Cette jeune fille vient d'une famille banale, bien qu'elle soit adoptée. On l'appelait Jewerly, un prénom peu commun. Malgré ce détail de l'adoption qui pourrait perturber la vie familiale, ce ne fut pas moins le contraire. Monsieur et madame Abberline n'ont jamais pu concevoir un enfant de par la stérilité de madame. Ils avaient donc attendu longtemps un enfant, durant quatre longues années et elle était enfin arrivée. Cette petite fille avec ses cheveux roux et cette bouche si souriante. Jewerly n'a jamais manqué de rien. Elle n'était pas moins la fierté de ses parents.
Pourtant, au fil du temps, Jewerly voyait sa vie devenir un cycle infernal.
Pour rendre un parent heureux, certains enfants feraient n'importe quoi, même a caché les secrets les plus douloureux. Les bonnes notes et les appréciations des professeurs, c'est ce qui rendaient heureux les parents de Jewerly heureux. Cela, elle l'avait vite compris. Les insultes, les moqueries et la jalousie, ça elle ne l'avait sans doute pas prévu.
Au collège, on lui avait laissé du chewing-gum dans les cheveux. Un cadeau de dernière année. On avait du lui couper les cheveux par la suite. Jewerly avait espéré tant de changement pour ses prochaines nouvelles années de lycée. Tandis qu'elle voyait ses cheveux tombés sur ses épaules, elle pleurait de perdre cette si longue chevelure qu'elle affectionnait tant. Lorsqu'elle commençait sa première année, elle rencontrait Toby. Cet enfant perdu, comme dans les histoires de Peter Pan. Cet être paumé par la vie qui ne connait plus son chemin. La jeune fille n'a jamais su pourquoi il l'aimait tant être en sa compagnie. Sans doute ne le comprendrait-elle jamais après tout.
▬ Tu ne devrais pas rester seule... Viens avec moi.
Les premières paroles de Toby adressées à Jewerly. Ils ne se rendaient pas compte que cela allait entraîner une longue amitié en perspective. Une grande amitié, certes, mais qui était parsemée d'embûches.
Une année passa alors qu'une fissure s'était mise entre eux. Jewerly n'était pas d'une nature sociable au contraire de Toby. Il était toujours entouré. Et c'est sans doute cela qui provoquait cette seconde fissure que Jewerly avait senti en toute première. Alors qu'elle s'éloignait, il semblait que le rire du jeune garçon résonnait dans le brouhaha de la cour. Jewerly se sentait si inférieure à ces personnes, qui la rejetaient sans cesse alors que son unique ami semblait ne rien voir. Alors, c'est naturellement qu'elle avait prononcé ses mots.
▬ On devrait arrêter de traîner ensemble.
▬ ... Arrête de dire des conneries. T'aime pas quand on est ensemble ? Si c'est à cause des autres, j'irais leurs parler.
▬ Tu ne devrais pas...
▬ Si, j'insiste ! T'es une fille bien. Ils t'accepteront.
Un jeune garçon si optimiste. Mais ce monde ne marchait pas ainsi. Les plus forts survivent. Les plus faibles mouraient. Jewerly se situait entre les deux. Elle ne saurait pas vous dire quand est-ce que sa vie avait empiré. Elle avait espéré un nouveau commencement au lycée, loin des personnes qui l'avaient connu. Alors, Jewerly avait aperçu d'autres regards, ceux qui donnent des frissons. Ces filles qui se pavanaient près de son ami et qui l'éloignait aussitôt.
Jewerly n'avait jamais su si Toby avait réellement eu une discussion sérieuse avec ses amis à son sujet. Mais un jour, tout recommençait, en quelques choses de bien pire qu'elle-même n'aurait jamais pensé. Subissant la colère de ses filles, une fissure béante était alors née entre les deux adolescents. Tandis que l'une s'éloignait de plus en plus, l'autre ne comprenait plus ce qu'il se passait autour de lui.
Tout n'était qu'un spectacle. Et un jour, comme si le destin l'avait prédit, ils étaient devenus étrangers l'un pour l'autre. Cela pourrait sembler égoïste de la part de Jewerly d'avoir voulu s'éloigner pour qu'on puisse ne plus la frapper. Mais tout ceci à continuer, bien malgré elle.
Puis, une lettre la prit au dépourvu. Une lettre comme on en voyait dans les films à l'eau de rose. Une lettre d'amour. Le piège était là. Le dernier pour l'achever une bonne fois pour toute. Elle n'y avait pas vraiment cru. Alors qu'est-ce qui l'avait poussé à se rendre à ce rendez-vous anonyme ?
Alors, elle se trouvait ici, derrière le gymnase à attendre. Longtemps. Et la pluie tombait alors que son corps soudainement partait en arrière, les vêtements mouillés par la pluie et la boue et les éclats de rire de ses camarades. Un cadeau de dernière, avaient-ils ajouté entre deux ou trois rires. Puis la petite fille se relevait. Les yeux rivés sur ses chaussures, tout le temps sur ses chaussures. Alors entre deux larmes, elle hurla, comme pour se donner du courage, se jetant sur une première personne. Elle détestait les cheveux blonds et ce visage si peu angélique de cette fille. C'est sans doute pour cela qu'elle avait éparpillés de la boue sur ces vêtements et son visage qui n'affichait que du dégoût. Jewerly s'était défendu pour la première fois, mais ce ne fut pas moins une horrible défaite. Elles étaient cinq, elle était toute seule.
▬ Je me suis alors dit... Pourquoi ne pas disparaître ?
Cette idée avait eu le temps de s'intégrer dans son esprit. Et cette nuit, tout semblait s'éclairer. Ses parents parfaits qui croyaient naïvement qu'elle allait bien, cet ami, beaucoup trop aveugle et avide de son propre bonheur pour voir ce qui se passait réellement derrière son dos. Et ce fut trop pour son Jewerly. Ce fut la fissure qui la brûlait, la consumait bien trop vite pour dire stop.
Ce fameux jour, elle était seule lorsque sa lame s'était appuyé sur sa peau pour tracer la ligne fatale.
RéveilMais vous y avez cru. Alors, si le destin a voulu que je reste en vie, c'est sans doute parce que ces personnes, tous autant pitoyable, étaient trop faible pour me voir au fond d'une tombe, ou pas assez fort pour que j'y mette fin. Alors regardez-moi, ces yeux en vie vous sont destinés. Il fallut deux années à Jewerly pour se remettre de ses années de calvaire. C'est sa passion qui la sauva : la peinture. Ses oeuvres n'avaient jamais été vu de personne. À présent dans une école d'art, elle ne cache plus ce don qu'elle avait depuis petite exercée sans oser les montrer. Et c'est ainsi qu'elle avait pris un nouveau départ et cette fois-ci, un vrai départ. Une nouvelle identité à se donner, un changement radical de ce qu'elle était avant, tellement qu'on ne pourra plus la reconnaître aujourd'hui. Elle s'exprime à travers son don. Elle travaille difficilement. Plus pour les autres, mais pour elle-même.
Tout dans sa personnalité d'aujourd'hui inspire la solitude et un mystère étrange autour de cette personne. Personne ne peut voir les petits détails. Mais même si c'était le cas, personnes n'oseraient lui demander d'où vient cette cicatrice sur les veines de son poignet gauche.