il revient alors huit mois en arrière, avec cette folie, cette envie passagère d’un soir qui se retrouve maintenant blottie au creux de son ventre. Cet enfant est de lui. Il ne réalise pas. C’est tellement difficile à dire. A avouer.
Une main sur son coeur, une main sur son ventre. Il sent le bébé bouger, son bébé. Son enfant. Et cette drôle de sensation qui lui saute à la gorge. C’est vivant, ça bouge, bientôt il pourra parler, s’exprimer, grandir, étudier,… Il est si petit et si infime. « Peut-être bien qu'il est de toi. » C’était comme si on venait de le frapper au creux du ventre. Sa respiration se coupa. Qu’est-ce que tu as fait, Azel. Qu’est-ce qu’on va faire ? Un bébé, maintenant. Ils n’étaient encore que des enfants tout les deux, des gamins sans cervelles qui ne connaissaient rien de la vie, et ils allaient devoir bientôt élever un enfant. Le choc émotionnel était dur à encaisser, si bien que pour la première fois depuis son retour, le jeune homme paru vraiment atteint. Touché par cette nouvelle. Ses yeux se froncèrent. « De moi ? » murmura-il incertain, toujours en gardant la main posée sur son ventre, « De cette fois-là ? » De cette unique fois-là, aurait-il voulu ajouter, mais le but ici n’était pas d’insister sur des détails comme celui-ci. Il tentait de rester calme, de garder le contrôle de sa voix. « Quand est-ce que tu t’es rendue compte de ta grossesse ? » demanda-il d’une voix ferme. Bien sûr, il savait qu’il n’avait pas à lui demander ce genre de chose. Il était la principale raison de cette situation ; coucher avec elle avait déjà été une erreur, sans se protéger, c’était vraiment la cerise sur le gâteau. Maintenant, il pouvait constater toute l’ampleur de sa bêtise. « Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit ? » Même une lettre aurait suffit. Il savait qu’il était dur, parce que c’est lui qui était parti sans rien dire, et qu’elle était resté là, avec le poids de sa connerie sur le ventre. Non, il le savait, il n’avait aucune droit de la juger.
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Azel Novak
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Lun 24 Fév - 22:39
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
Zoe. Dans sa voiture. Qui se tourne les pouces. Au sens figuré, ou au propre, je ne sais pas vraiment. Mais elle attend. Je suis persuadée qu'elle ne se plaint même pas. Elle m'a accompagnée, là, sans elle je n'y serais pas. Elle a bloquée sa soirée pour que je puisse vivre la mienne, alors qu'elle avait certainement bien mieux à faire. Mais ça lui fait plaisir, ça lui fait toujours plaisir de m'aider. C'est réciproque. Je veux dire, je ferais n'importe quoi pour Zoe. N'importe quoi. Sans elle, vraiment, je ne sais pas ce que je serais, où je serais, comment je serais aujourd'hui. Elle m'a tant aidé, au magasin, avec le bébé, dans ma vie de tous les jours. Si seulement elle savait comme je lui en suis reconnaissante. Pendant ces huit mois et demi, ces longs mois à attendre, elle a été à mes côtés, toujours. J'ai été aux siens bien sûr, mais peut-être pas autant. C'était difficile, pour moi, avec tout ce qui me submergeait. Pourtant je sais que Zoe n'a pas eu une vie des plus faciles, mais son sourire a, parfois, réussi à me tromper. Bien sûr, il y a eu toutes ces disputes, innombrables, mais si infimes. Ce n'est pas possible autrement, elle et moi, je crois. Se taquiner, se chamailler, s'embrouiller puis s'embrasser. C'est comme ça, elle et moi. Une belle amitié. « Des amis ? Des gens merveilleux, certainement. » Je hoche la tête, simplement. Merveilleux, oui. Si tu savais.
Scruter son visage, le moindre changement, la moindre étoile dans les yeux, la moindre moue, grimace, le moindre serrement de dents. Tout d'abord, rien. Rien du tout. Et puis quand je lâche la bombe, ces petits mots qu'ils veulent bien dire, sans détour, que oui, Augustin est le père de ce bébé qui gigote dans mon ventre, tout change. Les autres ne verraient peut-être pas. Ce petit éclair dans les yeux, ce tressautement minime au coin de la lèvre. Mais moi, je les ai vu pendant quinze ans. J'aurais peut-être préféré quelque chose d'un peu plus dramatique. À la hauteur de ce que j'ai vécu, à la hauteur de son absence, à la hauteur de notre bébé, à la hauteur de mon amour. Un froncement de sourcils, que je reproduis par mimétisme. « De moi ? » De qui d'autre ? L'immaculée conception, je n'y crois pas. Même si bébé est certainement beau comme un ange. Je sais qu'il dit ça juste pour mieux se l'imprimer dans l'esprit, pour confirmer cette dure, cette belle, cette inattendue vérité. Mais je ne peux m'empêcher d'être sarcastique, tout au fond de moi. J'aurais aimé tellement plus. Des larmes dans les yeux, à défaut de larmes qui coulent. Qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me fasse tourner, tourner malgré mon gros ventre. Je finis par me mordre la lèvre, au sang cette fois. Ça fait mal, j'ai mal à la lèvre. Mais c'est la seule façon, pour moi, pour que je ne pleure pas. « De cette fois-là ? » De quelle autre fois ? Toujours, ce sarcasme. Que je ne peux malgré tout pas me résoudre à prononcer à haute voix. Parce qu'il le prendrait mal, certainement. Et je ne veux pas qu'il soit mal. Je hoche la tête, encore. La voix, envolée. Les mots, oubliés. Reste la tête, un hochement, de temps en temps. En attendant qu'il arrête de poser des questions, en attendant qu'il me dise quelque chose de beau, de rassurant.
Ma main, sur sa main, sur mon ventre, je l'enlève. Et sa main avec. Doucement, tout doucement. Je veux m'asseoir, alors je regarde la chaise derrière moi et je m'assois. Mes yeux, dans ses yeux, à nouveau. Souris-moi, enlaces-moi. Mais non, il semblerait que le temps soit aux questions médicales, techniques, froides. J'aurais probablement un aphte à la lèvre, demain. Au moins, je n'aurais pas pleuré. Je souris, même. Faiblement, mais un peu, un tout petit peu. C'est normal après tout, qu'il veuille savoir tout ça. Il est père, maintenant. Ce sont des choses qui le concernent. J'avales ma salive. « Rapidement. »
Il n'avait mis aucune protection, je le savais. Enfin, je ne l'ai vraiment compris qu'après coup, sur le moment, je n'y ai pas pensé, comment aurais-je pu ? Je ne pensais qu'à lui, à lui, à lui et moi. À lui qui allait partir, bientôt, quand je ne savais pas mais bientôt. Trop tôt. Alors je voulais le garder avec moi, en moi. Pour toute la nuit, pour les jours d'après, aussi. Mais je me suis réveillée le lendemain sans personne à mes côtés, et j'ai compris qu'il était parti. J'y ai repensé à cette nuit, encore et encore. Cette belle nuit. Sans protection. Ça m'a sauté aux yeux, à un moment. Dans tous mes flashbacks, je ne le revoyais pas ouvrir ce petit sachet qui empêche la vie de se développer. Mon coeur s'est serré. Par bonheur ou par peur, je ne sais pas vraiment. Mais j'ai cru comprendre. Tout s'est passé très vite. J'ai toujours été plus ou moins régulière dans mes cycles, et le calcul s'est fait à peu près instantanément. Trois, plus quatorze, dix sept. Cette fameuse nuit, c'était quelque chose comme le dix-huit. J'avais pris une grande inspiration. Au moment où j'ai compris, cela faisait dix jours qu'il était parti. Dix petits jours qui semblaient une éternité. J'ai couru à la pharmacie.
« J'étais toute seule, Augustin. » Le sourire qui s'affaisse. « Dix jours après, j'étais encore toute seule. » Zoe n'était pas là, pas encore. Je venais d'installer ma boutique, d'acheter des habits à Ellie, et je cousais du matin jusqu'au soir. J'étais toute seule. Cela ne faisait que dix jours, je n'avais pas de nouvelles, c'était tout proche mais en même temps si loin, et j'avais ce petit « + » dans les mains. « Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit ? » Je papillonne des yeux, je ne comprends pas. Dire quoi ? Comment ? Ma lèvre s'échappe de l'emprise de mes dents, et les larmes me montent aux yeux. Ne pas pleurer, bon sang. Je serre les points, et je respire plusieurs fois. « Pourquoi est-ce que tu ne m'as jamais écris ? » Répondre à une question par une autre question. Il ne pouvait pas me demander ça, c'était à moi, à moi de lui poser cette question. C'est lui qui est parti, qui s'est enfui, enfui du pays, enfui de moi. C'était à lui de m'écrire, de me dire qu'il était vivant, de s'excuser d'être parti comme un voleur, de me demander comment j'allais. Comment je pouvais lui dire, moi ? Sur un bout de papier, écoute Augustin, je crois que toi et moi, on a fait un bébé ? Qu'est-ce qu'il aurait fait ? Il serait revenu, en courant ? Il aurait pris l'avion d'Afghanistan, attendez les gars je suis papa ? Non, je ne crois pas que ça marche comme ça. « Ils ne t'auraient pas laissé revenir, Augustin. » Je secoue la tête, sans le quitter des yeux. Ils lui auraient rigolé au visage, s'il avait demandé à être rapatrié. Ou alors, il ne l'aurait pas fait, il n'aurait même pas demandé. Je ne sais pas ce qui aurait été le pire. Pire pour lui, pire pour moi. D'un côté, un homme-papa, bloqué au front, risquant la mort à tout moment, angoissant à l'idée d'un enfant sans père. De l'autre côté, une femme-maman, restée au pays, attendant, attendant, angoissant d'un enfant sans père. Cet autre côté, tout ça, moi, je l'ai vécu. En me taisant, je lui ai au moins épargné ça. L'angoisse d'un enfant sans père.
Un père, il en aura. Vivant, du moins. Présent, c'est une toute autre histoire. J'espère, j'espère encore qu'il sera là. Pour lui, pour moi. Au moins pour lui, si ce n'est pour moi. « Dis quelque chose Augustin. » Un mot de joie, un mot de peine. Que je sache comment il se sent. Savoir s'il est heureux, lui aussi, ou s'il ne l'est pas. « S'il-te-plaît. » Une voix toute adulte, soudainement. Pendant trois secondes, ce n'est plus Azel la toute jeune maman, amoureuse, perdue, aspirée par la vie. Pendant trois secondes c'est Azel, la jeune mais pas si jeune maman, aimante, sûre d'elle, dévouée pour celui qui se trouve devant elle et pour celui ou celle qui se trouve en elle, inquiétée, angoissée pour son avenir, le sien un peu, mais surtout celui de ce petit être humain gigotant, barbotant dans son ventre. « Tu ne peux pas l'abandonner. » Pendant un instant je ne me soucie plus de moi, plus de cet amour dévorant, plus de son départ précipité, de son retour inespéré, mais simplement de ce petit bébé. Son petit bébé.
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Mar 25 Fév - 20:52
tell myself over and over you won't ever need her again
Il ne s’était pas protégé. C’est peut-être petit et facile à dire, mais il ne l’avait pas fait exprès. Il avait été emporté par la folie du moment. Il l’avait juste serré dans ses bras, pour oublier toute son amertume, toute sa peur face à un avenir qu’il avait pourtant choisi. Il ne pouvait faire plus demi-tour, il ne pouvait en aucun cas déserter sa place. C’est pourquoi il s’en était allé, et à l’instant ou il réalisait toute l’ampleur de sa bêtise, il était déjà trop tard. Azel était nue, dans un lit. Ou peut-être à moitié, parce qu’il avait quand même pris la peine de recouvrir son corps du draps de lit. Pour ne pas qu’elle prenne froid. Il avait toujours été ainsi avec elle, d’une nature prévenante et protectrice, comme si elle était cette petite soeur qu’il n’avait jamais eu. Une petite soeur, une moitié qui le complétait, c’est ainsi qu’il la voyait réellement, et si le lien qui l’unissait à la jeune femme était fort, il savait bien que cette réciprocité n’était pas de mise pour la demoiselle. Pour avoir accepté ses gestes, ses caresses et ses baisers sans jamais le repousser, il devait dormir dans son coeur un sentiment beaucoup plus fort que ceux que le jeune homme éprouve pour elle. Pour avoir gardé dans son ventre le fruit de cette nuit, dont ils se souviennent tout les deux. Ils ont un enfant, c’est ainsi. Il ne peut pas lutter contre la situation, il ne peut pas se morfondre sur son sort encore une fois. Il a enduré la guerre, mais pour se plonger dans une autre sorte de guerre. Pourtant, il n’a jamais voulu ça, il n’a jamais voulu avancer dans cette direction. Je te lâche la main, parce que tu la serres trop fort. Mais c’est ma faute, donc je ne peux pas lâcher. Le fautif. Le coupable. C’est lui a qui ont doit jeter la pierre. Quand il songe que pendant neuf mois, elle a du supporter le regard des gens sur son ventre qui commence à s’arrondir de plus en plus. Elle avait encaissé tout ça, seule. Toutes les douleurs de la grossesse, tout les désagréments. Elle avait été courageuse, en serrant les dents. Et lui, il avait été au delà de tout ça, perdu dans sa petite guerre avec ses petits fusils. La réalité n’était plus qu’un vague souvenir. Même Azel était loin. Son visage lui apparaissait de plus en plus flou, et il se rendait compte aujourd’hui, en la fixant, en noyant ses yeux dans son regard, il pouvait maintenant voir qu’elle avait changé. Il l’avait pourtant connu pendant des années. Ou du moins il le pensait. Il savait qu’il avait changé aussi. La guerre l’avait rendu plus cynique, plus aigre, et beaucoup moins spontané qu’avant. Azel avait été son interlocutrice privilégiée, mais il ne se sentait plus le coeur de le faire encore aujourd’hui. Il voulait la tenir loin de son enfer personnel. Il voulait garder par ici son petit coin de paradis. Ou du moins, ce qu’il en restait.
Il veut des réponses. Peut-être que le ton employé n’était pas le bon, qu’il aurait du y aller avec un petit peu plus de douceur, mais il n’y arrive pas. Il n’est pas encore habitué à renouer avec les autres, et surtout à modérer ses émotions. Il se rendait compte de la rudesse de son ton, mais l’émotion était trop forte et c’était la seule façon pour lui d’encaisser le choc. Elle ne devait pas lui en vouloir de réagir de la sorte ; ce n’est pas comme si elle lui avait annoncé qu’elle avait acheté un nouveau meuble ou acheté un petit chien. Elle attendait un enfant, qui avait de forte chance d’être le siens. Il se mordait la lèvre, encore rongé par les complexes de son enfance. Il ne connaissait rien à la paternité, il n’en avait eu aucune exemple. Et il ne savait pas si il avait les épaules pour pouvoir encaisser cette responsabilité. Il passait la moitié de sa vie à l’autre bout du monde, en mettant sa vie en danger. Un enfant sans père, c’était quelque chose d’horrible, et pour l’avoir vécu, il ne souhaitait ça à aucun enfant. Pas même le siens. Rester en vie, il ne pouvait même plus le promettre. Il ne pouvait pas promettre à Azel de rentrer à chaque fois vivant, même pour leur enfant, parce que cette vie, il l’avait choisi, et il ne pouvait en aucun cas s’en détacher. La désertion était passable de prison, et il n’était pas certains qu’elle le préférerait derrière les barreaux. « Rapidement. » Elle l’avait su rapidement, en même temps, elle avait du le sentir. Les filles sont trop fortes pour remarquer ce genre de chose, et Azel ne faisait certainement pas exception à la règle. Il imaginait sa petite silhouette recroquevillée en serrant dans ses petites mains le teste de grossesse. Est-ce qu’elle avait eu peur ? Est-ce qu’elle avait été au moins un peu heureuse ? Oh, il n’avait pas le droit de se poser des questions de ce genre, il n’avait le droit que d’assumer ses erreurs. Il ne voulait pas la pousser dans ses retranchements, elle était déjà assez malmenée par ses hormones.
Il n’osait pas répondre, plongé dans son silence. Cherchant un moyen de rester aimable sans lui briser le coeur, sans la faire espérer. Sans tout gâcher encore plus une situation déjà difficile. Il n’avait jamais voulu lui faire autant de mal, et il savait que lui présenter des excuses aujourd’hui n’allait en rien améliorer la situation. Elle ne ferait que l’envenimer davantage. Elle ne pourrait pas le supporter, et il avait peur de ce qu’elle pourrait faire dans une situation pareille. « J'étais toute seule, Augustin. » Le glaive de la culpabilité vient l’entailler pour la première fois. Oui, il sait qu’il l’a abandonné à un moment difficile, autant pour elle que pour lui. Mais elle savait qu’un jour ou l’autre il devait partir. C’était son métier. Sa vie. Sa croix à porter. Il devait servir son pays et il ne pouvait pas s’en détourner. « Dix jours après, j'étais encore toute seule. » Il ne baissait pas les yeux. Il avait décidé de ne pas se défiler devant elle et d’assumer. Il n’avait pas été là, mais en même temps, elle n’avait jamais cherché à le joindre, à lui faire savoir la situation. « Pourquoi est-ce que tu ne m'as jamais écris ? » Parce qu’il fixait tout les jours cette feuille blanche, sans savoir quoi lui dire, sans savoir comment se faire pardonner de son comportement. Il était honteux face à elle. Il n’avait rien fait pour chercher à la joindre, pour chercher à l’atteindre, parce qu’il avait peur de ce qu’elle pourrait lui répondre. Non, Azel, tu n’avais pas envie d’entendre que je n’avais rien à te dire, si ce n’est que je ne t’aime pas de cette façon. Que je suis désolé d’avoir merdé à ce point. Je ne sais pas si tu pourras me pardonner un jour. Parce que je t’ai fais un enfant, c’est pas rien un enfant, je le sais. Mais tu vois, je ne peux pas te dire ces mots. Je ne peux pas les penser sincèrement. « C’était plus compliqué que ça. Avoir du papier et de quoi écrire, c’est une chose, pourtant j’ai jamais pu écrire quoi que ce soit. » Il n’avait jamais pu lui écrire quoi que ce soit, même si il se gardait bien de le lui dire. « Ils ne t'auraient pas laissé revenir, Augustin. » Elle lui coupait le sifflet encore une fois. Il ne pouvait pas revenir en arrière, même en apprenant qu’il avait un fils, même si sa propre mère était sur son lit de mort, il n’aurait pas pu quitter le front avant aujourd’hui, et ça ne servait à rien de la blâmer. Il était bloqué dans ce pays qui n’était pas le siens, il ne pouvait que prier pour rester en vie, encore aujourd’hui. Avoir su aurait rendu les choses plus… Il ne pouvait même pas le dire. Qu’aurait-il pu faire ? Envoyer une pension pour la demoiselle ? Elle l’aurait très mal pris. Oh oui, il le savait qu’elle l’aurait mal pris.
« Dis quelque chose Augustin. » Il reste en apnée, dans ce silence qui l’entoure. Ouvrir la bouche peut être fatal. Il le sait. Il a devant lui ce petit bout de femme qui peut s’écrouler à tout moment, et à qui il est incapable de faire du mal. Il est même capable de lui mentir pour ne pas voir les larmes rouler le long de ses petites joues. Quoi que. La guerre l’a changé. Elle n’est pas encore habitué à ce qui se cache plus en profondeur, là, sous cette couche superficielle. « S'il-te-plaît. » Il relève la tête et croise son regard. Non, il ne peut pas fuir devant elle. Elle l’enchaine de ses yeux bleus. Il la respecte trop pour lui faire une chose pareille. « Tu ne peux pas l'abandonner. » Il sait qu’il ne devrait pas faire ça, mais c’est plus fort que lui. Il ne peut pas reculer, il ne peut plus se défiler. La situation est là. Alea jacta est. Il doit faire avec, et il est hors de question pour lui de laisser tomber la demoiselle. Il l’attire doucement contre lui, premier geste de tendresse depuis qu’ils se sont retrouvé. Sa peau est rugueuse, ses vêtements abîmés. Lui aussi, il est un peu cabossé. Tu le sens ça, Azel ? J’ai plus toute ma tête, j’ai plus toute ma peau non plus. Je souffre, un peu tout les jours. Il pose son menton sur le sommet de sa tête, sentant son ventre se loger contre le siens. Putain. Un bébé. Son bébé. « Je ne ferais jamais un truc pareil, faut te mettre bien ça dans la tête. » C’était sorti spontanément, peut-être un petit peu trop spontanément. Il avait bien trop souffert de l’absence de son père pour imposer ça encore à un autre enfant. Il n’en avait pas le coeur. Et puis, élever son enfant et être là pour lui ne signifiait pas qu’il allait devoir passer la bague au doigt à sa meilleure amie. Non, il voulait juste être là pour son enfant. « Je souhaite ça à personne, pas même à mon enfant. » ajoute-il un peu amèrement. Elle le savait, elle l’avait vu grandir, elle l’avait vu se rapprocher toujours plus près de sa propre famille. Il la détacha doucement. « Mais Azel… » Une question lui trottait dans la tête, depuis qu’elle avait abordé sa grossesse, « Le médecin, les rendez-vous et toutes ces bricoles qu’il faut payer sur le côté, t’as fait comment ? T’as quand même rien fait d’imprudents ou de complètement barré ? »
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Jeu 27 Fév - 0:26
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
Les feuilles éparpillées sur le bureau, le stylo papier à la main, les mots qui fusent naturellement. Un regard, puis deux. Non, je ne peux pas. Je n'ai jamais pu. Me résoudre à les plier, les envelopper, les envoyer. Je me suis d'abord prétexté que je n'avais aucune adresse de destination. J'aurais marqué quoi, Augustin Moore, Au front, Afghanistan ? Même avec tout mon bon cœur, elle ne serait jamais arrivé. Mon subconscient a cependant pris le dessus, secouant la tête et tapant du pied, me signalant que si je voulais vraiment les envoyer, ces papiers, je n'avais qu'à les adresser à l'armée. Qui transmettrait. Mais j'ai quand même continué à écrire, puis froisser et jeter. À la poubelle, une bonne dizaine, vingtaine de lettres. Je voulais un mot. Rien qu'un mot. C'est lui qui est parti, bon sang. Lui, lui seul, lui qui a décidé. Je l'ai suivi pour être avec lui, auprès de lui, jusqu'au dernier moment, jusqu'au moment fatidique où il devrait me quitter, quitter la ville, le pays. Il devait me quitter dans un câlin, des bisous, des mots d'au revoir. Au lieu de quoi il m'a abandonnée dans un soupir, un prénom prononcé, le mien, une nuit que je n'oublierais jamais. C'était à lui de m'écrire. Foutue dignité, quand tu nous tiens. « Tu sais, ‹ je suis désolé › m'aurais suffit. » Je baisse les yeux. Je ne veux pas le faire culpabiliser, ce n'est pas mon intention. Mais je veux qu'il comprenne que j'ai eu mal. Pour qu'il ne me refasse jamais ça, qu'il ne m'abandonne plus jamais. « Voire même un simple ‹ je suis en vie ›. » Un petit sourire, discret. S'il savait ce que ces quatre petits mots m'auraient procuré, m'auraient évité. Du bonheur en plus, des cauchemars et de l'angoisse en moins. Mais bien sûr là bas, sur le champ de bataille, il n'y a certainement pas pensé à tout ça, il n'a certainement pas pensé à moi. Si seulement il savait, qu'il a occupé chacune de mes pensées.
Soudainement, ses bras, sa présence, sa protection, autour de moi. Quelques clignements de paupières sous la surprise, les bras ballants. Et puis les yeux qui s'illuminent et mes bras qui se referment autour de son grand corps musclé. « Je ne ferais jamais un truc pareil, faut te mettre bien ça dans la tête. » Un poids qui s'envole, une enclume hors d'un sac de coton. Bébé aura un père. Un père présent, pour lui. C'est le plus important. Je souris, comme je ne l'ai pas fait depuis que nous sommes dans ce deuxième terminal, vide, peut-être même depuis que je suis dans cet aéroport. Mon enfant, notre enfant aura un avenir. Je ferme les yeux et je vois une silhouette blonde, le sourire aux lèvres, gambadant dans le champ derrière la ferme, riant aux éclats, chassant les papillons. Je vois cette même silhouette assise au premier rang d'un amphithéâtre, écoutant avec attention son professeur, le sourire aux lèvres, regardant du coin de l’œil une autre silhouette, un peu plus haut dans la salle. Tout change et je me vois moi, dans un fauteuil, sur la terrasse d'une maison de campagne, regardant dans le vide. À longueur de journées. Seule. Mon sourire s'évanouit et je me mords la lèvre inférieure. « Je souhaite ça à personne, pas même à mon enfant. » Cette même vision réapparaît, mais cette fois-ci je sens une présence derrière moi. Je me retourne et il est là. Augustin. Habillé en civil, un bouquet de fleurs à la main. J'appuie mes paupières de toutes mes forces et me raccroche à cet espoir. Lui et moi, la bague au doigt, dans une maison de campagne. Peut être même que l'on aura d'autres enfants. Mon enfant. C'est ce qu'il a dit, son enfant. Il ne m'a pas dit ce qu'il en pensait, s'il était heureux, s'il était embêté. Mais je crois qu'il est conscient. Qu'il n'est plus seulement Augustin, soldat canadien, mais qu'il est Augustin, soldat canadien et jeune père d'un bébé pas encore né. Peut-être même qu'il n'est pas totalement réticent à cette idée. Je me permets un sourire.
Mon front sur son épaule, et mes doigts qui dessinent sur son torse habillé de l'armée. Je voudrais qu'il ne parle plus, que moi non plus, et que l'on reste là comme ça jusqu'à demain matin. Jusqu'après demain, pourquoi pas. « Mais Azel… » Il se détache et je comprends que ce soir, les moments de bonheur sont de courte durée. Qu'y a-t-il encore ? Que veut-il savoir ? Le sexe du bébé ? Je ne le connais pas moi-même. Et je ne veux pas le savoir. Pas encore, pas jusqu'à la naissance. Je veux la surprise. Je n'ai pas peint sa chambre, pas de rose, pas de bleu. En fait, bébé n'aura même pas de chambre, le problème est vite réglé. Il n'y a qu'une pièce dans l'appartement. Ce sera un petit lit, à côté du mien. Il veut savoir les prénoms que j'ai choisi ? Je n'en ai choisi aucun. Je l'attendais pour ça. Alors, quoi ? « T’as quand même rien fait d’imprudents ou de complètement barré ? » Les sourcils qui se froncent, un pas en arrière. Comment ça ? « Tu... tu crois que je me suis prostituée ? » L'incompréhension sur le visage, et peu à peu un sourire amusé. Un petit rire s'échappe même des lèvres entrouvertes. « Avec un ventre comme ça, personne n'aurait voulu de moi. » Je penche la tête sur le côté, jaugeant sa réaction. Je pousse sur mes mains et me relève. Il faut que je me dégourdisse les jambes. Et que j'aille aux toilettes, mais ça s'est une autre histoire. Un problème de femme enceinte et de bébé qui appuie sur la vessie. Je marche un peu dans le terminal, regardant les dernières personnes s'en aller. Je me demande s'il y a une heure de fermeture, si dans un moment, quelqu'un fermera l'aéroport. Et si on ne se manifeste pas, peut-être qu'ils nous abandonneront là. L'idée de passer la nuit entière ici, avec Augustin, me fait sourire. Je reviens vers lui, les yeux rieurs. « J'ai ouvert une boutique, Augustin. Et je couds des habits. » Fierté et assurance, un peu d'insolence. Eh oui, je suis arrivée à me débrouiller par moi-même. Enfin, pas totalement seule ; mais j'ai commencé, j'ai débuté, j'ai loué ce petit magasin, j'ai acheté de quoi le remplir, j'ai acheté une machine, j'ai posté des petites affiches dans le centre-ville. Hazelnut. Je trouvais ça marrant, comme nom de boutique. C'est moi qui l'ai trouvé. J'ai tout fait, pour assurer mon avenir et celui de bébé. C'est comme ça que j'ai payé le médecin, les rendez-vous, et toutes ces bricoles qu’il faut payer sur le côté. J'ai souvent été à la limite, au centime près. Mais j'y suis toujours arrivé. « Et toi, tu vas me raconter comment c'était ? »
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Jeu 27 Fév - 16:20
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Elle ne semblait pas comprendre, pourtant, depuis qu’il était revenu, il faisait tout pour ne pas mettre les pieds dans le plat. Il faisait tout son possible pour essayer d’évoquer le moins possible le sujet de cette fameuse nuit qu’il avait partagé avec elle ; bien sûr, c’était assez difficile et compliqué avec le ventre qu’elle se trimballait, mais il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il s’agissait d’une erreur de sa part, et qu’il devait en assumer toutes les conséquences. Ce n’était pas de l’amour qu’il lui portait, ce n’était que de l’attention, celle d’un grand frère inquiet et préoccupé pour sa petite soeur. Il aurait voulu lui écrire qu’il était désolé, mais il savait bien qu’elle aurait très bien pu mal l’interpréter et il ne voulait pas qu’elle fasse quelque chose de stupide sans le jeune homme dans les parages. Ses sentiments excessifs pouvaient la pousser à faire le meilleure comme le pire. Il ne voulait plus y penser, elle était maintenant là, près de lui. Il n’allait pas l’abandonner encore une fois, il allait rester auprès d’elle jusqu’à ce qu’on décide de le renvoyer encore une nouvelle fois au front. Savoir qu’elle avait du endurer ça, toute seule, sans même chercher à le joindre le rendait à la fois anxieux et en colère ; c’est comme si elle ne lui faisait pas assez confiance, qu’elle avait peur de lui confier ce qu’elle avait eu sur le coeur pendant tout ce temps ou il avait été à l’étranger. Il tentait de rester le plus longtemps possible loin des sujets sensibles. Il venait pourtant d’en aborder un, en apprenant sa paternité ; lui qui pensait déjà que cette nuit-là avait été une erreur monumentale, il pouvait constater aujourd’hui toute l’ampleur de ses erreurs. Maintenant, elle se tenait là, devant elle. Avec son ventre arrondis, et son visage de poupée. Il se sentait terriblement honteux de l’avoir mise dans une situation pareille, d’autant plus qu’il ne pouvait pas lui offrir ce qu’elle voulait. Il ne pouvait pas être ce gars qui restait auprès d’elle, qui se marierait avec elle et qui élèverait son môme dans une charmante maison de campagne. Bien sûr qu’il voulait un jour fonder une famille, mais l’idée de le faire avec sa meilleur amie le mettait plus mal à l’aise qu’autre chose. Il voulait réussir à se détacher de cette idée et de cette vision qui n’allait pas tarder à arriver ; elle, un large sourire sur les lèvres, en train de lui tendre son bébé. Il déglutit difficilement. Non, il ne pourrait pas l’abandonner sans se sentir comme la pire des enflures. Et il ne pouvait pas consciemment faire du mal à sa meilleure amie. Il s’en voudrait toute sa vie de la laisser tomber, c’est pourquoi aujourd’hui il ne pouvait pas reculer. Il ne pouvait plus bouger. Il était piégé dans cette réalité qu’il avait tenté de fuir pendant presque neuf fois. Aujourd’hui, elle l’attendait. Mais elle n’était pas seule.
« Tu sais, ‹ je suis désolé › m'aurais suffit. » Il secoue la tête négativement. Elle a beau baisser les yeux, elle ne peut pas échapper à sa réponse. « Non, ça n’aurait pas suffit. J’ai foiré, Azel. » répondit-il doucement. Un simple ‘désolé’ n’aurait pas été suffisant pour être à la hauteur des excuses qu’il lui devait, et lui faire des excuses par lettre n’était pas non plus la meilleure des solutions. Il n’avait jamais été très fort avec les mots, écrire était dangereux. Il se serait embrouillé dans les mots, il aurait fait absolument n’importe quoi, et elle aurait fini par en payer le prix fort. Elle aurait été capable du meilleur comme du pire. « Voire même un simple ‹ je suis en vie ›. » Il laissa échapper de ses lèvres un soupir presque trop sarcastique pour la situation. En vie, il l’était, mais il ne comptait pas le rester. Chaque jour était un doute permanent concernant ses capacités à rester en vie. Il sentait la chaleur des bombes, il voyait ses amis et ses camarades tomber à ses côtés. Le temps qu’il envoie une lettre, il n’était pas sûr d’être toujours vivant lorsqu’elle arriverait à destination. Il ne voulait pas créer chez elle de faux espoirs. Il en avait déjà fait assez dans cette direction et il ne voulait pas la blesser davantage à ce niveau. « Je n’étais pas totalement sûr de le rester avant que tu ne reçoive la lettre. » Elle devait s’en rendre compte, il avait côtoyé la mort et les sensations fortes pendant neuf mois, presque en continu. Parler aussi librement de la possibilité qu’il avait eu de mourir n’était plus un problème. Non, il avait eu l’occasion de frôler la mort beaucoup plus de fois que toutes ces dernières années. Il avait été blessé à plusieurs reprises et il avait même pu expérimenter la chirurgie avec une anesthésie très précaire. De quoi le faire grincer des dents, rien que d’y penser. Il se laisse cependant aller à son émotion du moment, et il la serre contre elle ; comme un frère serre sa soeur dans ses bras pour la rassurer et pour lui dire que tout se passera bien. Il sait qu’elle a eu peur, et il veut bien le croire. Comme on le répète souvent, il y en a toujours un pour larguer et l’autre pour languir. Elle avait attendu son retour et s’était accrochée à l’espoir de le retrouver vivant. Elle l’attendait comme le messie, mais il n’était pas sûre d’être ce à quoi elle s’attendait. Il n’allait pas la garder auprès de lui, la chérir tout les jours comme elle se l’imaginait. Il revenait honteux, la tête basse; Comme un enfant qui réalise ses bêtises. Comme un môme prit en faute. Et ça, elle aura bien vite fait de remarquer que ses caresses langoureuses ne resteront plus jamais qu’un vague souvenir. Jamais plus il ne pourra la toucher comme cette fameuse nuit-là. Jamais.
Il ose quand même lui demander si elle n’a rien fait d’imprudent ou bien d’osé pendant la période ou elle s’est retrouvé toute seule. Et par imprudent, il sous-entend qu’elle aurait été prête à n’importe quoi pour son bébé, même endosser les jobs les plus infâmes. Mais la direction qu’elle semble prendre avec sa réponse est aux antipodes de ce à quoi il s’attendait. « Tu... tu crois que je me suis prostituée ? » Il écarquille les yeux, accompagnant ainsi son expression d’incompréhension. Non, bien sûr que non il ne la pensait pas capable de faire une chose pareille. Elle était bien trop pure pour pouvoir envisager de vendre son corps, même pour son bébé. Il fronça les sourcils, en secouant la tête. Il savait de quoi sa meilleure amie était capable, et ce n’était certainement pas de son goût de faire ce genre de choses. « Avec un ventre comme ça, personne n'aurait voulu de moi. » Là n’est pas la question, il ne l’aurait jamais laissé faire une chose pareille. Son air se fait plus sérieux tandis qu’il secoue doucement la tête. Est-ce qu’elle avait réellement songé un jour à ce genre de possibilité. La réponse du jeune homme venait du fond de son coeur. « Tu sais que j’aurais personnellement fait la misère au premier qui aurait essayé de t’aborder avec cet objectif. » répondit-il d’une voix sourde. Parce que à défaut de l’aimer, il pouvait tout au plus essayer de la protéger de ce genre de comportement. Il ne supportait pas de la voir en couple, il l’avait déjà vu une dizaine de fois se pavaner aux bras de différents gars, sans jamais ciller. Il ne voulait simplement pas qu’un abrutit se retrouve avec elle et lui brise le coeur. Tout ce qu’il était en train de faire, en somme. Il en vient alors à la questionner sur ce qu’elle a pu faire pour gagner sa croûte ici. Elle a quand même tout quitté pour le suivre. « J'ai ouvert une boutique, Augustin. Et je couds des habits. » Il sourit et lui ébouriffe le haut du crâne. Au moins quelqu’un qui arrive encore à croire en ses rêves, et qui arrive même à les réaliser. Ca fait quand même longtemps qu’elle en parlait, et Augustin a déjà pu le constater, elle est extrêmement douée dans ce qu’elle fait. Il est heureux pour elle, heureux de voir que malgré tout, elle est parvenue à s’épanouir dans cette nouvelle vie. « Sans vouloir t’effrayer, il y a pas mal de boulot qui t’attends. » ajoute-il en désignant d’un signe de tête son sac de toile. Elle va pouvoir s’amuser à raccommoder tout ses vieux vêtements usés par la guerre. Ses vêtements qui sentent encore le désert et la mort. « Et toi, tu vas me raconter comment c'était ? » Son visage se fait plus sombre. Parce qu’elle a l’air de croire qu’il peut raconter ça comme ça. Que ça va sortit spontanément, alors qu’il se rend à peine compte de tout ce qu’il a traversé. Non, il ne peut pas encore s’ouvrir à elle, pas sur ce sujet en tout cas. « Désolé Azel. C’est pas comme si je revenais de vacances et que j’avais une panoplie de chouettes souvenirs à te raconter. Même moi je réalise pas encore que j’ai réussi à m’en sortir et à rentrer vivant. J’arrive pas à croire que tout ça s’est réellement passé. J’ai besoin d’être prêt pour pouvoir en parler, tu vois. J’ai besoin de temps, d’un peu plus de temps que ça. »
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Azel Novak
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Jeu 27 Fév - 19:20
j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir.
Je ne voulais pas qu'il culpabilise et il le fait. Je voulais simplement avertir, informer, prévenir. Comme on dit à un enfant de ne pas montrer la dame du doigt, ou de ne pas dire de gros mots. Aucune méchanceté dans la voix, surtout pas envers lui, envers le seul qui a réellement eu une influence sur ma vie, sur mes choix. « Non, ça n’aurait pas suffit. J’ai foiré, Azel. » Et pas qu'un peu. Me le répéter mentalement ne servirait à rien, je l'ai assez fait ces derniers mois. Son départ. En boucle. Je fronce les sourcils, parce que quelque chose dans sa voix m'interpelle. Il n'est pas désolé, il a juste foiré. Mais foiré quoi ? C'est ça que je ne comprends pas. Ça me paraissait clair comme de l'eau de roche, jusque là. Lui, qui m'abandonne. Point. Mais il y a quelque chose qu'il ne dit pas. Quoi, quoi ? Je le connais, lui et les mots. La peur de se tromper, de s'emmêler. Généralement il ne dit rien, mais là, il faut qu'il parle et il n'y arrive pas. Dire quoi ? Foiré quoi ? Ma vie, un peu, quoi d'autre ? La sienne, certainement. Mais je ne suis pas sûre que ce soit ce dont il parle. Je secoue la tête et hausse les épaules, effaçant sa phrase, ses phrases. Ses erreurs, le fait qu'il a frôlé la mort. Je te pardonne, Augustin. Ton abandon, ton silence, ton absence. Je me lève et je souris. Je ne veux plus de ça, je ne veux plus ruminer, je ne veux plus déprimer. Je veux continuer d'être heureuse. Tout oublier. Et recommencer.
Une dent qui se plante dans un coin de la lèvre, c'est devenu une habitude ces temps-ci. Pour cacher la tristesse, pour cacher la colère, pour cacher la joie. Je ne devrais pas le masquer, le bonheur. Je ne devrais rien cacher du tout. Ça n'a jamais été mon credo, mais Augustin est là et je me sens si petite à côté de lui. Je souris à demi, les yeux pétillants. « Tu sais que j’aurais personnellement fait la misère au premier qui aurait essayé de t’aborder avec cet objectif. » Je sais bien qu'il l'aurait fait. C'est souvent ce qui m'avait énervé, il y a quelques années de ça. Dès qu'un garçon me regardait, il ne pouvait pas s'empêcher de lui faire les gros yeux et de lui montrer les muscles. Je crois qu'il a toujours eu peur que je me fasse maltraiter, blesser, physiquement ou bien émotionnellement. C'est peut-être un peu comme ça que je suis devenue amoureuse de lui. À la longue. Je me rends compte aujourd'hui que je devrais lui en être reconnaissante. Ça n'a pas empêché, bien sûr, de me retrouver dans des relations sans queue ni tête, où j'étais souvent celle qui souffrait à la sortie. Mais au moins, il y a toujours eu Augustin pour me repêcher. Helen m'a toujours montrée combien j'étais chanceuse d'avoir quelqu'un pour me protéger, pour veiller sur moi et m'éviter de toucher le fond, et ce n'est que maintenant que je remarque l'ampleur de tout ça. Combien j'aurais été seule, perdue, s'il n'avait pas été là.
Sa main dans les cheveux, et je repars dix ans en arrière. Augustin, Augustin, regarde! Un sourire jusqu'aux oreilles, un bout de tissu informe dans les mains. Je le tends devant moi et tout prend sens. Ma première vraie robe, avec des bretelles, de la dentelle et des volants. À onze ans. Grand-mère m'a aidé, mais j'ai presque tout fait toute seule. Tu aimes ? C'était son avis, à lui, qui était le plus important. Bien sûr, comme il l'a toujours été. Il m'a ébouriffé, et c'était sa façon de dire que c'était très beau. De retour dans le présent, je crois qu'il est content pour moi. Que j'ai trouvé ma voie, que je sois enfin arrivée à ouvrir cette boutique tant désirée, que je gagne ma vie par moi-même. J'espère qu'il est fier, au moins un peu. « Sans vouloir t’effrayer, il y a pas mal de boulot qui t’attends. » Je suis son regard et j'aperçois son gros baluchon, probablement rempli d'habits. Et là, j'ai le sentiment d'avoir retrouvé mon meilleur ami. Celui avec qui j'ai passé la moitié de ma vie, qui venait à la maison après son travail à la ferme, avec son tas d'habits à repriser, avant de s'asseoir pour que je lui raconte ma journée. J'oublie toute la tristesse de ce début de soirée, cette impression qu'il m'échappait, que mon meilleur ami s'éloignait. Et je souris, un peu naïve et insouciante. « J'ai hâte de voir tout ce que tu m'as ramené. » Je pouffe et me mets à imaginer Augustin, dans l'arrière-boutique, assis sur un tabouret entrain de me regarder coudre, comme au bon vieux temps. Comme avant, comme si rien n'avait changé.
Je me permets une question sur son voyage chez les tueurs d'humains, mais son regard change brutalement et je regrette aussitôt de l'avoir posée. « Désolé Azel. (...) J’ai besoin d’être prêt pour pouvoir en parler, tu vois. J’ai besoin de temps, d’un peu plus de temps que ça. » Momentanément, une pointe de vexation. Et puis rapidement, de la compassion. Il a dû vivre des choses horribles, inimaginables, que seuls mes cauchemars peuvent arriver à dessiner au creux de la nuit. Ces rêves si noirs que j'aurais moi-même du mal à en parler. Alors je comprends. Ce qu'il a vécu est certainement cent fois pire encore et ça me brise le cœur. Je lui prends la main, gaiement. « Je comprends, désolée. N'en parlons plus ce soir. » Toujours ma main autour de la sienne, je tourne autour de lui, le jaugeant de haut en bas, le sourire aux lèvres. « J'ai l'impression que tu as grandis. » Je le regardes, si heureuse. Il est là, devant moi. C'est Augustin, mon Augustin. Plus beau que jamais.
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(#) Sujet: Re: j'ai attendu, longtemps, avant de te revoir. (augustin,azel) Mar 4 Mar - 16:50
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Malgré tout ce qu’il a pu lui faire, et surtout ce qu’il n’a pas pu faire, la demoiselle n’arrive toujours pas à lui en vouloir. Il s’était attendu pourtant à cette conversation, à voir son petit visage de poupée le fixer avec des yeux étoilé, et l’espace d’un instant, il avait trouvé assez de courage en lui pour la repousser une bonne fois pour toute. Hélas, la frontière entre l’amour et l’amitié est fine, tellement fine qu’il le sait, renoncer à ça, c’est aussi renoncer à l’amitié de la demoiselle. Il en souffrirait peut-être autant qu’elle peut souffrir de la situation maintenant. Un amour à sens unique, voilà de quoi il est question entre les deux jeunes gens, mais malheureusement, seul Augustin est assez lucide pour comprendre ce qui est en train de se passer. Et pour couronner le tout, pour bien lui faire prendre conscience de toutes les erreurs qu’il a pu faire avec elle, elle est enceinte d’un enfant. De son enfant. Elle le porte avec fierté dans son ventre, elle n’hésite pas à poser ses mains sur son ventre. Il sent les coups de pied de ce bébé qui a un lien beaucoup plus fort qu’il ne le pense avec lui. Est-ce que tu me reconnais vraiment, Bébé ? Est-ce que tu sais que c’est moi ton papa, même si c’est la toute première fois qu’on se rencontre ? Je suis sûr que ta maman t’a déjà parlé de moins au moins une fois, même qu’elle était très certainement en train de pleurer. Ouais, je sais, ce n’est pas bien de ma part. Mais je ne veux pas faire souffrir ta maman. Je l’aime. Pas comme elle le pense, pas au point de faire un enfant avec elle, mais je l’aime quand même, et même si on ne se connaît pas, je t’aime aussi. Il le sait, il ne peut pas se résoudre à abandonner un enfant ; il a lui-même été en partie abandonné par ses parents, et il en souffre énormément aujourd’hui. Il a merdé avec sa famille, avec Azel, avec tout le reste. Il peut au moins réussir quelque chose dans sa vie, élever son fils par exemple, même si il sait que cette éducation sera entrecoupée par ses départs pour l’armée. Un autre évènement qui aujourd’hui va rentre tout différent ; il devra affronter la guerre tout en sachant que non seulement sa meilleur amie l’attends, mais son fils l’attends également au pays. Il encaisse encore le choc. Il ne sait pas si il doit s’en réjouir ou bien si il va le regretter toute sa vie. La question n’est pas là. Il a déjà laissé Azel toute seule pendant neuf mois à gérer cette situation, et même si ce n’est absolument pas ce à quoi il pouvait s’attendre pour son retour, il ne peut pas lui tourner le dos. Il doit être là pour elle. Pas avec des baisers. Non, il ne commettra pas la même erreurs deux fois. Il ne replongera plus dans cet espèce d’éclair de désespoir qui l’a poussé à envisager quelque chose de la sorte. Plus jamais.
Mais aujourd’hui, il arrive à lui dire droit dans les yeux qu’il a foiré. Qu’elle ne pense donc pas que cela signifiait qu’il regrettait cet enfant. C’est son comportement envers elle qu’il regrettait, parce que ses motivations n’avaient pas été nourries par de bons arguments. Il ne l’avait pas fait par amour, il l’avait fait parce qu’il avait peur. Et malgré son aveux, il voit dans ses yeux qu’elle est encore assez stupide pour lui pardonner tout ça. Son départ. Sa stupidité. Son absence. Elle était prête à jeter tout ça derrière elle pour recommencer. Elle ne pourrait donc jamais lui en vouloir, n’est-ce pas ? C’était peut-être ça le soucis avec elle, qu’elle ne pourrait jamais manifester de mauvais sentiment à son égard ? Il allait devoir s’y faire, et peut-être lui mettre la vérité sous les yeux pour qu’elle prenne conscience de la vérité. Il se faisait déjà la promesse de ne plus la toucher. A elle de déduire le reste. Mais elle sait très bien qu’il pourra toujours compter sur le jeune homme pour tout le reste ; rien qu’à l’entendre dire qu’elle aurait pu se prostituer pour pouvoir payer ses consultations pour le bébé suffisait à faire rejaillir chez lui ce côté assez protecteur qu’il avait toujours eu avec elle. Il ne s’était jamais gêné pour le faire, même lorsqu’elle sortait avec d’autres garçons ; il y avait toujours eu cet espèce d’esprit de compétition pour la demoiselle, même si Augustin était toujours extrêmement désintéressé. Il avait été malade de colère de la voir blessée émotionellement après chaque rupture. Que dire, maintenant qu’il allait être la personne qui allait lui faire le plus de mal dans sa vie ? Il allait tenter cependant de se racheter, de le faire de la meilleure des façons pour ne pas encore tout faire empirer. Elle avait l’air de s’en sortir, et la voir s’épanouir dans quelque chose qu’elle aimait arrivait à poser un peu de baume sur le coeur du jeune homme ; depuis leur plus tendre enfance, elle avait été cette fille qui recousait tout ses boutons de chemises, qui cousait elle-même ses robes et arrivait toujours à faire preuve d’une imagination plus débordante que jamais. Il avait de nombreux souvenirs d’après-midi de pluie, ou il dégustait un chocolat chaud dont sa grand-mère avait le secret, tandis qu’elle brodait des mouchoirs un peu plus loin. Elle était tellement minutieuse avec ses mains, c’était absolument incroyable à regarder. Il le savait, lorsqu’elle allait sortir de son sac tout ses vêtements usés, il allait s’assoir dans un coin, une tasse de café à la main, pour la regarder travailler au loin, comme il le faisait toujours. C’était la belle époque. De bons souvenirs; Aujourd’hui il n’était plus le même. Elle n’était plus la même. « J'ai hâte de voir tout ce que tu m'as ramené. » Il sourit doucement. Elle avait encore cette candeur, ce petit côté naïf qui pouvait faire fondre n’importe qui.
Aborder le sujet de l’armée avec elle était encore délicat pour le jeune homme. Il ne se braquait pas parce qu’elle était enceinte ou bien parce qu’il régnait entre eux une ambiance des plus étranges. Il savait qu’il avait changé, et si elle ne s’en rendait pas compte, elle allait avoir tout le loisir de le constater. Marcher dans la rue serait difficile pour lui, il ne cesserait de jeter des regards inquiets derrière lui, il ferait des cauchemars sans pouvoir le contrôler, il se ressasserait en permanence des souvenirs affreux,… Il pourrait partir au quart de tour simplement en entendant une porte claquer trop fort. Mais ça, elle ne le savait pas, et il comptait la garder loin de tout ça encore pour un petit moment. Non pas parce qu’il ne lui faisait pas confiance, mais parce qu’il ne se sentait pas en confiance pour la laisser approcher cet univers sombre qui l’entourait. Elle était beaucoup trop fragile, beaucoup trop pure pour pouvoir encaisser quelque chose de la sorte. Il revient du pays des morts, là ou la poussière l’a avalé tout entier. Il est blessé, sur son corps, dans son coeur. « Je comprends, désolée. N'en parlons plus ce soir. » Il hoche la tête, en tentant de faire le sourire le plus convainquant possible. « Merci. » Il tremble un peu, peut-être qu’elle peut le sentir dans sa main qu’elle tient toujours serrée. Elle le regarde, de bas en haut. Si seulement elle pouvoir voir à quel point la guerre l’avait abîmé. « J'ai l'impression que tu as grandis. » Il fait une moue quelque peut sarcastique. Peut-être qu’elle a cette impression parce qu’elle ne l’a pas vu depuis longtemps. Peut-être que la guerre l’a fait devenir un homme contre son gré ? Il se raccrochait à son visage, à son sourire. Il ne voulait pas embrayer sur ce sujet. Il l’entraîne par la main. Ils ont beaucoup de choses à rattraper, beaucoup de choses à se dire. « Viens, il est l’heure de rentrer. »
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