#0024 - you and me, used to be together

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Encore une journée vide, sans envie, une journée sans but. Une journée où il n'y a rien à faire à part déprimer, parce que c'est ce à quoi je suis destiné. Un nouveau jour où je reste allongé dans mon lit, à fixer le plafond sans m'en lasser, à prendre mes médicaments matin, midi et soir avec un foutu verre d'eau, à ne pas manger. Une nouvelle journée ou je pense à Mark, à ce qu'il s'est passé. Aux messages entre lui et ce Josh, aux bruits de l'accident, le téléphone qui coupe. Je me repasse la scène en boucle. J'ai mal, je souffre, mon cœur se déchire encore une fois. De toute manière, je ne peux pas tomber plus bas. Alors, je vais m'asseoir dans un coin, et je tiens ma tête entre mes mains. Mon souffle s'emballe, mon cœur bat irrégulièrement, je sens que je vais craquer. Mais il ne faut pas, non, je dois rester fort, je dois rester gai. Je dois vivre pour Ange, celui qui m'a recueillit. D'ailleurs, où est-il ? La mémoire me revient, il est à son travail. Alors je suis tout seul jusqu'à tard. L'angoisse m'assaille. Je pourrais m'enfermer dans un placard.

J'ai l'impression de défaillir, je me sens fou, idiot. Je crie, un petit peu, puis vais reprendre mes pilules. Les cauchemars éveillés, j'en fais souvent quand je suis seul. Les médecins appellent ça des crises d'angoisses. Mais je m'en fiche, moi, je veux juste que la douleur parte. Je veux oublier, je veux essayer d'être heureux. Sauf je n'y arrive pas, comme ci mon cerveau voulait me faire rappeler chaque jour que c'est à cause de moi si il est mort.

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∞ Aimer pour être toujours trahi : si tu ne l'es pas par l'objet de ton amour, tu l'es par la vie.

You and me, used to be together. ♡

COUPEZ. Le jeu s'arrête, les projecteurs s'éteignent, la voix se coupe et la vie reprend son cours. J'observe chacun des acteurs autour de moi, en particulier la belle Théo, laquelle je lâche sa main. Je la félicite, comme toujours, de sa performance et elle me retrouve le compliment. Ravi, je la salue et rejoins les coulisses en ébouriffant ma Dany-coupe. Trop de gel, tue le gel. J'atteins ma loge avec un soupir, songeant au fait qu'il est temps de rentrer chez moi. Et comme d'habitude, le stress monte en moi comme le mercure d'un thermomètre. Moi qui devrais plutôt être stresser par les répétitions, je le suis par l'idée de retrouver mon meilleur ami, dépressif (même si je préfère le terme "malade"). J'ai peur. Peur de le retrouver raide mort au milieu du salon, peur de le voir noyé au fond de la baignoire. Andrew me fait peur. Chaque jour parait être une nouvelle épreuve pour son petit corps de plus en plus faible. Il pense que je n'ai pas remarqué qu'il mange moins et qu'il devient de plus en plus pâle, mais il faudrait être aveugle. Et plus il va mal, plus je vais mal. Je ne peux pas être insensible. C'est de l'homme que j'aime dont je parle. Je me masse les tempes, me démaquille, accroche mon costume, me rhabille et sort, laissant derrière moi la scène et le théâtre, suivant mon petit bout de chemin jusqu'a mon appartement. Dehors il fait nuit, je prend conscience de l'heure et sans m'en rendre compte, me met à accélérer le pas.

J'aimerai ne pas laisser Andrew tout seul, ce serait d'ailleurs préférable, mais mes moyens ne me le permette pas. Que dis-je, mon rêve ne me le permet pas. Sans la scène, sans la comédie musicale, sans mon personnage, je ne suis plus rien. Plus qu'une loque infâme. Et encore, sans mon salaire, je suis bien pire que cela.

J'ouvre la porte d'entrée, qui grince, j'ai encore oublié de la graisser. L'appartement est baigné dans le noir et je distingue les meubles grâce à la lumière de la Lune. Je tend l'oreille et appelle, comme si j'avais encore l'espoir d'entendre une réponse : « Andrew ? Je suis rentré. ». Silence. Je soupire à nouveau et me débarasse de ma veste, que j'accroche au porte manteau avant d'emprunté le couloir et de me placer devant la porte de la chambre de mon meilleur ami. J'hésite, puis toque. Sans attendre cette fois, j'ouvre la porte et plisse les yeux. « Tu es là ? Désolé, je sais qu'il est tard. Tu as mangé ? »

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Je suis toujours dans ma chambre, je tourne en rond. Je suis dans le noir constant, parce que je ne veux pas voir les journées passés. Je suis resté dans le passé. Mon cœur souffre, il se serre tandis que je me laisse tombé en arrière. Ma tête heurte l'oreiller, je ferme les yeux et me détend doucement, tandis qu'une perle salée roule le long de ma joue. J'aimerais tant que cette douleur cesse, j'aimerais me sentir mieux. J'aimerais pouvoir être à nouveau amoureux d'Ange, que l'on vive une belle histoire tous les deux. Parce que je sais qu'il me ferait oublier Mark. Les heures passent. Je n'ai pas mangé de la journée, mais je n'ai pas faim. Mon ventre ne grogne même pas, il est habitué. Je me demande où se trouve Ange, j'ai envie de le voir. Mais j'ai peur aussi. Que l'histoire recommence. J'ai tellement peur d'aimer de nouveau.

La porte s'ouvre soudainement, et je reviens à la réalité. Je me redresse, j'entends la voix d'Ange mais je ne réponds que par un grognement léger. En appuie sur mes coudes, j'attends qu'il ouvre a porte comme il le fait tous les soirs. C'est vrai qu'il est rentré plus tard que d'habitude. J'aimerais qu'il vienne, qu'il me serre dans ses bras. J'ai besoin d'affection, je suis en manque, mais lui ne m'en donne que très rarement. Pourtant, c'est ce que je préfère. Les câlins, les bisous. Ma voix rauque lui répond. « Je suis là.. » Je ne réponds pas à sa deuxième question, il sait très bien que je n'ai pas manger. Alors ce n'est pas utile de le lui dire.

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Comme toujours, il ne bougea pas d'un pouce, fin comme une planche à pain, il me parut si petit dans l'immense lui que je lui avais attribué. J'eus l'envie de folle d'aller le rejoindre, de le serrer fort dans mes bras et de lui faire oublier tous ses soucis. Oui mais voilà, chaque étreinte était une épreuve pour mon petit cœur, qui criait chaque jour un peu plus, qui réclamait de l'amour et non de l'affection et qui surtout, ne supportait plus une telle tendresse si elle ne venait pas d'un cœur amoureux. Je savais fort bien que j'en demandais trop, mais j'étais sans doute trop égoïste de nature. Et de toute façon, s'en était déjà trop tard pour abandonner mes sentiments. « Je suis là.. » Oui en effet, il était là, comme d'habitude. Et plus je l'observais plus mon cœur battait vite. A chaque battement, je me sentais sombrer un peu plus. « Je sais. ». Il ne répond pas à ma seconde question, la jugeant sans doute inutile puisque je connais bien la réponse. Je soupire et vient m'assoir sur le bord de son lit, je n'ai pas fais ça depuis le soir où je l'ai ramené chez moi, en pleur après l'enterrement de Mark, et que nous avions passés la nuit ensemble, serrés l'un contre l'autre. Cette nuit là mes émotions n'avaient été que bonheur et souffrance. La joie de l'avoir auprès de moi, estompée par le fait qu'il ne m'appartenais pas.

Sans attendre plus, je l'encercle de mes bras. La journée fut rude pour tout le monde, même pour lui je le sais mieux que quiconque. Son odeur envahit mes narines et mon âme se tord. Je n'écoute pas, lié à lui, le serrant simplement dans mes bras. « Qu'est ce que tu veux manger ?» je demande.

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Ses bras m'encerclent, j'ai l'impression d'être ailleurs, un très léger sourire parcoure mes lèvres. Je me sens bien, ma tête se pose contre son torse musclé et chaud. Son cœur bat vite, je me demande si c'est du à son retour visiblement rapide. Mes bras passent timidement autour de sa taille et je le serre doucement contre moi en fermant les yeux. Je me détend, je me sens bien contre lui. Il me demande ce que je veux manger et mes épaules se haussent doucement, je n'ai aucune idée. Parce que je n'ai pas très faim, mais pour lui faire plaisir, je vais manger. " Ce que tu veux, je m'en fiche.. "

J'aimerais encore que l'on passe une nuit ensembles, serrés l'un contre l'autre. Parce que je fais des cauchemars, toutes les nuits. Je n'ai jamais supporté dormir seul, et ça me fait penser à l'accident, tout les bruits reviennent dans mon esprit. Sauf que je n'ose pas lui demander, j'ai peur qu'il refuse, qu'il me juge. Qu'il pense que je ne suis qu'un imbécile enfant qui ne peut pas dormir tout seul. Je reste plus contre lui et j'embrasse tendrement sa joue. Je suis heureux qu'il soit rentré, parce que oui, ma solitude me pèse. Mais je ne dit rien. Il aime son métier, et je ne veux pas être celui qui l'empêche de faire ce qui le rend heureux. Je ne veux pas qu'il devienne comme moi. Je le regarde, mon regard est triste, voilé. Je me dis qu'il a du passer une bonne journée, pour être rentré aussi tard. " Tu.. T'as passé une bonne journée ? "

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∞ Aimer pour être toujours trahi : si tu ne l'es pas par l'objet de ton amour, tu l'es par la vie.

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la chaleur de son torse contre le mien détend petit à petit mes muscles, et je sens ses épaules se hausser à ma question. Je ferme doucement les yeux, heureux. « Ce que tu veux, je m'en fiche.. » Je sens mon coeur s'affoler et je comprend que mes crises recommencent. Lorsque je suis avec lui je ne peux m'empêcher de ressentir cela, le fameux sentiment que je vous présentais tout à l'heure. Je pose mon nez dans ses cheveux, un instant. « D'accord. Je suis content que tu accepte de manger. Tu me fais plaisir. ». Les lèvres d'Andrew s'écrasent sur ma joue et mon cœur s'arrête de battre. Non, il n'a pas le droit de faire ça. Ça fait tellement mal, au fond. C'est comme un coton coupant. Je déglutis et le garde contre moi. « Tu.. T'as passé une bonne journée ?» il demande. Je lève un sourcil, les yeux toujours fermés et j'ai tout à coup de la peine pour lui. Tandis que moi je passe mes journées sur scène, lui reste seul à la maison. J'aimerai vraiment qu'il soit heureux et qu'il sorte lui aussi mais il refuse, il soutient sa dépression. Quoique je fasse, ça n'y change pas grand chose. Les câlins sont les seules choses qu'il accepte. On dirait une sorte de petit chaton battu qu'on recueille chez soi. Oui mais voilà, Andrew n'est pas un chaton, mais bel et bien l'homme que j'aime. Le voir aussi malheureux est une vraie torture, je passe une main dans son dos. Le fait qu'il s’intéresse à ma journée me fait plaisir. « Oui, mais je suis crevé. J'ai un peu de mal à tenir le rythme avec mes insomnies. ... Et toi qu'est-ce qu tu as fait ? »

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Contre lui je me sens bien, détendu. Nous nous décontractons en rythme, je le sens, et mes yeux se ferment en même temps que les siens. Son cœur bat plus vite, mais le mien s’accélère tout autant. Si tout pouvais être plus simple, si j'avais pu ne jamais connaître marque et l'aimer lui toute ma vie. Parce que je sais qu'Ange aurait été parfait pour moi. Il met son nez dans mes cheveux et je respire son odeur lorsque que le mien s'enfonce contre son épaule. Il sent bon, une odeur bien à lui. Il est heureux que je mange avec lui, mais je ne fais ça que pour le rendre heureux. Je dépose un doux baiser sur sa joue, mais je le sens se crisper. Il ne veut pas de mon affection ? Je le repousse, visiblement. Mes yeux se baissent et je m'éloigne un peu alors qu'il déglutit. Redressant doucement mon corps, je lui demande en même temps si il a passer une bonne journée, les yeux fixés sur le sol. Pourquoi j'ai mal à l'intérieur quand je l'ai senti ne pas aimer mon bisou ? J'ai toujours été très affectueux, j'ai besoin de ça pour avancer, mais visiblement Ange ne veut pas.Je vois son sourcil se lever lorsque je relève les yeux vers lui. Quoi, ma question l'étonne tellement ? Après tout, il est rentré très tard, sinon je n'aurai pas posé la question. Il passe sa main dans son dos pendant qu'il semble réfléchir à sa réponse, puis il la sort. J'inspire doucement et hausse les épaules, le laissant faire. « Rien. Je n'ai rien fais, mais j'ai pris mes médicaments. » Je sais qu'Ange aime quand je prends mon traitement, ça le rassure peut-être. Ce ne sont que des cachets qui m'endorment, mais il veut ça. Je me lève doucement et prends sa main afin de l'entraîner dans la salle, je ne veux pas qu'on continue à parler de ma dépression. Je la vis et je sais qu'il la vit à travers moi. Mais je ne veux même pas l'évoquer. C'est comme ça, et Gabriel le respecte.

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