IN THE DARK I HAVE NO NAME ✚ Le bruit de douces respirations retira la jeune femme étendue sur le lit chambre 175 de son profond coma. C'était les premiers sons qu'elle avait entendus, tout du moins. Son corps ne lui faisait pas mal, mais la jeune femme avait peur de bouger. D'ouvrir les yeux. Alors, elle les garda fermés, calant sa respiration sur celle qu'elle entendait. Deux voix. La patiente sursauta. Du Suédois, ils parlaient Suédois. Elle n'avait aucune idée de comment elle le savait, mais c'était le cas. Ouvrant ses lourdes paupières, la jeune femme scruta la pièce ignorant tout bonnement où elle se trouvait tandis que les premières notes d'une musique retentirent et qu'une personne de sexe masculin se tenait juste à côté de la source du bruit.
J'espère que cela ne te dérangera pas ... Sa voix était douce, pleine d'espoir comme si en fait il espérait le contraire. Le connaissait-elle ? Aucune idée.
« Take me out tonight, where there's music and there's people who are young and alive. Driving in your car I never never want to go home because I haven't got one anymore ... » Ses cheveux, apparemment bruns, retombèrent sur ses bras tandis qu'elle secouait légèrement sa tête en entendant les premières paroles chantées par une voix si particulière, mais qu'elle appréciait pourtant déjà.
Qu'est-ce ? prononça la jeune femme, faiblement d'une voix bien trop roque pour être la sienne, d'un anglais ne contrastant que trop avec le Suédois qu'il avait employé. L'homme se retourna vivement et la regarda comme si un fantôme venait d'apparaître sous ses yeux.
Oh, tu es réveillée ! Il s'approcha à grands pas du lit, avant de prendre place sur une chaise. La sienne, celle qu'il occupait tous les jours sans en connaître la raison.
Pourquoi ne le serais-je pas ? Ses sourcils froncés ne donnèrent qu'un léger aperçu de son incompréhension.
Et où suis-je ? Ses yeux parcouraient en large la pièce, essayant de reconnaître quelque chose. En vain.
Doucement, doucement ... Il s'était levé et avait posé une de ses mains sur son front comme pour la réconforter. La brune s'enfonça dans son oreiller, pourquoi la touchait-elle ainsi ? Et qui était-il ? Les mots lui manquaient, tout comme son espace vital. Elle ne savait rien, mais elle savait au moins qu'elle n'aimait qu'on la touche de la sorte.
Tu es à l'hôpital. L'hôpital, pourquoi ? Ses doigts agrippèrent les draps tandis que l'anxiété faisait de même avec son ventre.
Tu ne te souviens pas ? Secouement négatif de la tête.
Euh, je vais appeler un médecin. Il s'apprêtait à la laisser là, totalement perdue dans cette immonde chambre, quand un
NON s'échappa de ses lèvres.
Pourquoi suis-je à l'hôpital ? pensa-t-elle en priant pour qu'il reste à ses côtés.
D'accord, pas de docteur pour le moment ... Il reprit place sur siège chaud.
Tu as eu un accident de la route, je ne connais pas les détails, mais tu es arrivée dans un état assez moche et tu ... désolé, je ne connais pas ton prénom ... Il la regarda alors avec des grands yeux et la brune fit de même ne comprenant pas qu'il attendait une réponse pour la simple et bonne réponse qu'elle n'en avait aucune idée.
Comment t'appelles-tu ? La jeune femme mordilla sa lèvre inférieure,
euh ... je ne sais pas. Ses sourcils se froncèrent d'un coup, révélant par la même occasion quelques rides sur son front étrangement doré tandis qu'il fit résonner un
Oh dans pièce.
Quelle année sommes-nous ? La brune se redressa, passant une de ses mains dans ses cheveux foncés.
Je ne sais pas ... Ce fut à son tour, à lui, de passer sa main dans ses cheveux qui, eux, étaient dorés tandis que ses yeux, à elle, ne bougeaient du bas de son lit ne le regardant pourtant pas. Trop concentrée à retenir ses larmes probablement. Pourquoi lui posait-il tout cela et pourquoi ne savait-elle y répondre ? Pourquoi était-il là et paraissait-il aussi concerné alors qu'il ne la connaissait apparemment pas ? Trop de questions qui embrouillaient son esprit et, bien sûr, il fallait qu'il en rajoute.
Sais-tu où tu es, dans quel pays je veux dire, et d'où tu viens ? Il commençait légèrement à lui taper sur le système. La brune s'agita sur son lit, se dégageant du drap qui recouvrait son frêle corps.
En Suède. Vous me prenez pour une imbécile ou quoi ? La jeune femme fit basculer ses jambes "par-dessus bord" faisant ainsi rentrer en contact ses pieds avec le carrelage gelé. Un frisson lui parcourut le corps et lui arracha une grimace. Puis, comme pour être en symbiose avec froideur du sol, la jeune femme ne put s'empêcher de rajouter une froide remarque quant à sa deuxième question.
Je ne vois pas en quoi cela vous regarde ! Son ton était bien pire encore que le temps à l’extérieur des murs de l’hôpital. La jeune femme croisa les bras, la mine renfrognée tandis qu'il partit d'un rire homérique. Qu'y avait-il de drôle ? Avait-il compris qu'elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit d'où elle venait ? Dans tous les cas, il était certain qu'elle n'était pas Suédoise. Elle pouvait le sentir. Elle connaissait la langue du pays, mais ce n'était pas "naturel". Ce n'était pas celle avec laquelle elle avait grandi, c'était certain. Elle en était certaine.
Quoi ? Lâcha-t-elle les yeux rivés sur son visage, examinant chaque partie de celui-ci, chaque trait, chaque défaut. Il essaya de retenir cette hilarité qui énervait tant la brune.
Je ne t'avais pas imaginé ainsi, c'est tout ... Et, tu es Irlandaise. Ses sourcils se froncèrent, se moquait-il d'elle ? Comment pouvait-il savoir cela alors qu'il ne la connaissait pas ? Devant son incompréhension, il rajouta ;
ton accent, il est irlandais. J'ai pas mal voyagé plus jeune et j'ai vécu là-bas. Ton accent est définitivement irlandais. La brune humecta ses lèvres, comme ça elle était Irlandaise et c'était un inconnu qu'il lui révélait. De mieux en mieux. La jeune femme secoua légèrement la tête,
c'est juste un moyen de défense. C'est effrayant de rien savoir sur soi ... Mais merci, j'en sais un peu plus. Elle s'était étrangement radoucie, sans savoir pourquoi. Mais après tout, peut-être qu'elle était ainsi. Un "toc" se fit entendre alors qu'ils étaient perdus dans les yeux de l'autre. Le jeune homme se releva rapidement, comme s'il avait commis quelque chose qu'il ne fallait pas ou même de grave. Un médecin entra dans la chambre, souriant en s'adressant à la brune en Suédois.
Regardez qui est réveillée ! Il s'approcha du lit et lui fit signe de s'allonger.
Et, Andreas, que faites-vous encore ici ? Vos heures de bénévolat sont terminées. Oh, eh bien je lui racontais ce qui se passe en ce moment. On ne peut pas dire qu'elle croule sous les visites ! La jeune femme regarda attentivement "Andreas", il paraissait plus distant -froid même- avec le médecin et il avait cet air suffisant -presque hautain- sur le visage alors qu'il semblait être l'opposé de cela depuis son réveil. Il s'était "refermé". Andreas lui jeta un coup d'oeil, avant de continuer sur sa lancée. Toujours en Suédois.
Oh, elle n'est pas d'ici. C'est une Jane Doe, elle est Irlandaise. La jeune femme pouffa légèrement. Tandis que les deux hommes parlaient entre eux, la jeune femme reporta son attention sur la chanson qui passait en boucle. Elle l'aimait vraiment bien. Une main effleura son genou, c'était Andreas.
Le médecin aimerait te parler, je vais rester pour traduire. Un sourire amusé s'empara place sur le visage de la brune.
Déjà, ce n'est pas Doe, mais Bloggs en Irlande il me semble. Comment t... J
e ne sais pas, je le sais simplement. Par contre, j'aime bien Jane. Et deuxièmement, je parle Suédois. Encore aucune idée de comment, je comprends et je peux le parler je pense. C'est tout. Il avait l'air médusé, sa bouche aurait été au niveau de ses pieds s'il avait été dans un dessin animé.
Oh, ok. La brune se tourna vers le médecin et dans un suédois parfait elle lui demanda, avec un grand sourire, a
lors que vouliez-vous savoir ? Andreas s’éclipsa rapidement après l'avoir "baptisé" Jane et elle après l'avoir surnommé Andy bien qu'elle ne le connaissait pas. Étrangement, elle se sentait proche de lui. Comme s'ils étaient liés, comme s'ils s'étaient liés durant leur petit tête-à-tête.
TAME THE GHOSTS IN MY HEAD THAT RUN ME WILD AND WISH ME DEAD ✚ Jane avait accepté sa condition jusqu'à ce jour d'octobre où les premiers souvenirs prirent d'assaut son esprit. Elle s'était vue virevolter, sourire au lèvres, aux abords d'un lac glacé. Son sommeil avait prit fin ainsi, brutalement sur le plan émotionnel. Pendant des semaines la jeune femme n'avait cessé d'y penser, de se demander si c'était son imagination qui lui jouait des tours ou si le voile s'enlevait tout doucement de son amnésie, laissant entrevoir sa vie passée. Jane eut confirmation qu'elle avait là des images de ses souvenirs quand celles-ci augmentèrent, lui volant ainsi ses rêves. Ses journées aussi. Son ventre n'était qu'une boule d'anxiété. Sa tête, un fouillis sans nom. Jane gardait tout cela pour elle, comme un trésor bien qu'en réalité c'était loin d'être un. Même Andreas ignorait tout de ce qu'elle vivait, elle se gardait bien de lui dire. La dernière chose qu'elle voulait c'était que cela interfère avec leur relation. Leur ô combien précieuse relation. Il avait été sa bouée de sauvetage et l'était toujours un peu encore, d'ailleurs. La seule personne sur qui elle pouvait vraiment, et toujours, compter. Chose qu'elle réalisa quand elle se réveilla en sursaut moins de deux mois après ses premiers retours de souvenirs. Ou peut-être était-ce son si grand mal-en-point qui l'avait conduit à tout lui avouer. Probablement les deux finalement. Car cette nuit-là, elle avait "vu" trois petits mots ; White Oak Station et une photo d'elle et deux personnes adultes. Certainement ses parents. Alors qu'elle s'était assise, des larmes parlèrent sur ses joues rosies. Tandis que son ami respirait paisiblement à ses côtés, les battements de son coeur s'accélérèrent et sa respiration devint plus rapide. D'un bon, la brune se leva. Il fallait qu'elle bouge. Jane manqua de tomber de peu tellement ses jambes tremblaient.
Andreas murmura-t-elle d'une voix incertaine qui, pourtant, le réveilla instantanément. Il avait compris que quelque chose n'allait pas, comme toujours. Il lisait comme elle comme dans un livre ouvert, c'était comme un sixième sens.
Qu'est-ce qu'il y a ? Il alluma rapidement la lumière avant de se précipiter à ses côtés. Morrissey, c'était désormais son nouveau nom à cause du chanteur de The Smiths dont elle était fan, le repoussa en s'éloignant de lui. Ses joues étaient trempées bien qu'elle ne cessait de les essuyer de ses tremblantes mains.
Je-Je me souviens, je ... Sa phrase resta coincée dans sa gorge, cette foutue gorge qui la brûlait. Elle ne savait pas si la pluie avait causé cela ou si c'était psychologique, mais ça la faisait souffrir comme un chien !
Tu te souviens de quoi, Janey ? Il fit quelques pas vers elle avant de s'arrêter, Andy savait pertinemment qu'elle le repousserait de nouveau. Après tout, la brune était en pleine crise de nerfs, d'angoisse même si elle en avait aucune idée.
D'où je vivais ... White Oak Station, je crois et d'une photo. De moi et de ... mes parents. Enfin j'sais pas ... La jeune femme éclata en sanglots, une fois de plus, avant de se plier en deux. Bon Dieu, son ventre la tuait ! Elle avait l'impression qu'on la tordait de l'intérieur.
Calme-toi Jane, on va voir si tu as raison et ne t'inquiètes pas on va trouver. Mais calme-toi ... Il posa sa main sur une de ses épaules, se voulant réconfortant, apaisant, mais provoquant l'effet contraire. Janey dégagea sa main en toussant, elle avait aussi du mal à respirer.
Je-je, j'étouffe Andreas ! Je-je peux plus ... respirer ! La brune ferma ses mains sur sa gorge, sans serrer, amplifiant ses respirations pour que tout rentre dans l'ordre.
Jane ... J'arrive plus, j'dois sortir ! Ses yeux étaient grands ouverts, elle avait l'impression qu'elle allait rendre l'âme dans les secondes suivantes alors elle se jeta sur la porte d'entrée sans prendre la peine d'enfiler des chaussures ou quelque chose d'un peu plus couvrant que son pyjama.
Morrissey, attends, c'est le déluge dehors ! Mais il était trop tard, elle ne l'entendait plus ; elle dévalait les escaliers quatre par quatre. Sa course effrénée s'arrêta seulement quand elle arriva sur ce banc qu'elle aimait bien, sur ce pont qu'elle aimait tant. Les larmes coulaient toujours, mais se mêlaient aux gouttes d'eau. Il pleuvait à torrents, mais elle s'était calmée.
Ça va mieux ? Jane ne l'avait même pas entendu arriver, elle hocha la tête.
J'ai besoin de réponses ... Andreas prit place à ses côtés, la collant à lui.
Je sais, dès demain on se renseigne sur ce "White Oak Station" et on débarque là-bas, peu importe où ça se trouve. La jeune femme leva la tête vers lui,
sûr ? Il déposa un baiser sur son front, cette "scène" devait de plus en plus cliché mais elle ne lui fit pas remarquer.
Sûr. Maintenant, on rentre avant d'attraper une pneumonie. Le blond se leva, suivi par la jeune femme puis, Jane attrapa sa main et posa sa tête sur son bras, bizarrement elle allait plus que bien. C'était le calme après la tempête.
IT WAS YOUR HEART ON THE LINE ✚ Jane se retourna discrètement pour l'énième fois. Elle en était maintenant sûre, on la suivait. La jeune femme accéléra le pas en jurant entre ses dents. Jamais elle n'aurait cru qu'un pervers la suivrait dans cette petite ville du Canada où elle vivait depuis peu. Ils, Andreas et elle, n'étaient même pas sûrs de rester n'ayant rien trouvé sur son passé pour le moment. Peut-être s'était-elle trompée après tout. Les pas se rapprochèrent étrangement vite, trop vite.
Barbie ! Cria une voix qu'elle ne connaissait guère, appartenant probablement à celui collé à ses basques. Jane se retourna sans savoir pourquoi, ça avait été plus fort qu'elle. Un brun avec de grands yeux bleus s'approchait au petit trot, un sourire étrange sur le visage.
C'est bien toi ? J'y crois pas, Barbie ! Jude va être tellement contente ... Il l'avait prise dans ses bras et serré tellement fort que la jeune femme ne réagit qu'une bonne dizaine de secondes plus tard.
Bas les pattes, sale pervers ! Je ne suis pas votre barbie ! La Suédoise réussit tant bien que mal à se libérer de l'étau que formaient les bras de l'inconnu, un air de dégoût sur le visage.
Barbara ?! Il était complètement perdu, cela en était presque drôle.
Mon prénom est Jane, désolée. Elle lui adressa un petit sourire désolé en refoulant la petite voix qui lui disait
"c'est peut-être toi cette Barbie". Non, non, c'est toi. Barbie, arrête cette plaisanterie. Ses yeux ne renvoyaient que de la tristesse, elle se sentait un peu mal de se tenir devant lui, mais principalement pour lui.
Désolée, mais je ne crois pas être celle que vous cherchez. Oui, elle était obstinée. Obstinée à croire qu'elle n'avait rien à faire ici.
Enfin, pour tout vous dire, je n'en sais rien. Je suis amnésique. Elle aurait voulu reprendre ce qu'elle venait de dire, regrettant ses mots moins d'une seconde après les avoir prononcés mais elle avait senti qu'il en avait besoin. Une petite lueur d'espoir naquit dans les yeux du brun, tout comme un franc sourire. C'était le sourire le plus sincère qu'il lui ait jamais été donné de voir.
Ne t'emballe pas, mon coco ! Ou comment enlever toute once d'espoir selon Jane Morrissey. Il baissa la tête, attristé. Elle aurait bien eu envie de se gifler, mais agir ainsi était plus fort qu'elle. C'était ce qu'elle était devenue après tout.
Oui, c'est vrai ma Barbie est vraisemblablement morte ... Jane se tortilla sur place, mal à l'aise.
Un accident en Suède, portée disparue. Oh, premier signal d'alarme.
Mais elle me manque tellement, c'était ma meilleure amie après tout, tout ce qu'on pouvait faire me manque ... ça peut paraître con mais on avait toujours l'habitude d'aller près du lac surtout en hiver quand il était gelé ... Deuxième signal d'alarme. Oui, il était plus qu'évident maintenant qu'il s'agissait d'elle. Ou alors c'était une énorme coïncidence. Mais Jane ne croyait pas aux coïncidences.
Tu as dit Suède ?! Je crois que c'est peut-être moi ... Faire dans la dentelle n'était pas vraiment le genre de Morrissey et cette situation ne dérogeait guère à la règle.
Mais je me souviens de rien, comme je l'ai dit, je suis amnésique.
Le temps guérit tout.
Non, il fait oublier. Là était une triste vérité.
Jt'ai pas oublié ... Il avait l'air si sincère, si innocent ... mais c'était peut-être la situation qui le rendait comme cela.
Comme c'est ironique, se souvenir de quelqu'un qui ne reconnaît même pas ton visage. Jane aurait bien ricané telle une hyène, mais l'expression de son interlocuteur l'en dissuada.
Ça viendra. Jane se contenta d'une petite moue pour exprimer sa divergence d'opinion.
Tout ce qui fait toi est là.
Sauf ma mémoire. J
'vais te faire revenir Barbie, tu peux compter sur moi. Et si elle ne veut pas revenir, cette Barbie ?! Bien sûr qu'elle le voudra. Comment peux-tu en être si sûr ? La brune ne lui laissa la moindre de chance de répliquer, Jane croisa les bras et ajouta d'un air ô combien détaché et tellement froid ;
de toute façon, je ne veux pas qu'elle revienne. Je me préfère tout autant en Jane. Pas du tout étrange la fille et, non, son comportement ne change PAS DU TOUT en moins de deux secondes.
C'est parce que tu ne te souviens pas de qui tu étais, comment tu étais. C'était le pompon ! Réalisait-il ce qu'il disait, mais surtout à quel point c'était cul-cul ?
Là est le problème, Captain Obvious, non ? Un petit rire mesquin s'échappa de ses lèvres. Celui qui, autrefois, était son meilleur ami réveillait le pire en elle ... ou était-ce ce qu'il représentait qui la rendait ainsi ? Il lui rappelait son passé, bien que ce ne soit le mot adéquat. Il en était plutôt la représentation. Jane avait littéralement une partie de son passé devant les yeux sans que cela ne lui évoque rien. Tout ce qu'elle ressentait était de la frustration, et puis elle était désolée pour lui qui pensait avoir "enterré" son amie et qui la retrouvait elle. Il était coincé avec une fille qui n'était même pas sûre de vouloir être retrouvée ou de retrouver la mémoire, une fille qui voulait se barrer tous les quatre jours, qui risquait d'être plus désagréable qu'autre chose. Rien de personnel, un simple moyen de protection et puis, parfois cela arrive quand son égocentrisme fait surface ou son petit côté "élitiste" et son côté
"je m'appelle Jane et je suis meilleure que tout le monde, regardez-moi !". Morrissey eut l'impression qu'ils restèrent des heures à se fixer, dans cette partie déserte de White Oak Station, avant qu'elle ne daigne enfin reprendre la parole.
Perds pas ton temps avec une cause perdue comme moi, ça ne sert à rien. Et, sur cette phrase, Jane tourna les talons sans un regard de plus et sans rajouter un mot. Une fois qu'elle fut assez loin, la brune se mit à courir aussi vite que ses talons le lui permettait afin de rentrer auprès d'Andreas. De lui raconter tout, surtout. De se plaindre comme une adolescente de treize ans. Mais elle savait que ça ne le dérangerait pas. Il restait toujours à ses côtés et elle aux siens.