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 #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel)

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Message(#) Sujet: #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) EmptyJeu 6 Mar - 20:39



when I love you, it's so untrue, I can't even convince myself



La couche de poussière conséquente parlait à sa place ; cet endroit n’avait pas été habité depuis un certains temps. Neuf mois pour être précis, et pourtant, en reposant ses valises ici, le jeune homme n’eut pas réellement la sensation de se sentir chez lui. Il s’était pourtant passé ‘Pearl Harbor’ des centaines de fois quand il était gamin, il savait comment ça se passait le retour au pays. Hein. C’était totalement différent, un sentiment qu’il ne pourrait assurément pas décrire. Comme si le silence qui plânait autours de lui n’était pas dû au fait qu’il se trouvait seul dans un quartier tranquille, mais plutôt au calme avant la tempête. A une bombe qui pourrait s’abattre sur sa maison à tout moment. Il avait la sensation qu’en repassant par la porte d’entrée, il pourrait à nouveau sentir en une fraction de seconde le sable, la chaleur, les brûlures, tout ce qui l’avait rendu différent. Son âme était encore là-bas, c’est son corps qu’on avait rapatrié ici. Quoi qu’il en soit, il avait rapidement dégagé les traces de son absence ; il n’arrivait de toute façon pas à dormir, et il n’avait pas envie d’essayer les petites pilules prescrites par le psychologue attaché à sa division. Il était encore fatigué par le décalage horaire et il ne souhaitait pas se plonger dans un sommeil artificiel. Il ne voulait pas dormir ; il savait qu’en cédant au sommeil, il pourrait replonger là-bas en une fraction de seconde, en rêve ou en cauchemar. Et même si il pourrait se dire que tout ceci n’est qu’une illusion créée par des souvenirs trop présent dans son esprit, il ne se sentait pas prêt à affronter encore une fois tout ça. Il avait besoin de se refamiliariser avec un environnement doux. Aimant. Attachant. Le souvenir d’Azel courant dans ses bras pour l’accueillir à son arrivée suffisait à lui décrocher un sourire. Il avait longtemps songé à ce que personne ne soit là pour l’attendre, ce qui était tout à fait normal dans son cas ; il n’avait pas de famille ici. Il n’en avait jamais véritablement eu une. Et pourtant, elle se manifestait encore dans sa vie au moment ou il était au plus bas. Ca, c’est un talent à saluer. Un talent que seuls de très bons amis peuvent avoir. Elle l’avait doucement pris par la main, et d’un seul coup, la salle avait parue moins bruyante, ses jambes moins lourdes, les visages des autres officiers plus rayonnants… Le monde était un peu moins laid. Alors pourquoi est-ce qu’il se sentait terriblement coupable en la regardant ? Peut-être à cause de son énorme ventre. Non pas qu’il attaque la demoiselle sur son poids, loin de là. Il n’était pas de ce genre-là. Mais dans son ventre dormait un être vivant, un être de chaire et d’os. Un être qui était à la fois d’elle et de lui. Et tout ceci était de sa faute. Augustin ne pourrait définitivement pas dormir. Que son âme soit ici ou là, elle aurait toujours quelque chose à se reprocher et ne pourrait pas être en paix.

Il jeta son chiffon dans l’évier, passant une main sur son front. Il n’aurait jamais imaginé que de la poussière puisse autant s’accumuler sans que personne ne vive dans cet endroit. Oui, il avait emporté la clef avec lui, après tout, c’est l’armée qui lui fournissait un toit et qui s’occupait par la même occasion de régler les notes de frais. En contrepartie, il devait juste accepter de se faire potentiellement cribler de balle à l’occasion. Un marché tout à fait équitable, il en convient. Carter habite avec sa femme, il le sait pour l’avoir entendu au moins un million de fois. Mais Azel, ce n’est pas comme si c’était sa femme. C’est sa meilleure amie, et accessoirement la femme qui porte son enfant. Il ne lui avait pas laissé les clefs parce qu’à l’époque il ne pensait pas que ça soit une bonne idée pour elle de la laisser l’attendre ici pendant huit mois. Mis à part pour lui donner de l’espoir, ce qu’il avait déjà assez fait comme ça. Il l’avait littéralement abandonné au milieu de nulle part, et aujourd’hui il se rendait compte de toutes les privations qu’il avait dû lui faire endurer pendant son absence. Elle ne disait rien, mais il pouvait tout de même le deviner tout seul ; les soins pour le bébé, les visites régulières chez le médecin, la mise en place de sa boutique, l’appartement qu’elle devait se payer,… Des dépenses qui lui étaient nécessaires. Il n’avait encore participé en rien à a vie de son enfant, et il voyait aujourd’hui la possibilité de se racheter. Elle voulait emménager dans un appartement plus grand, pour pouvoir disposer d’une chambre pour son bébé. Enfin, pour leur bébé. Il disposait d’une maison, certes, de taille raisonnable, mais avec un salon, une belle cuisine, une salle de bain, et deux belles chambres. Elle pourrait habiter ici en attendant son accouchement. Il n’était pas rassuré de la savoir seule alors qu’elle pourrait accoucher à tout moment. Il suffisait d’une chute pour qu’elle se retrouve en position délicate, et il n’avait pas envie de passer toute sa nuit à fixer son téléphone, luttant contre l’envie d’appeler pour voir si elle allait bien. Ca lui ferait du mal, tellement de mal. Il préférait l’avoir ici, pour être sûr que tout se passerait bien. Encore une fois, il faisait ça pour son enfant, pas pour elle. Pas comme ça. Elle le détesterait, il le savait. Elle ne voudrait peut-être plus jamais le revoir, et ils s’engageraient tout les deux dans des procès pour savoir qui est le plus responsables des deux pour garder l’enfant. Il secouait la tête, il se projetait encore trop loin avec elle, alors qu’il s’était juré de ne plus le faire. Il l’avait fait, trop tard. Il lui avait proposé de venir habiter ici, avec lui. Pendant un petit moment. Et encore, il n’était même pas sûr d’avoir assez de courage pour le jeter dehors une fois le moment venu. Il l’imaginait déjà en train de pleurer. Non, Augustin, c’est ta faute. Assume. Il devait faire face à la réalité, aussi épouvantable soit-elle. Tu ne peux pas respirer ici. Tu ne peux pas respirer là-bas. Etouffe.

Il an envoyé un taxi pour aller la chercher. Hors de question qu’elle débourse quoi que ce soit pour venir jusqu’ici. Il avait promis de se charger lui-même du transport des meubles pour la chambre de bébé, il avait promis de trouver un arrangement pour les meubles de son appartement, de trouver de la place pour tous les ranger. Elle ne devait s’inquiéter de rien. Il devait se remplir la tête. Se jeter tout entier dans une occupation pour oublier qu’il était piégé, obligé de devoir se soumettre encore une fois à son destin. Il ne pouvait pas couper les cordes et tout lâcher. Elle lui avait tout donné, à son tour de montrer un peu de… Compassion ? Non, même ce mot-là il ne pouvait pas l’utiliser devant elle, sauf pour la blesser. Il avait dégagé la chambre habituellement réservé aux amis, pour pouvoir en jauger l’espace, pour pouvoir aménager les meubles, pour qu’elle puisse constater elle-même si elle voulait changer le mur, le sol, les rideaux, il n’en savait rien. Il ne connaissait rien à tout ça. Il avait emprunté des restes de peinture à ses voisins, sortit des pinceaux dont il s’était servi pour son emménagement. Il devait s’occuper. C’était ça ou devenir fou. Assis au milieu de son salon, avalant une tasse de café pour gommer tout les signes de fatigues, il se demandait encore dans quoi il avait bien pu se lancer. Elle allait arriver. Bientôt. Ce n’était qu’une question de minutes. De secondes. Ding Dong.

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Azel Novak

Azel Novak
lost souls in revelry

inscription : 24/06/2013
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pseudo : vercors. (chloé)
avatar : cora keegan.
autres comptes : biddy la jolie.
crédit : ultraviolences, the vamps.
âge : vingt-trois ans.
statut civil : célibataire, mais son cœur bat de plus en plus fort pour son premier amour.
quartier : fairmount district.
occupation : couturière à hazelnut.

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Message(#) Sujet: Re: #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) EmptySam 8 Mar - 21:46




je ne sais plus si j'ai mal ou si c'est l'habitude.

« Au revoir, merci. » Descendre du taxi, et attendre quelques minutes à fixer la porte de cette maison. Que je connais trop bien. Des papillons dans le ventre et la gorge nouée. Un étrange mélange. Qui m'a donné des nausées, ce matin. À moins que ce soit à cause de la grossesse. À la fois terriblement excitée et tellement appréhensive. Vivre avec Augustin, à nouveau, je n'osais même pas me l'imaginer de peur d'être déçue. Mais, pour combien de temps ? Pour toute la vie, j'aurais aimé. Mais sa maison serait définitivement trop petite pour trois. Est-ce qu'on achètera une maison à la campagne, quand bébé sera plus grand ? Je ne sais même pas pourquoi je suis angoissée, pourquoi j'ai parfois envie de pleurer. Peut-être les hormones, encore une fois. J'avale ma salive, et je m'avance. Je lève mon doigt, prête à appuyer sur la sonnette de la porte d'entrée.

Je me suis réveillée ce matin dans mon lit, pour la dernière fois dans cet appartement. J'ai tout empaqueté mes affaires la veille, et les jours d'avant. Zoe m'a un peu aidé, mais je lui ai surtout suggéré de rester à la boutique pour ne pas perdre trop de ventes. Je lui ai dis qu'elle serait payée un peu plus, même si elle a secoué la tête en refusant. Elle avait peur que je tombe, ou que je perde les eaux quand je serais toute seule, alors je l'ai appelée toutes les vingt minutes, ou presque. « J'ai rangé toute la cuisine pour le moment. Est-ce que la robe rose pâle avec la ceinture camel a été vendue ? » Oui, elle a répondu, dans un souffle. Je l'imaginais rouler des yeux. Je n'ai pas eu beaucoup le temps de la voir ces derniers temps, avec Augustin qui est revenu et son idée que j'emménage de nouveau chez lui. Mais je suis sûre que ça n'empêche pas qu'il y ait toujours cette connexion, entre elle et moi. Le soir, après le boulot, elle passait à la maison, quand elle pouvait. Comme avant.
Mais moins souvent.
Elle s'est surtout occupée de rassembler tous les cartons que j'avais rempli un peu partout dans l'appartement, et de faire le ménage pour les endroits que je n'arrivais pas à atteindre. Quand je me suis réveillée et que j'ai vu la pièce toute vierge, sans rien au mur, ni au sol, mon cœur s'est un peu serré. Sans trop savoir pourquoi. Je crois que j'étais un peu triste d'abandonner cet endroit qui a été mon repère pendant huit mois, presque neuf. C'est ici, en partie, que l'on se retrouvait avec Zoe. Et avec Ellie, aussi. Sur cette petite table qui se repliait au mur que l'on mangeait en rigolant. Sur ce tapis qu'on s'asseyait, pour parler. Une page qui se tourne. Mais une si belle qui approche.
Peut-être parsemée d'embûches.
Mais ça, Azel ne le sait pas. Pas encore.
Tous les meubles de bébé ont été apportés dans la maison d'Augustin, ou vont l'être bientôt. En tout cas, ils ne sont plus là. Le transporteur les a emportés hier soir, et j'ai eu l'impression bizarre qu'il emportait mon bébé avec moi. C'est débile. J'ai effacé cette pensée, bientôt je les reverrais. Et bientôt je le verrais. Mon bébé. J'ai tellement hâte.

J'avais préparé depuis trois jours environ la tenue que j'allais mettre aujourd'hui. J'ai voulu mettre le t-shirt préféré d'Augustin, le bleu cintré sous la poitrine, avec les petites fleurs jaunes. Mais il ne m'allait plus du tout, ma poitrine a beaucoup grossi avec la grossesse. Et mon ventre, n'en parlons pas. Je suis arrivée à retrouver le même tissu, ou presque, dans une braderie l'autre fois, alors j'ai sauté sur l'occasion. Et j'ai refait le même, à ma taille. J'espère que cela lui plaira. J'ai pris un gilet épais, parce qu'il ne fait pas encore très chaud à White Oak Station. Je suis sortie de l'appartement avec un dernier regard. Je lui ai dis au revoir par la pensée. D'un côté, j'espérais n'avoir à jamais le revoir. Le propriétaire m'a dit, Si vous en avez besoin à un autre moment, n'hésitez pas. Je le libérerais pour vous. Je crois qu'il m'a bien aimé, et qu'il a eu pitié de ma situation. Mais si je revenais, cela voudrait dire que je n'habiterais plus avec Augustin. Et je ne veux pas le quitter, Augustin. Pas après plus de huit mois loin de lui. Si loin. Il y avait peut-être des milliers, voire des millions de kilomètres entre lui et moi. Tout un océan. Et tellement d'autres choses. Un bébé. Des lettres écrites, mais jamais envoyées. Des morts, du sable et de l'horreur. Des cauchemars. Plus jamais ça.
Jamais.
Cette semaine, j'ai refais un mauvais rêve, de ceux que j'ai fait ces derniers mois. Je n'ai pas compris pourquoi, au début. Il était là pourtant, au Canada, je n'avais plus à m'inquiéter. Il n'allait pas mourir. Mais je pleurais en me réveillant, il était au milieu du désert et quelqu'un l'avait abattu d'une balle dans le front. Je ne savais pas qui l'avait tué, c'était un homme parmi d'autres. Tueur anonyme de l'homme de ma vie. J'y ai repensé dans la journée, et j'ai finis par comprendre.
Un jour ou l'autre, il va repartir.
Ça m'a sauté au visage, sans que je m'y attende. J'étais dans une petite bulle de bonheur depuis son retour au pays, sans me rendre compte qu'un soldat, ça vient puis ça repart. Il n'était là qu'en permission. Et je me suis assise, sous le choc de cette réflexion. Est-ce que j'allais donc revivre tout ça, une nouvelle fois ? Le téléphone a sonné juste après et je n'y ai plus repensé.

Ding dong. La porte s'ouvre et je crois que je vais fondre. Augustin est vraiment beau. Il l'a toujours été. Je souris, et je dis « Salut. » Je lui fais un bisou sur la joue. Je ne sais pas trop encore comment je vais me sentir en entrant à nouveau dans cette maison. Celle où nous avons vécu tous les deux, bien trop peu. Je me demande ce que cela va me faire quand je vais revoir sa chambre. Ce lit. Je cligne des yeux. « Merci pour tout. » Merci pour le taxi, merci pour le transporteur de meubles, merci de m'inviter chez toi, merci d'être là. Je regarde Augustin, je regarde mes valises au bout de mes bras et alors que j'avance à l'intérieur de la maison, je me sens un peu gênée. Un peu étrangère. Dans un coin de la pièce, je vois que tout le matériel de bébé est déjà là. Et tout ça sonne comme un envahissement. Je commence à paniquer, et lâche mes affaires au sol. « Augustin. Je, tu... tu es sûr que cela ne dérange pas ? » Je relève les yeux vers lui, hésitante. « Je veux dire, tu es à peine arrivé, et je suis déjà là. Chez toi. » Je regarde mes mains, la joie de le retrouver remplacée par une certaine culpabilité. Pourquoi je n'y avais pas pensé plus tôt ? J'étais aveuglée à l'idée de le retrouver, à l'idée que l'on vive ensemble, lui et moi. Mais c'était en oubliant le fait que c'était sa maison. Où j'allais m'installer, en toute innocence, les doigts en éventail. Pendant une durée indéterminée. « Je pourrais payer quelques choses. La nourriture, l'eau ou bien l'électricité. Un peu de loyer ? » Je parle très vite, mais sans quitter ses beaux yeux. Je ne veux pas qu'il me considère comme une tare, comme un poids.
Comme une épine dans le pied.
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Message(#) Sujet: Re: #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) EmptyDim 9 Mar - 21:01



when I love you, it's so untrue, I can't even convince myself



Le bruit de la sonnette lui avait asséché la gorge de façon instantanée. Il pouvait pourtant s’agit du facteur, d’un voisin venu emprunter du sel,… Non, son instinct le poussait à croire que c’était bien la demoiselle qui se tenait devant la porte ; il lui avait dit de passer dans la matinée, pour qu’elle ait tout le loisir de s’installer et de se reposer ensuite. Il devait maintenant prendre en compte le fait qu’elle était enceinte, et qu’elle devait par conséquence faire extrêmement attention à elle-même. Penser  elle-même… Est-ce que la demoiselle l’avait seulement fait une seule fois ? Elle se jetait toujours à corps perdu dans ses passions, qu’il s’agisse de la couture ou autre, et d’une certaine façon, elle finissait toujours pas s’oublier. Mais là, il était heureux de voir que pour son bébé, elle avait fait l’effort de prendre soin d’elle et de se ménager dans ses efforts. Il n’avait pas été là pour la soutenir, c’est pourquoi il s’était proposé aujourd’hui pour l’héberger chez lui, et pour prendre soin d’elle par la même occasion. Il savait qu’il s’embarquait dans une histoire qui allait forcément se terminer en larmes et en pleurs, mais pour l’instant il ne voulait pas y penser. Il se dirigea vers la porte, sentant ses jambes se dérober sous ses pas. Il pouvait encore refuser d’ouvrir, faire comme si il n’était pas là, s’en aller par la porte de derrière et fuir sans se retourner. Non, il ne pouvait pas abandonner son enfant, il ne pouvait pas perpétuer une telle spirale. Même si ça avait été la connerie la plus monumentale de sa vie, il se devait d’assumer sa paternité. Il s’était déjà demandé plusieurs fois si elle n’était pas en train de le mener en bateau. Si elle n’avait pas eu cet accident avant lui, et qu’elle tentait de s’accrocher à une situation stable auprès de lui. Pourtant, les dates concordaient, et il savait que sa meilleure amie ne lui mentirait pas sur quelque chose d’aussi énorme. Il se gifla intérieurement ; pourquoi est-ce qu’il raisonnait de la sorte ? Elle avait déjà été assez éprouvée comme ça, il ne pouvait pas se permettre d’en rajouter une couche. Il se devait au moins d’attendre l’accouchement avant de montrer sur ses grands chevaux. Il ne voulait pas la blesser, mais cette situation le dépassait complètement, et même si il lui proposait de l’héberger elle et son bébé, cela ne signifiait pas pour autant qu’il était totalement prêt à assumer son rôle de père. Personne ne lui avait jamais appris, et on ne peut pas dire qu’il avait sous les yeux un bon exemple. Il avait lui-même peur de reproduire les gestes de son père à l’égard de la demoiselle, de la materner, de l’assister beaucoup trop jusqu’à l’étouffer complètement. Il avait vu son père le faire un million de fois, et sans s’en rendre compte, il avait ancré dans l’esprit de sa progéniture cette obsession de devoir prendre soin d’une personne, même si elle était un tant sois peu en difficulté.

Il préféra oublier. Sa main vint presser la poignée, et la porte s’ouvrit sur la demoiselle. Contrairement à tout les passants qui s’arrêtaient sur son ventre de femme enceinte, il s’attardait toujours sur son visage, oubliant presque à chaque fois qu’elle était enceinte. Il préférait regarder son visage, son sourire, parce qu’elle représentait les meilleurs instants de sa vie. Ces instants de sa petite enfance ou tout les deux ne pensaient pas un seul instant à l’avenir. Il sourit, parce qu’elle portait ce petit haut qu’elle portait pendant leurs longues promenades en été. Il s’en souvient, il lui avait un jour dit que ça lui allait vraiment bien. Et c’est vrai, il n’en pensait pas moins aujourd’hui. Elle était vraiment mignonne dedans, mais ce n’est pas pour autant qu’il allait changer sa vision des choses à propos de la jeune femme. Elle restait une amie, et rien d’autre qu’une amie. C’est pourquoi il se contenta d’un sourire, n’osant pas la complimenter pour ne pas qu’elle se fasse de fausses idées. « Salut. » Elle se pencha alors vers lui pour lui coller une bise sur la joue. Au moins, elle évitait de suite la situation embarrassante ; ils n’avaient pas eu l’occasion de reparler de cette fameuse nuit qu’ils avaient passé tout les deux, et c’était tant mieux ainsi. « Bonjour, Azel. Entre, je t’en prie. » Il se poussa pour la laisser entrer chez lui, dans son petit univers, dans son cocon. Elle a l’air mal à l’aise. Pourquoi ? Ce n’est pas son rêve personnel d’habiter sous le même toit que lui ? C’est ce qu’il aurait pensé à première vue, mais peut-être qu’il avait été trop vite dans son jugement et que ce n’est absolument pas ce à quoi elle s’attendait. Il y avait peut-être encore de l’espoir. Un infime espoir qu’elle ne se sente pas à l’aise ici. Non, il devait arrêter de penser ainsi, il devait arrêter de la voir comme celle qui portait son enfant par accident ; elle restait toujours sa meilleure amie, cette fille pour laquelle il pourrait absolument tout faire. Il allait l’héberger chez lui parce qu’elle comptait pour lui. Oui, c’était ça, sa raison principale pour l’avoir ici avec elle, pour voir s’installer sous son toit une chambre d’enfant, pour la voir tout les matins dans la cuisine en train de préparer le petit déjeuner. Il priait silencieusement pour qu’elle ne lui demande pas de dormir avec lui. Il ne pouvait décemment pas envisager cette possibilité et il travaillait depuis son retour à une excuse en béton pour se sortir d’un tel pas. « Merci pour tout. » Il garda le silence dans un premier temps. Surpris. Oui, c’était son expression, avec ses yeux écarquillé et un demi-sourire sur le visage. Elle était à croquer. A faire fondre n’importe qui. « Y a pas de quoi, c’est la moindre des choses. » Et il s’agissait là de la vérité, il considérait vraiment ceci comme la moindre des choses, parce qu’elle était sa meilleure amie, et parce que sa propre famille avait toujours été là pour lui. Il se sentait redevable également de cette façon.

Il s’apprêtait déjà à lui indiquer la chambre qu’il avait préparé pour elle, lorsqu’il la vit lâcher ses valises. Il s’arrêta, interdit. Est-ce que quelque chose n’allait pas ? Est-ce qu’il avait dit quelque chose de déplacé ? « Augustin. Je, tu... tu es sûr que cela ne dérange pas ? » C’était donc ça qui la paniquait à ce point ? Elle avait réellement peur de le déranger, au point de faire demi-tour et de remballer ses affaires dans le taxi ? Il poussa un soupir, son sourire s’élargissant doucement. Elle ne changeait décidément pas. Elle était toujours fidèle à elle-même. Et d’un côté, c’était touchant. Il la prend doucement par les épaules, pour la rassurer. Parce que dans son cas, les mots n’étaient pas suffisant pour la rassurer. Il lui fallait toujours un contact. « Déranger qui ? Au contraire, t’avoir ici ça va m’empêcher de ruminer trop longtemps tout seul. » Ce n’est que la vérité. Il sait que si il passe ses journées seul ici, à s’enfermer avec ses idées noirs, il est capable du meilleur comme du pire. Mais en même temps, la savoir ici dans la même maison que lui, alors que son retour de la guerre est assez proche… Elle pourrait se trouver face à des situations qui pourraient la choquer, voir même la pousser à s’en aller. « Je veux dire, tu es à peine arrivé, et je suis déjà là. Chez toi. » Il éclate presque de rire. Elle a donc oublié toute les fois ou lui-même débarquait chez elle à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit, restant pour diner et parfois même le soir sur un vieux canapé de fortune. Il avait vécu chez elle pratiquement pendant toute son adolescence, alors pourquoi la repousser aujourd’hui quand elle se retrouvait dans le besoin, et par sa faute pour couronner le tout. « Il me semble que pendant plusieurs années, ma maison c’était chez toi. Considère qu’aujourd’hui, c’est un peu la même chose. T’es ici chez toi, et tu ne dois surtout pas te sentir mal à l’aise. » Elle semble pourtant toujours aussi mal à l’aise. Qu’est-ce qui lui pose donc problème ? Est-ce que c’est la maison ? Pourtant, c’est un cadre agréable, ou elle pourrait se reposer jusqu’à son accouchement. L’hôpital n’est pas très loin, ce qui simplifiera les trajets le moment venu. Qu’est-ce qui ne va donc pas ? « Je pourrais payer quelques choses. La nourriture, l'eau ou bien l'électricité. Un peu de loyer ? » Il poussa un soupir. Elle avait bien assez galéré comme ça pendant ces huit mois pour qu’il la laisse encore prendre une charge supplémentaire sur elle. Elle avait déjà assez usé son argent dans le mobilier et les consultation chez le médecin. « Repose-toi, c’est primordial, surtout que tu arrives vers la fin maintenant. » Il réfléchit cependant un petit moment, elle ne supporterait pas d’être reléguée en arrière. « Mais si tu insistes réellement pour m’aider, tu peux m’aider aux tâches de la vie quotidienne, ça serait déjà pas mal. » Il la fit alors passer devant lui, en lui indiquant les escaliers. « Viens, je vais te montrer la chambre de bébé. J’espère qu’elle te plaira. »

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Message(#) Sujet: Re: #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) EmptyLun 10 Mar - 15:55




je ne sais plus si j'ai mal ou si c'est l'habitude.

Mon sourire s'affaiblit un instant au ton un peu trop formel d'Augustin. Mais un instant seulement, parce que je suis trop contente de le retrouver pour ne pas être pleinement heureuse. Et puis, je ne peux pas le blâmer de ne pas faire preuve d'une effusion de joie sans bornes. Il n'a jamais vraiment été comme ça, et je doute qu'après huit mois au front il le soit davantage. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête, mais cela doit être horrible. Alors non, ce serait égoïste de ma part de lui en vouloir pour ça. La maison est telle qu'on l'avait laissé la dernière fois. Enfin, telle qu'il l'avait laissée. Abandonnée. Il avait emporté la clef avec lui, et je m'étais contentée de refaire le lit et de tirer la porte derrière moi. Une de ses automatiques, qui se verrouillent une fois qu'elles sont claquées. Je n'y ai plus mis les pieds par la suite. Et même si j'avais voulu, je n'aurais pas pu. Fermée, qu'elle était. Et je n'avais aucune clef. Alors j'ai dormi dans le motel Pimpernel en attendant de trouver un appartement pas trop cher. Je crois qu'à cet instant là, dans cette chambre d'hôtel, je ne m'étais jamais sentie aussi seule. Perdue. J'y suis restée sept nuits, pour être exacte. Le réceptionniste m'a fait cadeau de la dernière, parce qu'il a vu que j'étais très triste. Il n'a pas osé me demander pourquoi, mais je crois qu'il était compatissant. À l'occasion, je retournerais le voir. S'il y travaille encore. Le lit de la chambre était très confortable, mais après presque vingt-quatre heures multipliées par sept jours à pleurer dessus, j'ai fini par avoir mal au dos. J'étais soulagée, quand j'ai enfin pu trouver un logement. Ça m'a, un peu, remotivée.

En entrant de nouveau dans la maison, je pensais ressentir une bouffée de nostalgie, une vague de souvenirs, notamment de cette nuit. Mais rien, rien du tout. C'est le néant, et je ne sais pas trop pourquoi. Tout est propre, il y a les meubles de bébé dans le coin, un cadre et une étagère, ceux-là même qui sont la dernière image que j'ai gardé de la maison, mais tout ça ne me fait rien. Peut-être que trop de temps est passé. Trop d'eau a coulé sous le pont de ma vie, et de la sienne. « Y a pas de quoi, c’est la moindre des choses. » Un petit haussement d'épaules, peu convaincue. Il n'y a pas de moindres choses, pour moi. S'il ne m'avait pas invité, je ne lui en aurait pas voulu. Je ne m'attendais à rien de sa part, du moins pas dans ce sens-là. Je veux qu'il soit là, auprès de moi, auprès de bébé. Mais je ne l'obligeais en rien à m'héberger chez lui. Je suis heureuse qu'il le fasse tout de même. Je souris, sans cesser de faire un tour de la maison du regard. Je me demande où sera la chambre de bébé. Et la mienne, par la même occasion. J'imagine. Je me souviens de la chambre d'Augustin, et celle de la chambre d'amis, celle où j'avais dormi. Sauf cette nuit là. C'est peut-être dans celle-ci que l'on dormira. Bébé et moi.

Le contact de ses mains sur mes épaules me sors de mes pensées et m'arrache un nouveau sourire, qui ne dure pas longtemps. Mes yeux pétillent quand même. « Déranger qui ? Au contraire, t’avoir ici ça va m’empêcher de ruminer trop longtemps tout seul. » Je bats des paupières, à plusieurs reprises. Cette vague de culpabilité m'a pris d'un coup, me serrant les tripes. Je souris à sa réponse, d'un sourire un peu triste. C'est à ce moment-là que je comprends réellement que l'armée lui a certainement abîmé l'esprit en profondeur. Je m'en doutais, c'était inévitable. Mais j'en ai la preuve en directe à présent. « Je ferais tout pour te distraire! » Je réponds, amusée. Je ne pense pas même que cette phrase pourrait être mal interprétée. Moi, je m'imaginais juste dans la cuisine à préparer à manger, pendant qu'il serait sur la table à m'écouter lui poser des tas de questions. Inutiles. Quelle est la couleur du cheval blanc d'Henri IV ? Marron ? Non. Qu'est-ce qui est vert et beige, qui monte et qui descend ? Un petit pois torse nu, dans un ascenseur.
Dans quel cas un et un font trois ?

Je lui dis que j'ai l'impression de m'imposer, et il se met à rigoler. Je ne sais pas trop si c'est parce que ce que je lui ai dis le fait réellement rire, ou si c'est parce qu'il se moque de moi, mais je me mets à pouffer aussi. C'est tellement bon de le voir rire. Je pourrais dire oui à tout, quand je le vois comme ça. Il a ce sourire à couper le souffle, qui m'a toujours ébloui, et que je n'avais pas vu depuis tant de temps. « Il me semble que pendant plusieurs années, ma maison c’était chez toi. Considère qu’aujourd’hui, c’est un peu la même chose. T’es ici chez toi, et tu ne dois surtout pas te sentir mal à l’aise. » Je hausse les épaules, un peu plus convaincue cette fois. Je repense à tous les moments qu'il a passé à la maison. Il venait parfois tard, le soir, après avoir fini son travail à la ferme de ses grands parents. Il venait à pieds, à la nuit tombée, et on allait traire les chèvres ensemble. Enfin, je les trayais et lui me regardais. On retournait ensuite à l'intérieur, et on buvait notre verre de lait devant le feu. Parfois il pouvait se libérer plus tôt, et alors il mangeait avec nous le plat que maman avait préparé. Le voir parler avec papa de la taille de la bordure qu'il allait mettre autour du nouveau champ, ou du rendement de la dernière récolte de pommes de terre, ça n'avait pas de prix. Il semblait heureux. Cela avait toujours été naturel qu'Augustin vienne à la ferme, et ni moi, ni mes parents et surtout pas grand-mère n'attendaient de lui qu'il rembourse quoi que ce soit ou qu'il rende la pareille. Il était de la famille. Que je sois là, aujourd'hui, chez lui, ne semblait finalement pas si incongru. Mais c'était, à vrai dire, plutôt nouveau pour moi. La semaine précédent son départ, je n'avais pas pensé à ça ; je n'avais en tête qu'une seule chose : le fait qu'à chaque instant, l'armée pourrait l'appeler pour l'emporter avec lui dans une autre dimension. Je m'étais accrochée à chaque moment que je pouvais profiter de sa présence. À présent que je l'avais pour moi, le fait que je sois de trop m'effleurait l'esprit. Mais il semblait réellement vouloir que je sois là sans que cela ne le dérange plus que ça. Alors, peut-être que je pourrais m'habituer à ce sentiment. « C'est vrai. Mais tu n'as pas à te sentir redevable. » Après tout, cela ne fait même pas dix minutes que je suis ici. J'ose espérer que dans quelques jours je me sentirais, en effet, à l'aise, comme chez moi. Je sais, pourtant, que cela ne serait pas possible si je ne participe pas un tant soit peu aux dépenses quotidiennes : je me sentirais toujours comme une invitée de passage, si je ne le fais pas. Mais Augustin, comme je pouvais m'y attendre, ne semble pas du même avis. Je soupire. Être assistée de la sorte est vraiment très difficile pour moi, pourtant ça semble être la mode dernièrement. L'autre jour, au supermarché, quelques jours avant que je sache qu'Augustin serait de retour, ça avait déjà été le cas. Avec Benjamin. Quand tout était tombé, moi avec, que tout le monde me regardait sans rien faire. Et que lui, était venu m'aider. M'assister. Je l'avais regardé tout ramasser sans pouvoir rien faire, et je ne m'étais jamais sentie aussi mal. Je fixe Augustin, prête à lui répondre que je ne pourrais pas survivre si je reste dans un fauteuil à me tourner les pouces, mais il prend les devants. « Mais si tu insistes réellement pour m’aider, tu peux m’aider aux tâches de la vie quotidienne, ça serait déjà pas mal. » Je souris, soulagée. Il me connaît bien, Augustin. « Merci. Vraiment. » Je ne lui dis pas que j'ai du mal à me baisser, et que ce ne serait pas facile de faire la poussière ou de passer la serpillière. Je me sentirais encore plus mal s'il voit que je ne peux même pas faire le ménage. Mais, dans deux semaines je devrais avoir accouché, et il n'y aura peut-être pas à le faire d'ici là. Et puis, cela ne m'empêche pas de faire la cuisine. Je me rassure avec cette pensée là. « Viens, je vais te montrer la chambre de bébé. J’espère qu’elle te plaira. » Je hoche la tête. Est-ce qu'il a commencé à l'aménager ? J'ai hâte de la voir. Pendant une fraction de seconde, j'ai l'impression que nous formons un couple, Augustin et moi. Que nous venons d'acheter une maison tous les deux, en amoureux, et que nous allons rénover cette chambre en père et mère. Puis cette vision s'éclate,
et je grimpe les escaliers.

J'aperçois la porte de cette chambre, sa chambre et mon coeur se serre. Finalement, cela me fait bien quelque chose. Je jette un regard à Augustin, et je ne sais pas s'il ressent ça, lui aussi. Je l'attends sur le pallier, pour qu'il me guide vers la chambre de bébé. Je m'aperçois alors qu'il l'a appelé comme moi je l'appelle, et ça me fait sourire à retardement. « Peut-être qu'il faudrait qu'on lui trouve un prénom. » Nonchalamment, innocemment. Mais, consciemment. Parce qu'il ne faudrait pas tarder, je ne veux pas risquer d'être sur la table d'accouchement sans aucun prénom. J'ai déjà entendu des histoires de bébé qui n'ont pas de prénoms pendant trois jours, la durée légale, je crois. Et je trouve ça horrible. Comment je l'appellerais pendant ce temps-là ? Hé, psst ? Je voulais attendre qu'il soit là, Augustin, pour choisir. Parce que c'est le père de bébé, et qu'il a le droit au veto. Moitié moitié. Mais il t'as abandonné, tu aurais pu choisir toute seule. Je refourgue cette pensée au fond de mon subconscient. Oui, il m'a abandonné. Mais c'est mon meilleur ami avant tout. Ce n'est pas un simple mec de passage. Si ça avait été le cas, je ne me serais pas privée pour choisir moi-même le prénom. Là, ça ne l'est pas. Le cas. Je veux qu'il ou elle porte un nom qui nous plaira autant à tous les deux. Je me rends compte que je n'ai absolument pas réfléchi une seule fois à ce qu'il pourrait être. Je n'ai complètement aucune idée. J'ose espérer que lui, Augustin, en aura.
Est-ce que bébé portera son nom de famille, à lui ?
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Message(#) Sujet: Re: #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) EmptyDim 16 Mar - 21:26



when I love you, it's so untrue, I can't even convince myself



Il essayait de jongler avec une situation assez compliquée ; il ne pouvait pas être formel avec elle, elle était après tout sa meilleure amie. Il avait toujours agit naturellement avec elle, et aussi loin qu’il s’en souvienne, ils s’étaient toujours très bien entendus tout les deux. Ils partageaient beaucoup de moment de complicité mais cette complicité avait été aujourd’hui mise à rude épreuve par un faux pas du jeune homme. Il s’était mis tout seul dans cette situation et il s’en voulait encore. Ce qui le sidérait encore plus, c’était de voir avec quel facilité elle avait plongé dans ses bras, à quel point elle ne lui en voulait absolument pas de porter son enfant. Au contraire, elle en avait pris grand soin. Elle voyait en lui son propre enfant, ce qui ne cessait de tourmenter et perturber le jeune homme. Azel n’était pas sa femme, elle était sa meilleur amie et jamais il ne pourrait la regarder comme quelque chose d’autre qu’une amie. La prendre dans ses bras et lui faire un enfant avait été une terrible erreur. Et pourtant, c’est bien à cause de lui si elle est là aujourd’hui, avec ses valises, devant sa porte. Il ne supportait pas de la savoir seule dans son appartement, alors qu’elle allait très bientôt accoucher. Il ne voulait pas l’étouffer ou lui mettre une pression supplémentaire, mais il était plus rassuré de la savoir avec lui. Son père avait ancré dans sa tête cette peur de la maladie et des situations délicates qu’elle pouvait entraîner. Il le savait, il allait tourner autours de la demoiselle en veillant à chaque fois à ce qu’elle soit bien. Il allait lui éviter le plus possible de bouger ou de se fatiguer. Ca allait l’énerver, il le savait aussi. Elle n’était certainement pas le genre de fille à se laisser materner et à s’assoir dans un coin. Il tentait cependant de minimiser les dégâts, autant au niveau du ton qu’il employait avec elle qu’à ce qu’il plaçait dans ses réponses. Bien sûr qu’elle était la bienvenue ici, elle resterait toujours la bienvenue ici, mais il ne pourrait pas non plus agir comme si il était son petit copain ou bien son mari. L’instant qu’il redoutait le plus, ça serait très certainement le moment ou elle lui présenterait son enfant, après l’accouchement. Il avait déjà vu et lu à plusieurs reprises que ce genre de moment était riche en émotion et il avait peur de ne pas pouvoir tenir le coup. De craquer, et de refaire une connerie simplement pour le beau sourire de son bébé. Il n’avait posé qu’une main sur son ventre, et déjà il se sentait tout retourné par ce petit être qu’il ne connaissait pas encore, mais qui n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Il devait être prêt ce jour là, prêt à accueillir un petit enfant dans son univers, accepter de repartir en mission en abandonnant un enfant et en songeant qu’il ne le reverrait peut-être plus jamais.

Il savait qu’il avait fait une faute en étant aussi formel en l’accueillant, ce qu’il ne manqua pas de rattraper en lui disant qu’ici elle était chez elle. Elle était toujours la bienvenue ici. Et il ne manquerait pas à l’intégrer aux tâches du quotidien, pour qu’elle puisse se sentir bien, à son aise, et surtout qu’elle ne pense pas qu’elle est un poids pour lui. « Je ferais tout pour te distraire! » Il hoche la tête avec un demi-sourire sur les lèvres. Il avait vraiment besoin de distraction en ce moment, il avait besoin de se changer les idées, d’oublier tous ces mois passés à l’étranger, à se battre pour la nation et à se battre pour rester en vie. Il comptait sur la demoiselle pour le faire rire comme elle savait si bien le faire, même si les choses étaient résolument différentes. Elle allait mettre un peu de soleil dans sa tête avec sa petite voix cristalline. « T’es adorable, Azel. » , ajouta-il d’une voix qui se voulait la plus enjouée possible. Il n’avait pas beaucoup dormi et les heures de sommeil commençaient à manquer. Il avait besoin d’une bonne nuit de sommeil ce soir, d’un bon petit repas. D’une soirée détendue. Il espérait profiter d’un moment sans ambiguité avec sa meilleure amie, d’un moment ou ils ne reviendrait pas tout les deux sur ce qui avait pu se passer dans cette maison, dans cette chambre, dans sa propre chambre.

Construire une famille, est-ce qu’il en serait seulement capable ? Sa propre famille n’avait pas été un franc succès et il avait trouvé une famille de substitution chez Azel, ou il avait été accueilli dans son enfance comme si il était un des enfants de la famille. Son père, sa mère, sa grand-mère, toutes ces personnes qui ne lui devaient rien, et qui pourtant passaient leur temps à s’occuper de lui quand son propre père n’était pas capable de le faire. Le bonheur pur, les belles années, c’était bel et bien la bonne époque, et il aurait donné n’importe quoi pour pouvoir revivre cette expérience. Personne n’attendait rien de la part de ce petit garçon, qui s’installait dans cette famille qui n’était pas la sienne, qui vivait au jour le jour, qui refusait de rentrer chez lui. Azel, c’était un peu cette soeur, ce petit trésor sur lequel il veillait tout les jours, pour le plus grand bonheur de ses proches. Comme elle, il connaissait assez bien la vie à la ferme, les contraintes, la vie simple et sans artifices. Ils étaient d’une complémentarité assez parfaite, ils pourraient même former un très beau couple. Mais non, pour Augustin, ça n’allait pas plus loin. Et d’un côté, ça l’effrayait que la demoiselle puisse le voir comme un petit peu plus qu’un ami. « C'est vrai. Mais tu n'as pas à te sentir redevable. » Il devait absolument tout aux parents de son amie, il ne pourrait d’ailleurs jamais payer la dette qu’il avait vis-à-vis d’eux. Et puis, si il ne devait pas se sentir redevable, elle ne devait pas l’être également. Comme il l’avait dit, elle était ici chez elle, et au mieux elle se sentirait chez lui, au mieux les choses pourraient se passer jusqu’à l’accouchement. Après… Il ne préférait pas y penser maintenant, il préférait se dire que les choses se feraient naturellement. Que la demoiselle allait prendre ses valises pour s’installer ailleurs, dans une maison assez grande ou elle pourrait vivre avec son bébé. Il se demandait comment les choses allaient se passer pour lui. Est-ce qu’ils allaient déjà commencer les gardes alternées ? Ils n’étaient pas divorcés, pas même mariés. Non, il se contenterait d’aller la voir, le plus souvent possible, surtout pour passer du temps avec son enfant. Il n’était pas prêt à refaire la même erreur que son père. Il allait s’occuper de son enfant, et faire en sorte que lui et sa mère ne manque de rien. Il n’avait pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre, il pouvait amplement céder une bonne pension pour qu’ils puissent vivre bien confortablement tout les deux. Mais pour l’instant, il ne voulait pas parler de ça avec elle. Il savait qu’elle pourrait se vexer de l’entendre parler d’argent alors qu’il s’agissait d’un enfant. Ils avaient été éduqués de la même façon, c’est pourquoi il pouvait prédire quelles pourraient être ses réactions vis-à-vis de ce sujet. « Les années les plus heureuses de ma vie, c’est à ta famille que je les dois. Je sais que c’est pas grand-chose en comparaison, mais c’est tout ce que je peux offrir. » C’était la pure vérité. Il ne pourrait jamais rien faire qui puisse apporter autant de bonheur à la demoiselle. Augustin ne vivait plus dans le présent depuis longtemps, il restait résolument accroché au passé.

Il l’entraîne à l’étage pour lui montrer la chambre de bébé. Il sait que cette petite attention va la toucher, parce que c’est le genre de détail qui lui plaît. Mais en montant à l’étage, ses yeux tombent sur sa chambre, sur la chambre. Cette fameuse chambre ou il s’était passé ce qu’il regrettait le plus au monde. Il baissa les yeux, préférant feindre l’ignorance. Il se souvenait pourtant de la demoiselle, dans ses draps couleur lilas alors qu’il caressait doucement ses cheveux blonds. Il pensait l’aimer encore ce soir là, il pensait qu’il avait fait une bonne chose, et que de toute façon il ne reviendrait pas du front. Il pensait encore qu’il allait mourir. Il avait fait une énorme erreur, une bêtise monumentale, il lui avait fait croire qu’il pouvait l’aimer. Il avait fait voler en éclat une précieuse amitié. Il pousse la porte, la fait entrer dans la pièce. Il a ouvert la fenêtre pour laisser passer la lumière et l’air frais du matin. C’est une belle chambre, une chambre spécieuse. Elle pourra s’y plaire avec bébé. « Peut-être qu'il faudrait qu'on lui trouve un prénom. » Il s’arrête. C’est vrai, il pourrait choisir un prénom pour leur enfant. Ca pourrait les rapprocher encore plus tout les deux, même si pour le jeune homme qui ne connaissait que depuis peu sa paternité, c’était un petit peu précipité. Et puis zut. Il devait arrêter de penser en fonction de lui-même, c’était bien ça l’erreur de son père. Il ne referait pas la même erreur. Une question lui trotte cependant dans la tête. Si elle pose cette question c’est qu’elle connaît le sexe de l’enfant, et vu l’état avancé de sa grossesse ça ne l’étonne même pas. Il se demande soudain, si il s’agira d’une petite fille, aussi belle et adorable de sa mère. Une petite princesse qu’il prendrait sur ses épaules, qu’il protègerait. Une perle, une petite étoile. Ou bien alors un petit garçon, à qui il apprendrait tout, qu’il verrait grandir. Peut-être même qu’il lui ressemblerait un peu. Ou bien qu’il hériterait des beaux yeux bleus ou de la chevelure blonde. « Tu sais déjà si ça sera une petite fille ou un petit garçon ? » Parce que c’est quelque chose qu’il aimerait bien savoir. Il ne comprenait pas comment faisaient ces parents pour garder la surprise jusqu’au bout. « Sauf si tu prévois de l’appeler Camille, Maxime ou bien Jordane, le sexe ne devrait pas poser de problème dans ce genre de situation. » Il sourit lui-même à sa plaisanterie. Les prénoms mixtes, c’était bien quelque chose qu’elle était capable de choisir. Dans la famille du jeune homme, on aimait les prénoms vinages avec des consonances étrangères. On aimait remettre au gout du jour des prénoms oubliés et Augustin en avait fait les frais. Il demeurait cependant assez fière de cette tradition familiale. « Peut importe si c’est une petite fille ou un petit garçon. Tant qu’il a beaucoup d’amour, le reste ça importe peu. »

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Azel Novak

Azel Novak
lost souls in revelry

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Message(#) Sujet: Re: #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) EmptyMer 19 Mar - 12:13




je ne sais plus si j'ai mal ou si c'est l'habitude.

Je vois bien qu'il essaie de faire des efforts pour être heureux, du moins pour le paraître. Je sais que ça ne doit pas être facile pour lui d'être jeté dans la mare humaine du jour au lendemain alors qu'il a passé des mois et des mois au milieu de monstres, mais je pense qu'il sait aussi que ça ne va pas être facile pour moi s'il ne sourit jamais. Mes émotions n'en font un peu qu'à leur tête en ce moment, et je pourrais inconsciemment interpréter l'absence de ses sourires comme le fait qu'il ne m'apprécie plus du tout, ou qu'il m'en veut, ou qu'il est en colère contre moi. Et je vais me mettre à stresser, à paniquer, voire à pleurer. Toute cette histoire d'hormones m'aura beaucoup chamboulée. Je n'étais absolument pas habituée à pleurer pour un rien, de joie ou de tristesse. J'ai finis par m'y habituer, et même arriver à me contrôler pour ne pas ouvrir les conduits lacrymaux à la moindre occasion, mais j'espère sincèrement que tout redeviendra à la normale une fois que bébé sera en dehors de mon ventre. J'aimerais bien qu'on puisse me dire un compliment sans que j'ai les yeux qui brillent, ou voir un film d'amour sans pleurer toutes les larmes de mon corps. « T’es adorable, Azel. » Un petit sourire s'étale sur mon visage. Je ne veux pas mettre trop d'espoir dans cette pensée, mais j'ai l'impression que je retrouve peu à peu le meilleur ami que j'ai eu à une époque qui me semble si lointaine maintenant. Avant qu'il parte pour le front, avant cette nuit, avant même White Oak Station, avant que je sois amoureuse de lui. Parfois, dans un élan de lucidité, je me demande si c'est vraiment bien que j'aime Augustin d'amour. J'ai souvent lu que les meilleurs amis qui devenaient un couple, ne redevenaient plus jamais meilleurs amis, après avoir rompu. Parce que c'est plus pareil. Et si lui et moi, ce n'était déjà plus pareil ? Je ne veux même pas y penser. Je finis toujours par la conclusion que de toute façon, les sentiments ça ne se contrôle pas. En espérant qu'il y aura toujours cette connexion entre nous. Ce lien que je pense indestructible, bâti au fil des années, au fil des quinze années passées aux côtés l'un de l'autre. Je ne veux pas perdre ça, pour rien au monde.
Mais si tu savais, ce qui va arriver. Augustin. Zoe.

Je souris à nouveau, quand il dit qu'il a vécu les meilleures moments de sa vie à la ferme, la mienne. Avec mes parents, et grand-mère. Et puis, avec moi aussi j'imagine. Je finis par comprendre que, même si nous n'avons jamais attendu rien de sa part, c'est sa façon à lui de dire merci. Alors, au profond de moi, j'accepte le faire d'être chez lui. D'être une invitée, d'être aidée. Je ferais tout pour me rattraper, après. « Moi aussi, c'était les plus belles années de ma vie. » Je dis rapidement, et je monte les escaliers. On entre dans la chambre et j'écarquille les yeux. Je ne me rappelais pas qu'elle ressemblait à ça, et c'est vrai qu'elle est belle. Elle est grande, un beau rectangle, sans recoin embêtant qui empêche de bien aménager la pièce. Je m'avance au milieu et je tourne sur moi-même pour voir la chambre dans son ensemble. Pour m'imaginer comment ce sera quand il y aura bébé et moi. Où sera mon lit, où sera le sien. Je mettrais certainement le mien là-bas, près de la fenêtre, avec une petite table de nuit du côté du mur, et le lit de bébé un peu plus loin, à l'ombre. Oui, ce serait bien comme ça. Avec son petit mobile musical pendu au-dessus de son lit, la table à langer au milieu, là, et puis ses jouets par terre. De mon côté j'installerais la bibliothèque que j'avais dans le précédent appartement, où je mettrais les quelques livres que j'ai acheté, et les bibelots que j'ai récupéré dans la boutique de la grand-mère de Nahuel. Ça sera parfait, reposant. Je pense furtivement que ça ne me dérange même pas de ne pas être dans la chambre d'Augustin. Avec lui. Je sais qu'il sera à côté, si j'ai besoin de lui, et c'est le plus important. C'est tout ce qu'il me faut, tout ce dont j'ai besoin. Qu'il soit là pour me protéger. C'est très bizarre, comme sensation. N'avoir jamais été aussi amoureuse, dans toute ma vie, et pourtant ne pas ressentir le besoin d'avoir plus de sa part. Du moins pas pour le moment. Toujours le considérer comme mon meilleur ami. Et accessoirement père de mon enfant. Je ne sais pas comment les prochains mois, les prochaines années vont se passer. Si rien ne change, cela risque d'être étrange. Deux meilleurs amis, qui ont un enfant ensemble. Qui passent tout leur temps ensemble, mais qui ne vivent pas au même endroit. J'ôte toutes ces réflexions de mon esprit avant que cela ne dégénère et que je me rende à l'évidence. Je ne veux pas être triste, pas aujourd'hui. « C'est génial, Augustin. Cette chambre. » Je souris et le regarde. Je ne sais pas à quoi il pense. Et peut-être que je ne veux pas le savoir. Je jette un œil par la fenêtre, et je m'aperçois qu'on a une très belle vue d'ici. Elle est dégagée, et même s'il y a quelques maisons dans le champ de vision, et la route avec les voitures, le plus important c'est que l'on voit la montagne au fond. Et le ciel, le grand et beau ciel. C'est là que je lui dis qu'il faudrait qu'on trouve un prénom. Un prénom aussi beau que le ciel, aussi beau que la montagne, aussi beau que la nature. « Tu sais déjà si ça sera une petite fille ou un petit garçon ? » Je sursaute, j'étais arrivée à me perdre dans mes pensées en à peine dix secondes. Je pouffe de ma bêtise. Et je secoue la tête. « Non, je n'en ai aucune idée. » Je plonge mon regard dans le sien, essayant de trouver une excuse, ou plutôt une explication. Je ne sais pas vraiment pourquoi je n'ai pas voulu savoir le sexe du bébé. Si c'est pour avoir le suspens, la surprise, ou si c'était pour attendre qu'Augustin soit là. Qu'il l'apprenne en même temps que moi. Je ne sais pas. Je finis par répondre une idiotie, mais qui me fait rire. « Comme ça, si les médecins avaient prévu une fille et qu'on se retrouve avec un garçon, zéro déception. » Ce genre de situation, où le sexe que le gynécologue a prédit ne s'avère pas être le bon, ça n'arrive quand même que très rarement. Du moins, à ma connaissance. Cela voudrait dire que le gynécologue est un stagiaire incapable, ou alors qu'il avait bu, ou n'avait pas mis ses bonnes lunettes le jour du rendez-vous. Je hausse les épaules. « Sauf si tu prévois de l’appeler Camille, Maxime ou bien Jordane, le sexe ne devrait pas poser de problème dans ce genre de situation. » Je rigole, et roule les yeux au ciel. Le pire dans tout ça, c'est que ce serait bien mon style de donner un prénom qui fonctionne autant pour un garçon que pour une fille. Ou, mieux encore, un prénom de garçon pour une fille. C'est joli aussi. Alexis. Stefan. « On peut l'appeler Dominique aussi, ou Claude. » Je dis ça en me retournant vers la fenêtre. Je pouffe. Ces prénoms sont vraiment laids. En tout cas moi, je n'aime pas. J'aime beaucoup les prénoms à consonance française, comme celui d'Augustin, mais alors ces deux-là, ce n'est pas envisageable. Je m'approche un peu plus du bord de la fenêtre, et j'aurais aimé me pencher mais ce n'est pas possible avec mon gros ventre. Je me promets de le faire, dès qu'il sera de nouveau plat. Je me rappelle, avec Augustin on s'amusait à ça. À monter tout en haut de la grange et se pencher au bord des grandes ouvertures, ça faisait paniquer maman. Grand-mère elle savait qu'on faisait ça pour rigoler, ou pour avoir un autre angle de vue du monde. Elle savait qu'on ne tomberait pas. Mais maman se faisait toujours un tas de scénarios, et à la sortie elle grimpait les escaliers de la grange quatre à quatre et venait nous tirer par le bas du t-shirt pour qu'on se remette debout aussitôt. Je souris nostalgiquement. Tout ce temps-là me manque. Et je sais que je ne pourrais plus jamais y retourner. Parfois, ça me donne envie de pleurer. Et pas à cause des hormones. « Peu importe si c’est une petite fille ou un petit garçon. Tant qu’il a beaucoup d’amour, le reste ça importe peu. » Je souris, et tout mon corps se réchauffe. Même s'il avait fait exprès, il n'aurait pas pu me rendre plus heureuse qu'à cet instant précis. Mon bébé aura de l'amour. Son amour. Je me tourne aussitôt vers Augustin et me jette dans ses bras. « Je suis bien d'accord avec toi. » L'espace d'un instant, tous mes soucis s'envolent. Il n'abandonnera pas bébé. Bébé sera aimé. Il aura une mère et un père. Qui l'aiment. Il aura une belle vie. Mon bébé aura une belle vie. Je me détache d'Augustin et lui sourit, sans quitter ses yeux. « J'ai besoin de m'asseoir, mais comme le sol est bas, je vais avoir besoin de ton aide. Et j'aurais besoin de toi pour me relever aussi. » Je baisse les yeux, un peu gênée. Mais il faut vraiment que je m'assois, et j'ai envie de m'asseoir au milieu de la pièce, en tailleur. Comme avant. Comme dans le salon de la ferme, sur le tapis, avec le feu de la cheminée allumé à côté. On se regardait, on rigolait, et on jouait à trois petits chats, ou tous ces jeux marrants qu'on fait quand on est gamin, avec les mains et en chantant. « Ça te donne un avant-goût des prochains jours à venir, comme ça. » Je pouffe pour rendre ça moins embêtant. Mais au moins, si déjà ça l'ennuie de le faire maintenant, il a encore le temps de me dire de repartir. Je rigole. Je suis persuadée qu'il ne le fera pas.

Il m'attrape une main et m'aide à m'asseoir par terre. Je prends appui sur ma main libre, et pose mes fesses en douceur. Je croise mes jambes, et me positionne confortablement, mon ventre reposant au milieu de mes jambes croisées. « Voilà, maintenant on peut lui trouver un prénom. On fait un petit blind test ? » Je n'ai absolument aucune idée de la façon dont on peut choisir un prénom pour son futur bébé, quand on est deux à chercher. Regarder sur un site de prénoms, je trouve ça nul. Pour connaître la signification d'un prénom après coup, oui, mais sinon je ne trouve pas ça très personnel. J'attends qu'Augustin s'assoit en face de moi. Je souris. On est bien, . Lui et moi, sans rien autour, sans champ de bataille, tous les deux, comme avant. Deux amis. Des meilleurs amis.
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Message(#) Sujet: Re: #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) #0016 — je ne sais plus si j’ai mal où si c’est l’habitude. (augustin, azel) EmptyDim 23 Mar - 10:11



when I love you, it's so untrue, I can't even convince myself



Marcher dans cette maison, c’était comme marcher sur un terrain miné. Tout pouvait exploser sous ses pieds à n’importe quel moment, et il pouvait perdre tout ce qu’il avait dans la bataille. Sa meilleure amie, ainsi que cette amitié si particulière qui les unissaient. Elle était toujours Azel, cette petite gamine qui se tressait les cheveux en épis de blé, qui arrivait à illuminer ses jours plus gris,… Qu’est-ce qui pouvait donc avoir changé ? Peut-être le fait qu’elle portait son enfant. Il avait toujours du mal à imaginer que son bébé était en train de dormir dans le ventre de sa meilleur amie. Mais au lieu de se morfondre et se plaindre sur son sort, il savait qu’il devait agir en homme et l’accepter. Il n’allait pas fuir devant cette nouvelle, même si elle était plus déstabilisante que jamais. Il n’avait pas honte de lui caresser le haut du crâne, de lui ébouriffer sa chevelure blonde avec un sourire en lui disant qu’elle était adorable. Il avait toujours été ainsi avec elle, même si savoir maintenant qu’elle pouvait avoir des sentiments autres à son égard rendait la chose plus difficile. Il n’avait jamais voulu lui faire de faux espoirs, même si en regardant son attitude d’un peu plus près, c’est lui qui avait fauté. C’est lui qui avait eu les premiers gestes envers elle, qui l’avait entraîné dans ce tourbillon d’imprévu, qui l’avait abandonné, et qui l’avait mise enceinte. Il constatait avec stupéfaction qu’elle semblait prendre la chose beaucoup plus calmement que lui. Elle avait eu neuf mois pour s’y préparer, et il n’en doutait pas, elle avait du verser beaucoup de larme. De tristesse et de colère. Mais elle avait fait le choix de garder son enfant. Leur enfant. Elle allait accoucher dans peu de temps, et il allait devoir faire face à ce moment ou il verrait son enfant dans les bras de sa meilleur amie. Il imaginait déjà les infirmières, les médecins, en train de les regarder comme un couple. Oui, ils auraient pu être un couple très mignon, un couple de jeune vivant dans une petite maison avec un quotidien tout à fait banal. Mais Augustin ne pouvait pas s’enfermer dans cette routine, il l’aimait d’amitié et ce n’était pas suffisant. Il se demandait d’ailleurs si un jour ils pourraient devenir amis comme avant. Sans arrière pensée. Juste avec des rires et des regards. Même après avoir eu un enfant ensemble, est-ce qu’ils pourraient toujours rire de la même façon ? Il ne savait pas comment les choses allaient se passer, et il redoutait plus que tout que cet enfant puisse les éloigner l’un de l’autre. Presque. Il voyait presque juste. Quelque chose pouvait à la fois l’éloigner et le rapprocher d’Azel, mais pour l’heure il n’en savait encore rien. Trois lettres qui vont venir jeter son âme dans les flammes.

Il n’hésite pas à faire de temps en temps des raccords à leur petite enfance, cette période de la vie ou tout les deux n’étaient que des âmes purement innocentes. Ils s’étaient promis de rester ensemble, mais pas de cette façon. Sa famille s’était toujours occupée du jeune homme quand sa propre famille n’était pas en mesure de le faire, et aujourd’hui il avait une occasion de lui rendre tout ce qu’elle avait pu lui donner par le passé. Elle ne devait pas se sentir honteuse d’être assistée par le jeune homme. Pourquoi d’un seul coup cette gêne ? Ils s’étaient vu tout les deux dans les pires situations possibles, alors pourquoi est-ce que d’un coup elle agissait différemment avec lui ? Même dans un contexte complètement différent de celui-ci, elle aurait pu débarquer à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit, il lui aurait quand même ouvert sa maison. Entre amis, il ne devaient pas parler service, ils ne devaient pas parler argent, au risque de mettre en péril ce qui restait de plus précieux dans la vie du jeune homme. Il avait besoin de la douceur de la jeune femme, même si il ne pouvait pas encore lui montrer à quel point il était abîmé, à quel point il n’en pouvait plus de tout ça. De la guerre. De ces souvenirs qui défilaient devant ses yeux. « Moi aussi, c'était les plus belles années de ma vie. » Il y a de l’amertume dans le coeur du jeune homme, parce que justement ces années sont derrières lui. Il ne peut plus retourner en arrière. Il aurait bien voulu retourner en arrière, ne jamais s’engager dans l’armée, ne jamais passer cette nuit avec sa meilleure amie. Les choses auraient été différentes, tellement différentes qu’il se demandait souvent ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour qu’il merde autant les choses. Il l’amène ensuite dans la chambre qu’il lui réserve, en prenant grand soin de surveiller sa marche dans les escaliers. Elle ne devait pas tomber ou perdre l’équilibre, et si jamais elle venait à le faire, il savait qu’il pouvait la retenir sans peine. L’armée lui avait forgé une carrure bien plus impressionnante qu’à son départ. Soulever Azel, même avec son ventre imposant, ne devait pas poser de problème. Il n’ose pas encore la ramener dans sa chambre, dans cette chambre qui n’a pas bougé depuis la dernière fois. Il ne se souvient même pas avoir refait le lit, lorsqu’il l’a abandonné comme un lâche au petit matin. Peut-être qu’en franchissant la porte, il se retrouverait devant le lit encore défait, avec l’odeur d’Azel encore dans les draps. Il préférait dormir sur le canapé, même si il savait que cette attitude pourrait blesser sa meilleur amie. C’était tellement étrange, parce qu’il avait besoin d’une présence auprès de lui, mais il voulait en même temps il ne voulait pas non plus se lancer dans une relation compliquée en s’approchant plus que nécessaire de la jeune femme.

Heureusement pour lui, elle semblait complètement passer à côté du fait que quelques mètres plus loin se trouvait la chambre ou tout les deux avaient pour toujours changés leur amitié. « C'est génial, Augustin. Cette chambre. » Il sourit. Elle est complètement égale à elle-même, avec cette petite moue candide, cette voix enfantine. Elle n’a pas changé, elle est toujours la même et ça fait beaucoup de bien au jeune homme. La chambre est pourtant terriblement simple, avec un mobilier très sobre, avec des petits rideaux, de la place pour poser un lit pour bébé, pour qu’elle puisse se reposer. Il n’avait jamais hébergé personne dans cette chambre, et cela ne lui posait aucun problème que ce soit la demoiselle qui puisse bénéficier de son hospitalité. Il ose lui poser pour la première fois une question à propos de son enfant ; est-ce qu’elle connaît au moins le sexe de son enfant, si ce sera un petit garçon ou bien une petite fille ? Il est curieux, mais d’un côté, il n’ose pas imaginer. Savoir si il s’agit d’une fille ou d’un garçon, cela ne pourra que le rapprocher plus de la réalité. Il ne sait pas encore si il est prêt à être un père. Ou du moins, à être un bon père, parce qu’il n’a pas eu de très bon exemple à suivre. Il essaye de se souvenir du père d’Azel, qui a été un véritable modèle pour lui, il essaye de se souvenir de ce qu’il lui disait. « Non, je n'en ai aucune idée. » Il sourit, ce n’est pas grave. Ce n’est pas un soucis pour lui, que ce soit une fille ou un garçon, ce n’est pas ça qui l’empêchera d’aimer son enfant. Cependant, il n’ose pas le dire à voix haute, parce qu’il craint que la demoiselle puisse interpréter son amour pour son enfant en amour pour elle. Il devait garder les bonnes distances, sans pour autant délaisser son fils. Il lance même l’idée des prénoms mixtes, pour ne pas devoir faire face à des déceptions lors de la naissance de l’enfant. Il se sentait petit à petit stressé à l’idée de devoir tenir dans ses bras un petit être fragile. « Comme ça, si les médecins avaient prévu une fille et qu'on se retrouve avec un garçon, zéro déception. » Il hoche la tête, elle a tout à fait compris l’idée. Dans la famille d’Augustin, ils étaient de véritables champions pour affubler les enfants de prénoms plus originaux les uns que les autres, et cette tradition semblait se perpétuer de génération en génération. Il savait qu’il pouvait proposer les idées les plus farfelues, la demoiselle serait prête à lui emboîter le pas dans ses idées. « On peut l'appeler Dominique aussi, ou Claude. » Il secoua la tête. Sans vouloir contredire les idées de la demoiselle, il n’était pas particulièrement fan de ces deux idées. Non, il ne pourrait pas supporter de voir son fils ou sa fille s’appeler ainsi.

Il est tiré de ses pensées par la demoiselle qui sollicite son aide pour s’assoir sur le sol. « J'ai besoin de m'asseoir, mais comme le sol est bas, je vais avoir besoin de ton aide. Et j'aurais besoin de toi pour me relever aussi. » Il s’avance alors vers elle, et lui attrape les mains pour l’aider à basculer et à se poser en douceur par terre. Il a peur qu’elle se brise, qu’elle se fasse mal, c’est sa plus grand crainte. Il aurait été prêt à aller lui chercher une chaise en bas, à faire en sorte qu’elle soit bien installée. Mais Azel préfère s’assoir en tailleur au sol, une attitude qui lui ressemble beaucoup plus. « N’essaye jamais de faire ça toute seule, hein ? » Elle aurait été capable de le faire toute seule, mais elle se serait fait plus mal qu’autre chose. C’était sa nature d’être aussi intrépide et un peu aventurière, mais le jeune homme espérait quand même qu’elle puisse être un peu plus responsable d’elle-même vis-à-vis de sa grossesse. Elle portait un enfant. « Ça te donne un avant-goût des prochains jours à venir, comme ça. » Ca ne l’impressionne pas des masses, c’est même justement une tâche qu’il accomplira avec beaucoup de plaisir et avec beaucoup de bonheur. Ca mettra un peu de lumière dans son quotidien de s’occuper de quelqu’un d’autre, d’être aux petits soins avec la demoiselle. « T’espère me dégoûter, mais ça va pas être aussi facile. Je vais bien m’occuper de toi, tu manqueras de rien. » Il ne peut pas l’empêcher d’agir ainsi, elle est enceinte ; elle marche pour deux, elle mange pour deux, elle vit pour deux, et bientôt elle devra donner toute son énergie pour donner la vie. Il s’assied en tailleur face à elle, pour la regarder, pour pouvoir partager un moment de fraîcheur et de douceur avec elle. « Voilà, maintenant on peut lui trouver un prénom. On fait un petit blind test ? » Il renverse sa tête en arrière. Comme au bon vieux temps. Elle et lui. Assis dans une petite pièce, à discuter de tout et de n’importe quoi. Ca lui rappelle de bon souvenirs, ça lui fait même oublier un seul instant tout les troubles qu’il peut ressentir vis-à-vis de sa meilleure amie. « T’as vraiment envie de me faire confiance pour trouver le prénom de ton enfant ? Parce que ça peut donner des résultats assez bizarres, tu parles quand même à quelqu’un qui s’appelle ‘Augustin’. » Il préfère rire lui-même de la situation, il préfère mettre cette petite légèreté dans la conversation plutôt que de se lancer directement dans des discourt sérieux. Il ne sait pas comment ce genre de choix se fait, il ne connaît pas le mode d’emplois des parents, et visiblement Azel n’en savait pas plus que lui. « J’ai envie d’un beau prénom, d’un prénom unique, même si ça ne rentre pas dans ce qui se fait d’habituel. »

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Azel Novak

Azel Novak
lost souls in revelry

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je ne sais plus si j'ai mal ou si c'est l'habitude.

Je suis assise par terre, en tailleur, comme avant, comme au bon vieux temps. Je souris. Un grand et beau sourire. Je suis heureuse, là, comme ça, et l'espace d'un instant je ne pense plus à rien. Ma main encore dans celle d'Augustin, je me replonge alors des années en arrière. Rien n'importait vraiment, à cette époque. L'innocence même. L'insouciance, toujours. Il s'assoit, et il me dit de ne jamais le faire toute seule. M'asseoir. Je rigole, faiblement. « Oh, je n'y comptais pas. » Je repense à l'incident d'il y a à peine deux semaines, quand je suis tombée au plein milieu du supermarché. Et que je ne suis pas arrivée à me relever. Et que tout le monde me regardait. Je ne voudrais risquer cette humiliation à nouveau pour rien au monde. Et je sais qu'en tentant de m'asseoir, par terre, sans demander d'aide, ça pourrait très bien m'arriver. Je relâche la main d'Augustin, et pose la mienne sur mon ventre. Je me demande si bébé nous entend parler. Réfléchir à son futur prénom. Ce serait drôle, qu'il comprenne. Qu'il sache, en avance, comment il va s'appeler. Mais bon, personne ne s'est jamais rappelé d'aussi lointains souvenirs. Je n'ose même pas imaginer quel sentiment cela ferait. De se remémorer notre séjour dans un ventre. Je pouffe à la pensée. « T’espère me dégoûter, mais ça va pas être aussi facile. Je vais bien m’occuper de toi, tu manqueras de rien. » Je secoue la tête en souriant. Il est incorrigible. Dans un sens, ça me fait plaisir, qu'il soit là pour moi. Je sais que je n'aurais pas à vivre mes derniers jours de grossesse seule. Mais de l'autre, je suis terriblement gênée. Je ne sais pas trop pourquoi, exactement. Mais je crois que ça a rapport avec le fait que je porte son enfant, dans mon corps. Avant, quand il n'y avait que lui et moi, c'était différent. Il prenait soin de moi, et j'essayais de prendre soin de lui, à ma manière. Sans ambiguïté, en pure amitié. Mais, là, tout a changé. Tout a changé, et rien n'a changé. Il est toujours mon ami, mon meilleur ami. Et il n'y a aucune raison pour que nous n'agissions pas comme auparavant. Pourtant, il était en moi, à un moment. Et, qu'on le veuille ou non, ça vous change une femme. Un homme, peut-être aussi. Plus rarement. Alors, l'ambiguïté est là. Peut-être à cause de lui, peut-être à cause de moi. Et je suis gênée, qu'il me voit dans une mauvaise position, qu'il m'aide trop, qu'il m'assiste, trop. Comme j'étais gênée que n'importe quel petit ami que j'ai eu me voit dans une mauvaise position, m'aide, m'assiste, trop. Je ne saurais dire pourquoi. Inconsciemment, je dois avoir un statut différent. Je fixe le bout de mes doigts. J'espère que toute ce malaise finira par disparaître. Que quoique nous devenions, lui et moi, ensemble, ou pas, je n'aurais plus tout cet embarras. Je plonge mon regard dans le sien, et quand il se met à parler, je me mets à oublier. Encore. Mes soucis. J'oublie tout, quand je le vois. Ses yeux bleus, sont regard perçant. Transperçant, mon cœur, mon âme aussi. Je souris. « Bien sûr que je te fais confiance pour ça. Au contraire, je compte bien pour que quelqu'un qui s'appelle Augustin ne me trouve pas comme seuls prénoms pour son enfant, Mike ou Beverly. Et puis, c'est ton enfant à toi aussi. » Je rigole, et je crois qu'Augustin se détend un peu. J'aimerais tellement, tellement le revoir insouciant. J'arrive à l'être, moi, parfois. Dans certains moments. Avez Zoe. Comme je l'étais, avec lui. Avant. Maintenant. Je veux retrouver cette complicité qu'on avait. Et qui est sûrement, certainement, encore là. Au fond de lui, au fond de moi. « J’ai envie d’un beau prénom, d’un prénom unique, même si ça ne rentre pas dans ce qui se fait d’habituel. » Je hoche la tête en souriant. Moi aussi, je veux ça. Un prénom beau comme la lune. Que personne d'autre n'a eu, que personne d'autre n'aura. « Je peux me lancer dans l'invention, mais il ne faut pas se moquer si le premier essai est un peu raté, hein ? » Je commence à réfléchir, tantôt les yeux aux plafonds, tantôt posés sur Augustin. Un sourire toujours au coin des lèvres. Je ris, un peu. Ça devient presque un jeu. « Je vais commencer par les filles. » Je me mords la lèvre, hésitante. « Mania. Evi. Plume. Abym. » Je m'arrête, brusquement, et fronces les sourcils. Je dessine des courbes aléatoires au sol, du bout du doigt. « Notre bébé... il aura ton nom de famille ? » Je relève la tête vers lui. Je n'y avais jamais pensé jusqu'à présent, je crois, mais maintenant qu'Augustin est là... c'est sûrement son nom que l'on donnera. Ça ne me dérangerait pas. Au contraire.
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