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Charlotte & Enzo

✻✻✻ « Papa, on se voit quand ? » Le portable contre son oreille, Enzo était en train de téléphoner à son fils. Son fils qui était resté avec sa mère, sa future ex-femme. Le professeur ne se doutait que trop bien que pour son fils, cette situation ne devait pas être simple, aussi jeune soit –il. Il n’était sans doute pas capable de tout comprendre mais il ressentait des choses le petit Charles. Et d’après ce qu’Enzo pouvait entendre, il manquait à son fils. « Bientôt Charles, je t’en fais la promesse. » Il ne pouvait lui dire quand, là était le problème. Enzo était focalisé sur Charlotte et Alaska, il tenait à rattraper les choses avec elles. Pourtant, il ne voulait pas non plus faire disparaitre Charles de sa vie. Ce petit restait son fils. « Ok… » Il ressentit la déception de son fils mais, à l’heure actuelle, il ne pouvait lui dire avec précision quand est-ce qu’ils pourront se voir. Il lui restait encore quelques petites choses par-ci par-là à réaliser dans son nouveau chez soi. « Je dois te laisser. Au revoir, je t’embrasse. » Charles lui répondit par le bruit d’un bisou et la communication fut coupée. Enzo poussa un bref soupir avant de regarder l’heure. Il allait bientôt être l’heure de se rendre au parc. En effet, il était prévu qu’il y rencontre Charlotte. Et sa fille bien entendu. Il prit une bonne douche et se changea afin de mettre une tenue plus … correcte, plus classe que son vieux pantalon qu’il portait lorsqu’il bricolait. Quand il sortit de chez lui, le soleil brillait. Il prit cela comme un bon signe. Le signe que tout allait bien se passer. En marchant, il repensa à sa discussion avec son fils. Sa future ex-femme ne lui avait même pas parlé. Ce n’était pas plus mal dans un sens. Les messages se transmettaient par leur avocat respectif à présent. Arrivé au parc, il s’installa sur un banc, non loin de l’entrée. Comme cela, il pourra voir Charlotte arriver. Pour patienter, il se mit à observer les gens autour de lui. Certains se promenaient avec leur chien, d’autres en famille. Il y avait de tout. Au bout de quelques minutes, il finit par l’apercevoir cette belle blonde qui avait eu son cœur. Il se leva et la laissa s’approcher, heureux à l’idée de pouvoir passer du temps avec elle et le bébé. « Bonjour Charlotte. » Il lui adressa un sourire sincère avant d’hésiter. Devait-il lui faire la bise, poser ses lèvres sur sa joue ? Où était le mal là-dedans ? Ce geste, des amis le faisaient bien, pourquoi pas lui envers Charlotte ? Il s’exécuta donc. Le baiser ne dura que deux secondes et très vite, le jeune homme porta son attention sur la poussette. Il se pencha légèrement afin de voir sa fille. Dès qu’il la vit, il ressentit une nouvelle fois cette sensation de bonheur s’emparer de lui. « Salut ma petite chérie… » murmura-t-il en caressant l’une de ses joues du bout des doigts. Elle était tellement mignonne. Un vrai petit ange. « Je n’arrive toujours pas à croire que c’est notre fille. » Pourtant, c’était bel et bien le cas. Depuis qu’il le savait, il se sentait sur une autre planète. Il finit par s’assoir sur le banc et posa les mains sur ses genoux. Un signe de stress ? Non, juste que dans des moments comme cela, il ne savait quoi faire de ses mains. Il avait l’habitude pourtant avec Charlotte, il n’avait pas à être gêné ou quoi que ce soit d’autre en face d’elle. « Tu… Tu vas bien sinon ? » D’abord commencer par les basiques.
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Charlotte & Enzo

✻✻✻ « Comment tu me trouves, mon cœur ? » Charlotte avait changé cinq fois de tenues, sous le regard amusé de la petite fille. Ses réponses n’étaient que des sons, des onomatopées qui devaient certainement vouloir dire quelque chose. Plus nerveuse qu’un premier rendez-vous, plus anxieuse qu’avant un examen important. Charlotte était terrifiée. La peur l’avait envahi à l’idée de voir Enzo dans un contexte bien différent, dans un univers qui leur permettait d’être libre, heureux. Leur relation passée n’était finalement devenue qu’un souvenir, l’heure d’une remise à zéro avait sonné. Pour le meilleur, semble-t-il. « Celle-là, c’est la bonne. Tu as raison. » Charlotte n’était pas certaine de savoir comment se comporter. Comme si elle avait oublié, plus habituée aux rendez-vous secrets, aux regards discrets, aux baisers volés. La situation était déroutante. Charlotte n’oubliait pas le mariage d’Enzo, son fils. Elle ne pouvait pas nier son ancienne vie, présente malgré tout encore aujourd’hui. Elle ne pouvait pas agir en égoïste. Elle ne voulait pas priver le jeune Artman de son père. Elle-même avait vécu la situation de parents divorcés. Les relations entre elle et sa mère étaient particulièrement compliquées à ce jour. Une part d’elle-même ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce fils, privé de tout contact paternel. Comment Enzo allait-il gérer la situation ? Une autre part avait peur. Peur de le voir partir.

Charlotte avait conduit jusqu’au parc où Enzo lui avait donné rendez-vous. Alaska dans sa poussette, elle avait pu rejoindre, le cœur palpitant, cet homme qui l’attendait patiemment. Elle avait souri, instinctivement, sans pouvoir l’empêcher. Il était beau. Il faisait battre son cœur. Elle s’efforçait pourtant de rester simple. Neutre. « Bonjour Enzo. » Il embrassa sa joue, un contact de quelques secondes. Comme une décharge électrique. Le simple fait de sentir ses lèvres contre sa peau lui avait provoqué un frisson. Mais surtout, elle avait rougi. Comme une adolescente qui découvre l’amour. L’endroit était idéal. Le froid avait commencé à s’installer sur la ville. Charlotte adorait cette période. Alaska offrit un sourire à son père, spectacle merveilleux. Moment magique. La photo de famille parfaite, à ses yeux. « Et pourtant … » avait-elle soufflé en souriant. Jamais Charlotte n’avait douté de l’identité du père d’Alaska. Ça ne pouvait être que lui. La petite fille portait à merveille les traits de son paternel. « Je vais bien, merci. Et toi ? » Elle s’était assise à ses côtés. Ni trop près, ni trop éloignée. Alaska leur faisait face, jouant avec une nouvelle peluche que son grand-père avait fait parvenir par la poste. « Tu as réussi à trouver tes marques à White Oak Station ? » Cela faisait quelques semaines qu’Enzo avait choisi d’emménager dans cette ville. Cette même ville pour laquelle Charlotte avait décidé de tout quitter du jour au lendemain. Cette même ville qui lui avait permis de grandir, de mener une vie bien différente que celle qu’elle avait jusqu’alors eu dans l’Ontario. « J’ai apporté de quoi grignoter. Il me semble que ce sont tes préférées. » Charlotte avait choisi des viennoiseries particulières. Comme un souvenir, finalement, un moment qu’ils avaient pu passer à deux. C’était il y a longtemps maintenant. Une éternité pour elle.

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Charlotte & Enzo

✻✻✻ Enzo appréhendait ce moment. Déjà en arrivant à White Oak Station, il avait appréhendé ses retrouvailles avec Charlotte. Mille questions s’étaient bousculées dans son esprit quand il avait été la trouver à son arrivée ici. Il ne savait pas à quoi s’attendre, c’était un peu l’inconnu pour lui. L’inconnu alors qu’il connaissait Charlotte, il savait des choses à son sujet, il en avait partagé des moments avec elle, des baisers, des étreintes et plus. Ses souvenirs lui donnaient du baume au cœur. Ca le renvoyait dans une période heureuse de sa vie. Bien que, en y pensant, une fois qu’il quittait Charlotte, il retournait auprès de sa femme et de son fils. Et cette partie de sa vie n’était qu’un pur mensonge. Un mensonge qui aura duré trop longtemps. S’il pouvait revenir en arrière, sans doute que le jeune homme avouerait la vérité plus tôt à sa femme. Pour Charlotte, il aurait pu le faire. Mais il ne l’avait pas fait, il avait laissé trainer les choses alors que son cœur appartenait à l’étudiante. La belle étudiante qui avait fini par partir du jour au lendemain. Quand il eut enfin de ses nouvelles, elle lui annonçait simplement qu’elle avait eu une petite fille et qu’il était le père. À partir de là, Enzo avait commencé à changer. Il voyait les choses autrement et il avait déballé tous les mensonges à sa femme. Pour, au final, venir s’installer ici, revoir Charlotte et faire la connaissance d’Alaska. Et voilà qu’il se retrouvait donc dans ce parc avec elles. Il avait bien remarqué le léger rougissement de Charlotte suite au baiser mais il n’en tint pas rigueur. Du moins, ne voulait-il pas relever cela. Il se pencha donc vers la poussette où sa fille se trouvait. C’était la sienne, sa princesse. Le sourire qu’Alaska lui offrit valait tout l’or du monde. Il en avait raté des choses avec elle. Déjà, il n’avait pas été là lors de sa naissance, il avait raté ses premiers jours, il avait tout raté jusqu’ici. Il était hors de question que cela se reproduise. Charlotte assise à ses côtés sur le banc, la discussion commença. Des banalités évidemment. La petite jouait avec une peluche, c’était joli à voir. Enzo se fit la promesse de lui en acheter une également. « Ca va aussi. Je suis heureux d’être ici après tout. » Il ne cachait pas sa joie. Pourquoi le ferait-il ? « Doucement mais sûrement, oui. J’ai un toit, un métier, c’est comme si je commençais néanmoins une nouvelle vie ici. J’ai laissé derrière moi mon passé, mes mensonges, … » Sa lâcheté également. Sa lâcheté de ne pas avoir réagi plus tôt. Il vit ensuite apparaitre dans son champ de vision un petit sac. Un sac qu’on pouvait trouver dans une boulangerie. Son regard s’éclaira aux mots de Charlotte. « Tu t’en es souvenue ... » dit-il en piochant une viennoiserie dans le petit sachet qu’elle lui tendait. Il n’avait jamais douté de la mémoire de Charlotte. Mais les viennoiseries préférées n’étaient qu’un petit détail dans ce qu’il aimait. Et elle avait pourtant retenu cette chose. « Je me souviens aussi de plein de détails à ton sujet. Ce sont des souvenirs précieux à mes yeux. Tout ce que l’on a pu partager en fait. » Il termina dans un souffle, se focalisant sur la viennoiserie qu’il finit par porter à sa bouche. Il mâcha doucement cette première bouchée, savourant le goût. « Ca me rend nostalgique. »
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Charlotte & Enzo

✻✻✻ Il y a moins d’un an, elle racontait à Azel comment elle avait rencontré Enzo avec une certaine nostalgie. Leur rencontre, leur aventure, ce secret qu’elle avait gardé. Avec une certaine mélancolie, elle lui avait surtout dit qu’elle aimerait qu’il lui revienne. Par amour, sans doute. Par manque, certainement. A présent qu’il était là, la situation paraissait gênante, différente. Peut-être parce qu’aujourd’hui, il n’y avait plus ces barrières. La liberté était devant eux. Elle ne pouvait pas nier son euphorie et les battements sourds de son cœur.  « Je suis heureuse que tu sois là. » Elle l’avait espéré longtemps puis avait cessé d’y penser. Et finalement, il était arrivé. Ce même regard, cette même voix. A présent, il vivait ici. Il recommençait à zéro. Charlotte se sentait à la fois coupable et égoïstement heureuse. Elle aimait le savoir ici, tout près. Elle avait trop attendu ce moment, sans doute. « Comment sont tes étudiants ici ? Aussi brillant que nous l’étions dans l’Ontario ? » Comme pour oublier les mensonges qu’il pouvait évoquer. Changer de sujet, le détourner en tout cas pour ne pas se rappeler de tout ça. Sa femme, son fils, sa vie d’avant qu’il avait finalement abandonné pour sa fille, pour elle aussi sans doute. Il avait tourné le dos à ce qu’il avait construit, son passé et ses mensonges. Elle voulait simplement le retrouver, sans penser au pire. Et ces viennoiseries étaient sans doute ce qu’il leur fallait pour commencer à retrouver cette complicité d’antan. « Bien sûr … » Elle s’en souvenait, comme de beaucoup de choses. Ils n’avaient passé que quelques mois ensemble, des mois intenses qu’elle avait souvent essayé d’oublier. Elle avait tenté de passer à autre chose, s’offrir un nouvel amour, un amour possible. Mais finalement, il n’y avait que lui pour représenter l’amour véritable qu’elle s’était imaginée, qu’elle avait ressenti en lisant des romans d’amour, en vivant cette relation. Elle n’oubliait pas les baisers au détour d’un couloir, volés au hasard. Le secret avait entretenu leur passion, leur amour soudain. Qu’en était-il aujourd’hui ? Recommencer à zéro semblait impossible. Il y avait les souvenirs et surtout ce bébé. Ce rire cristallin, ces pleurs déchirants, ce regard troublant.

Charlotte avait longuement réfléchi à ce qu’elle pourrait dire, de quoi elle pourrait parler avec lui. Il ne s’était pas vu depuis longtemps. Plus d’un an. Deux part d’elle se mélangeaient. Elle voulait aller vite, le retrouver, redécouvrir des sensations devenues flous mais elle voulait apprendre à vivre autrement à ses côtés. Sans mensonges, sans secrets. Elle voulait pouvoir lui tenir la main dans la rue, partager des rires en public, manger dans un restaurant sans craindre de croiser un visage connu, lire et découvrir de nouveaux ouvrages. Et surtout, elle voulait être un couple, une famille. « Tu sais, les fêtes arrivent … Tu retournes dans l’Ontario ? » Elle ne repartirait pas pour les fêtes. Son père n’était pas certain de pouvoir faire le déplacement à cause du travail, un simple facetime serait de rigueur cette année. Charlotte ne pouvait pas faire la route pour si peu de temps, ni reprendre des vacances maintenant. Pour la première fois, elle passerait les fêtes loin de son père. Simplement avec Alaska et ce noël qu’elle vivrait pleinement contrairement à celui de l’an passé. « Peut-être que tu retourneras voir ta famille, ton fils. » Elle n’oubliait pas ce petit garçon, resté à l’autre bout du pays. Elle n’oubliait pas non plus cette femme qui passerait son premier noël en célibataire. « Si tu ne rentres pas, on pourrait peut-être fêter Noël ensemble. Pour Alaska. » Elle ne regardait pas Enzo, préférant observer sa fille, ignorante de la situation. Innocente. Elle ne savait finalement rien de ce qui pouvait se passer entre son père et sa mère. Comprenait-elle seulement qu’il était son père ?

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Charlotte & Enzo

✻✻✻ C’était une très bonne chose d’être venu s’installer ici à White Oak. C’était sans aucun doute la meilleure décision qu’il avait pris depuis longtemps. Des décisions, il en prenait sans arrêt. Et il fut un moment où il n’en prenait que des mauvaises. Heureusement, il avait redressé la barre, pris enfin une bonne décision. Rejoindre Charlotte, quitter sa femme, faire la connaissance de sa petite fille. Oui, c’était l’idéal. Un nouveau départ pour une nouvelle vie en quelque sorte. Il n’avait parlé à personne de son départ pour White Oak. Uniquement à ses parents. Sa femme le savait aussi, il avait dû lui dire toute la vérité après tout. Mais voilà. Quant à ses amis …. Il n’en avait pas énormément. Non pas qu’il n’est pas quelqu’un de sympa, loin de là. Enzo est un mec tout ce qu’il a de plus adorable. Juste que, pour lui, des amis se comptent sur les doigts d’une main. Des amis sincères, en qui on peut toujours compter. C’est quand même assez rare. Il espérait donc s’en faire quelques-uns ici. Il s’imaginait mal évaluer ici en ayant pour seul contact Charlotte. Et Alaska. Alaska qui n’était qu’un bébé en plus. Charlotte qui était contente qu’il soit là. Elle ne pouvait savoir à quel point ses mots le rendaient heureux, lui faisaient du bien. « Et toi ? Ta vie ici se passe bien ? » La curiosité comme toujours. Rien de bien méchant. Il rigola aux questions de la belle. Il ne s’attendait pas à cela. Ce n’était pas une question compliquée loin de là mais encore une fois, il ne s’attendait pas à ce qu’elle l’interroge sur le degré d’intelligence des étudiants. « Il y a de bons éléments et des mauvais. Comme dans n’importe quelle classe. » Pas de cancre, encore heureux. Juste des étudiants qui s’en sortaient beaucoup moins bien que d’autres. Tout le monde ne pouvait avoir la bosse de la littérature. Et puis vint le sujet des fêtes de fin d’année. Noël en particulier. Noël, une fête familiale, une fête où les familles se réunissent. Et Enzo ne s’imaginait pas retourner en Ontario. « Non, je… Je ne retournerai pas là-bas. Si mon ex accepte, peut-être que mon fils viendra pour le nouvel an. » Rien de plus. Il ne voulait pas rayer son fils de sa vie, non. Mais il avait la nette impression que sa future ex-femme n’allait pas lui rendre les choses faciles concernant le fait d’avoir son fils ou non pour le réveillon de la Saint Sylvestre. L’idée soumise par Charlotte tomba alors à pic. Il y avait pensé oui. Un peu. Mais il ne l’aurait sans doute pas proposé de lui-même par peur d’un refus de la part de la jeune femme. A présent, en découvrant qu’elle le proposait de façon tout à fait normale, il s’en voulut de ne pas avoir émis cette idée en premier. « C’est une très bonne idée. Surtout que la Noël, on fête souvent cela en fa… Avec les gens qui nous sont chers. » Famille. Il avait failli dire le mot. Or, à l’heure actuelle, Charlotte, Alaska et lui n’étaient pas vraiment une famille. Du moins, il ne le voyait pas comme cela. Une famille, il aurait fallu que Charlotte et lui aient été en couple à l’heure actuelle. Ce n’était pas le cas. « Alaska aura son papa comme cadeau. » lança-t-il amusé. Bien évidemment, la petite aura droit à d’autres cadeaux. Elle était encore bien trop petite pour se rendre compte qu’avoir son père dans un même endroit, pour les fêtes, ç’en était déjà un en somme. « Elle aura bien entendu d’autres cadeaux. Je vais la gâter gentiment cette petite princesse. Et tu auras aussi un cadeau. » Il lui restait juste à les trouver. Surtout celui pour Charlotte. Il voulait que ce soit spécial. Pas un de ces cadeaux habituels auxquels elle pourrait s’attendre, non. Il voulait la surprendre et il y arriverait.
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Charlotte & Enzo

✻✻✻ Charlotte en avait longtemps rêvé, de voir apparaître Enzo dans cette ville qui était devenue la sienne. Elle l'avait attendu longtemps et finalement, ce n'était plus qu'un rêve sans espoir. Un fantasme en quelque sorte. Elle se souvient du jour où il était venu sonner chez elle, un soir. Ce moment qui leur avait permis de se retrouver pour mieux s'éloigner, pour mieux recommencer. Pour mieux se retrouver aujourd'hui, sous ces arbres dénudé par l'hiver. « Je travaille dans une petite boutique. La boutique d'Azel, j'ai déjà dû te parler d'elle. C'est pour elle que je suis arrivée ici, en quelque sorte, quand je suis partie. » Il n'en avait jamais parlé de ce départ soudain. C'était mieux peut-être. Ou peut-être pas. Les choses avaient changé depuis ce mois de mars où elle avait débarqué ici il y a près de deux ans. Sa vie avait changé, du tout au tout. « Puis il y a Alaska maintenant. » Le bébé était trop occupé pour porter attention à ce qui se déroulait sous ses yeux. Les yeux rivés sur son jouet, elle représentait l’innocence à l'état pur. Elle était belle, tellement attendrissante. Charlotte ne regrettait rien. Plus aujourd'hui. « Je n'imaginais pas ma vie comme ça, de toute manière. » C'était de la mélancolie dans sa voix. Elle rêvait d'enseigner, de parcourir le monde, de s'envoler. Sa vie de maman, elle n'en avait pas voulu. Elle ne s'était jamais imaginée ainsi, mère si jeune à devoir assumer autant que possible cette vie qui l'avait tant effrayé au début. Sa vie d'étudiante lui manquait terriblement. Elle en voulait presque à Enzo de l'avoir laissé succombé. C'était lui, ça a toujours été lui. Peut-être finalement, s'attendait-il à d'autres réponses. D'autres hommes étaient-ils apparus dans sa vie ? Sans doute quelques uns, le temps d'un instant. Mais son esprit divaguait toujours vers les souvenirs de son amour d'étudiante. « Au moins, ils sont pas tous mauvais. » Heureusement pour lui.

Il serait là pour Noël. Il ne repartait pas. Charlotte ne put s'empêcher de sourire un instant. Puis, il s'était évanoui son sourire. « Tu crois qu'elle le laissera venir ici ? » Elle baissa les yeux. Intérieurement, Charlotte ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable face à la situation. Le petit garçon serait privé de son père pour les fêtes de fin d'année. Elle savait qu'Alice ne laisserait pas venir le petit ici, pas en sachant qu'il trouverait au bras de son père une autre femme. Etait-il seulement au courant de tout cela ? De cette situation particulière ? Savait-il qu'il était grand frère, en quelque sorte ? « Je suis désolée. » souffla-t-elle dans un murmure. Elle l'était sincère. Pour Enzo, pour son fils et même pour sa femme. Elle s'en voulait de le priver de sa famille. Ce mot qu'il n'avait finalement pas dit pour Alaska et elle. « Tu sais ... en quelque sorte, on est une famille. Une famille particulière, un peu étrange. Enfin, il n'y a rien de traditionnel. Mais Alaska a fait de nous une famille. » Elle esquissa un léger sourire. C'était elle qui leur donnait l'occasion d'être une famille. Sans elle, que serait-il ? Des amants perdus, des amoureux transis, des malheureux d'amour. Elle était le lien entre eux, celui qui les unirait jusqu'à la fin. Alaska avait été conçue par amour, après tout. « Tu peux le dire. » Elle posa sa main sur son bras, tout simplement. Et ce repas de Noël, Charlotte le considérerait comme un moment de famille, de leur famille. Le premier qu'ils auraient. Un premier souvenir commun. « C'est déjà un très beau cadeau, ta présence. » Charlotte n'était pas douée pour les cadeaux. Elle devrait réfléchir à ce qu'elle pourrait offrir à Enzo. Il fallait quelque chose d'unique, de précieux. De délicat. « En tout cas, même si Alaska ne s'en rendra sûrement pas compte, je serais contente que tu sois là. » Son père ne pourrait pas se déplacer pour Noël et ne viendrait qu'après. Trop de travail qu'il avait dit. L'idée de passer les fêtes seule ne l'enchantait pas. La présence d'Enzo, finalement, serait sans doute la meilleure de tous. « Je ne ferais pas la cuisine. Je ne veux empoisonner personne. » Elle avait simplement rit.  
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Charlotte & Enzo

✻✻✻ Enzo était curieux. Mais après tout, c’était tout à fait normal de s’intéresser à la vie de la femme qu’il avait aimé et qui lui avait donné une fille non ? Il méritait bien de savoir ça au moins. Il apprit qu’elle travaillait dans une boutique. Celle d’une dénommée Azel. Il voyait plus ou moins de qui il s’agissait. En effet, comme elle le dit si bien, Charlotte lui avait déjà parlé d’elle. Une bonne amie. Au moins, ça le rassurait de savoir qu’elle n’était pas arrivée dans cette ville sans rien connaitre, ni personne. Néanmoins, ses paroles soulevaient autre chose : son départ. Le jeune professeur avait été mis devant le fait accompli. Du jour au lendemain, elle avait disparu, elle était partie sans le prévenir. Rien, le vide. Autant dire que sur le coup, il l’avait mal pris, c’était mal passé. « Je vois… » se contenta-t-il de dire sur le moment. Il n’osait aborder le sujet de ce départ précipité. Il avait peur d’en parler et de faire trois pas en arrière après en avoir fait un en avant. D’un autre côté, ce sujet devra bien être tôt ou tard abordé. Retarder l’échéance n’était pas toujours forcément idéal. « J’ai été triste de voir que tu étais partie. » Juste ça, rien d’autre. Juste quelques mots, rien de bien méchant, même pas de question. Pour commencer. Le reste viendra après. Il ne voulait pas gâcher ce moment si spécial à ses yeux. « La vie nous réserve parfois de drôles de surprises. En y réfléchissant, Alaska en est une bonne. Une très bonne même. » L’arrivée d’un bébé chamboulait toujours beaucoup de choses mais là, pour Enzo, la naissance de sa fille était un très beau cadeau. Oui, il aurait aimé être là lors de l’accouchement, entendre ses premiers cris. Il n’avait pu. C’était comme ça. A présent, il allait pleinement profiter d’Alaska, être là pour chaque moment important. En parlant de vie, celle d’Enzo allait reprendre son cours normal. Elle l’avait déjà commencé d’ailleurs vu le poste obtenu à l’université de la ville. Ici ou ailleurs, il y avait toujours du bon comme du mauvais. « Non, en effet. Il faudrait vraiment ne pas avoir de chance du tout pour tomber sur une classe entière de cancres. » Et dieu merci, cela ne lui était pas encore arrivé. Le jeune homme remarqua sans peine la perte du sourire de Charlotte. A l’évocation de son fils, de ce qu’il avait laissé derrière lui en venant à White Oak. « Elle peut me détester, je reste quand même le père de notre fils. Et j’ai des droits sur lui. Elle ne peut m’empêcher de le voir. » Il ne la laissera pas faire c’était certain. Par contre, si son fis ne voulait pas venir de lui-même, Enzo ne l’obligerait pas. « Ne soit pas désolée Charlotte. lui répondit-il sereinement. « Tu sais, le traditionnel, je ne pense pas que cela soit fait pour nous. Déjà à la base, un professeur et une étudiante, ce n’est rien de traditionnel. » Mais oui, ils étaient comme une petite famille à présent. Ils étaient réunis. « Je tiens quand même à vous offrir d’autres cadeaux. Bien que ma présence, comme tu le dis, en soit déjà un. » Il ne pouvait en être autrement. Il ne s’imaginait pas arriver les mains vides à la Noël pour voir Charlotte et leur fille. « Et je serai des plus enchantés d’être avec vous. » Un sourire des plus sincères s’afficha sur son visage. Un sourire qui s’accentua suite à la remarque de Charlotte sur sa cuisine. « Oh allez, je suis certain que tu cuisines très bien ! Si tu es d’accord, je te donnerai un coup de main. On cuisinera ensemble. A deux, je suis sûr que les plats seront mangeables. » A deux, on est plus fort comme on dit. « J’apporterai le dessert s’il faut. »

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Charlotte & Enzo

✻✻✻ Charlotte avait tout quitté sur un coup de tête, du jour au lendemain. Elle avait tout emporté avec elle, sa vie et tout ce qu'elle avait construit. Aujourd'hui, sa fuite pouvait paraître absurde, stupide. Elle n'avait pourtant pas trouvé d'autres solutions. Son but n'était que de fuir Enzo, au fond. De fuir ses propres sentiments qui avaient fini par la dépasser. L'amour, elle n'en avait jamais ressenti jusqu'à lui, pas d'aussi fort, pas d'aussi intense. Pas d'aussi grand. C'est cet amour qui l'avait conduite à l'autre bout du pays, à rejoindre sa meilleure amie qui l'avait abandonnée pour un homme. Ce même homme qui lui avait donné une fille puis l'avait abandonné. Elle s'était sentie bien ici. Prête à se reconstruire, à vivre sa vie. Prête à oublier Enzo. Alaska était arrivée, lui rappelant finalement cette relation malsaine qu'elle avait pu vivre. Sa naissance, soudaine et surprenante, avait fait remonté en elle des sentiments qu'elle pensait avoir effacé. « Je devais partir. Je ne pouvais pas rester en sachant que tu retournais chaque fois là-bas. En sachant que j'étais toujours l'autre. » Ils n'en avaient jamais parlé, de ce départ. De cette fuite. C'était des vagues suppositions, des non-dits. Des silences. Pourtant, Charlotte n'avait rien à lui cacher. Elle était partie. Amoureuse et sachant parfaitement qu'il ne quitterait pas sa femme pour elle. Les choses avaient changé aujourd'hui. « Je ne pouvais pas t'imposer de quitter ta femme, ta famille, ta carrière. Je n'étais que ton étudiante après tout. Je n'avais rien de plus à t'offrir que de l'amour, je crois. » Et pourtant, elle en avait eu envie. Elle avait eu envie de lui dire de tout quitter. Elle n'avait pourtant jamais osé. Elle n'avait rien à lui offrir, à l'époque. Aujourd'hui, il y avait Alaska. Elle était plus mature, aussi. Elle était prête à construire quelque chose. Il y a plus de deux ans, elle ne pensait qu'à s'amuser, à vivre encore et encore. Elle n'avait que vingt-ans après tout. Sans Alaska, les choses seraient certainement différentes. Charlotte a appris quelques heures avant sa naissance qu'elle allait accoucher, qu'Alaska allait naître. « C'est une belle surprise oui. » Elle ne tenait pourtant pas ce discours ce jour-là. Elle refusait catégoriquement l'idée. Il lui aura fallu plusieurs mois avant de réellement apprécier cette nouvelle vie. Avant d'accepter d'être une mère. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire, ce qu'il fallait faire. Elle en avait voulu à la Terre entière. Et finalement, à présent, elle ne voyait plus sa vie sans sa fille. Cette surprise était devenue belle, avec le temps. La plus belle surprise de sa vie, sans doute. Le ton de la conversation changeant. Malgré tout, malgré la présence d'Enzo, elle ne pouvait s'empêcher à cette vie qu'il avait laissé de côté. Il avait tourné le dos à une vie entière pour vivre avec sa fille, avec elle. Enzo avait laissé son fils, surtout. Et Charlotte ne pouvait s'empêcher de se voir en lui. Parce que sa situation, celle qu'il vivait en ce moment, elle avait vécu la même, quinze ans plus tôt. « Enzo, je suis fille de divorcés. Je sais comment tout ça fonctionne. Je sais comment ton fils va vivre la situation. J'ai vécu la même chose. Ma mère est partie avec un autre. » Elle avait souffert en silence de cette situation. Si ses parents, et surtout son père, avaient fait pour rendre les choses simples, ça n'avait pas été le cas. Sa mère s'était montrée absente, préférant profiter d'une seconde jeunesse. Et son père, il l'avait collé, surprotégé. « Alors si. Je suis désolée pour lui. Mais j'espère sincèrement qu'il pourra connaître Alaska. » Et qu'il l'appréciera aussi. Qu'il appréciera sa petite sœur. Elle ne se faisait pas d'illusion, il ne l'apprécierait pas elle. Elle avait pris la place de sa mère. « Le traditionnel, c'est ennuyeux. » Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres. Elle n'avait jamais rien fait comme les autres, c'était sa marque de fabrique. « Très bien. Je te trouverais un cadeau aussi. En plus de ceux que je dois trouver pour mes parents, Azel et sa fille. » Elle savait déjà quoi offrir à chacun d'entre eux. Son père aurait droit à un coffret de vin, sa mère une séance au spa. Elle offrirait à Malia un jouet interactif qu'elle avait repéré et à Azel, elle aurait sans doute du matériel de couture que Charlotte avait vu sur le net. Il ne restait qu'Enzo. Elle devait réfléchir. « Tu n'as jamais goûté à ma cuisine, c'est pour ça. » Elle se mit à rire. La cuisine et Charlotte, ça faisait deux. Elle n'était pas suffisamment patiente pour ça. Elle ne cuisinait que des plats tout prêt, la plupart du temps. Juste à réchauffer. Alaska ne mangeait encore que des plats pour petits, heureusement. « Mais si tu es là pour m'aider, je réussirais peut-être à préparer quelque chose de bon. »
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Charlotte & Enzo

✻✻✻ « J’aurais du réagir plus tôt. Ouvrir les yeux plus vite. Je n’aurai pas dû laisser les choses se dérouler comme cela. Tu as été l’autre et je le regrette. J’aurais dû me rendre compte que tu aurais dû être à la place d’Alice. » Et Alice aurait été l’autre. Et Charlotte ne serait sans doute jamais partie et il aurait assisté à la naissance de sa fille. Il n’avait rien fait de tout cela. Il s’était voilé la face. La vérité aurait dû lui sauter aux yeux mais non. Dès qu’il avait commencé à fréquenter Charlotte, son mariage fut terminé. Il avait été attiré par l’étudiante comme jamais. Il l’avait aimé beaucoup plus qu’il n’aimait sa femme. Et il l’aime toujours oui. « Tu étais plus à mes yeux que mon étudiante bien que je n’ai pas su te le montrer correctement. Je tenais à toi. Plus qu’à ma femme. Et ton amour me suffisait amplement. Crois-moi. » Ils étaient bien ensemble, ils s’aimaient. Enzo n’avait rien demandé de plus que de pouvoir être avec Charlotte. Etre avec Charlotte et non plus avec sa femme. Son fils, lui, n’avait rien avoir dans ces histoires de cœur. « Dans ce cas, je vais tout faire pour qu’il en souffre le moins possible. » Il se doute que son fils va souffrir, c’est normal. Tout enfant souffre de voir ses parents se séparer. Mais Enzo tient à ce que son fils souffre le moins possible, qu’il soit le moins possible exposé aux potentielles disputes de garde qu’il pourrait y avoir. Mais dans tous les cas, il tient à ce qu’il connaisse Alaska. « J’espère aussi. Ils sont demi-frère et sœur après tout. Ils ont le droit de se connaitre. » Peut-être même que, dans quelques années, quand Alaska aura grandi, il se chamailleront comme un frère et une sœur peuvent le faire. Enzo aurait tant voulu vivre pareille chose. Il avait pourtant eu une petite sœur. Julia qu’elle s’appelait. Oh, il avait été tellement content d’aller la voir pour la première fois à l’hôpital. Il s’était déjà imaginé la protéger des monstres et d’autres garçons qui voudraient l’ennuyer. Malheureusement, Julia mourut à a peine deux mois. Il n’avait pas eu l’occasion de la voir grandir. Ses parents en avaient été dévastés et avaient alors couvés Enzo comme jamais. « Je n’ai jamais été doué pour les cadeaux tu sais. Je suis toujours le genre de personnes à parcourir les rayons des boutiques pendant des heures sans savoir me décider. » Et peu importe pour qui était le cadeau, c’était toujours la même chose avec Enzo. Avec son fils, les choses étaient plus simples. Elles l’avaient toujours été. C’est toujours plus facile d’offrir un cadeau à un enfant qu’à un adulte. A sa future ex-femme, c’était le plus souvent du parfum, des bijoux. Elle adorait cela de toute façon. Jamais Enzo ne se serait vu lui offrir un livre. Ca non. Il aurait de suite vu à sa figure que cela ne lui plaisait pas. Elle était comme cela Alice. « Ne dis pas ça. De toute façon, si jamais je finis par être malade, je ne te tiendrai pas pour responsable, tu n’auras pas d’avocat devant ta porte. » Une petite plaisanterie placée comme un cheveu dans la soupe. Un avocat, c’est bientôt Alice qui en aura un devant sa porte. Et plus vite les papiers seront signés, plus vite il sera tranquille. Il faudra juste régler le problème de garde avec Charles. « C’est même certain. Quatre mains valent mieux que deux. » Puis de façon naturelle, il se penche une nouvelle fois sur le landau afin de voir sa merveille de fille. « Tu sais … Maintenant que je suis là, je peux t’aider avec la petite. Non pas que tu n’en sors pas, je suis certain que tu y arrives … Pour la garder de temps en temps. Que j’apprenne à mieux la connaitre, qu’elle s’habitude à moi. » Il en rêve de ces moments passés avec sa fille, oh que oui. Avec Charlotte aussi. « Sache que je ne t’impose pas quoique ce soit. Si tu acceptes, c’est toi qui décidera quand je peux la voir ainsi que tout le reste. »

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Charlotte & Enzo

✻✻✻ Son cœur manquait des battements. Elle avait voulu entendre ces mots à l’époque où leur relation n’était finalement qu’un secret. Elle comprenait enfin qu’elle avait eu de l’importance à ses yeux. Que les choses auraient pu être merveilleuses dans d’autres circonstances. « Ne dis pas ça. Je n’aurais pas pu être à la place d’Alice. Je ne pourrais jamais la remplacer. Je ne pouvais pas te demander de tout quitter pour moi. Tu aurais foutu ta vie en l’air. Ton mariage, ta famille … ta carrière ! Tu aurais tout perdu. » Charlotte se souvenait de ce qu’elle avait imaginé en lui demandant de tels sacrifices. Quitter sa femme, sa vie de famille, renoncer à son travail de professeur. Qui était-elle pour lui demander cela ? Jamais elle n’aurait pu. Elle y avait pensé, souvent. Egoïstement. Elle avait rêvé d’avoir cette première place, d’être celle qui avait conquis en premier le cœur d’Enzo. Elle s’était résignée. Elle avait prêté attention à tout, aux moindres détails. L’impossible se tenait devant elle. Elle n’avait pas voulu semer le trouble, continuer à le provoquer en tout cas. Mais aujourd’hui, qu’en était-il de tout ça ? Il était là. A ses côtés. Elle pouvait à nouveau imaginer l’aimer au grand-chose. Seulement en rêve pourtant. Pour l’instant. Ils avaient besoin de temps, sans doute. Besoin de ne rien précipiter. « Et tu étais plus que mon professeur. Tu m’as retourné la tête, tu sais ? Le cœur aussi. T’as chamboulé ma vie. » C’était peu dire. Elle avait déposé sa main sur la sienne, la serrant légèrement. En souvenir du bon vieux temps, de leurs premiers échanges. Il fallait tout reconstruire à présent. Avec Alaska au centre cette fois-ci. « Quand je retournerais voir mon père, peut-être qu’on pourra organiser une rencontre. Si Alice est d’accord. » Elle avait prévu un voyage au début de l’année à venir. Quand son père serait en congés pour quelques jours. Charlotte voulait prendre l’avion cette fois-ci. Un premier grand voyage dans les airs pour sa fille. Peut-être que l’occasion était bonne pour cette rencontre. Elle s’annonçait étrange, peu formelle et certainement tendue mais c’était pourtant nécessaire. Le fils d’Enzo ne pouvait pas être privé de son père, Charlotte voulait qu’il rencontre Alaska. Elle voulait voir de ses yeux la femme qu’Enzo avait épousé, celle qu’il avait laissé pour la rejoindre à l’autre bout du pays. Mais ce n’était que des hypothèses. Avant, il y avait cette soirée de noël. Les cadeaux qui allaient avec. « Alaska aime les animaux, les jouets bruyants, les poupées. » Comme tous les enfants d’un an et quelques mois sans doute. Alaska découvrait le monde, en touchant, en mordant, en sentant. Elle restait tellement innocente, tellement petite encore. « Elle aime les livres aussi, ceux pour enfants, avec des textures et des animaux amusants. Ce sera une grande lectrice. » Elle tenait de ses parents pour ça. Charlotte l’avait initié aux livres rapidement, en lui racontant des histoires sur un fauteuil réservé à cette activité, en lui faisant tenir des livres pour enfant. Un jour, comme ses parents, elle lirait les grands noms de la littérature. Charlotte l’espérait. « C’est bon à savoir. Mais je vais m’entraîner pour être certaine de savoir faire cuire une dinde. Je n’ai jamais eu à m’occuper de tout ça … » Les repas en général, ce n’était pas le point fort de Charlotte. Quand elle vivait chez son père, elle n’avait qu’à se mettre à table et déguster. Soit la gouvernante se chargeait du repas, soit son père faisait livrer. Plus simple pour tout le monde. Alors préparer un repas de noël, c’était une bonne histoire. « T’occuper d’Alaska ? » Charlotte avait lâché la main d’Enzo qu’elle tenait depuis plusieurs minutes, surprise. Désorientée aussi. Elle n’avait pas songé à cela. Laisser Alaska à Enzo, à son père. L’idée de la partager, il fallait le dire, était difficile pour elle. Ne plus former ce duo mère-fille, elle ne s’y était pas préparée. Elle devra accepter pourtant. Enzo était là aujourd’hui. Prêt à prendre sa place de père. « Je … Oui, c’est une bonne idée. » Elle se contenta d’un regard sur sa fille. Toujours partagée par cette proposition.

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Charlotte & Enzo

✻✻✻ Enzo aurait voulu que Charlotte soit à la place d’Alice, que son ancienne étudiante ait eu plus d’importance dans sa vie que celle d’Alice. Mais Charlotte n’a pas tort. Oui, il aurait tout perdu, mais après ? Tout perdre pour avoir le droit d’aimer Charlotte comme il le fallait. C’était un choix qu’il aurait du prendre depuis longtemps. Il aurait sans doute perdu son travail en vivant son histoire d’amour avec Charlotte au grand jour. Il aurait sans doute galérer à retrouver un poste de professeur, mais il aurait cherché dans une autre branche alors. Son diplôme pouvait lui ouvrir d’autres portes c’était certain. « Je t’ai perdu toi. C’était pire. Alice, on se perdait déjà l’un l’autre. On aurait fini par se quitter un jour ou l’autre. Même si je ne t’avais pas rencontrée, on aurait fini par divorcer. » Enzo en était convaincu, oui. On finit toujours par aller du côté du véritable amour, du vrai. Quand les gens ne sont pas fait pour être ensemble, un point de non-retour arrive toujours pointer le bout de son nez. Le jeune professeur était plus que ravi d’apprendre qu’il avait retourné la tête de Charlotte. Entendre de telles choses ne faisait que le conforter dans sa bonne idée de s’être installé ici. Il avait chamboulé sa vie, elle avait chamboulé la sienne. « Tu m’as fait le même effet. Comme une météorite qui a bouleversé mon univers, ma vie. » La main de Charlotte se plaça sur la sienne, la serrant un peu. Un simple petit geste qui fit battre le cœur d’Enzo un peu plus fort encore. Ca faisait un bien fou. Une rencontre … Alice … « Je serai ravis d’une rencontre. Alice, j’en fais mon affaire. De toute façon, bien qu’elle ait son mot à dire, qu’elle refuse ne serait pas correct. » Et il était hors de question qu’elle refuse, point barre. La rencontre ne serait pas forcément des plus évidentes, mais elle était sans doute nécessaire. Nécessaire pour aller de l’avant, voilà tout. Mais ils n’y étaient pas encore. D’abord se retrouver, se familiariser. Et Noël. Noël et ses cadeaux. « Les jouets bruyants, cela ne m’étonne pas. Plus ça fait du bruit, plus ils aiment cela, au grand dam des parents. » répondit-il en rigolant légèrement. « Une grande lectrice … C’est une bonne nouvelle. Je lui en trouverai des livres pour enfants dans ce cas. Comme elle les aime. » Ce serait bien si Alaska développait le même amour des livres que Charlotte et lui. « Il faut un début à tout. » Simple réponse par rapport au sujet de la dinde. Lui aussi avait du s’entrainer pour savoir cuisiner correctement désormais. Mais s’il venait à avoir Alaska de temps en temps, pas besoin de préparer de grands plats. Un bébé, c’est plus simple. D’ailleurs, Charlotte annonça que c’était une bonne idée. Mais … « Tu le penses vraiment ? Encore une fois, sache que je ne t’impose rien. Tu prends la décision que tu juges la mieux. » Il semblait voir sur les traits du visage de Charlotte qu’elle n’était pas convaincue à cent % de ce qu’elle venait de dire. Enzo comprenait cela, il ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas être totalement pour à l’idée qu’Alaska passe un peu de temps avec lui. Elle l’avait élevée depuis le début, depuis sa venue au monde sans son aide, sans lui à ses côtés. « Ca ne presse pas de toute façon. » Non, du tout. Il vivait ici à présent après tout. Il avait tout son temps pour pouvoir passer du temps avec sa fille. Il laissera à Charlotte le temps qu’il faut.

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