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| NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. | |
| Auteur | Message |
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| (#) Sujet: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 3:36 | |
| Nastya Esfir SaïanovaEverything that kills me makes me feel alive. PRÉNOM(S) ET NOM: Nastya Esfir Saïanova. Tu n’utilises jamais ton deuxième nom, qui ne sert qu’à rallonger ton nom en quelque sorte. Tu adores ton prénom, Nastya, qui te va d’ailleurs comme un gant. Doux, inoffensif, murmuré tout contre ton oreille pour que tu te sentes bien. Pour que tu te sentes comme chez toi. Lâché avec soulagement lorsqu’on te retrouve après avoir entendu des bombes exploser, après avoir entendu des cris dans les rues. Hurlé de frayeur lorsqu’on remarque ton absence. Nastya. Tu en aimes la sonorité, quelque soit le ton qu’on veut bien lui donner. Tu es plutôt fière de ton nom de famille, Saïanova, parce que les gens qui le portent sont les personnes que tu aimes le plus au monde. Tu estimes énormément ta sœur, tu regrettes encore plus ton frère, et tu as toujours adoré tes parents, bien qu’ils soient aujourd’hui décédés. SURNOMS: Tu n’en as pas vraiment un en particulier. Tu subis tous les petits surnoms d’amour de tes amis et de ta famille et tu n’as jamais rien dit, voyant bien que ça leur faisait plaisir. ÂGE: 20 ans. Et encore, c’est un miracle que tu aies tenu jusque là. NATIONALITÉ: Russo-américaine. ORIENTATION SEXUELLE: Hétérosexuelle. STATUT CIVIL: Célibataire. De toute façon Hassan c’est qu’un vilain méchant pas beau, tu étais déjà au courant. EMPLOI/ÉTUDES: Tu as toujours fait un peu comme ta sœur, c’est-à-dire enchaîner les petits boulots, mais tu t’es récemment trouvé un petit travail en tant que bibliothécaire, et étrangement, tu aimes bien ça. SITUATION FINANCIÈRE: Toi et ta sœur n’avez pas beaucoup d’argent, mais vous faites avec, faute d’avoir un autre choix. AVATAR: La jolie Giza Lagarce. CRÉDIT: Tumblr. ~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE? Tu n’as pas eu la chance d’aller au lycée pour la simple et bonne raison que ce n’est pas monnaie courante que les filles soient éduquées, d’où tu viens. Le Pakistan n’est pas réputé pour son haut taux de scolarisation. Tu n’aurais probablement même pas su lire si ton père, le plus éduqué de la famille, ne vous avait pas enseigné. Tu ne connais pas grand-chose sur la chimie ou la physique. Tu n’as aucune notion avancée en mathématique : seulement assez pour fonctionner dans la vie. Tu sais compter, au moins. Tu sais lire. Tu as les rudiments qui te permettent de passer pour une fille tout à fait normale ici. Seulement, tu n’iras jamais bien loin, n’ayant pas eu l’éducation des Nord Américains. Il te faudra te contenter de faire des travaux dont personne ne veut vraiment et qui ne nécessitent aucun diplôme particulier, seulement des connaissances de base, comme lire et compter. Pourtant, tu aurais sûrement adoré aller au lycée. Tu aimes apprendre. Tu te rappelles que tu buvais littéralement les paroles de votre père lorsqu’il vous lisait un livre ou vous racontait une histoire, ou alors lorsqu’il faisait des trais à la craie sur les murs de votre humble maison pour vous apprendre à compter, pour les effacer ensuite. Tu avais une bonne mémoire pour ce genre de trucs et tu aurais probablement été douée si on t’avait laissé la chance d'aller au lycée.
~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT? Oui. Non. Ça dépend du point de vue. Tu es heureuse d’être en vie, d’avoir survécu malgré tout, d’être encore là, de toujours te tenir debout malgré tout. Tu es heureuse d’avoir ta sœur à tes côtés, éternelle et immuable. Tu t’es trouvé d’excellents amis ici que tu ne voudrais quitter pour rien au monde. Mais en même temps, malgré ton bonheur d’être en vie et de vivre dans un pays sûr, tes parents te manquent énormément, ainsi que ton frère aussi, tous les trois décédés au Pakistan. Puis tu viens de te faire briser le cœur par Hassan. Tu sais qu’il n’y pouvait rien. Après tout, il a le droit de ne pas t’aimer comme toi tu l’aimes, mais ça n’empêche pas que ça fait un mal de chien d’être rejetée de la sorte. Logiquement, tu l’as un peu mal pris. Tu aurais dû te taire. Non seulement tu mets en péril votre amitié, mais tu te mets à nu, tu montres tes faiblesses, tu donnes une raison de plus à ton entourage de te voir comme un petit oisillon à protéger des aléas de la vie. Mais tu t’en remets. Ce n’est pas comme si tu avais vraiment le choix. Tu t’accroches à ce qui te reste et tu tentes d’oublier ton cœur brisé et ton amour à son égard. Il a probablement une fille plus jolie en tête, plus mature, plus courageuse, plus fonceuse, moins fragile. Et qui a un peu plus de confiance en elle-même que toi, mais passons. De plus, à cause de ton enfance agitée, de la mort brutale de ton frère, de tes parents et de ton enlèvement, tu subis encore quelques cauchemars qui t’empêchent de dormir correctement. Sinon, j’imagine que nous pouvons affirmer que tu es relativement heureuse, si on oublie Hassan et les cauchemars. Tu n’auras de toute façon pas le choix de le faire si tu veux un jour panser tes plaies.
~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS? Si tu veux être réaliste, tu devrais te dire que ta position ne changera pas vraiment en 10 ans. Tu n’as pas les moyens de partir à l’étranger et pas les connaissances pour faire le métier de tes rêves, qui serait probablement à quelque part dans le domaine de la santé - soigner les gens a l'air d'être dans tes cordes. Alors si les propriétaires de la librairie où tu travailles veulent encore de toi après tout ce temps, tu y seras peut-être encore, à lire quelques livres ici et là pour assouvir ta curiosité. Mais si on t’autorisait à rêver, si tu avais le droit pour deux minutes de t’évader un peu, tu dirais que tu te verrais en train de voyager. Tu voudrais visiter tous les pays du monde entier pour voir les plus beaux endroits de notre planète. Tu dirais que tu voudrais le faire avec l’homme dont tu serais éperdument amoureuse, et que les sentiments que tu aurais à son égard seraient évidemment partagés. Vous pourriez voyager ensemble, sans avoir besoin de rien d’autre que l’autre, et vous verriez tant de beauté que vous ne voudriez jamais revenir. Vous vous installeriez dans votre ville préférée, proche de l’eau de préférence, où il fait beau et chaud la plupart du temps. Vous seriez heureux, loin de tout, loin des problèmes, loin des considérations pratiques. Sinon, si on revient dans le un peu plus réaliste, tu aimerais avoir une relation sérieuse à trente ans. Ça te paraît raisonnable. Probablement encore dans cette ville… Mais tu sais que tu finiras par l’apprivoiser et que tu l'aimes bien, au fond.
Pour la répartition des groupes
- Spoiler:
Le matin, quand il est l’heure de se lever : › Je profite des derniers instants sous la couette.
Un métier qui conviendrait bien à mon caractère : › Fonctionnaire d’une petite entreprise familiale (fonctionnaire on s'en fout, mais la famille c'est sacré et si c'est pour les aider, ce n'est pas le temps de rechigner sur la tâche à effectuer.)
Je croise au hasard une amie de l’école primaire, je lui dis : › « Il faut absolument qu'on se revoie ! »
En vacances, je: › Pars à l’aventure dans un pays lointain, dépaysement total.
En ville, je préfère me promener: › Dans un square tranquille pour me relaxer.
Ce qui me permet d’avancer dans la vie... › La curiosité (et les marques d'affection parce que c'est trop mimi et que si t'es pas d'accord je te cours après pour te couvrir de bisous juste pour t'embêter.)
Avec les amis, j'adore: › Ne même pas avoir à parler pour se comprendre. Un sourire ou un regard suffit.
L'élément qui m'attire le plus: › L'eau.
Un défaut que je me reconnais volontiers... › Je prends des décisions sans réfléchir.
PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Geneviève. ÂGE: 16 ans. PAYS: Canada, Québec. PRÉSENCE: 5/7 COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? PRD. Je crois. Mais c'est peut-être aussi le truc d'aller de partenaire en partenaire, je sais plus vraiment. AUTRE CHOSE À AJOUTER? Je vous fais des tonnes de bisous
Dernière édition par Nastya E. Saïanova le Ven 26 Juil - 18:32, édité 4 fois |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 3:37 | |
| Safe & SoundEven if the sky is falling down, I know that we'll be safe and soundTu viens de Russie, où tu habitais avec tes parents, ta sœur Carlotta à l’époque et ton frère, Luka. Vous avez déménagé au Pakistan lorsque tu avais deux ans, et tu n’as donc aucun souvenir de ton pays natal, seulement les histoires que ton père ou ta mère voulaient bien te raconter. Tu voyais ce pays à travers leurs yeux sans pouvoir différencier la romance de la réalité. Tu te doutais que tout n’était probablement pas aussi rose qu’ils semblaient le dire. Ils te parlaient de la neige en hiver, de sa fraîcheur, de sa beauté étincelante. Ils te parlaient de la capitale de la Russie, de ses monuments et de son architecture. Ils parlaient de votre petite ville bien modeste mais apparemment charmante. Pourtant, toi, tu sais que tout ça ne peut être vrai, sinon, vous seriez restés. Il s’est passé autre chose. Quelque chose d’horrible, d’effrayant, quelque chose qui a poussé vos parents à croire que vous pouviez avoir une meilleure vie ailleurs. Tu as souvent posé la question directement, pensant qu’à un certain âge tes parents allaient arrêter de te mentir. Ils s’échinaient à ne rien te répondre, à t’expliquer qu’ils avaient besoin de changer d’air, qu’ils en avaient marre de la neige.
Maintenant, ils sont morts, et tu n’as jamais su ce secret qu’ils ont caché pendant toutes ces années.
Lorsque tu as eu douze ans, dix ans après votre déménagement, il s’est passé quelque chose d’assez horrible pour te faire oublier les secrets que continuaient à te cacher tes parents. Tu ne sais pas vraiment comment ça s’est passé, ce qu’il a ressenti à ce moment. Tu étais bien trop loin de lui pour que tu puisses imaginer sa peur, sa terreur indicible. Tu ne savais pas s’il savait que c’était la fin pour lui. Tu n’as jamais pu lui dire au revoir, pour de vrai. Tu ne lui as pas dit que tu l’aimais du fond de ton cœur, et même s’il le savait très probablement, tu aurais voulu lui répéter avant qu’un abruti ne lui explose la cervelle. Tu n’as jamais vu la scène, puisque tu étais chez toi alors que Luka était à l’école, mais tu la revois toutes les nuits dans tes cauchemars. Tu revois le pistolet froid se poser contre sa tête, la terreur dans ses yeux lorsqu’il réalise que c’est trop tard. Tu espères seulement qu’il est parti sans souffrir. C’était tellement quelqu’un de bien, ton frère. Il ne rechignait jamais à t’offrir toute l’affection que tu voulais, à te raconter ses journées à l’école – et Dieu seul sait que tu demandais des détails à n’en plus finir que tu l’empêchais de faire ses devoirs. À douze ans, tu étais en âge de comprendre ce qui s’était passé. Tu te rappelleras toute ta vie de Ksen lorsqu’elle est venue te l’annoncer. Elle t’a prise dans ses bras, comme ça, ce qui déjà n’était pas habituel. Ta sœur te rendait toujours tes marques d’affection, mais elle ne les initiait que rarement à l’époque du moins. La voir aussi tactile n’avait réussi qu’à t’alarmer. « Ksen ? » avais-tu demandé d’une petite voix, ayant terriblement peur de sa réponse. Tu avais eu le temps d’observer le visage avant qu’elle ne te serre dans ses bras jusqu’à t’étouffer dans son étreinte. Tu voyais qu’elle s’accrochait à toi parce qu’elle ne savait pas comment s’accrocher ailleurs. « C’est Luka. Silence interminable. Elle a continué à te serrer contre elle, et tu la serrais toi aussi, toujours plus fort, pour avoir un point d’ancrage lorsqu’elle t’annoncerait la nouvelle. Parce qu’inconsciemment, à ce moment-là, tu savais. Tu savais très bien ce qu’elle allait t’annoncer, mais tu étais en déni. C’était impossible. Improbable. Il était à l’école, il apprenait, il allait bien. Il… « Il est mort, Nastya. Un sanglot à peine perceptible s’échappe d’entre ses lèvres, mais ta sœur est forte. Elle se reprend rapidement. Il ne reviendra pas. » Elle te lâche finalement, pour aller faire son deuil elle-même, seule. Peut-être pour aller hurler pour cracher toute la rage qui la contenait. Peut-être pour aller pleurer pour faire cesser la douleur qui lui étreignait sûrement la poitrine. Tu ne le savais pas. Tout ce que tu savais, c’est qu’à cette nouvelle, ton cœur s’était littéralement brisé dans ta poitrine. Tu es tombée sur tes genoux, ton poing écrasé contre ta bouche pour taire le hurlement qui semblait vouloir s’y échapper.
Pourquoi Luka ? Il n’avait jamais rien fait de mal. Il n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Méritait-il vraiment cette mort si violente ? Sur le coup, tu n’avais pas osé demander des détails, mais tu avais rapidement complété le puzzle avec les pièces qui te manquait : il y avait eu un attentat à l’école, et il avait été l’une des victimes. On lui avait tiré dans la tête. Une mort horrible, une mort si violente pour quelqu’un d’habitude si pacifique. Il était trop jeune pour décéder de la sorte, ça, c’était clair. Il y avait pourtant un détail qui t’avais toujours fait tiquer, un détail que ta sœur avait laissé échappé un jour. Hassan était présent. Hassan avait tout vu. Ta question à toi, c’était : est-ce qu’Hassan aurait pu y faire quelque chose ? Tu n’as jamais osé le demander. Tu n’as jamais posé la question, de peur de raviver de mauvais souvenirs. De toute façon, tu le voyais dans les yeux de ta sœur qu’elle y pensait elle aussi. Comment aurait-elle pu faire autrement ? Hassan était votre voisin. Il connaissait donc Luka, au moins de vue. Il n’aurait pas laissé faire ce carnage s’il avait pu l’arrêter, tu en étais certaine. Quand tu l’observais discrètement lors de ses allées et venues – pas si discrètement que ça finalement, puisque tu sauras plus tard qu’il était très au courant des petites œillades que tu lui lançais – tu te disais que quelqu’un comme ça ne pouvait pas blesser ses proches. Pas toi. Pas Ksen. Pas que vous vous connaissiez réellement, et tu avais souvent entendu dans ta rue que ce n’était qu’un petit voyou, mais tu l’estimais beaucoup plus que ça. Tu te disais que ce n’était qu’une façade, qu’au fond c’était quelqu’un de bien. Cette idée t’est restée très longtemps dans la tête, alimentant ton imagination. Toutefois, tu n’es jamais allée le voir pour lui parler réellement. Peut-être parce que tu te doutais que cette histoire-là se finirait mieux dans ta tête.
La vie a finalement repris son cours après cet atroce moment que vous avez dû passer. Votre père continuait à vous enseigner à lire et à compter, à vous raconter des histoires sur les merveilles du monde. Tu demandais à ta mère de te raconter des histoires de princes charmants, parce que oui, même à treize ans, cela te fascinait toujours. Croire qu’un prince viendrait te sauver de ta vie misérable au Pakistan semblait tellement tentant que tu ne te lassais jamais d’écouter les histoires de ta mère, même si tu savais que tu avais passé l’âge de te les faire raconter. Mais ta mère, patiente, semblait comprendre le besoin que tu ressentais d’espérer une vie meilleure, un plus bel endroit où vivre, et elle se faisait un bonheur de te décrire les endroits les plus merveilleux sur la planète pour te faire rêver.
Ce n’est que maintenant que tu réalises qu’elle n’a probablement pas visité le quart de tous ces endroits, et qu’elle en inventait la plupart. Tu ne peux t’empêcher d’être triste à cette pensée, te rappelant clairement une phrase que tu lui avais chuchoté à l’oreille avant de t’endormir : « Un jour, maman, on ira les visiter ensemble, toutes ces belles villes. Juste toi et moi. » C’était votre secret à vous deux. Ton père t’enseignait, t’apprenait à lire et à conter, et tu rêvais de voyager avec ta mère. Tu t’entendais toujours aussi bien avec ta sœur. Vous étiez encore plus proche l’une de l’autre depuis que Luka était décédé. Vous n’aviez plus que l’une et l’autre, et vous veillez sur l’autre comme si votre vie en dépendait, ce qui pouvait être le cas.
Alors que tu pensais avoir eu ton quota de malheurs pour toute une vie, tu te trompais lourdement. Tu avais dix-neuf ans, presque vingt. Tu étais loin d’être une enfant, et tout ce que tu avais vécu t’avait endurcie. Tu restais fragile, tu le savais, et tu voyais bien qu’un rien pouvait te faire craquer à nouveau, mais tu avais une force nouvelle que tu prenais dans ta curiosité à découvrir le monde et dans tes proches, toujours en vie pour la plupart. Tu voulais sortir de ce pays, aller ailleurs. Tu passais beaucoup de temps avec tes amis à traîner ici et là, et tu lisais l’autre partie du temps. Tu lisais les livres que ton père réussissait à te rapporter, qui traitaient autant d’astronomie que d’histoires d’amour à l’eau de rose. Tu dévorais tout. Tu en avais atrocement besoin. La vie que tu vivais était face. En tant que femme, tu avais si peu de droits que c’en était effrayant. Tu voulais aller ailleurs, n’importe où, pourvu que tu puisses faire ce que tu veux, et avec qui tu veux.
Il n’y avait personne à la maison quand c’était arrivé. Tes parents et ta sœur étaient partis acheter je-ne-sais-quoi, et tu étais restée dehors, sur le pas de la porte, à prendre l’air. Tu avais décidé de t’aventurer un peu plus loin sur ta rue quand la camionnette était arrivée en trombe. Ça s’est passé tellement rapidement que tu n’as pas pu réagir. Comment aurais-tu pu le faire ? Ces hommes faisaient deux fois ta taille, au moins, et pourtant ils avaient l’air d’avoir ton âge. Ils étaient si forts, et toi tu n’étais rien pour eux, qu’un simple poids plume. Ils t’ont frappé pour la forme, histoire que tu ne puisses pas te débattre – comme si c’était vraiment utile. Ils t’ont ligoté tellement serré que la corde frottait atrocement contre tes poignets lorsque tu essayais de les bouger, entamant ta peau fine. Bâillonnée, jetée à l’arrière de la camionnette comme si tu n’étais qu’une chose, ta tête a violemment frappé la porte du côté, et tu n’as donc pas pu suivre très bien la conversation que les hommes tenaient à l’avant. Tout était si flou, si brumeux. Tu te rappelles que tes oreilles cillaient, que le sang battait à tes tempes et menaçait d’exploser. Ton cerveau n’a compris que ce n’il voulait bien comprendre avant que ce ne soit le noir total – tu étais fatiguée, tellement fatiguée de te battre, d’essayer de te détacher, d’essayer de te sauver. Ça ne rimait à rien. Ça n’allait pas arriver. Tu n’as entendu que quelques bribes, mais c’était bien assez. Violer. Tuer. Puis ensuite, cette partie incompréhensible que ton cerveau n’arrivait pas à enregistrer : Hassan va être content.
Une gifle cependant maîtrisée te permet de revenir à toi. Tu ne sais pas pourquoi. Ils ne t’avaient pas vraiment malmenée, au fond. Seulement quelques coups pour que tu comprennes qu’ils étaient sérieux, pour t’assommer un petit peu. Seulement, ce n’était pas pour te blesser. Tu avais tenté de te débattre, puis tu avais décidé de garder tes forces lorsque tu avais compris que cracher, mordre et griffer ne ferait qu’aggraver ton cas. Tu devais trouver une façon de t’échapper et de te rendre à la planque que vous aviez choisie avec Ksen s’il y avait un problème. Tu étais désormais parfaitement réveillée, tout à fait alerte, et tu comprenais et voyais tout ce qui se passait autour de toi. Un type plutôt laid avec des gros bras se tenait juste en face de toi, prenant apparemment plaisir à te regarder gigoter. Tu t’es donc tenue immobile, tentant de braver son regard alors que tu te sentais défaillir à l’intérieur. Il y avait quelque chose dans son sourire qui ne te disait rien qui vaille. « Tu sais ce qu’il va se passer maintenant, n’est-ce pas princesse ? » Tu n’as pas cillé lorsqu’il t’as attrapé le menton entre ses doigts crasseux et qu’il a rapproché son visage du tien pour te murmurer quelques mots que tu serais la seule à entendre. « Il va te violer jusqu’à ce que tu le supplies d’arrêter, et puis il va te tuer. Lentement. »
Ton cœur s’est arrêté de battre. Ils ne te feraient rien. Ils te réservaient pour quelqu’un, pour quelqu’un d’important. Puis ça te revient. Hassan va être content. Ta fin allait-elle donc être précipitée par le garçon dont tu étais secrètement amoureuse depuis… Toujours ? Trop découragée, tu n’as rien fait sinon baisser la tête alors que le type partait d’un gros rire gars avant de s’éloigner de toi. C’était si irréel. Tu sais que ce genre de trucs arrivait. On t’en parlait, on te disait de faire attention. Pourtant, tu n’aurais jamais cru être victime de ce genre d’agression. Surtout pas par Hassan, le prince charmant de tes histoires de princesses depuis que tu l’espionnais lorsqu’il passait. C’était impossible. Tu ne voulais pas le croire. Il ne pouvait pas te faire ça. Pas quelque chose d’aussi horrible. Pas un geste aussi dénué d’humanité. Il avait des sentiments, Hassan, tu le voyais bien dans ses yeux lorsque tu osais soutenir son regard lorsqu’ils se croisaient. Et tu étais persuadée qu’il ne pouvait pas faire ça. Impossible.
Lorsque tu as fini par accepter partiellement que tu allais mourir dans ce hangar moche qui puait la merde par la main de ton mignon voisin pour qui tu craquais depuis toujours, tu as remarqué le reste. La pression intolérable des cordes sur tes poignets. Le pôle de métal froid contre lequel ton dos était écrasé. La puanteur qui te montait au nez. L’envie de vomir qui te prenait de temps à autre lorsque tu pensais à ce qui allait bientôt arriver. Puis finalement, il est arrivé. Tu l’as su, parce que les trois hommes auparavant assis en train de rigoler sur des sujets divers – notamment sur la scène qui allait suivre, c’est-à-dire ton viol et ton meurtre violent – se sont levés d’un seul homme. Tu as relevé la tête, tu as affronté son regard alors que tu tremblais de partout. Ce qui était l’avantage d’être écrasée contre un pôle de métal, tu n’avais pas beaucoup de place pour le faire et il était probablement imperceptible pour tous ceux qui te regardaient. Tu voulais mourir dans le peu de dignité qu’il te restait. Tu l’as regardé longuement. Il n’y avait aucun bruit dans le hangar. Puis tu as chuchoté doucement avant de fermer les yeux : « Fais ça vite. S’il te plaît. »
Au lieu de sentir tes habits se déchirer et se faire enlever brusquement, ce sont des coups de poings que tu as entendu et quelques gémissements. Ouvrant brusquement les yeux, tu t’es mise à te débattre en ne voyant plus Hassan. Et étrangement tu avais énormément de latitude. Tu tires donc un bon coup et tes liens cèdent évidemment. Tu te lèves aussi vite que ton dos courbaturé te le permet, et tu le regardes. Hassan. Tu ne dis rien, et tu pars à courir aussi vite que tu peux pour te rendre à la planque où ta sœur viendrait te chercher, tu le savais. Comme de fait, tu n’as pas attendu bien longtemps, recroquevillée contre le mur avant qu’elle n’apparaisse avec Hassan. Tellement soulagée, tu lâches son nom et tu lui sautes au cou, n’arrivant cependant pas à détacher tes yeux de ceux du jeune homme derrière elle. Tu aurais voulu lui dire à quel point tu l’aimais, à quel point tu étais soulagée, à quel point tu lui étais reconnaissante. C’était presque comme dans les contes de fée de ta mère. Presque. Tu n’écoutes pas trop leur échange. Juste avant qu’il ne parte, tu te décides finalement à l’attraper par le bras. « Merci, Hassan. » Tu l’embrasses timidement, du bout des lèvres, et tu le laisses partir.
Ensuite, rien n’est clair. Tout n’est que douleur, bruits indistincts, hurlements. Tu te rappelles d’une explosion extraordinaire qui t’as jetée au sol avec ta sœur, qui te protégeait de son corps. Vous êtes restées là longtemps, si longtemps que vous aviez les membres tout engourdis. Tu avais mal partout, tu t’étais probablement frappée sur la tête. Lorsque tu étais réveillée, tu étais à l’hôpital, et on pansait tes blessures. Tu dormais tout le temps. Dans les vapes. Tu ne voulais pas vraiment comprendre ce que cette explosion signifiait : il y avait des morts. Beaucoup de morts. Vous aviez de la chance d’être encore en vie. Mais c’était dans votre quartier. Ce n’était pas vraiment loin. Puis tu as osé poser la question et la réponse t’as horrifiée : tes parents étaient morts. Pour de vrai. C’était terminé. Il n’y avait plus que ta sœur, Hassan et toi. C’était tout. Tu n’avais plus aucun points de repères, et quand ils t’ont amené dans un avion, tu n’as rien dit, tu n’as même pas demandé où tu allais. Tu t’en fichais tellement. Tu voulais seulement partir loin de là, et si tu partais avec les deux personnes que tu aimais le plus au monde maintenant que tous tes autres proches étaient décédés, ça t’allait amplement.
Ça fait trois mois que vous êtes arrivés. Tu as réussi miraculeusement à te trouver un petit travail en tant que bibliotécaire et tu aides les propriétaires dans toutes les tâches qu’ils veulent bien te faire faire, ce qui est parfait pour toi. Tu es l’employée idéale : ponctuelle, souriante, toujours à son affaire, tu ne rechignes jamais à faire les tâches que personne ne veut faire parce qu’elles sont supposément dégradantes. Tu t’en fiches. Tu as un travail, ça te rapporte un peu d’argent, c’est l’essentiel. Tu vis avec Ksen, n’ayant pas assez d’argent pour avoir ton propre appartement mais aussi par fois. Tu aimes ta sœur, tu l’adores, tu l’idolâtres et tu ne voudrais pas la quitter pour rien au monde, pas après que vous ayez perdu tous les autres membres de votre famille. Elle est la seule qu’il te reste. La plus importante. Elle était vitale à tes yeux. Sans elle, plus rien n’avait de sens, et tu l’aimais. C’était ça le plus important, même si vous n’aviez pas beaucoup d’argent. Même si vous étiez en deuil. Même si vous étiez blessées.
C’était merveilleux aussi, parce qu’elle te comprenait. Elle comprenait tes cauchemars sur votre frère, des cauchemars sur ton enlèvement, des cauchemars sur l’explosion. Elle comprenait que tu te réveilles parfois en hurlant, que tu sursautes violemment quand passait une camionnette noire à côté de toi. Elle comprenait et elle ne te jugeait jamais. Tu avais besoin de temps pour assimiler tout ça. Ça allait être long et pénible. Mais elle était là, et si elle était là, tout allait finir par bien se passer, tu le savais.
Puis, quand tout allait relativement bien, tu as fait une grosse erreur. Tu pensais sincèrement qu’Hassan t’avais sauvé pour une raison très précise, et pas parce qu’il avait eu pitié de toi ou une excuse dans ce genre-là. C’était ton prince, dans ta tête, et ça faisait tellement de sens que tu ne comprenais pas qu’il ne soit pas encore venu te parler. Alors tu t’es dit que c’était à toi de le faire. Il t’avait sauvée d’une mort atroce, tu pouvais bien faire les premiers pas dans votre relation. Alors, tu lui avais avoué que tu l’aimais et tu avais attendu sa réponse, ton cœur battant à mille à l’heure. Puis la réponse était arrivée, courte, directe et sans appel : « Mais moi ce n’est pas comme ça que je t’aime, Nastya. »
Peut-être qu’il pensait que tu allais lui tapoter le dos en lui disant que tu comprenais parfaitement et que ça ne te dérangeait pas, mais ça n’a pas été le cas. Toi qui étais si douce d’habitude, tu as été plutôt acerbe. Ça faisait tellement mal. Tu avais tellement honte. « Tu peux t’arrêter là, Al-Katib. Sors-moi pas dix-huit mille excuses toutes plus pathétiques les unes que les autres pour que je me sente mieux. Puis surtout, SURTOUT pas que tu m’aimes comme une sœur. J'ai déjà une soeur pour ça, et tu ne remplaceras jamais mon frère. » Puis tu es partie. Il n’y avait rien de mieux à faire. Après coup, tu as eu affreusement honte de ce que tu lui avais dit. Il ne méritait tel défoulement de rage mais sur le coup, ça avait fait du bien. Ça faisait sortir le méchant. Et ça te faisait oublier pendant deux secondes que tu avais le cœur brisé. Tu l’as détesté. Tu l’as haï de te faire ressentir tout ça. Mais ça n’avait aucune importance tout ce que tu ressentais, parce qu’il allait bien falloir que tu t’en remettes.
Il allait bien falloir que tu commences à penser un peu à toi, que tu soignes tes blessures et que tu ravales ce sentiment de trahison qui t’étreignait le ventre lorsque tu y repensais.
Le salaud.
Dernière édition par Nastya E. Saïanova le Sam 27 Juil - 7:30, édité 7 fois |
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down by the river
› inscription : 22/01/2012 › pseudo : sarah (twisted lips) › avatar : sasha pieterse. › autres comptes : micah. › statut civil : célibataire. › quartier : fairmount district. › occupation : étudiante en architecture et design intérieur.
| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 3:43 | |
| excellent choix de scénario. bref, bienvenue sur le forum! j'espère que tu vas te plaire parmi nous et te souhaite bon courage pour ta fiche. n'hésite pas si tu as des questions ou autre. |
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› inscription : 16/03/2013 › pseudo : charney (rose) › avatar : melissa benoist. › crédit : charney (ava).
› statut civil : célibataire. › quartier : dans un petit appartement, sur downtown area. › occupation : étudiante en droit, spécialisation en crime familiaux. barmaid au old pub.
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 5:06 | |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 17:59 | |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 18:52 | |
| Bienvenue. Ton avatar est magnifique ! |
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lost souls in revelry
› inscription : 24/06/2013 › pseudo : vercors. (chloé) › autres comptes : biddy la jolie. › crédit : ultraviolences, the vamps.
› statut civil : célibataire, mais son cœur bat de plus en plus fort pour son premier amour. › quartier : fairmount district. › occupation : couturière à hazelnut.
| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 19:15 | |
| han, quel choix de scénario bienvenue sur FLT en tout cas, puis bon courage pour la suite de ta fiche |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 20:13 | |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Ven 26 Juil - 22:58 | |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Sam 27 Juil - 0:27 | |
| Bienvenue mademoiselle! Giza est trop belle ♥ Bonne chance pour ta fiche :) |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Sam 27 Juil - 13:29 | |
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| (#) Sujet: Re: NASTYA ♣ 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. | |
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