You know my name, not my story.
I leave my heart open but it stays right here empty for days.

Je grimpe pour rejoindre grand-mère dans son lit et je me mets à sauter dessus comme si c'était le trampoline que l'on a dans le jardin. Je ne sais pas quelle heure il est, je n'ai pas encore appris ça à l'école. Mais il a l'air d'être encore tôt. Dehors le soleil se levait tout juste quand j'ai regardé par la fenêtre de ma chambre. Je saute dans tous les sens en riant parce que j'attends ce jour depuis très longtemps. Je sais que maman et papa me gronderaient très fort s'ils me voyaient sauter ainsi sur le lit, mais ils ne sont pas là. Ils ne sont jamais là pour mon anniversaire. Papa m'a dit qu'ils avaient beaucoup de travail avec maman et qu'ils ne pouvaient pas tout laisser tomber pour moi, pour un simple anniversaire. Je ne comprends pas trop, je sais juste qu'ils sont beaucoup trop occupés pour être avec moi. C'est comme ça presque tous les jours de toute façon. Si ce n'est pas grand-mère qui me garde, c'est la nounou. Mais grand-mère est là et les anniversaires avec elle sont déments. Elle me prépare tout pleins d'activités ultra-cool chaque année et je m'amuse comme un fou. Elle me dit souvent que je peux inviter mes copains d'école, mais moi je n'en ai pas envie. Je ne veux pas la partager avec mes copains, c'est ma grand-mère rien qu'à moi et je veux que ça reste comme ça. « Mamie, mamie, mamie ! Lève-toi, c'est mon anniversaaaaaaaaire. » Je cris presque en continuant de sauter dans tous les sens en évitant bien de ne pas lui sauter dessus aussi, et puis je tombe dans le lit à côté d'elle. Je pense qu'elle est réveillée maintenant. Et si elle ne l'est pas, elle doit avoir un sommeil très lourd ou alors je ne comprends pas. Je l'entends rire à côté de moi en se tournant rapidement pour me faire face. « Si tu crois que j'ai oublié mon petit Anthony, tu te trompes. » Je sais bien que grand-mère n'a pas oublié mon anniversaire. Grand-mère n'oublie jamais rien, elle a une mémoire d'éléphant comme on dit. Alors que moi, je suis vraiment nul pour retenir une quelconque date. J'oublie même les anniversaires de mes amis les plus proches, c'est pour dire. Je suis incorrigible à ce niveau-là. Je crois que même en les notant sur un calendrier, ou quelque part d'autre, je réussirai à oublier. Ne soyez pas désespéré pour moi, je le suis suffisamment. Grand-mère se lève du lit et moi je la suis en courant presque tellement je suis pressé de vivre cette journée, tellement je suis impatience de savoir ce qui m'attend. On se faufile jusqu'à la cuisine où elle me prépare un petit-déjeuner de roi. C'est mon jour aujourd'hui et je me sens presque comme un petit prince. Je le suis peut-être d'ailleurs, durant les prochaines heures. Elle dépose une énorme assiette de pancakes qu'elle vient de cuir ainsi que tout ce qui peut les accompagner, et un grand verre de jus d'orange qu'elle vient de presser devant moi. Elle me regarde entamer le repas le plus important de la journée, un tendre sourire sur les lèvres. « Oh, mais j'ai failli oublier. » Je l'entends dire avant qu'elle ne sorte de la cuisine pour partir je ne sais où. Je crois qu'elle est montée, mais je ne suis pas sûr. Je suis trop concentré sur mon repas pour faire attention à quoi que ce soit autour de moi. Elle revient très peu de temps après être partie avec un grand cadeau dans les mains. Ça a une forme un peu étrange comme ça et je n'arrive pas à savoir ce que ça peut être. Et ça m'intrigue. « Qu'est-ce que c'est ? » Je demande alors qu'elle me tend le cadeau. « C'est pour toi, ouvre-le. » Il ne faut pas me le dire deux fois et je m'empresse de déchirer le papier cadeau qui atterri à terre en quelques secondes. Je découvre une planche de skate à l'intérieur. Une planche de skate quoi. Ça fait des mois que j'en demande une, et c'est même ce que j'ai demandé à Noël mais maman et papa n'ont pas vraiment écouté mes souhaits. Ils ne m'écoutent jamais quand je leur dis quelque chose de toute façon. « Mais mamie, elle est trop belle ! Merci beaucoup, beaucoup ! » Grand-mère rigole un peu et je viens embrasser sa joue pour la remercier. « Joyeux anniversaire trésor. » Je la prends dans mes bras et mes pensées se confirment un peu plus. Cette journée est une bonne journée.

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« Avant de commencer le cours, je voulais vous informer que vous allez devoir réaliser un dossier par groupe de trois. » Les élèves autour de moi commencent déjà à se disperser pour savoir avec qui ils allaient se mettre. Le brouhaha cacherait presque la voix du professeur qui tente malgré tout de mettre fin à ce son horrible. « J'ai moi-même fait les groupes. » J'entends tout le monde souffler de mécontentement. Et moi, je soupire pour la énième fois depuis le début du cours alors qu'il a commencé depuis à peine dix minutes. Mais pas pour les mêmes raisons. Et j'ai deux heures d'histoire aujourd'hui. Je sens que ça va être les deux heures les plus longues de ma vie. Parfois je me demande ce qui me motive à venir en cours tous les matins pour écouter des professeurs que je n'écoute qu'à moitié. Je sais parfaitement ma motivation à me lever chaque matin en réalité. Je veux entrer dans cette école de cinéma, celle que je vise depuis deux ou trois ans. Depuis que j'ai commencé à m'y intéresser en fait. La condition, c'est d'avoir son diplôme à la fin de la High School et puis convaincre le jury par notre motivation. Et bien-sûr que je vais tout faire pour l'avoir ce maudit diplôme, quitte à troquer mes nuits pour réviser. Je ne vais pas laisser ma place dans l'école de mes rêves à quelqu'un d'autre. Il faudrait vraiment être débile pour ça je crois. Je sais que je ne serais pas le meilleur élève qui se présentera à eux, mais je ferais parti des élèves les plus motivés, ça c'est certain. Mais sérieusement, elle veut nous faire faire un dossier en histoire. Et puis quoi encore ? Je ne sais pas, on pourrait tout simplement pas avancé dans le programme plutôt que de faire des choses totalement inutiles qui va juste nous faire perdre un temps monstre. Les examens sont peut-être dans plus d'un an, mais ça passe extrêmement vite, croyez-moi. « Anthony... » Je sursaute un peu en entendant mon prénom, je crois que j'ai totalement décroché au bout d'un moment. Je ne saurais même pas dire si elle a dit quelque chose d'important ces dernières secondes. « ... tu seras avec Dorian et Emma. » Je hoche la tête et je pose mon regard sur les deux personnes concernées, leur adressant un petit sourire qu'ils me rendent. Je ne les connais pas plus que ça, je veux dire que je leur ai adressé une ou peut-être deux fois la parole depuis le début de l'année. Rien que des banalités à propos des cours ou parce qu'on était dans la même équipe en cours de sport. Mais je peux quand même dire qu'ils sont sympas. Je ne m'entends pas spécialement avec mes camarades de cours parce qu'ils ne m'apprécient pas pour ce que je suis. Mes amis à moi sont dans une autre classe. Bon, ce serait mentir de dire que je n'apprécie personne dans cette classe. Bien-sûr que j'en apprécie, mais ils ne sont pas nombreux. Je les compte sur les doigts d'une main. « Je ne donne pas de sujets précis pour votre dossier. J'aimerais simplement que vous preniez quelque chose que vous avez déjà appris cette année ou l'année dernière et que vous approfondissiez vos recherches. Ne vous contentez pas de ce qui a été dit en cours. Et j'aimerais aussi un petit paragraphe à la fin qui expliquerait pourquoi vous avez choisi ce sujet et pas un autre. Ce sera noté et ça comptera dans la moyenne bien-sûr. » L'idée ne m'emballe pas particulièrement mais je dois absolument avoir des notes convenables alors... Ouais, je vais bosser comme un malade. J'espère qu'Emma et Dorian en feront de même.

Le cours est passé à une allure très lente. Je n'ai jamais vu ça. Durant quelques minutes, j'ai même cru que le temps s'était arrêté mais heureusement pour moi, ce n'était qu'une impression. La sonnerie a retenti et la pause peut enfin commencer. Je m'empresse de ranger mes affaires dans mon sac de cours déjà plein à craquer. J'ai une journée complète en ce Lundi et c'est la pire de la semaine. C'est d'ailleurs le seul jour de la semaine où j'ai une journée complète. Pas une seule heure de libre et seulement une heure pour manger et encore. Officiellement c'est cinquante-cinq minutes. Je passe mon sac sur mon épaule et je m'apprête à sortir de la salle de cours pour retrouver mon petit groupe d'ami dans la cour du lycée mais je suis arrêté par mon groupe d'histoire. « Je pense qu'on devrait se mettre d'accord sur un sujet et qu'on commence à travailler assez rapidement sur ce dossier, histoire qu'on ne prenne pas de retard et qu'on fasse tout à la dernière minute. » Je vois Dorian hocher de la tête pour montrer son accord. Bien, je vois qu'on est sur la même longueur d'onde tous les trois. « On peut se retrouver à la bibliothèque après les cours si vous voulez ? Et on discutera de tout ça. » Je les regarde chacun leur tour et je les vois répondre positivement à ma question. Je suis un peu soulagé de voir que ce projet ne va pas traîner et que je ne vais certainement pas être le seul à bosser dessus. « À tout à l'heure, alors. » Un dernier sourire et je m'éclipse de la salle.

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Aujourd'hui est un grand jour pour moi. Je rentre à l'université. Je suis tout excité à l'idée de suivre les cours, d'en apprendre encore plus que je ne sais déjà, de rencontrer des personnes aussi passionnées que moi à ce sujet. J'attends ça depuis des mois et des mois et si la rentrée avait été plus tôt, ça ne m'aurait absolument pas dérangé. Je suis planté depuis quelques minutes devant ces grands bâtiments. Et j'ai du mal à réaliser que j'y suis enfin. J'ai l'impression que je suis encore dans un de mes rêves stupides que je me faisais sur cette école. Ce genre de rêve où je m'imaginais mille et une choses. Mais non, c'est belle et bien la vérité. Mon sac sur l'épaule, je m'avance jusqu'à l'intérieur. Tout est bien plus grand que le lycée mais je m'abstiens de rester émerveiller face à ce lieu. Je m'avance jusqu'à l’amphithéâtre qui va nous accueillir pour notre premier cours de l'année. La salle est déjà bien remplie et pourtant il est encore très tôt. J'ai fait exprès d'arriver en avance mais visiblement les autres élèves ont eu la même initiative que moi. Je m'installe un peu en retrait des autres mais rapidement les tables autour de moi trouvent preneur. Et moi, j'observe les personnes autour de moi. J'ai toujours aimé observer les gens qui m'entouraient, mais j'ai toujours haïs ceux qui le faisaient avec moi. C'est idiot. Le début du cours ne va pas tarder à commencer, je vois déjà le professeur entrer dans la salle et s'installer à son bureau. D'autres élèves rentrent encore et de justesse puisque la sonnerie sonne tout juste. Un de ces élèves s'installent à la table à côté de la mienne. Je l'observe quelques secondes en essayant d'être assez discret quand même tout en écoutant le petit discours du professeur sur l'année qui va suivre. C'est le même refrain tous les ans, peu importe la classe dans laquelle on entre. Comme si les professeurs s'étaient passés le mot avant d'entrer dans la salle. Mais le garçon tourne le visage vers moi et je me décide à engager la conversation. Tant que nous sommes voisins de cours, autant faire connaissance non ? « Hey. » Je lui lance simplement pour débuter l'échange en lui adressant un sourire plutôt franc. « Hey. » À la suite de sa réponse, je tends ma main vers lui pour qu'il la serre en me présentant. C'est la moindre des choses. Et il répond presque aussitôt à ma poignée de main. « Moi c'est Anthony. Anthony Stevenson enchanté. » Un autre sourire de ma part. J'ai toujours été quelqu'un de très souriant de toute façon. Et encore plus quand je me sens bien avec une personne. Et lui me plaît bien. Il y a quelque chose qui se dégage de chez lui que j'aime beaucoup. Ce quelque chose que l'on ne retrouve pas chez n'importe qui. Je crois que l'on va bien s'entendre lui et moi. Et puis... Il est plutôt mignon. Et je ne vous parle même pas de ses yeux. Ils sont d'un bleu incroyablement hypnotisant et je me fais violence pour ne pas y plonger mon regard à chaque occasion. Je n'ai jamais vu de regard aussi captivant de ma courte existence. Est-il conscient du pouvoir qu'il peut avoir sur une personne rien quand la regardant ? Je n'en suis pas bien sûr. « Et moi Nahuel. Nahuel Fergusson. » Les présentations à peine terminées, nous voilà déjà en train de parler d'un peu et n'importe quoi. Mais surtout de cinéma. On écoute à peine le professeur et je trouve ça assez étrange qu'il ne nous ait pas rappelé à l'ordre mais ce n'est pas pour me déplaire. Je viens de découvrir une personne comme moi, une personne passionnée et ça me plaît.

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« Tu fronces encore les sourcils. » Je fais remarquer après avoir longuement observé son visage. Et puis, surtout pour le détendre un peu, qu'il pense à autre chose que ses histoires de famille. Je sais que ça le travaille beaucoup, qu'il y pense sans arrêt. Et je pense que c'est compréhensible. Il a envie de savoir, de comprendre ce qui touche à sa famille. J'accompagne mes paroles par des caresses lentes dans ses cheveux. Grand-mère faisait toujours ça pour me détendre, je reproduis seulement ce geste sur Nahuel. « Désolé, je devrais pas t'embêter avec mes histoires. On parle toujours de moi... » Je lui adresse un tendre sourire quand il me regarde. S'il savait à quel point il ne m'embête pas avec ses histoires. « J'aime bien t'écouter. » Il pourrait me raconter n'importe quoi, même des histoires totalement improbables que même un enfant lui rirait au nez, que je serais le premier à l'écouter. Je le vois rougir à mes paroles alors qu'il détourne son regard du mien. Et je trouve ça absolument craquant. Je me mords un peu la lèvre pour m'empêcher de faire un quelconque commentaire d'ailleurs. « Et puis ma vie n'est pas très passionnante, tu vois... Je suis seul dans cette maison immense les trois-quarts du temps. » C'est pourtant ce que les trois-quarts des jeunes de mon âge souhaiteraient. Mais je ne suis pas comme eux, moi je ne la veux pas. Et j'échangerai ma place contre la leur avec grand plaisir. J'aime la solitude mais pas autant. « Tu pourrais venir vivre chez nous, j'suis sûr qu'on te trouverait de la place ! » Je lève un sourcil en lui adressant un regard pour voir s'il est sérieux. Et il est sérieux visiblement. « Dans ta baraque hantée, là ? Non merci. » Je lâche un rire en le voyant me tirer la langue. Ce manoir me fait autant flipper qu'à lui. Et avec tout ce qu'il m'a raconté depuis qu'on se connaît, c'est encore pire. Encore pire que les films d'horreurs, vous pouvez me croire. « Ou alors... Ou alors c'est moi qui vient chez toi ? Et je repars juste avant que tes parents reviennent ? » J'ouvre la bouche pour répondre négativement à sa proposition mais je la referme assez rapidement pour y réfléchir. Je veux dire pourquoi refuser alors qu'il chercher à tout prix à fuir le manoir et moi à fuir la solitude ? Et puis, ça me permettrait de passer encore plus de temps avec lui et ce n'est pas ce qui va me déplaire. J'ai jamais partagé mon quotidien de cette façon, mais il faut bien une première fois à tout. « Ok. » Il semble surprit par ma réponse, comme s'il s'attendait à un non de ma part. Peut-être même qu'il avait déjà préparé des arguments dans ce cas. « Sérieusement ? » Je hoche la tête en même temps que je réponds. « Oui, c'est d'accord. » En voyant son immense sourire illuminé son visage, je ne peux m'empêcher de rire un peu. J'ai l'impression de l'avoir débarrassé d'un poids énorme qu'il tente de retirer depuis un bon moment et ça me fait plaisir de le voir comme ça. Je le regarde quelques secondes, et sans réellement y réfléchir je m'avance pour poser mes lèvres sur les siennes. Ça fait un bout de temps que ses lèvres me donnent envie, qu'elles m'appellent et que j'ai envie de les sentir contre les miennes. Et ce n'est que maintenant que je me demande si ça pourrait le déranger. On ne parle jamais réellement de nos sexualités, ce n'est pas notre principal sujet de conversation. Et je ne sais même pas s'il est au courant de mon homosexualité ou même s'il s'en doute. Je ne sais pas non plus son orientation sexuelle, ce n'est pas la première information que je veux absolument savoir en découvrant une personne. Mais c'est fait, alors c'est bien trop tard pour y penser. Je le sens un peu se reculer mais il revient bien vite vers moi en répondant à mon baiser plutôt fiévreusement. Et ça me fait doucement sourire contre ses lèvres. Je crois que je pourrais facilement devenir accro à ses lèvres, si ce n'est pas déjà le cas. L'une de ses mains se glisse dans mes boucles et je laisse un long soupire s'échapper sans quitter ses lèvres que je ne me lasse pas d'embrasser. Je veux profiter de cet instant, je veux me souvenir à vie de ce baiser, je veux le garder en mémoire pour l'éternité. Je laisse glisser lentement ma main le long de son torse que je viens ensuite passer sous son t-shirt pour le lui retirer. Mes mains partent rapidement à la découverte de sa peau pendant que lui déboutonne ma chemise. Nos gestes sont un peu hésitant par moment, maladroit même. Je n'avais pas prévu d'aller si loin en commençant à l'embrasser, je ne pensais qu'à un simple baiser. Mais je crois que notre envie est trop grande pour qu'on puisse l'arrêter de suite, comme si on l'avait enfouit durant des mois et qu'on attendait ça depuis tout ce temps. On a besoin de se toucher, de découvrir l'autre d'une autre façon, d'une autre manière. C'est étrange parce que c'est la première fois que je ressens quelque chose comme ça, quelque chose d'aussi fort. Mais c'est très agréable et je n'ai même pas envie que ça ne cesse. Je veux ressentir ça toute ma vie et même après ma mort si c'est possible. S'il te plaît Nahuel, ne t'arrête surtout pas. Continue de me faire ressentir ce que je ressens. Continue de poser tes lèvres sur les miennes comme si ta vie en dépendait. Continue de me toucher comme si j'étais la huitième merveille du monde. Continue tout simplement, et ne t'arrête jamais.

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J'ouvre un œil, puis le deuxième et j'essaie de remettre les événements en ordre. Je ne sais pas quelle heure il est, ni même combien de temps j'ai dormi mais je dirais que ça fait un bon moment. Il fait nuit dehors ou presque, je crois que le soleil tente de se lever, et je n'entends plus un bruit dans la maison. Je tatonne autour de moi pour essayer de trouver mon téléphone et je le trouve au bout de plusieurs minutes de recherches intensives. La lumière de mon téléphone m'agresse littéralement les yeux et j'ai du mal à lire l'heure mais je parviens à y voir 06:47. J'ai dormi un bon moment effectivement. Je n'ai même pas eu le temps de dîner mais ce n'est pas grave, je n'avais pas très faim hier soir. Et je n'ai toujours pas faim. J'allume ma lampe de chevet et je constate que je suis toujours habillé. Je grimace et m'extirpe difficilement du lit pour me déshabiller avant de me recoucher. Je rattrape mon téléphone et m'en vais pour vérifier mes messages, j'imagine que Nahuel a dû s'inquiéter de ne pas avoir de message de ma part et qu'il m'a littéralement harcelé de message. Mais quand je déverrouille mon téléphone, je remarque que je n'ai que deux messages et ils viennent tous les deux d'Emma. J'affiche notre conversation, le dernier message date de 17h et il vient de moi. Tu me manques... Je ne lui manque peut-être pas ? Non, non, je ne pense pas. Je sais que je lui manque quand je ne suis pas avec lui autant qu'il me manque. Love... ? Je tente par ce surnom que j'aime tant. J'imagine qu'il doit dormir à cette heure-là mais qu'il me répondra d'ici quelques heures. Et pourtant, ça m'inquiète un peu.

Je me réveille de nouveau quelques heures plus tard, mon téléphone à la main. Je m'empresse de regarder l'heure et surtout de voir si j'ai une réponse. Il est pratiquement midi et je n'ai toujours aucune réponse. Là, je pense que je peux réellement m'inquiéter. J'appuie sur la touche verte et je porte le téléphone à mon oreille. Je tombe directement sur la messagerie. Je sors du lit en même pas une minute et j'enfile les vêtements que j'ai laissé tomber au sol dans la nuit. Et je tente de le rappeler encore et encore. Mais en vain. Qu'il ne me réponde pas et surtout que son téléphone soit éteint n'est pas normal. Je sais que depuis quelque temps il était un peu plus distant, et je ne sais pas si j'aurais dû m'en inquiéter ou non, mais je sens qu'il y a quelque chose. Et ça ne me rassure pas du tout. Je cours pour sortir de la maison et rejoindre la sienne. Je cours comme un fou, jamais je n'ai couru comme ça et je pense que ce sera la seule fois de ma vie. Mais je m'en fou, c'est urgent. Devant chez lui, me véhicule qu'il tentait de réparer depuis un moment n'est plus là. Il ne peut pas être parti. Et puis, parti où d'ailleurs ? Je frappe à la porte de chez lui. Ce manoir qui me paraît encore plus effrayant depuis qu'il m'a raconté ces histoires de famille. Mais sur le moment, ces histoires me sont totalement sorties de la tête. Il n'y a plus qu'une seule et unique chose qui tambourine dans mon crâne, un seul et unique mot, une seule et unique personne. Nahuel. Je toque à la porte, certainement trop fort, certainement trop violemment. Mais je suis trop inquiet pour faire attention à mes gestes. C'est comme si je ne contrôlais plus rien. La peur et l'angoisse ont prit possession de tout mon corps. Ce n'est plus moi qui réagit aux événements. « Nahuel, ouvre-moi s'il te plaît. » Je suis tout sauf calme. Je cris presque ces mots. J'ai l'impression d'être en plein cauchemar. Réveillez-moi s'il vous plaît. Dites-moi que je me fais des films, que je suis totalement débile et con de penser que Nahuel a pu s'en aller sans rien me dire. Qu'il m'a tourné le dos sans me dire au revoir. Je frappe encore plus fort et certains habitants se retournent pour me regarder. Mais je n'en ai rien à faire. Je veux juste Nahuel et le prendre dans mes bras. Sauf que ce n'est pas Nahuel qui m'ouvre, mais sa grand-mère et j'ai l'impression que ce n'est pas bon signe. Jamais elle ne m'a ouvert. Même quand je passais à l'improviste. Elle me regarde mais ne me décroche pas un mot. Elle me regarde juste et ça ne fait qu'augmenter ma peur et ma colère. « Nahuel est là ? Je peux le voir s'il vous plaît ? » Je sors en essayant de paraître calme et détendu. Je me demande même comment j'arrive à paraître si calme alors qu'au fond de moi c'est la troisième guerre mondiale. Je m'avance pour entrer dans le manoir mais c'est à ce moment-là que sa grand-mère décide d'ouvrir la bouche. « Nahuel est parti. » Rien de plus. Elle me sort juste ça comme ça, le plus naturellement possible. À l'intérieur de moi, ça a l'effet d'une bombe. Les larmes coulent et je ne les sens même pas. Je ne pourrais même pas dire depuis combien de temps elles sont là, à dévaler mes joues. « Comment ça il est parti ? Il devrait revenir d'ici combien de temps ? Je peux l'attendre à l'intérieur ? » Je parle, je parle et je ne la laisse même pas parler. Mais j'ai besoin de parler, ça me permet de moins penser. « Il a prit quelques unes de ses affaires et il est parti. » Je sens qu'elle ne me dit pas tout. Elle me cache quelque chose c'est certain. Mais je n'ai même pas envie de savoir quoi. J'ai envie de m'enfuir et de me réfugier dans ma chambre pour ne plus jamais en ressortir. Et c'est d'ailleurs ce que je fais sans rien dire de plus. J'éteins mon téléphone pour la journée parce que je serais capable de lui balancer des horreurs à la figure sous le coup de la colère et je ne veux pas. Je ne veux pas regretter mes paroles dans le futur.

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« Antho... Je déteste te voir dans cet état tu le sais. Il ne reviendra pas et tu le sais aussi bien que moi. » Ses paroles me font mal mais je sais qu'elle a raison. Emma a toujours raison et j'ai du mal à l'admettre à haute voix parce que je ne veux pas qu'elle aie raison cette fois. Je veux continuer d'espérer que Nahuel va revenir même si ça fait pratiquement trois mois que je n'ai pas de nouvelles et que je continue d'appeler sur son téléphone. Je lui envoie un mail de temps en temps aussi. Je ne sais pas s'il va encore sur sa boite mail ou bien s'il a changé d'adresse. Ou alors, il filtre ses messages. Je vais devenir fou s'il continue à faire le mort ainsi. J'ai besoin d'un message de sa part. J'ai juste besoin qu'il me rassure, qu'il me dise qu'il va bien et qu'il m'aime même si ça me semble plus d'actualité à présent. Je me berce un peu trop d'illusion mais ça me fait un peu de bien de penser que c'est le cas. Quelques secondes, voir minutes en tout cas. Je sens Emma s'allonger à côté de moi et attraper mes mains dans les siennes. Je pleure encore comme si je venais d'apprendre qu'il m'avait abandonné. Sauf que des semaines sont passées depuis et que rien a changé. Je suis toujours là à me morfondre sur mon sort. Je suis pathétique de me mettre dans cet état pour lui. Lui qui doit mener la belle vie quelque part. J'ose poser un regard sur ma meilleure amie. Je ne pleure jamais devant personne en temps normal, mais je crois que je ne suis plus à une fois près avec elle. « Tu mérites cent fois mieux que Nahuel. Tu mérites un garçon qui prendra soin de toi et qui ne partira pas du jour au lendemain sans explication. Tu mérites un garçon qui t'aime pour ce que tu aies et pour tes qualités ainsi que tes pires défauts. Un garçon qui fera passer tes désirs avant les siens, sa vie avant la sienne. Je sais que tu l'aimes et que l'oublier sera compliqué mais je sais que tu y arriveras et je serais là pour t'y aider. » Je ne réponds rien parce que je suis incapable de dire quoi que ce soit maintenant. Mais, j'ai la meilleure des meilleures amies qui puisse exister au monde. Elle sait trouver les mots qui me réconfortent et me font aller mieux. Mais elle sait aussi que Nahuel ne quittera pas ma tête comme ça, avec de simples mots. Il me faut plus. Mais ça, elle ne peut rien y faire. Le temps fera son travail, et encore. Je passe mes bras autour de ses épaules et je me blottis contre elle. Ses mains viennent caresser mon dos et ça me fait du bien. Ça me calme et ça m'endort même. J'ai besoin de ça, de sommeil.

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Deux ans sont passés depuis ce départ soudain. Ce départ que je ne comprends pas alors que j'ai eu le temps de me ressasser encore et encore les événements, que j'ai eu le temps d'y réfléchir, d'essayer de savoir ce que j'ai pu faire pour qu'il s'enfuit comme ça. Et même si j'y pense très souvent, j'essaie d'avancer. J'essaie d'avancer en me disant que c'est de l'histoire ancienne et que je dois tourner la page pour de bon. Mais comment avancer quand l'histoire n'a pas eu de fin ? Je veux dire, il est juste parti comme ça sans rien m'annoncer, sans rien me dire. Pas même un "Je m'en vais, je reviens bientôt." ou bien de "Je dois partir, je préfère qu'on arrête." ou quelque chose comme ça. C'est compliqué d'essayer de passer à autre chose dans ces conditions. Une part de moi continuer de croire en cette histoire. Elle continue de me dire que notre histoire a une suite qui nous attend un jour ou l'autre. Et elle continue de l'aimer comme jamais. Et une autre partie de moi me dit que ça ne sert à rien d'espérer quelque chose, qu'il ne m'aime pas comme il prétendait m'aimer, qu'il ne tient pas non plus à moi. Et je pense que cette part à raison. Si ses paroles étaient sincères, on en serait jamais là aujourd'hui. Il serait toujours près de moi et notre histoire aurait poursuivi son chemin. J'entends la porte claquer et je sursaute tellement j'étais perdu dans mes pensées, à me ressasser le passé une fois de plus. C'est devenu presque quotidien. Je me lève du canapé et je marche jusqu'à l'entrée pour rejoindre mon petit-ami. « Tu rentres tôt aujourd'hui. » Ça fait presque sept mois que notre histoire a débuté. Et, oui je l'aime. Je l'aime mais dans ma tête et dans mon cœur, un autre prénom et un autre visage se balade aussi. Bien-sûr que Nate connaît l’existence de Nahuel. Disons que Nahuel est en quelque sorte, la raison de notre rencontre. Mais jamais je n'évoque mes pensées le concernant avec lui. Jamais je ne lui ai dis qu'une part de moi avait toujours des sentiments très fort pour le garçon. Je ne pense pas qu'il apprécierait et puis je ne pense pas que c'est quelque chose à dire au garçon qui partage notre vie. Pour en revenir à notre rencontre, j'ai commencé à pas mal sortir suite à son départ. Je voulais le sortir de ma tête durant quelques heures, quelques instants et le seul moyen que j'ai trouvé, c'était l'alcool. On s'est rencontré dans un bar, autour d'un verre. Ce soir-là, j'étais pas mal alcoolisé mais je m'en souviens parfaitement. Je lui ai tout raconté, du début jusqu'à la fin. Et ça semblait beaucoup plus simple de lui en parler sous l'emprise de l'alcool. Lui aussi m'a parlé de ses problèmes. Et je crois que ça nous a fait énormément de bien d'en parler à quelqu'un qui nous était totalement inconnu. La soirée a continué et on l'a terminé dans les bras l'un de l'autre, dans le même lit. Cette nuit n'avait rien de douce, ni même de romantique. Elle était dépourvue de colère, de gestes brusques, de haine et de tristesse. Mais je crois que ça nous a fait autant de bien l'un que l'autre. Je ne pensais jamais le revoir quand je suis parti très tôt le lendemain matin. Mais le destin en a décidé autrement. Quelques jours plus tard, je me suis posé dans un café. Non, pas dans un café, dans LE café où il travaillait à l'époque. Et même si nos échanges étaient un peu timide au début, on a rapidement retrouvé la complicité que l'on avait étant alcoolisé. Sauf que là, seule de la caféine coulait dans nos veines. « Oui. J'ai demandé à quitter le travail plus tôt aujourd'hui. » Je fronce un peu les sourcils en ne comprenant pas réellement la raison. Je le connais, je sais que quand il demande à sortir plus tôt du boulot ce n'est pas pour se la couler douce à la maison. Il a une idée derrière la tête et je veux savoir laquelle. Je le vois sourire un peu lorsqu'il comprend que j'ai compris. « Je te propose une petite soirée en amoureux. Un petit pique-nique sur la plage avant une séance au cinéma. J'espère que le programme te va. » Je laisse mes lèvres s'étirer et me mordant un peu la lèvre pour m'empêcher de sourire comme un idiot. Ce garçon est beaucoup trop attentionné avec moi. Il me propose toujours des soirées comme celle ci assez régulièrement et ça me fait tomber amoureux de lui encore un peu plus. « Oh, je... » Je m'approche de lui pour venir doucement l'embrasser. « C'est exactement ce qu'il me fallait. Je vais me préparer. » Je lui vole un baiser avant de m'éclipser dans notre chambre pour me changer et mettre quelque chose de plus présentable. Et puis me faire un peu plus beau pour notre sortie. J'ai envie de me faire beau, j'ai envie qu'il me trouve beau et qu'il ne trouve même plus les mots pour me décrire. J'ai envie de sentir ses yeux me détailler de la tête aux pieds et qu'il se dise qu'il a une chance inouïe de m'avoir dans sa vie. Notre histoire est récente et beaucoup dirons que notre emménagement est précipité mais je ne pense pas. On passait déjà tout notre temps chez l'un ou chez l'autre alors qu'on vive ensemble à présent ne change pas grand chose à vrai dire. La présence de l'autre nous rassure et au final, on se complète plutôt bien. Parce qu'avant tout d'être un couple, on est des amis. Des meilleurs amis même. Je sais que je ne pourrais jamais lui donner tout l'amour qu'il mérite, ni même toute l'attention dont il a besoin. Simplement parce que Nahuel a toujours une place importante dans ma vie, trop importante même. Mais il est impossible pour moi de le faire quitter ma vie. Nahuel est et restera mon premier amour et celui pour qui j'aurais toujours des sentiments. Même si aujourd'hui je le déteste autant que je peux l'aimer.

Spoiler:

welcoooooome