~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Ma vie au lycée ? Aussi merdique que celle à la fac. Même pire qu’aujourd’hui. Dans le genre vie de merde, personne ne peut me battre. Au lycée j’étais inexistante, comme je l’ai toujours été, et il faut dire que je n’étais presque jamais en cours. Non, moi je préférais traîner avec John, fumer des joints et me défoncer toute la journée. Il y avait cette fille aussi, Rosie, ou quelque chose comme ça. C’était la fille toujours toute seule qui n’avait aucun ami. Un peu comme moi, mais au moins j’avais John. Elle, elle n’avait personne. Alors je trainais un peu avec elle quand j’allais au lycée, et en échange, elle me donnait les cours quand j’étais absente. C’est un peu grâce à elle que j’ai réussi à avoir le bac. Elle n’était pas intéressante, pas le moins du monde. Mais ça lui faisait une amie, et moi, j’avais mes cours. Mes parents pensaient que j’allais en cours, vu que j’avais de bonnes notes. Mais quand ils ont appris par le proviseur que je n’étais jamais là, ils sont tombés de haut. C’était épique. Ils ont même cru que j’envoyais quelqu’un faire les devoirs à ma place. Quelle idée ?

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Qu’est-ce que ça veut dire heureux ? Personne n’a la même définition de ce mot, je suis perdue moi. Si être heureux c’est avoir de l’argent, je ne suis pas heureuse. Et si être heureuse c’est avoir des amis et une famille qui t’entourent, alors je ne suis toujours pas heureuse. Être heureux c’est quoi ? Ma vie me convient, j’ai ce que je veux. Ni plus, ni moins. Je fais partie des gens qui se contentent de peu. Mais avoir ce que je veux, c’est être heureux du coup ou pas ? Si c’est le cas, alors oui. Sinon, étant donné que je n’ai ni d’argent, ni de famille, ni d’amis, alors je suis malheureuse. A vous de voir.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Avec John. Dans une grande maison qu’on aura fait construire parce qu’on aura gagné au loto. Ou parce qu’on aura braqué une banque, je ne sais pas encore. Je n’ai pas envie de me voir dans dix ans, je préfère laisser le temps faire ce qu’il a à faire. Je ne sais pas. Je ne sais rien de tout ce qui va arriver. La vie ne me fait pas peur, je ne sais pas ce qui peut se passer demain, dans une semaine ou dans cinq ans alors je ne préfère pas me projeter. Se projeter voudrait dire qu’on est sûr que l’on vivra dans dix ans. Qui en est sûr ? On sera peut-être tous déjà enterrés.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: . ÂGE: Dix-neuf ans. LOCALISATION: Quelque part en France. PRÉSENCE: Régulière (surtout pendant les vacances). COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Sur bazzart. AUTRE CHOSE À AJOUTER? Votre design est .

Tu ne te plaignais pas, tu n’avais pas le droit. Tu n’avais pas le droit de te plaindre parce que tu avais une famille. Un père, une mère, et de l’argent. Mais quand on est gosse, l’argent nous importe peu n’est-ce pas ? Tu t’en contrefoutais d’en avoir. Tu ne connaissais pas la valeur de cet argent. Il n’était rien pour toi. C’est vrai, quand on est gosse, on ne pense pas à ça. Quand on est gosse, on pense plutôt à avoir une famille, et quelle famille. Tu rêvais d’avoir une vraie et belle famille, de passer du temps avec ta mère, entre filles. Ou de pouvoir avoir des discussions avec ton père ainsi qu’une certaine complicité que les jeunes filles ont avec leur père. C’était ton rêve de passer des moments avec tes parents, au restaurant, dans un parc d’attraction, au zoo, n’importe où tant que tu étais avec eux. Tu rêvais de pouvoir arriver à l’école le lundi matin et de raconter ton week-end comme tous les autres enfants de ton âge. Rien de tout ça n’est arrivé. Rien du tout. Tu passais tes week-ends à la maison, dans ta chambre, devant des dessins animés dont tu te fichais totalement. Heureusement il y avait l’écriture pour te divertir. L’écriture était ta plus grande passion, tu écrivais un journal intime, tu écrivais tout et n’importe quoi. Juste ce qui te passait par la tête, tu évacuais ta haine, ta joie, ta tristesse et tout autre sentiment. L’écriture te faisait vivre. Tes parents passaient leur temps à travailler. Tu voulais de l’attention, oh oui, beaucoup d’attention. Mais tu restais transparente, inexistante, et au bout du compte tu n’essayais même pas de te faire remarquer. Tu restais dans ton coin, seule. Ta mère te parler, quelques fois, se souciait de toi. Mais ça ne durait pas plus de dix minutes. C’était juste pour faire semblant. Ton père, lui, tu le haïssais. Tu le détestais de toute ton âme. Il te disait des méchancetés à longueur de journée, il disait que tu n’étais pas sa fille et qu’il aurait préféré mourir plutôt que d’avoir un enfant comme toi. Et pourquoi ? Parce que tu ne voulais pas suivre le même chemin qu’eux. Tu ne voulais pas de moment de gloire, pas d’argent, pas de grande maison avec un grand jardin, ni de notoriété. Tu t’en fichais de tout ça. Ce que tu voulais, toi, c’était juste vivre. Et personne ne s’intéressait à ce que tu voulais. Alors tu restais seule.

Ton meilleur ami, John, qui était d’ailleurs ton seul ami, était la personne que tu aimais le plus au monde. La personne à qui tu te confiais, la personne qui te connaissait de A à Z. Tu n’étais pas amoureuse de lui, non. C’était plus que ça. Plus que de l’amitié, plus que de l’amour. C’était un sentiment que nul ne peut expliquer. Un sentiment fort, un sentiment vrai. L’amour que vous vous portiez n’avait aucune signification. Tu savais que tu l’aimais, il savait qu’il t’aimait, et vous étiez inséparables. C’était lui qui te maintenait envie. C’était lui qui t’aidait quand tu n’allais pas bien. Lui et seulement lui. Les autres ne te voyaient pas. Ils ne savaient même pas que tu existais. Ton nom leur était inconnu, et c’était mieux ainsi. John te suffisait. Tu le voulais pour toi toute seule, il te voulait pour lui tout seul. Vous vous étiez bien trouvés. Vous vous étiez promis de finir votre vie ensemble. Les promesses sont faites pour êtres tenues.

Pendant l’adolescence, et encore maintenant, la drogue est devenue ta meilleure amie. Au début, c’était pour attirer l’attention de tes parents qui n’en avaient toujours rien à faire. Ensuite, avec le temps, tu as sombré et tu es toujours dedans aujourd’hui. Tes parents n’en ont toujours rien à faire. Rien n’a marché. Tu as tout essayé mais tu foires toujours tout. Alors tu restes dans ton délire et les autres ne s’en soucient pas. La drogue te fait planer, tu aimes cette sensation. Tu sais qu’elle te contrôle et tu aimes ça. Tu sais que tu n’as aucune envie de t’en sortir parce que tu aimes tellement ça que tu ne pourrais pas t’en passer. Tu es cette fille qu’on appelle parce qu’on veut une dose, tu donnes toujours la bonne adresse et on te vénère pour ça. Tu es cette fille mystérieuse que tout le monde regarde bizarrement. Tu es cette fille qui n’aime pas grand monde sur cette terre. Tu continues de te détruire avec toutes ces merdes mais qu’est-ce que c’est bon. Le temps te rend encore plus accroc, tu n’essaies même plus de le cacher. Tu le montres, tu en es fière et les autres veulent t’aider. Ils veulent t’aider maintenant parce qu’ils te voient plus bas que terre, mais qui voulait t’aider avant, lorsque tu creusais encore ? Personne ne voulait. Personne ne voyait. Ils étaient tous aveugles. Tu as quitté la maison, tu vis avec John. John, ton ami de toujours. Les promesses sont donc vraiment faites pour êtres tenues.