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 What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée]

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Message(#) Sujet: What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] EmptyJeu 31 Mar - 18:03


Sam Walker

&
Mérovée O. Talion




❝ Weird. ❞


Les premiers faisceaux de l'astre diurne traversent mes stores pour se poser sur mon visage endormi, las d'une nuit où le sommeil s'est à nouveau enfuit. Encore une nuit qui s'ajoute sur mes terribles insomnies, je me retourne dans mon lit, gardant la grosse couverture sur moi et je reste un instant immobile le regard collé au plafond. Je peux sentir mes cernes descendre, mon cerveau fracassant les parois de mon crâne comme une vieille gueule de bois criarde qui refuserait de se taire. Soufflant l'exaspération d'une nuit trop courte, frissonnant encore un peu des terrifiants rêves au misérable goût de réalité qui reviennent inlassablement me hanter comme une vieille blessure ouverte. Je lève mes bras pour m'étirer et je les laisse s'échouer sur mon matelas avant de cacher mes pupilles de la lueur piquante d'une matinée trop lumineuse. Tous les matins la même rengaine, une nuit difficile, un réveil pire encore et la routine s'installait déjà tandis que ça ne faisait que quelques jours que j'étais dans le coin. À quoi bon fuir si c'est pour revenir à cette même mélodie défectueuse ? Celle qui nous entraîne lentement au désespoir, qui nous enlise au fin fond de notre confort. Oubliant que le monde tourne sans nous, que les autres avancent tandis que je fais du sur place, définitivement bloqué sur la touche repeat et incapable de bousculer un train de vie qui n'est même pas agréable. Cigarette, café ou thé, douche et glandage devant un ordinateur qui semble ne jamais s'éteindre. Était-ce ça au final vivre ? Ne pas oser déranger les habitudes par peur de se retrouver contre le mur ou de se le manger en pleine face ? Je me demandais tout le temps ce que je foutais, angoissant devant l'idée malsaine de crever d'ennui ou rongé par la paranoïa de n'avoir aucun autre destin que celui de l'échec. Mais pas ce matin. Non, ce matin sera différent. Et c'est sans raison que je me lève, lunette de soleil sur le nez, j'enfile un t-shirt, un jean, des pompes et un bonnet et je m'enfuis comme je le fais toujours. Sans un bruit, sans un mot, juste l'esprit brouillé par des pensées qui tournent et frappent violemment le peu de calme qui me reste.

Armé d'un skateboard et de ma musique, je prends ce nouvel air comme un regain d'énergie inattendu. Une nouvelle vie, des nouvelles têtes et l'installation de toutes nouvelles habitudes. Peut-être que ça allait changer quelque chose, peut-être pas, après tout, qui ne tente à rien. Alors que je ressassais des proverbes ou des expressions pour me donner un semblant de courage voir quelques excuses pour justifier chacune de mes décisions, je roulais sur mon petit engin à quatre roues à la recherche d'un endroit pour boire un café. Je dépasse quelques rues, tente de me repérer dans cet inconnu dans l'espoir de tomber pile sur ce que je recherche, refusant de demander mon chemin par simple misanthropie désintéressée. Plusieurs dizaines de minutes s'écoulent devant moi et je termine mon paquet de clope à force d'occuper mes mains et mon temps qui s'envolent. Je finis par trouver ce qui ressemblait à une rue principale et je m'arrête à une petite intersection donnant sur une ruelle cachée dans l'ombre de deux bâtiments. Je jette un regard pour y voir un jeune garçon assoupi, probablement là depuis la veille, soit sans toit permanent au-dessus de sa tête, soit de retour d'une soirée trop arrosée. Je bloque un instant sur cette liberté étrange, rien ne le retient, personne ne l'attend, il ne possède que peu de choses et bien que ça puisse être triste, malheureux ou tout autre adjectif négatif, je ressens une certaine jalousie amusée. J'ai toujours eu un faible pour la bohème, j'aimais écrire et pour moi c'était parfaitement dans cet esprit de bohème. Torturé, maudit, misérable et déchiré par l'existence, une parfaite vie d'artiste noyée dans la débauche et l'absurde réalité qui s'échappe de la raison. Je souris un peu et je continue ma route pour acheter avec les quelques sous qui traînent dans le fond de ma poche un paquet de clopes et deux cafés.

Je retourne à cette ruelle en roulant doucement, faisant glisser mon skate jusqu'à lui comme pour le secouer et le réveiller. Je m'accroupis devant lui, pointe mon doigt sur sa joue en appuyant dessus et j'attends qu'il se réveille pour lui tendre la boisson chaude.

« Café ? »

Je m'assois contre le mur à côté de lui en soupirant un râle exaspéré dans mon maigre effort. Je m'allume une clope, lui lance le briquet et le paquet au cas où et je bavarde un peu tout seul sans vraiment me rendre compte de la situation. Ça ne me ressemblait pas de comprendre les situations comme celles-ci, je le faisais juste, par envie, par désir, par curiosité, c'était ce que je faisais. Ce que j'aimais faire.

« C'est comment de vivre sans rien ? Je me doute que ça semble être un peu la galère, mais tu te dis pas, parfois, que c'est pour le mieux ? »

Je pose mes jambes sur mon skate et je le fixe en attendant ses réactions, curieux de savoir, intéressé par son histoire en me disant que ça pourrait m'inspirer un truc, que ça me changerait ma routine ou quoique ce soit d'autre pourvu que ce soit un peu commun et saugrenu. C'était dans ces situations étranges que j'arrêtais de me demander ce que je foutais car au final, vivre, ça ressemblait à ça pour moi.

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Message(#) Sujet: Re: What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] EmptyVen 1 Avr - 1:01

Il s'était toujours senti dans cette ville comme chez lui. Parce que c'était sa maison, il la connaissait par cœur. Combien de fois avait-il foulé le pavés des rues ? Il savait même combien de temps durait le feu rouge en bas de chez ses parents. Maintenant, leur rapport était encore plus intime, elle l'avait absorbé : il faisait parti du paysage... Il s'effaçait du monde réel, quelque part il devenait un fantôme vagabondant au gré du vent, parfois il ne savait même plus qui il était vraiment. Comment se définir quand on ne possède rien si ce n'est une couverture bleue ? Comment être sûr d'être vraiment là quand tout le monde ne fait que vous ignorer ?
Sam n'était pas assez intelligent pour se le demander. C'était à peine s'il était conscient de son statut particulier d'être vivant à mi-chemin entre la civilisation et le monde terrifiant et grouillant qui répondait à la loi du plus fort. Entre les spectres rampants se déployait tout un réseau éparse et continue de trafiques, de violence et de peur, ce même réseau qui menaçait de l'engloutir tout entier s'il se laissait choir de l'autre côté de la barrière. Il se tenait à la limite, sur le bord de la falaise et attendait qu'on le pousse ou le tire vers l'un ou l'autre des côtés : jamais il n'avait été aussi passif dans sa propre vie ! Les autres se fondaient dans les ombres, lui en devenait une. Celles-ci s'allongeaient à mesure que le soleil déclinait annonçant qu'il était grand temps pour Sam de se trouver un endroit ou dormir.
Dans son coin habituel, il se laissa tomber et s'enroula dans sa couverture bleue, vestige de sa vie passée auprès de sa famille. Un frisson le parcouru, de l'échine jusqu'au bout de ses orteils ses poils se dressèrent : le froid était aussi mordant qu'un chien enragé. Sam soupira en fermant les yeux : si le monde pouvait faire abstraction de lui, alors il pourrait tout autant l'oublier. Mais les bruits, les sons et les odeurs s'imposaient à lui avec autant d’ardeur que le froid de la nuit. Malgré tout, la fatigue prit le dessus et il s'endormit mal installé contre des cartons.

La nuit fut difficile, comme toutes les précédentes depuis qu'il vivait à la rue. Parfois, il se sentait comme un chien errant ou un animal agonisant, et puis il se souvenait que ça n'était pas grand chose, juste un moment difficile à passer. L'espérance d'un jour meilleur le faisait tenir jusqu'au lever du soleil. À tel point qu'il ronflait pendant la nuit et dormait d'un sommeil lourd !
Alors que la lune voyageait dans le ciel, au même titre que le soleil de l'autre côté du globe, Sam se baladait d'un rêve à l'autre sans jamais s'attarder. Il ne se souviendrait de rien au réveil, ça n'était pas plus mal : il avait la journée à vivre et pas de temps à perdre avec des songes imaginés. Il appréciait quand même de dormir, plus qu'il ne se l'avouerait. C'était le seul moment ou il n'était pas assailli de toute part par ses problèmes, il s'évadait de la meilleure façon qui soit et même si au petit matin il se retrouvait courbaturé, au moins n'était-il plus fatigué ! Il quittait les bras de Morphée quand bon lui semblait puisqu'il ne travaillait que l'après-midi, et pouvait donc glander à l'envie.
Sam ne demandait rien à personne. Il aurait réellement pu disparaître, devenir un effacé. Ça ne l'aurait pas dérangé mais pour cela, il aurait fallu qu'il est connaissance de ce qu'est un effacé. Ces gens qui n'ont plus d'identité, qui sont morts civiquement et qui pourtant sont toujours là, des parasites qui se glissent dans l'angle mort de notre conscience. C'est l'avenir qu'aurait pu embrasser Sam si on ne l'avait pas réveillé avec un café.
Ça c'était plutôt inhabituel. Un mec était penché sur lui, une boisson chaude à la main. Et puis il s'assit à côté de lui et se grilla une clope, il jeta même le paquet au jeune homme qui hésita. C'était quoi ce bordel ? Depuis quand réveillait-on les gens pour leur offrir à boire et à fumer ? Si Samuel aurait aimé se montrer méfiant, il n'en avait cependant pas la force, déjà parce que le café sentait horriblement bon et aussi parce que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fumer de cigarette. L'appel de la nicotine fut plus fort que ses apriori et il se servit dans le paquet.

Il jeta un regard en biais à son réveil improvisé. C'était un jeune homme tatoué aux cheveux sombres et au regard clair. Que faisait-il là ? N'avait-il rien de mieux à faire ? Habituellement, Samuel était à l'aise avec les gens mais il n'aimait pas qu'on le prenne en pitié, bien qu'il ne voyait aucune pitié dans les yeux de son interlocuteur. Mais pour l'instant il ne comprenait pas la démarche.
Entre deux bouffés de nicotine il bu une gorgé de café. Il apprécia ce petit luxe qui lui manquait : depuis qu'il n'avait plus de voiture, Samuel vivait une restriction budgétaire serrée, il lui fallait économiser :
« C'est comment de vivre sans rien ? Je me doute que ça semble être un peu la galère, mais tu te dis pas, parfois, que c'est pour le mieux ? »
Il étendit ses jambes et Sam remarqua le skate. Plutôt déconcerté par la question de l'inconnu il fronça les sourcils avant de bailler et de se frotter les yeux. Il n'était pas vraiment en état de réfléchir et puis quand toutes les connexions se firent dans son cerveau il laissa échapper un éclat de rire.
Comment dire ? Il trouvait la situation réellement comique. Et puis le gars n'avait pas l'air méchant même s'il avait un drôle d'air. Il pensa vaguement que ça devait être un junkie égaré sur son chemin pour rentrer chez lui et il se dit qu'un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. La solitude n'était pas facile à vivre au quotidien et parfois il ne pouvait juste pas faire autrement :
« Merci pour le café et la clope. » commença-t-il d'un voix enrouée. Sam tira à nouveau sur sa cigarette, il aurait voulu savoir faire des ronds avec la fumée mais en était incapable alors il se contenta d'expulser le poison en un nuage diffus qui s'éleva devant son nez avec tranquillité. Il aurait été mieux pour Samuel qu'il soit un nuage plutôt qu'une ombre. Au moins aurait-il été au dessus des autres plutôt que sous leur pied : « Pour le mieux... » il répéta la phrase pensif et se demanda ce qui était vraiment mieux. Le bilan qui s'imposa à lui le fit rire à nouveau et il laissa planer sur ses lèvres un sourire joyeux : « Qu'est ce qui te fait penser que c'est pas pour le pire ? » Mais l'était-ce vraiment ?

En soit Sam avait plus appris sur lui et sur le monde pendant ce très court laps de temps qu'il avait passé dans la rue que pendant toute sa vie. Vivre dans sa voiture avait été une expérience aussi, et l'accident restait encore le climax de l'histoire de sa vie, mais c'était là, sur le bitume, à même le sol, qu'il avait découvert à quel point il était résistant et prêt à tout pour rester en vie. Il tournait le dos à son passé et à tout ce qui l'encombrait pour marché dans la lumière du jour. Peut être était-ce effectivement pour le mieux mais ça ne risquait pas d'être sa situation définitive : « Quant à savoir ce que ça fait... J'en sais rien. Froid, j'imagine. »
Il était bien content que le café diffuse de sa chaleur au travers du gobelet. Le bonheur ne tenait vraiment à rien. Il ne tenait qu'à un pauvre fil ténu qui menaçait de craquer à tout instant et qui, même s'il se consolidait, restait fragile.

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Dernière édition par Sam Walker le Sam 2 Avr - 14:10, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] EmptySam 2 Avr - 8:46


Sam Walker

&
Mérovée O. Talion




❝ Life is unfair. ❞


Je m'étais toujours imaginé à sa place. Pas dans la crainte d'y être, mais plutôt dans l'envie de sentir les vents frais de la liberté glisser sur ma peau. J'adorais cette idée idiote de n'avoir rien en ma possession, de n'être qu'un éternel artiste errant dans les rues, mendiant pour s'acheter des clopes et de quoi écrire. Déambulant dans les coins bondés d'une peuplade rebutée à l'image de leurs réussites, le dos cassé sur le macadam crasseux et la faim dans le ventre. Je me voyais vivre quelques années à l'errance, écrivant sans m'arrêter, sans panne d'inspiration, sans regret. Un livre, peut-être deux, de la poésie aussi. J'aurais présenté mes papiers et tout le monde m'aurait craché dessus, me laissant crever dans une ruelle faisant face à mon triste sort. Le désespoir dans l'âme, j'aurais trouvé une arme comme un signe du destin. Une dernière larme avant de poser le canon sur ma tempe et je me serais fais exploser le crâne dans un dernier espoir de trouver la paix quelque part. Puis, peu de temps après, on serait tombé sur mes écrits et on se serait arraché les droits pour les publier. On me placerait en haut de l'affiche avec mon histoire peu commune qui ferait les gros titres. Le scénario parfait, moi libre de toute culpabilité et toute la gloire d'une existence reversée à ma mère. Un deuxième traumatisme pour la réveiller de son cauchemar infini, elle pleurerait devant les caméras, perdant sa pudeur dans mon décès et, enfin, elle pourrait vivre à nouveau. Détachée des deux hommes qu'elle a aimé, elle pourrait reconstruire une existence bercée par un second souffle. C'était à ça que ressemblait ma réalité et j'en avais pas peur, c'était un deuil avec un fin où ma mère pouvait retrouver l'espoir de sourire à nouveau. J'aimais bien cette idée et peu m'importait vraiment la misère et le malheur. J'avais connu des souffrances qui ne me quitteraient pas, mon esprit s'embrouillait dans la douleur et la folie, et même si je survivais à mes jours ombragés, je voulais garder cette note dernière note d'espoir sur mon requiem. Je ne voulais pas la perdre, c'était un peu ma fin heureuse dans le pire des scénarios. Alors je n'avais aucune pitié à l'égard de ma nouvelle rencontre, ce n'était pas non plus un acte de bonté, juste de la curiosité mal placée, une jalousie absurde qui représentait bien plus pour moi qu'une quelconque différence, ou d'un quelconque jugement trop hâtif.

Le jeune garçon bu quelques gorgées de café et s'allumait la clope qu'il avait pioché dans mon paquet. Je l'accompagnais, assis sur le béton, le regard planté sur lui. C'était de l'honnêteté pure et j'étais content qu'il ne parte pas en courant face à la situation qui sortait un peu du commun. Je me suis toujours dis que j'aimerais bien discuter avec n'importe qui si j'étais à sa place. Si la misère était dure à vivre, elle l'était encore plus face aux regards des autres. Il n'y a rien de pire que de se voir le dégoût dans les yeux d'un inconnu qui ne prendra jamais la peine de tendre une main par peur de se salir. Comme si la misère était contagieuse, comme si l'humanité préférait cracher sur les plus faibles plutôt que partager sa place dans les plus forts.

« C'est en compensation pour t'avoir réveillé. »


Un léger sourire sur les lèvres, un clin d'oeil et je tapais mon café dans le sien pour trinquer doucement. Je n'avais pas besoin d'un merci pour gonfler mon humanité, je n'avais rien d'un bon citoyen qui faisait une bonne action. J'en avais même rien à foutre. Je nourrissais mon envie personnelle et ma curiosité, je souriais à sa politesse mais je me serais senti coupable s'il avait placé une distance à cause de ça. J'aimais sa façon de rire à ma question. Après tout il aurait pu me balancer le café brûlant à la gueule mais il se prit au jeu et ça me faisait plaisir. Je riais à ses derniers mots avant de réagir. Il avait gardé son humour et je trouvais ça réconfortant. Je n'avais rien à dire dessus vraiment, tout ce qui me venait me paraissait déplacé et je ne voulais pas installer un malaise pour rien. Ce n'était pas une retenue à proprement parlé, un rire suffisait, comme s'il n'y avait rien d'autre à dire pour enchérir.

« Pour le mieux, pour le pire, je sais pas vraiment. Tu vas trouver ça étrange mais je pense parfois que c'est tout ce qu'on possède qui nous empêche d'être libre. »

Je prenais quelques gorgées et quelques bouffées de nicotine. Le regard porté devant moi, je prenais quelques instants pour réfléchir avant de poursuivre.

« On a un vécu différent, on a un caractère différent et pourtant je suis pas sûr d'être plus heureux que toi. Sur le papier je suis pas le plus à plaindre, peut-être même que je suis pas le plus malheureux mais ça m'empêchera de me jeter par la fenêtre du troisième étage. Au moins toi t'es au sous sol, tu n'as plus rien à perdre et même s'il y a une montagne devant toi, tu ne peux pas chuter. »

Je soufflais un petit rire sincère, un peu amusé, un peu perdu. Je parlais en le regardant parfois et je me demandais si tout ce que je disais ne pouvait pas le heurter d'une quelconque façon. Je n'avais jamais été très adroit avec les autres, plongeant souvent la tête la première dans des pensées ou des mots qui étaient mal perçus.

« La vérité c'est qu'on est tous des âmes errantes. Le reste c'est une question de chance, de contexte. Je pourrais être à ta place et tu pourrais être à la mienne, rien est fixé et je pense que c'est effrayant pour tout le monde. »

Je rallumais ma clope qui s'était éteinte à force de parler. Je ne savais pas si mes paroles avaient un sens pour lui, peut-être que j'apparaissais plus étrange encore que l'absurde de la situation. Mais je m'en fichais un peu, je trouvais ça intéressant et c'était tout ce qui importait sur le moment.

« Alors ? Comment tu t'es retrouvé là ? »

Je persistais dans ma curiosité, attendant ses diverses réactions et maintenant que l'absurde s'était dissipé, on était plus que deux inconnus discutant dans un coin de rue.

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Message(#) Sujet: Re: What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] EmptySam 2 Avr - 14:08

La misère du monde n'empêcherait jamais la Terre de tourner. Pas plus qu'elle ne ferait cesser les hommes de respirer. Et cette misère ne disparaitrait pas, jamais sans aucun doute, parce que ceux se vautrant dedans avaient trop de volonté pour se laisser mourir. Ils repoussaient de toute leur force le moment de leur dernier soupir dans l'espoir de connaître des jours meilleurs : la vie ne pouvait pas ressembler à ça. Ils méritaient mieux ! Et ils allaient obtenir mieux.
Une utopie, un rêve, ça n'était rien de plus, mais c'était suffisant pour qu'ils s'accrochent. C'était la lumière au bout du tunnel : ils ne savaient juste pas que jamais ils ne l'atteindraient de leur vivant. Samuel lui, se pensait différent de toutes ces personnes qui faisaient la manche, il ne l'était pas. Même s'il avait un travail, c'était trop minablement payer pour qu'il puisse vivre décemment, et même s'il ne faisait pas la manche, il n'en restait pas moins un clochard. Et puis il avait la même espérance, qu'un jour tout s'arrange et qu'il puisse retourner à la vie qu'il avait toujours connue, cette vie bien confortable où il pouvait se faire plaisir.
L'on pourrait croire qu'après une telle expérience, on apprécie mieux les petits cadeaux de la vie, rien n'est plus faux ! Sam avait de l'instinct là-dessus, au fond de lui, il savait que s'il retournait dans la maison familiale où il avait été choyé jusque là,  il en voudrait plus.
L'homme est insatiable, il en demande toujours plus : jusqu'à mourir gavé de luxe et de faste ! La mort la plus ennuyeuse qui soit... La plus délicieuse aussi pour tout ceux qui se régalent de leurs achats ostentatoires. Et ces gens là ne se doutent de rien, ils voient la misère, ils voient les pavés jonchés d'hommes et de femmes détruits par la vie mais ils ne les regardent pas. Leur attention est toute tournée vers le magasin dont le porche sert d'abris à ces pauvres êtres que l'on prive d'humanité.

Les évènements sociologiques n'intéressaient pas le jeune homme. Ça ne l'intéresserait probablement jamais parce qu'il ne comprenait pas l'égocentrisme du genre humain. Lui était fondamentalement gentil et ouvert d'esprit. Il aimait être une main secourable et écouter les autres, pas parce qu'il aurait aimé qu'on lui rende la pareille ou pour se sentir utile, juste parce que ça lui semblait normal. Il aimait les autres, beaucoup pensait qu'il vivait par eux, ça n'était pas le cas : il vivait pour eux. Puisqu'il était un bon à rien, qu'il avait deux mains gauches, qu'il n'était pas intelligent, ni adroit, ni doué d'un quelconque talent, alors il faisait ce que l'on pouvait faire sans se forcer, il écoutait et il répondait. C'était pour ça qu'il n'avait pas éluder les questions de son bienfaiteur et qu'il ne l'avait pas interrompu dans le cours de ses pensées.
Il avait un côté philosophe d'ailleurs, à s'interroger sur un tas de choses qui n'avaient jamais traversé l'esprit du rouquin. Était-il libre ? Pouvait-il se considéré comme tel ? Cette question le déstabilisait : Sam n'avait jamais eu pour but la liberté. Le bonheur, la joie, même fugace, oui. La liberté, c'était bien trop utopique, impossible à atteindre car même là, dépossédé de tout, il se sentait enchaîné. Et plus qu'avant. Il y avait d'un côté son passé qui l'avait marqué au fer rouge et qui se rappelait à lui à chaque fois qu'il croisait une fillette : sa sœur lui manquait tellement ! Et même s'il vivait au jour le jour, il n'avait pas l'impression de pouvoir faire tout ce qu'il voulait : il était dépendant de quelque chose. Il ne savait pas de quoi mais il le sentait au plus profond de son être et il n'était même pas assez libre pour se projeter dans le futur. Il était retenu là, sur le sol, dans le présent sans moyen ni de préparer ses prochains mouvements ni de se plonger dans le passé. L'un ou l'autre n'était pas un luxe qu'il pouvait se permettre.

Sam but encore quelques gorgés en se perdant dans les paroles de l'étrange garçon. Il fixait un point et avait perdu son sourire, soudainement pensif. Quel intérêt de voir de la chance quelque part ? L'important c'était le résultat et c'était lui qui dormait dans la rue. C'était lui qui avait été dépossédé : quelque part il vivait un deuil. Il s'en serait bien passé. Il remplit à nouveau ses poumons de nicotine, et fermât les yeux pour mieux apprécier : il se détendait. Il roula légèrement des épaules pour se délier le dos encore courbaturé de la nuit qu'il venait de passé et s'étira avant de s'affaler un peu plus contre le mur :
« Alors ? Comment tu t'es retrouvé là ? »
La question tombait juste, comment en était-il arrivé là ? Un malheureux concours de circonstances eut-il envie de répondre. C'était un de ces trucs qui vous tombait dessus sans que vous vous en rendiez vraiment compte. Il lui en avait fallu du temps pour assimiler sa nouvelle situation... Et puis où est-ce que tout avait vraiment commencer ? Quand il s'était fait virer de l'université ? Quand il avait pris la décision de ne pas le dire à ses parents ? Quand ceux-ci l'avaient découvert ? Ou bien, bien avant, quand il enchaînait les conneries sans un regard en arrière ? Ça n'était pas très clair. La vie de Sam n'était, de toute façon, qu'une brume opaque et il était difficile de voir au travers :
« Là ou ? Ici, dans ce coin de rue ? Facile, j'ai marché. Si c'est à White Oak Station, et bien c'est ici que je suis né. Quant à qu'est ce je fous à dormir sur des cartons plutôt que dans un vrai lit, c'est pas une histoire palpitante...  Je me suis juste foutu dans la merde pour pas changer ! » il soupira et afficha le sourire du résigné.
Un matelas et une grosse couette, il aurait adoré ! D'ailleurs, ce serait son premier achat dès qu'il se serait trouvé un vrai endroit où se poser. Il en était loin cependant ! Ce qui s'apparentait le plus à sa maison c'était ce carré de troitoire. Et le peu d'affaire qu'il avait était planqué quelque part parce qu'il ne voulait qu'on lui vole son ordinateur, sa valise et les quelques fringues qui étaient dedans :
« Enfin... Disons que je récolte ce que j'ai semé. À n'en faire qu'à ma tête je me retrouve là. On fait avec, tu sais on n'est jamais rien d'autre de ce qu'on a décidé d'être. Devenir quelque chose, changer, ça ne tient qu'à nous. Être libre c'est pareil. Moi, je le serais jamais parce que j'ai pas envie de l'être. Ça voudrait dire tout lâcher, les autres, nos liens. Ça me dérange pas d'être enchaîné dans ces conditions. Je crois même que je préfère ça ! » Il ne voulait pas être une âme errante, en tout cas, il ne voulait pas le rester : « En vrai, il y a des trucs qui sont fixés, genre le passé, ou même le présent. Il n'y a que le futur qui soit à dessiner. » il haussa les épaules, expulsa de la fumée et rit légèrement : « Je sais pas dans quel monde tu vis, mais on voit vraiment les choses différemment ! » il rit encore un peu : « Et toi ? Qu'est ce que tu viens faire ici ? »
Il pencha sa tête sur le côté pour mieux observer son interlocuteur dont il ne connaissait pas le nom. Il ne voulait même pas le savoir : le côté hasardeux de leur rencontre lui plaisait beaucoup.

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Message(#) Sujet: Re: What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] EmptyDim 3 Avr - 7:42


Sam Walker

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Mérovée O. Talion




❝ Son of liberty ❞


Peut-être était-ce l'image du désespoir qui m'avait amené là. Confronté à ma propre fuite dans cette nouvelle vie, j'avais parfois l'impression de faire face à un destin futur. Je ne croyais pas vraiment aux signes ou à toute cette spiritualité qui enchante le monde là où les rêves ne suffisent plus. Malgré tout, je me sentais un peu proche de cette bohème, de cette galère constante. Car si j'arrivais à survivre sur le papier, la réalité était tout autre. Éternellement en chute dans un gouffre sans fond, je m'enfonçais dans les profondeurs d'un océan où les vagues étaient tranchantes et où l'écume rongerait ma peau comme un puissant corrosif inébranlable. Je me sentais en perdition, noyé dans le flot douloureux de mes propres larmes. Muet face à la grandeur du monde, aveugle devant les appels à l'aide, comme toutes ces autres crevures d'êtres humains, bloqué sur son nombril et effrayé par sa propre destinée. Je m'en voulais un peu d'avoir cette boule d'égocentrisme dans le creux du ventre, d'avoir ses pensées égoïstes, ce rapport à l'autre bousculé dans l'unique intérêt de mes angoisses personnelles. Ce n'était pas vraiment que je ne ressentais aucune compassion, c'était juste cette affreuse honnêteté qui me chuchotait quelques obscures conclusions. Comme si elle m'entraînait encore plus bas, m'envoûtant d'une voix suave et maléfique, à jamais rattrapé par ma condition d'Homme. Il n'y avait aucun altruisme dans mes mots ou dans mes actes, à vrai dire, je doutais même être une bonne personne. Après tout, je m'en étais toujours vanté. L'arrogance, le dégoût, l'avidité, la prétention au génie, tout ces mauvais côtés qui revenaient inlassablement à ma conscience d'angoissé. Nourrissant cette haine viscérale contre le genre humain sans oublier de me compter dedans. J'étais un misanthrope plus convaincu par sa colère contre soi-même que par le dégoût d'autrui. Et quelque part c'était par ce biais que je me sentais proche de lui. Par ce regard un peu hautain, plein de fierté, celui qui refusait d'abandonner, celui qui refusait de se laisser crever car au final, ça serait trop stupide, ça serait trop attendu. Mes réflexions étaient positives mais je pense que je cherchais une once de lumière dans mon sombre désespoir plutôt que de faire preuve d'une quelconque bonté gracieuse. Comme si être dépossédé de toute chose pouvait m'apporter la liberté, cette fameuse sensation d'existence qui me manquait tant parfois, ce sentiment frappé de beauté et s'étiolant sur les secondes d'un bonheur qui s'échappe, certes, mais qui dépose un sourire sincère sur l'éloquence de tous les mots effacés de ce monde.

Il y avait quelque chose de réconfortant dans cette pensée, cette idée qui pouvait avouer qu'il existait un bonheur, là, quelque part. Et qu'au final, être heureux, c'était aussi facile que ça. Qu'il suffisait d'y croire, juste un instant, pour atteindre ce but idiot et utopique. J'étais lucide sur mes propos, ça n'était pas juste des paroles en l'air. Je ne voulais pas paraître prétentieux ou touché par le divin savoir. C'était simplement ce que je pensais. Avec toute la franchise d'un Homme. Et même si ce n'était qu'une illusion dans l'espoir d'avoir encore une chance de survivre à cette cruelle réalité, c'était une illusion sincère. Pour moi il n'y avait rien dans ce monde qui soit plus merveilleux que la liberté. Et elle s'obtenait par l'existence. Par cet instant où plus rien n'a d'importance car on existe enfin. Le passé, le présent, le futur, tout ça deviendraient des notions absurdes au même titre que l'argent, la célébrité ou son inverse. Il n'y aurait plus que l'existence dans le regard des gens, l'importance de réfléchir dans les yeux d'un autre, d'être là et de se sentir là. Je pourrais tout donner pour ce moment précis, juste le vivre une fois et crever sans le moindre regret. Juste exister l'espace d'une seconde et ressentir le poids de la liberté emporter les futilités du monde. C'était ça que je recherchais, un peu comme une quête, une raison pour avancer. Et quelque part, ça suffisait. Que je trouve cette liberté ou non, ça n'était pas vraiment l'important, sa simple conception me permettait de croire qu'il y avait un peu de magie qui m'attendait sur ma route. Et ouais, quelque part, ça suffisait.

Le jeune homme était resté silencieux, écoutant mes mots avec attention et parfois pensif. C'était amusant de prendre un peu recul sur la situation et sur ce qu'on disait. Pour quelqu'un qui vivait dans la rue, il avait un côté terre à terre déstabilisant chacune de mes questions. J'aimais le fait qu'il n'ait aucune honte, aucun complexe, simplement la sincérité d'une personne qui, bien que dans le besoin, n'avait aucune raison de se laisser abattre. C'était puissant. Comme une aura autour de lui qui dévastait tous les clichés et les à priori de son état. La résignation sur les lèvres, la tête haute et le regard droit, j'écoutais chacun de ses mots me laissant bercer dans sa réalité.

« Oui on voit les choses différemment mais je crois comprendre ce que tu veux dire. Pour moi, chaque futur est un présent et chaque présent est un passé. C'est fixé dans le temps mais on choisit pas tous nos souvenirs, encore moins comment on les revit encore et encore. Et moi c'est ça mes chaînes. On peut dessiner ce qu'on veut, prier autant qu'on veut, le futur c'est la même merde que le présent. On lutte tous, à des niveaux différents, juste pour apercevoir une once d'espoir suffisante, c'est ce qui nous maintient en vie au final. »

C'était à mon tour de sourire doucement. Je prenais quelques gorgées de café, terminant ma clope avant d'en rallumer une, laissant le paquet ouvert au sol entre nous deux comme une invitation en espérant qu'il ose se servir sans demander.

« On n'y pense pas au début. Le futur, la vie, et toutes ces réflexions philosophiques qui finissent par nous polluer l'oxygène. Ce serait ça ma liberté. Me débarrasser de toutes les responsabilités, de toutes les angoisses, de tout le superflu pour juste être. Exister dans un moment perdu dans le temps. Comme l'insouciance d'un gamin qui n'a que ses rêves. »

Je riais un peu surpris de me voir aussi bavard. Étonné de me confier sur cette idée que je trouvais moi-même risible parfois. Je tirais sur ma clope, recrachant ma fumée un peu nerveusement, comme si la réalité m'avait englobé un instant. Je reprenais sur sa question, sur le même ton que lui.

« Ici dans ce coin de rue ? J'ai roulé. » Je riais un peu, taquin, bougeant les jambes pour faire rouler les roues du skateboard. « Je ne sais pas vraiment à vrai dire. Si je devais être honnête c'est juste que j'ai couru le plus loin et le plus vite possible et que je me suis arrêté, essoufflé, ici. J'ai placé un océan derrière mes pas en espérant que ça soit suffisant le temps de reprendre mon souffle. »

Je relevais un peu le menton pour poser ma tête contre le mur et regarder vers le ciel. Je reprenais une bouffée de cigarette un peu perdu dans mes songes nostalgiques.

« Si tu n'as pas envie d'être libre, tu aspires à quoi ? »

Je basculais un peu pour que mes yeux se posent sur lui. J'avais l'impression d'avoir beaucoup parlé de moi, d'avoir monopolisé ma pensée et mes mots sur ma propre existence. Ça devait être un peu le cas, peut-être que c'était la solitude, au final, que j'étais venu briser ici.

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Message(#) Sujet: Re: What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] EmptyDim 3 Avr - 20:14

Sam Walker a écrit:
Voir sa cigarette se consumer doucement rappelait à Sam l'ironie de la vie. Il se sentait lui-même brûler, se réduire en cendre puis être porter par le vent. On l'aurait traîné tellement loin d'ici ! Ça se serait apparenté à une fuite mais peut être était-ce ce que voulait réellement ses parents. Ne plus le croiser, pas même dans la rue. Et d'ailleurs, s'ils se voyaient que se passerait-il ? S'arrêteraient-ils pour lui faire face ou continueraient-ils leur chemin comme si de rien n'était ? Et lui, oserait-il les aborder et s'excuser ? Il aurait voulu pouvoir être sûr que oui mais au fond, il savait qu'après les mots blessants de sa mère, il ne supporterait pas de se tenir devant elle.
Mais il ne prenait pas la question dans le bon sens, il n'était pas question de ce que ses parents voulaient mais plutôt de la raison qui le poussait à rester dans cette ville. Puisqu'il n'avait plus rien il avait l'opportunité d'aller n'importe tout, de ne jamais revenir et de devenir quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'il aurait aimé être sans jamais se l'autoriser. Alors pourquoi ne pas s'être détaché de ses chaînes ? Les aimait-il à ce point ?
La réponse était simple, il avait peur. Il ne l'avouerait jamais, mais il en crevait. Et pour une fois, dans toute sa vie, il manquait de courage. Il aurait dû pouvoir quitter tout ce beau monde sans le moindre remord, la tête haute, le regard droit. Mais il était revenu quelques temps après, et la seule chose qu'il avait récolté était un accident qui aurait pu lui coûter la vie.

Cette peur absurde et irrationnelle s'insinuait en lui à chaque fois qu'il réfléchissait trop à ce qu'il ferait après. Il ne savait pas d'où elle venait ni ce qu'il craignait mais elle était bien là, présente dans toutes les cellules de son corps si ce n'est dans chaque atomes qui le composaient. Il préférait ne pas y penser, fuir à sa manière en fermant les yeux sur les vrais problèmes et en se concentrant sur le côté matériel de sa situation !
La facilité, tout le monde y cédait. C'était une pente glissante et une fois qu'on la dévalait, il était si difficile de la gravir pour changer de cap ! Elle vous engloutissait tout entier sans vous laisser une chance de revenir sur votre décision parce qu'elle vous rappelait à quel point souffrir ne valait pas le coup. Elle s'imposait comme la meilleure réponse à toutes les questions, la solution à tous les problèmes. Elle était à la fois délicieuse et monstrueuse. Elle apportait plus de problème qu'elle en réglait mais elle se montrait fourbe et vicieuse : doucement elle vous faisait croire que tout irait bien. Que tout était simple. Foutaise : la vie n'a rien de simple. Jamais. Si on se laisse aller, ne serait-ce qu'un instant, on se noie. Se laisser porter par le courant, ça ne va qu'un instant, il fallait que Sam en prenne conscience. Il fallait qu'il ait se déclic s'il voulait avoir une chance de renouer avec la vraie vie...
Peut être qu'au contact de mec désabusé il verrait les choses sous un nouvel angle. Peut être verrait-il ce qu'il devrait voir plutôt que ce qu'il veut voir. Peut être enlèvera-t-il enfin ses œillères. Déjà, il prend peu à peu conscience de ce qu'est réellement le bonheur : ce gars là n'avait pas l'air heureux, pas plus qu'il avait l'air malheureux, et lui de quoi avait-il l'air ? Est-ce qu'il semblait content de son sort ? Sam s'en fichait bien de ce à quoi il pouvait ressembler. Toute son attention était tourné vers son camarade d'infortune qui se confiait petit à petit. Ils en savaient peu l'un sur l'autre et pourtant c'était déjà beaucoup. Il n'y avait pas de nom, juste un visage et une histoire.

Samuel écrasa sa cigarette achevée sur le pavé, le mégot en rejoignait d'autres qui étaient là depuis longtemps déjà. Les rires résonnaient et puis soudainement, Sam eut l'impression que leur bulle éclairait : la ville se mettait en route. La vie prenait son cours et il surprit quelques regards curieux sur leur duo étrange. Ça lui arracha un sourire parce qu'il avait l'impression de connaître un secret, il avait l'impression de le tenir entre ses mains et que toutes ces personnes qui les jugeaient ne pouvait pas comprendre ce secret. Ça le rendit un peu plus joyeux, et il sentit qu'il n'avait plus vraiment besoin de cigarettes :
« Si tu n'as pas envie d'être libre, tu aspires à quoi ? »
Il fallait répondre honnêtement. Il avait l'impression que c'était le deal ici. Dire la vérité, ne pas mentir. Pour une fois, être sincère. Depuis combien de temps ne s'était-il pas défait de tous ses mensonges ? Que ça soit auprès de ses amis, ou de ses petites copines, de sa famille aussi, il y avait une part de faux dans tout ce qu'il disait. C'était depuis ce crash que les choses avaient changé. À Audrey il n'avait jamais menti, pas plus qu'à Cass ou à Sarah. Il n'en voyait pas l’intérêt. Il soupira longuement, il osa se confronter à sa réalité, à sa propre vérité. Celle qui l'effrayait tant :
« Je crois que je veux me trouver. »
Savoir qui il était, où et pourquoi. Il n'avait jamais cru en l'existence d'un Dieu, pour lui, les hommes n'avaient de raison de vivre, ils étaient là et devaient se démerder comme ça. Comment croire quand on regard l'univers dans son ensemble que chaque être humain a un but prédéfini, est là pour une raison ? C'était absurde. Mais ça n'empêchait pas Sam de se chercher lui. Pas une raison de vivre, juste ce qu'il pouvait bien être :
« Je sais pas vraiment qui je suis, mes centres d'intérêts, mes passions, tout ça. On est encore jeune non ? Je crois que je le suis plus que toi, enfin on s'en fou. Ce que je veux dire c'est que j'aspire juste à me sentir à ma place. Et j'ai pas l'impression que ça soit là, mais d'un autre côté, ça me rapproche de qui je deviendrai, qui je pourrais être réellement. Les rencontres, les galères, tout ça, ça nous forge. Et j'aimerais bien évoluer dans le bon sens, aller du bon côté. Trouver ma place, l'exact endroit auquel j'appartiens. »
Mais pour trouver cet endroit, il devrait prendre le large. S'en aller, tout quitter. À moins que sa place ne soit ici. Dans cette ville. Ça lui plairait bien. Si seulement ça pouvait être le cas !
« Je veux pas forcément tomber amoureux et avoir la vie que tout le monde veut avoir avec une jolie famille, et de la joie partout. Moi ça me va de pas être tout le temps heureux, parce que la vie c'est des hauts et des bas. Mais j'aimerais avoir l'impression que j'ai bien fait les choses et que je me suis accompli. J'aimerais ressentir que je suis au bon endroit et que je suis pas encore en train de me planter. Peut être que je ne veux juste pas vivre avec des regrets mais... j'ai pas l'impression que ça soit suffisant. » Il eut un léger rire, lui aussi. Il se sentait horriblement bien : « Mais comment on le sait qu'on a fait les bons choix ? C'est comme quand on tombe amoureux, comment on sait que c'est de l'amour puisque, jusque là on l'a jamais vécu ? Ça m'a jamais paru évident. Et y en a trop qui confondent et je suis le genre de débile qui se tromperait. Je crois que ça me fait peur... De me planter, encore et encore. De rester ici, dans ce bout de rue parce que j'aurais pas les couilles d'en bouger. » Il soupira et secoua la tête doucement « Mes parents avaient certainement raison. » Il n'ajouta rien, il ne voulait pas avoir l'air de se plaindre.
Il ne voulait pas non plus se remémorer cette nuit atroce ou il avait du quitter la maison de son enfance a bord de sa voiture, les yeux remplis de larmes, le cœur gros et la gorge gonflée de colère. Lui qui aurait voulu ne pas avoir de regret c'était trop tard, parce qu'il n'avait pas vu Annie. La famille pouvait être la meilleure chose et la pire mais dans son cas à lui, il était l'unique fautif. Il avait brisé leur famille. Il était celui qui avait fait tomber le vase et maintenant on le mettait à la poubelle après s'être simplement dit 'tant pis'. Leur famille était un putain de 'tant pis' et ça le rendait triste autant que ça lui mettait la rage ! Il ne pouvait plus rien arranger, il ne pouvait s'occuper que de lui désormais...

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Message(#) Sujet: Re: What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] What kind of crazy are you ? [Sam&Mérovée] EmptyJeu 7 Avr - 17:47


Sam Walker

&
Mérovée O. Talion




❝ Tree of Life ❞


Je me suis toujours demandé si la vie n'était pas qu'une longue ascension vers notre destinée. Si quoiqu'il arrive, le hasard des choses nous ne confinait pas dans quelques divers chemins. Pour moi, c'était comme un arbre immense plaqué sur du papier blanc. L'encre coulerait en suivant les lignes du majestueux enfant de la nature. Des racines jusqu'au bout des branches au plus haut sommet de la cime. J'imaginais que certaines branches s'arrêtaient au milieu, après un mauvais choix de parcours, un accident, un malheur. D'autres seraient tordues et parfois fissurées mais continueraient leurs routes. Jamais à l'abri de se sentir trop lourd et de briser la faiblesse de notre existence pour ne laisser qu'un dessin inachevé, qu'une tâche baveuse et épaisse d'encre noire, ou pire encore, un trou dans la feuille. Enfin il y avait toutes ces fleurs qui poussaient qui représenteraient toutes ces personnes grandissantes avec nous, évoluant auprès de nous. J'aimais cette idée que nous étions encore maître de notre destin, que tout serait définit par nos simples choix. Est-ce que je m'arrête ici ? Est-ce que je vais là-bas ? Est-ce que je franchis cette porte ? Est-ce que je me laisse chuter de la falaise ? Plus qu'une véritable croyance, je crois surtout que ça me permettait d'avoir un peu de réconfort sur mes choix difficiles. La culpabilité, l'angoisse, la pression, les responsabilités, tout ce qui faisait de moi un Homme, pire, un adulte. C'était une illusion à laquelle je tenais, comme celle de mes rêves, comme celle de ma liberté.

Parfois le cynisme m'empêchait de me relever. De lutter contre ces sombres obstacles qui me faisant inlassablement trébucher. Je voyais tout en noir et l'existence devenait un triste monde terne et évanouit dans un espace-temps qui tournerait au ralenti. Je me sentais oppressé parfois, la réalité me prenant à la gorge et plaqué contre un mur de brique froid et rude, je perdais pied sur le macadam tremblant d'une routine désespérée. Je me perdais dans l'idée que tout était écrit, que le malheur forçait la route et que les autres avaient inventé le bonheur juste survivre. Parfois je pensais que ce combat hargneux était vain, qu'on survivait tous comme on le pouvait mais qu'il n'existait pas de fin heureuse. Pour personne. C'était triste, et douloureux un peu. Mais nécessaire pour gonfler l'enthousiasme d'une bonne surprise, d'apprécier encore plus ces instants égarés comme celui-ci. Ce moment de partage sincère avec un inconnu, ces mots qu'on gardait sous silence par peur qu'ils reviennent nous hanter mais qui trouvaient, l'espace d'une faible brèche dans le temps, un petit trou pour s'échapper. Quelque part c'était beau, quelque part c'était une réponse satisfaisante au désir de vivre. Car après tout, pour quelles autres raisons luttons-nous si ce n'est pour la beauté d'exister ?

J'avais terminé mon café et posé le gobelet à côté de moi, je tirais toujours ma clope en suivant avec attention sa réponse. Plus il se confiait, plus j'avais cette agréable sensation de le connaître depuis toujours alors que je ne connaissais même pas son prénom. Ça m'amusait quelque part, ça enchantait mon monde car ce n'était rien d'autre qu'une preuve concrète que, parfois, la réalité n'a aucune importance. Elle est là, elle nous regarde, elle nous subit pour une fois et on sort vainqueur de cette lutte car on a réussit à apprécier sincèrement quelque chose d'anodin. On s'écoutait avec patience et intérêt, on ne coupait pas la parole car on ne voulait pas perdre l'essence de notre réflexion. Notre pensée, c'était tout ce qui comptait et on se partageait nos idéaux et nos espoirs comme dans une version plus juvénile et moderne d'une vieille discussion entre deux vieux bonshommes sur un banc.

« Si on ne peut pas savoir quels sont nos bons choix, on ne peut savoir quels sont nos mauvais choix non plus. »

Je souriais et je tournais à nouveau la tête pour regarder devant moi, enlevant mes jambes de mon skateboard pour les poser près de moi et me redresser un peu.

« Tous nos choix ont des conséquences. C'est chiant mais rien n'est pas bon ou mauvais et c'est souvent les deux. Parfois l'un est plus fort que l'autre et je crois qu'on peut tous les dires qu'on a vécu plus souvent la victoire des mauvaises conséquences mais ça ne veut pas dire que ça ne changera pas. »

J'essayais de me convaincre moi aussi qu'il existait quelque part un détour rempli d'espoir, une branche de vie qui poursuivrait une route plus calme et plus heureuse. Je riais doucement.

« Enfin, peut-être pas. Mais je pense qu'en connaissant les mauvais choix, on finira par voir la différence et quand tu seras à ta place, tu seras le premier à le savoir. »

Je m'étais détaché du « on » car je ne voulais pas trouver une place dans ce monde. Je n'aspirais pas forcément à m'installer dans une place que je trouverais confortable. Non. Moi je voulais exister et je pense qu'il n'y a que ma liberté qui peut m'offrir ce sentiment d'existence.

« C'est effrayant d'être responsable de son destin. De ne pas pouvoir insulter des dieux qui n'existent sûrement pas, de ne pas pouvoir juste attendre que les temps changent et de ne pas réfugier son espoir dans la croyance naïve que le bonheur arrivera quoiqu'il arrive. Alors je crois que c'est bien d'avoir peur. C'est bien de ne pas être sûr car c'est quand on est trop confiant qu'on se perd en route. »

Parfois j'avais l'impression de comprendre le monde. Je ne savais pas vraiment au final, il n'y avait rien ni personne qui pouvait se vanter de connaître le monde. Mais juste, parfois, j'avais ce sentiment de réconfort qui m'envahissait, comme si j'avais trouvé des mots pour exprimer quelque chose d'abstrait. Ça ne lui parlerait peut-être pas, mais ça me parlait à moi, ça me permettait de réaliser qu'il ne fallait pas sous-estimer la vie, qu'il ne fallait pas oublier que, parfois, elle était plus grande que nos rêves.

« On s'en fout au final de savoir qui avait raison. Je ne sais pas de quoi tu parles mais je peux te l'assurer. La seule chose qui importe c'est de savoir si tu vas les laisser avoir raison ou si tu vas leur prouver qu'ils ont tort. »


Et quand la vie était plus forte, elle était remplit de quelques clichés qu'on pensait poussiéreux et absurdes. Comme tout droit sortis d'une morale à la con dans une fiction quelconque. Mais je devais avouer que ça faisait du bien d'admettre que parfois, c'était aussi simple que ça. Alors je riais un peu pour me moquer de moi-même, je riais un peu pour me moquer de la vie et de toutes ses leçons qu'elle nous donnait.

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