Angus avait toujours été plus ou moins adepte du style capillaire je-m'en-foutiste, tignassu de la racine aux épaules, rempli de nœuds et malgré tout sexy comme un dieu. Genre un dieu beau gosse. Genre Apollon le dieu de la sexyness par excellence. Ou genre Space Viking, qui malgré le côté creepy (et blond) correspond à un idéal divin et skateur (pléonasme) qu'Angus se faisait de la masculinité. Le skate était une religion très indulgente et la vie d'Angus qui tournait autour en était  parfaitement accommodée. Les chrétiens fervents ne raffolent pas du concept de vie éternelle sur terre, qui rend leurs rêves célestes pitoyablement caducs. Mais Space Viking conciliait le skate, la virilité, la bière, et un tas de marques qui faisait des trucs bien propres (jargon du milieu skatophile) (oh mon dieu. SKATE-O-PHILE) (le milieu à roulettes.) Angus skaterait pour l'éternité. On cryogénisera sa planche avec lui. Il emmènera des cloudboards au paradis.

Animé par cette passion sauvage (le skate étant à la fois une quête spirituelle et une activité physique sexy selon les risques entrepris), Angus ignorait comment mener une conversation normale avec une femme sans se mettre en colère ni flirter, mais il essayait, clarifiant, se dévoilant le moins possible, tout en étant désireux de plaire. Faux, il flirtait à chaque fois. Il flirtait avec les vieilles dans le train, c'est dire. C'était incontrôlable, Angus voulait rentabiliser ses fossettes et donner à ses draps une raison d'être lavés (la logique du garçon célibataire cracra.) Est-ce qu'il était doué ? Délicat ? Subtile ? Pas vraiment. Mais il était très beau et très confiant.
Un jour une belette d'un soir qui avait mal pris le fait de n'être qu'une belette d'un soir s'énerva et lui couina ses quatre vérités. Un, il était un goujat sans état d'âme qui ne laissait la chance à personne d'apprendre à le connaître. Angus acquiesça pour celle-ci. Deux, il ne pensait qu'à son travail et ne fonderait jamais de famille, ne connaîtrait jamais l'amour. Angus se plia à l'avis belettaire encore une fois. Trois, il ne la méritait pas (elle était au bord des larmes) pour lui avoir menti toute la soirée. Angus ne dit rien, cachant très mal son euphorie derrière un sourire s'étalant de son oreille gauche à son oreille droite ; mais quelle cruche avait pu gober les niaiseries qu'il avait débitées ? Fier de lui, son sourire tomba bien vite quand la belette enchaîna. Quatre, sa coupe de cheveux était déplorable et lui donnait l'air sale. PARDON ? Angus feignit de s'étouffer avec sa propre salive pour lui claquer la porte au nez et réfléchir deux secondes sur le sens de sa vie.

Après une longue remise en question devant son miroir, il se rendit au Red Bloom Salon pour optimiser ses chances de choper de la belette. Dling, a fait la cloche au dessus de la porte quand Angus poussa la porte d'entrée, dling a-t-elle répété quand la porte s'est refermée. Il ne s'est pas avancé dans le salon tout de suite, ayant soudain été pris de doutes quant à l'avenir de sa bien-aimée crinière. Un cri aigu a résonné en provenance du vestibule et Angus s'est élancé comme un superbe lévrier en criant sur un tas de gens. "O.K. alors on fait ça maintenant avant que je change d'avis ! Je suis décidé, mais peut-être pas pour longtemps ! Allez, quelqu'un chope des ciseaux et s'occupe de moi là !" Mais après cinq minutes de négociations infructueuses avec le staff, Angus du patienter et s'asseoir sagement en attendant son tour. Mortel, et stressant.
Quand il s'ennuie, Angus occupe son esprit en choisissant un sujet qu'il tire au hasard dans son chapeau haut de forme mental, puis dresse une liste y correspondant jusqu'à ce que l'activité ne change d'elle même. Le thème général varie en fonction du tirage : les possibilités sont vastes. Il y a les oiseaux, les fonds marins inexplorés, les couleurs aux fréquences indéchiffrables, la nourriture, l'agencement de petits intérieurs (incluant les cabanes dans les arbres), et ce à quoi pensent les animaux. Au début ça le faisait se sentir un peu autiste, mais avec assez de concentration ça l'aide vraiment à canaliser son énergie et à ne pas faire de bêtises pendant quelques instants. Oui, Angus est un grand garçon turbulent, mais joue le rôle de l'instit responsable avec lui-même. Il marmonnait ses idées pendant que sa voisine de chaise d'attente le regardait étonnée toutes les trente secondes, relevant ses yeux du magazine mis à disposition par les bourreaux de cheveux. "Nouveau thème : les clichés oubliés. Les tartes qui refroidissent sur le bord de la fenêtre." Elle le dévisageait carrément maintenant. "La corvée de patate sur les navires pirates. QUOI ? il adressa un regard écarquillé à Alix qui sursauta quand il se mit à hurler. On a tous ses combines pour faire passer le temps, hm. Toi c'est... Il tourna quelques pages alors que le bouquin reposait encore sur les genoux d'Alix, c'est... Il regardait maintenant la jeune femme avec un air jugemental mais sympa en même temps ; avec moins de cheveux et plus de créoles on aurait dit Cristina Cordula. C'est pas du tout approprié à la forme de ton visage !" Il enfouit sa tête dans ses mains en riant "espèce de folle, mais quelle connerie on fait, mais quelle grosse connerie de se retrouver ici..." Il était rouge tant il riait, et du essuyer une larme qui perlait au coin de son œil.

D'abord douce, la voisine-de-chaise-de-salle-d-attente prit pitié d'un Angus qui s'agitait malgré tous ses efforts. Elle avait le regard qu'adoptait sa mère quand elle s'excusait pour lui quand il était enfant "il est un peu hyperactif, excusez-le, on va se calmer vite, hein Angus ?" Turbulent depuis petit, Angus resterait à jamais une boule d'énergie incontrôlable malgré l'âge adulte et les responsabilités impliquées. La douceur laissa place à la stupeur quand elle se rendit compte qu'il était en réalité complètement hilare. Elle lui donna un coup dans le bras qu'Angus interpréta comme un rapprochement physique bienvenu. Elle lui montrait bientôt la raison de sa présence dans le salon infernal : un chewing-gum était empêtré dans ses cheveux, assez longs pour être synonymes de précieux. Angus préparait de la punchline à des fins moqueuses quand elle enchaîna trop rapidement : "Remarque je suis pas la seule. C’est quoi ce… nid ?" Elle secouait une main molle au dessus de la tête d'Angus, qui l'attrapa comme un chat, vif, chassant les mouches et les points de lumières zigzaguant au bon vouloir d'un imbécile muni d'un laser. Elle le regardait béatement, et Angus lui souriait de toutes ses dents. Sans lui rendre sa main encore, il jouait avec, comptait ses doigts en les faisant rouler entre son pouce et sa paume, pour finalement la lui serrer plus cordialement en prenant un air trop sérieux pour être crédible : "Mademoiselle." il inclina légèrement la tête en guise de révérence. Lâchant enfin la menotte d'Alix, patiente, et particulièrement docile et dotée de dérision pour une inconnue lambda, il frappa alors son torse avec son propre poing. "Moi Angus. Moi représentant capillaire des hommes célibataires de la ville." Clin d’œil. Alix était vraisemblablement amusée par le comportement clownesque du bellâtre insouciant, de ce fait encouragé à continuer.

"Arrête de rire, ordonna-t-il, fronçant soudain les sourcils en faisant mine d'être vexé. Arrête de rire tout de suite, je sais pas ce que tu risques encore, mais je suis pas certain qu'on soit autorisé à se moquer de ma situation quand on est soi-même un cas chewing-gum. Il plissait les yeux pour accentuer son propos. Je sais pas comment t'as pu te démerder sérieux, t'as cracher contre le vent ?" Il pouffait de nouveau, en faisant gesticuler la mèche de cheveux condamnée. Ses yeux étaient brillants d'intérêt pour Alix, qui était définitivement le genre de belette qu'Angus se plaisait à chasser. Le genre de belette avec qui on pouvait blaguer. Il la matait carrément maintenant. Ils étaient assis à quelques centimètres l'un de l'autre et lui la reluquais sans gêne aucune, de pieds en cape, tentant de se persuader que personne, et surtout pas Alix, n'avait remarqué la longue pause qu'avait appuyé son regard au niveau de ses seins. Bien entendu qu'elle l'avait remarquée. "Jolies clavicules" lui adressa-t-il accompagné d'un sourire charmeur. "Si t'es pas trop moche quand il t'auront à moitié scalpée, je t'invite à prendre un verre."

L'heure de la délivrance allait sonner. Alors Qu'Alix et Angus chahutaient comme un couple de gamins, pour le plus grand bonheur de celui-ci, une coiffeuse s’approcha d'eux. Les mains de la jolie jeune femme avaient agrippé l'avant bras du joli jeune homme qui jubilait à ce contact, si doux, jusqu'à ce qu'elle n'enfonce ses griffes dans la chair sensible, si douce, sur le plat du bras qui dévoile les veines (atout sexy.) La belette flippait, et ce n'était pas la faute d'Angus. Mieux : elle l'appelait au secours ! "J’ai besoin d’un soutien moral, je l’amène avec moi." annonça-t-elle gravement à la coiffeuse, atterrée devant leur comportement ; mais, professionnelle, elle masqua tout jugement et les conduisit vers un siège de coiffeur où Alix s'installa sans lâcher le bras d'Angus, qui ne se débattait pas. A cause de son stress incommodant, elle lui demanda d'expliquer la situation à sa place, comme une enfant. "Quelle chochotte, soupira-t-il en levant les yeux au ciel. L'emprise d'Alix sur son bras se fit douloureuse. Ça m'a échappé, princesse ! Ajouta-t-il en se défaisant enfin de son étreinte qu'il appréciait de moins en moins. Elle m'a lacéré le bras je rêve ! Sauvage !" beuglait-il en montrant les marques imprimées par les ongles d'Alix à la coiffeuse, qui ne savait plus où se mettre.

"O.K., bon passons aux choses sérieuses." Angus s'était placé derrière le fauteuil et passait les doigts dans la chevelure piégée. Il prenait soin de ne pas toucher au chewing-gum, ou ne de pas emmêler encore plus de mèches avec. "Ça me brise le cœur que l'on doive sacrifier cette longueur mais... Vous visualisez le look de Britney Spears en 2007 ? On va optimiser tes chances de te débarrasser des nœuds et des blagues collantes de gamins aux passages piéton." Il laissa la place à la coiffeuse qui à son tour estima silencieusement la coupe la plus adaptée à la catastrophe qui se présentait. "Je pense qu'on devrait pouvoir éviter cette extrémité, mademoiselle...
- Que nenni, ma pauvre Alix, on va vous faire la coupe de Bruce Willis. Willix." il riait bêtement en mimant de tondre tout le crâne de la pauvre Alix, qui assistait par le biais du miroir en face d'elle à la scène qui s'opérait dans son dos, terrorisée au fond du siège tournant.

Quand on y réfléchit un peu, certains animaux - et certains humains - ont vraiment une gueule de puzzle raté. Il est tentant de se sentir indulgent et de considérer le cas, par exemple, de l'ornithorynque, par un coup de fatigue du Créateur. Comme une panne d'inspiration qui arriverait même au divin, ou l'art d’accommoder les restes à la manière de toute bonne cuisinière. Mais la théorie du hasard reprend rapidement sa place, et il crève les yeux que la vie n'est qu'une histoire d'accidents cosmiques, et que l'ornithorynque en paie plus que les autres le lourd tribut. Angus venait de trouver un surnoms à sa nouvelle ex-future-conquête, et se lançait le défi de la ramener chez lui sans tenir compte du sort final de ses cheveux.
"Ce n'est pas si dramatique ne vous affolez pas, tentait de la rassurer la coiffeuse, avec un dégradé vous pourriez garder une bonne longueur si vous préférez !
- Ou ne garder qu'un millimètre et les teindre en fluo ?" Suggéra Angus, toujours dans l'espoir de relever un défi plus intéressant.

Quatre yeux (deux paires féminines) fixaient Angus pendant que leurs propriétaires l'imaginaient avec les cheveux bonds platine. Il se délectait d'être ainsi admiré et la réponse n'avait aucune importance, si on lui promettait qu'il serait sexy. Alix avait prononcé le mot avec une once d'ironie dans la voix, mais la confiance d'Angus ne l'arrêterait pas, "chiche, siffla-t-il en rapprochant dangereusement son visage de celui d'Alix, et sache que je suis sexy tout le temps" ajouta-t-il à voix basse en direction de la coiffeuse qui commençait à trouver la situation vraiment amusante. Etre le centre de l'attention n'avait pas toujours été son dada, mais peut-être n'avait-il en fait, au contraire jamais connu le rejet. Cela faisait plus de deux belettes selon ses calculs, qui critiquaient sa crinière, et cela l'inquiétait. Il ne coucherait jamais avec une fille qu'il ne trouverait pas physiquement attirante, et pariait sur la réciprocité de cette réflexion. Il aimait plaire, vrai, mais davantage il aimait niquer. La séduction est un jeu fort divertissant mais Angus n'avait ces jours-ci que très peu de temps (travail oblige) et il fallait ruser autrement pour ramener son gibier.
"Le rose t'irait à merveille, princesse, c'est ta couleur !" conseilla-t-il à Alix. Relever des défis, ok, mais s'il devait se la faire, il était hors de question qu'elle finisse avec une coiffure couleur Shrek, ou bleu, qui risquait de virer (qui sait, ils voudraient peut-être remettre ça.) Prudent, il maintenu le choix sur du rose, qui était une couleur somme toute raisonnable, féminine et déclinable dans de nombreux tons accordables avec ses draps. C'était là toute sa réflexion quant au sort de cette nouvelle princesse. La coiffeuse exultait désormais de leurs délires qui l'insupportaient quelques minutes plus tôt. Tandis qu'elle procédait à la préparation de la coloration, Angus continuait de faire du charme à Alix, force d'yeux félins et de compliments chevaleresques. Elle avait l'air plus détendue, et en confiance à la fois avec Angus et avec son avenir capillaire.

Il se faufila comme une anguille (Angus, anguille, tu l'as ?) entre les fauteuils pour tapoter sur le bras qui mélangeait les pigments, les crèmes, et tout le bazar qui allait finir dans les cheveux de sa nouvelle target. La tête à qui appartenait ledit bras adressa un regard interrogateur à Angus qui souriait, il faut le reconnaître, vraiment, vraiment niaisement. "La demoiselle avait préciser qu'elle voulait des mèches n'est-ce pas... Mais il est hors de question que j'hérite du même look pourri. Je me disais, par soucis d'équité n'est-ce pas, que nous pourrions nous arranger pour que sa tête entière soit colorée. J'veux dire ; faites ça bien hein avec les nuances et tout (je voudrais  pas me taper Barbapapa) mais, sur le crâne complet." Amusée, la coiffeuse était prête à se rendre de plus en plus complice de leurs conneries et, après quelques secondes de réflexion, répondit avec un clin d’œil en rajoutant plusieurs doses des produits nécessaires dans le mélange.
Angus se dirigea vers les toilettes pendant qu'Alix se faisait masser la tête avec cette mixture colorée : il n'aurait pas pu se retenir de rire et l'abandonna quelque minutes avec la coiffeuse qui elle-même masquait beaucoup mieux la duperie - professionnelle on a dit !
Quand il revint enfin, Alix en était au rinçage. Elle lui lançait de sales regards du coin de l’œil, l'air de dire "pourquoi tu m'as abandonnée pour cette épreuve espèce de lâcheur" et il s'en serait presque voulu. Presque, sauf que pas du tout : la blague était hilarante ! "Comment se sent ma princesse, c'est agréable le massage mmm ?" il haussait les sourcils, lui proposant mentalement d'autres sortes de massages.

Alix était sur le point d'exploser, si bien que son teint s'accordait à ses nouveaux cheveux. Un sentiment de réussite et d'accomplissement emplit la poitrine d'Angus qui se félicitait intérieurement. Bravo fiston, il se serait tapoter sur l'épaule tout seul, je suis fier de moi. L'ex-rouquine hurlait si fort que plusieurs paires d'oreilles dans tout le salon s'étaient mises à saigner. Pas celles d'Angus, pour qui ces cris ne signifiaient rien de plus que des encouragements. "J'adore quand tu cries, chérie" il haussait les sourcils, amusé, et s'installa dans un autre fauteuil, suivant les directives de la coiffeuse, qui chuchota quelque chose à Alix à propos de "dégueulasse" et d'"albinos", pour s'éloigner d'eux en pouffant. Elle attrapait un tas de flacons avant de se rediriger vers Angus, que le stress avait abandonné au moment où il mettait au point sa farce pour Alix.
"Je sais ce qui m'attend tu vas pouvoir rire aussi. Mais si je riais, ce n'était pas que je me moquais ! Parce que tu es très belle Alix, maintenant tu ressembles juste à un bonbon..." La coiffeuse attrapa la tête du jeune homme, qui se rapprochait du visage figé d'Alix, toujours assise à côté, pendant qu'un autre coiffeur séchait ses cheveux dans un brouhaha haute température. "On va commencer par redessiner les volumes hein, c'est n'importe quoi, là !" elle passait ses doigts dans la tignasse d'Angus, faisant voleter les mèches par dessus son front tandis qu'il souriait toujours à sa voisine : "J'ai envie de te manger !"

Alix fut prête avant lui, et son siège fut cédé à une mamie aux cheveux ivoires, à qui on refaisait sa permanente. Quelle déception pour Angus, qui s’apprêtait à son tour à découvrir sa coloration. Alix se rapprocha pour assister à sa réaction, et la mamie jactait. "Comme vous êtes beaux, tous les deux ! J'adore les jeunes couples, moi, ah, l'amour, c'est ce qu'il y a de meilleur dans la vie ! Mon pauvre Dereck, mon mari chéri, qu'il repose en paix ! Il me manque ! Profitez-en, les jeunes, profitez de l'amour ! C'est la plus belle chose du monde, mademoiselle, elle attrapait la main d'Alix, juste après vos cheveux peut-être ! Ahah ! Je pensait teindre les miens de la même manière ! Mais ça ne m'irait pas aussi bien !" Elle n'en finissait pas de bavarder, et chuchotait régulièrement (toutes les trois phrases) dans l'oreille d'Alix, qu'elle tirait par le bras, qu'il fallait qu'elle prenne soin de son petit ami, désignant Angus, qui continuait sa danse du regard à l'attention du bonbon.

Elle s'arrêta à un coin de rue, soufflant comme un bœuf - mais toujours attirante, c'est quoi, leur secret, à ces filles là ? Angus l'avait rattrapée un pâté de maison plus tôt, quand il réalisa ce qu'il se passait et qu'il sauta sur son skate. Il ne se rendit compte qu'elle ne courrait plus qu'en se retournant pour lui signifier son amusement. "Tu crois qu’il faudra que je laisse passer combien de temps avoir d’oser de nouveau passer dans cette rue sans avoir peur de me faire agresser par notre coiffeuse ?" lui demanda Alix après avoir repris son souffle. "Tu veux vraiment y retourner ? Je veux dire, tu leur ferais encore confiance ? A eux... Ou à moi ? Je t'attendrai tu sais, je resterai à attendre dans leur salon jusqu'au jour où tu reviendras, comme ça je pourrai pas te rater. Et j'aurais de biens meilleurs plans en ce qui concerne ta coiffure cette fois..." Bipbip. Le téléphone d'Angus. Il jeta un rapide coup d’œil dans sa poche.
Il ajusta une mèche derrière l'oreille d'Alix (waaaaa le gros lover comment il fait trop geeeenre) et sorti une monstruosité à écran plat de la poche arrière de son jean. L'horreur luisait, clignotait et vibrait tout en même temps. Un écran tellement grand qu'il effleura du bout du pouce, l'autre main toujours dans la chevelure d'Alix. "Allô, Dr. Rheon, le cabinet m'a prévenu que vous appelleriez. M. Hamel ?" puis, "Oui." puis un long silence pendant lequel il fixa le décolleté d'Alix, qui attendait sagement qu'il décide de lui rendre les quelques mèches roses qu'il avait en otage entre ses doigts, puis "J'arrive, donnez-moi un quart d'heure."

Il releva le regard pour le plonger dans les noisettes d'Alix. (là ses noisettes ça veut dire ses yeux hein, pas ses noisettes. C une fille en plus, elle a pas de noisettes) Délivrant le brushing de son emprise, il tira sur son blouson et en sorti de l'autre main un portefeuille dont il extirpa un carton du cabinet de vétérinaires auquel il est rattaché. Il y arriva sans même ouvrir ni regarder son portefeuille. Parce qu'il fixait les yeux d'Alix. Son visage était fermé, il affichait un air très sérieux. Son portefeuille était en cuir cordovan, tout usé sur la tranche (assorti à ses chaussures, qui étaient par ailleurs beaucoup moins bousillées.) Il n'y tenait pas particulièrement - c'était un vieux portefeuille qu'il avait du voler à son père quand il vivait encore chez lui - mais oubliais toujours de le remplacer. Il n'était plus de toute fraîcheur, mais il était d'une ergonomie telle qu'il n'avait peut-être quand même pas vraiment envie de s'en débarrasser. Il le rangea dans sa poche intérieure et attrapa un stylo dans celle de devant. Il baissa les yeux, détachant son regard de celui d'Alix un instant.
"780 399 4263
angus
dîner 20h mercredi"
C'est ce qu'Alix pouvait lire sur le dos de la petite carte qu'il lui tendait. "Il faut que je te laisse maintenant. Ça te dit de me revoir demain ? Je t'invite à dîner. Envoie-moi un message et je passerai te prendre." Il posa un pied sur son skate, un bisou sur le front d'Alix, et il s'éloigna les mains dans les poches.