~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Ma vie au lycée ? C'était... C'est grave si je dis que ce sont les meilleures années de vie à mon âge ? Parce que c'était plutôt épique cette période quand j'y repense. Enfin, comme la plupart des gens j'ai envie de dire avec le bac et tout. J'étais jeune, plein de fougue et d'amis à n'en plus finir... Et le début des petits tracas de la vie, mais ça on en reparlera plus tard. Peut-être, si j'ai envie.
Donc le lycée. Je ne sais pas pourquoi, mais les gens avaient tendance à nous prendre pour des fainéants. Bon c'est vrai que Mad' et moi on s'en foutait un peu, mais quand même. On bossait hein ! On allait en cours, on écoutait les profs - j'écoutais plus que lui soit dit en passant. C'est juste qu'il me déconcentrait avec ses messages. - et tout le tralala. Il est vrai aussi qu'on était les clowns de service et ça ne dérangeait pas plus que ça les autres de la classe. Après tout, ce n'était pas à cette époque qu'on allait devenir des adultes, hein. On... J'avais tout de même le droit de faire autre chose comme des sorties entre potes, exaspérer les profs, faire des conneries aux heures de colle, tenter de piquer les filles de mon frangin tout simplement parce qu'elles me prenaient de temps en temps pour lui. Ce qui, pour les filles ne me dérangeait pas mais pour les mecs, c'est une autre histoire. Bref, tout était plus intéressant que de passer mon temps, la tête dans des bouquins… Alors, on a profité un max. Enfin je veux dire, j'ai profité un max. On parle de moi là ! Hahah.

Ça me fait penser à mes parents, les pauvres. Contrairement aux autres, ils étaient plutôt cool sur les études. Sauf en terminal. Là ils se sont transformés en harpies radoteuses. Comme les autres parents quoi, bonjour l'ambiance à la maison. J'avoue que peut-être. S'ils n'avaient pas été tellement sur notre dos, on n'aurait pas eu une moyenne aussi élevé au bac. Oh ouais, je les aime ces fous. (À part pour nos prénoms, là je me dis qu'ils étaient complètement à l'ouest pour oser nous appeler comme ça.). Mais qu'est ce qu'on leur a fait voir de toutes les couleurs.


     ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Oh la question qui tue tout ! Vous en avez d'autres en réserve comme celle-là ? Histoire que je me prépare mentalement. Hum, ouais. Ouais ça va, je me sens heureux globalement. Pourquoi je ne le serais pas, en même temps ? Je veux dire, j'habite en colloc' avec mon frère, je sors quand je veux et idem pour rentrer. Je peux traîner dans mon lit autant d'heures que je veux. J'ai un petit boulot et tout. La liberté en somme. Il y a bien pire comme situation que la mienne, non ? En principe je ne devrais pas me plaindre, mais qu'est-ce que c'est compliqué la vie d'adulte ! C'était mieux avant quand je n'avais pas de décisions à prendre et qu'il n'y avait pas de conséquences irréversibles.

Honnêtement, je me dis que ce n'était pas si mal la vie à la maison. Mais je ne le dirais pas à mes parents que là je croule sous un tas de trucs inimaginables et Maddox m'aide pas vraiment (Si tu lis ce message Mad', c'est à ton tour de faire la vaisselle ! Et la bouffe tiens, j'ai la flemme de le faire !). Et pu...rée qu'est-ce que c'est chiant les cours, si on peut les appeler comme ça. Parfois, je me dis que je me suis gouré quelque part, que je devrais faire autre chose, tout envoyer valser pour élever des lamas au Pérou. Mais je n'ai ni la force et encore moins l'envie de m'y mettre. Bosser à plein temps, non merci.

Pour résumé, entre les cours, le travail qui doit être fait individuellement chez soi et les heures de taff, je ne vois pas la fin. On n'a plus le temps de faire ce qu'on veut avec ses horaires de fou, alors les virées entre anciens potes... Je peux vous dire qu'ils ont drastiquement diminuées. Du moins, les miennes en tout cas. L'autre s'éclate plus que moi. C'est suspect si vous voulez mon avis... Oh, c'est peut-être pour ça que nos parents nous demande souvent si ça va ?!

En plus Mad' il déconne grave à faire n'importe quoi avec n'importe qui. On se prend la tête sans réellement le faire. Ou bien c'est moi qui m'imagine des choses, ce que j'espère. C'est un peu zarb comme situation. Avant c'était plus facile de savoir ce qu'il pensait sans qu'il ait à le dire. En même temps, j'ai grave déconné aussi. Je n'aurais peut-être pas dû le forcer à quitter la maison. J'avoue que j'ai une part de responsabilité, mais ce n'est pas entièrement ma faute.


     ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
"Quand je serais un adulte, je vivrais dans une maison que j'aurais achetée en travaillant durement à mon petit boulot de reporteur. J'aurais un chien et trois enfants qui courront dans le jardin. On pourra entendre leurs rires de l'étage... Oh, et j'aurais une petite femme. Une bombe atomique, rousse qui sentirait bon la fleur du soleil..."

Quoi, elle ne vous plaît pas ma rédaction d'école primaire ? Bande de rabat-joie, j'ai mis des heures à la retrouver pour vous pourtant ! Admirez au moins la poésie, la rythmique de mes phrases. C'est si mélodique. Un pur chef-d'oeuvre... Mais non, je ne cherche pas à contourner la question ! Puisque vous tenez tant à savoir, non, j'en ai aucune idée ! Je ne sais même pas ce que je mangerais la semaine prochaine, alors mon avenir dans dix ans. C'est trop loin dans le temps ça ! J'ai encore le temps pour y réfléchir. D'abord, si j'ai mon diplôme ça sera déjà bien, vous croyez pas ? Chaque chose en son temps. C'est petit à petit que l'oiseau fait son nid. Ou un truc comme ça... Hey, mais on s'en fiche de la citation exacte ! Vous me faites dériver ! Donc je dois quand même vous donner ma vision de mon avenir dans un monde idéal c'est ça ? Bon okay, je veux bien essayer, mais ça sera court.

Une chose est sûre c'est que même si j'aimerai de tout coeur rester ici, avec mon diplôme d'arts en poche, c'est mort. Je me vois plus faire le nomade qui prend des photos aux quatre coins du monde qu'autre chose. Bon bien sûr, il n'est pas envisageable que j'aurais un petit trois pièces ailleurs qu'à White Oak Station. Quoique, un photographe peut être riche et célèbre. Dans ce cas, ça sera une grande maison ! Oh, je vais aller repérer quelques-unes tout de suite, tiens ! Avec Knacki parce que deux artistes qui vivent ensemble, c'est plus classe !

Alors c’est moi l’auteur qui va parler de son histoire parce que Nowell est totalement pas objectif sur les évènements de sa vie et qu’il s’emporte légèrement voire carrément sur certaines parties de son existence.

Il était une grande fois, les Hammer.
Les Hammer étaient composés de Maman Hammer, Papa Hammer et de Easter Hammer, la fille. Oui vous avez bien lu, Easter. On aime l'originalité dans la famille. Bref, les Hammer vivaient à Bristol en Angleterre. Elle s'agrandit avec la venue des jumeaux Maddox et Nowell. C'est eux qui nous intéressent, bien sûr. Vous l'aviez compris parce que vous suivez, n'est-ce pas ? Bref, ils grandirent et s'entendirent si bien qu'ils firent tout d'ensemble en particulier les quatre cents coups. Tout ceci faisait la joie de leurs parents qui les voyaient en pleine santé, ce qui ne les empêchèrent pas de les gronder de temps en temps. En particulier lorsqu'il était l'heure d'aller en cours.

- Ça suffit ! Maddox et Nowell, donnez-moi vos carnets !
- Mais c'est lui qui a commencé ! ... Hey ! Répondirent en parfaite synchronisation les jumeaux, ce qui fit rire leurs camarades de classe.

Les voilà à l'école primaire et comme d'habitude, ils se faisaient disputer par leur maîtresse qui les avait surpris une fois de plus en train de faire les pitres dans son dos. Oui, ils étaient comiques même quand ce n'était pas volontaire depuis leur plus tendre enfance. Que voulez-vous, le talent ne s'apprend pas forcément, il peut être inné. Ce fut ainsi tout le long de leur scolarité, mais personne ne s'en plaignit, bien au contraire. Ils étaient aimés de tous, même les enseignants les trouvaient attachants, malgré leur manque flagrant d'attention, c'est peu de le dire. Mais passons sous silence le reste de leur enfance qui n'est pas aussi intéressante qu'il n'y parait pour aller à leur première année au collège, car en une année, tout bascula, mais alors absolument tout.

Le père fut muté dans une petite ville au Canada pour une raison obscure. Seulement il semblerait que cela avait été une offre qui ne se présentait qu'une fois dans une vie, alors il ne pouvait refuser. Comme la mère n'était que l'ombre d'elle-même sans son mari, elle décida de le suivre. Sauf que, héhé, ayant des enfants scolarisés et en pleine année scolaire de surcroît, cela ne pouvait pas se passer pas comme prévu. Et puis, soyons sérieux, le grand froid canadien ne l'aida pas à convaincre trois gosses à quitter leur petite vie tranquille, en plus de ne pas avoir de maison adéquate pour accueillir trois personnes de plus. Elle dut attendre la fin de l'année avant de pouvoir emmener le reste de sa famille dans ses valises.

- Ils ont osés faire ça ! À nous, les Hammer ! Oser nous mettre dans deux classes différentes. Je m'en remettrais jamais. On n'a jamais été séparé maman, il faut que tu fasses quelque chose !

Maman Hammer soupira après avoir écouté la longue plainte que son plus jeune fils lui rabâchait à l’autre bout du fil.

- Écoutes, ça vous fera le plus grand bien d'être séparés un peu. Vous êtes tout le temps fourrés ensemble, à votre âge vous devriez commencer à faire des choses individuellement. Sans compter sur le fait que vous serez enfin plus attentif en cours.

Il était conscient qu'ils dramatisaient tout quand quelque chose ne leur plaisait pas et cela ne dérangea pas plus que ça Nowell d'être ainsi s'il obtenait ce qu'il voulait au final. Il savait que ça marchait... De temps en temps... Parfois. Non, c'était une cause perdue d'avance mais qui ne tente rien n'a rien.

- Mais maman, on suivait les cours ! Et ce n'est pas ça le problème ! Ça facilite pas notre intégration cette histoire...
- Tu sais que je suis en train de bosser là ?
- Mais c'est super important, faut agir tout de suite ! Ça...
- Continues comme ça et c'est dans deux chambres séparés que vous dormirez à partir de ce soir. lâcha sèchement sa mère.
- À ce soir maman.

Remettons-nous dans le contexte, sinon vous n'allez rien capter. Le drame arriva en 5ème, dès le premier jour de classe au Canada.
Au début, Maddox Et Nowell ne comprirent pas tout de suite pourquoi leurs noms apparaissaient sur deux listes de classes différentes. Déjà qu'ils devaient s'habituer à ne plus être dans le même pays donc de changer de mode de vie, les voilà qu'on les séparait directement. S'en était un peu trop pour eux, étant tellement habitués à être constamment ensemble, à tout partager et à affronter la vie en parfaite symbiose. Cependant, ils durent vite se rendre qu'à l'évidence on les séparait à partir de maintenant. Ce sera chacun pour soi dorénavant. Autant dire que ce n'était pas gagné.

Les trois premiers jours sembla durer une éternité pour Nowell qui en souffrait mine de rien. En cours, il gardait ses distantes avec le reste de la classe, mais il ne tarda pas à attiser leur intérêt avec son accent prononcé et ses quelques difficultés en français; attirant instantanément les ferveurs de ses nouveaux camarades qui en firent leur coqueluche. En particulier Dylan et une certaine Leslie. Il se souvint qu'il n'arrêtait pas de les observer, car contrairement à son frère et lui, ces deux-là furent toujours placé dans la même classe. Du coup, Nowell les enviait. Ce dont il leur fit part le plus naturellement du monde. Depuis lors, ils ne le quittèrent plus.

Avec ces amis, il se sentait proche d'eux surtout quand il leur parlait -sans arrêt- de son frère sans qu'ils se lassent, mais quand son frère était là, il changea de comportement, se montrant joyeux et bien intégré, parlant non stop de ses nouveaux amis et de sa classe pas si inintéressants que ça. Ses nouveaux camarades le taquinaient constamment sur ce changement de comportement. Cela lui faisait doucement rire. À croire qu'il ne voulait pas rajouter sa propre peine à celle de son frère bien visible. Comme si inconsciemment, il lui indiquait la marche à suivre. Oh oui, Nowell aime se sentir indispensable pour son frère et apparemment, cela fonctionna. Pas forcément au début. Mais finalement, tout sembla s'arranger pour le mieux, Maddox ne traînant plus tout seul.

Ce fut à partie de ce moment-là que Nowell ne comprit plus trop ce qui se passa. Tout s'enchaîna beaucoup trop vite à son goût.

Les sentiments ressentis par Nowell sont tellement puissant et fort que je ne puis vous le retranscrire ainsi. C'est pour cela que voici un extrait de son journal intime, qui transcrit PARFAITEMENT ses pensées et son cœur.

Oh journal ! Cher journal...

Si je te racontais ma vie, tu me rirais au nez tellement tu trouverais mes soucis si négligeables. Seulement pour moi, ils ne le sont pas. Commençons peut-être par expliquer ma situation (au passage, ce mot est vilain, mais vraiment hein !).
J'ai un frère, tu vois. Un frère jumeau même. Ces derniers temps... Enfin, depuis qu'il s'est trouvé une espèce de copine pimbêche, on a vachement perdu de notre complicité. Alors qu'avant c'était nous et les autres.

Cette meuf je peux pas l'encadrer. C'est physique, dès que je la vois j'ai envie de lui mettre un tacle dans la gueule ! Elle me nargue quand Mad' a le dos tourné, s'te plaît ! Je la sens pas ! Je crois que c'est une pute. Oh merde je sais ce que je dis ! J'ai des preuves et des témoignages quand même ! Cette Julie, elle balance à qui veut bien l'écouter que les mecs sont faciles à avoir quand on a les bons "atouts". Mais qu'elle aille se faire... Enfin voilà quoi, mon frangin c'est pas une belle poire ! Bon okay, il n'a toujours pas remarqué que c'est louche qu'elle se soit incrustée dans son minuscule groupe de potes là, mais je tolère pas qu'on se foute de notre gueule aussi ouvertement ! Elle pue cette Julie et très fort ! Ça sent le début de la fin pour le gentil Maddox ! Alors, je vais pas rester les bras croisés pendant le carnage.
Sauf que je suis obligé d'agir dans l'ombre, déjà qu'on s'est disputé à propos de son ami pas très net à mes yeux (Plus de disputes, plus jamais quoi !)... J'imagine même pas en ce qui concerne sa "copine".

Leslie m'a dit de ne pas m'en mêler, que ce sont les affaires de mon frangin et tout... Juste non, ça me concerne aussi. C'est moi qui dois la supporter quand elle se ramène dans notre chambre en mini-jupe que je sache. Et elle me nargue je te rappelle ! Comme l'autre jour ! Elle est venue me dire qu'elle n'apprécie pas que j'accapare tout son temps et qu'elle voudrait que je dégage de la chambre quand elle se pointe (Je suis plus sûr si elle l'a dit sur ce ton, mais moi c'est comme ça que j'ai compris sa phrase !)... J'étais là avant qu'elle se pointe comme une mauvaise herbe dans un potager. Dans notre potager ! Et en plus je suis très conciliant avec elle. Pour preuve, je m'arrange pour saboter ses plans avec mon frère seulement de temps en temps.
Sérieusement, il peut trouver mieux que "ça".

Regarde, son amie Alicia elle est pas mal. Enfin, elle est dix fois... Non, mille fois mieux !
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Oh mon dieu Journal ça y est ! Ça y est la pimbêche n'est plus !

Je suis si... Ému. Comme un proche d'un détenu dont on avait rendu la liberté après son incarcération. Après trois mois de souffrance et d'acharnement, Maddox est libre ! Enfin, il était temps ! Bon par contre, il tient à préciser que ce n'est pas à cause de moi qu'ils ont rompus, mais je sais que j'ai participé à ça... Quoi c'est mal de se réjouir de ça ? Mais hahahahahah ! Ça m'est complètement égal, j'en suis fier même ! Extrêmement fier pour dire les choses telles qu'elles sont ! En plus, ça n'a pas l'air de l'avoir dérangé plus que ça, alors je vais certainement pas me sentir coupable ! Maintenant on sort plus ensemble, avec nos amis réunis ! D'ailleurs, la Alicia est complètement folle ! C'est trop bien.

Entre les virées entre amis, les conneries en classe, les délires avec son frère même s'il passait une bonne partie de son temps à aller voir par-ci par là, Nowell ne se rendit pas compte que le temps passait avant qu'il dût entrer au lycée. Au final, pas grand-chose ne changea des années précédentes, bien que cette époque ait été pas mal malmenée par les hormones comme pour celles de son frère. En plus il appréciait Alicia. Beaucoup même. Au point qu'il en était amoureux. Ça crevait les yeux à n'importe quelle personne extérieure à leur groupe, sauf les siens bien sûr.

Je vous rassure, il a fini par s'en rendre compte qu'il était en kiff sur Alicia. À leur rentrée au lycée, après qu'ils eurent passés quelques jours d'été au pays natal. Lorsqu'il la revit, c'était comme une évidence. Vous savez, ce genre de truc qui prend au coeur sans qu'on sache si c'est une attaque cardiaque ou autre chose qui expliquerait ce soudain changement de perception de la vie... Mais il ne pouvait pas, c'était l'amie de son frère. La meilleure amie de son frère. Alors, il n'en était pas question par principe. Lui-même se l'était imposé alors que personne ne lui avait dit quoi que ce soit, bien compliqué qu'il est. Et comme un imbécile heureux, Nowell resta comme cela un long moment, à s'en rendre malade.
Alors pour l'oublier, il se contenta de sortir avec les filles qui lui demandaient et qui voulaient bien de lui. Et même parfois, il prenait les supposés amoureuses de Maddox qui n'étaient toujours pas fichus de les distinguer. Nan en fait, il piquait les filles de son frère pour qu'il calme ses ardeurs sulfureuses. Généralement, il ne tardait pas à se faire plaquer parce qu'il était très différent de l'image qu'il dégageait - ou de l'image qu'elles se faisaient de lui sans doute en rapport à son frère, allez savoir. Certes, il aimait dragouiller à droite à gauche, mais ça ne dépassait jamais plus que de simples baiser ou des mains baladeuses. On est loin de la frivolité de son jumeau. Après tout, il n'allait pas se forcer à faire des choses qui pourraient donner des faux espoirs. Paradoxe à lui tout seul, je vous ne le fais pas dire.

Puis l'histoire se répéta pratiquement quand une fille entra dans la vie de Maddox. Ou plutôt, lorsque ce dernier fit irruption dans la vie de la demoiselle. Sauf que là, c'était totalement différent d'avant, si bien qu'il ne pouvait rien faire. Nowell voyait bien comment il la regardait. C'était tellement différent de ses relations d'avant. En comparaison, la Julie, ce n'était que de la nioniotte. Il lui était juste impossible qu'une autre personne puisse se mettre en eux deux. De cette manière en tout cas. Cela ne lui avait tout simplement jamais traversé l'esprit qu'une chose puisse exister. Au tout début il se sentait en colère, triste puis joyeux, mais cela lui passa rapidement, ayant lui-même ses propres problèmes de cœur.

Il en avait presque oublié son frangin. Jusqu'à ce qu'il se ramena un jour avec une tête qui pouvait aisément rivaliser avec les zombies de la série en vogue qu'il était en train de regarder. Il ne lui fallut pas grand-chose pour comprendre ce qu'il s'était passé. Maman Hammer leur avait montré un nombre incalculable de fois cette expression durant l'année où elle était séparée de leur père. Il savait ce qui lui restait à faire. Mine de rien, il se faisait du soucie pour lui... Malgré le tourbillon de sentiments contradictoires l'animèrent. Un sacré mélange entre soulagement et peine de voir ton frère aussi meurtri. C'était à la fois plaisant et dérangeant. Son cerveau était déconnecté, il avait quitté le navire. Quoi qu'il en soit, il ne pouvait pas laisser son alter ego tout seul. Après tout, il connaissait ce sentiment. Comme l'autre fois, lorsque Alicia lui avait ri au nez quand il lui avait avoué ses sentiments, un peu sans crier garde... Oh il s'était bien gardé de partager ce qu'il avait ressenti tout simplement parce qu'il n'avait toujours pas capté ce qu'il s'était passé. C'est la raison pour laquelle il s'était retrouvé officieusement en couple avec Hadrien, un gars qu'il voyait de temps en temps seul.

Il lui arrivait de traîner avec lui parfois, tout simplement parce que Nowell pouvait rester muet comme une tombe en sa présence, laissant Hadrien le plaisir de sortir tout ce qui lui passait dans la tête sans qu'on lui demande de se taire. Il était joyeux mais légèrement collant. À force de le voir courir après lui, il céda à sa énième proposition, se disant que qu'il n'y avait que les imbéciles qui ne changeaient pas d'avis. Ce ne fut qu'à partir du moment où il vit que ça devenait bien plus sérieux qu'il le pensait, un mois et demi après, il le quitta. Sa plus longue relation. Avec un mec de surcroît. C'était le monde à l'envers. Ou le sort c'était retourné contre lui, cela ne pouvait être qu'autrement.

Bref, toute cette réflexion l'empêcha tout de suite de réagir intelligemment lorsque Mad' l'embrassa. Okay, ouais, son frère l'avait embrassé, et alors ? Ce n'était pas comme si cet acte allait entrainer la fin du monde, si ? Et puis, il aimait son frère plus qu'aucune autre personne sur cette Terre. Il en est toujours convaincu d'ailleurs. Alors, pourquoi se prendrait-il la tête ? Et une chose en a entraîné une autre...
Sur le coup, ne se sentant pas d'humeur à être raisonnable, Nowell ne voyait pas ce qu'il y avait de mal à ça, en particulier dans le feu de l'action. Il eut tort. Cependant, ce fut uniquement au petit matin bien difficile autant physiquement que mentalement qu'il le comprit.

Ces derniers temps il agissait comme un vrai con, mais là il avait touché le fond de la bêtise humaine. Rien, absolument rien ne pouvait justifier ce qu'ils avaient fait. Même pas le fait qu'il ne voulait pas le voir pleurer ou bien qu'il eût l'impression qu'il lui sourirait toujours s'il le faisait. Que ce soit qu'il aimait son frère ou que sais-je encore. C'était juste, pas acceptable. Mieux valait tout oublier et ce que Nowell fit. Il était plutôt fort dans ce domaine, d'oublier ce qui le déplaisait.

C'est en écoutant d'une oreille distraite, une conversation de jeunes qui discutèrent de leur avenir et de leur choix de vivre en colocation qui l'amena à avoir cette idée de vivre seul. Ah, elle était belle la jeunesse. Maintenant il rêvait de vivre seul comme ça.

Bien décidé de prendre ses distances histoire de réfléchir à tout ça, loin de parasites extérieures. Mais c'était sans compter sur leurs parents. Au début, ils refusèrent catégoriquement sa proposition, ce qui renforça plus son envie de partir. Le pauvre dût même trouver Easter pour les convaincre. Son frère lui, restait très en retrait de cette histoire au grand dam de ce dernier. Enfin, il ne le resta pas bien longtemps. Lorsqu'ils imposèrent à leur fils de vivre avec son frère, Nowell y vit un moyen de se rabibocher avec lui, zappant la raison de sa demande. Ce serait l'occasion ou jamais de pouvoir revivre comme avant, de retrouver cette complicité innocente d'autrefois maintenant perdue qui mine de rien lui manquait énormément. Alors, la réflexion pouvait bien attendre son tour. D'ailleurs, cela ne lui avait pas pris beaucoup de temps à le convaincre même si Maddox était très réticent au départ. Il dût proposer n'importe quelle condition pour avoir le consentement de son jumeau. Ce fut rude d'accepter d'avoir des chambres individuelles, mais finalement, Nowell obtint ce qu'il voulait après de longues délibérations... Et un maximum de supplications.

À peine leur diplôme en poche et leur entrée à la fac, ils avaient déjà pliés bagages. Nowell se retrouvant donc dans sa chambre qu'il put décorer à sa guise sans se préoccuper du rangement.
Puisque Maddox avait décidé de lui imposer la condition d'avoir des chambres séparées, lui aussi lui en fit part d'une : interdiction formelle de ramener une de ses conquêtes à l'appartement qu'ils partageaient. Ce n'était pas compliqué, il ne lui demandait pas la Lune vu que Maddox se contentait généralement d'aller chez les autres et de revenir tard dans la nuit ou au petit matin. Du coup, eh beh il se retrouvait très souvent seul dans l'appartement. Rien qu'en y pensant, il en avait le cafard.

Tandis que Maddox sortait faire la fête, Nowell lui oscillait entre flâner sur son lit, ses cours et son petit job qui comme d'habitude ne lui plaisait plus autant qu'au début. Au début, il faisait la même chose, c'était trop la liberté quoi ! Mais quand il vit l'impact de ces soirées, il changea très vite de comportement. S'il avait trop de boulot, il n'irait nulle part. Et cette semaine n'échappa pas à la règle. Soupirant pour son manque de vie sociale tout en maudissant ses profs et leurs devoirs astronomiques, il se pencha sur son texte de dix pages qu'il devait lire pour le lendemain. Pendant cinq minutes avant de repartir dans ses rêveries.

Heureusement que son frangin était là sinon, ça ferait une belle lurette qu'il aurait décroché. Ce gars qui passait ses trois quarts de journée à l'extérieur, avait de meilleures notes que lui. Sans déconner, son cerveau n'était pas humain. Comment pouvait-il y arriver à ce miracle sans pour autant travailler vraiment ? Il ne suffit pas plus pour motiver Nowell à se bouger les fesses et faire ce qu'il avait à faire.

Au final, le lycée fut bien compliqué pour lui, mais qu'est-ce qu'il donnerait tout pour pouvoir y revenir à cette période. Ils se disputaient trop souvent à son goût maintenant même si elles ne duraient jamais trop longtemps, trop immatures qu'ils étaient. Elles se réglaient dans les minutes qui suivaient et en fou rires incompréhensibles.

Son esprit divagua ainsi jusqu'à ce qu'il s'endorme sur son texte qu'il avait à peine commencé à lire. Trop barbant, trop fatigué.