~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
J'étais cette fille qui rendait toutes les autres jalouses parce qu'elle faisait tourner la tête de chaque mec qu'elle croisait. Et aussi con que cela puisse être, j'en était fière. J'étais heureuse d'avoir à mes pieds les plus beaux garçons de lycée, d'être invitée à chaque soirée, chaque sortie. Je m'amusais, sincèrement. Concernant les notes, je faisait partie de ces élèves moyens, ceux dont les notes ne sont pas excellentes certes, mais qui dépassent tout de même la moyenne. Je voyais le lycée comme le lieu de tous les possibles. A la maison c'était le bordel, pas la joie. Mais au lycée… au lycée, j'étais une reine.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Oui et non. Ce sera ma réponse définitive, celle que je ressortirais dans dix comme dans trente ans. Oui et non. Rien n'est tout blanc et rien n'est tout noir dans ce bas monde. Et si ma vie me rend heureuse, elle m'attriste tout autant.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Où géographiquement parlant, je n'en ai aucune idée. Je rêve de voyager, de me barrer d'ici, mais un peu, pas trop longtemps, juste histoire de découvrir le monde. Pour ce qui est du reste, je me vois à l'aboutissement de tout ce que j'entreprends maintenant. Je me vois bosser dans les relations publiques, et dieu sait que les relations c'est mon truc. Je me vois prendre un café parfumé de rires avec ma soeur durant une après-midi ensoleillée. Je me vois rentrer chez moi et embrasser un homme que j'aimerais. Je me vois chaque jour plus proche du bonheur.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: justine. ÂGE: bientôt majeure. PAYS: france. PRÉSENCE: autant que possible. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? bazzart l'ami!  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? scénario de Koda. AUTRE CHOSE À AJOUTER?  (je connaissais pas ce smiley, il est tout mignon).

2007 (quatorze ans) Le sol est froid, je marche sur du papier glacé. Mes pieds sont devenus glaçons, et sur ma peau, mes poils se sont hérissés. Mais là où le froid est fort au point de me brûler, c'est à l'arrière de ma tête, le givre s'est tapit dans mon esprit. J'ai froid comme j'ai peur parfois. Souvent maintenant. Maintenant que mon étoile s'est éteinte, que mon icône ne fait plus la une des magazines, que mon modèle ne se montre plus. Ma grande soeur est partie, remplacée par un hologramme qui ne vaut pas l'original. Loin sont nos soirées remplies de rires et autres disputes puériles. Si loin que mes souvenirs sont flous et incomplets. Mais ce soir est différent, ce soir j'ai besoin de la voir, de lui parler. Le manque est trop présent pour que je puisse l'ignorer. Nos parents doivent dormir alors je laisse mes pieds glisser sur le sol gelé jusqu'à sa chambre. J'irais me glisser dans son lit et je lui dirais toutes ces choses qu'on ne se dit plus. Les mots s'enfuiront de ma bouche jusqu'à ce ma gorge soit sèche. Et puis je m'endormirais là, sous ses draps, la tête reposant sur un de ses coussins, ma main serrant la sienne. Et tout sera comme avant, tout. C'est aussi simple que cela, il me suffit d'ouvrir la porte, d'enclencher la poignée, d'entrer. J'inspire un grand coup, gonfle mes poumons de l'air frais qui parcourt notre couloir noir et laisse mes doigts s'abaisser sur la poignée en étain. La porte s'entrebâille, je me glisse dans le noir et un cri s'échappe de ma gorge.



« Adèle, c'est une fille géniale. Le genre qu'on devrait rencontrer plus souvent vous savez. Elle est belle comme le soleil, souriante comme pas deux. Toujours là pour vous si ça va pas. C'est notre maman des fois, mais avant tout c'est une pote formidable. Quand on la voit, on la croit souvent inaccessible mais en vérité c'est la fille la plus cool que j'ai jamais rencontrée. » une amie d'Adélaïde.



2010 (dix-sept ans) Je me redresse trempée d’entre mes draps. Je me noyais. Je coulais, je le sais. Je me sentais sombrer dans la peur, je me sentais submergée par l’incompréhension. Mais plus que tout, je sentais la trahison m’asphyxier. Comme chaque nuit depuis ma monstrueuse découverte, je me retrouve assise sur mon matelas, les genoux plaqués contre ma poitrine. Mais je n’appelle personne pour me sauver de mes rêves, de mes cauchemars, de moi-même. Je les combats seule. Je reste là, je reprends mon souffle. Petit à petit, seconde après seconde, mon cœur se calme et mes poumons se libèrent. Alors, je m’allonge à nouveau. Couchée en chien de fusil, je fixe des yeux l’heure qui clignote rouge sang et qui m’emporte vers une nouvelle bataille.



« Adélaïde, c'est ma deuxième fille, mon autre trésor. C'est une fille géniale, et vous ne pouvez pas imaginer comme je suis fière d'être sa mère. C'est elle qui a découvert pour son père et sa soeur, pourtant elle n'a jamais montré une seule faiblesse, un seul moment de peine. Elle est forte, elle ne montre rien et est toujours là pour ceux qui en ont besoin. Elle a été si présente pour sa soeur, elle est l'est encore d'ailleurs. Je me doute bien que ces évènements ont dû la traumatiser d'une quelconque manière, mais elle ne le montre pas, elle nous rassure sa soeur et moi. Elle réussit tout ce qu'elle entreprend et je lui souhaite de tout mon coeur que cela continue, elle le mérite tellement. C'est un ange. » madame Harper.



2013 (vingt ans) On se fixe tous un but dans la vie, non ? Accomplir un rêve d'enfant, avoir le job de ses rêves, trouver l'âme-soeur et j'en passe. Moi, mon but, le Saint Graal de mon existence, c'est d'être forte. Toujours. Ca paraît fou et flou comme ça, mais c'est net, tranchant. Moi, je ne veux pas me laisser abattre, je me refuse à être faible. Moi ce que je veux c'est être si forte qu'aucun obstacle ne puisse m'impressionner. Alors je fais de la force ma première qualité. Je marche en ligne droite sans jamais baisser les yeux, j'avance sans détour, je fonce dans le tas et j'en ressors quand tous les autres sont à terre. Et si jamais une personne que j'aime se trouve incapable de se lever, je la porterais et la ferait avancer. J'utiliserais toutes mes forces pour la tenir debout encore longtemps, jusqu'à ce que ses jambes fonctionnent à nouveaux. C'est comme ça que ça fonctionne entre ma soeur et moi, elle est mon étoile qui ne brille plus, alors je brille assez pour nous deux.