(#) Sujet: mikhailftaubree | no need of a title. Ven 17 Mai - 18:00
can't help if it's hunting season
Les autres barmans et barmaids ont déjà quitté la place, après tout la soirée a été très calme. Deux ou trois clients alors que la semaine a été plutôt mouvementée. C’est pour ça que le patron avait demandé à ce que l’on soit plusieurs sur le plancher aujourd’hui. Il sera déçu, probablement, le pauvre. Un type m’a énervé toute la soirée, et il n’est pas encore parti, parce que la fermeture n’est que pour dans une heure au moins. Ce n’est pas qu’il me provoque en me parlant de façon déplacée, mais plutôt dans le sens qu’il m’agace en me faisant tout simplement peur sans même que j’aie à aller le voir. Je n’ai pas eu à aller le voir de la soirée après tout. C’est toujours les autres qui l’ont fait. Je me suis occupée des autres, ou bien des verres sales. Je me suis un peu foutue des pourboires, ce soir, parce que je suis persuadée de l’identité du type qui est assis à une table, calmement, encore en ce moment. Il me semble bien calme, un peu trop pour un vendredi soir. Je me demande même ce qu’il fout tout seul à l’Old Pub un vendredi soir, alors que tout le monde doit s’éclater. Le bar vide me fait presque frissonner, et pourtant ça en prend pas mal pour me faire peur. Deux choses me terrorisent vraiment. Si je reverrais les types qui vont probablement sortir de tôle un jour, et les flics. Je suis pas mal certaine d’ailleurs que ce monsieur en est un, et c’est pourquoi il est encore ici alors que tout le monde s’amuse et fait quelque chose de sa vie. Je m’en moque moi, de ma vie, parce qu’elle est en quelque sorte terminée. Je la réécris, si on peut dire ça, une Aubree plus sage et surtout, qui n’a pas envie de finir en prison comme la bande d’imbéciles qui l’ont embarquée dans un plan foireux auquel elle a – merci mon Dieu – échappé. Je soupire, j’ai hâte qu’il parte, je veux terriblement qu’il parte. L’envie d’un pétard est tellement intense que je ressens le goût de la marijuana dans ma bouche, carrément. J’ai aussi hâte que l’heure passe, en espérant qu’il n’y ait pas de clients qui entrent, ces imbéciles qui décident de venir passer la soirée ici, parce qu’ils font la tournée des bars, qui sont déjà complètement bourrés. Cette simple vision m’écœure parce que ce n’est pas arrivé ici, pas encore. C’est arrivé maintes fois en Aubree moins sage, à Toronto. Je trouvais ça plutôt drôle au début, mais en Aubree sage, je suis dégoutée. Je n’ai pas envie que ça arrive.
Je fais tout pour qu’il ne me remarque pas, lavant de la vaisselle, même si je sais pertinemment que ne pas se faire remarquer ici, c’est impossible. Je suis la seule personne dans la seule autre personne dans le bar, et surtout la seule autre employée. Je n’ai pas envie de me faire coincer, d’avoir à m’expliquer, de me retrouver en tôle moi aussi, peut-être même avec un de mes anciens collègues que j’ai fraudé? Je frissonne à cette seule idée. Je ne veux pas mourir tout de suite, ça c’est clair. Je vais trouver un moyen de me sortir de ce bordel, après tout, je me suis sortie des ennuis la première fois, pourquoi pas maintenant? J’échappe un verre, ça me fait réaliser que je pense trop, et je vais chercher le balai mais je me coupe tout de même laissant échappant un « Saloperie de verre! » assez fort pour que le mec au fond (ou plutôt à l’entrée?) puisse l’entendre. Pas très fière de mon coup, je me mords la joue. Ça, c'était vraiment con.