~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
le lycée, cet endroit que j'ai si peu visité. les professeurs disaient de moi que j'étais un surdoué, parce que je n'écoutais jamais, que je venais quasiment jamais, mais que je collectionnais les bonnes notes, sans vraiment trop me forcer. le principal me disait que j'étais un petit morveux, un petit con bien trop chanceux et qu'il me ferait dégager dès qu'il le pourrait. je lui ai offert ce cadeau bien rapidement, trop lassé par cet environnement. quant aux élèves, je ne sais pas trop ce qu'il disait de moi. j'y ai jamais vraiment prêté attention. j'étais peut-être le débile, l'asocial, le prétentieux, le sans-ami, le no-life ou je ne sais quoi. je n'ai jamais su et franchement, je m'en fous de savoir. c'est sûr que je n'étais pas l'élève le plus populaire, je n'ai jamais cherché à l'être. au lycée j'ai été ce que je suis maintenant et je peux au moins me venter d'avoir été fidèle à moi-même au lieu de sombrer dans l'hypocrisie permanente qui subsiste en ces lieux. le lycée c'est un truc que je n'ai jamais aimé. parce que trop surfait, trop... trop. là-bas, la plupart des élèves y jouaient leur réputation. ce n'est pas un truc qui me plaisait, ce n'est pas un truc que je voulais. et puis, je ne voulais pas rester posé sur des chaises à écouter les profs bavasser encore des années de plus, je n'en avais ni le besoin, ni l'envie. alors je suis parti, comme à chaque fois qu'une chose ne m'intéresse plus, tout naturellement. sans le consentement de mes parents d'ailleurs, c'était peut-être là le plus gros problème de la chose. ils m'ont mis à la rue, mais je m'en plains pas. j'ai découvert ce que vivait les clochards, ceux que les gens tentent de ne pas regarder pour continuer de se bercer d'illusion en se disant que la vie c'est beau, la vie c'est cool. foutaises.     

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Non. la réponse est claire, nette et précise. je ne le suis pas. alors oui, je peux parfois esquisser un léger sourire, ou même rire. oui, parfois, je peux raconter des blagues, je peux m'amuser, je peux danser et je peux ne pas tirer la tronche et ne pas être agressif, mais ça ne change rien au fait, que je ne pense pas être heureux. la vie est bien trop crade, bien trop moche, manipulatrice et mesquine pour que je le sois. je ne suis pas heureux, quand je pense à la vie que je mène, à la vie que nous menons tous, bien trop aveuglés pour découvrir la vraie cruauté de la vie. nous sommes tous au courant que nous allons mourir, un jour ou l'autre, c'est notre fatalité, alors pourquoi perdre notre temps, à étudier, à travailler ? La société le veut ainsi. elle veut que l'on étudie, que l'on travaille, que l'on se casse le cul au boulot, jusqu'à la cinquantaine, ce moment où on est trop vieux pour tout. je vois pas en quoi je peux être heureux en ça. certains me diront, il suffit de trouver l'amour, et tout ira mieux. j'ai envie de répondre que non. Non. Il y a toujours un début, et une fin. dans les relations amoureuses, c'est une fin souvent chaotique qui part dans les larmes, les cries, les insultes et qui nous brise. être heureux pour être encore plus malheureux par la suite, c'est pas mon crédo.  

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Mort. c'est triste à dire, mais je le pense sincèrement. dans dix ans, j'aurais la trentaine. c'est trop pour moi. c'est tout simplement impossible pour moi, de me visualiser, de me voir, errer dans les rues, avec les premiers signes de vieillesses inscrits sur mon visage. j'admire les personnes qui arrivent à se lever tous les jours, depuis plus de quarante ans, mais je ne suis pas comme eux. je suis un lâche de la vie, un apeuré. je ne me vois pas avec des gosses. je n'en veux pas, pas parce que je ne les aime pas, mais ce serait égoïste d'en faire alors que je sais que je ne veux pas vivre vieux, ce serait égoïste de les faire vivre dans un monde qui ne me plait pas. je ne veux pas de femme, ça me rendra faible, je le sais, je risquerai de vieillir pour ses beaux yeux, avant de me faire jeter comme une vulgaire chaussette, ou alors de me lasser et de la laisser. dans dix ans, je me vois dans une tombe. peut-être dans l'une du cimetière où j'ai bossé. peut-être ou pas. je me serai peut-être vidé de mon sang, ou alors, je me serai tiré une balle dans le crâne, comme ça, facilement. boum. plus tragiquement, pourquoi pas un coup de poignard dans le coeur ? ou alors, un accident de voiture, un grand saut, une immolation, une overdose. je verrai selon mon inspiration, pour le moment, je tente de vivre, c'est assez difficile.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Emilie. ÂGE: seize ans PAYS: France. PRÉSENCE: quand je peux, ça dépend, minimum 3j/7. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? oh, ça fait un petit moment.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? inventé. AUTRE CHOSE À AJOUTER? monsieur madame les admins, vous m'acceptez pour la troisième fois ? oui, j'ai déjà fait quelques passages ici, plus ou moins longs, sans jamais vous prévenir de mes départs, excusez-moi    .

j'étais dans ma voiture, les deux mains bien collées au volant, tu sais, à l'époque, j'étais bien plus jeune que maintenant. ça ne faisait pas longtemps que je pouvais conduire, je n'aimais pas encore faire le fou, à ne pas user de mes mains pour conduire. alors ce soir-là, mes doigts étaient bien posés sur le volant. je revenais d'une soirée étudiante. je sais, j'avais pas l'âge, mais ça ne se lisait pas sur ma gueule, alors j'avais pu y aller. puis paraît que j'avais le charisme et la maturité des gens présents, alors je m'étais d'autant plus fondu dans la masse, à la limite du possible. je te cache pas que ce soir-là, j'avais bu. un peu trop, tu me diras. tu as raison. mais j'étais jeune, encore plus jeune que je le suis maintenant et j'étais con, bien trop con. je pensais être invincible, intouchable, indétrônable. j'étais moi, dean, dans ma petite vie d'adolescent rebelle, la vie était encore haute placée dans mon estime. je pensais à rien, à l'époque. à rien. juste au moment présent. ni au passé, ni au futur. je profitais juste. c'était beau, mais dangereux. ce soir-là, j'avais un peu trop profité, tu le sais bien. un peu bourré,  un peu dragueur. j'en avais embrassé à pleines bouches des filles, j'en avais peloté, tout comme des garçons aussi. l'alcool me rendait généreux. j'étais un peu fou, un peu impulsif, un peu patraque, un peu pas bien. j'ai jamais eu l'âme fêtarde, ce soir-là n'avait pas été une exception. au bout d'un moment, je m'étais lassé, comme je le fais toujours et j'avais décidé de prendre le volant pour rentrer. j'aurais très bien pu utiliser mon portable pour que l'on vienne me chercher aussi. mais je ne savais pas qui contacter. pas ma famille, je ne voulais pas leur adresser la parole. mes plus proches amis étaient avec moi à la fête, la tête dans leurs vomis. alors j'avais décidé de prendre la voiture, personne ne m'en avait empêché de toute façon. il faut dire aussi que la plupart était déjà bien à la ramasse. j'me souviens plus de l'heure exact à laquelle j'étais parti de la soirée, il faisait nuit noire, c'est tout ce dont je me rappelle. je me souviens juste aussi de cette mélodie. cette douce mélodie qui m'avait transcendé. c'était peut-être parce que j'étais un peu bourré, ou peut-être parce que j'avais consommé de la drogue, mais je ne m'étais jamais aussi senti libre et vivant qu'en écoutant cette petite mélodie à la radio. immédiatement, impulsif comme je suis, j'avais lâché le volant pour attraper le petit carnet et le stylo qui traînaient sur le fauteuil d'à côté, pour ainsi écrire les notes de la mélodie. je me sentais libre, je me sentais seul, avec cette petite mélodie, sur la route. je m'étais trompé. à partir de là, tout est un peu brouillon dans mon esprit. je ne me souviens que de quelques images, pas très nettes, mais ça donne quelque chose comme ça :
ma voiture qui dérape, les phares de ta voiture qui m'aveuglent. une collision. puis ton crie, ton terrible crie qui se mélange quelques instants à la mélodie, avant de s'interrompre net. j'étais parti te voir, je voulais te sauver au début, j'étais prêt à tout. mais lorsque j'avais vu ton visage ensanglanté, j'ai tout de suite déchanté. je suis un lâche, excuse-moi. pardonne-moi de m'être enfui. pardonne-moi de t'avoir tué.

en tout cas, si ça peut te satisfaire, si tu peux m'écouter, sache qu'aujourd'hui je rêverai d'être à ta place. je t'ai privé de ta vie, tu me prives peut-être de la mort. ou du moins, tu m'éloignes de la mort, jusqu'au jour fatidique.
si ça peut te rassurer, je n'ai toujours pas oublié l'acte impardonnable que j'ai commis. la douce mélodie me torture toujours l'esprit, dès mon réveil et ce, jusqu'à la fin de ma journée et ce, jusqu'à la fin de ma vie.