I feel like I know you even if I know I don't ..
J’ouvrai la porte de ma résidence alors qu’une sensation de soulagement étreignait mon corps. Je venais d’avoir à l’instant un cours de théorie dans l’amphi et même si ce n’était pas un cours portant sur la physique quantique, il avait tout de même été épuisant. Passant devant mon bureau – que je n’avais toujours pas pris la peine de ranger –, je déposai mon sac de cours sur mon lit sans faire attention aux affaires de mon colocataire. Je ne l’avais pas vu depuis un bout de temps, probablement depuis avant-hier, ce qui était assez long vu le temps durant lequel j’étais dans cette chambre. Après avoir allumé le poste radio, je me mis à vider mon sac pour ensuite chercher des documents dans le fouillis qu'était mon bureau. J’avais un travail à rendre pour la semaine prochaine qui allait me prendre quelques heures de mon temps libre, j’avais donc décidé tôt dans la matinée de le commencer aujourd’hui étant donné que je n’avais rien de prévu. Ce ne fut qu’au bout de cinq minutes que je trouvai ces feuilles qui m’étaient nécessaires pour mon projet. Après les avoir fourrées dans mon sac avec mon ordinateur portable, je décidais de prendre une douche rapide. Lorsque j’eus pris les vêtements que j’allais mettre – une simple chemise blanche accompagnée d’un jean crème et d’une paire de tennis noire – je me dirigeai vers la salle de bain. J’en ressortis tout propre un quart d’heure après.
“Like a virgin, yeah ! Touched for the very first time… Like a vir..gin…” fredonnai –je tout en ayant conscience de faire très… gay – avouons-le – sans pour autant m’arrêter. Lorsque la musique fut terminée, je mis mon trench et mon écharpe puis partis sans oublier mon sac.
Alors que je traversais le couloir, un étudiant dans la même filière que la mienne m’interpella
« Hey Wald ! Y’a une fête ce soir sur l’campus. Tu viens, pas vrai ? » Même si j’étais tenté de décompresser et de rencontrer de nouvelles personnes – même si elles allaient probablement être déchirée à ce moment-là – je ne pus que décliner sa proposition, ayant un cours assez tôt le lendemain matin où je ne pouvais ni me permettre d’être en retard, ni d’y assister avec une gueule de boit, principalement à cause du professeur qui était un vrai salaud qui aimait rabaisser les étudiants dès qu’il en avait l’occasion.
« Rho aller s’te plait ! Y’aura plein de belles filles en plus ! » Je me mis à rire avant de répliquer d’un ton léger :
« C’est pas ça qui va me faire venir ! Bon je te laisse, j’ai un truc à faire ». Je m’éloignais de lui avant qu’il me pose des questions. Je n’aimais pas vraiment déballer ma vie privée, ce qui était assez ordinaire pour la plupart des gens et non pour d’autres. D’autant plus que ma bisexualité m’avait donné un avant-goût de ce que certaines personnes étaient capables de faire face à la différence, pas la peine de le montrer à tout le monde et puis ce n’est pas comme si cela les concernait. Je sortis rapidement mon portable pour envoyer un message à « Inconnue », la personne qui m’avait envoyé quelques semaines plutôt un SMS par erreur et avec laquelle j’avais continué à discuter malgré tout, à croire que ce genre de choses m’arrivaient souvent.
« Aujourd’hui, un beau mec m’a invité à une soirée. Son argument principal était qu’il y aurait plein de « belles filles ». J’ai donc à présent la certitude qu’il ne possède pas de gaydar* (même si je ne suis pas totalement gay xD) parce que j’aurai plus été convaincu par « il y aura l'élu de ton cœur »… VDM ». Je lui envoyai puis me dirigeai tout naturellement vers la sortie. Par chance, je n’avais pas croisé Ruben durant mon trajet. Pas que je n’aimais pas le voir, c’était même le contraire ! Le problème était après l’avoir vu, imaginant à chaque fois changer le court des choses en lui avouant mes sentiments à son égard, je n’arrivais pas à me concentrer avant une bonne heure, de ce fait je n’aurai jamais eu la force de commencer mon devoir, trop désireux d’imaginer ses yeux pétillants, encore et encore. Sans y faire attention, mes pas me menèrent jusqu’à ma destination, le café internet. Après avoir commandé un chocolat liégeois et un cookie, je me dirigeai vers le fond de la salle pour plus de tranquillité.
*radar gayCode by Silver Lungs
Accueil 
« Allez Lucy .. c'est le moment d'aller chez Tante Sara! » Je remontais la fermeture éclair du manteau de ma petite sœur avant de la prendre et de la caler contre ma hanche droite, attrapant mon sac. Je n'avais qu'une ou deux heures de boulot aujourd'hui mais je ne comptais pas revenir ici de sitôt. Il avait encore fait le con hier soir et m'avait empêcher de dormir jusqu'à 3h30. La petite avait eue plus de chance que moi côté sommeil et c'était l'important. Sara était vraiment gentille de la prendre autant. Elle voyait bien que j'avais besoin de temps pour moi. Elle était la seule agente que je tolérais et à qui je pouvais parler. Elle savait tout à propos de mon charmant colocataire. Nous ne pouvions pourtant rien dire aux dirigeants car nous n'avions aucune preuve qu'il était néfaste pour moi et la petite. Alors Je vivais le plus loin possible de l'appartement. Il m'arrivait parfois de dormir chez Sara, mais je ne voulais pas m'imposer. Puis quand je ne dormais pas, j'étais sur la patinoire. Je ne voyais pas le temps passer quand j'y étais et le gardien était assez gentil pour me laisser faire ce que j'avais à faire le temps que je voulais. Mes patins étaient déjà dans ma voiture, mais je savais que je n'irais pas tout de suite après le boulot. J'avais envie de décompresser d'une autre manière et de me rendre dans un lieu que les jeunes de mon âge fréquentais. J'oubliais parfois (souvent) que j'étais aussi une jeune femme qui débutait dans la vie et qui avait plusieurs années devant elle. Je devrais être à l'université, aller à des fêtes et boire .. je devrais faire des conneries, mais évidement, je ne pouvais pas le faire. Ce n'était pas une option pour moi. Je devais conserver une discipline autant pour ma petite sœur que pour moi. Quelque chose qui m'avait permis de décompresser dans les dernières semaine était cette personne avec qui je m'étais mise à discuter après m'être trompée de numéro en voulant envoyer un texto à Sara. La personne m'avait répondue et nous avions commencer à discuter sans se demander quoi que ce soit de personnel. Ça me faisait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler sans avoir à me soucier de ce que cette personne pouvait penser de moi .. Je n'avais eue aucune difficulté à me dévoiler à cette personne, sentant que je pouvais lui faire confiance malgré le fait que nous ne savions rien à propos de l'autre , même si en même temps nous en savions beaucoup. 
