Juliet (je l'appelle comme ça parce qu'il faut bien lui donner un petit prénom) est une fille de la ville. La seule paire de chaussures plates qu'elle possède sont celles qu'elle avait du acheter il y a quatre ans de ça lorsqu'elle s'était foulée la cheville en descendant les quelques marches qui reliaient son immeuble à la rue. Et encore, au bout d'une semaine elle faisait déjà hurler son médecin en rechaussant ses talons de 12 centimètres. Que voulez-vous ? Elle se sentait plus à l'aise comme ça.

En plus d'être belle, elle est tristement intelligente. Tristement parce qu'elle en joue. Ceux qui pourraient la traiter décervelée s'en mordent vite les doigts. Difficile de réussir à percer son armure de jolie femme à qui tout réussit. Elle a un très bon poste dans une banque qui avait pris l'eau mais qu'elle avait aidé à faire revenir à la surface, elle avait des amis qui feraient n'importe quoi pour elle et même si personne ne lui avait encore passé la bague aux doigts, Juliet ne restait jamais bien longtemps seule. Elle enchaînait les histoires sans trouver chaussures à son pied... mais ça la satisfaisait pour l'instant.

Alors c'est difficile de l'imaginer débarquer un jour à White Oak Station, ses bagages Vuitton dans une main, ses talons Louboutin s'enfonçant dans la boue de la campagne de la ville. C'est à peine si elle avait déjà vu en vraie la campagne. C'était bien joli à la télé. En vrai... beaucoup moins.


Elliot et Juliet sont de vieux amis. D'abord collègues, souvent en compétition pour satisfaire les patrons, ils ont fini par évoluer dans des branches différents de la boîte et sont devenus complices. Ils s'entraidaient au boulot et en dehors. Lorsque Juliet avait besoin de bras forts pour l'aider à déménager, Elliot était là. Lorsqu'Elliot avait besoin de quelqu'un pour se faire passer pour sa copine lorsqu'une fille se montrait un peu trop collante, Juliet était là. Il n'y avait aucune ambiguité, le jeune homme était fiancé et heureux de l'être. Du mois jusqu'à ce qu'il retrouve sa future femme en train de faire une petite gâterie à son futur beau-frère. Et qu'Elliot se retrouve bouc-émissaire du scandale qui avait éclaté dans leur banque quelques mois plus tôt. Il avait alors pété les plombs (jusqu'à pisser sur la moquette du bureau de leur patron, très classe) et s'était barré au fin fond du pays. Il n'avait même pas prévenu cet enfoiré. Elle avait du engager un détective privé pour savoir ce qu'il fabriquait. Elle n'avait pas cru à ce qu'il lui avait annoncé. Elliot, ce génie de la finance s'était reconverti dans l'élevage de chèvre... Elle avait mis plusieurs mois à avaler la vérité. Mais lorsqu'il était venu le temps de prendre ses congés... elle se décida à partir pour WOS au lieu de St Bart' avec ses amis. Il fallait ramener Elliot à la raison. Les chèvres, les brebis et tout le bordel... ça pouvait plus continuer.