Oscar s'ennuyait profondément. Affalé sur son canapé, il regardait la télévision en se disant que sa soirée allait être terriblement nulle. Il avait contacté tous ses amis mais personne n'avait été disponible pour lui tenir compagnie et sortir. Demain était son jour de congé et ne pas en profiter semblait hors propos, le jeune homme ne pouvait pas songer à rester planter là. Alors qu'il écrasait son joint dans le cendrier tout en expirant la dernière bouffée inhalée, il se décida à sortir seul, tant pis si il passait un mauvais moment, rien ne serait pire que de rester planter là. Il se leva de son confortable canapé en cuir et se dirigea vers sa salle de bain. Avant d'atteindre la porte, il s'arrêta sur une aubergine qui traînait dans sa corbeille de fruits et éclata de rire en se demandant ce qu'elle fichait là. Oscar restait là, le légume dans la main, en se demandant pourquoi il l'avait mise là. Il avait vraiment trop fumé. Après ce fou rire ridicule, il finit par reprendre son air sérieux et entreprit de se doucher non sans avoir reposé l'aubergine par terre pour aucune raison apparente. L'eau le délassa et le fit redescendre un peu. Une fois sorti, il passa une chemise blanche, un jean brut, des chaussures de ville ainsi qu'un perfecto bordeaux cintré. La tête ailleurs, il avait oublié de se coiffer. Ce petit côté négligé contrastait avec sa jolie tenue. Il attrapa son porte feuille qu'il fourra dans la poche de sa veste puis claqua la porte de chez lui. Il devait être une heure du matin.

L'ambiance de la ville était calme. Il pouvait entendre ses pas fouler le sol malgré le bruit de quelques voitures qui passaient à proximité de lui. Il adorait cette ambiance. Le ciel était clair, le froid était sec. Oscar savait qu'il avait fait le bon choix en décidant de sortir le nez de chez lui. Une fois arrivé à la boîte, il se faufila dans la file d'attente et réussit à gagner trois ou quatre places. Certains râlèrent mais le barman se contenta de faire une adorable moue désolée, bien qu'il ne le soit absolument pas. Son tour arriva bien vite. Il salua les deux videurs qu'il connaissait bien sachant qu'il passait la moitié de sa vie à l'intérieur de cette boîte de nuit depuis qu'il avait posé ses valises à White Oak Station. Il écrasa sa cigarette qu'il avait allumé en attendant son tour. Bien qu'il soit un homme non accompagné et mal coiffé qui plus est, les deux armoires à glace le laissèrent passer sans broncher. Oscar leur adressa un sourire et pénétra dans le lieu. Son son préféré? La musique devenue sourde à cause des lourdes portes qui l'empêchaient de s'exprimer comme elle le voulait. Sans s'en rendre compte, il dansait déjà moitié en se délestant de sa veste au vestiaire. Il paya puis poussa les portes de l'entrée. Ses deux grands yeux bleus étaient remplis d'émerveillement et de malice à chaque fois qu'il se retrouvait nez à nez avec tous ces inconnus, tous plus beaux les uns que les autres, dansant, buvant, séduisant, promenés par leur désir de vice. Oscar cessa de faire cavaler son regard et se décida à avancer jusqu'au bar où il prit commande. Tout en mélangeant les glaçons du whisky coca que l'on venait de lui apporter, il battait de la tête bêtement au rythme de la pire soupe qui passait à la radio remixée en des morceaux dubstep. Il détestait ça. Il lui arrivait même de se demander parfois si ce genre de musique n'était pas là pour faire boire plus les clients afin qu'ils oublient que leurs oreilles venaient d'être souillées.

Alors qu'il relevait les yeux et les laissaient glisser sur les gens situés de l'autre côté du bar en forme de U, Oscar tomba sur une tête qui était loin de lui être inconnue. Il se leva de son siège, attrapa une paille qu'il planta dans son verre, sans se soucier de l'effet que cela allait avoir sur lui. Telle une panthère, il se glissa entre les corps qui se mouvaient sur la piste et atteint Feliks qui ne l'avait même pas remarqué. Sans en prendre note, Oscar lui glissa au creux de l'oreille « Il faudrait que tu arrêtes de me stalker, ça devient vraiment flippant, là. » Le garçon avait dit ça le plus sérieusement du monde, certain que son irrésistible charme avait encore une fois envoûté l'autre. Il était ridicule tant il était vaniteux. Le sourire aux lèvres, il s'assit sur le tabouret à côté du plus jeune et posa ses coudes sur le bar, bien décidé à rester là et à l'emmerder. Tout en sirotant son cocktail, il haussa une épaule. « Il laisse rentrer n'importe qui, ici. C'est dingue. »

Tu bosses pas ce soir. Ni demain matin. Tu bosses pas, alors t’as qu’une envie, c’est d’aller t’évader. Boire. Te défouler. Baiser. T’aurais bien aimé que Louys, Mia et Sasha se ramèrent. Mais ils sembleraient qu’ils aient une vie maintenant. Il parait qu’il est temps de grandir. Grandir. Ca a pas l’air d’être un plan génial. Ca a même l’air emmerdant à crever. T’es bien toi. Dans ton monde édulcoré. T’as pas besoin d’être en couple pour être heureux. Ca t’suffit tout ça. Tes amis. Ton petit boulot. Tes sorties. Tes plans cul. T’as pas besoin de grande histoire d’amour à la con ou d’une ambition débordante.

Alors t’es là. Un verre à la main et un sourire aux lèvres. Et tu danses vaguement sur place. Pas encore assez bourré pour te défouler sur la musique de la boite. Y’a que complètement pété que tu l’apprécies vraiment. Quand ton cerveau ne capte plus que les lumières et le bruit des boum boum. Pas loin, un mec. Un mec pas mal du tout. Un jeu de regards s’est installé. Un de ceux qui mènent à une baiser endiablée.

« Il faudrait que tu arrêtes de me stalker, ça devient vraiment flippant, là. » Tu sursautes presque en l’entendant souffler ça à ton oreille. Creapy. Tu te retournes vers lui. Vers la gueule trop satisfaire d’Oscar. Tu peux pas t’empêcher de lever les yeux au ciel, répondant avec cynisme. « Dixit le mec qui se faufile par derrière de manière fourbe ». Oscar. Ou le mec le plus emmerdant du monde. Et un sacré coup au lit aussi. Mais ça, plutôt crever que de l’avouer. Et il s’assoit. Ptit con. « Il laisse rentrer n'importe qui, ici. C'est dingue. » Tu l’observes, esquissant un sourire en remarquant ses cheveux complètement en vrac (plus que toi quoi). « T’as vu ta gueule ? » Ton regard se dirige de nouveau vers le petit mec de tout à l’heure. Disparu. Evidemment. Alors tu grognes. « Putain, tu fais chier mec. Tu foires mes plans rien qu’avec ta putain de présence » Tu récupères ton verre, buvant une longue gorgée avant de le reposer. Puis ton regard se pose de nouveau sur lui. Lui encore assis à coté de toi. « Donc, c’est bon, t’as décidé de me faire chier toute la soirée ? T’as pas des mecs à draguer ? D’autres gens à faire chier … Une vie ? » Une vie. Probablement pas. Il serait pas là sinon. A t’emmerder.

Et dire que cette soirée commençait bien …

« Dixit le mec qui se faufile par derrière de manière fourbe. » Oscar se contenta de ricaner à la remarque du brun. Cette dernière avait raisonné comme un coup de fouet, il aurait presque pu trouver ça excitant. Non, en réalité il n’y avait aucun doute là-dessus. Feliks serait sa proie, qu’il le veuille ou non. Dieu sait qu’il ne pouvait pas le voir en peinture. Le seul moyen qu’il avait trouvé pour parer ce problème tout en le gardant en sa compagnie était de l’emmerder encore et encore, jusqu’à ce qu’il cède, sous les coups de cinq heures de matin. Le plus vieux porta ses lèvres à la paille posée sur le rebord du verre tout en regardant l’autre du coin de l’oeil, amusé par le petit air agacé qui demeurait scotché sur ce visage marqué. Adorable. Oscar n’avait pas eu l’impression d’être fourbe. Il venait juste quémander son dû, tout simplement. Alors qu’il s’amusait à taquiner l’autre, il vit un sourire poindre aux coins des lèvres de Feliks. Le barman arqua un sourcil, trouvant que la tâche n’allait pas être difficile ce soir. « T’as vu ta gueule ? » Mais la petite joie qu’il avait ressenti quelques secondes auparavant se retrouva bien vite piétinée par une nouvelle phrase assassine. Oscar se contenta de tourner ses yeux déconfits dans une autre direction tout en grimaçant. Il n’aimait pas mal paraître et encore moins qu’on le lui fasse remarquer de manière si acerbe. Tout en roulant des yeux et en essayant de reprendre contenance, le brun sourit légèrement. « Celle dont tu as du mal à te passer? » Déclara-t-il. Ses propos furent contredits par le regard de l’autre qui glissa sur les corps en face de lui. Oscar l’imita pour comprendre qui il cherchait tout en tentant de se recoiffer à l’aide de ses doigts. Si Feliks était sur quelqu’un d’autre, le barman n’était pas décidé à lui conter fleurette pour qu’au final, il se retrouve tout seul. Lui aussi avait d’autre chose à faire que de lui courir après. Il entendit Feliks grogner. Tout en buvant la fin de son cocktail directement au verre, Oscar prit son air diabolique. Le type était parti, il pouvait donc continuer de le travailler au corps. Ou du moins espérer y arriver à la fin de la soirée… « Putain, tu fais chier mec. Tu foires mes plans rien qu’avec ta putain de présence » Oscar secoua la tête en signe de négation, affligé par ce qu’il entendait. Enfin, tentait d’entendre. La musique était si forte dans cet endroit. Ce paramètre le forçait à se rapprocher de Feliks alors qu’ils n’étaient même pas encore ivres. « Il a compris qu’il ne faisait pas le poids. Et de toute façon, si je me barre, personne ne voudra de toi et tu finiras tout seul et tout triste. » Oscar savait qu’il venait de sortir la plus grosse ânerie de sa soirée. Feliks avait ce truc dans le regard, un genre de flamme que vous repériez même dans une semi-obscurité. Il ne finirait certainement pas seul. Mais si ce n’était pas lui, ça serait quelqu’un d’autre. Oscar aimait ce genre de pression. Rien n’était jamais sûr entre eux. Il y avait aussi un seuil à ne pas dépenser, combien de fois avaient-ils préféré en venir aux mains que de finir au lit? Rien n’était plus électrique et fragile que cette masses sans formes qu’il osait parfois appeler relation. « Donc, c’est bon, t’as décidé de me faire chier toute la soirée ? T’as pas des mecs à draguer ? D’autres gens à faire chier … Une vie ? » Vociféra Feliks entre ses dents. Oh, bien sûr qu’Oscar avait un tas de choses passionnantes à faire. Mais Feliks réunissait les deux choses qu’il préférait par dessus tout; se disputer et baiser. Tout en faisant signe à la serveuse de ramener deux autres verres, il répondit. « Je vais te décevoir mais j’ai tout ce qu’il me faut dans ma vie. » Quel menteur. Sa vie était un amas de problèmes tous plus inextricables les uns que les autres. Mais il ne voulait pas faire ce plaisir à Feliks. C’était le meilleur moyen qu’il lui porte le coup fatal en refusant de se joindre à lui. Parfois, Oscar aurait aimé que le brun soit dépourvu de paroles et qu’il se contente de faire ce en quoi il était bon. Tout en donnant un coup de menton en la direction de la serveuse pour la remercier, le plus vieux poussa le verre de l’autre sous son nez avec dédain, comme si il n’avait éprouvé aucun plaisir en le lui offrant. La réalité n’était pas si lointaine. Ce verre voulait en réalité dire Bois, que tu décides enfin à te taire et que tu sois à moi. « Le seul truc qui manque, c’est ton corps de lâche dans mes draps. » Finit-il en un sourire carnassier. Il tapa son verre contre celui de Feliks, toujours posé sur le bar et en bu une grande lampée pour vite oublier ce qu’il venait de dire.

« Celle dont tu as du mal à te passer? » Tu pourrais l’envoyer encore chier. Lui dire que c’est lui qui est là. Que c’est pas toi qui est venu le chercher. Mais tu te contentes de chercher du regard l’homme qui te plaisait bien. « Il a compris qu’il ne faisait pas le poids. Et de toute façon, si je me barre, personne ne voudra de toi et tu finiras tout seul et tout triste. » Ton regard se pose de nouveau sur Oscar. Tu hausses les sourcils, septique. Puis dans un petit sourire malicieux, tu t’approches de lui pour pincer sa joue. Un peu comme le ferait une grand mère. Et tu lui réponds avec ce ton qu’on utilise pour les enfants. « T’es sur qu’on parle encore de moi là ? » Et tu ries doucement lorsqu’il te repousse un peu brusquement.

Tu t’éloignes de nouveau de lui. Vaguement. Pas tellement finalement. Tu réfléchis un instant à simplement te casser. Mais quelque part, le challenge est lancé. Et tu peux pas abandonner là. Ca serait s’avouer vaincu. Le laisser gagner. Et ça, c’est tout à fait impensable. Pourtant, tu ne retiens pas ta petite phrase provocante et cynique. « Je vais te décevoir mais j’ai tout ce qu’il me faut dans ma vie. » Tu lâches un petit rire moqueur, le laissant tout de même faire lorsqu’il vous commande un verre. Parce que, soyons honnête, peu importe la situation, on ne dit jamais non à un verre gratuit. « Le seul truc qui manque, c’est ton corps de lâche dans mes draps. » Tu souris largement avant de boire une longue gorgée de la boisson. « J’comprends que ta vie soit triste du coup » Tu le regardes avec cet air un peu provoquant, un peu moqueur. « J’adore ta façon de venir quémander … » Au fond, faut avouer. Tu l’aimes bien cette relation à la con. Ce je t’aime pas, moi non plus. Nouvelle version. Moins de je t’aime, plus de ta gueule. Juste ce qu’il te faut.

Citation :

omg, j'ai écris le tier de toi ... JE SUIS DESOLE !

Oscar fronça les sourcils et réprima une mine de dégout en sentant les doigts de Feliks compresser son visage. Le garçon était une petite chose fragile à la peau délicate. Ça lui fit mal. Et puis, il n’aimait pas spécialement qu’on le touche sans y être invité, même si il s’agissait d’un homme de la trempe du serveur. Le jeune homme roula des yeux des yeux et finit par le repousser d’une main agacée. Il avait une réputation à tenir et se faire pincer la joue comme une enfant de cinq ans n’allait certainement pas dans ce sens. « T’es sur qu’on parle encore de moi là ? »  Oscar garda ce même air agacé, regrettant presque d’être venu s’asseoir à côté de Feliks. Ça lui apprendra à être guidé par son entrejambe. Il secoua la tête doucement. « Sans aucun doute. Ta mine toute grise ne m'a pas effleuré un instant l'esprit. D'ailleurs je ne sais pas, met une crème de jour, fais un truc… » Répondit Oscar entre deux gorgées de son whisky coca. Il avait pris un air totalement désabusé, digne de la capitaine des cheerleaders dans une mauvaise comédie américaine.


Le sourire de Feliks agaçait profondément Oscar, qui perdait peu à peu patience. Il n’avait pas spécialement envie de jouer, en réalité. Le barman préférait la facilité. Il aurait aimé que dans une autre dimension, le brun lui dise simplement oui, se taise et le suive. Mais ça ne marchait pas ainsi et Oscar sentait la pression et l’énervement monter à la même vitesse que son désir brûlant pour Feliks. Jamais il n’avait eu autant envie d’en coller une à quelqu’un avant de coucher avec. « J’comprends que ta vie soit triste du coup »  Oscar finit la fin de son cocktail en faisant semblant de ne pas l’écouter. Il aspira le fond de son verre à l’aide de sa paille en faisant tout un tas de bruits peu séduisants. Cependant, il s’en fichait bien puisque le puissant vacarme de la fête endiablée cachait ses effets sonores disgracieux. « J’adore ta façon de venir quémander … »  Oscar manqua de s’étouffer en entendant ce que venait de dire Feliks. Comment osait-il dire une pareille chose? Les yeux d’Oscar s’enflammèrent alors qu’il montrait les crocs, féroce. « Je peux me taper l’entièreté de la boîte si l’envie m’en prend, je n’ai certainement pas besoin de toi pour me sentir moins seul. » Vociféra-t-il entre ses dents. Oscar se leva de son tabouret, encore brûlant d’énergie. « La prochaine fois tu apprendras à fermer ta gueule pour profiter du privilège que je t’offre. » Puis il détourna son regard de l’autre et commença à observer d’autres potentiels proies, l’air de rien. Tout ça n'était que le résultat de deux egos qui s'entrechoquaient.

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