Assis à ton bureau, des esquisses de plan sous la main, tu tentais vainement de les terminer tandis que ton inspiration mais surtout ta concentration semblait ne plus être au rendez-vous. Posant un regard autour de toi, tu devais être probablement le seul à encore errer dans les bureaux étant donné le silence pesant dans l’atmosphère. Habituellement, ici, c’était toujours bruyant. Du va et vient dans les couloirs, des coups de téléphone à gauche et à droite, des bruits de pas incessants. Tu aimais ce silence qui pesait désormais. Cette quiétude que tu ne trouvais pas ailleurs. Tu soupiras un long moment avant de jeter un regard sur ta montre et fus surpris de voir qu’il était déjà tard. Tu te levais, pris ta veste et refermas la porte de ton bureau derrière toi. Tu trainais dans les couloirs désertés, sans trop jeter de regards autour de toi. Tu n’étais pas le dernier à être ici puisque tu aperçus quelques lumières sous une porte. Probablement quelqu’un qui cherchait le calme pour terminer ses travaux, comme toi. Tu poussais la porte de l’enseigne et respirais l’air frais, fermant presque les yeux pour profiter de cette brise d’air avant de continuer à marcher. Tu ne prenais pas le chemin vers ta voiture, non, tu avais encore envie de marcher, profiter de cet air sentant l’été. Tu dus même retirer ta veste que tu posais à ton épaule tandis que tu arpentais les rues plutôt calmes. Ce que t’aimais trainer dans les rues désertes. Si certains y verraient une source de danger ou d’ennui, toi, tu y voyais un moyen pour t’apaiser après une journée rudement longue. Tu n’avais pas besoin de compagnie pour ne pas t’ennuyer, toi. La solitude, tu appréciais ça. Tu n’y voyais pas ça comme un lourd fardeau ou une tare. Tu finis par pousser la porte d’un bar probablement attiré par le bruit qui en ressortait de l’enseigne. Tu n’étais pas du genre à trainer dans les bars après ta journée mais tu avais envie de bousculer la routine. Tu n’avais pas envie de rentrer chez toi, te préparer à manger et simplement regarder des futilités qui passaient à la télé, non. Tu étais d’humeur à prendre à verre puis errer encore quelques temps dans les rues avant de rejoindre ton appartement. Le bar était plutôt peuplé mais tu réussis à te frayer un passage vers le comptoir où au moins, tu étais sur d’avoir assez de place. T’aimais pas vraiment être collé aux autres, t’aimais avoir ton espace, pouvoir bouger librement sans donner un coup à son voisin. Tandis que tu cherchais ton portefeuille dans ta veste, la jeune serveuse se présenta devant toi et te demandant ce que tu souhaitais. Sa voix ne te parut pas étrangère et tu redressas le visage pour voir la personne. Et tu eus un moment de recul, clignant presque les paupières avant de voir que la jeune femme qui te faisait face n’était autre que Circe. Tu en étais presque sur mais tu préférais en avoir le cœur net.« Circe ? » Tu souriais légèrement. Tu repensais à votre brève histoire. Circe faisait partie des filles qui t’avaient marqué même si votre histoire n’avait pas vraiment duré. A l’époque, tu étais venu ici pour un chantier et elle était en road trip. .« T’as posé tes bagages ici ? » T’étais presque étonné de la voir ici. White Oak n’était probablement pas la ville la plus attrayante. Tu en avais presque oublié la raison de ta venue ici. Circe, ici.

Tu n’étais pas de ceux qui croyaient aux bons hasards et au spiritualisme. Mais quand tu étais tombée sur Circe, tu finis par te dire que le hasard pouvait bien faire les choses. Circe t’avait beaucoup apportée en quelques mois et tu lui en étais toujours reconnaissant. Elle t’avait apportée cette touche de légèreté, de simplicité et une brise d’air de nouveauté. Ce qui t’avait permis de repartir de bon pied après votre rupture. Une rupture que vous étiez conscients qui avait lieu d’être, étant géographiquement incompatibles, elle, ayant l’ambition de continuer à faire le tour des Etats-Unis et toi, ayant ta vie professionnelle et privée t’attendant à White Oak. Il n’y avait pas eu de cris, de pleurs mais de la tendresse et de la compréhension. Ca avait été simple avec Circe. Du début jusqu’à la fin. Et ça t’avait fait beaucoup de bien à l’époque. Tu étais heureux de la revoir parce qu’en dépit de votre liaison, tu te rappelais t’être quelque peu attachée à cette tornade brune. Elle était attentive Circe, compréhensive. Et la revoir te faisait plaisir forcément. Elle avait probablement pleins de trucs à te raconter, ses périples, ses mésaventures. Tu souriais en la regardant tandis qu’elle semblait aussi surprise que toi de te revoir. Tu hochais la tête lorsqu’elle prononça ton nom et riais légèrement à ses dires. Ca pour une surprise, ça en était une. « J’espère une bonne surprise au moins ! » Tu souriais légèrement, accoudé au bar. Tu ne pus te retenir de jeter un regard sur Circe. Elle n’avait pas changé. Sa belle silhouette élancée, ce teint frais. Elle était toujours aussi jolie Circe. Elle te parla de son amie Jess, dont quelques vagues souvenirs te reviennent à l’esprit et tu hochais la tête, fronçant légèrement les sourcils. C’était la fille avec laquelle Circe était partie en périple et quelques souvenirs d’elles te reviennent à l’esprit. Tu avais eu l’occasion de la croiser quelques fois. « Oui je m’en souviens vaguement d’elle, oui.  » Tu souriais, toujours aussi ‘ahuri’ par tes retrouvailles avec la belle brune. Tu finis par croiser tes bras sur le comptoir et souriais légèrement lorsqu’elle te demandait si tu étais ici pour un chantier. « Non, j’habite ici moi.Depuis toujours. » Tu finis par commander ton verre, que Circe te rapporta et tu finis par poursuivre : « Ca doit te changer cette ville ! T’es ici depuis combien de temps ?» Tu sirotais ton verre et reposas ton regard sur la jeune femme. « J’en reviens pas que tu sois là. J’aurais jamais juré. Circe Davidson dans une petite ville, la fille qui avait la folie des grandeurs ! » Ajoutais-tu, toujours aussi amusé, reposant ton regard sur la jeune femme. « Mais ça me fait plaisir de te revoir. T’as pas changé, toujours aussi jolie. Et emmerdante j’imagine. » Répondais-tu, amusé. Ca te faisait un bien fou de revoir cette fille. Un sacré bien fou.

T’étais un peu du genre à rire des gens qui disaient que le monde était petit. Parce que tu trouvais cette phrase probablement un tantinet cliché, n’ayant pas vraiment eu l’occasion de croiser des gens par ici que tu avais déjà rencontré par le passé à mille lieux d’ici. Et pourtant. T’étais tombé sur une connaissance, et non pas des moindres. Circe. Une fille que t’avais croisé alors que tu travaillais sur un chantier aux Etats-Unis. Ca avait été une histoire de quelques mois et pourtant t’en gardais des bons souvenirs et Dieu sait que c’était rare. Elle semblait aussi surprise que toi de te revoir et tu dus avouer qu’à cet instant, le monde tu le trouvais vachement petit. Et ça t’allait. Surtout quand tu voyais des têtes que tu appréciais. Toi qui étais surement de passage dans ce bar, tu risquais un peu de t’éterniser avec la belle brune dans les parages. Tu riais à ses dires et haussais les épaules : « J’espère bien. » Tu lui demandais comment elle avait atterri ici, parce que t’étais étonné de la voir ici. Tu l’aurais imaginé dans les quatre coins du monde mais surement pas à White Oak. Elle avait un peu la folie des grandeurs Circe. A l’époque, tu t’en rappelais de tous les projets qu’elle avait avec son amie. Et en un sens, ça t’avait fait sourire. C’était surement pas le mode de vie que t’aimais, le genre de choses que tu ferais mais l’entendre, elle et ses anecdotes, ça te faisait souvent rire. Cette fille t’avait toujours étonnée et ce, encore aujourd’hui. « Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir. » Tu l’écoutais, hochant de nouveau la tête et poursuivis : « Je vois… Et ça te plait ici au moins ?» T’étais curieux, tu ne le cachais pas. Circe te connaissait après tout, t’avais pas besoin de jouer un rôle avec elle. Tu te contentais d’être toi-même. Tu souris en la voyant lever les yeux au ciel et fis une légère moue, en hochant la tête lorsqu’elle te dit qu’elle avait muri : « C’est bien.» Tu l’écoutais de nouveau et compris ce qu’elle voulait dire par charme. Après tout, pour avoir quitté la ville quelques temps pour divers projets, elle avait finit par te manquer. « J’comprends. J’ai jamais pu vraiment me résoudre à quitter cette ville, ça a toujours été que temporaire.  » Tu haussais les épaules de nouveau : « Et tu comptes t’installer ici ?» Peut-être qu’elle avait envie de poser ses bagages un peu. Ou peut-être que c’était que temporaire et qu’elle s’envolerait pour d’autres cieux très vite. « Et tu bosses ici donc ? Tu fais autres choses à coté ou tu te fais juste quelques thunes ?» Et c’était reparti pour un interrogatoire. Faut dire que t’en avais des questions après tout ce temps.