Seul à l'appartement pour ce soir, j'avais invité Cass pour prendre cette fameuse revanche. J'y tenais sans savoir réellement pourquoi. Je n'avais jamais été très compétiteur, même si je faisais parti de ces caractères qui n'aimaient pas rester sur une défaite. Peut-être était-ce l'envie d'avoir un compagnon pour jouer, créer une amitié et revenir à cet entrain social que j'avais autrefois. Depuis la mort de mon père, j'avais traîné dans quelques groupes mais avec tous les déménagements, je ne m'étais rarement lié d'amitié comme il le fallait. Misanthrope sur les bords, un peu décalé et probablement solitaire, ça n'avait jamais été mon fort de créer un lien, toujours à l'aise dans un silence et maladroit dans les choix de mes mots à l'oral. Sûrement la pression, ou alors la connerie. Peut-être était-ce cet engouement d'avoir un endroit à moi. Endroit que je partageais, certes, mais un lieu où je pouvais recevoir et jouer au rôle de l'hôte qui me tenait à cœur. Comme si ça pouvait me faire grandir, comme si ça définissait une partie de cette liberté qui m'ouvrait ses bras. C'est tout excité que je m'étais habillé pour l'occasion. Rien de bien formel, un jean dans l'air du temps, mes bottines et un de mes t-shirts que j'affectionnais. Cherchant à faire bonne impression, j'avais acheté des bières, du vin, et d'autres conneries juste pour avoir de quoi manger et boire pour la soirée. La console allumée, chauffante dans l'attente d'être prise en main, les deux manettes présentées sur la table devant une télévision déjà lancée. J'en avais fais tout un plat, quelque part, c'était important pour moi. Une étape dans le monde des jeunes enfants qui s'enfoncent vers le monde d'adulte, une soirée de grand avec des jeux de gamins, quoi de plus amusant ?
J'avais rencontré Cass dans ce bar lors du concours de jeux vidéos. J'y étais allé pour me montrer un peu dans cette petite ville où beaucoup semblait déjà se connaître. Dans ma jeunesse de solitude, les jeux vidéos étaient devenus toute une religion pour moi, me permettant de voyager, de me détendre, de me sortir des tourments d'une existence aux larmes salées et aux blessures hurlantes. Ce soir-là, j'avais perdu lors du dernier affrontement contre Cass mais ça avait été une soirée pleine de rire et c'était bien tout ce qui importait à cet instant. Je ne m'y attendais pas vraiment, mais il était venu m'aborder après, me payant un verre pour discuter un sourire armé sur ses lèvres. Une agréable attention qui nous avait conduit à rester ensemble pour la suite de la soirée, quelques boissons pleines d'alcool, un échange de numéro et une promesse de revanche un soir prochain. Fier d'avoir passé l'étape de ce début d'amitié, j'étais rentré ravi de m'intégrer si rapidement à une communauté. Je ne le connaissais pas réellement, je savais juste qu'il était natif du coin et qu'il aimait les jeux vidéos. Puis il m'avait battu, je ne pouvais laisser le score à son avantage. Alors avec Rozen d'absente, j'avais l'appartement pour moi et c'était l'occasion parfaite pour tenir notre promesse. Je l'avais prévenu quelques jours plus tôt, et il semblait déjà impatient d'y être.
J'allumais une cigarette dans le salon, mes petites préparations disposées avec précision sur la table en attendant qu'il arrive. J'avais abandonné mes bizarreries pour la soirée, pas de déguisement stupide, pas de drogue avant, pas de décoration, rien d'extravagant pour ne pas l'effrayer tout de suite. J'avais toujours été comme ça, perdu dans ce monde imaginaire qui était le mien comme si je m'attendais à ce que tous les autres soient aussi enfantin et rêveur que moi. J'avais pris l'habitude de freiner toutes ces étrangetés qui pouvaient assaillir mon esprit de gamin effrayé par tout ce qui devenait un peu trop réel. Je l'entendais sonner et j'allais ouvrir.
« Hey ! Prépare-toi, ce soir, je vais te faire ta fête. »
Un sourire sur les lèvres, devant lui, la porte ouverte, je le laissais rentrer d'un signe de main en lui montrant le canapé pour qu'il se sente libre de s'installer. La soirée allait débuter et déjà, je peinais à cacher mon enthousiasme.
Il s'en passait des choses dans ma vie. Il s'en passait toujours trop pourrait dire certain ronchon. Mais c'était mon rythme courir à droite, à gauche puis un zigzag pour le fun. C'est comme ça que je m'étais retrouvé dans un bar, encore une fois. J'aurai pu passer devant sans m'arrêter et rentrer peinard, sans alcool dans le sang. Seulement l'affiche spécial jeux vidéos avait tapé dans l'oeil. Enfin mes deux yeux, j'étais pas borgne jusqu'à preuve du contraire.
Je poussais la porte, l'air déjà triomphant. Je savais déjà que j'allais gagner. Je veux dire ma vie tournait autour des jeux vidéos, alors autant rentabiliser cette expérience. Je fis craquer mes doigts, entrant dans le bar comme j'étais maitre des lieux. Le sourire peint à mes lèvres ne lâchait pas mon visage, si ce n'est pour être remplacer par des rires alors des parties endiablés. Je ne comptais pas le temps qu'à pris de faire tout les parties, grimpant tranquillement vers le sommet de la compétition vidéo ludique.
C'est lors de mon dernier duel, que mon regard fut attiré par mon adversaire. Il ne passait pas inaperçu avec son air faussement androgyne mais indéniablement masculin. C'était un visage que je ne connaissais pas et que j'avais bien envie découvrir. Que soit amicalement ou pas, on ne refuse pas quand ça se présente. Le tout était de savoir s'il jouait dans le camp des porteurs de caleçons, ou si les culottes à dentelles étaient son unique amour. J'avais lancé mes meilleurs blagues et les pires, et il avait honteusement rire avec moi. Quand on trouvait mon humour à son goût, j'aimais à croire que le proverbe était vrai : mec qui rit à moitié dans son lit.
A la fin de la soirée, le sang plein de bières, j'avais réussi à acquérir son numéro de téléphone. J'étais le premier étonné qu'il vienne me le donner. Je pouvais encore cocher une case sur ma liste pour savoir si je plaisais un tant soit peu à la personne en face de moi. C'est la promesse de se revoir pour revanche qu'on se quitta. C'est ainsi que je me trouvais devant chez lui. J'avais laissé mon fidèle compagnon canin aux bons soins de mon mari, pour mieux pouvoir essayer de le tromper. Pourtant, je n'avais pas particulièrement fait d'effort vestimentaire. Sortant à peine du travail, j'étais en jean et t'shirt basique, juste mon blouson en cuir pouvait passer pour un effort de mode qui n'en est pas. A me balader tout le temps en moto, cela faisait juste parti de ma panoplie basique. Je me recoiffais rapidement, enlever l'effet cheveux tout plat offert gratuitement par mon casque de moto, que je tenais à la main puis sonna.
Je fus accueilli par un magnifique " ce soir, je vais te faire ta fête" On ne pouvait pas espérer mieux comme entrée en matière. C'est donc le sourire aux lèvres que je fais mes premiers pas chez lui. D'un air curieux, je découvre son salon tout prêt pour ma visite, et forcément je lança un commentaire tout aussi magnifique que le sien.
"C'est toi qui a tout préparé à ce que je vois, tu avais vraiment trèèèès envie de me revoir. C'est vraiment adorable... "
Je lui fais un clin d'oeil en retirant mon blouson, avant de me rendre compte que j'ai de l'huile de vidange qui macule mon t'shirt qui était jusqu'alors blanc.
"Oh fuck... Semblerait que je vais déjà retirer le haut plus tôt que j'avais prévu"
J'hausse une épaule amusé, en le regardant une lueur toujours malicieuse dans le fond de mon regard. Mon sourire ne quittait pas le coin de mes lèvres. La soirée s'annonçait bonne.
La fumée de ma cigarette s'envolait autour de mes lèvres, un certain engouement dans les tremblements de ma voix hâtive et amusée. J'avais réellement ce sentiment d'embrasser la nouveauté, d'accueillir au sein de mon existence quelque chose d'important. Si les jours étaient passés comme un routine se répétant sans cesse, ce soir c'était un réel lancement dans cette destinée qui s'était ouverte devant moi. Avoir un endroit où inviter, avoir quelqu'un à inviter, me lier d'amitié et surtout entrevoir dans le creux de cette exaltation une perspective future. Enfant, j'avais déménagé de ville en ville, parcourant l'Angleterre et quittant les mêmes visages qui s'effaçaient avec le reste de mes souvenirs. Il ne me restait qu'un passé blottit dans le mouvement, suivant le flot du temps qui passe. Je m'interrogeais parfois sur ma fuite, me demandant si elle avait été un choix judicieux, si je n'avais pas été trop faible, trop coupable. Je regardais devant moi et j'étais incapable de savoir ce qui m'attendait. Avais-je peur ? Oui, comme toujours. Perdu dans cette affreuse angoisse de l'inconnu, bousculant le confort de la survie. Étais-je excité ? Bien sûr ! Je pouvais sentir mon corps voguer sur l'enthousiasme d'un nouveau départ, je pouvais le sentir se bousculer de son immobilité, mes lèvres déliées et mes mots s'inscrivant dans un futur dont j'étais enfin le seul maître. Ça pouvait paraître anodin. Ridicule même, un peu. Mais ça signifiait un grand pas dans mon existence, dans cette prise de liberté qui, soudainement, semblait possible. Réelle. C'était bien quelque chose qu'il m'avait toujours manqué, le réel. Cette réalité absurde qui représentait à la fois mes démons, mes chaînes et pourtant si pleine d'espoir parfois. C'était une sensation étrange de voir doucement mon onirisme s'accorder à l'instant présent. Que mes rêves ne soient plus simplement un nuage de brume survolant mon être, mais un vent frais englobant mes membres pour exister. Pour agir. Agir et construire quelque chose d'inattendu.
Je laissais rentrer Cass dans le petit salon de l'appartement. Il n'était pas très grand, décoré dans mes goûts partagés avec Rozen et prêt à recevoir la soif et la faim de mon invité. Il souriait et je me sentais déjà comme un enfant qui avait eut le droit d'inviter quelqu'un pour jouer. Au final, c'était un peu ça. Dans une version à peine plus mature, mais c'était bien le résultat que j'attendais. Une soirée amusante, des rires et peut-être des confessions. Se lier vraiment et devenir proche pour avancer dans un chemin parallèle. Je n'avais pas d'ami d'enfance, je n'avais jamais connue cette immense joie de se sentir important. Invisible aux yeux de mon père, ma mère ayant toute sa vitalité on ne pouvait pas dire qu'elle réagissait vraiment à mon aide, à mes mots. Il n'y avait personne. Il y avait eut mais c'était termine depuis tellement longtemps qu'il me semblait parfois oublier à quel point c'était grandiose de ne plus être seul. Je riais à ces premiers mots, réagissant sur le fait. Toujours dans cette humeur d'enfant, un peu taquin, un peu joueur.
« Je ne voulais pas que tu trouves à redire sur les conditions de ta future défaite. »
Souriant, je m'emparais de son blouson pour l'accrocher derrière la porte avec les autres vestes et je le dépassais pour fuir vers la cuisine. Cass poursuivait dans le même ton et je souriais avec lui.
« Tu vas devoir enlever le bas aussi. Tu vas prendre une déculottée. »
Riant, je disparaissais dans la cuisine donc, fouillant mon frigo pour sortir à boire. Sans quitter ma position, je criais un peu pour qu'il puisse m'entendre.
« Tu veux boire quoi ? »
Sortant deux bières par réflexe, il me semblait bien me rappeler que c'était ce qu'il avait bu le soir de notre rencontre, au bar. Je n'attendais pas vraiment sa réponse, revenant dans le salon, riant un peu, la clope au bec, les mains prises par les deux bouteilles.
« J'ai du vin sinon, je crois. Et après on a de l'alcool fort aussi, mais je voudrais pas que tu sois trop saoul non plus. Aucune chance que tu puisses oublier la soirée. »
Je déposais les deux bières sur la table basse, m'enfonçant dans le canapé et posant ma cigarette sur le rebord du cendrier. J'étais prêt à commencer la partie, entraîné comme jamais, joyeux et joueur comme un gamin.
CSS par Gaelle
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(#) Sujet: Re: Wrong game. [Cass&Mérovée] Mar 17 Mai - 5:16
Dans la continuité de mon entrée dans son appartement cosy, mes espoirs ne pouvaient que grimper un peu plus. Pas que j'étais obsédé, mais j'étais ce que j'étais. Un homme en santé avec des intérêts diverses. Par exemple, je trouvais presque aussi attirant sa console toute propre que son minois tout lisse. J'avais un bon regard pour les belles choses ou personnes. En bref, j'avais des yeux. Il est vraiment pas mal alors je regarde, logique implacable. Puis c'est pas si souvent que je me faisais inviter. Habituellement c'est moi qui m'invitait tout seul, avec un paquet de bière. Mais là pas besoin de m'emmerder, elles sont déjà fraiches dans son frigo. Je posais sans gêne mon postérieur sur son canapé. Testant le comfort en me dandinant, je le regardais partir à la pêche à l'alcool. Je lance tel un slogan, en même temps qu'il me demande ce que je veux. "La bière, c'est la meilleure !" Dans l'attente, je me gêne nullement à mater... sa collection de jeux vidéos. Il en a clairement moins que moi. Fallait dire que y'avait pas grand monde qui en avait autant que moi. J'ai pas vraiment le temps de faire mon curieux, parce qu'il revient déjà avec deux fraiches entre ses doigts. J'attrape la bouteille à peine posée sur la table,lui laissant pas le temps de respirer. En l'apportant à mes lèvres, je lui souris, grandes fossette aux creux des joues. Je tape convialement sa cuisse, en ayant toujours peu à faire du concept d'espace personnel. En vrai, je savais même pas ce que c'était. J'étais tactile, le genre koala mais en plus viril, ou presque. Puis y'a rien de mal à montrer son affection, non ? J'entrechoque avec tintement nos bouteilles en renchérissant gaiement. "Merci pour l'alcool mais compte pas sûr si peu pour me faire perdre. Je suis toujours maitre de mes mains quelque soit mon état !" Je ris tout seul, étant toujours mon meilleur fan. J'attrape la manette qui était si impeccable bien placée, passant ma langue sur mes lèvres. Mon regard dévie un peu sur lui, plein de défi, en ajoutant: "Puis je veux me souvenir de t'avoir encore dominer, et chez toi en plus... J'espère que tu tiens pas beaucoup à ta dignité" Okay, je pourrais trouver mieux comme phrase de drague. Mais le jeu, c'était le jeu. J'aime beaucoup trop la compétition pour me retenir, même pour le bien de mon caleçon. Oh ça me donne une idée. Je me rapproche un peu plus de lui, mon genou touchant le sien dans le mouvement: "Hey, un pari ça te tente ? Une revanche toute seule, c'est si intéressant si y'a rien à gagner à la fin..."