they just push me forward
you’ll get stepped on if you lose focus

chapter one. just a little girl sydney, huit ans. Circe jetait des coups d’œils autour d'elle, des messieurs en uniforme étaient en train de vider sa chambre, enlevant posters et meubles au fur et à mesure. Sa mère avait beau lui dire qu'ils changeaient de ville, la petite fille n'était pas tout à fait d'accord avec cette idée. Fronçant les sourcils, elle attrapa de justesse sa peluche lapin avant que celle-ci ne parte avec l'un des nombreux cartons qui peuplaient ce qui allait être à présent son ancienne chambre. Elle n'aimait pas ça du tout. « Circe? Chérie, tu es prête ? » La petite regarda à peine la jeune femme qui venait d'entrer dans la pièce, trop occupée à faire la tête. Sa mère soupira, bien qu'essayant de le cacher, et s'approcha de sa fille. « Ma puce, ne fait pas la tête. Ce n'est pas si grave après tout. » « Je ne veux pas partir ! Et toutes mes amies aussi ! Papa peut bien partir tout seul, » gémit-elle à ce moment-là, les yeux pleins de larmes. Elle avait toujours été habituée à avoir ce qu'elle voulait, même si à cet âge ce ne sont pas des choses mirobolantes, mais elle avait beau crier et pleurer, son père avait refusé de céder et les emmenait tous à New York à cause de son boulot. Il avait reçu une promotion dans sa boîte, pour ouvrir une nouvelle branche aux États-Unis. Il fallait que toute la famille parte, même si elle n'en avait pas envie. Circe ne connaissait que Sydney. Elle y avait grandi et refusait de quitter ses copines. « Circe ne fait pas l'enfant, tu sais bien qu'il n'a pas le choix. C'est pour notre bien, tu verras. »  

chapter two . expectations new york, quatorze ans. « Cece, prends tes affaires, on va faire du shopping ! » La brunette jeta un regard amusé à la jeune fille blonde qui venait de débarquer dans son immense chambre. Occupée à chatter sur l'ordinateur, elle ne l'avait pas entendue arriver. Circe avait rencontré Jessica peu de temps après son arrivée à New York. Dix minutes. Seulement dix minutes avaient suffi aux deux gamines pour se lier d'amitié. Jessica était comme une âme soeur platonique, sa moitié. Elles avaient les mêmes goûts, envies, passions. Bien que leurs caractères soient différents, comme le yin et le yang, elles étaient inséparables. Jessica était aussi la seule personne à laquelle Circe pouvait se confier. Ses parents attendaient beaucoup d'elle. Des notes parfaites, une fille modèle, sans histoires. Une poupée qu'ils pouvaient manipuler à leur guise pour leur propre bénéfice. Jessica était sa bouffée d'air pur, son accès à la liberté. « J'arrive tout de suite, j'attrape mon sac et je te rejoins. » En six ans, son père était devenu le grand patron de la branche new-yorkaise, leur mode de vie déjà aisé l'était devenu encore plus. Circe pouvait tout se permettre tant que ses parents ne le savaient pas, et que les journaux n'avaient rien à dire sur la petite fille à papa qu'elle était. Parfois elle s'imaginait ailleurs, seule au monde, sans ses parents pour dire ce qu'elle devait faire, pouvait dire, qui elle devait fréquenter. Ils n'aimaient pas tant que cela Jessica. Trop indépendante et enjouée à leur goût. Non, ce n'était pas une bonne fréquentation, pourtant Jessica était la meilleure chose qui lui était arrivée.

chater three . crash and burn new york, seize ans. Circe sentait que quelque chose n'allait pas quand elle arriva en cours ce matin-là. Pour commencer, pas de messages de Jessica depuis qu'elle était partie, ce qui n'était pas normal. Puis les regards bizarres, voir dégoûtés que certains de ses camarades lui lançaient. Avait-ell fait quelque chose de mal ? Pourtant elle n'en avait pas le souvenir. Ressassant les évènements de la veille, la jeune brunette n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui pouvait clocher. « Circe ! » Se retournant pour regarder Jessica arriver en trombe, quelques unes de leurs amies derrière, la jeune fille fronça les sourcils. Quand Jessica se mettait à l'appeler par son prénom, ce n'était jamais bon. « Jess, qu'est-ce qu'il y a ? On dirait que tu as vu un fantôme. » « C'est pire que d'avoir vu un revenant. C'est Shannon. » Circe fronça les sourcils, qu'est-ce que la copine de Nathaniel venait faire dans cet histoire ? « Quoi Shannon ? Qu'est-ce qu'elle a fait encore, du mal à Nate ? » Même si elle tentait de le cacher, la touche d'inquiétude dans sa voix ne pouvait pas se louper. Elles avaient connu Nathaniel en arrivant au lycée. Et Circe avait tout de suite craqué pour lui. Il était parfait à ses yeux, comme un prince charmant. Mais depuis quelques mois, il voyait en mode on/off une des filles les plus superficielles du lycée. Comment il pouvait la supporter, Circe se le demandait. Qu'est-ce que Shannon avait qu'elle ne possédait ? « Il n'a rien à voir avec cette histoire ! Non en fait, si il a tout à voir, tu connais Shannon. Cette fille est hyper jalouse et ferait tout pour éloigner la concurrence. » « Oh pitié, Jess ! Dis-moi simplement ce qu'elle a fait ? » Alors que Jessica allait lui répondre, elle se stoppa en fixant quelque chose par dessus l'épaule de Circe, celle-ci se retourna pour se retrouver nez à nez avec le garçon de ses rêves. Avant même qu'elle ne puisse le saluer, il s'adressa à elle. « C'est vrai ce qu'on raconte ? » « D-de quoi tu parles ? » Jetant un regard nerveux à Jessica, cette dernière était occupée à foudroyer Nathaniel du regard. C'était bien la première fois qu'elle se montrait si hostile envers lui. « Que tu aimes les femmes. » Si on lui avait mis une claque, sa réaction aurait été la même. Elle écarquilla les yeux, incapable de répondre. Qui avait bien pu faire courir ces rumeurs ? Shannon évidemment. Cela ne l'étonnait même plus. Mais la réaction de Nate, son ami, le regard qu'il lui lançait. Il aurait très bien pu lui mettre la gifle lui-même. Il croyait ce que sa garce disait. Cela se voyait, elle l'avait embobiné. Alors elle fit la seule chose qu'elle pouvait faire en se moment, se cacher derrière ses murs, une forteresse construite pour bloquer ses parents. Elle n'allait pas se laisser intimider par cette bimbo. « Et alors, si c'était vrai, ça changera quelque chose ? » Elle n'oubliera pas de si tôt son regard. Comme si il la voyait pour la première fois. Une totale inconnue.

chapter four . break the rules new york, dix-huit ans. Les conséquences de cette rumeur furent aussi douloureuses que rapides. En seulement un jour, Circe avait perdu ses amis, sa popularité, son coup de coeur, sa place au sein du Conseil - après tout ses notes avaient beau faire parti des meilleurs, une homosexuelle n'était pas bon pour l'image de l'école. Le pire dans tout ça, c'est que ce n'était qu'à moitié vrai. Bien sûr, elle avait fini par se poser la question un jour, elle l'avait découvert à treize ans suite à une discussion avec Jessica. Elle aimait autant les garçons que les filles. Sa meilleure amie le savait, mais elle avait juré d'emporter ce secret dans la tombe. Que Shannon puisse être si proche de la vérité... Jamais Circe n'aurait pu l'imaginer.  Et quand ses parents apprirent toute l'histoire, tout se brisa, définitivement. Le soir-même de la découverte, elle se retrouva sur le palier de leur penthouse avec toute ses affaires, le regard déçu et haineux de son père, et celui fuyant de sa mère. Les derniers mots de son père à son égard, autre que le typique « Je n'ai plus de fille » furent « Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? » Recueillie par la mère de Jessica, qui se moquait bien de toutes ces rumeurs et histoires, Circe restait cloîtrée dans sa nouvelle demeure pendant deux mois. Refusant de sortir, ne voyant quasiment personne. Elle faisait comme un deuil, celui de son ancienne vie, celle d'avant les rumeurs. Tamara, la mère de Jess avait voulu l'inscrire dans une autre école, mais Circe refusa. Quand ses mois d'exclusion finirent, elle revint plus forte que jamais. Si elle était la mauvaise graine que tout le monde s'imagine, elle allait leur montrer de quoi elle était capable. Si ses notes restaient dans le top, elle changea complètement d'attitude. Finie la petite fille modèle, sage. Quitte à s'attirer des ennuis, elle ne se stoppait devant personne. Ils allaient s'en mordre les doigts. Fumer, accumuler les heures de colles, les sorties et l'alcool. Plus rien ne pouvait l'empêcher. Même si elle se sentait coupable du nombre de fois où Tamara venait la sortir des problèmes, cette dernière avait fini par lui demande s'il ne valait pas mieux qu'elle voit quelqu'un. « Elle s'inquiète pour toi. C'est vrai que ça fait bizarre mais moi je t'aime toujours autant. » « Mais qu'est-ce qui peut me faire croire que ça va continuer, tu vas finir par en avoir marre un jour.  » Circe n'avait jamais douté, jusqu'à présent. Dans leur monde, ce genre de "dérivations" étaient mal vues, Jessica s'attirait des regards réprobateurs juste parce qu'elle était restée son amie. Elle avait peur qu'un jour son amie le lui reproche. Une nuit, alors qu'elle avait craqué et fondu en larmes, Jessica l'avait bercée comme une enfant, lui chuchotant des mots réconfortants. « S'ils ne sont pas capables de t'aimer comme tu es, alors je serais la seule à le faire. »

chapter five. american dream united states, dix-neuf ans. « California, nous voilà ! » Circe levait les bras en l'air, face à la mer et un grand sourire sur le visage. Enfin avant qu'une main ne l'attrape par le col de son t-shirt et ne la ramène en arrière. « Wow, doucement Peaches. Tu comptes allez où comme ça ? » Circe jeta un regard torve à sa meilleure amie, toujours présente pour casser son ambiance. Les deux amies venaient d'arriver à San Diego, une des haltes obligatoires durant leur road trip tout autour des États-Unis. Elles avaient décidé de partir une fois le lycée fini, se réservant une année de pause avant d'entrer à l'université de leur choix. Alors disons que ce road trip était aussi l'occasion de visiter les différentes universités présentes dans les villes qu'elles visitaient. Et puis ça permettait aussi à Circe de se changer les idées. Juste avant leur départ, Tamara lui avait donné une lettre. Une lettre qui venait de sa mère. Dans celle-ci, elle expliquait qu'elle était désolé, qu'elle l'aimait toujours et que malgré ce que son père disait, elle sera toujours leur fille. Circe n'était pas sûre de lui pardonner un jour. Si elle l'aimait autant qu'elle le disait dans sa lettre, pourquoi ne pas l'avoir défendu devant son père ? Et devant tous les autres ? Cela ne changera en rien les souffrances qu'elle avait vécu par la suite. « Oh allez, Jess. On est là pour quoi ? Trois jours tout au plus. On peut bien s'amuser un peu. » « Il faut faire nos courses, Cece. » « On est bientôt à Los Angeles, elles peuvent attendre. » « Quitte à choisir, je préfère visiter LA et pas San Diego. On refait le plein pour le van demain, et on part le jour suivant. » Circe bouda tout le reste de la journée mais son amie n'avait pas tord, elles n'étaient pas si loin de Los Angeles, ça risquait d'être fort intéressant. Parties dans un van avec plusieurs de leurs affaires, elles jonglaient entre les nuits à l'hotêl et celles à la belle étoile. Elles étaient dans leur monde, leur petite bulle et c'était bien. Si il y avait une chose que Circe pouvait dire à sa mère, c'était qu'elle avait bien fait de remettre de l'argent sur son compte, si elle pensait que c'était le meilleur moyen pour que Circe lui pardonne. Il allait falloir du temps, énormément, et beaucoup de volonté. Une trahison pareille, ça ne s'oublie pas si facilement. En attendant, les souvenirs que le duo s'était forgés depuis qu'elles avaient quitté New York, rien ne pourra les remplacer. Elles se sentaient libres, et surtout vivantes.

chapter six . ending page white oak station, vingt-deux ans. Allongée sur son lit en train de lire un livre pour ses cours, Circe n'entendit pas la porte d'entrée de l'appartement s'ouvrir et se fermer, avant qu'une boule d'énergie toute blonde arrive dans sa chambre. Elle leva à peine un doigt de son livre, haussant un sourcil en voyant Jessica tenter de reprendre son souffle. « On dirait que tu viens de courir un marathon, » elle commenta en refermant son livre. Aux dernières nouvelles, Jessica devait passer la journée avec sa grand-mère. Ce fut lors de leur road trip, alors qu'elles étaient dans l'état du Montana que Jess s'était souvenue que sa grand-mère vivant de l'autre côté de la frontière en Alberta. Alors décidant de lui rendre visite, passeports et van préparés, les deux amies se rendirent là-bas. Pour ne plus repartir. Tombées sous le charme de cette ville, Jessica voulue rester pour sa grand-mère, Circe pour ses études et les paysages. Maintenant étudiante en littérature et histoire, Circe s'était remise à l'écriture, chose qu'elle avait arrêté au lycée. Après avoir passé deux mois chez Nana - surnom trouvé par elle-même - les filles avaient emménagé dans un appartement. Sauf que là, alors qu'elle ne devrait pas être présente aujourd'hui, Jess se tenait devant Circe avec une expression quelque peu nerveuse. « Tu me promets que tu ne vas pas paniquer, ou t'énerver. Je n'étais au courant de rien. Nana vient juste de me le dire, et ça juste parce que maman lui a dit. » « Attends, de quoi tu parles ? Tu m'inquiètes Jess. » La brunette voyait bien que son amie était partagée, mais cela devait être important parce que sinon jamais elle ne lui en aurait parlé. La blonde prit une grande respiration avant de lâcher, « Il paraît que le frère de Nathaniel est en ville. » Circe lâcha son livre, trop surprise pour le remarquer. Si elle n'avait rien contre le grand frère de Nate, son coeur n'était pas tout à fait remis de ce qu'elle avait vécu. Il avait choisi sa copine au lieu de ses amies, quel genre de mec était-il ? Si elles avaient choisis de rester ici, c'était pour oublier le lycée, leur passé. Et voilà que celui-ci leur revenait en pleine figure.