Un peu de sport qu'ils ont dit. Une partie de basket, qu'ils ont ajouté. Alors il a finalement accepté, Keith, un peu réticent au début. Il s'est laissé convaincre, du sport, ça n'a jamais fait de mal à personne. Un lapin qu'ils lui ont posé. Ils ont osé. Dix minutes qu'il a attendu devant la salle, et dix de plus sur le terrain. Annulé, ils ont annulé. À la dernière minute, comme lorsque l'on annule un rencart, un vague rendez-vous avec une fille qu'on a rencontré un soir. Il s'en souviendra Keith, qu'ils ne comptent pas sur lui demain. Qu'ils ne s'attendent pas à des accolades ou des checks dans les mains. C'est un peu enfantin, puisqu'il y a apparemment une urgence, avec leurs voitures qu'ils ont dit. Mais, Keith, il aurait pu en profiter pour faire autre chose, aller autre part, (voir la belle ?).  Il attrape une balle, et la fait rebondir sur le sol. Tampis. Tant qu'il est là, autant en profiter. Personne dans les environs, il pense avoir au moins une bonne heure avant que les habitués du club ne rappliquent. Il se poste devant le panier, se concentre, vise l'encadrement, et enfin, il lance le ballon orangé. Raté. Il rebondit et va rouler un peu plus loin. Un mi-rire, mi-soupire s'échappe d'entre les lèvres de Keith, il n'a jamais été très doué au basket. La dernière fois qu'il a joué remonte certainement à l'époque du lycée. Depuis, plus rien. Rien qui ne se rapporte au basket du moins. Raison de plus pour essayer de mettre un panier. Au moins il pourra se vanter d'avoir réussi un truc, cette semaine. Il se retourne, et cherche le ballon du regard, s'avance vers les bancs. Au loin, il aperçoit une silhouette se dessiner, avec le ballon sous le pied. C'est pas un d'ses potes, ils l'aurait prévenu autrement. Mais Keith, il ne se pose pas plus de question que ça, même s'il aimerait bien que quelqu'un l'accompagne dans une partie. À deux, c'est toujours mieux que seul. J'peux récupérer le ballon, s'il-vous-plaît ? , il place ses mains en hauteur, au dessus de sa tète, de manière à pouvoir réceptionner la balle. Pas qu'il ne veuille pas partager le ballon, mais Keith, il ne donne pas cher de sa peau s'il le perd. La réceptionniste du club a plutôt l'air d'une concierge tout droit sortie d'un film de gangster.

Il va là où ses pieds l’emportent puisque la tête est dans les nuages. Ce soir, il s’était décidé à ne pas rester à la maison, parce qu’il fait bon dehors et aussi parce qu’il en a trop pris l’habitude récemment et que c’est vraiment mauvais de trop rester à la maison. S’il continue comme ça, peuchère qu’il finira en gros obèse dans son fauteuil, condamné à regarder les rediffusions des experts jusqu’à la faim de ses jours. Alors non, Arni s’est décidé à se reprendre. Et si malheureusement, il n’a pas toujours pas le droit de reprendre l’exercice, marcher est toujours une possibilité.
C’est ainsi qu’on le retrouve ici, près des terrains de basket. Ses pieds l’ont conduit là, pendant que lui, il pensait à ce qu’il allait faire après, de sa vie. S’il serait capable de se trouver un nouveau rêve pour sortir d’ici. Certes, il aime son job actuel, mais qu’on soit tous au courant, la mécanique ne lui donne pas ce sentiment que lui procurait le basket, celui-ci de s’accomplir, de faire ce à quoi il était destiné.
C'est en entendant un rebon qu'Arni sort de ses pensées, il observe autour de lui et s'étonne de ne pas être seul. A cette heure, les gosses sont rentrés et les lycéens. Y'a plus de lycéens qui jouent au basket t'façon. Mais ce son, il est familier et par réflexe, Arni se concentre dessus plutôt que de se poser d'autres questions sur le pourquoi du comment. Il attrape le ballon qui rebondit vers lui, naturellement.
_ « J'peux récupérer le ballon, s'il-vous-plaît ? » entend t-il alors que ses yeux sont scotché sur la balle. Il n'en avait pas tenu dans ses mains depuis longtemps. Pendant toute sa période de récupération, il s'en était privé, préférant attendre le moment où le médecin l'autoriserait à reprendre. Un moment qui ne viendra jamais. Alors Arni est un peu sous le choc, mais il se réveille quand les paroles parviennent jusqu'à son cerveau.
_ « Oh, pardon. tiens ! » dit-il avant de le lancer vers son propriétaire. Propriétaire qu'il finit par reconnaître dès qu'il y porte attention, avant que ce dernier ne s'éloigne, il lance à haute voix. « Bonsoir Keith, je pensais que tu avais quitté la ville. » afin d'attirer son attention, mais il n'est pas sûr de son coup. ça remonte.

La silhouette se dessine bientôt en une forme humaine. C'est donc un jeune homme qui attrape le ballon, un garçon d'à peu près son âge. Il luit aurait bien proposé Keith, de se joindre à lui. C'est dans ses coutumes d'être avenant, sociable avec le monde qui l'entoure. Mais là, Keith, il préfère ruminer. Se dire qu'il s'est déplacé pour rien. Il attrape alors le ballon que lui lance le brun, et prononce un rapide mais audible merci. Il s'apprête à s'éloigner lorsqu'il entend son prénom, ce qui le stoppe dans son mouvement. Il se retourne, curieux et intrigué. Sourcil froncé, il scrute l'individu. Il retourne sur ses pas, s'avance vers ce qui était il y a quelques instants une simple silhouette. Et enfin, ses yeux s'illuminent. Il reconnaît ce visage. Arni ?, ses sourcils se rehaussent. Oui, c'est bien lui. Il reconnaît ces traits et la nonchalance qui s'en dégage. Hey ! Hum... bonsoir, ça fait longtemps. Eh bien visiblement non, je suis toujours là. Mais toi par contre tu..., tu ne t'es pas fait renversé par une voiture ? Les souvenirs remontent en mémoire, et, il se coupe dans sa phrase. Il avait oublié. Keith avait oublié ce qu'on lui a raconté, ce qu'il a déniché dans la bouche des plus bavards. Arni et son accident. C'était il y a deux ans, s'il se souvient bien. Pourtant, Keith n'a jamais cherché à en savoir plus, ni à allé voir le principal concerné. Les paroles de Peter suffisaient. Puis, Arni et lui n'ont jamais vraiment été de grands amis du genre à confesser leurs péchés. Tu n'es plus avec l'amour de ta vie ?, dit-il finalement en faisant allusion au meilleur ami du brun. Keith s'amusait toujours de les voir fourrés ensemble. Jamais l'un sans l'autre. C'est d'ailleurs de cette façon qu'il a connu Arni, par le biais de Peter. Leur rencontre remonte presque à l'arrivée du brun dans le pays. Cette période de solitude où Keith ne connaissait encore personne hormis Astrid, son amie d'enfance. Et comme pour palier au sentiment de gêne qui commence à l'envahir, une lumière s'allume dans son esprit. Désolé, t'étais venu pour jouer ? On peut se faire une partie si ça te tente...