| (#) Sujet: Everybody leaves a band in his life. | Sam Mar 19 Avr - 22:12 | |
| Cette journée était merdique. Cette semaine était merdique. Cette année était merdique. Sa vie l’était peut-être aussi. Max avait perdu une audience aujourd’hui, un client lui avait été volé par un confrère cette semaine et Emma un peu plus tôt avait demandé le divorce – réellement. Elle lui avait posé les papiers un beau matin au petit-déjeuner et était partie comme une fleur, légère et décidée, le laissant tout pantois devant son café, les yeux rivés sur ces mots qu’il n’aurait jamais cru lire de son existence. Ou peut-être pas, après tout. Il savait bien qu’il était négligeant ces derniers temps, ce n’était pas bien difficile à entendre. Et encore, il lissait son portrait. La négligence était loin d’être le seul problème. Maxwell changeait d’humeur très rapidement, un rien l’agaçait et il ne faisait aucun effort pour maîtriser ses colères. Ni ses envies impulsives. Il ne savait pas exactement ce qu’il cherchait, ni pourquoi il agissait ainsi. Il vivait une sorte de crise existentielle capricieuse presque pire que sa crise d’adolescence – s’il était jamais sorti de sa crise d’adolescence. Ses parents ne pouvaient pas se débarrasser de lui mais Emma, elle, avait le pouvoir de le fuir. Il ne saurait jamais si ses parents auraient saisi l’opportunité de se décharger de lui, mais il savait désormais que sa femme était décidée à mettre un terme à sa relation avec lui. Cela lui avait fait un choc. Emma avait pris ses affaires et s’en était allée chez une amie. À présent, il vivait seul dans leur grande maison qu’il trouvait tout à coup beaucoup trop grande pour un pauvre presque célibataire. Lui qui adorait cuisiner avait eu la faiblesse d’acheter un plat tout préparé un soir et avait récidivé le lendemain. Il n’en avait encore parlé à personne. Sa mère l’avait appelé, avait demandé des nouvelles d’Emma et il avait écourté en disant que tout allait bien et que, désolé, il avait un rendez-vous, bonne journée maman à plus tard. Mais il savait qu’il ne pouvait pas feindre la situation plus longtemps. Aujourd’hui samedi soir, plus esseulé que jamais dans sa foutue baraque, Max prit une décision. Il allait ouvrir sa bouche pour autre chose que se vanter pour une fois. Il allait voir sa sœur. Il lui raconterait et laisserait l’humiliation et la honte le couvrir, puis il noierait sa médiocrité dans les bouteilles du « putain de bar » qu’elle tenait de ce « putain de Jeff » – il n’y pouvait rien, il accolait toujours ces mots ensemble. L’avocat prit une veste, ses clefs, et conduisit jusqu’au lieu de travail de Sam. Il avait attendu l’heure de fermeture. Pas question tout de même d’aller déblatérer devant tous ses clients ses déboires, il lui restait du bon sens-sens – ou encore un peu d’égo. À quelques minutes du verrouillage de la porte, alors que la brunette mettait à la porte le dernier saoulard, Max pénétra dans le bar et, avant même de la saluer, regarda Sam et lui demanda, avec toute la lassitude qui pouvait l’accabler en ce moment : « Sers-moi un truc fort. » |
|