Deux ans sont passés depuis ce départ soudain. Ce départ que je ne comprends pas alors que j'ai eu le temps de me ressasser encore et encore les événements, que j'ai eu le temps d'y réfléchir, d'essayer de savoir ce que j'ai pu faire pour qu'il s'enfuit comme ça. Et même si j'y pense très souvent, j'essaie d'avancer. J'essaie d'avancer en me disant que c'est de l'histoire ancienne et que je dois tourner la page pour de bon. Mais comment avancer quand l'histoire n'a pas eu de fin ? Je veux dire, il est juste parti comme ça sans rien m'annoncer, sans rien me dire. Pas même un "Je m'en vais, je reviens bientôt." ou bien de "Je dois partir, je préfère qu'on arrête." ou quelque chose comme ça. C'est compliqué d'essayer de passer à autre chose dans ces conditions. Une part de moi continuer de croire en cette histoire. Elle continue de me dire que notre histoire a une suite qui nous attend un jour ou l'autre. Et elle continue de l'aimer comme jamais. Et une autre partie de moi me dit que ça ne sert à rien d'espérer quelque chose, qu'il ne m'aime pas comme il prétendait m'aimer, qu'il ne tient pas non plus à moi. Et je pense que cette part à raison. Si ses paroles étaient sincères, on en serait jamais là aujourd'hui. Il serait toujours près de moi et notre histoire aurait poursuivi son chemin. J'entends la porte claquer et je sursaute tellement j'étais perdu dans mes pensées, à me ressasser le passé une fois de plus. C'est devenu presque quotidien. Je me lève du canapé et je marche jusqu'à l'entrée pour rejoindre mon petit-ami. « Tu rentres tôt aujourd'hui. » Ça fait presque sept mois que notre histoire a débuté. Et, oui je l'aime. Je l'aime mais dans ma tête et dans mon cœur, un autre prénom et un autre visage se balade aussi. Bien-sûr que Nate connaît l’existence de Nahuel. Disons que Nahuel est en quelque sorte, la raison de notre rencontre. Mais jamais je n'évoque mes pensées le concernant avec lui. Jamais je ne lui ai dis qu'une part de moi avait toujours des sentiments très fort pour le garçon. Je ne pense pas qu'il apprécierait et puis je ne pense pas que c'est quelque chose à dire au garçon qui partage notre vie. Pour en revenir à notre rencontre, j'ai commencé à pas mal sortir suite à son départ. Je voulais le sortir de ma tête durant quelques heures, quelques instants et le seul moyen que j'ai trouvé, c'était l'alcool. On s'est rencontré dans un bar, autour d'un verre. Ce soir-là, j'étais pas mal alcoolisé mais je m'en souviens parfaitement. Je lui ai tout raconté, du début jusqu'à la fin. Et ça semblait beaucoup plus simple de lui en parler sous l'emprise de l'alcool. Lui aussi m'a parlé de ses problèmes. Et je crois que ça nous a fait énormément de bien d'en parler à quelqu'un qui nous était totalement inconnu. La soirée a continué et on l'a terminé dans les bras l'un de l'autre, dans le même lit. Cette nuit n'avait rien de douce, ni même de romantique. Elle était dépourvue de colère, de gestes brusques, de haine et de tristesse. Mais je crois que ça nous a fait autant de bien l'un que l'autre. Je ne pensais jamais le revoir quand je suis parti très tôt le lendemain matin. Mais le destin en a décidé autrement. Quelques jours plus tard, je me suis posé dans un café. Non, pas dans un café, dans LE café où il travaillait à l'époque. Et même si nos échanges étaient un peu timide au début, on a rapidement retrouvé la complicité que l'on avait étant alcoolisé. Sauf que là, seule de la caféine coulait dans nos veines. « Oui. J'ai demandé à quitter le travail plus tôt aujourd'hui. » Je fronce un peu les sourcils en ne comprenant pas réellement la raison. Je le connais, je sais que quand il demande à sortir plus tôt du boulot ce n'est pas pour se la couler douce à la maison. Il a une idée derrière la tête et je veux savoir laquelle. Je le vois sourire un peu lorsqu'il comprend que j'ai compris. « Je te propose une petite soirée en amoureux. Un petit pique-nique sur la plage avant une séance au cinéma. J'espère que le programme te va. » Je laisse mes lèvres s'étirer et me mordant un peu la lèvre pour m'empêcher de sourire comme un idiot. Ce garçon est beaucoup trop attentionné avec moi. Il me propose toujours des soirées comme celle ci assez régulièrement et ça me fait tomber amoureux de lui encore un peu plus. « Oh, je... » Je m'approche de lui pour venir doucement l'embrasser. « C'est exactement ce qu'il me fallait. Je vais me préparer. » Je lui vole un baiser avant de m'éclipser dans notre chambre pour me changer et mettre quelque chose de plus présentable. Et puis me faire un peu plus beau pour notre sortie. J'ai envie de me faire beau, j'ai envie qu'il me trouve beau et qu'il ne trouve même plus les mots pour me décrire. J'ai envie de sentir ses yeux me détailler de la tête aux pieds et qu'il se dise qu'il a une chance inouïe de m'avoir dans sa vie. Notre histoire est récente et beaucoup dirons que notre emménagement est précipité mais je ne pense pas. On passait déjà tout notre temps chez l'un ou chez l'autre alors qu'on vive ensemble à présent ne change pas grand chose à vrai dire. La présence de l'autre nous rassure et au final, on se complète plutôt bien. Parce qu'avant tout d'être un couple, on est des amis. Des meilleurs amis même. Je sais que je ne pourrais jamais lui donner tout l'amour qu'il mérite, ni même toute l'attention dont il a besoin. Simplement parce que Nahuel a toujours une place importante dans ma vie, trop importante même. Mais il est impossible pour moi de le faire quitter ma vie. Nahuel est et restera mon premier amour et celui pour qui j'aurais toujours des sentiments. Même si aujourd'hui je le déteste autant que je peux l'aimer.