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Ce matin, tu t'étais levé en retard et on peut dire que cela ne t'arrive jamais, habituellement. C'était lundi matin, en fait... Le retour des vacances étaient difficile, faut croire. Tu t'étais donc dépêché à vous préparer, histoire que Loïc ne soit pas en retard à la garderie - tu n'avais pas envie de payer des frais. Tu arrivas au bureau avec une bonne vingtaine de minutes de retard et ça, c'était impardonnable. Tu allais faire attendre tes clients et ce n'était tout simplement pas professionnel de ta part. Quoi qu'il en soit, la journée débuta d'une façon un peu désordonnée, mais au bout de trois ou quatre rencontres, tu finis par reprendre le dessus. Tu étais encore installé à ton bureau, rangeant la paperasse du client précédent lorsqu'on annonça l'arrivée de Mademoiselle Woods, cette jeune étudiante universitaire qui vivait toujours chez ses parents. Son père avait appelé à la banque, quelques jours plus tôt, pour lui prendre un rendez-vous avec un conseiller... Étant libre, tu avais tout de suite sauté sur le dossier. Tu aimais bien travailler avec les jeunes, en fait. Tu te sentais un peu comme un guide pour eux et tout le monde sait que les finances quand on est un jeune adulte, c'est important de savoir bien les gérer. Tu répondis donc à la réceptionniste que tu étais prêt à rencontrer Abigail. Tu te levas, sorti de ton bureau et alla jusqu'à la salle d'attente pour l'accueillir. « Abigail Woods ? » demandas-tu avec une voix assurée, sans une goûte de nervosité - bien que tu sois un jeune conseiller financier, il n'en demeure pas moins que tu étais très qualifié et surtout très confiant. La jeune blonde se leva et vint en ta direction. « Suis-moi. » dis-tu en la guidant vers ton bureau. Tu refermas la porte derrière vous, lui faisant signe de s'installer sur la chaise. Tu pris ensuite place face à elle et posa les avant-bras sur ce grand bureau qui semblait si imposant. « Je présume que tu n'as pas réellement envie d'être ici ce matin, hein ? » dis-tu avec un petit sourire. Les parents qui obligent leurs enfants à faire des choses qu'ils n'ont pas envie de faire, tu connaissais bien ça... Tu ne voulais pas trop te mêler de sa vie privée, loin de là, mais tu voulais quand même lui faire sentir qu'elle pouvait avoir confiance en toi. Chose qui est très importante dans le métier. On a pas nécessairement envie de parler d'argent avec un parfait étranger qui nous voit comme un simple numéro dans une liste de client... ~

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Les Woods avaient toujours eu pas mal d'argent. Pas des millions de dollars, mais suffisamment pour pouvoir aller en vacances plusieurs fois par année, changer de voiture tous les deux ou trois ans pour le modèle de l'année et se payer tous les nouveaux gadgets électroniques qui sortaient en magasin. Abigail avait grandi avec tout ça. Elle avait été habituée à obtenir tous les jouets qu'elle désirait avec quelques larmes, à recevoir une voiture ou un nouveau téléphone pour son anniversaire ou quelques bonnes notes. Elle pouvait dépenser de grosses sommes d'argent pour des vêtements qui finissaient au fond de sa penderie sans même avoir jamais été portés. Tout ça sans jamais avoir eu à travailler fort ou à se limiter dans ses dépenses. Par conséquent, elle n'avait jamais eu aucune idée de la véritable valeur de l'argent. M. Woods avait fini par réaliser cela et, souhaitant qu'un jour sa fille soit capable de voler de ses propres ailes, avait pris quelques mesures pour lui apprendre à gérer son argent convenablement. D'abord, lorsqu'elle était revenue s'installer à la maison familiale, il l'avait forcée à se trouver un emploi à temps partiel. Et maintenant, il lui avait pris un rendez-vous avec un conseiller financier, afin d'acquérir quelques connaissances sur les finances et apprendre à gérer un budget. Évidemment, cette idée n'emballait pas vraiment Abigail. Elle avait passé à deux doigts de zapper le rendez-vous et d'aller voir un film au cinéma à la place, mais elle avait résisté à la tentation et s'était bien rendue à la banque.

Elle prit place dans un des fauteuils de la salle d'attente et feuilleta un magazine, en attendant que le conseiller qu'elle devait rencontrer soit prêt. Une voix d'homme prononça finalement son nom. En levant les yeux, Abi fut surprise de voir de quoi elle avait l'air : elle s'attendait à un homme aux cheveux gris, passé la cinquantaine. Pourtant, le M. Nadeau en question était tout à fait l'opposé : un grand brun, jeune, avec une petite barbe et surtout, très sexy.  Elle le suivit jusqu'à son bureau. « Je présume que tu n'as pas réellement envie d'être ici ce matin, hein ? » Au moins, elle n'aurait pas à faire semblant. Mais juste en voyant de quoi il avait l'air, l'intérêt de la jeune fille s'était un peu ravivé. « C'est vrai que j'aurais probablement d'autres choses plus passionnantes à faire, mais je me dis que ça peut m'être utile d'apprendre à être un peu plus autonome. » Elle ponctua sa remarque d'un grand sourire. Son attention se porta ensuite sur le bureau dans lequel il se trouvait. La pièce n'était pas très grande, mais bien illuminée et chacun des meubles paraissait très chic, comme on peut s'attendre d'une banque. « Joli bureau. » Ils avaient deux heures à passer ensemble, ils n'étaient pas obligés de se lancer immédiatement dans le vif du sujet.

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La jeune Abigail était à peu près comme tu te l’étais imaginé. Tu connaissais les Woods de nom - et de renommée - et tu te doutais bien que leur jeune fille devait avoir une certaine classe. Tu ne fus donc pas bien surpris de te retrouver devant une grande blonde, habillée d’une façon élégante, classique et légèrement sexy à la fois. À peine trente secondes en sa présence et déjà, tu pouvais sentir toute l’énergie, l’attitude qu’elle dégageait. Une fois rendu à ton bureau, tu y allas d’abord d’une petite remarque toute simple, pour détendre l’atmosphère qui pourrait rapidement devenir ennuyeuse et barbante pour la jeune femme. Le but était de la faire aimer les finances et la gestion de celles-ci, pas de la décourager en lui bourrant le crâne d’une demie tonnes de notions complexes. « C’est vrai que j’aurais probablement d’autres choses plus passionnantes à faire, mais je me dis que ça peut m’être utile d’apprendre à être un peu plus autonome. » Tu lui offris un grand sourire en hochant la tête. Au moins elle était honnête et ça, c’était une qualité respectable. Un court silence s’installa et fut brisé par une question d’Abigail. « Beau bureau ! » Elle avait sûrement passé en revue toute la pièce... C'est vrai que c'est un beau bureau, mais pas nécessairement le plus beau. Pour le moment, il te plaisait. « Merci. Je l'aime aussi. » dis-tu, d’une voix douce. « Oh ! Tu me fais penser... Je ne me suis même pas présenté ! » Quel manque de professionnalisme, Cedrik ! Tu souris, te sentant rougir. C’est peut-être cet effet que la jeune Woods a sur toi ? Te faire oublier tes bonnes manières ? On ne pouvait le nier, elle dégageait clairement quelque chose que n’importe quel homme ne pourrait ignorer. Tu tendis la main. « Cédrik Bouchard-Nadeau, mais tu peux m’appeler Cedrik. Je serai ton conseiller financier pour les deux prochaines heures... et peut-être pour le reste de ta vie, si jamais cette réunion ne t’a pas trop ennuyée ! » dis-tu en riant. « Alors... parle-moi donc un peu de toi ? Qui es-tu, Abigail Woods ? Que fais-tu dans la vie ? » Règle numéro un pour offrir les meilleurs services qui soient : bien connaître son client et instaurer un climat de confiance. ~

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Alors qu'ils se dirigeaient jusqu'au bureau du conseiller financier, Abigail réalisa que c'était la première fois qu'elle mettait les pieds dans la banque de White Oak Station. À part bien sûr dans l'entrée du bâtiment, où se trouvaient les guichets automatiques. C'était un des rares endroits de White Oak Station qu'elle ne connaissait pas par coeur. Pour elle, la banque, c'était un endroit chiant pour adultes. Techniquement, elle en était une, adulte, mais elle entendait adultes passé la trentaine, avec le boulot, la maison, la famille... Ceux qui devaient penser à leur hypothèque et mettre de l'argent de côté pour leur retraite. Toutes des choses dont Abi n'avait absolument pas envie d'entendre parler pour le moment. Après la remarque banale de la jeune fille sur le bureau dans lequel ils se trouvaient, le conseiller réalisa qu'il ne s'était pas présenté et s'exécuta. Cédrik Bouchard-Nadeau. Son père lui avait probablement dit son nom lorsqu'il l'avait informée de ce rendez-vous, mais elle n'avait pas pris la peine de le retenir jusque-là. Elle se pencha vers lui et lui serra la main. Elle adorait les mains d'hommes, grandes, viriles. Ce contact, aussi banal soit-il, attisa encore un peu l'intérêt d'Abigail envers le jeune homme. Elle reprit ensuite place face à lui et commença à lui parler un peu d'elle, suite à sa demande. « Alors hum... J'ai dix-neuf ans, je suis à White Oak Station et j'étudie présentement en design intérieur, à l'université. J'ai aussi un petit job dans une librairie, mais je ne suis pas réellement une adepte de livres. En fait, ça aussi ça fait partie du plan de mon père pour me faire devenir une adulte responsable. » Elle ne savait pas exactement à quoi il s'attendait, s'il fallait plutôt qu'elle parle d'argent, de ses dépenses, ce genre de choses. « J'habite chez mes parents en ce moment, même si j'ai passé la dernière année en appartement et mes trois années de lycée dans un internat, dans une ville voisine. » Après avoir fini de parler, elle replaça un mèche de cheveux derrière son oreille et attendit que Cédrik poursuivre. Son regard fut attiré vers le diplôme accroché au mur juste derrière lui. Il était plutôt récent, ce qui signifiait que Cédrik ne devait pas être très vieux. Il n'avait probablement pas passé la trentaine. « Ça ne fait pas bien longtemps que vous êtes diplômé, non? » Si elle devait parler d'elle, il pouvait bien le faire lui aussi.

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« Alors hum... J'ai dix-neuf ans, je suis à White Oak Station et j'étudie présentement en design intérieur, à l'université. J'ai aussi un petit job dans une librairie, mais je ne suis pas réellement une adepte de livres. En fait, ça aussi ça fait partie du plan de mon père pour me faire devenir une adulte responsable. » Tu écoutais attentivement le récit de la jeune femme en hochant quelques fois la tête, signe d'écoute active. Tu gribouillais quelques notes sur le coin d'une feuille, toutes informations étaient bonne à prendre pour pouvoir t'aider à dresser le portrait financier de ta cliente. « J'habite chez mes parents en ce moment, même si j'ai passé la dernière année en appartement et mes trois années de lycée dans un internat, dans une ville voisine. » Donc, elle a tout de même un bon vécut, un certain bagage. Elle a déjà été en colocation, c'est une bonne chose... Sauf si c'était entièrement aux frais de papa... Tu n'osas toutefois pas poser de question à ce sujet, de peur d'avoir l'air non-professionnel. Après tout, tu n'avais pas le droit de porter jugement... Cela dit, son père t'avait fait un petit topo au sujet d'Abigail avant que tu ne l'as rencontre, mais tu ne voulais pas commencer à jouer les intermédiaires ou quoi que ce soit. Ce n'était pas ça la priorité, aujourd'hui. Tu rédigeais encore quelques infos au bas de ta feuille lorsqu'elle reprit les paroles. « Ça ne fait pas bien longtemps que vous êtes diplômé, non? » Tu relevas les yeux vers elle, un peu troublée par ce genre de question peut-être un peu trop personnelle. Tu hochas la tête. « Depuis quatre ans. » répondis-tu en souriant. C'est vrai que tu étais encore considéré comme un junior dans le domaine, mais il n'en demeure pas moins que tu avais fait tes preuves tout au long de ces quatre années. Tu étais jeune, certes, mais tes connaissances et ton professionnalisme était non-négligeable. « Pour en revenir au sujet, on peut donc dire que tu as quand même une vie active. Je présume qu'entre les études et le travail, il y a les sorties entre amis, les virés shopping et ce genre de choses ? Tu n'as donc pas envie de juste... tout économiser pour ne plus avoir d'argent de poche ? » Tu posas tes avant-bras sur ton bureau, joignant les doigts ensemble. « En gros, comment gères-tu ton argent en ce moment ? » Voilà, c'était mieux formulé ainsi... C'est juste que devant ses beaux yeux, tu perdais un peu tes moyens... ~

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Une fois sa petite présentation terminée, Abi se rendit compte qu'elle avait beaucoup parlé. Son interlocuteur avait paru plutôt attentif, hochant la tête et prenant quelques notes, mais ça ne voulait rien dire, il devait faire ça avec tous ses clients. Pour ce qu'elle en savait, c'était peut-être sa liste d'épicerie qu'il prenait en note. C'est pourquoi elle tenta de diriger la discussion vers le conseiller financier. Elle savait bien que cette rencontre avait pour but de parler d'elle, mais elle n'en avait pas tellement envie. Cédrik lui répondit qu'il était diplômé depuis quatre ans et même s'il avait gardé le sourire, Abi réalisa que sa question pouvait paraître un peu insultante, s'il l'avait mal interprété.  « Désolée, je ne voulais pas dire ça dans le sens où vous ne connaissez pas bien le domaine, je suis certaine que vous faites bien votre travail. C'est juste que je m'attendais à rencontrer quelqu'un de plus vieux... genre avec les cheveux gris.  » Elle rit, espérant qu'il prenne bien cette remarque également. Finalement, il ne s'étendit pas vraiment sur le sujet et ramena de nouveau la discussion vers Abi et plus précisément, son argent. « En gros, comment gères-tu ton argent en ce moment? » Abi prit quelques minutes pour réfléchir avant de répondre à sa question. Elle cherchait un moyen de répondre sans paraître trop comme l'enfant gâtée et irresponsable qu'il devait probablement penser qu'elle était, mais elle n'arrivait pas à trouver de réponse convenable. Alors elle se contenta de dire ce qu'il en était réellement.  « Eh bien, pour être honnête, je ne la gère pas vraiment. Je n'ai pas envie de passer mille ans à peser le pour et le contre et à me demander si j'en ai vraiment besoin quand je m'apprête à commander un deuxième verre ou à m'acheter une paire de souliers... » Vraiment, elle s'enfonçait. « De toute façon, ils peuvent bien parler mes parents. Mon père change de voiture à tous les six mois et ça doit être la troisième fois que ma mère fait refaire la cuisine cette année. » Abi en avait marre, elle avait l'impression que cette rencontre avait pour seul but de la réprimander, de la faire se sentir coupable de profiter de la vie et de ne pas être déjà en train de faire des plans pour sa retraite. Elle se recula sur sa chaise et s'efforça de ne pas trop froncer ou rouler des yeux, même si l'envie était présente. Son conseiller financier avait beau être sexy, elle avait juste hâte de quitter ce bureau. Elle aurait préféré le rencontrer dans un autre contexte.