Il n'y a point de génie sans un grain de folie
CHAPITRE I

« Je veux un chien. »
« Non. »
« Je veux un chien. »
« Wayne, non ! »
« Je veux un... »
« Ça suffit ! »

Je n’étais qu’âgé que de sept ans mais j’avais déjà un caractère fort rendant folle ma mère. Enfant gâté, je contemplais ma mère avec insistance : je voulais un chien ! Nous étions face à l’animalerie et je lui faisais une crise, une de ses nombreuses crises. Elle s’était accroupis face à moi et commença à m’expliquais que nous étions ici pour acheter de la nourriture pour le satané piaf de notre voisine du dessus et qu’un chien c’est sale, inutile et répugnant et que j’étais irresponsable pour avoir un animal de compagnie. C’était toujours la même rengaine depuis qu’elle m’avait forcé à aller voir une psychologue, qui lui avait conseillé de se placer à la même hauteur que moi et de m’expliquais les choses calmement. Pathétique. Ma mère n’était ni stricte ni ferme et j’avais toujours pris un malin plaisir à la rendre folle. A quoi bon d’être sage si tout enfantillage lui était prohibé ? C’est ainsi que pendant tout son discours, je hochais la tête, un sourire au coin avant de réclamais d’une voix détachée « je veux un chien ». Un soupire franchi les lèvres de ma mère avant de proclamait qu’elle deviendra chèvre avec ce petit, j’émis un bref rire discret et étouffé en suivant sa silhouette dans la boutique.

Un bonjour chaleureux du vendeur nous accueillit et tandis que ma mère était parti chercher la nourriture pour l’oiseau de Mme Miller, notre voisine, je l’attendais sagement –ce qui annonçait rien de bon- observant chaque détail de la petite boutique avant de me dirigeais vers le comptoir et faire le tour sans préavis pour me retrouvais devant un vendeur quinquagénaire troublé. « Vos chien sont moche et gras. » « Wayyyyyne ! » Je me retournais vers ma génitrice, rouge de honte et prête à défaillir. Elle avait toujours eu cette peur d’être humiliée en public et l’ayant bien compris, j’avais un malin plaisir de déjouer les codes de la bonne société. Le vendeur eut un sourire forcé, non sans avoir assuré à la jeune femme qu'il n'y avait rien de mal dans un frémissement agacé. Ma mère rouge de honte marmonna quelques mots acides mais inaudibles en prenant ma main pour me sortir rapidement de l’animalerie. Mais frustré et enfant roi, je tapais des mains et des pieds en hurlant que je veux un chien ! Morte de honte, ma mère qui n’arrivait pas à me sortir de là n’avait pas d’autres choix que de prendre le premier chiot venu pour payer la dette de son cher enfant face à son insolence. Un regard vers la boule de poil avant d'esquisser un sourire ravi et triomphal. J’avais mon chien mais bien sûr, ma génitrice mort de honte ne remis plus jamais les pieds dans l’animalerie. Elle avait bien entendu raconté toute l’histoire à mon paternel attendant qu’il me réprimande et m’explique surement les mœurs et les valeurs de la société. Mais en écoutant le scandale et l’insolence que j’avais eu envers le vendeur, selon ma mère, mon père étouffa un rire et sous le regard noir de ma mère à son égard, il me réprimanda comme il le faut.

Il est vrai qu’à sept ans, j’étais un gamin insupportable. Rideaux déchirés, poissons rouges étouffés, cible de fléchette improvisée dans un tableau ancien et ne parlons même pas du chien. Ah ça, le chien était décidément celui qui était le plus mal loti. Il avait dû goûter à toutes mes extravagances culinaires, il s’était fait étranglé par un filet de poisson, avait perdu une partie de ses poils grâce à la cire épilatoire de la maman Shorter et plus récemment venait de devenir le modèle d’un magnifique tableau à la peinture. Mais il était beaucoup plus beau de cette couleur !

La folie n'est pas tant effrayante ...
CHAPITRE II

... lorsque l'on sait la cerner, je me suis toujours convaincu du fait qu'un fou était plus heureux qu'un homme sain d'esprit : il vit dans son monde et personne ne vient percer sa bulle. On peut faire tout ce qu’on veut pour oublier certaines choses de notre vie, au fond on vit avec. Les souvenirs sont là enfuit au plus profond de nous pour nous rappeler inlassablement nos erreurs du passée. On avait beau changer de vie, de pays, de métier, de jouer à l’amnésique ;  fuir notre passée était impossible. Il fallait simplement surmonter et se relever car la vie est une épreuve qu’il faut surmonter au risque de tomber. La mort de ma soeur a été une véritable épreuve. J’étais passé en un claquement de doigt du bonheur au malheur. Le jour de l’enterrement de ma soeur, j’étais venu pieds nus. J’avais quitté la maison, comme ça, sans chaussures. Mon coeur avait braillé à m’en péter les tympans, couvrant le miaulement de la raison. Mais j’aurais très bien pu me balader à poil, ça n’aurait pas eu plus d’importance puisqu’elle était morte. Ce jour-là, je ne ressentais plus grand chose si ce n’est un vide terrible. C’est comme si on m’avait arraché tous mes organes et que je marchais le corps ouvert, moi, nu, vidé, innervé, mort-vivant. Je me souviens encore de cette sensation, cette sensation des ténèbres qui vous emporte, que le tunnel est proche. Et puis j’ai finis par me relever et j’ai fais place à la lumière me disant que ma soeur n’aurait pas voulu me voir ainsi. Ou alors n’était-ce qu’un moyen de ne pas culpabiliser de vivre, de vivre ma vie ? Je m’étais relevé. Mais ma mère n’en avait pas décidé ainsi. Quelques mois après, elle avait voulu mettre fin à ses jours, ce suicider. Une tentative qui échoua et qui la transforma en légume. Je me souviens de ce jour-ci comme si c’était hier car il marqua les prémices de mon reniement total envers ma mère. Elle était internée dans les locaux psychiatriques, je lui rendais visite tous les samedis et elle me répété sans cesse, encore et toujours la même question : Qui êtes-vous ? Et la voir oublier de mon nom jusqu'à mon existence me mettait hors de moi. Tout comme ses regards incessants des habitants de mon petit patelin où je vivais à Londres. J’étais las et fatigué de tout ses regards de pitiés, d’être pris comme un petit chiot blessé. Je voulais avancer dans ma vie, je voulais vivre ma vie sans ce fardeau. C’était d’une cruauté monstre, je venais de perdre les deux femmes de ma vie et je ne pensais qu’à moi. J’avais donc décidé de partir de Londres et vivre ailleurs. Le Canada c’est imposé à moi, plus que je n’avais choisi. J’abandonné mon père, ma vie passé et je me focalisais à mon futur. C’était décidé. Je voulais m’amuser, boire, vivre.

parce qu'on m'avait dit de ne jamais parler aux inconnus, parce qu'on m'avait dit d'être polie avec les grandes personnes, parce qu'il fallait toujours garder le silence lorsque vous criiez, parce qu'aujourd'hui, à vingt ans, ma vie commence

blablabla
CHAPITRE III

- « Mais ma parole, tu peux pas baisser la cuvette des toilettes ! »
- « Mica t'es la femme la plus chiante que je connaisse. Sérieux j'crois que je vais devenir gay ! »

Un coussin d'oreiller dans la tronche, ça fait sacrément mal tout de même. On dirait pas comme ça, un oreiller c'est doux, c'est moelleux, c'est tendre, c'est confortable, ça paraît innocent. Cependant, propulsé dans votre figure, accompagné d'un petit coup de pied dans le cul jamais trop le bienvenue, eh bien ça fait un mal de chien. Surtout lorsque la veille on a traîné toute la nuit dans un bar et qu’on c’est bourré la gueule. Ca fait même très mal un coussin dans ces moments là. Mais peut-être que ça ne peut que ce passer comme ça lorsqu’un volcan rencontre une tornade ... Avec Micah c’était toujours la même rengaine, le même refrain.  Entre nous c’est la passion à tous les étages. On couche ensemble. On se gueule dessus. Mais surtout, on se possède mutuellement. Un soir, on se dispute. On se déteste. Et le lendemain, elle vient se loger dans mes bras avec un vague désolé sifflé entre ses dents. On est tous les deux incapables de se laisser sombrer dans cette paix sentimentale et cela depuis qu’on se connait, qu’on sort ensemble. Alors il y a rarement cette tendresse, cette douceur qui fait dire aux gens «Oh regarde comme ils sont miiignons. », n'existe pas ou du moins que très rarement. Et ce matin, c’était un jour sans. La voix stridente de Micah me rappelait à l’ordre et en ce moment je l’a détesté tout simplement. Je n’avais envie de qu'une chose, sauter par la fenêtre pour ne plus à avoir à entendre sa voix, de cette douleur atroce provoqué par le punch de Micah avec son oreiller et j’aurais bien voulu attraper une carabine pour lui tirer en pleine face là tout de suite. Mais j'avais beau l'a détesté, il y avait cette passion entre nous, une passion meurtrière, destructrice, tellement volcanique qu’elle en devient douloureuse. J’avais beau vouloir la fuir, je revenais inlassablement auprès d’elle. J'avais fui cette relation qui prenait un tournant morbide, je m'étais fiancé, essayant de l'oublier mais elle me hantait. Matin. Midi. Soir. Putain de rituel que de penser à elle. Alors j'étais revenu vers elle pour mieux repartir. Parce que je savais faire que ça ; partir. Parce que je voulais fuir cet attachement que j'éprouvais pour elle, ce sentiment qui vous arrache tout votre libre-arbitre.

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