~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
J'ai toujours attaché de l'importance aux études avec cette envie d'être première à chaque fois que j'entreprenais une nouvelle quête. Recevoir une note quasi parfaite au contrôle de biochimie malgré mon ennui pour la matière, détenir les meilleurs scores aux courses sportives, remporter un pari durant une soirée bien arrosée, faire en sorte que les chorégraphies pour les matchs possédaient aucune fausse note... Mon emploi du temps était toujours rempli entre les révisions, les entraînements de pom pom, les cours et les amis. Cependant, je ne sortais pas si au fond de moi les leçons du jour ne se trouvaient pas encore mémorisées dans mon petit cerveau. Ma détermination en agaçait plus d'un mais je me moquais complètement de ce qu'on pensait vis à vis de mon comportement, ils ne feront pas ma vie future.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Tout dépend dans quelle partie on se place. Celle où il n'y a que le travail qui compte en rendant des articles digne du journal local, plus parfait cela n'existe pas ! Mon métier est ma première passion et il est donc évident que je m'y mette au maximum. Je détiens cette chance de vivre d'une occupation passionnante alors autant en profiter et faire en sorte que cela reste ainsi. Cependant, on tombe sur un os pour la partie plus privée. J'ai eu cette étrange idée d'être allée voir ailleurs et mon mari me le fait payer aujourd'hui en demandant le divorce. On apprend de ses erreurs, non ? Mes amis sont là pour me remonter le moral mais, ils restent réalistes sur l'idée que Noàm ne me pardonnera pas cette faute. C'est sympa d'être encouragé !

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Je me vois encore journaliste et toujours très jolie ! Vieillir m'effraie alors j'essaie de rester le plus optimiste possible. De plus, je serai de nouveau avec Noàm et cette erreur de parcours n'existera plus. Fonder une famille n'est par contre pas dans mes projets alors je me contenterai de considérer mes vernis comme mes petits enfants dont il ne faut pas perdre. Je ne veux pas finir comme ma mère alors autant ne rien tenter..

Il semblerait que la vie n'avait pas voulu m'offrir une enfance pleine de couleur et de rêverie comme toutes les autres poupées de mon âge. Une absence qui me suivra pour toujours, un échange impossible à produire alors qu'il restait le plus important pour les jeunes demoiselles. Une mère présente pour te lire des contes, qui te chante une chanson avant de t'endormir. Choisir une nouvelle robe pour l'anniversaire de la meilleure amie qui approche ou tout simplement qu'elle te coiffe les cheveux avant le début de l'école.. Je ne connaissais pas tout cela puisque j'avais causé la mort de ma mère pendant l'accouchement. Mon père faisait du mieux qu'il pouvait pour combler ce manque mais, ce n'était pas pareil malgré ses efforts. Il était ma seule famille dans cette ville car ils avaient emménagé deux ans avant ma naissance grâce à un travail qui avait été offert à mon père par un ancien ami. Tout le reste demeurait à Williston dans l'état du Dakota du nord mais, je ne l'avais rencontré qu'à l'âge de vingt ans. On ne roulait pas dans un gros 4x4, la maison ne cachait pas un grand jardin, mes vêtements venaient principalement de la voisine comme son aînée avait quelques années de plus.. Nous n'étions pas malheureux, c'était tout ce qui comptait.


Je me suis gardée un objectif : Celle de rendre fière ma mère. Le fait qu'elle ne me voyait pas physiquement accentuait cette envie de la savoir contente au paradis. L'idée qu'elle ne soit pas morte pour rien.. Je n'étais pas parfaite loin de là mais, faire du mieux possible. Mon père me disait toujours cette phrase que ma mère serait fière de moi et cela me motivait pour entreprendre une vie paisible dans l'avenir. Par contre, qu'était-ce le bonheur ? Une vie professionnelle prospère ou devoir être comblé en amour ? Impossible de connaître la vérité. Je devais alors réussir à l'école tout en profitant de la vie. Un parcours scolaire tout à fait honorable en ayant toujours les meilleures moyennes tout en ne restant pas cloîtrée dans sa chambre les week-ends. Mon défaut ? La curiosité de vouloir tout savoir. Les commérages dans les couloirs n'avaient aucun secret pour moi ! Cela me retombait dessus de temps en temps mais, j'appréciais énormément d'être toujours dans les premières personnes au courant dès qu'un événement se produisait. Aucun problème pour ma part qu'il pouvait circuler des rumeurs de garçons car je n'aurais pas pu ajouter cela à mon emploi du temps ! Du moins, jusqu'à la rencontre de Noàm en dernière année de lycée. Son petit accent me faisait fondre, comme toutes les autres filles mais je ne le montrais pas en le repoussant. La raison dominait la passion en me répétant que le plus important demeurait les études. Ce discours ne dura qu'un court mois car j'avais cédé et ce fut le début d'une grande aventure. Les cours me prenaient toujours la grande majorité de mon temps mais, il devait y avoir quelques instants avec Noàm sinon je ne tenais plus ou je serais énervée jusqu'à ce que je le retrouve. Amoureuse en bonne et due forme ! Il était le premier et le seul qui comptait dans mon cœur malgré le fait que je pouvais me révéler froide et distante par moment.

On ne se quittait plus depuis douze ans en ayant étudié dans la même université et un mariage à la clef. Comment refuser d'épouser cet homme qui faisait chavirer mon cœur depuis déjà quatre ans à l'époque? Impossible dans mon esprit de lui donner une réponse négative, surtout s'il me fixait avec ses yeux bleus ! A chaque opportunité de vacances, l'autre avait pour obligation de venir sinon il y aurait eu un mal être durant l'absence alors autant l'éviter. Mon travail m'obligeait à être beaucoup en déplacement en couvrant la rubrique « découverte ». Je ne m'occupais pas des conflits mais en arrivant au journal, j'avais proposé une page hebdomadaire qui ferait sortir les habitants de la ville et le chef avait adoré cette idée. Offrir aux lecteurs du rêve en racontant le quotidien d'autres enfants du monde.

Mes absences pesaient beaucoup sur mon couple. Nous avions toujours une belle complicité mais par moment on se perdait de vue. Soit il était fatigué de ses journées à l'hopital, soit je quittais le foyer deux jours pour un article. En plus, aux endroits où j'allais les moyens de communications ne passaient pas alors nous étions souvent sans nouvelle de l'autre. Bref, on se retrouvait dans une petite crise. Le problème restait à venir avec ma bêtise.. Il y avait toujours un collègue avec moi durant les missions car dans certains pays, la femme n'était pas considérée comme l'égal de l'homme donc il fallait une personne pour me venir en aide si un ennui se montrait. En rentrant d'un voyage, Jude me parla de ses futures conquêtes du week end et il avait réussi à me faire répondre que Noàm était ma grande et unique aventure.. On s'entendait bien depuis toutes ces années mais cela n'avait jamais dépassé le stade de l'amitié. Je ne savais plus vraiment pourquoi j'avais accepté d'avoir une autre expérience.. La curiosité ? Sûrement..  Mon mari m'avait surpris avec lui et m'ordonna le divorce pour cette infidélité. Je ne signerai pas ses papiers de toute manière ! Noàm restait mon époux et je continuais à croire qu'il était mon exception. Depuis un an, je faisais toujours mon travail avec Jude et notre amitié n'avait pas du tout changé malgré les événements. On se rend compte de l'importance des personnes quand elles ne se trouvent plus auprès de nous. Noàm me reviendra et par tous les moyens car je sais au fond, que c'est impossible que l'étincelle n'existe plus, pas après douze ans de relation..