comment s'étaient-ils rencontrés? par hasard, comme tout le monde. {mérovée}
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(#) Sujet: comment s'étaient-ils rencontrés? par hasard, comme tout le monde. {mérovée} Ven 15 Avr - 2:21
ft. Mérovée & Audrey
rooftops
Le soleil commençait à disparaître de plus en plus tard, reculant le sombre règne de la nuit. Le ciel s’assombrissait doucement, parsemé d'une multitude nuances colorés mais, Audrey ne faisait pas attention au spectacle devant ses yeux. Aux couchers de soleil, elle préférait les levers lorsque la nuit s’étirait commd pour devenir un filtre transparent. C’était plus mystique, plus mystérieux. Plus émouvant, tout comme le bout de papier froissé auquel elle se raccrochait avec force.
Toute la journée, elle avait attendue un moment de solitude pour pouvoir déchirer l’enveloppe mais le garage grouillant de monde en permanence. Clients, garagistes, curieux… tous ne laissaient aucune place à la solitude, au calme et la radio au volume poussé à bloc n’aidait pas à la concentration. De toute manière, elle ne voulait pas ouvrir la lettre là-bas, les mains pleines d’huile, entre deux blagues graveleuses et des coups d’œil curieux. Non merci. Mais Audrey n’était pas d’une nature patiente et la trotteuse lui avait semblé faire du sur place à plusieurs reprise . Il existe certainement un scientifique qui a théorisé ce phénomène avec des x et des lettres grecques. À deux minutes de la fin de sa journée, elle était déjà devant la porte, son sac sur le dos, prête à partir. Sans prendre le temps d’aller jusqu’à l’endroit habituel et d’y croiser Alice, elle avait tracé jusqu’au premier bâtiment possédant un escalier extérieur qui permettait d’atteindre le toit. Le bâtiment pouvait être de toutes les natures possibles et imaginablee, elle n’avait aucune idée d’où elle était. Peut être était-ce le toit d’une libraire, d’un immeuble, d’un laboratoire de recherche… elle n'en savait rien et à vrai dire, elle s’en fichait un peu. La vue était assez belle pour rivaliser avec son coin de paradis, les bruits de fond de la ville se taisait, le vent semblait plus froid et le sol était à plusieurs dizaines de mètres. Elle n’en demandait pas plus. Elle déchira grossièrement le papier et déplia la lettre. La courbe des lettres d’Iz n’avait pas changé avec le temps et elle se senti transporté dans sa vie, dans une époque, pourtant si proche, où ils étaient tous ensemble et qu’ils s’échangeaient des mots sous le nez du professeur ou alors qu’ils recopiant leurs devoirs l’un sur l’autre. La nostalgie l’immergea. Elle se noyait dans un mélange indistinct de souvenirs et de sentiments contradictoires. Elle eut finit la lettre avant que ses premières larmes ne touchent le papier. Pas qu’elle soit une lectrice très rapide, mais Iz était un écrivain concis , comme toujours. Pas le genre de personne qui parle pour ne rien dire. Mon dieu ce qu’il lui manquait ! Elle lui en avait toujours voulu, de façon tout à fait illégitime, de vouloir partir là bas alors que c’était elle qui l’avait poussé à poursuivre son rêve. Envoyer son meilleur ami à la mort, quelle amie géniale elle faisait ! Enfin il était vivant, toujours vivant, encore vivant. Il lui avait promis qu’il rentrerait aussi. Ce qui, quand on y pense maintenant, était très con parce qu’il n’en avait aucune certitude et qu’elle n’était même plus là bas. Désormais, c’était à WOS qu’il devrait venir. Il s’inquiétait pour elle de là bas. Il était celui qui avait fait le choix de donner sa vie pour son pays et il s’inquiétait pour une fugue, qu’il avait par ailleurs prédit depuis des années. C’était le monde qui tournait à l’envers. Surtout qu’il voulait qu’elle lui dise qu’elle allait bien, à moins que ce ne soit juste ce qu’elle voulait lui dire mais, elle ne pouvait pas. Oui elle avait un toit, un job, deux-trois nouveaux amis mais elle ne savait toujours pas si c’était le bon. Ça ne pouvait qu’être le bon choix, non ?
Audrey fit passer ses jambes du côté du toit. Elle a avait lu les pieds dans le vide, comme elle aimait le faire dès qu’elle prenait de la hauteur mais maintenant il fallait réfléchir aux bons mots pour répondre, parce qu’il n’aimait pas le blabla inutile et il n’existait rien de mieux pour cela qu’un numéro de funambule. Un pieds devant l’autre, elle avançait sur la large rambarde, soumises au vent qui était aujourd’hui très doux. Tant mieux, elle n’avait pas l’intention de tomber, ou de sauter, bien que l’image qu’elle devait donner aux observateurs extérieurs de la scène, s’il y en avait, était certainement fausse. Les larmes qui continuaient à couler le long de ses joues n’était pas des larmes de dégoût face à la vie mais des larmes de souffrance face à la solitude.
(#) Sujet: Re: comment s'étaient-ils rencontrés? par hasard, comme tout le monde. {mérovée} Mer 27 Avr - 17:52
Audrey Hellsten
& Mérovée O. Talion
❝ Fly away. ❞
Il y a parfois ces belles journées, celles où tout semble agréable et où le rire règne en maître sur un quotidien tout aussi banal et éreintant. Seulement, on se sent bien, vivant et prêt à dévorer ce monde qui pourtant nous assassine un peu plus chaque jour. Elles sont rares ces journées, mais elles existent et bien souvent elles suffisent à l'humanité pour survivre une fois de plus et espérer de voir un lendemain plus glorieux. Comme une note d'espoir, comme si le but ultime de l'existence serait de tenir ces journées le plus longtemps possible. Une course infinie avec tous ces pauvres miséreux, une sourire illusoire sur le visage, courant le plus vite possible. Ils oublient de respirer, de regarder, ils se répètent sans cesse de ne jamais s'arrêter, ils ne prennent pas leurs temps, non, surtout pas, car perdre un instant et la course est déjà terminé. Et déjà, on réalise, on se rend compte et tout devient sombre. Plus assez idiot pour s'étourdir, on use d'artifice pour se doper et courir encore un peu, on veut prolonger cet état euphorique, le garder intact. C'est tout ce qui compte puisqu'on nous a bien appris, on nous a bien inculqué, on sait tous que vivre c'est pour être heureux. Que c'est un cadeau, qu'il faut le chérir et l'apprécier. On se berce d'illusion pour glorifier l'égoïsme de l'humanité, fier d'être en haut de la chaîne. Incapable pourtant de marcher paisiblement pour exister, et ce, malgré la douleur, en dépit de l'essoufflement, de ces coups violents qui viennent nous abattre et nous lyncher sur le sol. Peut-on vraiment être heureux ? Personne ne le sait vraiment et à force d'être malheureux, de souffrir naïvement, on a décidé d'y croire et on court tous. Alors je me demande quand on arrêtera tous de fuir. Quand on se rendra compte qu'au bout de notre chemin, il n'y a qu'une fatalité évidente. On court tous à notre perte et ce sera le plus endurant qui survivra au bonheur éphémère.
Je crois que ces belles journées sont les pires au final. Elles sont celles qui mettent en exergue toutes les autres. Elles narguent notre routine, elles se moquent, l'air narquois, pointant du doigt nos blessures et n'hésitant jamais à appuyer sur les douleurs encore vives. Tant qu'il y aura de l'espoir, il y aura du désespoir. Je n'ai besoin d'aucune lueur pour exister, je me confonds dans l'obscurité avec un silence funeste et une aisance improbable. Après tout, la souffrance et la peine sont le prix à payer pour ce si beau cadeau qu'est la vie. Absurdité philosophique, que des réflexions stériles car les réponses ne seront jamais universelles. Il est décevant de se rendre compte que ça ne rapporte rien, que ça n'explique rien, que tout est contrebalancé par des vulgaires « oui mais ». Comme s'il y avait des conditions à tout, qu'il n'y aurait jamais de liberté complète. Une liberté sans barrière, quelque chose qui ressemblerait aux rêves, à cet imaginaire soudain et sublimé. Aujourd'hui je n'étais pas dans ces belles journées, enfermé chez moi dans mes éternelles gamineries, je bougonnais dans mon coin sur l'existence même. Râlant sans fin sur tout et n'importe quoi, prenant n'importe quel sujet pour m'amuser à y instaurer chaos et destruction juste pour le plaisir de rendre les choses laides. Ces excès de violence, de colère, de peine, parfois, quand le temps décidait de me rattraper, amenant avec lui une nostalgie coupable et des puissantes douleurs incontrôlables, je rejetais tout sur le monde pour éviter de chuter encore et encore. J'étais déjà assez bas à mon goût.
J'avais construis un fort avec les draps et les couvertures de l'appartement. Ma chambre était une cabane de douceur et pourtant, assis en tailleur sur mon futon à même le sol, m'enfilant quelques cachets de faux bonheur depuis le début de l'après-midi, j'avais ce sentiment nauséabond de l'irritation absurde. Comme un goût de l'amertume, d'échec constant et bientôt, toute une déprime qui me laissait choir dans un mutisme lointain. Le regard se posant sur des détails futiles, fumant mes clopes nerveusement et tremblotant presque dans cette sensation de fatigue ennuyée, je décidais de fuir. C'est ce que je faisais le mieux, me dérober de ma propre existence et me cacher derrière mes mots pour éviter d'affronter mes maux. Un cahier d'écriture dans une main, mon appareil photo autour du cou et un joint dans l'autre main, je quittais ma forteresse pour affronter le début de soirée et l'air frais. Je savais parfaitement où aller, comme dans une image métaphorique, j'aimais me percher sur les toits quand je sentais mon ego toucher le fond, mon estime de moi flottante au ras du sol, éperdument consumé par mes pensées et perpétuellement coincé dans le gouffre obscur de mes échecs. En skateboard comme toujours, roulant sur le côté de la route ma musique résonnant dans le creux de mon crâne qui voyageait déjà dans l'espoir vain d'oublier un instant que la réalité m'emprisonnait, qu'elle était là, plus oppressante que jamais, accompagné du passé pour m'engloutir peu à peu. Traversant les rues, n'offrant aucun regard aux passants, laissant même la mort me frôler avant de fuir sur le bruit des klaxons surpris, j'arrivais presque à destination. Le skate sous le bras, je dévalais les escaliers de secours pour me hâter d'arriver au sommet de l'immeuble. Prêt à hurler, prêt à regarder ces petites personnes vivre et voir mon imaginaire voguer sur leurs existences qui paraîtraient si fragiles sur ma fausse grandeur, ce fut la déception imminente quand je fus que mon toit était occupé.
Ralentissant à l'égard de la jeune demoiselle qui marchant le bord de la rambarde. Allait-elle sauter ? Très rapidement bloqué dans ce désir absurde d'héroïsme et la timidité face à l'intimité. Enfin, il fallait pas trop réfléchir dans ces moments-là.
« Tu vas sauter ? »
Ma voix sortant de l'escalier alors que je posais enfin mes pieds sur le toit. Armant mon appareil photo, je posais l'objectif sur elle, appuyant sur la détente pour capturer l'instant.
« J'avais jamais pris en photo quelqu'un prêt à sauter, tu m'excuseras. »
J'avançais alors vers la demoiselle, fumant mon joint paisiblement, restant dans cet absurde qui me suivait toujours, qui constituait même mon quotidien. J'aimais ce qui était étrange, ce qui n'avait rien de commun et pourtant qui était si naturel. Passant une main dans mes cheveux, je regardais plus en détail la jolie jeune fille sur le bord du toit. Je fis un petit saut pour planter mes pieds sur le bord à mon tour.
« C'est agréable de prendre de la hauteur. On regarde les autres un peu plus bas et on les trouve si ridicule à vivre sans savoir qu'on les observe. Ils sont insouciants tandis qu'on pose nos yeux sur eux pour effacer nos mauvais songes. »
Je fermais les yeux pour respirer un coup et recracher la fumée odorante. Sur les toits il y avait toujours cette ambiance de liberté, de bienséance que j'avais toujours adoré. Je traînais souvent en hauteur, perdu dans la solitude et l'immense horizon s'offrant à ma simple vue. Je posais mon regard bleu sur la demoiselle avant de retourner sur le toit et de m'asseoir, les pieds vers l'intérieur. J'avais perturbé son moment, mais elle avait piqué mon toit alors autant partager notre détresse.
CSS par Gaelle
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(#) Sujet: Re: comment s'étaient-ils rencontrés? par hasard, comme tout le monde. {mérovée} Dim 1 Mai - 18:41
ft. Mérovée & Audrey
rooftops
Audrey ne l’avait pas entendu arriver. Perdue dans ses pensée à la recherche de la meilleure salutation possible, oscillant entre le « wesh poto » et le « cher monsieur », elle avait disparue dans son monde. Son équilibre vascillait d’un pieds à l’autre, jouant avec la gravité quand elle perçu l’odeur. Une odeur très caractéristique, très forte, très verte. Cette même odeur avait embaumé sa chambre pendant les six mois qu’elle avait passé à étudier les sciences politiques. C’était l’odeur de sa coloc’ même si ça faisait longtemps qu’elle avait dépassé le stade des joints. Elle fut déstabilisée. Comme un plongeon forcé dans ses souvenirs, un début de noyade.
« Tu vas sauter? »
Sauter? Quelle question absurde, elle se noyait.Et puis sauter de où? Pour aller où? Sur la rambarde? Sauter sur place? Sauter pour retourner sur le toit? Sauter pour finir dans le vide? Mais oui. Évidement. Sauter pour finir dans le vide et se briser le cou. Se casser le nez, deux ou trois côtes, se briser la boîte crânienne. C’était con mais, si jamais elle avait voulu se suicider, elle n’aurait pas du tout choisi cette méthode parce qu’il y avait les quelques secondes de remise en question. Les quelques secondes de « oh merde mais pourquoi j’ai fait ça?! ». Elle aurait pris quelque chose de plus direct, de moins salissant, de moins publique aussi. Certainement une balle dans la tête ou une dose de poison assez forte pour un effet presque immédiat. Si t’as vraiment envie de mourir, tu ne veux pas attendre quelques minutes de plus, parce que sinon autant vivre et attendre la mort. Ça revient au même, y a juste un changement d’échelle.
Ses quelques secondes de réflexions avaient permis à l’étrange étranger de la prendre en photo. Elle allait être à contre jour mais le cliché dépasserait ce détail. Il y avait le coucher de soleil en fond, les immeubles qui laissaient petit à petit place à la végétation. Il y avait les gens, en bas, se dépêchant de rentrer chez eux. Et, avec un peu de chance, le soleil se refléterait sur ses larmes, rappelant le thème premier du tableau. Un suicide, qui n’en était pas réellement un.
« J’avais jamais pris en photo quelqu’un prêt à sauter, tu m’excuseras. »
Audrey essuya ses joues avec sa manche, effaçant les dernières preuves puis décora ses lèvres d’un sourire à la fois faux et sincère, subtile paradoxe. Faux, car ce qu’elle ressentait ne correspondait à aucune case des sourires. Ni joyeuse, ni moqueuse, ni rieuse, ni comblée, ni satisfaite, ni quoique ce soit d’autre. Simplement triste et seule à tendance mélancolique. Mais, il était sincère parce qu’elle voulait sincèrement montrer qu’elle allait bien, qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que ce n’était qu’un cil qui se promenait sur son oeil. Elle souhaitait qu’il la croit malgré ses épaules tremblotantes et ses yeux rougis.
« Tu vas devoir en reprendre une alors, je marchais mais j’allais pas sauter. » Tu jouais au funambule aurait ajouté Iz s’il était là, mais il n’était pas là et elle jouais seule. « Et puis c’est trop sale de mourir comme ça, le cerveau explosé à la vue de tous. Je venais juste pour prendre de la hauteur. » Elle avait l’impression de se justifier de ne pas vouloir mourir mais, elle s'en voulait juste d’avoir fait rater la photo.
« C’est agréable de prendre de la hauteur. On regarde les autres un peu plus bas et on les trouve si ridicules à vivre sans savoir qu’on les observes. Ils sont insouciants tandis qu’on pose nos yeux sur eux pour effacer nos mauvais songes. »
Elle aurait pu se contenter d’hocher la tête, avec son petit sourire. Elle aurait pu, mais elle détestait les silences avec les gens si ce n’était pas avec Iz.
« Je ne regarde pas vraiment le sol. » Pas aujourd’hui du moins. « Je regarde plus loin, plus... haut. J’essaie juste d’effacer la ville pour remettre tout en perspective, pour ne plus être là, mais ne pas être autre part non plus. Juste être quelque part, dans un endroit neutre. »
Il expira sa fumée, celle qu’elle connaissait si bien, et Audrey rebascula dans le temps, de quelques mois à peine, pour quelques secondes, assez pour changer radicalement d’environnement et se rendre compte qu’elle n’avait plus aucunes nouvelles d’eux non plus, ceux du groupe de la fac. Il n’y avait qu’ici qu’elle n’avait pas de groupe, pas encore. Enfin, si, il y avait des groupes, celui des collègues, celui des clients, celui de la maison, celui des amis de Cédrik, celui des amis de Sam, mais elle n’avait pas son groupe à elle. Pas d’ancre. Rien qui ne la retienne si ce n’est le manque d’argent et cette solitude lui pesait.
Ils auraient pu être presque dos à dos maintenant avec le photographe, mais, elle alla le rejoindre de l’autre côté après avoir pris soin de plier sa lettre et de la ranger dans sa poche. Presque timidement mais toujours faussement souriante, elle s’assit à côté de lui. En y réfléchissant, il avait l’allure de la distraction parfaite, celle qui allait lui changer les idées, s’il acceptait de se prêter au jeu. Ils n’allaient quand même pas rester tous les deux dans leur coin à profiter de la hauteur. Il avait même dit qu’il voulait oublier ses cauchemars ce qui leur donnait à chacun une bonne raison d'essayer de se changer les idées.
Le silence allait commencerr à se faire pesant si elle ne le comblait pas et maintenant qu’elle avait rangé la lettre, il n’y avait plus rien pour lui occuper les mains.
« Dis, je peux voir la photo? » Ce n’était pas par pur égocentrisme, ou par vanité, elle avait juste posé ses yeux sur l’appareil photo qui pendait le long de son cou. « Alors, t’es plutôt un photographe itinérant à la recherche d’âmes en peine sur le point de faire le grand saut ou tu faisais juste une balade de santé sur les toits? »