~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE? 
Le lycée, franchement, c'était une des pires périodes de ma vie. Côté scolaire, je me débrouillais, j'avais de bons résultats mais quand on y repense, quelle importance ça a ? Mes bonnes notes ne m'ont pas empêchée de me tenir avec des délinquants juvéniles et de toujours m'attirer des ennuis. Peut-être que si j'avais eu une famille différente, j'aurais peut-être fréquenté des gens bien. J'aurais peut-être même été ce genre de fille, cheerleader avec des tas et des tas d'amis magnifiques et délicieusement cruels.  


   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Heureuse, c'est un bien grand mot. Je dirais légère. Comme j'ai choisis de faire une croix sur mon passé et d'oublier les problèmes qui faisaient autrefois partie de ma vie, je vais bien. Je suis libre, tranquille et je vis au jour le jour. Bien sûr, il m'arrive d'avoir des mauvaises périodes, des moments où je ressasse le passé et où je me remet en question, mais ça arrive plutôt rarement.


   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS? 
Je n'aime pas particulièrement me projeter dans l'avenir. Surtout que dans dix ans, j'aurai trente ans. Donc peu importe ce que je pourrais dire aujourd'hui sur ma vie future, ça n'arrivera sûrement pas parce que j'aurais changé, d'ici là. Mais bon,tout de suite, j'ai en vie de dire que dans dix ans, j'aurai ramassé un peu d'argent et que je voyagerai. J'irai découvrir le monde, seule. Oui oui, seule. Je ne me vois pas en couple. Cependant, qui sait, je serai peut-être mariée et j'aurai peut-être des enfants.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Ah, secret. ÂGE: Sweet 16. PAYS: Stalker, much ? Cacanada.  PRÉSENCE: 6/7. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Partenariat sur je sais plus trop quel forum.  AUTRE CHOSE À AJOUTER  Je déteste forumactif pour avoir tout fucké les trucs et les codes et aeoewkopfkweg. 

«Je suis certain que tu n'oserais pas... entrer par effraction dans cette maison.» Je croise les bras et relève la tête en signe de défis. «Tu veux parier ?» Du haut de mes treize ans, j'ai tendance à me prendre pour une aventurière intrépide. Ça doit être parce que je traîne toujours avec cette bande d'adolescents pseudo-rebelles qui se croient tout permis. Ils se prennent tellement au sérieux, se sentent tellement puissants que ça a fini par m'atteindre, et je me pense invincible. «Je suis certaine que je peux le faire.» Le chef de notre petite bande me regarde, l'air presque amusé. Il a toujours ce petit sourire suffisant et ce regard qui témoigne de son complexe de supériorité. Après tout, il a peut-être raison de se croire supérieur. C'est le plus âgé d'entre nous et on fait toujours ce qu'il dit. Si je trouve que mes amis ont tendance à trop se prendre au sérieux, et bien dans son cas, c'est pire. «Ah oui ?» me demande-t-il, avec un petit rire. «Oui.» «...sans te faire attraper ?» «Sans me faire attraper.» Il hausse les épaules et me désigne la maison d'un signe de tête, l'air de dire «Vas-y, on te regarde.» Je prend une grande respiration. Je sais que je vais probablement m'attirer des ennuis, mais je sais aussi que si je ne le fais pas, je vais être la risée de la bande. Et puis de toute façon, même si je m'attire des problèmes, j'ai la vague impression que mes parents n'en feront pas réellement cas. Ils feront semblant de me passer un savon, puis ils retourneront à leurs problèmes plus important- par exemple, mon frère. Alors après un dernier coup d'oeil vers mes amis, je tourne les talons et me dirige vers la maison. «Callya, attend !» Je me retourne, l'air étonnée. «Rapporte-nous un souvenir !» J'adresse un sourire radieux, plein de confiance à la bande. «Comptez sur moi.»

***

«Tu as eu de la chance que le propriétaire n'appelle pas la police.» Je ne répond pas et me contente de fixer mes pieds. Qu'est-ce qu'il veut que je réponde ? «Oh oui, la chance ! Merci papa, pour cette observation. Maintenant, est-ce que tu peux arrêter de faire semblant de me faire la morale ?» Je sais sens même regarder qu'il a une expression inquiète, boulversée, maisje sais que ça ne doit pas avoir un rapport avec moi. «Enfin Callie, entrer par effraction dans une maison, à quoi as-tu pensé ?» Pitié, arrête. «J'en sais rien.» «Tu n'en sais rien ?» Il soupire et je me dis qu'il a presque l'air crédible. «Ne recommence plus, en tout cas. Tu sais qu'on a pas le temps de gérer tes petits écarts de comportement, moi et ta mère...» Nous y voici donc. Le moment ou mon père me rappelle qu'ils n'ont pas de temps pour moi. Moi et mes petits écarts de comportement, on vient en deuxième. On disparaît derrière mon frère et sa maladie. Je pourrais mettre le feu à une maison, me prostituer, vendre de la drogue, ça passerait inaperçu. Parce que lui, il a un vrai problème...mais comme je m'en veux, d'avoir ce genre de réflexion !  Il faut constamment que je me rappelle que ce n'est pas sa faute, qu'il n'a pas choisi d'être comme ça. J'ai un peu pitié de lui. Mais pourtant, une partie de moi lui en voudra toujours, parce qu'il m'a privée de toute cette attention dont j'aurais pu bénéficier s'il n'avait pas existé. Malgré tout, je l'aime, parce que c'est mon frère.  

«D'ailleurs, j'étais à l'hôpital, quand tu as appelé.» Je lève finalement les yeux. Mon père a les bras croisé et son expression est grave. «Il a rechuté, ils pensent qu'ils vont encore devoir changer sa médication. En tout cas, c'est ce que le psy m'a dit.» Je préférerais que mon père ne me raconte pas ça. Je n'ai que treize ans, je ne veux pas en entendre parler. Arrête. «Il a fait une autre tentative.» Pour une autre personne, faire une tentative peut avoir plusieurs signification. Pour moi, qui vit avec un frère bipolaire et dépressif, il n'y en a qu'une. Une tentative de suicide. 

8 ans plus tard

«Vous êtes bien chez Callya, je suis dans l'impossibilité de vous répondre, mais bon, vous savez quoi faire.»

«Callya je... c'est le centième message que je te laisse...je sais que tu as dis que lorsque tu partirais, ce serait pour ne plus revenir mais...nous sommes ta famille. Et j'apprécierais que tu ne coupe pas les ponts avec nous. Tu manques à ton frère et à nous aussi. Rappel-moi, s'il te plait.» 

Il m'arrive d'avoir honte, quand je pense à la manière dont j'ai effacé mon passé, ma famille et mes problèmes. J'ai tout laissé derrière et je suis partie sans me retourner. Mais qu'est-ce qu'il y avait pour moi, là-bas ? Rien. Qu'est-ce qui me retenait auprès d'eux ? Rien. Je suis lâche, mais je suis dorénavant légère. Sans attaches, sans problèmes, sans malheurs ; juste quelques mauvais souvenirs et effluves de culpabilité que je repousse volontairement dans un coin sombre de ma mémoire.