Pour la première de sa minable vie, Ezechiel se sentait honteux. Non pas qu'il soit un homme fier ou quoi que ce soit de ce genre, mais face à sa femme, il était comme un enfant face à un parent mécontent. " C'est froid maintenant." Sa voix laisse transparaître sa déception, il a tellement honte, et elle, elle est tellement belle. En un seul regard, il avait vu qu'elle s'était faîte belle pour lui, son maquillage laissait ressortir son regard d'une façon plus que parfaite, sa robe lui allait à merveille, laissant se dessiner d'une façon harmonieuse ses courbes. Penny à toujours était une femme divine, bien trop parfaite pour un homme comme lui. Elle aurait du le voir pourtant, voir au fond de son être que son mari n'était pas un homme bien, rien qu'à l'époque où il se sont connus, et le fait de l'avoir sortie de sa vie ne rattrape en rien l'homme pathétique qu'il est, qu'il a toujours été, et qu'il sera probablement toujours. Et au fond, pourquoi il ne jette pas tout en l'air, hein ? Pourquoi il ne laisse pas ce maître chanteur révéler toute la vérité ? De toute façon, sa vie est déjà un désastre sans nom.
Alors, Eze baissa les yeux vers le sol, il n'était pas digne de soutenir le regard de cette femme pourtant si parfaite, et qu'il détruisait à petit feu depuis des mois. « Excuse-moi... » Des excuses, toujours des putains d'excuses, il ne savait faire que ça. Mais l'avocat sait pertinemment que ça ne résoudra rien, bien au contraire. Elle finira par en avoir marre de lui, de ses excuses qui ne valent plus rien, et de son comportement d'ivrogne dépressif, et, comme la majorité des femmes dans son cas, elle le laissera dans le trou qu'il se creuse de jour en jour, et lui, il pourrira comme le déchet qu'il est devenu. C'est triste de dire ce genre de chose, n'est-ce pas ? Les mots sont durs, mais ils retranscrivent cette vérité, la vérité de la vie des Davenport.
" Tu aurais pu me prévenir que tu allais boire un verre après le boulot. Je voulais qu'on passe une bonne soirée." Oh, ma Penny, si seulement je l'avais prévu. C'est ce qu'il pensa quand elle reprit la parole et qu'il leva les yeux vers elle, à nouveau. Le pire, c'était ça, lire sa peine dans son regard. Eze à toujours réussi à comprendre cette jeune femme, il lit en elle comme dans un livre ouvert, et il suppose qu'il en est de même pour elle. La honte ne fit que s'intensifier à cette idée, à l'idée qu'elle puisse voir l'homme qu'il était devenu. « Tu as raison, j'aurais dû appeler, je suis minable. »

Eze passa sa main sur son visage. Il était ivre mort, et malgré toute la volonté qu'il allait y mettre, il aurait du mal à éloigner les effets indésirables de l'alcool. Pour le moment, il se tenait toujours au mur, histoire de ne pas s'étaler de tout son long au beau milieu de la cuisine, et, par la même occasion, aux pieds de sa femme. " Je peux te les faire réchauffer si tu veux." Même si son ton avait été froid et distant, Penny laissa une nouvelle fois transparaître sa bonté d'âme, cette dernière parvenait à passer au dessus du dégoût que devait lui imposer son mari, elle est une personne bien, une personne parfaite. « Je veux bien en manger, oui, je suis sur que c'est délicieux. » Les lasagnes de Penny sont un pur bonheur, et quand elles sont au saumon, elles sont encore bien meilleures. Les premiers temps de leur mariage, tout les deux adoraient cuisiner ces lasagnes, ils en faisaient au moins une fois par semaine. Évidemment qu'elle avait voulu lui faire plaisir, elle n'aurait pas pu faire mieux. Mais le passage délicat se présentait, aller jusqu'à la chaise de la cuisine. Il avait traversé plusieurs pâtés de maison sans encombre, il arriverait bien à traverser une simple cuisine. Alors en se concentrant un minimum, Eze arriva finalement à la chaise, à côté de Penny. Il n'osait pas lui déposer un baiser sur la joue, même si elle avait deviné le fait qu'il soit saoul, il ne voulait pas qu'elle sente les vapeurs d'alcool qui étaient particulièrement présente dans son haleine. Alors, il lui adressa un signe de tendresse, en lui caressant le bras. « Merci ma puce. » Finalement, l'avocat prit place à table, devant son assiette. Il était fatigué, ivre, et sale, mais si il avait refusé de manger, ça aurait été encore pire. Il ne voulait pas encore plus aggraver l'image que sa femme avait de lui.

Pourtant, il n'a pas tout le temps été comme ça, même si ce vice de l'alcool est vieux comme le monde. Auprès de Penny, il avait trouvé son bonheur, sa raison de vivre, et à la moindre contrariété, il laissait ses vieux démons revenir à la surface. Il n'a pas encore recommencé à jouer, et il fera tout pour ne pas arriver à ce point, il serait capable de ruiner sa famille, comme il s'est ruiner il y a plusieurs années. Il n'est plus enfant, et l'adulte qu'il est doit encore comprendre qu'il ne peut plus se cacher dans les jupes de ces institutrices quand quelqu'un le bouscule trop violemment, et l'homme qui le menace l'a bien comprit. Eze entendait déjà ses bourreaux d'enfance lui rire au nez, lui dire qu'il n'est qu'un minable, que c'est son destin de finir comme un ivrogne, et qu'ils avaient bien raison de le martyrisait de la sorte. La vie est un gros cercle vicieux, et lui, il ne fait que s'enfoncer. Une fois assit, Eze releva les yeux vers elle, comme si il attendait sa correction, son châtiment, et Penny aurait été dans son droit.