La journée avait été éreintante. J'avais enchaîné de huit heures du matin à dix sept heures trente ce soir-là, avec seulement l'équivalent de dix minutes de pauses si on accumulait le temps qu'il m'avait fallu au total pour souffler ou aller aux toilettes.

La seule chose qui me rassurait vraiment, c'était la simple idée que le week end était bientôt là, qu'il approchait et que, dieu merci, j'allais pouvoir dormir jusqu'à pas d'heures et mettre le boulot en pause. C'était d'ailleurs un très bon avantage à être professeur dans un sport. Pas de copies à rendre, tout se jouait sur l'instant même, la réalisation d'un effort. Certes il fallait beaucoup plus en fournir en journée qu'un professeur de mathématique ou d'histoire par exemple, puisqu'il fallait être aussi énergique qu'un élève voire plus, mais l'avantage le soir, c'était de rentrer avec un sac plein d'un poids autrement fait qu'un paquet gigantesque de copies.

Pour la première fois depuis bien longtemps, j'étais contente de retourner à la colocation. J'allais retrouver le sourire de Katia qui était toujours aussi sympathique qu'au début, mais aussi les blagues lourdes de Ryan. En soi, ce n'était pas vraiment un souci, mais sur le long terme, ça m'embêtait parfois beaucoup, parce qu'il ne savait jamais s'arrêter. Et ça me rendait assez dingue en fait.

J'avais décidé, plus tôt dans la matinée, de laisser mon moyen de transport garé à la seule place que la totalité de mon quartier offrait ce jour-là. Ce soir-là, il m'avait donc fallu me déplacer autrement. Comme au bon vieux temps, j'étais donc montée dans le bus et m'étais laissée sur le siège le plus au fond que je trouvais libre. Mon sac à main sur les genoux je me demandais alors ce que j'allais bien pouvoir faire pour ne pas m'occuper les deux jours à venir. Rien. Hmm trop bien! Je posais ma tête sur la vitre, prête à regarder la route quand quelqu'un s'assit à côté de moi. Je levais à peine la tête pour sourire, la reposant alors puis la relevant instantanément. “Hé ! salut Dim'! quelle coïncidence! ”

Quelle journée ! J'avais vraiment la malchance qui se collait à moi, ce jour-là, je vous le dis ! Tout d'abord, mon téléphone, qui tombe en panne, et qui ne sonne donc pas le matin, pour me réveiller. Résultat, je m'étais levé avec plus d'une heure de retard. Pas très bon pour le boulot, tout ça, croyez moi bien. Le bus et les galères étaient donc pour moi.
Pourtant, en arrivant au bureau, j'avais eu une chance plutôt incroyable. Le patron était malade, et mon responsable n'était pas encore arrivé. Pourtant, j'avais à peine un peu moins d'une heure de retard, juste parce que j'avais activé deux fois plus vite que le reste du temps. Cela mis à part, ma journée s'était déroulée sans la moindre encombre, comme d'habitude. Enfin, je commençais à avoir un peu marre de ce boulot qui me prenait la majeure partie de mon temps, que je reste ou non chez moi. Car, pour le coup, j'avais assez bien débrouillé mon temps, en ayant vingt heure obligatoires au boulot, organisées dans un emploi du temps très précis, et le reste du temps, je devais travailler en free-lance, sauf si jamais j'avais des réunions. Enfin, devoir être dans le monde du travail, ça ne correspondait pas vraiment à ce que plus jeune, je pouvais imaginer de ma vie de tous les jours plus tard. Je me voyais plutôt gagner au loto... et puis, ensuite, tout simplement vivre de cet argent, tout en investissant dans des entreprises prometteuses pour faire du profit. Oui, voilà, c'est ça, je me voyais tout à fait devenir rentier. Rentier, c'était simplement la vie, ça, moi je vous le dis ! On n'avait à se soucier de rien, et on vivait une vie je vous assure que tout le monde en rêve, de cette vie. Mais bon, quand on n'a pas le choix, et que le destin a décidé d'autre chose pour nous, on doit s'y plier, et c'est ainsi, pas autrement que la vie se débrouille pour nous.
Enfin, ma journée passa à la vitesse habituelle, c'est à dire que lorsque j'avais envie d'avoir du temps pour moi, ça passait trop vite, et après, elle me paraissait longue, jusqu'à ce que je me mette vraiment au travail, et que finalement, je ne me retrouve dépassé par le temps qui avait filé bien plus vite que je ne l'aurais cru. L'heure de reprendre les transports en communs arrivait, et me donnait follement envie de soupirer. Ma voiture me manquait.
Dans les transports, je préférais rester debout, comme ça, j'étais prêt à en sortir. Et ça me fit bizarre lorsqu'une voix s'adressa à moi, une voix que je connaissais. Depuis quand, je connaissais des gens qui prenaient le bus ? En tournant la tête, je remarquais qu'il s'agissait de Cataleya. Je lui souris et lui adressait à mon tour une salutation.
-Salut Cat, tu vas bien ?