| (#) Sujet: (EVIE) i - self inflicted Lun 12 Oct - 17:58 | |
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this wound is self inflicted Asar titube, trébuche et tombe à genoux sur le pavé mouillé et sale de l'allée Stanford. Loin de le refroidir, cette chute lui arrache un sourire et il se met à ricaner. Enfin, l'alcool fait son effet, après une soirée à empiler les verres et à se plaindre - l'esprit léger - du manque d'efficacité de son poison préféré, le whisky. Il passe une main sur son visage et grimace. Il avait oublié la coupure de sa lèvre, enflée. Ses doigts reçoivent la goutte pourpre du sang qui a perlé et il met sans réfléchir son index dans sa bouche, gouttant au goût métallique de sa propre hémoglobine. Evie allait encore lui crier dessus, c'est tout ce qu'elle semblait être capable de faire, ces derniers temps. Hurler à lui déchirer les tympans, et lui reprocher jusqu'à son moindre souffle. Non pas qu'il ne le méritait pas. Il rit à nouveau, plus que le goût du sang sur ses lèvres, celui fruité du gloss de l'une des nombreuses filles qu'il avait embrassé ce soir. Et l'amertume, bien cachée, le regret, la peur. Asar secoue sa tête, refuse la main tendu d'un passant pour l'aider à se relever. « Je n'ai pas besoin d'aide » dit-il. Les mots laissent une trace âcre qu'il peine à oublier. Il se redresse tout seul, sous les paroles rassurantes du même jeune homme qui avait voulu le soutenir quelques instants plus tôt. « Laisse moi tranquille » rajoute t-il, sa voix toujours insouciante mais teintée d'un soupçon de menace qui ne laisse pas l'étranger indifférent. Ce dernier abandonne, les bras levés. Comme tout le monde, lui souffle son esprit comateux. Sauf Evie, pense t-il après coup, une arrière pensée qui aurait perdu de son importance entre le cinquième et le septième verre venu lui brûler la gorge. Evie était toujours là. Mais pour combien de temps ? Enfin, il se redresse, bien instable sur ses deux jambes tremblantes. Le jeune homme marche, difficilement, jusqu'au pas de la porte. Il fouille dans sa poche et en sort la clef. Il tente à plusieurs reprise de l'insérer dans le trou (« Mais ce n'est pas si compliqué pourtant ! ») jusqu'à ce que la gardienne le prenne en pitié et apparaisse, les cheveux pleins de bigoudis et l'air furibond. « Monsieur Kabdi. Cela fait trois fois, ce mois seulement, que vous me réveillez à deux heures du matin avec vos bêtises. » tonne la vieille dame. Il hoche la tête, les yeux perdus, avant de la pousser doucement, chancelant jusqu'à l'ascenseur où il se réfugie. Où habite t-il déjà ? Il appuie sur les cinq boutons, espérant que la vue de son couloir lui soit familière. Après trois essais, il arrive devant la porte - qu'il reconnait, cette fois. Enlevant ses chaussures, pour ne pas réveiller Évie et subir ses remontrances, il entre de la pointe des pieds dans le salon, fermant la porte avec toute la délicatesse que ses huit verres d'alcool lui permettent, pas beaucoup. N'entendant aucun son dans l'appartement noir, il soupire. Ce soir, peut-être, pourrait-il allait se coucher tranquillement. Peut-être.
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