À l’amour, la gloire, l’argent, la loyauté, la justice, je préfère la vérité.
   Certains se sont brûlés les ailes et essayent d’effacer leurs souvenirs pour repartir à zéro, alors que d’autres voudraient voir certains instants durer éternellement.

C'est ici que tout avait commencé. Le début des emmerdes, et au fond de lui, il avait comme un pressentiment, il le sentait, il le savait. A la minute où il avait posé ses yeux sur lui, il devinait qu'il allait en être prisonnier. Une soirée bien ordinaire pourtant, des soirées de jeunes plein de débauche, avec de la drogue, de l'alcool, et surtout de l'argent. Parce que les fêtes chez les gens riches ne ressemblent à aucune autres. On pense que c'est la même chose que chez les autres alors qu'en fait c'est bien pire. Sully faisait parti de ce monde au moment où il avait pointé le bout de son nez il y a de ça vingt deux ans. La richesse, il connaissait mieux que quiconque, ses parents n'étaient pas célèbres, ni connus de tous, mais ils avaient su se faire un nom parmi tant d'autres. Nori n'avait jamais manqué de rien, il voulait un vêtement, il l'avait, un nouveau portable, il l'avait, mais il avait su faire face à tout ça, parce qu'on croit toujours que l'argent fait le bonheur, et bien c'est faux. Pour remédier aux remarques qu'on pouvait lui faire sur sa famille, il avait bossé tout un été pour se payer une voiture, pas un bolide à deux cent mille dollars, non, une vieille Camaro qu'il avait retapé jour et nuit pour qu'elle puisse de nouveau rouler. Et sa voiture l'avait amené tout droit vers cette soirée, chez Jeanne, une jeune française à la famille bien plus riche que de raison, si riche qu'il y avait des choses dont il n'avait jamais soupçonné. Qu'importe, elle lui avait présenté plein de nouvelles têtes, pourtant, il en connaissait des gens en ville, peut être un peu trop à son goût. Et il l'avait remarqué, lui, avec son verre à la main, en train de rire aux blagues de certains. Son sourire l'avait comme hypnotisé, il en avait connu des hommes Sully, mais pas des comme lui, si naturel, peut être pas le physique rêvé de tous, mais à lui, il lui plaisait. "Clay, tu connais pas encore Sully le roi de la fête ?" Jeanne devait très certainement avoir un peu abusé de l'alcool, ou de la drogue, ou bien des deux, dans tous les cas, elle était des plus joyeuses. Sully tendit sa main à Clay, et il la serra d'une bonne poigne, les apparences n'étaient pas trompeuses, il était aussi viril que fort. "Sully, j'te présente mon Clay." Ses yeux se plantèrent dans ceux de l'homme en face de lui, il n'avait pas l'air très clean, mais ça faisait son charme, c'était certain. "Et Sully ne boit pas ?" Il lui fit un sourire taquin et attrapa la première bouteille -de whisky- à sa portée pour lui en servir un verre bien remplie. Le jeune homme le remercia d'un hochement de tête et bu une grande gorgée de la boisson qu'on venait de lui offrir. Jeanne s'éloigna, elle avait repéré d'autres personnes qu'elle n'avait pas encore salué certainement. Sully passa sa main dans ses cheveux, ne sachant que dire, il l'intimidait, et c'était bien la première fois qu'on lui faisait un effet pareil. Clay s'alluma un joint, très certainement pas le premier de la soirée vu ses yeux brillants, et tendit la précieuse drogue à Sully qui accepta avec plaisir. "Tu l'as connu comment, Jeanne ?" La question la plus stupide de l'univers, mais ça avait le mérite de le faire sourire. "Elle a amené sa bagnole au garage où j'bosse, puis elle ne m'a plus lâché. Tu sais comment elle est." Il émit un petit rire, Jeanne était assez spéciale effectivement, mais sa soirée promettait d'être agréable. Il toussota légèrement, la fumée ayant brûlé sa gorge, ce n'était pas comme une cigarette, puis il bu le reste du contenu de son verre pour faire passer le goût. Clay n'était pas issu d'une riche famille, il bossait pour obtenir ce qu'il voulait, et pourtant, il avait l'air d'être totalement à l'aise entre ces murs, bien plus que Sully ne l'était.

La soirée battait son plein, bien plus qu'on aurait pu le penser finalement. Sully s'était attendu au pire avec tous ces jeunes complètement ivre ou drogué alors que la soirée était à peine entamée, pourtant, tout le monde s'amusait. Il revoyait quelques amis qu'il n'avait pas vu depuis le lycée, c'était agréable. Puis surtout, l'alcool lui était complètement monté, et il n'était pas le seul. Prendre le volant n'était certainement pas l'idée de l'année, il fallait l'avouer, mais il y songeait sérieusement, histoire de rentrer au plus vite et de vider son estomac plein d'alcool au fond des toilettes. Pour un futur infirmier, ça le faisait moyen, ce n'était pourtant pas dans ses habitudes d'agir ainsi, il était fêtard mais il connaissait ses limites, et il les avait dépassé depuis un bon moment. D'un geste évasé, il la salua la maitresse de maison et sortit de la demeure en titubant, l'escalier ayant presque eu raison de lui, il s'arrêta un moment avant de reprendre la route jusqu'à son carrosse. Un long périple dans son état, il atteignit tant bien que mal le véhicule et chercha ses clés au fond de ses poches. Rien. Bordel. L'éclairage était plutôt léger, mais il s'aventura tout de même à chercher ses précieuses clés sur le sol. Une main vint lui tapoter l'épaule doucement et dans un mouvement de recul il se retrouva sur les fesses. Clay. "Ça roule pour toi ?" Il écarquilla les yeux puis les plissa tandis que l'homme lui tendait la main pour l'aider à se relever. Il attrapa sa main et une fois debout, s'appuya sur sa voiture, nauséeux. "Ça roulerait mieux si j'avais pas paumé mes clés... Fais chier." Sully afficha une petite moue, Clay le regardait avec une telle intensité qu'il en perdait tous ses moyens, même la parole. Il lui leva les clés devant le nez, comme une fierté, les sortant de nulle part. "C'est ça qu'tu cherches ? En voiture mon grand, j'te ramène." Soit il était magicien, soit il lui avait volé dans la soirée sans qu'il ne s'en aperçoive, il préféra la première option, la deuxième lui paraissait complètement tordue. Clay le conduisit jusqu'à chez lui, sur un fond d'explication assez désastreuse, il avait bien plus clair que lui alors qu'en réalité, l'alcool et la drogue qu'il avait du ingurgité étaient bien plus important que ce qu'il avait pris lui. Sully sortit de la voiture avec difficultés et referma la portière derrière lui, son bâtiment lui paraissait si grand, il se demandait bien comment il allait monter les escaliers jusqu'au troisième étage. Clay s'approcha de lui pour lui rendre ses clés et il lui tourna le dos en l'ignorant totalement. Là, il se sentait comme abandonné, comme désemparé. Il l'allumait clairement et il s'en allait comme si de rien n'était. "Tu vas où ?" Osa-t-il lui demander, les yeux brouillés par l'alcool, tenant à peine debout, cherchant à être immobile sans succès. "Je rentre chez moi. Salut !" Il leva la main en guise de bonsoir, s'avançant dans l'obscurité de la rue. "C'est tout ?" Clay se retourna d'un seul coup, les yeux plissés, l'air interrogateur. Il s'avança vers Sully qui fit un pas en arrière, tenant sa position avec difficulté. "C'est quoi ton problème Sully ?" Non mais c'est une blague ? Il n'avait aucun problème Sully, il était parfaitement en état de comprendre ce qu'il se passait, et ça devenait de plus en plus bizarre à ce stade là. Clay réduisit la distance entre eux, jusqu'à se retrouver plus proche que jamais. La main du jeune homme vint se poser sur le torse de l'homme, il ne savait pas ce qu'il faisait, il ne savait plus. "J'ai aucun problème si tu veux savoir... C'est juste que..." Sa main vint se poser sur la joue de son interlocuteur, leurs lèvres séparés de quelques centimètres désormais. Sans qu'il ne comprenne quoi que ce soit, Clay vint coller sa bouche contre la sienne, entamant un baiser passionné, aucune tendresse, sa main attrapait sauvagement le tshirt de Sully qui colla son corps contre celui de l'homme. Il était bien parti pour lui plaire, c'était certain.

Les nuits se suivaient et se ressemblaient pour Sully. Chaque jour depuis qu'il était infirmier étaient identiques, toujours les mêmes cas et ça devenait long à force. Cette nuit là, Nori ne se sentait pas particulièrement bien, il avait la nausée depuis quelques heures déjà, et plus le temps passait, moins ça allait. Il serait bien rentré à la maison pour se blottir dans les bras de Clay, qui lui dirait que tout va bien, que ça allait passer. Et à force de lutter contre ses vertiges et ses nausées, le médecin de garde l'autorisa enfin à quitter les lieux au beau milieu de la nuit. Ni une ni deux, il ne prit même pas la peine de se changer et s'en alla tout droit chez lui, au volant de sa jolie voiture. L'appartement n'était pas fermé, pourtant il était tard -peut être quatre heures du matin-, et ça agaçait Sully de toujours devoir répéter à son ami de verrouiller la porte chaque nuit. Il franchit le seuil et n'entendit pas un bruit, même la télévision était éteinte, ce qui était plutôt rare vu que Clay était plutôt un couche tard. En tendant un peu plus l'oreille, il entendit quelques bruits venir de leur chambre à coucher, des bruits plutôt suspects, des bruits qui lui faisaient avoir un mauvais pressentiment. Et il ne fût pas déçu de la surprise qui l'attendait dans cette pièce, une demoiselle, Clay, des gémissements et les yeux horrifiés de Sully. "Tu te fou de moi ? C'est qui cette pute ?" Il s'approcha et attrapa la blonde par les cheveux pour la jeter par terre. Clay resta sur le lit, complètement nu, l'air idiot sur le visage, mais surtout surpris de le voir rentrer si tôt. La fille se releva et Sully lui balança ses affaires à la figure, et elle ne mit pas longtemps à quitter l'appartement, claquant la porte au passage pour bien leur faire signifier qu'elle était partie. "C'est pas ce que tu crois..." Non bien sur, ils faisaient une partie d'échecs c'est ça ? "Tu dégages de là ! Dégages !!" Sully ouvrit la porte de l'armoire et la vida des affaires de son compagnon, puis dans un soudain élan, il ouvrit la fenêtre pour y jeter tous les vêtements qui atterrirent sur le trottoir en bas de la rue. "Tu m'prends pour un con, dégages je te dis !" Clay se leva et enfila les vêtements qu'il avait à portée de main, certainement les seuls qui restaient dans cette pièce. Les larmes commençaient à couler sur les joues de Sully, jamais ô grand jamais il n'avait été aussi déçu de quelqu'un. Il lui avait donné sa confiance, son amour et tout ce dont il pouvait rêver, et il avait osé le trahir. Non, il ne voulait plus le voir ici, plus le voir du tout. "Écoute bébé... Je..." Il le coupa. "Ne m'appelle pas comme ça." Il avait haussé le ton, une fois de plus, pour bien lui faire comprendre qu'il lui en voulait, qu'il le détestait à ce moment précis. "Je veux que tu partes Clay, tout de suite !" Reprit-il d'un ton plus calme. Il désirait être seul, il ne voulait plus entendre parler de lui, il était détruit, complètement à terre désormais. Clay ne se fit pas prier, il avait fait une erreur, et Sully ne savait pas s'il en était conscient, mais c'était bien plus qu'une trahison. Qu'il le trompe, c'était une chose, mais avec une femme, c'en était une autre. Pas que si ça avait été un homme il l'aurait accepté, mais simplement qu'il aurait été moins surpris et dégouté par son acte. Une fois que l'homme eut quitté les lieux, il ne pu s'empêcher de laisser toutes les larmes de son corps couler, et dans un élan de colère, il enleva les draps du lit -salis par la blonde- pour les jeter par la fenêtre également. Enfin, il s'allongea sur lit, l'odeur de Clay encore présente malgré tout, puis il se recroquevilla pour pleurer comme jamais ça n'était arrivé.

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